Discours de Margaret Bailey
Présidente du MCR

« Mesdames, Messieurs, mes chers amis, vous qui êtes ici rassemblés pour la lutte que nous menons, je vous le dis ; cette journée représente un tournant décisif. Nous n’avons pas gagné les élections, certes. Mais nos opposants n’ont pas eu la victoire non plus. La différence entre notre parti et les conservateurs n’est que de quatre pour cent ! Cette élection n’aura en réalité fait qu’une chose. Elle a révélé l’impossibilité de la thèse de la fusion entre moldus et sorciers. Et j’ai bon espoir que, lors des prochaines élections, ceux qui ont aujourd’hui, par peur, choisi le flanc conservateur, se rallieront à nous pour enfin donner à l’Angleterre l’orientation que nous voulons.

Bien évidemment, d’ici là, nous ferons tout pour agir et faire en sorte que l’Angleterre prenne la moins mauvaise voie possible. L’AVC n’a pas la majorité au Congrès. Dès lors, se posera une question décisive pour le ministre. Choisira-t-il de proposer des lois et une logique de gouvernance qui emporteront la faveur des ultra-radicaux de l’ATP, dont nous savons que certains regrettent le temps où « La Magie est Puissance » justifiait le massacre des nés-moldus ? Ou, au contraire, notre ministre, Alastair Richardson, optera-t-il pour une gestion plus modérée, qui permettra au MCR de le soutenir ? J’incite l’ensemble de la population à être attentive à cela. Si vous voyez que de nouvelles lois passent, soutenues par l’ATP, alors soyez sûr que l’Angleterre sera passée de Charybde en Scylla. Du radicalisme pro-moldu, nous serons passés au radicalisme conservateur, voire pire, anti-moldu.

Dès lors, en tant que Présidente du MCR et première Sous-Secrétaire d’Etat, je ferai en sorte de proposer au pays la voie juste. J’invite donc Alastair Richardson, notre ministre, et Cornelius O’Riordan, mon homologue Sous-Secrétaire d’Etat, à se diriger vers la voie que j’emprunterai pendant deux ans : celle du compromis. Néanmoins, je serai intransigeante sur un point. Le MCR, je m’y engage devant vous, n’acceptera jamais et ne soutiendra jamais une loi qui restreindra les libertés de la communauté sorcière ou qui l’affaiblira, sur n’importe quel point de vue que ce soit. Là, je le dis, il ne peut y avoir de négociation possible. Nous voulons le meilleur pour la population !

Les évènements horribles des derniers jours ont révélé que notre société était exposée à des risques. Toutefois, il ne faut pas répondre par une voie excessive. Ces faits ont prouvé que l’Angleterre avait besoin de sécurité et d’équilibre. Nous voyons bien que certains tentent de miner la société magique, cachant leurs desseins derrière la discorde. Je ferai tout pour que l’on ne cède pas à la panique et au radicalisme aveugle !

Je vous remercie enfin de nous avoir accordé votre confiance et ferai tout pour en être digne. Le MCR continuera à suivre sa ligne de conduite prônant l’égalité, la modération et la volonté de donner le meilleur au peuple. Les questions de l’éducation, de la sécurité, des rapports internationaux et de l’équilibre à trouver dans nos relations avec les moldus constitueront nos priorités. Nous ne ferons pas de la politique de façade ! Nous ne vous mentirons pas ! Restez plus que jamais vigilant face aux mensonges que certaines personnes intéressées tentent de vous faire croire !

Merci de votre attention et vive l’Angleterre ! »

La Place de la Résistance serait-elle le sacre du complot mené par l’Ordre du Phénix ?

C’est en tout cas la théorie avancée par certains membres de l’opposition conservatrice et ultra-conservatrice. Le spécialiste Théodore Soulacouet enseigne les mouvements sectaires politiques et les sociétés secrètes à l’Université de Magie Supérieure (UMS) en France. Il a, suite à la demande insistante de l’Alliance Traditionnelle Protectrice, étudié la thèse avancée par ses membres. Cette interview rapporte les conclusions de monsieur Soulacouet.

La Gazette du Sorcier : « Quel est votre avis sur les théories pour le moins farfelues avancées par les membre de l’ATP ? »

Théodore Soulacouet : « Je pense qu’il ne faut en rien voir une thèse farfelue. Elle a été maintes fois évoquée et plusieurs signes mènent à croire qu’elle pourrait être vraie. En tout cas, les faits sont pour le moins troublants. »

GS : « Pourriez-vous détailler ? »

TS : « Déjà du temps de feu Albus Dumbledore, les fonctions de l’Ordre du Phénix étaient pour le moins louches. La mainmise presque totale qu’exerçaient monsieur Dumbledore et son organisation secrète sur l’école de sorcellerie Poudlard était inquiétante. Pourquoi cet homme refusait-il le poste de ministre ? Sans doute parce qu’il attendait le moment propice, lorsqu’il serait véritablement en position de force et que son organisation serait toute-puissante. »

GS : « Comment a-t-il procédé alors que l’Ordre du Phénix n’a pas vu le nombre de ses membres augmenter de manière significative au fil du temps ? »

TS : « Tout est un travail de manipulation. Un véritable culte était rendu à Dumbledore à Poudlard. Des centaines de jeunes sorciers anglais, en fait toute la jeunesse actuelle en âge de penser aux questions politiques, a été soumise à un lavage de cerveau à Poudlard. La vénération de Dumbledore permettait qu’il devienne ministre du jour au lendemain en étant soutenu par toute la jeunesse. »

GS : « On ne peut tout de même pas nier les actions de l’Ordre du Phénix et le sacrifice de bon nombre d’entre eux, à commencer par Dumbledore, pour la liberté et la lutte contre Voldemort. »

TP : « Certes, on ne peut nier le sacrifice de Dumbledore. Mais l’on peut se demander si ce sacrifice était pour la liberté. Lutter contre Voldemort, bien sûr qu’il l’a fait. S’il projetait de prendre le pouvoir, cela aurait été malavisé de laisser un autre tyran accéder au pouvoir… De plus, jamais l’Ordre du Phénix n’a accepté de collaborer avec le ministère pour la lutte contre Voldemort. Et lorsque le ministère est tombé, ils se sont cachés jusqu’au moment propice, à savoir la bataille légendaire de Poudlard qui a, en quelque sorte, consacré l’Ordre et son nouveau maître, Kingsley Shacklebot.

Certains voient dans ce combat un acte héroïque de bravoure, car beaucoup de membres de l’Ordre y sont morts. D’autres, sans doute plus clairvoyants, ont une tout autre vision de l’événement. L’Ordre a utilisé des dizaines d’adolescents, ayant subi le lavage de cerveau de Dumbledore, pour combattre Voldemort. Ceux-ci ont été envoyés comme des porcs à l’abattoir, avec presque aucune chance face aux Mangemorts. Ils étaient des boucliers humains, rien de moins. D’ailleurs, cinquante ont laissé leur vie là-bas, à cause de l’Ordre du Phénix. »

GS : « Pourtant, depuis toujours, Dumbledore et l’Ordre ont protégé et soutenu Harry Potter, le symbole de notre liberté et de notre avenir. »

TS : « Protéger est un euphémisme ! Dumbledore a profité des événements pour asseoir son influence et son pouvoir. La première chute de Voldemort et la mort des parents du pauvre Harry lui a laissé le champ libre pour exercer toutes les ficelles de la manipulation dont il était capable sur le jeune Potter qui était, reconnaissons-le, un enfant grandement perturbé par son état d’orphelin et son enfance difficile. Dumbledore a tout fait pour faire de Harry Potter sa marionnette et qu’on l’associe en tout au survivant. Il s’est d’ailleurs empressé, lorsque Voldemort est revenu, de le crier partout, s’appropriant ainsi la révélation. Et même après sa mort, il a réussi à influencer Harry Potter, pour que celui-ci achève Voldemort et que l’Ordre puisse enfin voir son rival éliminé. »

GS : « Justement, il est mort en défendant la liberté. En héros… »

TS : « Point du tout. Il connaissait longtemps à l’avance sa mort prochaine. Pourtant, il a tenu à se faire assassiner par un membre caché de l’Ordre, Severus Rogue. Pourquoi, me direz-vous ? Ce faisant, il devenait un martyre et celui qui allait le remplacer, Kingsley Shacklebot, bénéficiait de toute son aura jusqu’au bout. C’est un acte qui révèle une grande stratégie et le fonctionnement propre à une secte ; le nouveau maître était déjà là, désigné, prêt à prendre la relève. Et ce nouveau maître, c’est Kingsley Shacklebot. Pendant ce temps, Severus Rogue allait pouvoir diriger Poudlard et continuer, de manière encore plus perverse, le lavage de cerveau des jeunes. »

GS : « Mais Kingsley Shacklebot a mené la bataille de Poudlard. Il a permis à Harry Potter de réussir ! Et il a toujours plaidé pour la tolérance et le respect. »

TS : « Exact. C’est Kingsley Shacklebot, qui devait être celui qui prendrait le pouvoir, qui a recueilli les mérites de toutes ces morts inutiles. En agissant ainsi avec Minerva McGonagall, qui était destinée à reprendre Poudlard par après, pour continuer à manipuler les jeunes étudiants, il a envoyé des dizaines d’innocents à la mort. Et la victoire de Harry Potter, qui avait à son égard une confiance aussi aveugle qu’à l’égard de Dumbledore, lui a donné les clefs du poste de premier ministre. Enfin, l’Ordre atteignait son objectif : l’Angleterre était entièrement sous sa coupe.

Quant à cette soi-disant tolérance, il n’a eu de cesse de dénigrer, voire d’insulter ses opposants politiques, en les accusant d’obscurantisme et d’opposition au progrès. Alors que les seuls progrès qu’il a réalisés, c’est maintenir l’Ordre au pouvoir et plonger l’Angleterre dans la débâcle. »

GS : « Enfin, en quoi la place de la résistance nouvellement créée est-elle le signe d’un complot ? »

TS : « On avance de nombreuses hypothèses. En dehors du fait que c’est une tentative évidente du ministre Shacklebot pour reconquérir son électorat, il s’agit sans aucun doute d’une manière de poursuivre le lavage de cerveau de l’Ordre. Certains avancent même que la statue serait enchantée et qu’elle émettrait une aura magique qui duperait les gens. Toutefois, au-delà du complot, il s’agit là de la démonstration que le culte rendu de manière implicite à l’Ordre du Phénix a atteint son paroxysme et que l’entièreté du pays y est soumise. D’aucuns luttent contre cela mais l’Ordre est de toute évidence bien organisé et élimine ses concurrents.

Enfin, l’apparition de ce fou moldu armé en lieu magiquement protégé n’est pas fortuite. La thèse d’une tentative de la part de Shacklebot d’éliminer ses rivaux politiques, tous présents lors de l’évènement, est plausible. En effet, seul le ministre était protégé par les aurors encadrant son estrade. Les autres, dans la foule, étaient beaucoup plus exposés. D’ailleurs Margaret Bailey, candidate à la fonction suprême, a été blessée lors de l’attaque. Pour ma part, j’incite la population sorcière à se méfier le plus possible de monsieur Shacklebot. Si j’étais anglais, je ne l'aurais certainement pas choisi comme ministre vu son passé trouble et son appartenance à l’Ordre qui méritent certainement une enquête. »

GS : « Merci d’avoir répondu à nos questions ; la population anglaise pourra peser le poids de vos paroles d’expert. »

Mr le Ministre, rouvrez l’UMA

Lettre ouverte à Mr Alaistair Richardson, Ministre de la Magie de Grande-Bretagne,

Suite à la manifestation malheureuse d’un petit groupe d’étudiants le 5 mars dernier qui, par leurs actions inconsidérées, mirent en danger le Code International du Secret Magique, l’Université de Magie Avancée, établissement d’enseignement magique supérieur le plus réputé du monde anglo-saxon est désormais fermée depuis presque trois mois. Or cela ne peut plus durer !
En effet, prenant pour prétexte les agissements d’un groupuscule des plus minoritaires dans la communauté estudiantine, le comité directif a unilatéralement choisi de fermer ce haut lieu de savoir, laissant dans le désœuvrement le plus total des centaines d’étudiants. Or, il convient de rappeler aux politiciens qui tendent de plus en plus à fourrer tous les jeunes dans le même panier dans une claire volonté de ségrégation générationnelle des plus mal venues en cette époque de grande incertitude face à l’avenir de notre société que la jeunesse anglaise n’est PAS idiote ! Si certains idéalistes croyaient possible un rapprochement brutal et forcé avec les Moldus, ce n’est pas le cas de la grande majorité de la communauté estudiantine qui considère par conséquent comme une punition injuste de payer pour les crimes d’autrui.
Car en fermant l’UMA ce sont tous les étudiants sérieux qui sont pénalisés dans la poursuite de leurs études tandis que les fauteurs de trouble bénéficient soudain de bien plus de temps pour se réunir loin des regards de l’autorité et planifier Merlin seul sait quoi ! En effet, ce ne sont pas les organisateurs des troubles à Trafalgar Square qui sont aujourd’hui confrontés à l’impossibilité de valider leur année, ce ne sont pas eux qui sont dans l’incertitude de savoir si leur stage de fin d’études sera valable ou non, ce ne sont pas eux qui se demandent à l’approche des ASPICs s’ils pourront bien intégrer la filière de leur choix à la rentrée prochaine. Non, ce sont tous les étudiants innocents soudainement associés à des crimes qu’ils n’ont pas commis. Il faut donc que cette situation change !
Nous en appelons ainsi à vous, Mr le Ministre, ainsi qu’à votre gouvernement : rouvrez l’UMA et laissez à tous ces étudiants une chance de vous prouver qu’ils ne sont pas ceux que vous croyez. Ne nous punissez pas pour les fautes d’autrui, nous avons tout autant le droit à une éducation digne de ce nom que vous à notre âge.

Nous méritons les mêmes chances que quiconque. Nous méritons ce que ce pays a de meilleur. Nous méritons l’UMA.

Signé : les étudiants de l’UMA lésés

INTERVIEW EXCLUSIVE DU DIRECTEUR DE L'UMA!

C’est non sans une certaine surprise que la Gazette du Sorcier a été invitée à fouler la pelouse de l’UMA hier matin. Convoqués par le discret Directeur de la célèbre université, nous n’avons pu que constater la désolation des couloirs vides et des salles fermées car, rappelons-le, depuis les débordements du 5 mars, plus aucun étudiant n’a eu le droit de pénétrer dans l’enceinte du bâtiment.

Exceptionnel : depuis les années trente, l’Université n’avait jamais fermé ses portes !

Gazette du sorcier : Altaïr. Quel plaisir de vous revoir. Nos lecteurs s’inquiétaient de ne pas avoir encore eu l’occasion de vous entendre vous exprimer sur le sujet de la fermeture de l’UMA. Comment vivez-vous cette grave décision prise par le Conseil d’Administration ?

Altaïr : Il était temps pour moi de briser le silence qui régnait autour de cette tragédie. J’ai milité sans relâche pour que le CA revienne sur sa décision, mais comme vous le savez, ma voix n’a que peu d’importance à ce niveau-là. *pause accablante* Je tiens néanmoins à vous informer que je ne relâche pas mes efforts pour que l’UMA ouvre ses portes dès l’automne prochain.

GS : Pensez-vous sincèrement que l’UMA pourra rouvrir ses portes ?

A : Je l’espère et je me bats jour et nuit pour que ce soit le cas. Le CA travaille sur la question de la sécurité au sein de l’UMA et sur le manque de discipline qui y régnait depuis plusieurs années. *silence pesant* De mon côté je poursuis la réforme que j’avais entamée avec les professeurs en 1995 pour présenter au plus vite un nouveau programme plus adapté et qui, je l’espère, permettra la réouverture des portes de l’université. *ton enthousiaste*

GS : Pensez-vous que les événements du 5 mars auraient pu être évités ?

A : Hum… Oui j’imagine… Du moins je pense que des démarches auraient pu être entreprises pour éviter certains drames. Dans le fond je pense que les étudiants qui ont manifesté ce jour-là ne pensaient pas à mal et je ne peux que déplorer les mauvaises intentions de certains.

GS : Que compte faire le CA pour éviter que des événements similaires se reproduisent ?

A : Hé bien je… *toux hésitante* Je ne sais pas encore exactement. Probablement durcir la discipline et la sécurité dans l’UMA. Mais je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant, ce ne sont que des sujets de discussions qui animent nos rencontres essentiellement basées, j’ose le croire, sur le fondement même de l’enseignement donné dans notre université.

GS : Avez-vous de bonnes nouvelles à nous annoncer ?

A : *silence teinté de perplexité* Je peux d’ores et déjà vous annoncer que de grandes décisions devraient être prises d’ici la fin du mois et que nous saurons enfin, à ce moment-là, si les étudiants seront de retour sur les bancs de l’UMA cet automne.

GS : Serez-vous des nôtres à ce moment-là ?

A : Je l’espère…

GS : Avez-vous un message à faire passer à vos étudiants ?

A : En effet. J'aimerais adresser un mot à tous les étudiants afin de les encourager à poursuivre leur apprentissage malgré la fermeture temporaire de l’université ! J'ai été contacté par beaucoup au sujet des examens, aussi je tiens à aborder ce sujet. Les professeurs devraient vous transmettre très bientôt un programme d'études et de révisions pour vous permettre de travailler de votre côté. Je suis en train de négocier avec le CA l'organisation d'une session d'examens exceptionnelle à partir de Septembre pour permettre à tous les étudiants de valider leur année et avoir leur diplôme. N’hésitez pas à contacter vos professeurs qui seront à votre écoute et vous aideront très certainement à poursuivre sur la voie du savoir. Pour finir, je vous invite à tenir bon. Surtout ne relâchons pas nos efforts en espérant voir de nouveau ouverte notre cher UMA !

GS : Merci à vous Altaïr pour cette interview exclusive. Nous espérons vous revoir à la tête de l’université dès cet automne !