Cours 1 (seconde année)

William avait écouté en silence, il n'avait aucune idée des dimensions d'un terrain de Quidditch... Pourtant, il avait dévoré pas mal de livres sur le sujet, mais sans retenir ce détail. Lorsqu'on volait, on n'avait pas besoin de savoir ça car, comme l'avait fait remarquer Jaina, les marquages au sol permettaient de se repérer. En plus, au Quidditch, le fait de sortir du terrain n'était pas éliminatoire, pas comme au foot ou au handball...
Le Gryffondor eut un léger sourire en entendant qu'ils allaient travailler les vitesses, et dès la fin des consignes, il se dirigea vers l'extrémité du terrain. Il enfourcha son balai et donna un bon coup de pied par terre pour décoller, et parcourut une petite moitié du terrain à vitesse modérée. Lorsqu'il aperçut en-dessous de lui la ligne matérialisant le centre du terrain, il fit donner toute la puissance du balai et accéléra au maximum. L'air frais lui fit venir les larmes aux yeux, mais il ne ralentit pas avant d'avoir atteint l'autre bout du terrain. Il descendit alors un peu et reprit une allure plus calme, dont il profita pour essuyer les larmes qui avaient coulé sur ses joues et lui brouillaient la vue. Il faudrait qu'il achète une paire de lunettes de Quidditch pour éviter cet inconvénient. Will regagna lentement son point de départ, pour pouvoir entendre ce que disait Madame Bibine.

Clarisse ne connaissait pas les dimensions d’un terrain de Quidditch. Quelle honte pour une poursuiveuse, mais quelle honte !! Le fait de ne pas être capable de répondre à une telle question était à ses yeux terrible et immensément honteux. La bleue et bronze baissa la tête pour cacher aux autres élèves le rouge qui montait le long de ses joues et jusqu’à la pointe de ses oreilles. C’était totalement stupide d’avoir honte pour ça, mais quand on est perfectionniste et qu’on s’appelle Clarisse McBrien, qu’on est écossaise et que l’on est poursuiveuse, oui on a honte !

Mais la rouquine n’eut pas le temps de s’enfoncer sous terre. Elle fut ramenée à la réalité par la voix de madame Bibine qui annonçait un exercice pratique, ce qui redonna un peu confiance à l’aiglonne. Au moins, en pratique pourrait-elle peut être se rattraper et faire gagner quelques points à sa maison. Ça faisait bien longtemps qu’elle n’en avait fait gagner quelques uns et ça n’aurait pas foncièrement fait de mal au sablier des bleus, bien qu’ils soient en tête du classement des quatre maisons.

Alors qu’elle se dirigeait vers une extrémité du stade, elle s’aperçut que William l’avait devancée et s’éxécutait déjà, réalisant l’exercice à la perfection. Belle démonstration, du rouge et or, qui impressionna beaucoup Clis’. D’ailleurs elle aurait bien vu le petit anglais faire partie de l’équipe de Quidditch de gryfondor. Elle même n’était pas certaine d’être plus douée que lui et avait obtenu le poste de poursuiveuse alors…lui pouvait bien… surtout qu’il semblait en mourir d’envie ! Mais c’était déjà le tour de la petite bleue.

La fillette grimpa sur son balai et tapa vigoureusement du pied sur le sol. Aussitôt, l’objet volant et sa cavalière s’élevèrent au dessus du petit groupe formé des élèves qui attendaient impatiemment leur tour. Clarisse effectua un petit demi-tour avant de se lancer, à mi hauteur. Elle régla la vitesse de son balai et celui-ci avança de façon modérée, pas trop doucement, mais pas trop vite non plus. Arrivée à la moitié du terrain, Clarisse le fit accélérer progressivement, jusqu’à voler à un train d’enfer… et arriver droit sur un gradin ! la fillette adorait être sur son balai et par dessus tout la vitesse, qui lui procurait une sensation de bien-être intense. Lorsqu’elle s’aperçut du « petit problème » qu’elle ne manquerait pas de rencontrer quelques secondes plus tard, elle ne s’affola pas comme elle l’aurait fait quelques mois auparavant, mais sourit simplement. Plusieurs possibilités s’offraient à elle : s’arrêter net à deux millimètres du siège à sa hauteur, descendre en piqué, remonter en piquer, exécuter une figure du genre demi-tour ou plus simplement partir sur le côté. La petite serdaigle ne voulait pas faire étalage de ses capacités. On lui demandait quelque chose et elle ne voyait pas pourquoi elle en aurait fait plus(= trop). C’était inutile. Aussi choisit-elle de partir de côté, réalisant à la perfection un virage sur la gauche qui descendait un peu. La petite ralentit sa vitesse lors de sa descente et vin atterrir juste devant madame Bibine. L’exercice n’était pas très compliqué et elle avait le sentiment de l’avoir parfaitement maîtrisé. Mais l’avis d’une experte valait mieux…

Nervia n'avait pas répondu à la question du professeur. Dommage car c'était pourtant la partie du cours où elle avait le plus de chances de gagner des points. Enfin les dimensions d'un terrain... elle n'en avait absolument aucune idée. Heureusement, Ambre répondit faisant gagner dix points à la maison des Aigles. Bonne nouvelle! Alors qu'elle félicitait son amie d'un sourire, la petite blonde entendit le professeur annoncer la partie pratique du cours. C'était trop beau pour durer, hein...

Nervia prit son balai à la main et marcha vers le bout du terrain le plus proche du petit groupe. William et Clarisse étaient déjà devant elle, réussissant à merveille l'exercice demandé. Rien d'étonnant pour deux joueurs de Quidditch qu'ils étaient. Au moins elle pourrait aller les encourager dans les tribunes. Arrivée au pied des dites tribunes, elle grimpa sur son balai, ce qu'elle avait de moins en moins de difficultés à faire, et tapa du pied sur le sol afin de s'élever un peu. Les premieres secondes étaient toujours difficiles, aussi la petite blonde ferma les yeux quelques instants afin de s'assurer de son équilibre. Lorsque ce fut fait, elle les rouvrit et fit basculer son corps vers l'avant. Le balai avança tout doucement au dessus du sol. Elle avait à peu près la vitesse d'un escargot sous EPO mais elle avait son équilibre ce qui était déjà une bonne chose. Rassurée, elle se pencha un peu plus et le balait atteint la vitesse d'un homme qui marche, encore un peu plus et c'était bon. Elle avança à cette vitesse jusqu'à une ligne blanche tracée au sol, ce qui devait être le milieu du terrain. A ce niveau, elle se pencha encore, et encore, faisant prendre à son balai une vitesse rarement atteinte jusqu'à présent.
Nervia souriait de toutes ses dents. Ce qu'elle allait vite! Le balai tanguait un peu mais ça ne lui posait pas plus de problèmes que ça. Ce qui l'inquiétait réellement c'était ce mur qui se rapprochait à une vitesse folle.

*C'est pas le moment de paniquer, allez ne panique pas! ne panique pas!*

Rassemblant ses esprits afin de ne pas mourir au cours de sa treizième année, la petite blonde se remémorra les jolis principes théoriques de première année. Pour tourner... ralentir et basculer son corps vers le côté... Facile! En apparence. La Serdaigle se redressa d'un coup, au mépris de toutes les règles de sécurité apprises. Son balai tangua violement mais en s'accrochant à son balai elle réussit à ne pas tomber. Enfin, elle se pencha sur le côté droit, dans l'espoir de tourner et de ne pas se crasher sur un mur. Par un quelconque miracle, elle y parvint. Poussant un gros soupir de soulagement, elle repartit donc dans l'autre sens, à une vitesse qui se voulait beaucoup plus modérée que celle obtenue précédemment.

Mathias resta bêtement à flotter à quelques centimètres au-dessus du sol lorsque Madame Bibine posa sa question. Evidemment, il n'en savait rien. Ses connaissances en Quidditch, et même en balais volant en général, étaient très restreintes, et il était peu probable qu'il fasse gagner beaucoup de points lors de ce cours, en tout cas pas en théorie. D'ailleurs, en pratique non plus... Décidément, tout portait à montrer à Mathias l'inutilité de sa présence ici. Bon, au moins, il pouvait "essayer" de faire bonne figure. Il laissa les autres répondre, content tout de même qu'Ambre ait ramené les points à Serdaigle. Des points précieux, car cette année, le jeune Français ne comptait plus ménager les points qu'il pouvait faire gagner, il travaillerait autant qu'il pourrait! Même en balais volant? Hmm... Pas si sûr...

Une fois qu'il eut repassé plusieurs fois la demande du professeur dans sa tête, Mathias comprit finalement le but de l'exercice. Accélération, donc. Oui, ça, il savait faire! Il n'aurait donc pas l'air ridicule, ce qui était très facile lorsqu'on était Préfet, Batteur de son équipe et très sensible. Tout ça à la fois, oui. D'abord, le regard du jeune Serdaigle se tourna sur Clarisse et William qui étaient partis en flèche de l'autre côté du terrain. Impressionné, il n'empêchait que les yeux de Mathias allèrent ensuite se poser sur Nervia qui était à côté de lui. Il lui sourit, apparemment, elle avait autant confiance que lui, ce qui signifiait le point mort, zéro. En se soutenant mutuellement, les deux amis y arriveraient sûrement. Nervia partit devant, et ce fut ce moment que Mathias choisit pour démarrer à son tour. Il commença à vitesse modérée, normale, disons, à son rythme. Oui, il le sentait bien, les airs n'étaient pas faits pour lui... Il était tellement plus à l'aise dans l'eau! Et malgré tout ce qu'il se disait, il ne parvenait pas à s'imaginer dans une piscine géante avec un balais flottant. Pourtant, le Français avait une imagination débordante! Mais au fait... Depuis combien de temps volait-il? Il réalisa que s'il ne s'était pas "réveillé", il aurait totalement oublié d'accélérer, quelle idiotie! Mais en tournant la tête, il vit Nervia mal en point. Elle commençait à accélérer, aussi, inconsciemment, le jeune garçon le fit également. Ils atteignirent finalement une certaine allure, et Mathias tenta de crier:

Nervia!! Ca va??

La petite blonde n'avait pas l'air à l'aise, ce qui inquiétait son ami. Mais comme ils arrivèrent tout deux vivants jusqu'au bout du terrain, et, Mathias ne s'en était pas rendu compte, en ayant accompli parfaitement l'exercice demandé, tout allait pour le mieux! Sur le chemin du retour, à un rythme plus lent, Mathias put demander calmement à Nervia si elle allait bien.

Ca va, Nervia? Tu avais l'air tétanisée, à un moment. Pas trop de mal?

Il fit un sourire charmeur à la jeune fille, mais réalisa que le professeur pouvait peut-être les voir, aussi n'ajouta-t-il rien.

Jaina lança un regard dédaigneux au balai qui lui servait de monture. Non seulement ce vieux tas de bois était une daube, mais en plus elle n'avait même pas récupéré de points à sa précédente réponse. Et dire que si elle voulait esperer remplir un minimum le sablier de Gryffondor, elle devait s'en remettre à ce... Moui, bon, un simple balai d'emprunt à l'école. L'idée lui traversa l'esprit de proposer à Bibine de demander à Dumbledore d'acheter des Nimbus 2001. Ben oui, Poudlard devait être riche ou alors ils avaient assez de babioles à revendre pour se permettre une telle folie! Enfin fallait pas rêver, si ça se trouve ils claquaient leur argent dans des salaires démesurés et pour les élèves désireux de jouer au Quidditch, c'était "débrouille toi!".
Bref, après cette petite crise mentale d'enfant gâtée qui attend son tour patiemment pour faire l'exercice, Jaina vit enfin le terrain se dégager. Elle avait un peu observé les élèves précédents, Will se débrouillait bien, les trois Serdy, eux, bah leur écusson c'était un aigle donc... Déduction purement Jainaesque, mais un aigle, ça vole et puis c'est tout. Tiens, les gryffons aussi ont des ailes? Mais oui!
C'est après cette heureuse découverte que Jaina enfourcha "son" balai, enfin celui "généreusement" prêté par l'école. L'air déterminé, elle agrippa fermement le manche et s'éleva dans les airs d'un coup de pied. Arrivée à une dizaine de mètres d'altitude, la jeune lionne stabilisa sa vitesse, allant à l'allure d'un cheval au petit galop, soit un peu moins de 30km/h.
Son regard se fixa dans le lointain, droit devant. De cette manière, elle s'assurait d'aller en ligne droite, son corps se maintenant dans l'axe de son champ de vision. Approchant de la moitié du terrain, ses mains se resserèrent encore sur le manche, ses pied préssèrent les cales puis elle se pencha de manière à devenir plus "aérodynamique".
La gryffonne franchit la ligne centrale, donnant une sorte d'impulsion physique et mentale. On aurait presque put voir ses lèvres bouger pour ordonner au balai de foncer plein pot, ce qu'il fit... Enfin façon de parler, un balai de l'école n'étant pas une référence en matière de pointe de vitesse.

"Plus viiiiiteuh!"

Là, ça devait être à fond, même un peu trop. En effet, quelques vibrations se firent ressentir dans le manche, s'intensifiant chaque fois que Jaina "poussait" sa monture. A cette allure-là, la stabilité n'était plus assurée, la jeune lionne devant renoncer à accélérer. Fort heureusement, l'éxtremité du terrain n'était plus très loin. Cette dernière franchie, la rouge et or décrivit une immense courbe en relachant peu à peu la pression sur son balai. Un peu plus et elle aurait juré voir le manche se briser en abordant une courbe plus sérrée. Finalement, les balais c'était comme les chevaux moldus, ne leur manquait que la vie: à la fin d'une course, on laissait les chevaux ralentir en douceur sur quelques tours de terrain, là c'était la même.
Sauf si elle avait eu un éclair de feu entre les mains, il paraît que ces balais-là ont un freinage et une stabilité à toute épreuve... Mais la question ne se posait pas: Jaina n'avait pas d'éclair de feu et c'est complètement essoufflée qu'elle se posa à terre, l'air pas très fière... Du balai qu'elle avait utilisé bien sûr!

Cyanur était emballé de ce petit moment de pretique que la prof leur offrait. Il s'agissait là d'une autre occasion de montrer à tous ses talents. Ça devait bien servir tous les cours privés de vol que son père, professeur de vol à Salem, lui avait donné. Elle était partuculièrement doué. Elle enfourcha donc son balai et vola en douceur jusqu'à une des extrémités du terrain. Elle monta un peu plus haut et commença à voler à une vitesse régulière. Arrivée, selon ses calculs, à peu près au milieu du terrain, la petite se coucha littéralement sur le manche de son balai. La vitesse augmenta considérablement. Le vent soufflait dans les cheveux blond de la fille des serpents. Elle plissa les yeux pour que le vent ne lui fasse pas trop mal. Arrivée au bout du terrain, elle commença à se redresser doucement. Elle connaissait bien la technique. Si elle voulait ralentir, elle ne devait pas se dresser trop vite car le choc serait si dur qu'elle tomberait de son balai. Elle savait qu'avec de la pratique, elle serait capable de se relever plus vite mais elle ne voulait pas se planter à se premier cours. Elle pratiquerait et ensuite seulement, elle épatterait la galerie. Une fois assez ralentie, elle stopa net son balai en plein vol. Elle attendit suspendu dans les air, au bout du terrain.

Comme à chaque moment où Liliana se préparait à aller en cours de vol sur balais, la petite était d'humeur morose. En effet, elle était plus du genre intellectuelle, et voler sur un balais ~~en plus de la décoiffer~~ ne faisait que la stresser. Peur de glisser, peur de perdre le contrôle, bref Liliana n'aimait pas ces cours là. Mais bon, elle n'avait pas le choix, il fallait bien y aller.

C'est donc sans un mot qu'elle se prépara, enfila sa tenue d'école et alla emprunter un balais avant de se diriger jusqu'au terrain de Quidditch. Lorsqu'elle arriva, il y avait déjà plusieurs élèves, mais Liliana ne salua d'un signe de tête que les membres de sa Maison.
Sans un mot, elle rejoignit un groupe et posa son balais au sol.
La prof leur proposa de s'échauffer, et c'est sans gaieté de coeur de que Liliana tendit la main au dessus de son balais.

"Debout."

Ordonna-t-elle d'un ton blasé. Elle enfourcha son balais et entreprit de faire un tour de terrain, le moins haut et le moins rapidement possible, lorsque la prof les rappela, agacée par les papotages incessants de quelques cruches qui semblaient bon de raconter leur vie dans un cours.
Liliana vira donc avec précaution, et attérit à deux mètres de la prof, non loin d'une élève de sa maison, Cyanur.
Elle lui jeta un regard désolé, comme pour s'excuser d'avoir manqué de la shooter, car non Liliana ne contrôlait pas à la perfection ses atterrissages, et si elle ne lui avait pas foncé dedans, c'est que c'était son jour de chance !
Bref. La deuxième année détourna le regard pour le reposer sur le professeur Bibine, qui leur donna les instructions.

*Super, l'accélèration... Pfff, ce que j'aimerais que ce cours ne soit pas obligatoire, je déteste aller vite sur un sale balais inconfortable...*

Pas le choix. Après un soupir, Liliana alla se placer à un endroit libre du terrain, en parallèle aux autres élèves. Là, elle enfourcha son balais et décolla après un coup de pied sec sur le sol.
Le manche vibra sous des mains crispées alors qu'elle s'élevait doucement, et le vent léger mais froid frappa plus sèchement son visage. Encore une fois, Liliana n'allait pas voir grand chose avec ce vent en contre sens...
Tant pis, elle n'avait qu'à estimer !
Liliana se pencha donc légèrement, et le balais plana en ligne droite, à une vitesse modérée.
Lorsqu'elle arriva à ce qu'elle estimait - à peu près - la moitié du terrain, la jeune fille se pencha sur le balais, qui accélèra immédiatement.
Le vent sifflait à ses oreilles, tandis que Liliana se concentrait sur son chemin, et luttait pour garder les yeux ouverts.

*Bon, c'est pas si terrible, j'ai juste le vent froid en plein dans la tronche, les yeux qui me piquent et j'ai une chance sur deux pour oublier de freiner arrivée aux tribunes, je peux donc accélerer encore sans risquer plus que de m'étaler contre un banc !*

Sur ces pensées très joyeuses, Liliana se coucha sur son balais, afin qu'il atteigne sa vitesse de pointe. Là, une angoisse perça les entrailles de la jeune Serpentard. Ca allait vite quand même !
Le manche vibrait plus durement, sa cape claquait violemment dans son dos, et Liliana... était paralysée sur son balais, morte de trouille... C'est que l'extrêmité du terrain arrivait vite, quand même !!!

Au dernier moment, Liliana parvint à faire une courbe serrée qui lui fit faire demi-tour, et elle-même ne sut pas comment elle était parvenue à faire une prouesse pareille et ne pas se manger le bois des tribunes.
Le teint encore plus pâle qu'à l'habituelle, et toujours à la même vitesse, donc rapide, bah oui, elle n'avait pas penser à ralentir... elle entreprit de revenir au point de départ.

*Aller, avec un peu de chance j'arrive seine et sauve... Suffit de... Euh... RALENTIR !! *

Liliana, tellement omnibulée par le fait qu'elle ne s'était pas cassé la figure en beauté à l'arrivée, avait légèrement virée... et sur la trajectoire d'un élève qui arrivait en contre-sens ! La jeune fille ouvrit des yeux ronds et se redressa violemment sur son balais, tout en levant le manche des deux mains. Le balais ralentit brusquement dans les airs, et d'un coup de main, elle parvint à le faire virer in-extremis vers sa droite. Elle sentit un violent coup de vent au moment où l'élève passait juste à côté d'elle, et un grand souffle sortit de ses lèvres. C'est à ce moment qu'elle se rendit compte que, sur le coup de la peur, elle avait oublié de respirer pendant plusieurs secondes.

Le coeur battant encore violemment dans la poitrine, notre jeune Serpentard retourna, à vitesse modérée cette fois, jusqu'au point où elle avait décollé, et plongea en douceur pour attérir.
Cependant, sur le coup de la peur, elle trébucha en posant le pied par terre et se rattrapa d'une main dans l'herbe, manquant de s'étaler de tout son long sur le terrain plane.

"Désolée pour celui ou celle que j'ai manqué de tuer !! Sauf si c'était un Gryffondor bien entendu..."

Lança-t-elle à pleins poumons (sauf sa deuxième phrase bien sûr ^^) en se redressant tant bien que mal et en s'époussetant. Quelle galère le vol !!

-Voyons donc un peu cet exercice. Certain n'ont pas compris son but. Réfléchissez un peu. Je ne m'amuse pas à donner des exercices sans liens dans le désordre. Si je vous ai parlé juste avant des dimensions du terrain, ce n'était pas pour rien. Certes, c'était un exercice sur l'accélération. Mais aussi quelque chose sur la distance. J'en ai vu qui ont accéléré comme des malades avant de manquer de s'écraser en face. Réfléchissez avant de vous élancer la prochaine fois. Craig, 8 points, McBrien 3 points cette remarque était en faite surtout pour vous, Idem, 5 points miss Leakey, monsieur Deinan, vous devez être concentré jusqu'au bout de l'exercice. J'imagine que vous ne pensez pas à la mort de Merlin après avoir donné un coup de batte, 6 points. Wedgers, c'est très bien, 8 points, calmez-vous un petit peu et ça sera parfait. Miss Dedrak 8 points également, rien à redire. Miss Vanloock, c'est correct. Outre les distances, essayez d'anticiper les obstacles, 6 points pour vous.

-Maintenant, j'aimerais que vous recommenciez cet exercice. Cependant, j'aimerais que vous contrôliez plus votre vitesse, et qu'en fonction de cet exercice, vous sachiez exactement ou ralentir. Cela doit être ni trop tôt, ni trop tard. Vous recommencerez cet exercice jusqu'à prendre des automatismes. Enfin, et uniquement si vous vous sentirez prêt, vous pourrez essayer de faire l'exercice les yeux fermés. Attention toutefois, c'est très dangereux, il faut pour cela arriver à une extrême régularité dans la vitesse et savoir quand freiner. Si vous ne vous sentez pas prêt, ne tentez rien. L'infirmière commence a en avoir marre de me voir chaque semaine. Allez-y tout de même PRUDAMMENT!

Miss Vanloock, correct, six points ? Et bien, Liliana ne s'attendait pas à cela. Un sourire éclaira son visage, et elle se sentit un peu plus motivée pour faire un effort, au lieu de partir négative. Prête à passer à l'exercice suivant, elle retint cependant un soupir in extremis quand le professeur Bibine leur demanda de recommencer. La jeune fille regarda son balais, l'air rancunier, comme s'il y était pour quelque chose dans ses difficultés, avant de se reposer sur le professeur Bibine quand elle reprit la parole.

*Fermer les yeux... Fermer les yeux ?! Oh Merlin ! Elle veut nous tuer ! Heureusement que l'on y est pas obligé...*

Liliana s'imagina, les yeux fermés, volant grâcieusement dans le ciel... avant de rencontrer de plein fouet un autre élève. Son ventre se tortilla désagréablement.
Avant de suivre les consignes du professeur de vol, la jeune fille ferma les yeux et respira lentement afin d'évacuer son stress. Quand elle fut concentrée, elle prit son balais vigoureusement, alla se positionner et enfourcha l'instrument de vol, l'air déterminé.

"Allez, c'était correct après tout, je ne vais pas me dégonfler face à mes difficultés !"

Liliana évalua le terrain, puis, quand elle se sentit prête, tappa vigoureusement du pied sur le sol.
Aussitôt, le balais lui obéit, et elle s'éleva plusieurs mètres au dessus du sol. Un léger vertige s'empara d'elle quand elle jeta malencontreusement un regard sous ses pieds, mais elle ravala une nouvelle fois son angoisse.

*C'est moi qui contrôle, tant que je m'applique, je ne crains rien.*

Se répétant ses paroles, elle plana vers l'autre extrêmité du terrain, jusqu'à atteindre la première moitié de parcours. Là, elle se pencha sur le manche et le vent claqua à nouveau plus férocement son visage en aveuglant ses yeux sensibles.
Un quart était passé, et Liliana décida de plisser les yeux au lieu de les garder grand ouverts, tout en se couchant littéralement sur le manche du balais. En même temps que sa vision s'améliorait, la vitesse augmentait, jusqu'à atteindre sont point maximum, pour un balais comme celui qu'elle utilisait.
Elle gardait le regard rivé sur les tribunes qui s'approchaient à toutes vitesse, concentrée, et de part sa concentration, avait oublié sa peur.

*C'est bon, maintenant, ralentir et faire demi-tour...*

La jeune fille se redressa à quelques mètres des tribunes, et entama un virage plus large qu'à l'exercice précèdent, plus contrôlé. Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait fait demi-tour aussi facilement, la petite eut un léger rire, fière et soulagée.
Gardant une vitesse égale, elle se rapprochait du point de départ.

*Bon, si je ne veux pas me vautrer minablement à l'arrivée, je ferais mieux de perdre un peu d'altitude tout de suite ! Je pense que se serait le plus intelligent !*

Obéissant à sa pensée, elle piqua légèrement vers le sol, jusqu'à arriver à un mètre du point où elle était partie, retirer une jambe de son balais, toucher le sol, courir, trébucher et... manquer encore une fois d'attérir le nez sur le sol.

*Quelle abrutie je fais ! J'ai oublié de ralentir !*
Pensa-t-elle en se redressant et en s'époussetant.
*Bon, je la refait, et cette fois je ne tombes pas à ce stupide attérissage !*

A nouveau, la jeune fille se positionna, mais avant d'enfourcher son balais, tourna un regard éclairé d'une angoisse fugace vers Bibine.

"Professeur, nous devrons aussi attérir les yeux fermés, au prochain exercice...? J'ai un peu de mal avec l'attérissage, bien que je me sente un peu plus à l'aise avec les distances..."

8 points… Cyanur avait gagné 8 points… C’est fou ce que gagner des points la rendait heureuse. Et le professeur avait précisé qu’elle n’avait rien à redire sur sa façon de voler. Bien entendu… Eh! Son papa donnait des cours de vol, il aurait été stupide que la petite ne soit pas doué. Devant cette gratification tout à fait méritée, la petite avait la tête haute. Quand on est douée…

** Bande de nuls… Il faut vraiment être idiot pour ne pas savoir voler… **

McBrien et Leakey n’avaient vraiment pas assuré sur ce coup-là. Pour une fois que la blondinette était meilleure que les moineaux débiles dans un cours. Elle n’allait certainement pas se plaindre. Elle passa à côté d’elles, un sourire aux lèvres.

La Vert et Argent enfourcha son balai et alla se placer à un bout du terrain. Elle prit une grande respiration et elle partit. Elle vola à une vitesse normale. Rendu presque à la moitié du terrain, elle commença à s’incliner comme son père le lui avait montré. Elle s’inclinait doucement mais toujours à la même vitesse. Une fois couché complètement sur son balai, elle avait atteint sa pleine vitesse. Elle avait le vent dans les cheveux mais aussi dans les yeux. En vu du bout du terrain, elle commença à se redresser. Elle ralentissait peu à peu. Tout en douceur, elle s’arrêta au bout du terrain. Elle maîtrisait très bien cette technique. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à calculer.

Elle décida de partir de ce côté du terrain. De toute façon, elle y était déjà alors pourquoi se compliquer la vie à retourner de l’autre côté. Elle recommença donc l’exercice. Cette fois, elle comptait dans sa tête. Elle vola à vitesse normale. Et elle compta dans sa tête…

** Un… Deux… Trois… Quatre… Cinq… Six… Sept… Huit… Neuf… **

Elle était arrivé au milieu du terrain. En neuf seconde. Elle termina son exercice normalement. Elle recommença. Pour la première partie, elle ferma ses yeux et vola en comptant dans sa tête. À neuf seconde, elle ouvrit les yeux et constata avec joie qu’elle était arrivée au milieu du terrain. Elle accéléra en comptant dans sa tête. Cinq secondes… Elle termina l’exercice normalement. Elle le refit les yeux fermés encore. C’était plutôt déstabilisant. Mais la technique de compter les secondes s’avérait efficace.

Elle refit l’exercice encore et encore. Après dix longueurs de terrain, elle eut enfin réussit. Toute heureuse, elle alla se poser à côté du professeur. La tête haute, elle s’adressa à elle.

– Mon papa enseigne le vol sur balai à Salem… C’est pour ça que je suis aussi douée…

Clarisse croyait avoir bien réussit son exercice de vol. Je dis bien croyait, car, lorsque le professeur Bibine commenta ses exploits, ce fut avec froideur, et en allant jusqu’à la gronder. De tous, elle c’était elle qui récoltait le moins de points et qui passait aux yeux de tout le monde pour une écervelée qui prenait des risques pour rien. Elle en avait les larmes aux yeux. Premièrement, elle n’avait rien dû comprendre à l’exercice, puisqu’elle l’avait fait de travers, deuxièmement, à cause de ça, elle ne faisait pas gagner autant de points qu’elle l’aurait put à se maison, troisièmement, elle faisait honte à son équipe de Quidditch et enfin, elle avait honte d’elle même, honte d’avoir cru bien faire alors qu’il n’en était rien, honte de s’être entendu reprocher des choses.

Les larmes aux yeux, elle baissa la tête. Il fallait que les élèves recommencent l’exercice, autant de fois que nécessaire pour qu’ils le maîtrisent tous à la perfection. La petite aigle ne savait plus rien, et était à deux doigts de plonger dans les larmes et le désespoir. Ne pas leur faire le plaisir de pleurer, voilà tout ce qui importait à présent. Non, elle ne devait pas se laisser aller, pas en plein cours. Clarisse serra ses petit poings blancs contre son corps fragile, bras tendus à en casser. Lorsque sa vague de larme fut entièrement refoulée, elle décontracta un peu ses muscles. Voyons, il fallait qu’elle se concentre. Que lui demandait-on ? On lui demandait d’accélérer à partir du milieu du terrain, jusqu’au bout et de ralentir ensuite. C’est ce qu’elle venait de faire ! Non, si elle avait fait ça, le professeur Bibine lui aurait dit que c’était bien.

Alors qu’avait-elle fait ? Elle avait commencé à accéléré comme une dingue à partir du milieu du terrain et avait bien faillit se scratcher contre les gradins, ce qui fort heureusement n’était pas arrivé parce que son père lui avait appris à manœuvrer un balai. Voilà d’ou provenait le malaise. Clarisse avait trop tendance à considérer le terrain comme l’intégralité de l’espace de vol, et pas comme un espace délimité et régit par des règles précises. Bon, le terrain, ne s’étendait pas des gradins aux gradins. Voilà d’ou provenait son erreur. Il fallait qu’elle enregistre ça. Ensuite, apparemment, elle devait freiner avant la fin du terrain, donc elle avait absolument mal compris l’exercice lorsqu’elle l’avait fait la première fois.

Clarisse attendit que tous les élèves soient en mouvement pour bouger elle aussi. Après sa triste prestation, elle avait encore trop honte. Timidement, elle enfourcha son balai et le fit rejoindre les gradins à petite vitesse, à petite altitude, là ou les autres prenaient leur envol pour le début de l’exercice. Elle se trouva une place sur le côté, parallèle aux autres et stoppa son engin. Elle inspira profondément et se remémora l’itinéraire à suivre, le bon cette fois espérait-elle. Elle se lança donc à allure modérée au début, puis un peu avant le milieu du terrain, elle se pencha progressivement sur le manche de son balai. Celui-ci n’attendait que ça pour accélérer, ce qu’il fit. Clis’ garda néanmoins une vitesse peu élevée, puis à quelques mètres de la fin du terrain, elle se releva doucement, ce qui la fit ralentir. Elle exécuta un demi-tour et s’arrêta de nouveau. Cette fois, elle espérait bien avoir réussit l’exercice correctement. Elle le répéta donc quatre fois, prenant à chaque aller plus d’assurance, et modelant sa vitesse en conséquence. A la fin, elle parvenait à une véritable accélération, allant aussi vite que lors de son tout premier essais, mais contrôlant les distances. Elle avait découpé le terrain en trois, deux parties égales pour la vitesse constante et l’accélération, et une autre partie, plus petite pour le ralentissement.

Bon, ensuite, le professeur Bibine parlait de refaire pareil en ayant les yeux fermés. Bonne idée, mais comment ? Elle se mit à réfléchir à toute vitesse. Elle se souvint alors d’une fois ou son père avait voulu lui faire faire de l’obstacle les yeux fermés (à cheval). Elle avait compté les foulées de sa ponette pour savoir ou elle était et quand elle allait passer les barres.[hj] ne croyez pas que j’affabule, ça m’est arrivé pour de vrai en hj, et c’était super flippant. Le prof était un peu taré parce qu’on était encore petits, et qu’on pouvait tomber, mais heureusement, les obstacles n’étaient pas haut et il n’y en avait que deux. Sur ce coup là j’ai eu de la chance, j’étais tombée sur un gentil poney obéissant que j’avais l’habitude de monter, donc je le connaissais bien. Désolée si ça fait un peu copié par rapport à ce qu’à fait Cyanur, ce n’est pas le but. D’ailleurs, si ça dérange, n’en prenez pas compte. Fin de ma petite vie[hj]
Il fallait donc faire un peu pareil. Oui, sauf que là, elle n’avait pas de poney, donc pas de foulées à compter ! Après mûre réflexion, elle se dit qu’elle allait compter des sortes de secondes. Elle ne pouvait pas battre la seconde précisément, d’ailleurs elle ne savait pas trop combien de temps ça faisait pour compter, mais au moins, elle essayerait de laisser un intervalle le plus régulier possible entre chaque chiffre.

Pour le premier tour, elle compta mentalement, les yeux ouverts, à vitesse modérée, tout du long. Elle arrivait à 30. Faisant demi-tour, elle repartit à ce qu’elle pensait être la même vitesse, et ferma les yeux, tout en comptant. Clarisse avait peut, peur de se tromper, peur que son balai ne vole plus droit, peur d’accélérer sans s’en rendre compte, peur se s’écraser contre un gradin etc. Arrivée à 28 de son compte, elle entrouvrit un œil. C’était le moment ! Ayant été un peu plus vite que le tour précédent, elle était arrivée au bout du terrain. Son rythme cardiaque avait accéléré en conséquence, et il lui fallut une bonne minutes pour se calmer, et décider de ce qu’elle allait faire. Continuer ou arrêter avant qu’il ne soit trop tard ?

Elle décida de continuer et réitéra l’expérience plusieurs fois, avant de bien la maîtriser. Ensuite, elle fit l’exercice demandé les yeux ouverts, en comptant, et ceci trois fois de suite, pour être bien certaine des chiffres. A 13 elle arrivait au milieu du terrain, à 20 elle devait ralentir. Son stress augmenta encore. Et si elle se trompait ? Et si ses comptes étaient faux ? Et si elle allait s’encastrer dans le gradin d’en face ? Mieux valait encore une fois ne pas y penser. Elle s’élança une nouvelle fois, les yeux fermés. A douze, elle les ouvrit avant d’accélérer, le ventre noué, à 19 elle les rouvrit totalement, tout en se redressant le plus vite possible. Il lui restait encore de la marge. Elle recommença, encore, encore, encore et encore, toujours en ouvrant les yeux à ses étapes là pour être certaine de ne pas dévier de ses trajectoire et de tomber juste. Cette fois, ça elle allait tenter la traversée sans ouvrir un œil, avant d’avoir stoppé son balai. La gorge sèche et le cœur au bord des lèvres, elle fit aller son balai. A 13 elle se pencha en avant pour accélérer, doucement et progressivement, elle sentait le vent battre contre son visage, elle allait vite, très vite et c’en était effrayant. Elle lutta contre son envie d’ouvrir les yeux. A 20 elle se redressa, et faillit avoir une crise cardiaque tant ne pas savoir ou elle était la rendait malade. Lorsque son balai se fut arrêté, elle n’osait plus ouvrir les yeux, le souffle court.

Finalement, elle se décida. Rassurée, elle constata qu’il lui restait deux mètres à parcourir avant d’atteindre les gradins. Le cœur encore battant à tout rompre, elle fit demi-tour et alla atterrir non loin du professeur, attendant avec impatience l’avis de son professeur. Elle avait peur, peur de s’être une nouvelle fois trompé du début à la fin. Cette fois, elle savait que si elle s’était trompée, elle ne le supporterait pas.

Les pensées d'Ambre étaient bien loin du terrain de quidditch depuis un bon moment. La fillette fut cependant tirée de sa rêverie par le professeur Bibine s'adressant à elle, et elle hocha la tête pour la remercier de son explication et des points qu'elle avait gagnés.
Puis, la petite écouta le professeur parler de l'exercice.

*Enfin.... on va voler...*

Une bouffée d'excitation qu'elle ne chercha pas à réprimer grimpa en elle. La fillette adorait voler, cette sensation unique qui l'envahissait à chaque fois qu'elle volait... elle aurait tout donné pour la retrouver, alors la perspective de voler l'enchantait.
Ambre sourit, et elle s'apprêta à effectuer l'exercice. Se plaçant avec les autres au bout du terrain, elle attendit le signal du départ.
Décidant de ne pas perdre une seconde, elle utilisa cette attente pour évaluer les distances. Perfectionniste de nature, elle ne voulait pas se tromper, et c'est là qu'elle réalisa la raison pour laquelle le professeur avait parlé des distances.

Ambre jaugea le milieu du terrain, et ne le quitta pas des yeux, pour savoir précisément où elle devait accélérer. Puis, le signal sembla venir puisque tous ses petits camarades s'étaient élancés. La petite Indienne se concentra alors, et les imita. Elle vola tout d'abord en ligne droite, relativement vite, mais pas trop non plus. Une fois arrivée au point qu'elle n'avait toujours pas quitté des yeux, elle accéléra avec une aisance peu commune, mais peu surprenante dans le cas de la fillette étant donné qu'elle avait passé son été à s'entraîner sans relâche. Le vol était la matière dans laquelle la petite Bleue et Bronze excellait.

Puis elle s'arrêta net et élégamment en bout de terrain, avant de revenir vers le professeur et ses camarades.
Le professeur venait de donner d'autres instructions, qu'elle avait saisies au vol, aussi, elle alla se replacer avec les autres. Au fond d'elle, Ambre savait parfaitement qu'elle était prête pour compliquer l'affaire, comme le proposait Madame Bibine, cependant, elle voulu quand même se sécuriser en le refaisant, histoire de bien fixer dans sa mémoire les distances.

Elle se replaça donc au départ, et recommença, mémorisant cette fois non pas la distance visuelle, mais les sensations qui s'y trouvaient reliées, chaque souffle de vent, chaque changement de courant d'air. Une fois arrivée au bout après avoir accéléré au milieu du terrain, elle s'arrêta, aussi élégamment que la première fois, avant de retourner se placer au départ.

Cette fois, elle prit plus de temps pour se préparer au départ. Derrière ses paupières closes, la fillette travaillait ardemment à la recomposition virtuelle du terrain, replaçant sur son terrain imaginaire chaque sensation, chaque chose ressentie au cours des deux premiers vols. Puis, elle démarra, attentive à chacun de ses gestes, mais les yeux fermés.
Ambre adorait voler les yeux fermés. Pourquoi? Parce que les sensations s'en trouvaient démultipliées, et la petite en profita goulûment, sans pour autant se laisser déconcentrer. Elle accéléra aisément au milieu du terrain, et s'arrêta en bout, ravie d'avoir réussi.

Voler les yeux fermés... En voilà une bonne idée... William regagna le point de départ, enfourcha son balai et décolla. Prudent, il commença par refaire l'exercice les yeux ouverts, ce qui ne lui posa guère de problèmes. Il le refit deux fois pour plus de sûreté, puis se décida à le faire les yeux fermés. Il avait repéré le temps qu'il lui fallait pour atteindre le milieu du terrain, puis l'extrémité, il ne devrait pas avoir trop de difficultés... Pour la troisième fois, William décolla, et ferma les yeux. Aussitôt, une sensation de malaise s'empara de lui, et il se crispa sur son balai. Il résista une seconde encore, puis il rouvrit les yeux pour se rendre compte qu'il avait dévié de sa trajectoire. Il traversa le terrain sans poursuivre l'exercice, et se remit à la file pour le départ. Son coeur cognait violemment dans sa poitrine, et sa respiration était anormalement précipitée... En attendant son tour, il s'appliqua à se calmer, à respirer lentement, profondément, et à se tenir un discours rassurant.

*Allez Will... cette fois, tu vas y arriver... tu te calmes, tu respires et ça va aller... *

Lorsque vint son tour, il décolla énergiquement, comme toujours, et attendit d'avoir pris de la hauteur pour fermer les yeux. Aussitôt, cette sensation nauséeuse le reprit, comme si tout son sang s'était soudain concentré dans sa tête... Un sentiment de panique s'empara de lui, et il sentit que ses mains s'étaient crispées sur le balai, tandis que ses bras tremblaient. Rouvrant les yeux, il constata qu'il avait encore dévié de sa trajectoire, et qu'il avait perdu trois bons mètres d'altitude. Il préféra ne pas insister, et regagna le sol, très pâle, encore un peu secoué par cette drôle de sensation. Jamais il n'avait eu le vertige sur un balai, c'était une première... une première fort désagréable... Il tâcha de se calmer puis, les jambes encore un peu faibles, il se dirigea vers le professeur. Marcher lui fit du bien, et il se sentait mieux lorsqu'il s'arrêta devant l'enseignante pour lui dire doucement:

-Je... je n'y arrive pas, professeur... les yeux fermés, je n'y arrive pas.