Il était tard, presque l'heure de dîner. Yorek commençait à avoir vraiment faim, comme le laissait sous entendre les gargouillis de son ventre. Cependant, il avait pris l'initiative d'envoyer une lettre à ses parents avant d'aller manger, sinon il ne le ferait jamais. En effet, Yorek n'était pas du genre sentimental, envoyer des lettres pour prendre des nouvelles, ce n'était pas dans son caractère. Ainsi, dans les rares moments où il était un peu plus disposé à le faire, il se forçait à le faire jusqu'au bout, sachant très bien que cette occasion ne se représenterait pas d'aussi tôt. C'était presque une corvée pour lui... Il adorait ses parents, mais ils ne lui manquaient pas du tout. Même si il avait tendance à leur faire penser le contraire pour leur faire plaisir, Yorek avait toujours su qu'il se débrouillerait très bien sans eux. Cependant il savait aussi, que dans son intérêt, il valait mieux pour lui qu'il leur donne des nouvelles de temps en temps. Et puis ils seraient tellement fiers de savoir que leur fils a été envoyé à la noble maison Serpentard... Enfin bref, Yorek s'était obligé à leur écrire quelques lignes rassurantes.

Ainsi, Yorek monta rapidement les escaliers qui menaient à la volière.
* Pourraient mettre un ascenceur quand même... *
Pas vraiment essouflé, il poussa la lourde porte et entra dans la volière. Et sa première impression fut:
* Pouaaaah ça pue... Où qu'il est le petit truc où qu'on appuie dessus et y'a du pshit senteur des îles qui sort? *
Le Serpentard s'avança dans la pièce tout en veillant à respirer seulement par la bouche, l'odeur lui semblait moins nauséabonde.
Il repèra un hibou de l'école, n'en ayant pas personellement - Yorek n'était pas fan des bêtes- , perché sur un bout de bois pas très haut.
* Alors... petit... petit!*
Il s'approcha de lui doucement en enroulant son parchemin. Une fois près de lui, le garçon lui prit maladroitement la patte - ben oui c'était la première fois que Yorek envoyait une lettre par hibou, à 11 ans, il n'avait jamais vraiment eut l'occasion de le faire. Manifestement, la maladresse de Yorek ne plu pas vraiment au hibou qui tenta de prendre son envol en battant des ailes férocement et en poussant des cris à donner une migraine pas possible. Malheureusement pour lui, Yorek se cramponnait à sa patte.
" Reste là sale bête si tu veux pas finir en gargouille de décoration! " finit-il par lâcher à haute voix.
Oui Yorek détestait qu'on s'oppose à lui, humain ou animal! Il détestait ça...

Trop préoccupé à tenter vainement de dresser son hibou, Yorek ne remarqua même pas qu'il n'était pas seul...

Yorek n'était qu'à un mètre de la jeune fille, la fusillant du regard. Il voulait reprendre le dessus. Etre le plus fort. Non Yorek, n'aimait vraiment pas l'échec, passer pour un faible.
L'air impassible que conservait la Gryffone ne lui convenait pas du tout, au contraire. Ce qu'il voulait c'est qu'elle baisse les yeux de culpabilité, ou encore mieux qu'elle s'excuse.

A sa grande satisfaction, Angelina finit par baisser la tête. Un petit sourire, à peine visible, se dessina sur le visage de Yorek, croyant qu'elle baissait la tête par crainte, par culpabilité, ne se doutant absolument pas que la jeune fille avait mal au coeur.

Citation :

" Tes affaires ne sont pas les miennes, en effet...Je voulais juste éviter que tu ne casses la patte de ce pauvre animal, j'ai agis sans réfléchir, je l'avoue..."

Et ben voilà de sages paroles. Le genre de paroles que Yorek aimait entendre. Pour lui, c'était reconnaitre qu'il avait raison. Même si des fois il avait tort, il voulait entendre qu'il avait raison. Concernant la patte de ce 'pauvre animal', la casser? Probable. Mais il aurait eut que ce qu'il méritait.
Il regarda l'amie des bêtes avec un petit air hautain.
" Très bien... J'en conclu donc que tu as compris. Les gryffs ne seraient donc pas aussi si bêtes que ce que l'insinuent mes camarades, me voilà rassuré."

Yorek n'avait jamais eut aucun préjugés sur les autres élèves. Il préferait juger par lui même. Apparement les Serps et les Gryffs ne faisaient pas bon ménage, d'après les conversations qu'il avait entendu dans la salle commune. Cependant Yorek était sûr qu'il y avait des personnes aussi stupides dans chacune des deux maisons.
Toutefois il ajouta:
" Mais il est par contre peut-être vrai que vous avez tendance à un peu trop vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas. Trop défendre le faible et l'opprimé vous perdra... C'est chacun pour soi sur cette bonne vieille Terre. J'espère pour toi que tu t'en rendras vite compte. Ce n'est qu'une chouette..."

Yorek lui s'en était vite rendu compte. Il n'avait réellement confiance en personne, à part en soi bien sûr. Il savait que sa réussite il ne la vaudrait qu'à lui même, et à personne d'autres. Enfin c'était comme ça qu'il voyait les choses pour l'instant.

Soudain, sans qu'il sache pourquoi, Angelina se mit à trembler étrangement. Croyant d'abord qu'elle tremblait de peur, ce qui aurait été l'extase pour Yorek, il se rendit vite compte que ce n'était pas vraiment là la nature de ces tremblements.
Son sourire sournois disparu et tout aussi soudainement la jeune fille se leva, laissant derrière elle une photo.

Citation :

" Tu pourras bien me blâmer tant que tu le voudras, je sais très bien ce que je suis aux yeux des Serpentard...Tu as sûrement la vue aussi embuée que la plupart des personnes de ta maison...Je n'ai pas voulu t'offenser tout à l'heure, mais je doute que tu sache ce qu'est l'enfer...Alors ne me blâme pas pour une bêtise telle que celle ci, alors que je sais que j'ai fait bien pire..."

Yorek regarda Angelina avec des grands yeux ronds.
* Pourquoi qu'elle s'enflamme comme ça?*
Elle avait du répondant. D'une certaine manière, Yorek aimait ça. C'était pas drôle quand c'était trop facile. Et, sans qu'il eut le temps de répondre, la jeune fille prit la direction de la sortie avant de changer d'avis pour aller se rasseoir un peu plus loin.
Un instant, Yorek eut peur que la jeune fille s'en aille, comme ça, sans lui laisser le temps de répliquer. Non, il l'aurait suivi dans l'escalier. C'est à ce moment là que Yorek remarqua la photo tombée du sac. Il la ramassa discrètement et la glissa dans sa poche.

Laissant de côté les préjugés stupides qui séparaient les deux maisons, Yorek, réafficha le même sourire sournois et répliqua:
" L'enfer tu dis? Tu connais, toi, ce que c'est que l'enfer? Je suis curieux de savoir... Qu'as tu bien pu faire de pire? L'ami des bêtes, laisse moi deviner... Tu as écraser un escargot par mégarde? Tu as oublier de nourrir ton lapin un soir? Oui tu as raison, ça mérite bien l'enfer! " ironisa Yorek avec un sourire amusé.

L'enfer...

La gryffonne adopta alors une attitude étrange. Elle se recroquevilla sur elle même. Qu'est-ce qu'il lui prenait?

" Quoi pas maintenant? " lui lança t-il d'une manière un peu aggressive.

Yorek patienta quelques secondes, manifestement la jeune fille avait un problème. Son visage était blanc et elle semblait vraiment fatigué.
Yorek était toujours planté debout au milieu de la pièce, les bras croisés, les yeux rivés sur son interlocutrice qui se rassit péniblement.

Peut-être y était-il allé un peu fort? Oui peut-être... Tant pis. Dès qu'il s'agissait de sa fierté, de son orgueil, Yorek avait tendance à un peu s'emballer, oui oui juste un peu... Evidemment hors de question de s'excuser. D'une il n'y avait pas de quoi s'excuser et de deux même si il y avait de quoi, Yorek ne s'excuserait pas. C'était des mots qui sortaient rarement de sa bouche, comme si ses cordes vocales étaient incapables d'aligner les syllabes 'je-m'ex-cuse' ou encore 'dé-so-lé'.

Cependant la jeune fille laissa échapper un petit rire.
* Elle se fout de ma gueule?! *
Il s'avança de quelques pas vers la gryffone.
" Content de voir que cela t'amuses... En tout cas tu as raison, ça ne m'intéresse pas, ta vie ne m'intéresse pas. Je suis pas là pour faire du social."
Le garçon s'avança encore davantage, jusqu'à n'être plus qu'à un mettre d'Angelina. Lui debout, elle assise, ça lui donnait un sentiment de supériorité appréciable.
" Et ton petit nom c'est quoi alors? " lui demanda t-il soudainement en changeant radicalement de ton. Bien évidemment, l'hypocrisie y était flagrante. Yorek aimait bien des fois changer d'attitude. Cela déstabilisait parfois la personne en face de lui, c'était plutot marrant.

Mais sans qu'elle eut le temps de lui répondre, un autre de ces maudits oiseaux intervint, une fiole dans le bec. Celui ci appartenait apparement à la gryffone qui reposa la fiole au sol. Yorek la ramassa alors sans demander l'avis de la jeune fille et lut sans gène ce qu'il était inscrit sur l'étiquette. Des cachets... La jeune fille était donc bien malade.
Yorek releva la tête vers Angelina, d'un air interrogateur avant de lui tendre la fiole.
" Tu devrais les prendre. J'ai pas envie de t'enmener à l'infirmerie dans le coma. " lui lança t-il d'un ton sec.

Oui Yorek n'était quand même pas cruel au point de la laisser agoniser dans la crasse de la volière... Certes il n'aimait pas trop jouer les 'gentils' dans ces moments là - car oui c'étaient des paroles gentilles, enfin pour lui- mais il n'était pas cruel au point de jouer avec la santé des gens. Enfin sauf si cela s'avèrait vraiment nécessaire... Ce n'était pas le cas ici, ce qu'il voulait c'était juste faire une petite démonstration de force. Bien faire comprendre à la jeune fille de ne pas se mêler de ses affaires.