Somebody, please? [PV Elanor][Terminé]

Il y avait réellement peu de choses qui irritaient Emmanuel. Il détestait entre autre le son de glaçons que l’on sort de leur moule, les gens impolis, mais aussi devoir faire des courses à la pluie. Oui, bien entendu, la magie faisait bien des choses, incluant une protection des intempéries de la nature lorsque c’était nécessaire, mais ce n’était pas ça l’idée. Les gens étaient tellement désagréables, lorsqu’il pleuvait. Autant les passants que les marchands, que la jolie fille à qui il sourit d’habitude lorsqu’il passe devant Tissard et Brodette. Non, aujourd’hui, tout le monde faisait la moue. On le poussait sans s’excuser dans la rue, on le servait d’un air bête et la jolie fille de chez Tissard et Brodette ne semblait pas être là pour éclaircir sa journée. Par conséquent, la journée du Gallois commençait très très mal. Il avait juste envie de rentrer chez lui et s’étendre dans son lit pour s’endormir au son de la pluie.

Manu s’était vu plutôt isolé, ces derniers mois. Pour ne pas dire complètement seul. La guerre lui avait arraché sa famille et ses amis, sa belle l’avait quitté pour une raison qu’il n’avait pas trop compris. Maintenant que tout cela s’était calmé, il restait toujours seul. Au moins, ce n’était plus la tempête dans le monde et dans son cœur. Il avait appris à vivre avec sa solitude, se satisfaisant de quelques soirées avec ses camarades de l’UMA mais sans vraiment se lier d’amitié avec qui que ce soit. Comme s’il avait suffisamment donné pour l’amitié et, qu’au fond, rien ne lui revenait. Tant de gens qui manquaient. Et en cet après-midi pluvieux, il le sentait beaucoup. Ce petit nœud au creux de sa gorge qui ne veut tout simplement pas partir. Cette envie d’envoyer promener tout le monde et de s’isoler. Mais il ne pouvait pas le faire. Non. Il devait aller chercher un nouveau chaudron. Fucking cauldron.

Serrant bien son manteau de cuir autour de ses épaules, le jeune homme fit son chemin à travers les rues bondées de gens tout à fait haïssables. Il voulait en finir le plus rapidement possible. Plus que quelques pas et il pourrait acheter son chaudron, aller le porter à l’UMA puis finalement s’écraser devant sa télé avec une Bièraubeurre.

– Sorry, we’re closed –

« Bloody fucking hell… », marmonna-t-il en balançant un coup de pied droit dans la porte.

C’en était trop, il devait trouver une façon de relaxer. Il n’avait vraiment pas envie de s’en prendre à quelqu’un d’innocent. Après une grande inspiration, le jeune homme fouilla dans sa poche et en ressorti son paquet de cigarettes, pratiquement plein même s’il l’avait acheté deux semaines plus tôt. Il ne fumait pas souvent, mais parfois, c’est tout ce qui lui permettait de s’éclaircir l’esprit. Le beau brun porta une clope à sa bouche, l’alluma d’un sort informulé et laissa les vapeurs toxiques envahir ses poumons.

Il avait besoin de quelqu’un. C’était la seule idée qui lui traversait l’esprit alors qu’il appuyait sa tête contre la pierre du mur de l’établissement, les yeux fermés.

[HJ : Elanor est officiellement en année sabbatique, mais je compte sur Manu pour l’encourager à poursuivre ses études Very Happy

]

Les derniers mois avaient défilé devant les yeux d’Elanor comme un film dont elle aperçoit les images mais dont elle ne fait pas partie. Elle avait été totalement spectatrice des événements qui suivirent la chute de Lorde Voldemort, mais surtout la mort de Lacey et celle d’Edward. Si elle avait décidé de pardonner à ce dernier quelques jours avant la bataille de Poudlard, sa disparition lui laissait un gout amer et surtout l’impression de ne pas avoir pu lui dire tout ce qu’elle aurait souhaité lui confier. Son oncle avait remplacé son père et lui avait trouvé une mère. Si l’homme n’avait jamais été très démonstratif d’un point de vue affectif avec sa nièce, ils avaient toujours eu un contact à part.

Elanor réalisait aujourd’hui qu’Edward avait passé sa vie à regretter d’avoir trahit sa mère en la laissant aux mains des autres Mangemorts. Il s’était promit de donner un avenir à sa nièce pour se racheter. Même si l’étudiante avait très mal réagit suite aux révélations de son oncle, elle avait su faire la part des choses et juger l’acte de son oncle comme étant suffisant pour racheter son passé. Elle avait prit ses distances l’année d’avant. Elle avait pourtant eu la présence d’esprit de lui écrire une lettre pour mettre son cœur à nue. C’était sa seule satisfaction aujourd’hui et elle se félicitait de l’avoir fait.

Quant à Lacey, le sujet n’était pas abordable et faisait office de tabou chez les proches. Le rappel du souvenir de l’irlandais déclenchait encore un tsunami de larmes qu’il valait mieux limiter.

Depuis quelques temps, la jeune Levika se forçait à mettre le nez dehors. Si elle avait passé beaucoup de temps dans l’appartement qu’elle partageait avec Faith à broyer du noir, l’étudiante avait décidé dès le début de l’été de passer le plus de temps possible avec Ellen et ses cousines. Avant de se rendre compte qu’elle ne supportait pas leurs regards ni leur tristesse. C’était trop, elle avait fini par partir durant quelques mois.

De retour depuis le début du mois d’août, Elanor avait pris la décision d’emménager dans la maison que ses parents lui avaient léguée. Elle avait besoin de changer d’air et où était l’intérêt d’avoir une maison si c’était pour ne pas y vivre ? De plus, ça lui permettait de s’occuper à longueur de journée, employant les services de Darina et sa grand-mère.

Aujourd’hui, bien que le temps était à la pluie, Darina avait insisté pour emmener sa jeune maitresse faire des emplettes sur le chemin de Traverse. D’après la jeune elfe de maison, elles avaient besoin de remplir le frigo. Elanor se doutait bien que cela cachait quelque chose car depuis leur retour en Angleterre, l’elfe de maison faisait les commissions par correspondance, gagnant ainsi énormément de temps. Finalement l’étudiante avait accepté.

Gospojitsa ! Prrrrenez le parrrapluie où vos magnifiques cheveux serrrront en pagaille !

Elanor était restée en admiration devant la boutique des frères Weasley. Elle n’était encore jamais passée devant mais elle comprenait enfin de quoi parlait Joan depuis des mois.

T’as vu Darina, ils vendent même des objets moldus.

Elle désignait du doigt des tours de magie moldus qui s’effectuaient tout seul. Elle n’en revenait pas. Son elfe quant à elle faisait de son mieux pour protéger sa maitresse de la pluie qui ne cessait de tomber.

S’iiil vous plaiit !

Se retournant, Elanor apperçut les efforts de sa jeune elfe de maison et attrapa le parapluie en rougissant.

Oh pardon ! Merci !

Les deux jeunes demoiselles reprirent leur chemin. Il leur fallait encore récupérer un chaudron pour la cuisine. Dobromila avait insisté pour que Darina achète un chaudron d’une marque très précise qu’on ne pouvait trouver que dans un certain magasin en Angleterre. Qu’est-ce qu’elle en savait d’abord ? Là depuis un mois la vieille elfe de maison n’avait pas mis les pieds hors de la maison. Darina avait soupiré répondu en bulgare à sa grand-mère qu’elle en trouverait un.

Venez Gospojitsa ! Le magasin n’est pas trrrrès loin.

Elanor suivit machinalement son elfe de maison. Les gens se hâtaient et très franchement elle n’avait pas envie de passer encore beaucoup de temps dans cette rue qui lui rappelait trop de souvenirs. Dissimulée sous son parapluie, la jeune étudiante marchait à l’aveuglette derrière Darina qui savait bien mieux qu’elle où elles se rendaient et où l’endroit se trouvait.

Oh jalko !! C’est ferrrrrmé.

L’efle s’était arrêtée net devant la petite boutique de chaudron qui apparemment était fermée. Elanor trébucha en tentant d’éviter Darina qui n’avait pas prévenu qu’elle s’arrêtait. Évitant de justesse la chute, la maladroite réussie à se rattraper en s’appuyant contre la vitrine. Son parapluie quant à lui avait glissé de sa main pour finir sa route sur les pieds d’un homme qui fumait non loin d’elles.

Darina !! Excusez-moi Monsieur !

Gospojitsa ! Vous allez bien ? Darrrrina n’a pas pensé de prrrrévenirrrrr sa Maitrrrresse qu’elle s’arrrrrrêtait !

L’elfe de maison se précipita pour aider Elanor à se redresser. Elle se confondit en excuse probablement incompréhensibles pour le jeune homme puisqu’elle les débita en Bulgare. L’étudiante quant à elle garda les yeux rivés sur le fumeur qui ne lui était pas inconnu. Du moins c’est ce qu’elle croyait, ne l’apercevant pas très bien avec toute cette pluie qui tombait.

Manu ?

Manu ne portait absolument pas attention à ce qui se passait près de lui. Il essayait plutôt de calmer le petit orage qui était né dans sa poitrine. Au fond, ce n'était pas si grave que cela. Certes, il s'était promené sous la pluie, entouré de personnes ô combien désagréables et de mauvaise humeur, pour seulement voir que le magasin était fermé. Mais peut-être que demain, il ferait plus beau. Et p'tet bien aussi que la jolie fille de chez Tissard et Brodette serait là pour lui adresser un sourire. Mais s'il y avait quelque chose de capricieux de cette région du pays, c'était son climat. Il n'y faisait pratiquement jamais vraiment beau. Rien à voir avec son Pays de Galles adoré. Le jeune homme soupira doucement, sentant la tension s'il avait au creux du torse se calmer, s'apaiser. Il n'avait pas vraiment de raison de se fâcher ainsi pour quelque chose d'aussi futile que l'achat retardé de son chaudron. Et puis, il avait pu revoir ses plus jeunes soeurs et ses parents, tout se replaçait très doucement.

Mais il y avait toujours un vide. Cela faisait si longtemps qu'il avait senti qu'il connectait vraiment avec quelqu'un. Ces personnes-là étaient presque toutes parties...

Le Gallois fut traîné hors de ses pensées par le bruit d'une chute dans l'eau. Il s'était retourné pour aider la personne mais c'était déjà trop tard; une jeune femme était assise dans une flaque d'eau et son parapluie gisait à ses pieds. Il sourit un brin; il ne devait pas être le seul qui passait une mauvaise journée.

« Pas de soucis, miss. Vous, ça va? Vous n'êtes pas blessée? », avait-il dit en prenant le parapluie de la jeune dame pour lui donner.

Manu souffla sa dernière bouffée de nicotine dans la direction contraire, jeta le mégot sur le pavé et tendit sa main pour aider la demoiselle à se redresser; l'elfe de maison, bien qu'aidante, était tout de même un peu petite. C'est en sentant sa main dans la sienne et en l'entendant prononcer son surnom qu'il su de qui il s'agissait. Un grand sourire éclaira son visage alors qu'il s'approcha d'autant plus d'elle, distinguant finalement les traits de la plus belle Suisse* qu'il n'eût jamais rencontré.

« Ela... »

Le jeune homme laissa tomber le parapluie sur le sol – ou plutôt entre les mains de l'elfe de maison – et glissa ses bras autour de la taille de son amie qu'il n'avait pas revue depuis des mois. Elanor... Il rit doucement, déposant un baiser sur son front puis dit simplement

« Tu m'as tellement manquée!... Mais je crois que nos retrouvailles valent d'être célébrées dans un endroit un peu plus sec, qu'en dis-tu? »

Il lui sourit sincèrement. Ah, la belle Elanor. Cette fille était à la fois sa meilleure amie, son âme-sœur et son coup de foudre secret depuis qu'ils avaient commencés leurs études communes. Mais jamais il n'eut l'impression qu'elle était intéressée. Le Gallois chassa cette idée de sa tête; si elle n'était pas intéressée avant, elle ne le serai pas aujourd'hui. Et puis, elle avait probablement quelqu'un dans sa vie...

[Hj 1 : *Il me semble qu'elle est Suisse, mais sinon, j'édite Very Happy

]

[Hj 2 : Désolée, c'est mauvais Sad

Mais je voulais trop RP ce soir!]

[HJ : En fait elle est mi-anglaise, mi-bulgare, mais elle a grandit en Suisse]

La main fraiche de Manu se referma sur la sienne. Un contact doux et amical qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Ses cheveux dégoulinaient sur son visage, l’inondant d’une pluie qui se glissait dans son col pour tremper l’ensemble de ses vêtements. Subitement, elle eut froid, mais le contact avec la paume de la main de son camarade de l’UMA l’empêchait de s’en apercevoir. Depuis le mois de mai, elle n’avait jamais vécu un instant sans avoir l’impression d’être entourée d’une brume qui la séparait du reste du monde. Là, assise dans une flaque, Darina hurlant à ses cotés, la pluie tombant sans relâche, elle voyait Manu comme si elle ne l’avait jamais réellement vu auparavant. Comme si tout ce qui s’était passé jusqu’à présent n’avait été qu’un rêve jusqu’au moment où il arriverait.

Elle aperçut ses lèvres murmurer son prénom et dans une suite de mouvements instinctifs, elle se retrouva dans les bras de Manu. Il pleuvait toujours, mais qu’elle importance ? Ses yeux cherchèrent ceux d’Emmanuel. Son cœur s’était accélérait et elle le sentait battre dans sa poitrine comme s’il avait attendu aujourd’hui pour se desserrer et reprendre un rythme endiablé.

Non biensûr, elle n’était pas amoureuse de Manu. Mais c’était la seule personne depuis des mois qu’elle aurait pu souhaiter revoir. Elle ne l’avait pas recroisé depuis bien avant que les problèmes à l’ODP ne commencent. Elanor avait été tellement occupée par sa relation avec Lacey qu’elle avait négligé la plupart des ses amis, préférant passer le plus possible de temps avec l’auror lorsqu’il pouvait lui accorder du temps. Elle avait certes croisé ses camarades de classe, mais cela s’était résumé à des vagues « salut » dans les couloirs de l’UMA.

Depuis l’attaque de Poudlard, elle n’avait pas revu grand monde. Elle avait surtout revu les membres de l’Ordre ou sa famille. Que des personnes qui la regardaient avec un air désolé affiché en permanence et qui la gavait royalement. Elle avait juste envie d’oublier ces derniers mois, de parler de tout et de rien avec quelqu’un. Et voilà que Manu, un très vieil ami, un dès premier qu’elle avait eu en arrivant en Angleterre, se tenait là dans ses bras, sous une pluie battante. C’était merveilleux, un événement qui semblait à la fois si irréel mais qu’elle voyait avec une netteté assez étrange.

Des larmes roulèrent sur ses joues. Invisibles pour Manu puisqu’il pleuvait et que son visage était déjà bien humide. Il déposa un baisé sur son front, ce qui lui arracha un maigre sourire qui illumina partiellement son visage.

Oh Manu ça me fait tellement plaisir de te voir…

Sans demander son reste au jeune homme, elle le serra dans ses bras, glissant sa tête par-dessus son épaule, se tendant sur la pointe des pieds. C’était magnifique, cette journée était magnifique. Elle n’avait en fait aucunement envie de bouger ailleurs que là sous cette pluie. C’était bien la pluie, pourquoi est-ce qu’il fallait que ce soit toujours si triste la pluie ?

AATCHOUUUM !

Une main devant la bouche, elle recula d’un pas pour éternuer une seconde fois. Ah oui la pluie, c’était pour ça qu’on ne l’aimait pas tellement.

Oui je crois qu’il nous faudrait trouver un endroit plus… sec.

Elle sentit alors une petite main attraper la sienne et lui donner son parapluie. La petite elfe de maison n’avait pas bougé durant quelques minutes, un sourire espiègle sur le visage.

Gospojitsa il faut aller vous réchauffer ! Je vais ramener les affaires à la maison. Dobromila va s’inquiéter ! Monsieur Manu, je peux vous laisser ramener ma Gospojitsa ?

Sans même attendre de réponse, elle transplana avec les paquets d’Elanor.

Alors qu'il posait doucement son menton sur la tête d'Elanor, ses bras la serrant toujours tendrement à la taille, le Gallois sentit une vague de chaleur s'écraser sur son torse. Même s'il ne voyait pas les yeux gorgés d'eau de son amie, il savait qu'elle était tout aussi heureuse que lui de le revoir. Il la garda contre lui un peu plus longtemps, risquant un autre baiser sur sa chevelure humide. Un élan de nostalgie s'empara de lui au même moment. Ces derniers mois avaient été étranges, irréels. Le monde magique avait été enveloppé d'une brume d'incertitudes, de changements. On errait, en quelque sorte. Et Emmanuel en avait assez, d'errer. La plupart de ses amis n'étaient plus là. Et autant il appréciait la compagnie des gens de la deuxième ou de la première année à l'UMA, il ne se sentait pas totalement à l'aise, en leur compagnie. Certes, le beau brun bénéficiait encore d'une certaine notoriété; on parlait encore de ce qu'il avait fait et certaines endroits portaient encore sa marque. Mais sa réputation n'était pas suffisante pour le rendre heureux. Il voulait revoir ses amis, il voulait sentir qu'il appartenait à quelque chose.

Manu se dégagea juste à temps; le temps froid et pluvieux venait de faire éternuer Elanor. Le sourire toujours aux lèvres, il lui donna quelques instants avant de se rapprocher, lorsqu'elle eu sêché son nez. C'était quelque chose d'étrange, qu'il n'avait pas ressenti depuis fort longtemps; il avait du mal à la quitter des yeux, à ne pas la toucher. Comme si elle pouvait disparaitre à n'importe quel moment. Ses doigts effleuraient délicatement ses mains. Une caresse brève, chaude, transportant avec elle une promesse, celle d'être toujours là pour elle. La revoir était trop doux, il ne voulait pas la quitter une nouvelle fois. Ses pensées l'étonnaient un peu. Emmanuel était célibataire depuis un moment et les sentiments qu'ils ressentaient à ce moment précis n'étaient pas particulièrement différents de ceux qu'il avait vécu avec Lucy Ann. Mais ce n'était pas le moment de s'emballer; Ela lui avait manqué et ils avaient été si proches... C'était normal.

L'elfe de maison interrompit les jeunes gens une ultime fois avant de disparaître soudainement, laissant le Gallois avec un "Bien sûr" pendu aux lèvres. L'air un peu niais, il pausa quelques secondes puis encra son regard d'émeraude dans celui de la belle. Il lui sourit doucement puis pris sa main dans la sienne, entâmant une marche hâtive vers un établissement sec et chauffé. L'union de leurs doigts les uns contre les autres avait quelque chose d'attendrissant, d'enfantin, comme s'il s'agissait d'un jeu. C'était rafraichissant. Sans échanger plus que des sourires, ils se dirigèrent vers un petit café qu'ils avaient l'habitude de fréquenter lors de leurs études à l'UMA. L'établissement avait été fermé pendant la guerre et avait réouvert ses portes tout récemment.

"Tu dis quoi d'un café au lait et d'un scone chocolat-framboise?" , lui dit-il en désignant l'établissement d'un signe de tête.

Darina s’en alla sans demander son reste. C’était tout à fait son genre. A croire que la jeune elfe de maison l’avait trimballé jusqu’ici, sous ce temps pourris, uniquement dans l’espoir qu’Elanor rencontre quelqu’un qui pourrait s’occuper quelques instants d’elle. Non pas qu’elle soit incapable de s’occuper toute seule. Simplement sa jeune maitresse passait son temps à errer dans la maison de ses parents, s’affairant avec désorganisation. Il arrivait à Darina de la retrouver devant un album photo de ses parents le regard vide, ou alors devant une fenêtre le regard au loin. Elanor semblait vivre comme un fantôme, se nourrissant à peine, laissant le temps filer sans qu’il ne se passe rien durant ses journées. Darina faisait de son mieux pour l’occuper et la faire sortir dans l’espoir d’obtenir une maigre réaction de la part de sa maitresse.

L’étudiante rougit légèrement lorsque Manu planta ses yeux verts dans les siens. Il n’y avait pas trace de cette pitié qu’elle lisait dans le regard des gens de son entourage, non il n’y avait rien de tout cela. Mais elle avait l’impression qu’ils sondaient son âme et c’était terriblement gênant. Elle détourna la tête et se laissa guider par le jeune homme qui lui prit la main. Son cœur battait la chamade pour une raison inconnue.

La pluie continuait de tomber et le parapluie qu’elle tenait maladroitement au dessus de leurs têtes ne rendait pas réellement service. Ils étaient de toute manière déjà mouillés de la tête aux pieds. C’était pour la forme, surtout qu’elle ne savait pas réellement quoi en faire.

Manu l’emmena jusqu’à un café très sympathique où elle n’avait pas remis les pieds depuis de longs mois. Du café ? Il ne fallait pas trop lui en parler. Lacey était un grand buveur de café et elle avait cette boisson en sainte horreur. Elle acquiesça toutefois de la tête. Peut importe ce qu’ils prendraient du moment qu’elle pouvait se mettre au sec et boire une boisson chaude pour se réchauffer. Mais surtout, ce qui était le plus important, c’est que Manu reste près d’elle. Simplement là.

Ils entrèrent et furent immédiatement submergé par une chaleur étouffante et un léger vacarme venant des voix qui s’élevaient de part et d’autre de l’endroit. Une jeune serveuse s’approcha d’eux immédiatement pour les accueillir.

Bonjour ! Bienvenue !

Sans leur demander leur avis, elle entreprit de leur prendre leurs manteaux qu’elle sécha d’un coup de baguette. Ensuite, elle se tourna vers eux et Elanor sentit son corps se réchauffer instantanément.

Voilà qui est mieux. Veuillez me suivre, il reste de la place dans le fond.

L’étudiante suivit la cadence, s’assurant que Manu la suivait en jetant un œil au jeune homme. La demoiselle les mena jusqu’à une table doté de deux banquettes, dans le style des cafés américains. Elanor se glissa sur l’une d’elle.

Je vous laisse faire votre choix.

Elle leur tendit vivement une carte à chacun puis repartit hâtivement vers la porte d’entrée pour s’assurer que les prochains arrivants n’inonderaient pas l’endroit avec leurs bottes mouillées. Elanor sourit en lui jetant un œil. Puis elle reporta son regard vers son camarade de l’UMA.

Si ça ne te gêne pas je préfère prendre un chocolat chaud. Et va pour les scones !

Elle n’avait aucune idée de ce que pouvait bien être un scone chocolat-framboise, mais il fallait bien prendre des risques parfois. L’étudiante avait de la peine à détacher son regard de Manu. Et elle ne pouvait s’empêcher de lui jeter des petits coups d’œil tout en lisant partiellement la carte qu’elle tenait dans ses mains. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de se divertir et surtout de passer du temps à penser à autre chose qu’aux longs mois qu’elle venait de passer. Mais elle ne voulait pas rompre le charme, lui demander comment il allait. Elle avait peur de ce qu’il pourrait bien lui dire. Tout le monde avait été touché par les agissements du Mage Noir et probablement que lui aussi avait eu son lot de douleur.

Malgré toute la joie que le Gallois ressentait, par rapport aux retrouvailles d’une amie précieuse et à sa nouvelle vision de la jeune femme en question, Emmanuel ressentait une sorte de malaise qu’il évitait de laisser parraître. Tous les deux avaient perdus cette étincelle au creux des yeux, cet intérêt pour la vie, cette envie d’explorer le monde et d’en découvrir tous les secrets. La guerre avait arraché un peu de l’âme de tout le monde, et Elanor avait vécu son lot de drame; Manu était au courant. Il ne savait plus trop comment ces informations s’étaient rendues jusqu’à lui; surement des rumeurs dans les couloirs de l’Université. Il n’avait pas vraiment cherché à retrouver Ela. Il ne voulait pas la brusquer. Si elle avait décidé de prendre du temps loin de l’école, des gens, des questions, eh bien c’était sans doute pour une bonne raison. La brune méritait bien qu’on la laisse à elle-même.

Emmanuel poussa un petit soupir de bien-être alors qu’il faisait ses premiers pas dans l’établissement. On avait un peu changé la déco, il y avait du nouveau personnel, mais c’était la même ambiance accueillante et chaleureuse qui régnait. Et avec la température qu’il faisait à l’extérieur, c’était vraiment apprécié. Il laissa la serveuse faire, lui adressa un sourire reconnaissant puis la suivit, Ela devançant son pas de peu. Juste assez pour qu’il laisse l’homme en lui effleurer la courbe de ses fesses du regard. Mais là n’était pas le temps, non non non! Parfois, c’était juste plus fort que lui. Un dernier coup d’œil, un petit mordillement de sa lèvre inférieure, puis ils étaient arrivés à leurs sièges. Il adressa un dernier sourire à sa serveuse et s’assied sur la banquette en face de celle d’Ela, regardant distraitement la carte. Le jeune homme leva la tête, adressa un sourire sincère à son amie et dit simplement :

« Oh mais bien sûr, prends ce que tu veux. Après tout, c’était qu’une façon subtile de t’inviter »

Le jeune homme ponctua sa phrase d’un clin d’œil malin et regarda la carte encore quelques instants avant de faire son choix. Il la déposa au bord de la table puis attendi que la belle fasse de même avant de glisser sa main contre la sienne

« Ça faisait un moment… Tu… Tu m’as vraiment manquée, Ela. Les choses ont tellement changées, et je… Enfin, je comprends que tu n’aies pas particulièrement envie de revenir en classe. J’ai été vraiment seul, dernièrement, quoi. Comme toi, j’ai l’impression…Et… »

Le jeune homme n’eut pas le temps de finir sa phrase, la serveuse était revenue, papier et stylo à la main, prête à prendre leurs commandes. Manu lui adressa un regard juste un peu rancunier et dicta ce qu’il voulait :

« Je vais prendre un latté au caramel anglais et pis un scone framboise-chocolat, s’il-vous-plait »

Aussitôt les deux commandes prises en note, la serveuse fit son chemin jusqu’aux cuisines. Le Gallois attendit qu’elle s’éloigne pour porter son attention à Elanor, reprenant sa main au creux des siennes

« Et j’ai envie qu’on se voit. Plus souvent. Te revoir, ça me fait tant de bien… Être séparé de ma meilleure amie, de la plus jolie fille de l’UMA, c’est pas facile »

Il la regarda droit dans les yeux, ses lèvres esquissant un sourire et ses yeux la suppliant de ne pas partir

L’endroit était vraiment charmant et Elanor n’avait pas mis les pieds dans un endroit si chaleureux, bruyant et plein de vie depuis de très nombreux mois. En fait, Manu rendait l’endroit plus réel, comme s’il était la clef pour que le monde autour d’elle reprenne vie. Elle avait l’impression que la lumière venait de se rallumer et qu’elle pouvait enfin sortir de son sommeil prolongé. Elle se sentait comme la belle au bois dormant réveillée par le prince charmant. Enfin sauf que là le prince ne l’avait pas encore embrassé. Et cela dit, elle n’était pas sûre d’en avoir envie là. Enfin… Bref, Elanor rougit une énième fois et tenta de dissimuler sa gêne reposant la carte sur celle de Manu dans le coin de la table.

Le contact avec sa main la fit frissonner légèrement. Ça devait être des restes, peut-être qu’elle était en train de tomber malade. Il faudrait éventuellement qu’elle pense à prendre une potion en rentrant, on ne savait jamais ce qu’elle pouvait couver.

Manu se lança dans un discours qu’Elanor n’était pas réellement prête à entendre. Disons qu’elle n’avait pas envie de reparler de tout ça, de toutes ces choses qu’elle ne voulait plus nommer et qu’elle n’arrivait plus à visualiser sans avoir une horrible envie de courir vomir aux toilettes. Heureusement, la serveuse la sauva. Elanor lui sourit aimablement alors qu’elle passait également sa commande.

Un chocolat chaud et un scone framboise-chocolat, s’il vous plait.

Sa main se laissa glisser une nouvelle fois sous celle de Manu. Ce contact était vraiment très agréable et Elanor avait juste envie de le laisser faire sans se poser de questions. Malheureusement le contact déclenchait chez elle un rappelle de souvenir un peu trop frais et le visage de Lacey s’imposa à son esprit.

Elle baissa les yeux et retira sa main pour la planquer sous la table avec sa voisine. Elanor prit une inspiration avant de relever les yeux pour répondre à Manu.

Manu… ça me fait aussi très plaisir de te revoir et tu m’as terriblement manqué. Mais s’il te plait… Je…

L’étudiante lui lança un regard explicite mêlé d’inquiétude, d’impuissance et d’angoisse. Elle n’arrivait pas à nommer Lacey, à nommer le fait qu’il n’était plus là et qu’elle devait l’oublier. C’était trop dur pour elle d’en parler et elle voulait juste qu’il comprenne qu’elle ne voulait pas en discuter. Elle voulait simplement rester là en fasse de lui, le regarder, boire son chocolat chaud et ne penser à rien.

Ne dis plus rien s’il te plait…

Elle lâcha ces mots dans un murmure. Elle avait peur de ne pas maitriser la suite de la conversation. Elle sentait à nouveau cette gêne au creux de son estomac, gêne qui l’avait empêché de manger, de dormir, de vivre simplement sans penser constamment aux derniers mois de sa vie. Elle ne se sentait pas prête à reprendre une vie normale, à retourner à l’UMA, à rire… Sortir de sa bulle lui donnait le vertige et elle ne voulait pas risquer de tomber au risque de ne plus se relever.

Mais d’un autre coté le visage de l’étudiant lui redonnait envie de se battre, il était comme une lueur d’espoir dans son champ de vision et Elanor ne pu s’empêcher de lui sourire sincèrement alors que la serveuse revenait avec leur commande. L’étudiante posa ses mains sur la tasse pour les réchauffer. Les scones avaient l’air délicieux.

Elle n’osait pas parler. Elle ne savait que dire. Une année normale, il aurait sans doute fallut demander si les vacances s’était bien déroulées, si la famille allait bien. Ce genre de choses banales qui ne l’étaient pas aujourd’hui. Et apprendre une mort tragique ou un événement tout aussi notable ne ferait que renforcer la dépression d’Elanor et son sentiment d’impuissance et d’injustice. Elle ne pouvait pourtant pas rester ainsi bêtement à regarder le garçon à qui elle venait de demander de ne plus rien dire.

Tu… T’es retourné à l’UMA alors ?

Le Gallois comprit aussitôt qu'il venait de toucher une corde sensible lorsque la main d'Elanor s'échappa presque brusquement de la sienne. Le brun se mordilla doucement la lèvre du bas, adressant un regard désolé à la belle Anglaise. Il sentait son désespoir, alors qu'elle soutenait son regard d'un air piteux qui aurait pu briser un cœur de pierre. Il détestait la voir ainsi. Il aurait voulu la prendre dans ses bras et chasser tout ce qui pouvait la hanter, la blesser. Mais des mois de traumatismes et de déchirures ne pouvaient tout simplement pas disparaître en une rencontre. De toute façon, lui aussi avait encore besoin d'un temps pour soigner ses plaies du passé. C'était surtout une question de restructurer sa vie. Certaines personnes étaient parties, d'autres étaient revenues et il fallait s'ajuster. Après tout, même si les évènements qui avaient eu lieu durant la dernière année étaient particulièrement difficiles, il fallait maintenant passer à autre chose. Il fallait continuer sa vie, non pas la reprendre où on l'avait laissée, mais la remodeler, l'adapter. Si Elanor devait à nouveau faire partie de sa vie, cela rendrait l'adaptation déjà beaucoup plus facile. Mais peut-être que elle, n'était pas prête à passer à autre chose. Enfin, pour l'instant.

Le jeune homme fut tiré de ses pensées lorsque la serveuse arriva avec leurs consommations. Emmanuel lui sourit gentiment puis regarda son café avec appétit. La crème fouettée, le caramel, les flocons de chocolat, il avait l'air absolument parfait. C'était presque assez pour lui remonter le moral. Du bout de sa cuillère, il prit une petite bouchée de la crème sucrée.

« Hmm, c'est vraiment satisfaisant, ça faisait un moment que j'en avais envie. », dit-il un sourire aux lèvres.

Il prit une longue gorgée du liquide chaud et soupira de satisfaction. C'était un bon moment, un bon endroit pour commencer cette nouvelle vie. Il sourit doucement à Elanor puis hocha la tête en guise de réponse à la jeune femme.

« J'en ai assez d'être aux études. De toute façon, ma situation familiale s'est stabilisée, mes parents sont revenus en Angleterre avec Sally-Anne et Ethel, c'est motivant de les savoir près de moi. Je me sens de moins en moins à l'aise à l'UMA. J'ai hâte d'avoir un emploi, tout ça... »

Le brun hésita un instant. Il ne savait plus trop comment aborder son amie. C'était une situation délicate. Il ne voulait pas lui demander pourquoi elle n'était pas revenue, il savait bien pourquoi. Il lui fallait avancer sur un autre ordre d'idées, quelque chose de plus joyeux et qui n'éveillerait pas de sentiments en lien avec la guerre.

« Alors... J'ai eu mot que tu avais récemment hérité. J'ai cru voir une partie de ton héritage un peu plus tôt, d'ailleurs... C'est quoi cette histoire? », dit-il, en référence à l'elfe de maison qu'il avait vu avec elle.

Le chocolat était délicieux. Il termina de réchauffer Elanor qui se sentie soudainement bien mieux. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu cette sensation de réconfort mêlé à l’odeur chocolaté si douce qui s’engouffrait dans ses narines. Le scone qui se tenait devant elle ne tarda pas à être entamé.

Mmmmh c’est délicieux ! Je n’avais jamais gouté cette confiserie !

Un sourire illumina momentanément le visage de la brunette qui se régalait. Manu lui rendit son sourire avant de lui répondre. Apparemment il était donc retourné à l’UMA. Quelque part elle en avait aussi envie, mais il était probablement trop tôt pour que l’idée en devienne une bonne. En ce qui la concernait elle n’était pas sûr de se réjouir d’avoir un emploi, tout simplement parce qu’elle n’avait juste aucune envie de ce qu’elle voulait réellement faire. Actuellement elle suivait la filière magico-soins et avait entreprit de devenir médicomage. Mais très franchement elle ne se voyait pas réellement aller travailler à Ste Mangouste dans une blouse verte.

La jeune femme sourit lorsqu’il parla de sa famille. Au moins ses sœurs allaient bien, tout comme ses cousines et c’était une des choses les plus importantes aux yeux d’Elanor.

Je suis contente pour ta famille.

Elanor sourit aimablement à Manu avant de changer de sujet, voulant éviter à tout prix qu’il ne parle de la sienne. C’était un des sujets tabou du moment. Mieux valait ne pas s’y risquer.

Je ne t’ai jamais demandé en fait. Tu veux faire quoi comme métier ? T’es en filière Académique, mais honnêtement je n’arrive pas à imaginer ce qu’on peut bien faire en sortant de là.

Et c’était vrai. L’avenir de Manu ne l’avait jamais réellement préoccupé. Ils n’avaient été jusqu’alors que des camarades de l’UMA entretenant une excellente amitié. Mais c’était tout, Elanor n’avait jamais rencontré la famille de Manu et elle n’avait jamais réellement eu beaucoup d’affinités avec Lucy-Ann. Le chocolat d’Elanor diminuait dangereusement et sa tasse risquait d’être très prochainement vide. Le scone quant à lui avait terminé d’être englouti par l’ancienne étudiante et son estomac en réclamait très généreusement un deuxième. Manu la sortie de ses pensées et lui arracha encore un sourire. C’était décidément la journée des sourires et ça faisait bien des mois que personne ne lui en avait arraché un.

Oh l’héritage ! Oui… hum c’est très long à expliquer… Mais si tu as le temps pour une deuxième tournée de scones alors je te raconterais avec grand plaisir comment j’ai découvert que j’étais la cousine éloignée d’Andrzej Miaskovski. Je sais pas si tu te souviens de lui ?

Et ça valait le détour très honnêtement. Surtout le passage du coffre de Gringott’s où ils avaient bien passé des heures et des heures à se disputer la part du butin. La serveuse passa à proximité et Elanor lui fit un signe de la main.

Je vais vous reprendre un chocolat chaud s’il vous plait. Et un scone. Manu ?

La demoiselle se tourna vers son ami pour qu’il prenne sa commande. Et entama son récit qui datait déjà de plus d’une année. Mais il fallait dire qu’elle n’avait pas réellement revu Manu à la rentrée de l’année dernière.

En fait j’ai reçu un héritage d’une certaine Elanor Levika, née Miaskovski. Tu comprendras que ça m’a assez surprise sur le moment. J’ai été convoqué à Gringott’s pour le partage avec Andrzej. Les hideux gobelins nous ont obligés à rester dans le coffre jusqu’à ce que l’entier de la liste soit partagé entre les deux. Ce qui ne fut pas une mince affaire je peux te le garantir. Bref du coup je me retrouve en possession de pas mal de trucs à droite et à gauche.

Les Levika n’étaient pas la famille slave la plus riche, mais ils étaient bien largement au dessus de la moyenne sociale sorcière. Mais peu importait car au final la jeune femme ne savait même pas quoi faire de la moitié des choses qui étaient entrées en sa possession. Pratiquement la totalité de ses biens étaient dans des gardes meubles parce qu'elle ne savait pas où les mettre. Sans parler des créatures magiques.

La serveuse arriva avec un plateau à nouveau bien garnie et Elanor attaqua son chocolat chaud sans demander son reste. C’était si délicieux et si sympathique cette rencontre. Après quelques gorgées, elle reprit.

En fait ce qui est le plus surprenant dans toute cette histoire c’est que l’héritage laissé par mes parents était bloqué à Gringott’s. Alors ne me demande pas pourquoi, probablement une histoire de paperasse, surtout que ça ne datait pas d’hier et que cela ne fait que quelques années que je suis de retour en Angleterre.

[De retour au RP, les copains!]

Le petit malaise qui s’était imposé entre Elanor et lui se vit assez rapidement estompé; Emmanuel était devenu maître dans l’art de changer une situation malaisante pour en faire une plus conviviale. Cela se vit particulièrement utile dans la situation présente. Il n’aurait pas voulu que leur première rencontre après tant de temps loin l’un de l’autre soit mémorable de par son aspect pénible et inconfortable. La moue presque apeurée de la belle brune s’était lentement transformée en un sourire. C’était le plus beau cadeau qu’elle aurait pu lui faire à cet instant. Lui accorder le privilège de partager un moment de calme et de bien-être avec elle.

L’ancienne étudiante décida d’explorer le terrain des études du Gallois. Et c’était bien vrai que, même s’ils avaient partagé quelques nuits blanches à étudier, et même s’ils étaient dans certains cours ensemble, jamais ils n’avaient ouvertement discuté de leurs domaines d’expertise futurs. Cependant, Manu savait déjà ce à quoi Elanor aspirait. Enfin, ce à quoi elle avait déjà aspiré. Et si elle se retrouvait un jour à travailler à Ste-Mangouste, il serait certainement prêt à se blesser pour qu’elle le traite. Le Gallois prit son bol de café au lait entre ses mains et en prit une grande gorgée puis le déposa sur le table, un air déçu au visage; il était vide. Il pensa un instant qu’il ne devait pas oublier d’en demander un autre à la serveuse lorsqu’elle serait là puis se lança dans sa réponse :

« Eh bien, j’ai toujours rêvé de devenir Langue de Plomb. C’est un peu absurde, puisque en général, les gens n’ont aucune idée de ce qu’ils font comme métier en tant que tel. C’est d’ailleurs cela qui, enfant, me fascinait. Et puis maintenant que j’apprends en quoi le métier consiste, ça me donne encore plus envie d’en être un. Le département des Mystères, ce n’est pas rien, tout de même. C’est prestigieux. Enfin, voilà… Ça reste vague, mais c’est le charme de l’inconnu… N’est-ce pas? »

Le Gallois ponctua sa tirade d’un petit clin d’œil. S’il pouvait lui faire penser à autre chose pour l’espace de quelques heures, il le ferait certainement. C’était bien la moindre des choses. La belle Slave le gâta d’un autre sourire lorsqu’il mentionna son héritage. Lui faire oublier ses tourments, c’était tout ce qu’il voulait. Mais ce fut à elle de le faire rire lorsqu’elle mentionna Andrzej. Oui, bien entendu qu’il se souvenait de lui. Il avait été l’un de ses meilleurs amis, son frère de conquêtes, et surtout, son sauveur; si cela n’avait pas été de lui cette nuit-là à la piscine, le Gallois serait probablement mort.

« Une deuxième ronde de pâtisseries, ce sera avec plaisir. Et puis je connais bien Andrzej. Je vois juste mal en quoi une fille aussi gentille que toi partage les mêmes gènes que ce Dom Juan.

Emmanuel sourit doucement à la serveuse lorsqu’elle s’approcha du duo et il laissa Elanor commander d’abord. Il ajouta à sa commande un autre café au lait et un morceau de tarte à la fraise puis la pria d’un signe de tête de continuer son récit. C’était le genre d’histoire que l’on pouvait voir dans les films moldus. Cela le fit sourire. Si elle savait combien de filles auraient payé pour être enfermées avec Miaskovski pendant des heures…

Le beau brun remercia discrètement la serveuse lorsqu’elle arriva avec leurs victuailles et ne se fit pas prier, plongeant sa fourchette dans sa tarte et portant la bouchée à ses lèvres. C’était délicieux.

« Oui, c’est curieux, en effet. Pour ce qui est de l’héritage de tes parents, c’est sans doute une histoire de bureaucratie et de paperasse. Et puis pour la dame Miaskovski, eh bien… Tant mieux pour toi! J’imagine que c’est certainement encombrant, mais si tu veux, si tu as besoin d’aide, je peux toujours t’aider à trier tout ça. Je ne fais pas grand-chose, ces derniers jours. »

Un prétexte pour la revoir? Certainement. Il lui sourit doucement avant de prendre une grande gorgée de son café au lait fumant de chaleur.

La petite bulle qui s’était créé autour d’Elanor en entrant dans le café s’élargissait de plus en plus, englobant les choses qui l’entouraient. Elle avait l’impression que petit à petit son esprit redevenait réceptif à ce qui l’entourait. Le bruit du café les entourait, créant une ambiance rassurante et tout à fait exaltante. Comme le ronronnement d’un chat qui est assis sur vos genoux. Ça vous berce. Tendrement.

En plus de ça, le chocolat chaud était totalement excellent et le chaud lui montait aux joues maintenant qu’elle était réchauffée. Son pull en était presque de trop, mais Elanor ne voulait pas prendre le risque de voir cette tendre chaleur disparaitre si elle l’enlevait.

Ses yeux ne quittèrent pas le gallois une seule seconde. Elle ne le dévorait pas des yeux à proprement parlé, mais elle était très fascinée par son ami qu’elle n’avait pas revu depuis si longtemps. Elle ne se souvenait pas que son sourire était si craquant et qu’il était tout simplement si charmant à regarder. C’était marrant, elle ne l’avait jamais réellement observé avant.

Langue de plombs, ça ne lui parlait pas du tout, mais qu’est-ce que cela pouvait bien faire. C’était dans tous les cas bien plus fascinant qu’être bureaucrate ou autre chose dans le style. Au moins ça laissait une part de mystère. C’était un peu comme les Aurors, leur boulot était tout bonnement très excitant bien que très dangereux. Langue de plombs, ça laissait planer un certain mystère qui rendait le garçon assit en face d’elle très intéressant. Bien plus que les Aurors. Mais stop ! On arrête de penser aux Aurors !! Ce n’était pas du tout une bonne idée de repenser au dernier en particulier.

La jeune femme avait répondu d’un hochement de tête au jeune brun lorsqu’il avait expliqué son métier si farfelu à ses yeux. Un petit sourire avait illuminé son visage alors qu’elle enfouissait ses autres souvenirs au fond de son esprit meurtrit.

Parler de son aventure avec Andrzej lui avait redonné le sourire. Elle se souvenait parfaitement bien de la guerre dans laquelle ils s’étaient lancés avant de terminer l’aventure grandit d’une amitié des plus originale. La gifle d’Elanor avait été oubliée et le « Dom Juan » en question avait remis ses prétentions à son égard de coté. De toute manière, elle n’était pas disponible à ce moment là et ce n’était pas vraiment les types comme Miaskovski qui l’intéressait. Elle préférait les gars plus raffiné qui cachait leur jeu du mieux qu’ils le pouvaient, totalement l’inverse de Lacey cela dit. Manu n’avait pas ouvertement dévoilé ses intentions, mais Elanor se doutait bien qu’il pouvait la trouver à son gout. Quoique pour l’instant elle préférait ne pas y penser et se baser sur une relation exclusivement amicale, comme au bon vieux temps.

Le sourire que lui envoya Manu la fit pourtant chaleureusement rougir et elle aurait presque oublié ses bonnes intentions. Son nez replongea dans son chocolat chaud, l’obligeant à baisser les yeux pour regarder le fond de sa tasse. La proposition de son ami était très tentante. Mais il fallait avouer qu’elle n’était pas certaine de vouloir faire entrer quelqu’un dans son environnement en ce moment. C’était peut être un peu tôt, ou alors simplement elle n’avait pas envie d’expliquer comment elle avait pu laisser la maison de ses parents dans cet état si longtemps. Oui, c’était plutôt ça.

Heu… Non… Enfin oui… Oui c’est une bonne idée ! Si tu aime la poussière et les vieux bibelots !

Mais qu’est-ce qu’il lui avait prit de dire ça ? Et en plus de le faire avec un grand sourire sur le visage. Ses joues redevinrent légèrement rouges lorsqu’Elanor se rendit compte qu’elle avait laissé du chocolat s’échapper sur sa lèvre supérieure. De l’air le plus détendu qu’elle le pu, elle attrapa sa serviette et s’essuya le plus naturellement possible. Ce qui ne fut qu’une manœuvre très vaine. Enfin peut-être n’avait-il pas remarqué. Quelle gourde !

Oui. Enfin je ne sais pas. La maison est vraiment dans un piteux état en ce moment.

Le Gallois perçut clairement le petit instant de malaise qui s’était pointé lorsqu’il lui proposa de l’aider avec son nouvel héritage. Visiblement, elle s’était refermée sur elle-même plus qu’il ne l’avait imaginé. C’était vrai qu’ils ne s’étaient pas parlé depuis longtemps, mais apparemment, il n’était pas la seule personne à qui elle avait négligé de parler pendant les derniers mois. Elle n’avait pas l’air tout à fait à l’aise avec les gens en général. Et puis, s’ils avaient toujours été à l’UMA du temps de leurs premières années, elle n’aurait sans doute pas hésité à l’inviter chez lui pour qu’il l’aide. Ou il aurait insisté un peu plis vivement. Mais quelque chose lui disait qu’il ne fallait pas qu’il la brusque. Le brun savait son interlocutrice fragile, la douceur était la mot d’ordre. Et la patience… Oui, il devrait sans doute s’armer de patience, chose qu’il n’avait pas eu à faire souvent. Car la majorité du temps, ce que Manu voulait, Manu l’obtenait dans des délais étonnamment courts. Avec Elanor, c’était différent. Il tenait vraiment à elle, il ne voulait pas la blesser, et il voulait vraiment apprendre à la connaître. Elle aussi, de son côté, devait apprendre à lui faire confiance et à l’accepter dans sa vie. Il n’avait absolument pas l’intention de la laisser partir une autre fois.

Mais contre toute attente, contre la première impression qu’il eut en la regardant après lui avoir posé la question, elle accepta. Non sans hésitation, mais elle accepta, y ajoutant une petite touche d’humour. Non, il n’aimait pas particulièrement la poussière et les vieux bibelots, mais il aimait passer du temps avec elle, il aimait savoir qu’il aidait les gens autour de lui. Et si cela pouvait les aider à renouer leurs liens d’amitié – et plus si affinités – pourquoi s’en priveraient-ils? Le beau brun pris une longue gorgée de son café au lait, esquissant un fin sourire en voyant qu’elle avait un peu de chocolat sur la lèvre supérieure. Il le lui aurait bien enlevé d’un baiser, mais ce n’était pas le temps d’envisager cela. Pas tout de suite.

Alors qu’il s’apprêtait à réponse, la slave le devança et remis en doute l’accord qu’elle avait donné pour cette rencontre. Une bouchée de tarte dans la bouche, le jeune homme s’empressa de faire un non de la tête et de prendre une gorgée de café au lait pour faire passer le tout. Il s’assura que sa bouche était vite puis dit, sans être capable de totalement cacher son état légèrement paniqué :

« Oh mais je peux t’aider, tu sais… Des elfes de maison, c’est bien, mais c’est encore mieux de pouvoir discuter lorsque l’on passe la journée à faire du ménage, à déplacer des choses, à déballer des boîtes… Mais si tu ne veux pas, je peux comprendre… Je veux juste rendre ça plus facile pour toi. »

Il ponctua sa phrase d’un sourire et d’un clin d’œil, s’efforçant de ne pas fixer son amie trop longtemps, puis termina son morceau de tarte d’une dernière bouchée. Il jeta un bref coup d'oeil à l'horloge qui ornait la pièce principale du café et aperçu l'heure qu'il était. Il devrait partir bientôt... À la base, il était sorti pour aller chercher un chaudron, mais il devait faire son chemin jusqu'à son appartement, sa soeur Sally-Anne allait se pointer dans une dizaine de minutes. Ne pas insister plus que cela, ne pas sembler trop enthousiaste, ne pas l’étouffer, la laisser faire, la laisser choisir. Bon dieu que c’était difficile. Mais il allait résister, pour elle. Parce qu’elle était spéciale.

Au pire, Sally attendrait un peu. Le temps qu'il lui dise au revoir.

Elanor regretta immédiatement d’avoir remis en question la venue de Manu dans sa maison. Elle capta un léger éclair d’inquiétude qui passa dans le regard du gallois lorsqu’elle marqua son hésitation. Alors qu’elle reposait sa serviette sur la table, ses yeux ne purent quitter son vieil ami qui ne souhaitait que l’aider. C’était tellement agréable d’avoir quelqu’un qui spontanément propose son aide. Et la manière dont Manu le proposait confirmait l’amitié qu’ils entretenaient malgré la distance et le temps qui avait passé depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Ça la touchait. Profondément. Un maigre sourire s’installa sur ses lèvres et Elanor refoula cette terrible envie de pleurer qui la suivait sans relâche.

Merci… C’est vraiment très gentil.

Le clin d’œil et le sourire de Manu l’encouragèrent à poursuivre.

Mes cousines m’ont donné un coup de main durant l’été, mais on n’a largement pas terminé. Ça fait 20ans que personne n’avait mis les pieds dans cette maison… Tu imagine les dégâts.

Ça lui faisait penser qu’elle ne gardait que de très maigres souvenirs de sa vie dans cette maison avec ses parents. Sa tante ne l’avait pas réellement encouragé à retourner vivre dans la maison à ce moment de sa vie, pourtant l’étudiante ne pouvait remettre l’échéance à plus tard. Elle avait bien fait. C’était la seule chose qui lui remontait un tant soi peu le moral. Arpenter les couloirs poussiéreux en se remémorant le visage de sa mère n’avait aucun prix et effaçait partiellement la douleur des mois passés. Emma et Joan avait apporté une part de gaité alors qu’elles avaient commencé à enlever la poussière des pièces du rez-de-chaussée. Mais jusqu’aux prochaines vacances, celles de Noël, Elanor n’était pas sûr d’être capable de poursuivre seule avec Darina et Dobromila. Les deux elfes de maison aussi gentilles soient-elles ne remplaçaient pas la compagnie des êtres humains.

C’est vrai que ça manque d’avoir une vraie conversation avec quelqu’un. Surtout que Dobromila devient sénile et que Darina passe son temps à surveiller ce qu’elle fait… Mais je ne veux pas que tu te sentes obligé de faire quoi que ce soit pour moi.

Le visage d’Elanor s’était assombri alors qu’elle disait ça. Elle n’en pouvait plus des regards en coin et inquiets que lui lançaient les membres de sa famille qui lui restait. Elle ne pouvait plus les voir, ni lire toute cette pitié sur leur visage. La seule qui la comprenait vraiment c’était sa tante, mais elle-même soignait ses plaies en silence. Chacun ses chagrins.

Sa tasse était à nouveau vide. L’étudiante se sentait rassasiée et bien mieux que lorsqu’elle s’était retrouvé trempée de la tête au pied après avoir heurté Manu dans la rue. Elanor capta le regard que son ami lança à l’horloge du café et l’imita, tournant son visage sur le coté.

Tu dois bientôt partir j'imagine. Je ne veux pas te mettre en retard...

Ça tombait sous le sens. Leur rencontre avait été fortuite et non-programmée, c’était évident que Manu ne devait pas se trouver sur le Chemin de Traverse par pur hasard, surtout par un temps pareil. Elle devait probablement être la seule sur cette terre à ne rien avoir à faire de ses journées alors que la rentrée avait déjà eu lieu.

Le Gallois se mordit nerveusement la lèvre inférieure lorsqu’Elanor remarqua qu’il avait regardé l’horloge. Il avait voulu être subtil, mais visiblement, cela avait échoué. Il remarqua aussitôt la moue triste et déçue de son amie, s’en voulant de la laisser alors qu’ils venaient à peine de reprendre contact. Mais il était trop tard pour annuler ses plans avec sa sœur, et de toute façon, cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vue non plus, elle lui manquait. En guise d’excuse, le beau brun adressa un sourire désolé à son interlocutrice et vint recouvrir l’une de ses mains de la sienne, son pouce la caressant tendrement et lentement, dans un geste qui exprimait malgré lui un intérêt plus que simplement amical. C’était si dur à dissimuler… Mais Emmanuel savait qu’il allait devoir s’en tenir à ce genre de marques d’affection pour un temps. Elle méritait qu’il mette ses bas instincts en sourdine, qu’il se contente de passer de beaux moments avec elle sans que cela en vienne à quelque chose de physique. Et si au final, ils ne seraient qu’amis, eh bien c’était mieux que rien. Il ne pouvait toutefois promettre à la slave qu’il n’essayerait pas de la charmer. Il avait toujours été attiré vers elle, ce n’était pas près de changer. Il avait toujours eu un faible au genou lorsqu’elle le regardait d’en bas, ses grands yeux bleus fixés dans les siens, son vague sourire taquin et joueur pendu à ses lèvres naturellement rosées.

« Ouais, bah… J’attends la visite de Sally-Anne chez moi dans une quinzaine de minutes, on doit discuter un peu d’école, de famille, tout ça. Devoir de grand-frère oblige, tu comprendras j’espère. Mais j’ai amplement le temps de te dire au revoir en bonne et dûe forme. », dit-il sur un ton qui ne se voulait pas charmeur mais qui l’était.

L’étudiant se leva de son siège, déposant sur la table la quantité nécessaire d’argent pour payer pour eux deux et pour du pourboire puis vint se placer derrière son amie, tirant doucement sa chaise pour l’inviter à se lever. Une fois cela fait, il se mit en marche vers la sortie de l’établissement, remarquant qu’il avait finalement cessé de pleuvoir. Le temps était toujours gris, mais au moins les jeunes gens ne risquaient plus de se faire tremper. Le Gallois passa d’abord, tenant la porte ouverte pour la belle brune, et lui adressa un doux sourire alors qu’il s’approchait un peu d’elle, ne sachant pas exactement comment gérer la situation. Il lui adressa un air un peu timide, riant un peu nerveusement, puis céda finalement à son envie; Manu s’approcha encore davantage d’elle et glissa ses deux bras autour de sa taille, l’attirant contre lui pour la serrer tendrement. C’était un câlin, rien de plus, mais la façon que les mains du Gallois venaient s’étendre contre le corps de la slave, que son nez cherchait à se nicher au creux de son cou, c’était plus que cela. C’était une promesse et une demande à la fois. Je t’en prie, ne m’oublie pas. Je vais toujours être là pour toi, mais ouvre les yeux.

Le brun conclut l’accolade en déposant un baiser sur la joue de son amie, en profitant pour doucement inhaler son odeur légèrement sucrée, puis vint murmurer à son oreille :

« On s’écrit, d’accord…? Pas question que tu me files entre les doigts une autre fois. »

Il se redressa lentement, déposant un autre baiser cette fois sur son front, au passage, puis vint prendre un instant sa main dans la sienne, hésitant un dernier instant avant de partir. Il n’avait pas vraiment envie de rentrer chez lui. Si cela n’avait été que de lui, il aurait passé le reste de l’après-midi à discuter avec Ela, mais il ne pouvait pas se le permettre, fort malheureusement. Emmanuel poussa un petit soupir et, finalement, hocha la tête en guise de signal et dit, en resserrant doucement l’étreinte de ses doigts contre ceux de la brune :

« À la prochaine, darling. »

Puis, sans se torturer plus longtemps, le Gallois tourna le dos à son amie et, au bout de quelques pas, transplana jusqu’à chez lui. Elle lui manquait déjà…

[HJ: Fini pour moi I love you

]

Sally-Anne, Elanor avait eu l’occasion de la croiser une ou deux fois. Les deux filles n’avaient jamais été présentées l’une à l’autre, mais elle se souvenait très bien de la jeune demoiselle et de sa petite sœur Ethel. Elle s’en souvenait car elle avait toujours trouvé leur lien familial des plus affectifs. Elanor n’ayant pas eu de frères ou de sœurs n’avait jamais vécu ça. Bien qu’elle soit terriblement proche de ses cousines, mais ce n’était pas pareil.

Le contact avec la main de Manu lui faisait chaud au cœur. Elle se sentait moins seul, elle avait moins froid aussi, mais ça c’était surtout dû aux deux chocolats chauds et à son énorme pull qu’elle n’avait pas quitté.

Le temps qu’elle réalise que Manu était en train de payer pour elle, il avait déjà vidé ses poches sur la table avec la petite monnaie. La jeune femme tenta de protester mais se ravisa assez rapidement. Il parait que c’était mal de refuser à un jeune homme qu’il vous invite et paye pour vous. Quoi que ce fût quand même suffisamment gênant pour qu’Elanor émette une légère moue, tordant sa bouche, les joues légèrement rougies. Manu ne pu percevoir sa mine car en bon gentleman qu’il était, il venait de se positionner derrière sa chaise et attendait qu’elle se lève. Ce qu’elle fit sans demander son reste. La demoiselle récupéra son manteau et son écharpe qui étaient sec et même carrément réchauffé. C’était beau la magie. Elle enfila le tout alors que son ami se dirigeait déjà vers la sortie, ouvrant la porte.

Emmêlée dans son écharpe, Elanor ne remarqua pas tout de suite le regard que lui lança Manu. Ce n’est que lorsqu’il s’approcha d’elle qu’elle se raidit légèrement. Ouh la la ! Deux minutes jeune homme, on ne va pas trop vite là ! C’était mauvais signe, Elanor n’avait aucune idée de la manière dont elle pourrait gérer la situation si elle dérapait. Elle n’était absolument pas prête à se lancer dans une nouvelle relation, pourtant elle se sentait incapable de refuser quoi que ce soit à Emmanuel Perks, son sauveur du jour.

Mais non, il ne l’embrassa pas. Il la serra simplement et tendrement dans ses bras. La jeune slave se détendit et profita de l’étreinte de son ami qui avait niché son nez dans son cou, ce qui la chatouillait légèrement. C’était agréable de sentir de la chaleur humaine après tant de temps passé enfermée toute seule à fuir les êtres humains. Ça se stoppa pourtant très rapidement, c’était surement mieux.

Le baiser que lui déposa Manu sur la joue termina de la rigidifier sur le trottoir. A nouveau, c’était simple, tendre, mais ça la laissait sans voix. Non, non elle ne se défilerait pas et oui, oui elle lui écrirait. Bien qu’elle fut incapable de faire autre chose que de lui sourire simplement et très bêtement d’un air béat.

Puis vint le deuxième baiser, sur le front cette fois-ci et elle sentit sa main serrée contre la sienne. Pourtant elle n’arrivait toujours pas à bouger ni à dire quoi que ce soit. Pétrifiée sur le trottoir.

La porte du café s’ouvrit une nouvelle fois, la sortant de sa rêverie. Manu avait déjà disparu à l’horizon mais Elanor ne pu s’empêcher d’ouvrir la bouche, enfin.

Au revoir Manu…

Puis elle partit de son coté, prenant la direction du Chaudron Baveur où elle pourrait prendre la poudre de cheminette pour rentrer jusque chez elle. Le temps gris du ciel lui rendit sa moue triste et désespérée. Ses pieds trainèrent sur le trottoir et son esprit se perdit dans les méandres de son cerveau.

[Fini pour moi aussi... Yeux

]