Exploration nocturne (PV Megan) [98/99] T

Les forêts enneigées de Russie lui manquaient. Bien que la température anglaise corresponde mieux à sa constitution fragile, les plates campagnes anglaises n’étaient en rien comparables à la beauté sauvage des étendues du Grand Nord. Il ne pouvait s’empêcher de regretter les vacances passées à tenter d’échapper à la vigilance constante des Elfes de Maison pour pouvoir s’esquiver dans les bois entourant leur manoir familial, bien caché dans la Sibérie profonde. Le Parc de Poudlard avait beau avoir un charme indéniable (il avait déjà trouvé deux ou trois endroits fort sympathiques et totalement dénués de présence humaine dérangeante), il manquait de piquant. Nikolaï s’était découvert un goût pour l’exploration dès son plus âge, -très probablement pour contrer l’ennui de ne pas croiser d’autres enfants, Alekseï mis à part- ainsi dès son arrivée à Poudlard, la Forêt Interdite avait semblé susurrer son nom, le mettant au défi de pénétrer en son sein. Cependant, le discours de début d’année l’avait drôlement refroidi. De un, il n’avait aucune envie de faire perdre des points à sa nouvelle maison en se faisant attraper parce qu’il s’était mal préparé (il ne désirait pas se faire mal voir dès les premières semaines, c’était déjà assez pénible de devoir croiser Alekseï dans la salle commune, il ne voulait pas avoir d’autres ennemis à surveiller) et de deux, croiser un ours est une chose, croiser un centaure en est une autre !

Le russe avait donc mis plusieurs mois à mettre au point une stratégie parfaite pour pouvoir sortir du château discrètement et y revenir ensuite en un seul morceau. Ne s’étant fait aucun ami pour l’instant, il avait profité de son temps libre pour éplucher les livres de la Bibliothèque décrivant les créatures qu’il était à même de rencontrer, et durant les vacances de Noël, il avait acheté des potions contre le froid, pour éviter d’attraper la crève en pleine exploration. Ses recherches lui avaient permis de déduire que le meilleur moment pour mettre son plan à exécution était un vendredi après le dîner. En effet, tout le monde serait occupé à profiter du début du week-end et personne ne ferait attention à son absence. Bon cela impliquait qu’il allait devoir explorer de nuit et par conséquent être deux fois plus prudent de ne pas attirer l’attention sur lui (il avait compris après des mois de réflexion que sa meilleure chance de survie était de tout faire pour ne croiser le chemin d’aucune créature habitant la forêt, parce que ce n’était pas avec son minuscule panel de sorts qu’il allait effrayer qui que ce soit) mais quand on s’apprête à briser le règlement tout ne peut pas toujours être parfait, sinon tout le monde le ferait.

Le jeune garçon avait donc l’estomac complètement noué au dîner une fois le jour J arrivé, voilà le grand moment était enfin là et il était incapable d’avaler quoique ce soit, il était bien trop nerveux pour ça. Son calme apparent lui permit tout de même de ne pas se faire remarquer par ses camarades de maison, en tout cas c’est l’impression qu’il eut. Discrètement il rangea deux pommes dans une poche de sa robe, se disant qu’il aurait sûrement faim plus tard, une fois la tension retombée. Il se leva ensuite de table, son départ aussi peu remarqué que son arrivée. Il descendit dans les Cachots pour récupérer ses affaires qu’il avait préparées avant le repas. Il fourra sa cape d’hiver dans un petit sac en bandoulière où se trouvaient également deux potions contre le froid, du chocolat, un carnet où il annoterait le fruit de ses recherches nocturnes et de quoi écrire.

Il se faufila à l’extérieur sans grande difficulté vu que Rusard était encore en train de manger et qu’il avait fait attention à éviter Miss Teigne. Une fois dehors, il enfila sa cape noire qui le recouvrait entièrement et le rendait beaucoup moins visible et avala une potion pour se réchauffer. Il traversa ensuite le Parc en silence, croisant un ou deux couples qui s’embrassaient furtivement (comment on pouvait décider de braver la température hivernale juste pour embrasser une fille le dépassait complètement soit-dit en passant) et finit par arriver à une des entrées de la Forêt interdite. Il se retourna pour vérifier qu’il n’était pas suivi et, lorsqu’il fut rassuré, se décida enfin à entrer dans l’antre de l’inconnu. Il attendit d’avoir perdu de vue l’entrée ce qui lui prit trop peu de temps à son goût (il fallait qu’il fasse très attention à ne pas se perdre) et lança un Lumos pour mieux distinguer les alentours. Bon pour l’instant il était entouré d’arbres gigantesques et peu amènes, rien de bien surprenant. Mais était-ce une brindille qui se brisait qu’il venait d’entendre ? Il aurait juré que quelque chose avait bougé sur sa droite, il pointa donc sa baguette dans cette direction et se mit en position défensive craignant d’avoir dérangé une créature nocturne peu commode. Il ne manquait plus qu’il se fasse écorcher vif à peine arrivé, ce serait le comble après tout le temps qu’il avait mis à préparer cette sortie !

Son regard vif balaya la pièce, préalablement plongée dans une obscurité profonde, et la jeune fille à force d'insister, s'habitua à ce noir intense, et distingua avec plus de précision au fur et à mesure son dortoir. Toutes les filles semblaient endormies, et même Ange était revenue de sa ronde nocturne, et maintenant, dormait paisiblement sous sa couverture. Megan soupira, allongée sur le dos, elle contemplait avec lassitude les rideaux verts foncés de son lit baldaquin, ne trouvant pas le sommeil. Ce n'était pas faute d'essayer pourtant, mais Morphée ne voulait pas d'elle pour l'instant, ainsi, depuis le début de la nuit, elle avait du tenter de se trouver une occupation. La lecture n'était pas envisageable puisque la lumière embêtait ses comparses, elle s'était rendue dans le dortoir de Isaac, mais celui-ci roupillait déjà. Quel fainéant. La brune se retrouvait donc, sans le moindre divertissement, avec pour seule compagnie son esprit fort développé certes, mais peu bavard à vrai dire. L'ennui était épuisant, mais malheureusement pas assez pour la délivrer de cet état de somnolence.

Par Merlin seul sait quel miracle, un bruit arracha la vipère de sa torpeur, et la fit légèrement sursauter. Des pas plus ou moins précipités résonnaient dans le couloir, se dirigeant manifestement vers la sortie. Un élève fuyard ? Il n'en fallait pas plus pour inciter la demoiselle à suivre le mystérieux individu. Ainsi, Megan se glissa hors de ses draps avec délicatesse, rattachant correctement son robe de chambre avant d'ajuster sur ses frêles épaules une longue cape de voyage, lui ayant été offerte l'année précédente par Pénombre. S'équipant de sa baguette, elle traversa silencieusement le dortoir, et s'échappa sans trop de mal de la salle commune, avec un mince sourire en coin. Il ne lui restait plus qu'à trouver l'inconnu. Là, c'était une tout autre affaire. Jetant de brefs regards de chaque côté, la jeune troisième année s'engagea à travers les cachots, écoutant attentivement le moindre bruit susceptible de l'attirer.

Une porte se ferma, lourde dans son intonation. La principale ? Sans nul doute. Elle grimpa à l'étage, et bien vite rouvrit l'immense porte tout juste refermée, alors qu'elle se satisfaisait déjà d'apercevoir une ombre quelques mètres devant elle, s'avançant jusqu'à la lisière, avec inconscience. Malgré l'obscurité, Megan reconnaissait facilement la petite taille de son comparse, et en déduit rapidement qu'il devait s'agir d'un élève de deuxième ou troisième année. Elle le suivit alors, glissa sur l'herbe tel un serpent avisé, se fondant dans le noir brumeux, alors qu'elle rabattait maintenant sa lourde capuche sur sa crinière d'ébène. Bien vite, les deux jeunes gens arrivèrent dans la forêt, sombre et inquiétante, où chaque bruissement pouvait indiquer la présence d'une créature sanguinaire, et qui de par son nom résumait bien l'étendue du danger qu'elle représentait. Réprimant un léger frisson à l'idée même qu'elle croise un loup-garou, Megan conserva une bonne distance entre elle et le mystérieux élève, jusqu'à ce qu'elle s'accroche à une branche.

Prise de surprise, elle laissa échapper une longue plainte, alors que ses cheveux s'étaient emmêlés dans une branche. N'ayant même pas le temps de se tirer de se sortir de mauvais piège, une baguette fut brandie juste sous son nez, pour venir éclairer son doux visage dont la surprise pouvait clairement se lire dans ses yeux. Elle reconnut rapidement le jeune homme, c'était un de ces frères venant de Russie, qui avait été réparti en début d'année. Son nom par contre, elle ne s'en souvenait plus. Elle ignora quelques instants la baguette de celui-ci, pour récupérer sa mèche de cheveux, avant de se recoiffer, histoire de se redonner contenance. Elle recula ensuite d'un pas, pour mettre une distance de sécurité entre le Russe et elle, puis brisa le silence de sa voix enjôleuse et froide :

- Estime toi heureux de n'être tombé que sur moi.

Oh ça oui, il pouvait être soulagé, car en ces lieux, il n'était peu rare de croiser des monstres assoiffés de sang. On pouvait donc dire que ce serpentard avait bien de la chance que ce ne soit qu'elle. Jugeant qu'il devait avoir eu suffisamment peur en l'espace de quelques secondes, elle porta ses mains sur les bords de sa capuche, pour la laisser glisser le long de sa chevelure noire. Elle présenta ensuite une main glacée mais toujours aussi douce, à son interlocuteur :

- Je suis Megan Swann, de Serpentard.

Même dans les moments les plus catastrophiques, on ne plaisantait pas avec la politesse, c'était une règle d'or chez les grandes familles. D'après ce qu'il se racontait, les deux Dmitriev étaient des enfants de bonne famille, au sang pur, et il était sans doute bien probable que la famille Russe connaisse la sienne, à savoir les McGregor. Elle le laissa quelques instants reprendre ses esprits, espérant qu'il abaisse bien vite sa baguette, sinon elle serait obligée de lui faire remarquer que c'était une position plutôt désagréable que d'être ainsi aveuglée par la lumière de sa baguette.

Son cœur battait la chamade tant il était inquiet de découvrir la créature qui se trouvait actuellement aveuglée par sa baguette. Et si ladite créature prenait cet aveuglement pour un affront mortel et décidait de le hacher menu sur le coup ? Mais depuis quand était-il devenu assez inconscient pour s’aventurer dans un endroit aussi dangereux ? Lui qui était la méfiance incarnée. L’ennui avait-il un pouvoir si grand ou bien la stupidité congénitale des Griffons était-elle si importante qu’elle restait en suspens dans l’air et que tout élève respirant le même air qu’eux en était infecté ? Quoiqu’il en soit, quelle qu’ait été la raison qui l’avait poussé à venir se fourrer dans ce pétrin, il était maintenant trop tard pour revenir en arrière, il fallait donc qu’il agisse de la façon la plus rationnelle qui soit. A savoir qu’il observe la situation et trouve le moyen de s’enfuir dès que possible, le tout en gardant le minimum de dignité que sa condition sociale requerrait.

- Estime toi heureux de n'être tombé que sur moi.

Une voix humaine ? Sa feignasse d’ange gardien avait-il enfin décidé de se réveiller pour lui accorder un peu de chance ? Il semblait bien que oui car la silhouette qu’il apercevait maintenant derrière le halo lumineux de sa baguette n’avait pas l’air bien menaçante, en tout cas si on la comparait à toutes les créatures infernales qui peuplaient la forêt. Lorsque la personne retira sa capuche, Nikolaï observa des traits d’une finesse exquise qui indiquaient sans doute aucun l’appartenance à une grande famille. Il se trouvait en face d’une jeune fille qui semblait légèrement plus âgée que lui si l’on prenait en compte sa taille et le développement de ses courbes. Elle possédait non seulement un visage angélique mais une chevelure d’un noir ébène qui devait faire chavirer plus d’un cœur masculin. Heureusement pour lui, le russe n’était pas encore entré dans la période où la vue d’une fille vous met dans tous vos états, mais il était habitué à croiser des femmes plus belles les unes que les autres dans le milieu professionnel de son père et il avait appris à admirer la beauté féminine tout comme à ne pas négliger le pouvoir de celle-ci.

Il lui semblait d’ailleurs avoir déjà croisé ce minois en particulier, probablement en cours, mais il n’avait pas pour habitude de se rappeler des personnes qui ne présentaient pas une menace particulière alors pourquoi la demoiselle en face de lui lui était-elle si familière ? Elle ne semblait pourtant pas particulièrement menaçante. La phrase d’introduction qu’elle prononça ensuite éclaira sa lanterne. Megan Swann, évidemment ! Une troisième année de sa maison, mais surtout et nettement bien plus important la petite-fille de Xenophius McGregor, voilà donc pourquoi ses instincts s’étaient réveillés. Le patriarche McGregor était ni plus ni moins que le Directeur du Département de la Coopération Magique internationale, autrement dit le supérieur hiérarchique de son père, en tout cas dans sa couverture de diplomate russe. L’homme était réputé être un des hommes les plus influents de toute la Grande-Bretagne et, dans les bas-fonds, le Serpentard avait même entendu des rumeurs selon lesquelles Xenophius aurait autant de pouvoir du côté de la Lumière que de celui de l’Ombre. Pour résumer, un homme dont il valait mieux se faire un ami, le Vert et Argent se reprit donc et retrouvant les automatismes acquis lors de son éducation, baissa sa baguette, mit un genou à terre, prit délicatement la main de son aînée dans la sienne et y déposa un léger baiser. Puis il se releva et se présenta à son tour :

-Nikolaï Mikhaïlovitch Dmitriev, également Serpentard, c’est un véritable honneur de faire votre connaissance Miss Swann, bien que le lieu ne soit pas des plus appropriés, vous m’en excuserez.

Son père aurait été fier de lui pour une fois, il avait même vouvoyé Megan car c’est ainsi que l’on s’adressait à une femme d’un statut social supérieur au vôtre, peu importe le lieu où l’on se trouvait. Il reprit ensuite :

-Veuillez m’excuser pour la gêne occasionnée par ma baguette, je ne m’attendais pas à rencontrer un être humain par ici, encore moins un d’une telle beauté, et comme vous l’avez si bien dit je suis bien chanceux d’être tombée sur vous. Mais puis-je vous demander ce qu’une jeune fille de votre statut fait par ici à cette heure ?

Et comme la moindre politesse lorsque l’on demande à quelqu’un la raison de sa présence quelque part c’est d’indiquer la sienne d’abord, il déclara :

-En ce qui me concerne, je prépare cette sortie depuis plusieurs mois, l’idée de m’aventurer dans cette forêt me titillait depuis mon arrivée à Poudlard, mais je dois avouer qu’elle n’a pas volé son nom, le lieu pourrait être plus accueillant.

Il tenta un sourire charmant pour tenter de cacher son inquiétude à se trouver dans un lieu si dangereux, qui plus est avec une fille si importante, mais il échoua assez lamentablement. Tout comme les paroles doucereuses lui venaient naturellement quand il en avait besoin, il n’avait jamais été très doué avec la gestuelle correspondante, son corps avait tendance à exprimer clairement son état d’esprit. Or dans le cas présent, si jamais il arrivait quelque chose à Megan, tout le monde l’accuserait lui et il pourrait faire une croix sur le restant de ses jours, si Xenophius ne l’achevait pas, son père s’en occuperait avec joie.

Immédiatement après avoir comprit que le seul danger présent, était sa seule méfiance, le garçon s'agenouilla, et déposa un léger baiser sur la main de Megan, laissant celle-ci, quelque peu déconcertée. Elle était habituée à ce genre de salutations traditionnel chez les grandes familles, et connaissait que trop bien cette éducation stricte et impeccable que celle des sang pur, mais à Poudlard, les habitudes n'étaient plus les mêmes. Tous les statuts sociaux étant mélangés, on ne pouvait pas en demander trop aux jeunes enfants, élevés dans des conditions toutes autres, mais il semblait que le jeune russe restait poli et galant dans n'importe quelle situation. C'était tout de même assez réconfortant de voir qu'il restait des personnes avec du savoir vivre, quoique assez effrayant lorsqu'on s'était habitué aux rustres de l'école... Aux yeux de n'importe quel autre élève, le serpentard serait passé pour ridicule, mais la brune apprécia son geste, qui tout de même, était flatteur, et répondit à son baise-main, par un délicieux sourire.

Elle le regarda se relever avec attention, balayant son visage de son regard clair, inquisitrice dans son attitude. Une fois entièrement redressé, il reprit la parole, et la jeune fille l'écouta, non sans un certain amusement narquois, en l'entendant s'adresser à elle, comme si elle était une princesse qui se mettait en danger en sortant dans la forêt. Le rôle du preux chevalier à qui l'on a confié la garde de son Altesse lui allait plutôt bien il fallait dire. Il avait des traits fins, et un teint pâle, caractéristique des gens de l'Est. C'était un beau garçon, son visage angélique trahissait son jeune âge, et Megan ne pouvait s'empêcher de remarquer, à quel point les enfants étaient beaux, et plus encore lorsqu'on disait déjà d'eux qu'ils étaient jolis. La jeunesse ajoutait à cette pureté, un air d'innocence tout à fait adorable, et ce garçon, l'était. Les Russes étaient réputés pour leur grande beauté, mais jamais l'héritière des McGregor ne l'avait tant remarqué.

Il se présenta sous le nom plutôt complexe de Nikolai Dmitriev, le deuxième prénom étant totalement impossible à retenir, et la serpentard acquiesça silencieusement, imprimant quelque part dans sa mémoire son identité. Calmement, il enchaîna, sans réellement laisser le temps à la troisième année de répondre, et lui demanda -d'une manière tellement polie, qu'elle n'aurait pu être offusquée de la curiosité de son comparse- ce qu'elle faisait dans la forêt. Sans attendre, il lui expliqua la raison de sa propre présence, et Megan estima que sa réponse était cohérente, toutefois, elle ne comprit pas la nervosité de son cadet. Pourquoi être venu s'engager dans ce sombre endroit, s'il s'inquiétait maintenant ? Ne cherchant pas à comprendre son trouble pour le moment, elle lui répondit enfin, d'un ton plus doucereux cette fois-ci :

- Et bien pour ma part, je ne trouvais pas le sommeil, alors lorsque je t'ai aperçu, j'ai été appelée par mes instincts aventuriers.

Elle ponctua ses derniers mots d'un sourire amusé. L'aventure, le goût du risque, tout cela était fascinant, et plaisait beaucoup à la jeune fille, qui longtemps, n'avait connu que les hauts salons mondains, où « sécurité » était mot d'or, et qui était vite devenu étouffant. Elle n'avait pas souvenir d'une seule fois où Xenophius l'ait laissé seule, ne serait qu'une petite heure. Constamment, elle avait été contrainte de supporter les règles de précaution de ses gardes du corps, ou bien de l'elfe de maison. Pour une jeune fille comme Megan, c'était bien vite devenu lassant, et cette nouvelle liberté que Poudlard lui avait offert, l'avait rendue curieuse et avide d'aventures et de mystères. Il fallait dire qu'elle n'en avait pas connu beaucoup depuis sa première année, mais elle se voyait très mal embarquer Isaac dans le fin fond de la forêt interdite, seulement pour la fascination inconsciente du danger.

La jeune fille plissa le front, et fronça les sourcils, puis demanda, le regard malicieux, un sourire narquois aux lèvres :

- Tu sembles inquiet. Serait-ce ma présence qui te trouble ainsi ?

En écoutant la réponse de sa charmante compagne, Nikolaï sentit son stress augmenter d’un nouveau cran : si Megan se trouvait actuellement dans la Forêt Interdite c’est car elle avait été intriguée par l’attitude de son cadet et qu’elle avait décidé de le suivre. Autrement dit, si jamais le Russe n’avait pas décidé de sortir ce soir-là, l’héritière McGregor serait encore en sécurité, bien au chaud sous ses draps. Le garçon n’avait donc plus aucune échappatoire : s’il voulait voir arriver le jour de ses treize ans il fallait qu’il s’assure que son aînée rentre au château intacte, car dans le cas contraire, il n’aurait aucune excuse puisqu’il était la raison première de la mise en danger de Megan. Il se dit alors que son fichu ange gardien était peut-être finalement toujours au repos et qu’il aurait peut-être été mieux loti s’il avait croisé une créature féroce. Une bête sauvage fonctionne par instincts, donc il est plus facile de prévoir son prochain mouvement (tout le problème est d’être ensuite assez rapide pour l’éviter ), mais un être humain est cent fois plus complexe et tenter de deviner sa prochaine action est aussi hasardeux que de jouer à la loterie. Surtout que Megan avait une lueur inquiétante au fond des prunelles, une lueur que Nikolaï connaissait bien car elle brillait souvent au fond des siennes : la soif d’aventure !

Son trouble devait d’ailleurs être visible car la jeune fille l’interrogea, avec une moue taquine. Le garçon fut un peu pris de court par cette attaque imprévue alors qu’il était perdu dans ses pensées et la honte colora son pâle visage, tandis que son regard prenait par réflexe la direction du sol. Cependant habitué à être toujours en contrôle de ses émotions, il se reprit rapidement et alors qu’une certaine rougeur persistait encore sur ses joues, déclara :

-Je dois en effet avouer que je suis peu habitué à être en si charmante compagnie. Les femmes que je côtoie habituellement sont, certes belles, mais toutes bien plus âgées que moi, et surtout rarement d’aussi haute lignée que vous, par conséquent il est plus facile de savoir comment se comporter en leur présence.

En effet, les rares enfants que les frères Dmitriev avaient fréquentés avant leurs entrées respectives à Durmstrang étaient tous des fils de pontes de la mafia internationale. Non pas que les mafieux n’aient jamais de filles, mais celles-ci étaient jalousement gardées jusqu’à leur adolescence lorsqu’elles étaient présentées comme partis à marier. Nikolaï les avait d’ailleurs toujours plaint en secret, leur vie devait être d’un ennui mortel, surtout qu’elles n’étaient pas systématiquement envoyées à l'école puisque les sorciers n’ont aucune obligation d’y envoyer leurs enfants, ils peuvent les faire éduquer à la maison. Par conséquent, la nouvelle fiancée d’Alekseï mise à part mais elle avait trois ans de plus que lui, Nikolaï n’était pas réellement habitué à fréquenter des filles d’un rang aussi élevé que le sien, cette soirée était donc une réelle nouveauté pour lui.

Cependant, il n’allait pas rester planté là comme un idiot à ne rien faire, puisque Megan semblait bien décider à explorer la Forêt ce soir, il serait son protecteur et n’hésiterait pas à faire rempart de son corps pour permettre à la demoiselle de s’enfuir si cela s’avérait nécessaire. Il reprit donc la parole et dit :

-Mais bon assez discuté de mes états d’âme, nous étions là pour l’aventure n’est-ce pas ? Accepterez-vous de m’accompagner dans les profondeurs de ces sinistres bois, mademoiselle ? Je serais enchanté et honoré de vous servir d’escorte dans la limite de mes maigres moyens.

En effet, avec sa silhouette fluette et son infériorité d’âge vis-à-vis de Megan entraînant donc un nombre de sorts maîtrisés inférieur, le cadet Dmitriev faisait un bien piètre garde du corps. Mais ce n’était pas ce qui allait l’arrêter, il avait mis trop de temps à préparer cette sortie et il avait bien l’intention de s’aventurer un peu plus loin dans la forêt, il espérait cependant que sa camarade allait accepter de l’accompagner, cela rendrait le tout bien plus intéressant. Et puis, soyons honnêtes, il ne serait pas contre fraterniser enfin avec quelqu’un de son âge, car depuis son arrivée au château, il ne s’était pas fait un seul véritable ami, juste des connaissances croisées aux différents cours. Déjà qu’il n’était pas d’un naturel très sociable (ses amis à Durmstrang se comptaient sur les doigts d’une main), son accent russe avait tendance à le marginaliser encore plus et la solitude commençait à lui peser sérieusement, surtout les week-ends. Il décida donc d’essayer de voir sa rencontre avec Megan comme une opportunité de sortir de son carcan de grand solitaire et non pas seulement comme un nouveau danger dans sa si périlleuse vie, à condition qu’ils reviennent tous deux sains et saufs au château bien évidemment.

[Je suis impardonnable u_u ]

Le garçon expliquait à Megan, le visage teinté soudain d'une adorable couleur écarlate, qu'il lui était rare de côtoyer des femmes de son rang. Il la surplombait de compliments, ce à quoi, sans aucun orgueil quelconque, la jeune fille était déjà habituée, puisque dans ce genre de milieu, il était de mise pour les garçons de courtiser les jeunes filles que ce soit par intérêt ou non, et elle n'avait pas échappé à la tradition sous le toit de son grand-père. Beaucoup des amis de Xenophius avaient déjà proposé un mariage arrangé entre leur progéniture et elle, ce à quoi le vieil homme n'avait jamais plié, puisqu'il envisageait plutôt de fiancer son héritière à son lointain cousin du même nom, afin qu'elle prenne le nom McGregor, et que leur richesse reste en famille. Cependant, rien n'était moins sûr, et Megan, connaissant trop bien son grand-père, se doutait bien qu'il changerait au moins une dizaine de fois d'avis avant de prendre une décision fixe.

- Et bien, tu peux te comporter normalement avec moi. Que je sache, ton rang n'est pas si différent du mien, et même si s'il l'est, je t'autorise, toute forme de familiarité ! Avec modération quand même, hein. Elle adressa un sourire complice au jeune serpentard.

Il se proposa ensuite, et enfin, de l'accompagner dans leur excursion nocturne, et la brune acquiesça.

- Jeune homme, l'honneur est entièrement partagé.

A mesure qu'ils s'engouffraient dans les profondeurs obscures de le forêt, l'inquiétude tout autant que l'excitation grandissaient chez la jeune fille, qui avait gardé étroitement dans sa main, sa baguette, au cas où ils tomberaient sur un yéti mutant ou une autre bête peu sociale. L'idée même de se faire dévorer au milieu de ces bois glaçait le sang à la brune, qui toutefois, mourrait d'envie d'explorer encore davantage les lieux. Paradoxal ? Mais non pas du tout, voyons ! Mais cette forêt dégageait un tel aura de danger, que Megan en revenait aux vieux principes de son cousin : « pas de plaisir sans danger ». L'endroit n'avait absolument rien à envier à la forêt privée qui entourait le manoir McGregor, c'était tout simplement parfait. Jamais encore la serpentard ne s'était aventurée aussi loin, elle s'était toujours contentée de rester vers la lisière, mais cette-fois, les deux jeunes gens avaient toute la nuit pour satisfaire leur curiosité juvénile. Jetant toutefois un coup d’œil à sa montre à gousset d'or, finement ouvragée, elle put constater que le cadran affichait déjà minuit.

Replaçant soigneusement le précieux objet dans l'unique poche interne de sa cape, Megan continua de suivre celui qui s'était désigné son escorte pour la nuit, ne préférant pas le perdre de vue. Elle avait déjà hâte de raconter sa soirée à Isaac, et brûlait d'impatience de découvrir quelque chose. Certains élèves prétendaient que la forêt renfermait toutes sortes de sombres secrets, peut être même renfermait-elle des lieux inexplorés, des sanctuaires, des temples même selon certaines légendes. Toujours avançant à pas prudents, l'héritière de Xenophius eut un mouvement de recul, stoppant sa marche sèchement, lorsqu'un bruit l'interpella. Quelle était sa nature ? Elle l'ignorait encore, et osait espérer qu'il ne s'agisse que du vent qui depuis maintenant un bon quart d'heure, s'était levé et pliait à sa volonté les arbres, avec une facilité troublante.

Restant prudemment sur ses gardes, l'ébène de sa baguette brandi en avant, son extrémité éclairée par un faible lumos, elle continuait se chemin aux côtés du dernier Dmitriev. Les gémissements inquiétants du vent arrachaient à chaque plainte un frisson à la jeune fille. Ce fut soudain un craquement, sans doute de bois, qui crispa la troisième année, le pouls emballé, le cœur battant à toute vitesse. Une ombre se déplaça vivement au loin pour disparaître derrière les arbres, traversant dans le champs de vision de Megan, qui paniquée, agrippa une main au bras de son acolyte du soir, tirant sur celui-ci, avec précipitation :

- T'as vu ça ? Tu l'as vu ?

Une épaisse brume blanche s'était installée sur la forêt, rendant l'atmosphère plus glacial encore, et les possibilités de voir plus loin que trois mètres, impossibles. Scrutant tout autour d'elle, la verte et argent craignait que cette mystérieuse ombre surgisse de nulle part.

Megan était définitivement pleine de surprises : rares étaient les filles qui, au lieu de profiter de leur supériorité pour vous écraser de leur puissance, tentaient de vous mettre à l’aise en supprimant elles-mêmes les marques du respect que vous leur devez. Surtout que la jeune fille y arrivait sans se défaire pour autant de sa prestance naturelle et de cette étincelle de malice qui semblait être sa marque de fabrique personnelle. Nikolaï allait finir par se dire que cette soirée ne se révèlerait peut-être pas si pénible que ça, voire même que la présence de Megan allait probablement la rendre bien plus intéressante que prévu. Il lui sourit donc et d’un signe de tête lui fit signe de le suivre, ce qu’elle s’empressa de faire. A vrai dire, avec cette disposition, quelqu’un qui les observerait ne saurait pas vraiment s’il était l’éclaireur chargé d’ouvrir une voie sûre pour la demoiselle, ou bien si celle-ci était la personne chargée de surveiller ses arrières et de le sortir d’un mauvais pas si jamais l’occasion venait à se présenter. Probablement que les deux options étaient justes, après tout ils formaient une « équipe » tout du moins pour la soirée, non ?

Mais le moment n’était pas propice aux questionnements profonds mais plutôt à une attention totale à son environnement. Il n’était plus en train de faire mumuse autour du manoir familial et s’il se déconcentrait, il pouvait faire un faux pas qui se révélerait fatal. Il gardait encore un souvenir cuisant d’une sortie qu’il avait faite environ trois ans auparavant dans les bois entourant sa demeure natale, pendant laquelle il avait baissé sa garde sous prétexte qu’il connaissait la forêt comme sa poche et son orgueil avait failli lui coûter la vie. En effet, il n’avait pas fait attention à ces drôles de rochers autour de lui jusqu’à ce qu’un profond sentiment de désespoir s’empare de lui et qu’il comprenne qu’il s’agissait en réalité d’un essaim de Povrebines qui avaient décidé de faire de lui leur casse-croûte. Ce jour aurait très bien pu être son dernier si l’elfe de maison en charge de sa garde ne l’avait pas retrouvé à temps, les transplanant en lieu sûr. Il avait donc échappé à la mort par dévoration, mais la punition que lui avait réservée son père pour être sorti sans autorisation et sans chaperon resterait à jamais gravé dans son esprit ainsi que dans son corps, certaines des cicatrices étaient encore vaguement visibles sur son dos, bien qu’il se gardait bien de les montrer à quiconque. Seulement, les coups n’avaient pas suffi à éteindre la flamme de l’aventure en lui, il avait juste appris à être plus prudent.

Ainsi, tandis qu’il avançait de plus en plus profond dans la Forêt Interdite ses yeux ne cessaient de se balader de droite à gauche, observant tant le sol sur lequel il marchait que les arbres qui les entouraient et même le ciel, au cas où une menace viendrait de ce côté-là. Ses oreilles étaient également en train de fonctionner à plein régime, car en territoire ennemi mieux valait être prêt à utiliser tous ses sens. C’est pourquoi il entendit très distinctement le craquement d’une brindille sur sa gauche dans le silence oppressant qui régnait dans la forêt. Il agrippa un peu plus fermement sa baguette mais continua d’avancer, se disant qu’il était normal que des animaux se déplacent dans le vaste ensemble qu’était la Forêt Interdite, la seule chose à éviter était de s’attirer leurs foudres. Par contre la brume épaisse qui était tombée lui semblait bien plus suspecte. Un instant, ils voyaient correctement et l’instant d’après, ils arrivaient à peine distinguer le bout de leur chaussures, ça ne lui disait rien qui vaille.

- T'as vu ça ? Tu l'as vu ?

Oui, il l’avait vu. Et c’est bien ce qui l’inquiétait : une silhouette se déplaçait bien plus vite qu’eux près de l’endroit où ils étaient. Elle était encore à une distance suffisante pour qu’ils ne soient pas en danger, mais le garçon aurait juré que la silhouette les observait, qu’elle leur tournait autour. D’ailleurs, voilà qu’elle venait de repasser dans l’autre sens et à une distance bien plus menaçante, s’il avait dû estimer il aurait dit environ à 30 mètres devant eux. Il murmura donc à Megan, désormais accrochée à son bras, d’une voix qu’il voulait le plus calme possible mais où l’on percevait tout de même une certaine angoisse :

-Oui, j’ai vu, les deux fois. On ferait mieux de reculer prudemment, tant qu’on ne sait pas à quoi on a affaire mieux vaut éviter les mouvements brusques.

Enfin, plus facile à dire qu’à faire parce qu’avec la brume, le chemin par lequel ils étaient venus était à peine distinguable. Ils entamèrent néanmoins leur marche à reculons, l’un derrière l’autre, Nikolaï n’osant pas toucher son aînée plus que de nécessaire, de peur qu’elle ne le prenne mal. Lorsqu’elle l’avait agrippé de son propre chef, très bien mais si c’était lui qui entamait le mouvement c’était une tout autre histoire. Néanmoins, il sentait sa présence à ses côtés. Mais, soudainement il trébucha sur une racine qu’il n’avait pas remarquée, se cognant la tête sur ladite racine, et lâchant sa baguette par la même occasion. Sa vue se brouilla un instant et son Lumos s’éteignit. Il mit quelques minutes à se remettre en position assise, relativement sonné. Il se frotta le derrière du crâne certain d’avoir une belle bosse le lendemain. Et merde, maintenant il voyait flou à cause de la contusion. Oh la la et l’ombre ... ou plutôt les ombres qui se rapprochaient. Depuis quand, elle s’était démultipliée ? Est-ce qu’il avait été allongé si longtemps ? Quoiqu’il en soit, il ne sentait plus Megan près de lui et il lui sembla plus prudent de ne pas l’appeler de peur de dévoiler sa position aux créatures, choisissant de s’orienter à la lumière de la baguette de la jeune fille (s’il n’avait pas été désorienté à cause de sa chute, il se serait rendu compte que la lumière était une façon encore plus évidente d’être repéré et que probablement Megan avait éteint son Lumos mais bon ... ). Il vit alors une lumière à quelques mètres devant lui, il se remit debout et se dirigea discrètement vers elle. Bizarrement, les ombres ne le remarquèrent pas ... à moins que ...

Sous ses pieds, le sol devint brusquement visqueux et il sentit son corps commencer lentement à s’enfoncer. Oh milles bouses de dragons, il venait de comprendre ce qu'étaient ces ombres : des Pitiponks ! La brume aurait dû le mettre sur la voie, et dire qu'il était tombé dans leur piège comme le dernier des imbéciles, résultat il était lentement en train de se noyer dans un des innombrables marécages de la Forêt Interdite. Mon Dieu, il fallait qu’il prévienne Megan, en priant pour que la jeune fille n’ait pas déjà subi le même sort, il cria donc :

-Megan, fais gaffe ce sont des Pitiponks ! J’me suis fait avoir comme un crétin, je suis déjà en train de couler.

Et tout ça, parce qu’il avait eu la brillante idée de marcher à reculons, non mais qu’est-ce qui l’avait pris !

[Nul mais j'ai répondu aha

]

Le danger avait frappé, inévitable, il avait piégé les deux jeunes enfants brusquement. Ils reculaient désormais, se faufilant à petits pas d'une marche arrière peu assurée, le regard toujours figé sur l'étrange ombre qui semblait avancer vers eux. Quelle que soit cette créature, Megan percevait un mauvais pressentiment. Son pouls s'était accéléré, et l'angoisse lui tordait l'estomac, d'un nœud invisible. Si seulement elle était restée dans son dortoir, si seulement elle s'était sagement endormie, elle ne serait pas dans cette mauvaise posture. Elle priait intérieurement pour que quelqu'un vienne à leur secours, n'importe qui soit-il, s'ils devaient être mis en retenue, tant pis, elle ferait sa punition, mais elle n'avait aucune envie de se faire dévorer. Alors qu'une multitude de scénarios plus fous les uns que les autres se bousculaient dans son esprit prit de panique, elle ne fit même pas attention à l'arbre derrière elle, dont les immenses racines, sortaient de terre. Nikolai fut le premier à tomber, puis ce fut elle. Elle s'effondra derrière lui, sur le dos, et sentit une odieuse douleur au niveau de la colonne vertébrale. Un rictus déchira son visage, alors qu'elle poussait un gémissement.

Un court instant, elle resta à terre, juste le temps de reprendre peu à peu ses esprits, puis elle se hissa à l'aide de ses coudes en position assise. Immédiatement, elle se demanda où était son comparse, et le chercha en tournant la tête dans tous les sens, le regard affolé. Elle le vit ensuite se lever de derrière l'arbre, il était juste là, dissimulé par le tronc énorme du chêne. Megan s'apprêtait à l'appelait lorsqu'elle vit une lumière, blanche, profonde, d'une intensité peu commune, arrivait droit sur eux. Quelque chose lui murmurait de faire attention, pourtant, elle était si belle, si rassurante. Doucement, la brune se releva, sa baguette toujours étroitement serrée entre ses longs doigts arachnéens, et, comme hypnotisée, elle s'avança elle aussi, jusqu'à ce que les ombres elles aussi s'approchent, et que tout devienne très clair dans la tête de la jeune fille. Des pitiponks ! Elle voulut avertir le jeune russe du danger, voulut l'empêcher de continuer d'avancer, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, comme nouée par la panique. Et puis ce fut trop tard, Nikolai s'enfonça soudain. Sans pouvoir s'en empêcher, Mega, hurla son nom. Au même moment, un hurlement, beaucoup plus terrifiant retentit dans toute la forêt interdite, celui qu'elle redoutait le plus depuis leur arrivée dans les sombres lieux, ce cri qui la fit blêmir tout à coup. Les oiseaux aussi l'avaient reconnu, et ils s'envolèrent tous d'un coup, alors que la jeune héritière de Xenophius était prise d'une angoisse peu commune. Par réflexe, elle posa le saphir de ses yeux sur la sphère parfaitement ronde et lumineuse, qui surplombait de son éclat incroyable le domaine, le dominant de toute sa splendeur intimidante. Une seconde fois, le cri du loup lui arracha un frisson. Elle devait partir tout de suite.

Par Merlin, comment allait-elle sortir Nikolai de ce piège ? Et ce, rapidement ? Elle courut vers lui, et observa l'étendue boueuse dans laquelle il se trouvait. Comment faire pour le sortir de ça ? Elle réfléchit à toute vitesse, se concentrant sur les sorts qu'elle connaissait, tout en essayant d'ignorer quelques minutes son compagnon qui se coulait. Ils n'avaient pas le temps, les cris du loups étaient de plus en plus proches, il sentait l'odeur de la chair humaine, il sentait la détresse dans laquelle sa victime se trouvait, et se régalait déjà de la facilité qu'il aurait à la dévorer. Non ! Megan ne pouvait se résoudre à partir et laisser son cadet ici. S'il ne mourrait pas noyé, ce serait dévoré. N'ayant absolument aucune idée, la jeune vipère tenta le tout pour le tout, et annonça directement :

- Je ne suis pas certaine de la réussite de mon sort ! Attention... REDUCTO !

La baguette fixée sur le marécage, elle reproduit plusieurs fois d'affilée l'opération, et fut satisfaite de voir que même si son sortilège ne faisait pas disparaître le piège boueux, il le diminuait fortement, et elle allait avoir plus de chance de sortir à mains nues Nikolai. Elle se précipita directement vers lui, et lui tendit une main secourable. Elle l'agrippa de toutes ses maigres forces, et le tira avec vigueur vers elle. Enfin, elle tomba à la renverse une nouvelle fois, avec cette fois-ci le jeune Russe qu'elle emporta dans sa chute, et qui s'écroula sur elle lourdement. Elle étouffa un nouveau gémissement de douleur, mais grimaça tout de même lorsqu'elle sentit la boue sur elle. Bon, il était déjà sorti de là, il ne restait plus qu'à se sauver du loup maintenant...

Il s’enfonçait lentement mais sûrement. La vase qui l’entourait semblait être une sorte de ventouse géante avide de l’avaler tout entier, le tirant petit à petit vers les profondeurs. A chaque millimètre nouveau de peau qu’il sentait recouvert, son angoisse augmentait d’un cran : d’abord ce furent ses chevilles, puis ses genoux, sa ceinture et enfin son torse. Il ne lui restait plus que les épaules et la tête hors de la mélasse visqueuse et il s’attendait à mourir d’un instant à l’autre dans d’atroces souffrances -car il ne pouvait rien faire pour se sortir de ce guêpier car plus il se débattrait, plus vite il sombrerait- lorsque un hurlement des plus sinistres lui glaça le sang. Non, non, et non ce n’était tout simplement pas possible, c’était son imagination qui lui jouait des tours ! Jamais la vieille McGonagall n’aurait autorisé la présence d’un loup-garou à l’intérieur de l’enceinte de l’école. Quoique la forêt était interdite aux élèves, alors peut-être que parmi toutes les bêtes sauvages qui y régnaient un loup-garou de plus ou de moins ne ferait pas vraiment la différence. Oh et puis quoi encore ? Il délirait, c’était certain ! Et puis d’abord, on n’était pas un soir de pleine lune, il n’aurait jamais été assez stupide pour sortir se balader dans la Forêt Interdite un soir de pleine lune, donc il ne s’agissait probablement que d’un loup un peu plus inquiétant que les autres, un point c’est tout. Quoique, maintenant qu’il y repensait, l’idée de la présence d’un loup-garou ne l’ayant même pas effleuré, il n’avait pas pensé à vérifier ce détail crucial. Il leva donc un regard inquiet vers le ciel et à travers la brume qui commençait à se dissiper –les Pitiponks, ayant attrapé leur proie, attendaient maintenant de pouvoir la récupérer une fois celle-ci noyée d’où la non nécessité de la brume- et son regard tomba sur le disque parfait de la lune.

Une sueur glacée descendit le long de son dos, tandis qu’il se demandait laquelle des deux morts, entre la noyade ou la dévoration il préférait. A vrai dire, aucune des deux et pourtant, il lui semblait inévitable de finir d’une de ces deux façons. A moins que Megan ne fasse une providentielle apparition, mais il préférait ne pas trop compter là-dessus de peur d’être déçu. Après tout si jamais elle avait réussi à échapper aux Pitiponks, en entendant le cri du loup-garou, la réaction la plus logique aurait été de fuir. Pourtant, alors que la vase lui arrivait désormais au niveau du menton, la silhouette de la jeune fille se découpa sur le fond noirâtre de la forêt. Le jeune Russe ne sut si elle était suicidaire ou simplement loyale, mais quoiqu’il en soit, il ressentit un immense soulagement à la voir. Sa présence n’était en aucun cas une certitude de s’en sortir, mais aussi égoïste que cela soit, le fait de ne pas être seul dans ses derniers instants lui remontait légèrement le moral.

Lorsqu’elle lui précisa qu’elle n’était pas sûre de maîtriser son sort, il eut un petit rire nerveux : comme si ça allait faire la moindre différence ! Soit elle réussissait, soit il était foutu, alors franchement il n’avait rien à perdre. Même si jamais son sort avait un effet secondaire, qu’est-ce qui pouvait bien être pire que ce qui l’attendait déjà ? Néanmoins, il n’eut pas à faire face aux conséquences de cette bien malencontreuse question car la troisième année réussit à la perfection ses sortilèges de ratatinage et réussit tant bien que mal à le tirer du marécage. Il finit d’ailleurs écrasé sur elle à cause du contrecoup de la force qu’elle avait employée pour le tirer. Elle poussa un cri de douleur puis grimaça de dégoût et, malgré la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les deux, il rougit de la position dans laquelle ils étaient. Si son père le voyait ainsi, affalé sur la petite fille de Xenophius McGregor, ç’en était fini de lui, quitte à choisir il préférait encore voir apparaître le loup-garou, au moins là sa mort serait douloureuse mais rapide. Il se releva donc aussi vite qu’il put, son visage toujours aussi rouge qu’une pivoine et marmonna des excuses :

-Désolé, j’voulais pas t’écraser ... je ... je

Il fut interrompu par un nouveau hurlement qui lui sembla horriblement proche et son instinct de survie prit le dessus sur sa honte. Il attrapa brusquement la main de son aînée et la releva prestement. Tout comme il n’avait pas fait gaffe que la frayeur qu’il avait eu l’avait fait passer du voussoiement au tutoiement, il ne fit pas gaffe à la façon fort peu galante qu’il avait de traiter la jeune fille : il s’agissait de se tirer de là et ce au plus vite. Parce que si le loup les repérait, ils étaient foutus et pour de bon, jamais ils n’arriveraient à être plus rapides que lui. Ainsi, tenant toujours fermement le bras de Megan, il se mit à courir dans la direction opposée à celle d’où venaient les hurlements ou du moins il l’espérait. De toute façon, il n’avait pas la moindre idée d’où ils se trouvaient exactement dans la forêt donc impossible de se diriger vers le château.

Sans s’arrêter de courir, il eut soudain une idée qui, sans être brillante, pourrait leur être bien utile. En effet, s’ils étaient confrontés au lycanthrope, vu leur niveau de sorcellerie, celui-ci ne ferait qu’une bouchée d’eux, il fallait donc qu’ils essayent le plus longtemps possible de lui échapper le tout en tentant de retourner dans l’enceinte du parc. Il tira donc Megan vers lui tandis qu’il s’appuyait contre un gros arbre. Sans s’expliquer auprès de la jeune fille, il pointa sa baguette droit devant lui et murmura ne voulant pas attirer l’attention sur eux en criant :

-Pointe au nord.

Sa baguette se mit à trembler, puis elle se stabilisa à quatre heures. Il fit alors un rapide calcul mental : il savait que le château était au sud-est, il fallait donc qu’ils repartent en sens inverse pour sortir de la forêt [tu pourras vérifier mais je crois que je me goure pas niarkhéhé

], ce qui ne lui plaisait nullement car entre eux et la sortie se trouvait ni plus ni moins qu’un loup-garou en rogne. Il jeta donc un regard sombre mais lucide à sa comparse et déclara, laconique :

-J’ai le regret de t’annoncer que si mes calculs sont bons, le château se trouve derrière nous, or notre ami le lunatique également. Donc si t’as une idée brillante, c’est le moment où jamais de me la faire partager.

Un instant il envisagea de s’excuser de l’avoir entraînée dans ce merdier mais il considéra que ça ne servirait à rien et puis, elle avait choisi seule de le suivre, il ne l’y avait certainement pas forcée. Cependant, il y avait une chose qu’il voulait à tout prix lui dire avant de ne plus avoir l’occasion de le faire si jamais quelque chose venait à mal tourner –ce qui risquait fort d’arriver vu la tournure que prenaient les évènements- il plongea donc son regard arctique dans le saphir du sien et murmura, tout en se sentant rougir une fois de plus –ça allait finir par devenir une habitude à ce rythme bon sang !- :

-Ah et j’ai pas eu le temps d’te le dire tout à l’heure, mais ... merci de m’avoir sauvé, rien ne t’y obligeait **et à vrai dire je ne pensais même pas que tu le ferais, rajouta-t-il pour lui** alors vraiment merci. Je ne l’oublierais pas, n’hésites pas à me demander ce que tu voudras ... enfin si jamais on se sort de ce merdier, finit-il plus sombrement.

Elle sembla revivre lorsque le deuxième année se releva, la laissant respirer, et elle passa sa main sur son estomac. Mais elle n'eut guère le temps de se rendre compte de quoi que ce soit, puisque son cadet, l'entraîna soudain brusquement dans une folle course, lui tenant fermement le bras, tandis qu'elle tentait de le suivre comme elle pouvait. Se faire croquer par un loup ne l'enchantait vraiment pas comme fin ; en fait, elle s'était toujours imaginé une mort glorieuse donc pour le coup, ça ne collait pas avec l'idée de la mort idéale qu'elle s'était faite. C'était une question de classe, et terminer sa vie déchiqueté par une boule de poil, ce n'était carrément pas classe. La brune sentit une vive douleur l'empoigner au niveau du ventre ; une saleté de point de côté. Elle remercia silencieusement Merlin lorsque Nikolai stoppa leur course, bien qu'après mûre réflexion, même avec deux points de côté elle était encore capable de courir rien qu'en songeant à l'énorme bestiole qui les pourchassait. Elle avala la salive accumulée avec difficulté, mais n'eut pas le temps de parler que le serpentard l'attira violemment vers lui, contre un énorme tronc d'arbre.

Toute secouée, elle ne fit même pas attention à la formule que prononça son camarade. Elle devait remettre de l'ordre dans ses idées avant toute chose. D'après lui, leur sympathique ami la bête se trouvait entre le château et eux. C'était en effet, fort ennuyeux. Bon, pas de quoi en faire un flan de potiron non plus inh. Il fallait simplement garder son sang froid, c'était la meilleure chose à faire pour le moment. D'ailleurs, Megan était l'aînée, elle devrait les sortir de là, c'était sa responsabilité. Réfléchissant à toute vitesse, elle ne voyait pas beaucoup d'alternatives, et pourtant il fallait une solution et vite, car le loup allait bientôt finir par les repérer, et là, ils seraient vraiment, mais alors réellement dans la bouse.

Comme si l'instant n'était pas suffisamment effrayant, le jeune russe en rajouta une couche, la remerciant de lui avoir « sauvé la vie » au cas où il n'aurait plus l'occasion de le faire. Voilà qui était charmant. Dans le genre scène finale dramatique, c'était parfait. Très rassurant et encourageant ! Bonjour l'optimisme ! Bon. Il était temps de reprendre les cartes en main, et d'éclaircir certaines choses. Se faisant sérieuse et déterminée, Megan se retourna vers le jeune vert et plongea son regard de saphir dans le sien.

-Bon. Tu vas m'écouter très attentivement. Il est hors de question que je meurs dévorée par un loup, en robe de chambre, et dans un endroit aussi miteux ! J'ai ma dignité moi ! Alors je peux t'assurer que tout danger que représente ce loup, je ne laisserais pas une boule de poils déchiqueter l'oeuvre d'art que je suis !

Fallait pas déconner inh ! Comme on dit faut pas pousser Mémé dans les orties:na : C'était tellement trop pitoyable comme mort qu'elle ne pouvait même pas l'envisager une seconde. Puis d'abord, elle n'avait même pas accompli la moitié de sa liste « des choses à faire avant de mourir ». Donc c'était totalement impossible que Megan Swann rende l'âme en cette sombre nuit. Il fallait d'abord qu'elle achète une sirène pour l'appeler Ariel, qu'elle brûle son livre d'histoire de la magie, qu'elle fume avec son Zazack, qu'elle aille en cours complètement bourrée, qu'elle essaye de rouler une taloche à un fantôme, qu'elle fasse la révolution à Poudlard, qu'elle peigne son hibou en rose fushia, qu'elle voyage à bord d'un magicobus multicolore... Enfin plein de choses existentielles quoi. Elle pouvait pas mourir comme ça.

-Bon on peut... Tenter le tout pour le tout, courir sans jamais se retourner, en direction du château. Ou bien on peut essayer de faire diversion mais là... comment ? Ou encore, on peut appeler à l'aide. Mais... Je crois que je préfère encore mourir ici plutôt qu'affronter mon grand-père.

L'idée de faire diversion lui plaisait particulièrement, mais il fallait trouver quelque chose susceptible d'attirer l'attention d'un loup affamé, lui trouver un autre plat de résistance plus appétissant encore que deux enfants.

-Bon. Tu vas m'écouter très attentivement. Il est hors de question que je meurs dévorée par un loup, en robe de chambre, et dans un endroit aussi miteux ! J'ai ma dignité moi ! Alors je peux t'assurer que tout danger que représente ce loup, je ne laisserais pas une boule de poils déchiqueter l'oeuvre d'art que je suis !

En entendant ces paroles, Nikolaï ne sut comment réagir : Megan pensait-elle ce qu’elle disait ou bien tentait-elle de prendre la situation avec humour pour la dédramatiser ? Il la fixa quelques instants pour se décider pour l’une ou l’autre de ces solutions selon son aspect, mais l’air sérieux de la jeune fille qui se mit alors à énumérer les possibles façons qu’ils avaient de s’en sortir le tira bien vite de ses doutes. Il ne put alors retenir un fou rire qui le prit en traître. La situation n’avait pourtant rien de comique, mais la façon qu’avait eu Megan de préciser qu’elle ne pouvait « décemment » pas finir dévorée par un loup-garou dans la tenue dans laquelle elle se trouvait était tellement absurde et décalée vis-à-vis du sérieux de leur situation qu’il ne put s’empêcher d’éclater de rire. L’indignation de la jeune fille était réelle et palpable, mais elle était tellement inattendue qu’elle en devenait hilarante. Non pas qu’il se moquât de sa compagne d’un soir, mais la haute estime qu’elle avait de soi-même était pour le moins surprenante au vu du guêpier dans lequel ils étaient tous les deux fourrés.

Son fou rire dura quelques secondes. Il avait beau tenter de le contrôler, un nouvel éclat ne cesser de remplacer l’ancien, lorsque celui-ci semblait enfin sous contrôle. Des larmes de rire virent perler au coin de ses yeux et il dut s’appuyer sur le tronc derrière lui pour tenter de se calmer. Il se dit d’ailleurs que Megan devait être en train de le prendre pour un fou furieux mais, rien à faire, il n’arrivait tout simplement pas à s’arrêter. Tout le stress accumulé pendant l’attaque des Pitiponks, l’enlisement et enfin la course-poursuite avec le loup-garou était en train de disparaître progressivement. C’était comme s’il avait ouvert les vannes de son inquiétude et qu’avec chaque éclat de rire, une partie s’échappait. Il finit néanmoins par réussir à se contrôler lorsqu’un nouvel hurlement lui rappela la situation : ils étaient loin d’être tirés d’affaire. Il s’essuya donc les yeux en reprenant son souffle, puis reprit la parole. Il commença par s’excuser de son comportement :

-Désolé …pfff … j’voulais pas me moquer mais … pfff … c’est juste que ta vision de la situation était pour le moins « particulière » et voilà ça m’a fait rire c’est tout. Enfin, t’as bien fait de remettre les choses au point, parce que j’étais en train de laisser cours à la panique au lieu d’utiliser ma cervelle.

Il lui adressa un sourire sincère et reconnaissant : la « claque » psychologique que ses paroles avaient provoquée lui avait remis les idées en place et il entrevit un moyen d’attirer l’attention du lycanthrope sur autre chose que leurs jeunes et appétissantes carcasses. Il exposa alors rapidement son plan à la troisième année.

-Alors voilà, je crois que j’ai une idée qui peut marcher si on combine nos forces. En gros, le loup meurt de faim et ce qu’il veut c’est saigner le premier être vivant qu’il trouvera sur son passage donc on va lui donner un festin qui le détournera de nous. Pour ça, je vais lancer autant d’Avis que possible, mais vu la taille des oiseaux qui sortiront de ma baguette ça ne risque pas de l’arrêter très longtemps donc le but ce serait que tu leur lances ensuite un sortilège d’amplification pour les rendre les plus gros possibles et comme ça, il sera occupé un certain temps. Bon, dès qu’il plantera ses dents, ils disparaîtront mais ça devrait nous laisser le temps de courir en direction du château et à la limite, s’il revient vers nous on avisera à ce moment-là. Parce que là, on peut pas tellement se permettre de tergiverser vu qu’il devrait être sur nous d’une seconde à l’autre. Ça te va comme plan ?

Il espéra que oui car il n’en avait pas d’autres. Il avait d’abord pensé à lancer un Serpensortia car un serpent c'était plus gros qu'un oiseau même sans Amplificatum mais avec les oiseaux, la vue du monstre serait en plus brouillée un instant ce qui permettrait aux enfants de se carapater aussi vite que leurs jambes le leur permettraient. Car non, la possibilité d’appeler à l’aide n’était tout simplement pas envisageable : d’abord les secours arriveraient probablement trop tard, et puis, comme l’avait très bien précisé Megan, l’idée que leurs tuteurs respectifs apprennent leur sortie nocturne était oh combien plus terrifiante que celle de se faire dévorer par le loup-garou. Et courir en priant pour que le lycanthrope ne les rattrape pas, cela s’appelait avoir l’esprit naïf et suicidaire. Bref, en un mot comme en cent, ce plan semblait bien être leur unique voie de sortie, une voie minuscule et compliquée mais une voie tout de même !

Sans que Megan ne s'y attende -ouais parce que elle était très sérieuse quand elle parlait:na :- son cadet éclata de rire. Un fou rire plus exactement. Vous savez, une de ces crises de rire incontrôlables qui durent plusieurs minutes, et qui sont plutôt cool quand on est dans l'ambiance, mais qui lorsqu'un loup garou vous cherche, est prêt à vous dévorer, bah... forcément ça le fait moins ? Ouais bah vous voyez ? C'était exactement ce qui se produisait dans la forêt interdite de Poudlard. Nikolai riait à n'en plus pouvoir s'arrêter. Meg le soupçonnait même d'avoir pris une substance illicite. Non parce que bon, elle lui accordait le fait que ce qu'elle avait dit était plutôt comique en comparaison de la situation dans laquelle ils se trouvaient, mais bon, pas de quoi s'hypertrophier la rate non plus inh ! Même si la brune reconnaissait volontiers qu'elle avait un humour renversant ahem. Elle resta alors immobile, sans trop savoir quoi faire face à l'hilarité de son comparse. Elle pouvait toujours essayer de lui mettre des claques pour le calmer, mais, la solution lui semblait quand même un peu violente. Enfin, elle le serait certainement moins que le loup s'il les trouvait et les dévorait. Elle fut tenter de lui faire remarquer, mais heureusement, le deuxième année retrouva son calme.

Le jeune héritier Dmitriev s'excusa en premier lieu, puis la remercia presque de l'avoir fait rire. La jeune fille fut tentée de lui dire « de rien » mais se retint. Quand même. Elle fut agréablement surprise lorsque le deuxième année commença à lui exposer son plan. Bon beh au moins, son fou rire l'avait remué ! Elle l'écouta attentivement, hochant même vivement la tête lorsqu'il parla du sortilège Avis. Elle avait elle-même brièvement pensé à cette solution, qui de toute façon était la seule qu'ils avaient. Il fallait simplement prier pour les malheureux oiseaux enchantés occupent suffisamment longtemps la créature, pour laisser le temps aux jeunes élèves de rejoindre la lisière le plus vite possible. Ils devaient agir maintenant, et Megan ne voyait de toute manière aucune autre alternative.

- Bien, ça me semble possible, bien que dangereux. Mais de toute façon, nous n'avons pas vraiment le choix. Je vais t'aider pour le sortilège Avis, plus il y aura d'oiseaux, mieux ce sera j'imagine. On devrait se dépêcher par contre, parce que le loup ne devrait plus être bien loin maintenant.

Merlin que Megan avait été stupide en sortant du château ce soir ! Elle était la plus âgée des deux -bon de qu'un an de plus mais pour elle ça comptait!- et aurait du se montrer la plus responsable, elle aurait du ramener Nikolai aux dortoirs dès qu'elle l'avait vu, au lieu de l'inciter à visiter la forêt. Non mais c'est vrai, à quoi pensait-elle lorsqu'elle l'avait suivit dans les profondeurs de la forêt ? Elle savait pourtant depuis sa première année tout ce qui se promenait en ces sombres lieux ! Elle avait déjà visité les bois, elle avait eu des échos d'élèves s'étant trop aventurés, et étant sortis particulièrement amochés. Inconsciente, voilà ce qu'était Megan, et la jeune fille s'en voulait un peu d'être ici avec Nikolai. Elle tenait d'ailleurs à lui dire.

- Oh et, je suis désolée de t'avoir emmené ici. C'est vrai, j'aurais du me montrer plus responsable et t'empêcher de t'aventurer dans un lieu aussi dangereux. Promis, j'assouvirai ma soif d'aventure toute seule la prochaine fois !

Ouais c'était terminé, elle ne prendrait plus le risque de mettre en danger quelqu'un d'autre. Se mettre en danger était terriblement angoissant déjà, mais de savoir que quelqu'un pouvait mourir par sa faute, c'était pire que tout. Enfin, Megan disait ça maintenant, et deux semaines plus tard elle supplierait certainement le Zazack de l'accompagnait dans l'une de ses folles péripéties ! Mais bon, Isaac c'était pas pareil. Il était plus âgé, plus performant en matière de sortilèges, et donc il savait beaucoup se défendre.

Lorsque Megan approuva son plan, Nikolaï voulut le mettre immédiatement à exécution, considérant que sa crise de fou rire leur avait déjà fait perdre suffisamment de temps, et il était sur le point de lever sa baguette en direction du chemin qu’ils devaient emprunter pour lancer son premier Avis, lorsque sa jolie compagne le prit au dépourvu en rajoutant des excuses bien surprenantes. Il se retourna, étonné, et écouta les paroles de Megan sans y croire : elle pensait que cette situation était de sa faute ? Dans ses souvenirs à lui, il était celui qui avait eu l’idée brillantissime de se lancer à l’aventure et Megan n’avait fait que gracieusement accepter de l’accompagner. Elle n’avait rien à se reprocher, certes comme elle disait elle aurait pu insister pour qu’ils rentrent au château au lieu de s’aventurer au-delà de la lisière, mais rien ne prouvait que Nikolaï aurait suivi ses conseils. Même s’il commençait à le regretter furieusement, au début de cette folle aventure, l’appel de l’inconnu résonnait encore fortement à ses oreilles et, étant donné le temps qu’il avait mis à préparer cette sortie, il n’aurait pas si facilement fait demi-tour. Il se connaissait bien et un de ses principaux défauts était l’entêtement, lorsqu’il n’était pas effrayé par son interlocuteur, il pouvait être une véritable tête de mule. C’est pourquoi lorsque Megan finit sa petite tirade en promettant de se fourrer dans le pétrin toute seule la prochaine fois, il eut un sourire amusé et lui répondit en ces termes.

-Ne te fais pas de mauvais sang pour moi, je suis assez grand pour être responsable de mes actes, si je suis ici c’est le fruit de mes décisions, un point c’est tout. Des décisions catastrophiques je te l’accorde, mais mes propres décisions tout de même. La seule chose qui soit de ton ressort c’est le fait de t’être laissée entraîner à ma suite, mais bon je comprends parfaitement que l’appel de l’aventure ait été le plus fort, ça m’arrive constamment.

Puis, il finit sur une touche taquine.

-Et puis, sincèrement, quitte à être dans la bouse de dragon jusqu’au cou, je me trouve bien chanceux d’avoir pareille compagnie. Je n’irais pas jusqu’à dire que je recommencerai, mais je me connais assez pour savoir qu’un de ces quatre, je vais me retrouver une fois de plus dans ces bois, alors ne te sens pas obligée de revenir toute seule si tu n’as pas envie.

Il lui fit alors un clin d’œil complice –il fallait croire qu’être sur le point de se faire dévorer par un loup-garou ça crée des liens de proximité, même pour un type aussi anormalement asocial que lui- puis, sans lui laisser le temps de réagir –probablement trop effrayé de la réaction qu’elle pourrait avoir vis-à-vis de son excès de familiarité-, il lui tourna le dos, lança son premier Avis et se mit à courir. Un instant, il fut tenté de lui lancer un pari stupide du style « le dernier arrivé au château est un Scroutt à pétard enrhumé », mais il se souvint à temps du sérieux de la situation et se retint. Il continua donc à courir en lançant des Avis droit devant lui, rapidement rejoint par Megan. Ils coururent ainsi pendant presque deux minutes, créant une véritable barrière de volatiles devant eux –qui avait néanmoins l’inconvénient de limiter leur champ de vision et, par conséquent, de les ralentir quelque peu- lorsque la susmentionnée barrière fut parcourue d’un frémissement de terreur. Les oiseaux avaient beau être créés par la magie, ils avaient senti la présence du plus grand prédateur de la forêt fonçant droit dans leur direction et ils me mirent à piailler de façon paniquée. Nikolaï, quant à lui, ne se laissa pas démonter : c’était maintenant ou jamais, ils allaient devoir faire preuve de toute la puissance magique, de toute l’intelligence, et de toute l’endurance physique qu’ils possédaient pour s’en sortir en un seul morceau. Il prit donc une grande inspiration, attrapa instinctivement la manche de Megan et accéléra.

La tension était à son comble, le sang lui battait les tempes à un rythme infernal, mais il n’eut pas le temps de s’en rendre compte car soudain le mur d’oiseaux fut déchiré par des griffes impressionnantes. Le lycanthrope n’était pas aussi impressionnant que Nikolaï se l’était figuré, il ne semblait pas avoir atteint sa taille adulte, comme s’il était encore en phase de croissance. Cela pouvait-il signifier qu’un des élèves était un loup-garou ? La vieille McGonagall pouvait-elle ne pas être au courant, voire pire assez folle pour avoir accepté un tel danger pour la population estudiantine au sein de l’école ? Quoiqu’il en fut, ce n’était pas le moment de s’en préoccuper et le Serpentard se contenta de lancer des Avis aussi puissants qu’il pouvait en direction du monstre qui se retrouva bien vite submergé sous les volatiles multicolores. Cela ne semblait pas plus le déranger qu’un essaim de mouches autour de lui, mais cela le ralentit néanmoins assez pour que les deux Vert-et-Argent passent à ses côtés aussi vite que leurs jambes le leur permettaient sans qu’il puisse les attaquer. Nikolaï sentit néanmoins une griffe accrocher sa cape et il s’en débarrassa comme il put sans s’arrêter de courir. Cependant, durant cette opération, il avait involontairement lâché la main de Megan. Et merde ! Il jeta un regard désespéré aux alentours et finit par la voir quelques mètres sur sa gauche. Rassuré, il continua à tracer pour mettre le plus de distance possible entre lui et le foutu lycan qui s’était déjà débarassé des trois-quarts de oiseaux créés par leurs bons soins, ce qui n’annonçait rien de bon pour leurs tronches s’ils étaient encore dans les parages dans les minutes suivantes.

Un sourire s'accrocha dans le coin de la bouche de Megan, alors que Nikolai la taquinait gentiment. Difficile de savoir d'où leur venait tout cet humour, en pareille situation. Il fallait croire que la panique conduisait parfois à de drôles de réactions. Cependant, la jeune fille n'avait nullement l'intention de débattre sur le comportement humain, ou une quelconque stupidité de la sorte. Elle n'avait d'ailleurs pas pour but de répondre à son cadet. Il en était assez de trop de paroles, ils devaient maintenant agir, et vite. S'ils avaient détendu l'atmosphère en plaisantant quelques instants, il était désormais temps de fuir, car la créature des enfers qui était à leur poursuite, ne s'était certainement pas stoppée en chemin pour raconter une blague à un centaure ! Comme si le Russe avait lu dans ses pensées, il se décida à bouger, et lança un premier sortilège, avant de se mettre à courir à toute vitesse.

Megan l'imita, jetant des Avis à tout va, sans se rendre compte qu'ils allaient être gênés dans leur course effrénée par les volatiles paniqués. Mais bon, on ne pouvait pas penser à tout, inh. Ainsi, ils coururent de longues minutes, alors qu'ils étaient à présent envahis d'oiseaux, et le serpentard attrapa même la manche de la jeune fille. Meg se sentit alors accélérer considérablement, et heureusement d'ailleurs que le deuxième année avait eu cette brillante idée, puisqu'une paire de griffes acérées fendit en un fragment de seconde la barrière d'oiseaux, en faisant disparaître une bonne dizaine d'un seul coup. Déglutissant d'un coup, Megan faillit s'étouffer avec sa propre salive, car même si le lycan n'était pas si impressionnant qu'un adulte le serait, il n'aurait aucun mal à les dévorer s'ils restaient dans les parages.

Alors qu'ils continuaient leur folle course, la patte du loup agrippa la cape du vert et argent, contraignant celui-ci à lâcher Megan. Elle se sentit nettement ralentie, mais le long râle de la bête sauvage faisait son effet, et malgré le point de côté qu'elle avait contracté, et sa fatigue, la motivation était toujours là. Elle continua de courir, et fut même surprise de retrouver Nikolai dans son champs de vision. Comme quoi, c'est fou ce qu'avoir un loup-garou à ses trousses pouvait faire courir vite ! La jeune fille parvint même à rattraper son confrère de maison, et il lui sembla voir la lisière de la forêt. Miracle !

Cette fois-ci, ce fut la brune qui entreprit de prendre la main de son camarade, pour l'entraîner avec elle. Elle se retourna encore plusieurs fois, lançant plusieurs Avis, et même des Incarcerem vers le lycan. Sans même qu'ils ne s'en rendent compte, les deux jeunes gens étaient arrivés, et la jeune fille ne stoppait pas ses sortilèges, jusqu'à ce que...

"On y est arrivé..." lâcha-t-elle dans un souffle. "On a échappé au loup !"

Sans vraiment réfléchir à son geste, plus instinctivement qu'autre chose, elle s'agrippa au cou du jeune homme, l'enlaçant étroitement. Oui, les sensations fortes, la retombée de l'adrénaline, la stress qui tombait d'un coup, tout ça... Elle se recula finalement, remettant une distance plus convenable entre eux deux. Elle eut un sourire confus, avant de se passer la main dans les cheveux, un peu gênée.

"Oui euh... Je suis désolée, c'est l'émotion."

La pleine lune se reflettait sur la pâle peau de la jeune fille, la rendant irréelle, et Megan eut un bref regard vers cette énorme sphère surplombant le domaine, éclatante dans ce ciel de jais. Un cri monstrueux déchira le silence, le loup avait perdu ses proies, le loup s'en allait bredouille. Soulagée d'être sortie de la forêt en un seul morceau, la jeune fille poussa un long soupir, avant de se retourner de nouveau vers son acolyte du soir.

"Eh bien... Je n'avais pas prévu qu'on soit poursuivis par un loup-garou, mais il faut bien reconnaître, que c'était une sacrée aventure !"

Courir, mettre un pied devant l’autre aussi vite qu’humainement possible, c’était l’idée qui obnubilait actuellement son esprit. S’éloigner autant que faire se pouvait du monstre affamé qui le talonnait, ne pas s’arrêter, ne pas trébucher, ne pas se retourner, juste continuer tout droit jusqu’à apercevoir la silhouette bienveillante du château. Et le tout si possible en s’assurant qu’il ne laissait pas Megan derrière lui, aux griffes d’un lycan des plus énervés. Bref, plus facile à dire qu’à faire. Mais, apparemment Viviane avait entendu ses prières car un des éléments qui rendaient la situation si catastrophique s’arrangea légèrement.

En effet, Megan attrapa sa main et l’entraîna à sa suite en direction de l’orée du bois, ce qui rendait la tâche « Assure-toi de ne pas abandonner ta camarade derrière » nettement plus simple. De plus, elle utilisa sa tête et continua à lancer toutes sortes de sortilèges à même d’handicaper leur bestial poursuivant. Le Russe se rendit alors compte que, pour être le plus efficace possible, il devait mettre à profit la dynamique de leur duo. Puisque Megan s’occupait de ralentir le loup-garou, c’était à lui de s’assurer qu’ils couraient le plus vite possible. Il prit donc la tête des opérations et, profitant du fait que la main de la Serpentarde était toujours dans la sienne, il accéléra, tirant son aînée derrière lui. Comme ça, elle n’avait qu’à s’occuper d’attaquer le lycanthrope, lui s’arrangerait pour les amener à bon port. Et, croyez-le ou non, leur stratégie finit par porter ses fruits.

Au bout de cinq minutes qui leur semblèrent à tous deux une éternité, ils réussirent enfin à mettre suffisamment de distance entre eux et le lycan pour pénétrer à toute vitesse dans le Parc, laissant la silhouette menaçante de la Forêt derrière eux. Ils s’arrêtèrent alors pour reprendre leur souffle, laisser à leurs petits cœurs fragiles le temps de retrouver un rythme à peu près correct … et se sauter dans les bras l’un de l’autre ? Nikolaï fut on ne peut plus surpris par la réaction de sa compagne et fit même un pas en arrière sous le poids imprévu de la jeune fille désormais pendue à son cou. Attention, non pas que le contact rapproché avec l’héritière McGregor soit désagréable, bien au contraire, mais bon il ne s’y attendait pas c’est tout. Ainsi, lorsque la Verte-et-Argent s’éloigna, visiblement gênée, il lui fit un sourire timide. Au moins, pour une fois, il n’avait pas rougi c’était déjà un gros progrès.

-Pas de mal, je comprends. Et puis, franchement, je serais bien idiot de me plaindre d’avoir eu une si jolie fille dans mes bras.

Ouais, bon c’était sorti tout seul, rien à faire, il avait des années d’entraînement derrière lui. Lorsqu’il était face à une fille distinguée, on lui avait appris à lui faire des compliments, alors voilà il en faisait. Surtout que pour une fois, il pensait ce qu’il disait, l’embrassade bien qu’imprévue avait été tout sauf désagréable. Alors, lorsqu’elle sembla bien le prendre et conclut même en disant qu’elle avait passé une bonne soirée -toutes proportions gardées bien évidemment- il répondit, avec un sourire franc cette fois-ci :

-Ça pour être une aventure, c’était une sacrée aventure ! On pourra raconter ça à nos p’tits enfants quand on sera vieux, rajouta-t-il avec un clin d’œil complice. Bon, et maintenant miss Swann, me laisserez-vous vous raccompagner jusqu’à votre dortoir ? Après tout nous prenons la même direction et je serais une bien piètre escorte si je vous abandonnais après toutes les émotions de ce soir.

Et oui, il n’avait pas oublié sa promesse de quelques heures auparavant, lorsqu’il lui avait proposé de lui servir de chevalier servant. Il lui tendit donc son bras et ils s’en retournèrent bras dessus, bras dessous vers les Cachots et leurs dortoirs respectifs. Après une épopée pareille, ils avaient désormais besoin d’une bonne nuit de sommeil pour se remettre d’aplomb. Enfin une nuit ou plus si affinités car, sur le moment, Nikolaï n’aurait clairement pas dit non à une grasse matinée.