Maëlyne n’avait pas fermé l’œil de la nuit, et pour cause, sa répartition n’avait pas fait d’elle quelqu’un sûr de son identité. Elle avait perdu toute notion de qui elle pouvait bien être, et ce fait la détruisait à petits feux. Elle aurait pourtant préféré que personne ne lui demande jamais d’être ce qu’elle n’était pas. Ce qui était fait était fait, et désormais, elle ne pourrait plus jamais rendre sa mère vraiment coupable, puisque celle-ci avait complètement perdu la raison. Ce n’était pas juste de blâmer quelqu’un qui avait largement payé sa dette. Elle n’avait plus personne à qui se confier, à qui dire qui elle était. Encore aurait-il fallut qu’elle le sache bien entendu. Comme d’habitude, elle était habillée d’un pantalon noir et coiffée d’une natte bien serrée. Cela faisait d’elle un homme mais seulement en apparence, et c’était pourquoi elle évitait autant que possible de parler. Sa voix pouvait la trahir, mais elle n’en avait pas la force qui plus est. Elle n’agissait pas sans raison, et parler n’avait aucun sens pour elle, étant donné que personne n’écouterait ce qu’elle avait à dire. Ce fut dans un tel état d’esprit qu’elle entreprit de quitter sa salle commune en pleine nuit, alors que cela était interdit en temps normal. Si elle se faisait prendre, elle allait être punie, par une retenue, une perte sérieuse de points, ou bien tout simplement un renvoi...Cela aurait pu l’attendrir en d’autres circonstances, mais elle n’avait pas la tête à penser à des choses aussi banales qu’un Règlement.
Comme c’était encore la nuit, elle était habillée non pas d’un uniforme masculin comme elle en avait pris l’habitude depuis son arrivée, mais bien d’un pyjama. Elle avait ôté une bonne partie des bandages qu’elle portait dans la journée, il n’y avait donc plus aucun signe qui montrait qu’elle n’était pas une fille. Néanmoins, son pyjama montrait la maigreur de son corps, mais il était assez ample pour cacher ses formes éventuelles, elle était donc tranquille. De toute manière, il n’y avait qu’elle pour se balader seule dans Poudlard alors qu’il faisait complètement nuit...Prise d’une soudaine peur, elle s’arrêta à l’infirmerie pour prendre tout de même des bandages afin d’éviter toute confusion si jamais elle croisait quelqu’un. Il ne fallait pas que l’on découvre son secret, tout comme personne ne devait jamais savoir que toute sa famille l’avait considérée comme souillée parce que son père avait abusé d’elle. C’était à cause de cela qu’elle fuyait de toutes ses forces la compagnie des autres et qu’elle se déguisait tout simplement en homme. Elle ne supportait pas son reflet féminin dans la glace, c’était comme ça. Elle avait beaucoup trop de mal à faire face à la réalité...Il fallait toujours qu’elle se cache derrière n’importe quelle barrière.
Maëlyne monta jusqu’à la volière avec de la bande entre ses mains, elle allait refaire son bandage ici, au moins elle était certaine d’être tranquille. Elle avait déjà froid alors qu’elle était seulement habillée d’un pyjama, enlever donc la chemise n’était pas recommandé, mais elle se fichait éperdûment d’attraper froid, cela n’avait absolument aucune importance. La preuve, elle n’hésita pas un seul instant à monter tout en haut de la volière et à enlever sa chemise pour entreprendre de refaire son bandage. Il ne fallait pas qu’on la surprenne, et pour cela, elle était prête à tout. Même à avoir un rhume carabiné. Mettre des bandes sur sa poitrine était la première étape, il fallait ensuite qu’elle en mette sur ses bras pour éviter à tout prix de croire qu’elle était frêle. C’était pourtant la triste vérité, mais cela non plus, elle ne l’acceptait tout simplement pas. A peine eut-elle bandé sa poitrine et son bras gauche que Peeves, l’esprit frappeur, était apparut devant en lui arrachant un cri presque strident de surprise. C’était le seul qui pouvait apparaître comme ça sans que personne ne s’en aperçoive. Et malheureusement, il venait de découvrir l’impensable...Et cela mit Maëlyne dans une position délicate. Comme il adorait faire des farces, l’esprit frappeur n’hésita pas un seul instant à prendre la chemise de la jeune fille pour mieux disparaître quelques secondes plus tard. Il avait dans l’idée de la cacher pour que tout le monde sache qu’elle était bel et bien une fille et non un garçon...
Arrivé en bas de la volière, il agita la chemise sous le nez de Maëlyne qui accourut pour tenter de la reprendre...En vain. Tout ce qu’elle récolta, ce fut une chute assez vertigineuse dans les escaliers. Elle avait gagné une belle égratignure au bras droit, qui n’était donc pas bandé, mais aussi à une jambe. Celle à sa jambe était d’ailleurs bien plus profonde que la première, et donc elle ne pouvait ni bouger ni marcher. Là, c’était sûr, elle allait être la risée de tout le monde et être découverte. C’était la chose qu’elle redoutait le plus, et pourtant elle s’était laissée bêtement avoir par Peeves. Ses cheveux longs et d’un noir de geai s’étaient détachés à cause de la chute, elle était donc plus féminine que jamais. Mais avant toute chose, elle sentait qu’un peu de sang s’écoulait de ses deux plaies, et que cela salissait le bas de son pyjama. Elle avait froid, horriblement froid puisqu’elle n’avait plus sa chemise. Il ne lui restait plus sur le buste qu’un bandage sur la poitrine et sur le bras gauche. Pas de quoi fanfaronner...
Peeves réapparut en cet instant alors qu’elle s’était recroquevillée sur elle même sans savoir quoi faire. Le froid était en train de pénétrer jusqu’à son esprit, et elle ne pouvait pas bouger pour récupérer au moins sa chemise. L’esprit frappeur jubilait, il avait enfin trouvé une proie très facile. Maëlyne tendit vainement sa main pour tenter de le raisonner, mais comme elle ne pouvait pas parler, cela lui était trop difficile. Elle ne pouvait même pas lui demander de l’aider ou de lui rendre bêtement sa chemise...De toute manière, il ne semblait pas disposé à vouloir l’aider. Elle était donc condamnée à attendre que quelqu’un monte à la volière et la secourt, mais ce quelqu’un allait découvrir son secret dès qu’il pénètrerait en ce lieu. Et ça, la jeune fille ne pouvait pas le supporter. D’autant plus qu’on la connaissait maintenant, surtout parce que son regard était très particulier au niveau de la couleur puisqu’il était vraiment très très clair, mais aussi pénétrant qu’impénétrable. Alors à coup sûr, son secret serait révélé et elle ne voulait pas fuir, elle en avait assez maintenant. Tout ce qu’elle voulait, c’était la paix, rien de plus...
« La petite souris s’est fait prendre à son propre jeu ? Comme c’est dommage...Mais compte sur moi pour dire à tout le monde que tu n’es pas un garçon jeune fille ! »
A ses mots, Peeves passa la porte de la volière, laissant ainsi Maëlyne seule avec son désespoir de trouver une solution. Décidément, il fallait toujours qu’elle soit punie alors qu’elle avait l’impression de ne rien avoir fait...Elle aurait voulut pleurer, mais c’était comme le fait de parler, elle n’y parvenait plus non plus depuis certaines heures sombres et cruelles de son passé. Elle se contenta donc de glisser jusqu’au mur en grinçant des dents tellement la douleur était vive, et s’y adossa non sans mal. Ce fut à ce moment là qu’elle ferma les yeux en désespoir de cause. Tant pis, elle allait être retrouvée et elle serait une fois de plus la risée de tous...Comme d’habitude...
* Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Je n’ai fait de mal à personne, je n’ai jamais insulté quelqu’un...Alors pourquoi ?! Je sais, je ne suis pas ce que je paraît être...Mais ce n’est pas un crime ! C’est trop...Injuste...*
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Sujet: La nuit réserve bien des choses...[Telemach]