Premier cours de Magie Fondamentale de sa vie. Elle ne savait dire si elle était anxieuse ou excitée, probablement un peu des deux. Car en tant qu’étudiante en Médicosoins, la Magie Fondamentale n’était pas un cours obligatoire mais une option facultative qu’elle avait volontairement décidé de suivre. Elle avait d’ailleurs longuement réfléchi avant de prendre pareille décision. Et après avoir pesé le pour et le contre, elle avait considéré que les avantages superaient les inconvénients. Certes, le travail en plus serait notable mais, si elle voulait continuer à travailler dans l’optique d’un jour appartenir à un centre de recherches sur la lycanthropie, un cours sur la nature de la magie ne pourrait que lui être des plus utiles. Après tout, la morsure d’un lycan constituait un bouleversement majeur de la nature de la magie d’un sorcier.

D’où le fait qu’en ce jeudi 21 septembre, elle soit levée à sept heures du matin pour prendre une douche comme il se doit. Elle n’avait jamais été spécialement du matin et si elle ne passait pas sous l’eau chaude un bon quart d’heure, elle ne vaudrait rien en cours. Pendant ce temps, elle entendit Maureen se lever. Après tout, ce cours était obligatoire pour elle, elles s’y verraient donc certainement. Elle ressortit et se sécha et coiffa les cheveux magiquement pour gagner du temps. Puis elle s’habilla et se maquilla discrètement, elle ne voulait pas attirer l’attention le premier jour. Avec encore vingt-cinq minutes d’avance, elle descendit ensuite à la cafétéria où elle commanda un énorme bol de café au lait et deux croissants ainsi qu’un verre de jus d’orange. Elle aurait bien rajouté à cela une ou deux tartines à la confiture d’abricot mais elle ne voulait pas forcer sur le sucre non plus alors elle se contint.

Elle croisa une ou deux têtes connues qui se préparaient sans doute pour le même cours et leur adressa un vague signe de la main mais refusa de bouger de sa table, elle était trop bien installée, juste à côté du radiateur. Une fois qu’elle eut terminé, elle déposa son plateau à sa place et prit la direction de l’amphithéâtre Merlin. Ça lui faisait bizarre de remarcher dans ces couloirs, cela ne faisait pourtant que six mois que l’université avait fermé, mais tout cela semblait remonter à une autre vie. Ou peut-être que c’était juste elle qui avait beaucoup changé depuis. En tous les cas, ce qui était évident c’est qu’elle n’était désormais plus une inconnue sur le campus. Le fait que son nom soit apparu dans la Gazette après le procès lié à la manifestation de Trafalgar Square avait apparemment fait d’elle une espèce de célébrité mais pas dans le bon sens. Si elle voyait encore quelqu’un la montrer du doigt en se croyant discret, elle ne répondait plus de ses actes.

Enfin. Elle ne pouvait rien y faire, les gens croyaient dur comme fer à ce qu’ils lisaient dans les journaux alors voilà. Elle prit donc sur elle pour ne pas se laisser affecter, se maudissant d’avoir été parmi les pires question ragots à Poudlard. Elle comprenait soudain bien mieux ce qu’Harry avait dû vivre toutes ces années et elle ne l’enviait mais alors pas du tout. Elle arriva donc devant l’amphithéâtre sans encombre et, après y être entrée, repéra immédiatement la silhouette dégingandée de son meilleur amie et de l’Américaine qui l’avait accompagnée depuis son retour de Boston. Elle n’avait pas eu l’occasion de parler beaucoup avec Elena mais elle l’aimait bien pour le moment. Le seul problème c’était l’impression d’être légèrement remplacée en tant qu’amie. Elle avait beau savoir qu’ils se connaissaient apparemment depuis l’enfance, ce qui la mettait un peu au même niveau que Parv’, d’un autre côté ce n’était pas pareil parce qu’Alan était un garçon et Parvati une fille donc il n’y avait pas vraiment de concurrence. Mais bon l’heure n’était pas aux jalousies enfantines, elle leur sourit donc après avoir salué comme il se fallait le nouveau prof -canon soi-dit en passant, ça ne ferait pas de mal aux yeux tout ça- et s’assit aux côtés du brun avan d’interroger Elena :

-Alors pas trop dur de t’adapter à notre climat londonien ?

Bon et bien, au final, elle retirait ses paroles premières concernant Elena. L’Américaine était des plus sympathiques. Elles avaient le même entrain et apparemment la même passion pour le shopping et toute activité considérée comme éminemment « féminine ». C’était le pauvre Alan qui allait souffrir à devoir en supporter deux comme elle désormais ne put-elle s’empêcher de rire pour elle-même. Sauf que son sourire intrigua Elena qui l’interrogea et lorsqu’elle lui expliqua le cours de ses pensées, la brune la rejoint dans son hilarité. Alan, lui, avait l’air nettement moins amusé. Mais, pour qui le connaissait suffisamment et les deux filles assises à ses côtés pouvaient se targuer de faire partie du petit groupe correspondant à cette description, malgré l’air agacé sur son visage fatigué, la lueur douce de son regard indiquait qu’il n’était pas si grognon qu’il le prétendait. C’était simplement qu’il était si habitué à cette façade qu’il ne savait plus vraiment faire sans. Du moins c’était ce que Lavande avait toujours pensé. Quant à connaître la vérité derrière ces conjectures, personne ne le saurait jamais à part le principal intéressé.

Pendant qu’ils parlaient, d’autres étudiants arrivèrent. Lav’ adressa un sourire chaleureux et un signe de la main à Maureeen quand sa colocataire entra dans la salle. Elle espéra que Tomas viendrait lui tenir compagnie. Ils étaient tellement choux ensemble. Bon, d’accord, être choux n’était pas le plus important lors d’un cours, mais ça ne faisait jamais de mal non plus hein. Surtout si le cours était essentiellement théorique. Un ou deux regards amourachés étaient tellement plus faciles à faire passer lorsque le prof parlait que lorsqu’il fallait se concentrer sur une activité pratique.

Après Maureen, ce fut l’arrivée des Kappa Fée au complet. Enfin, du trio dirigeant tout du moins. Lavande se fit un devoir de les ignorer. Elle n’avait rien en commun avec ces filles. Ni le statut social, ni la réussite scolaire et sportive, ni encore moins les mêmes ambitions dans la vie. Dire qu’elle ne les enviait pas un peu maintenant qu’elles étaient en passe de devenir les tars du campus aurait été mentir, mais elle ne voulait pas pourtant appartenir à la sororité. De un, elle n’avait rien à y faire et n’aurait jamais été acceptée. De deux, même s’il n’y avait pas eu ce problème, qui diable avait 1500 gallions à dépenser par an ! Certes la baraque où les Kappa dormaient valait dix fois la chambre qu’elle partageait avec Maureen, mais tout de même, c’était de la discrimination à l’entrée. Enfin, les riches avaient toujours voulu s’afficher, rien de bien nouveau sous le soleil. Rien de bien étonnant non plus à ce que Duval cherche à attirer Hermione dans son orbite. Quoi de mieux que LA Hermione Granger pour finir de briller aux yeux de tous comme les filles parfaites du campus ? Restait à savoir si son ancienne camarade de chambrée accepterait de rentrer dans la sororité ou non. Et à vrai dire, Lavande était assez curieuse de le savoir. Enfin, comme disait le dicton qui vivrait, verrait.

Le cours commença peu après et Lavande apprécia la façon de parler claire et posée du professeur Lovelace. Ça la mit immédiatement à l’aise. A tel point qu’elle osa poser une question lorsqu’il leur donna la parole.

-Lavande Brown, troisième année en filière Médicosoins. Je me demandais seulement comment on allait étudier la magie. C’est quelque chose d’immatériel et qui a toujours été là non ? Alors, plus précisement, vous avez parlé de différencier différents types de magie mais comment est-ce seulement possible ?

Bonjour la question tordue. En même temps, elle s’interrogeait vraiment dessus. Comment différenciait-on les « types » de magie. Par les intentions du sorcier ? Magie Blanche, Noire, curative, offensive, défensive, etc … Ou bien, peut-être que les couleurs des sorts avaient un rapport ? Bref, c’était probablement une question trop vaste qu’ils passeraient tout le reste de l’année à étudier mais si tel était le cas, le prof le lui dirait. En attendant, c’était la seule question qu’elle se posait vraiment donc elle l’avait posée. Rien de plus, ni de moins.

Spoiler:

Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas suivi un cours aussi animé. Les questions et les réponses semblaient s’enchaîner sans arrêt, abordant différents aspects de ce vaste sujet que semblait apparemment être la Magie Fondamentale. D’ailleurs, heureusement pour elle qu’elle s’était reprise pendant l’arrêt forcé des cours sinon elle aurait été assez rapidement paumée. Prendre des notes, suivre le cours et assimiler les remarques de tout un chacun demandait en effet un certain entraînement. Elle remarqua soi-dit en passant qu’Elena n’avait pas l’air habituée à ce type de méthode d’enseignement si l’on s’en référait à ses coups d’œil constants aux notes d’Alan. Elle lui adressa donc un regard amical, chuchotant qu’elle s’y habituerait bien assez tôt, c’était seulement que les premiers cours étaient toujours les plus difficiles puisqu’il fallait remettre le pied à l’étrier. Enfin, du moins elle l’espérait parce que si la vitesse des échanges entre professeur et élèves augmentait au fil des séances, elle était loin d’être sûre de tenir la cadence.

Enfin, il y avait des choses qui ne changeaient pas et lui permettait aussi de retrouver un certain sentiment de routine. La première d’entre elles étant les réponses d’Hermione. C’était positivement incroyable qu’après neuf ans à suivre des cours avec elle, elle continue d’être sur le cul dès que l’ex-Gryffondor ouvrait la bouche pour répondre en cours et pourtant c’était la réalité. Mais bon, au moins, cela ne la déprimait plus comme lors de ses premières années à Poudlard. Bah oui imaginez-vous un peu, fraîchement débarquée dans le monde sorcier, espérant que, puisque vous n’êtes pas la seule Née-Moldue, vous ne serez pas la seule avec des problèmes et là PAF vous tombez sur Hermione qui est, non seulement Née-Moldue mais également une encyclopédie vivante, ça a de quoi vous plomber le moral pour un temps. Enfin, tout cela était désormais dans le passé. Elle avait depuis appris à faire selon ses moyens sans se préoccuper de ceux des autres, du moins autant que possible.

Ainsi, lorsque le prof posa une nouvelle question, elle se creusa légèrement les méninges. Elle se souvint alors d’une discussion qu’elle avait eue avec Lynn quelques mois auparavant lorsqu’elles correspondaient uniquement via lettres à cause de son assignation à résidence parentale. Son amie lui avait parlé plus précisément du commerce d’amulettes et autres bijoux qu’elle était en train de mettre sur place pour le moment où elle finirait ses études et elles avaient discuté assez longuement de la puissance magique des différentes roches et gemmes. Certaines avaient un pouvoir de protection, d’autre amplifiant la puissance magique et ainsi de suite. Cela lui sembla donc une bonne façon de répondre en partie à la question sur les rituels, surtout qu’Alan qui avait pris la parole en premier n’en avait pas parlé.

-L’usage d’autres conducteurs de magie comme les cristaux dont vous avez parlé permet également de se concentrer sur une forme de magie en particulier sans avoir à se préoccuper des effets secondaires que les sortilèges peuvent amener. Par exemple, en disposant des gemmes en cercle autour de soi ou en écrivant des runes sur le sol, cela permet de délimiter précisément un espace dans lequel la magie conjurée aura un effet. Que le but soit d’en amplifier la puissance en la sublimant dans un espace confiné pour que les effets ne se dispersent pas ou d’éviter que les conséquences n’affectent les alentours, la présence physique d’une délimitation magique est plus sûre et précise qu’un simple geste de la baguette.