Mardi, seize heures. Heure du cours de Potions. Une légère fumée bleuâtre flottait dans l'atmosphère de la salle, s'échappant d'un chaudron dont le contenu frémissait à proximité du bureau du professeur. Ce dernier se tenait dans le fond de la classe, appuyé contre le mur, l'air las, une cigarette au bec. Etrangement, la fumée dégagée par la clope refusait de se mêler à celle qui embrumait déjà les lieux. Une spécificité de la potion. Et cette potion, les élèves en avaient peut-être entendu parler, mais ils ne l'avaient certainement jamais préparée. C'est ce qu'ils allaient devoir faire aujourd'hui. Au tableau, on pouvait voir :

Citation :

Une base : le soin

Oui, les potions de soin étaient l'une des bases de cette matière. Car les premières concoctions avaient été créées dans cet objectif : guérir. Qu'elles soient à ingérer ou à appliquer sur les blessures. Certes, commencer ainsi pouvait empiéter sur le territoire du professeur des Soins magiques, mais Teobald avait une vision plus générale. Un futur Auror devait être capable de se soigner, tout comme un médicomage pouvait soigner les autres.

La potion du jour était simple à préparer. La difficulté résidait dans sa... nouveauté. Peut-être certains l'auraient-ils déjà utilisée, puisqu'après tout, son usage était assez courant, mais personne ne pouvait déjà avoir envisagé de la préparer. Surtout que les effets pouvaient varier selon le mode de préparation ou les ingrédients. Tout dépendait de l'usage que l'on voulait donner à la potion.

Lorsque la grande aiguille de la pendule accrochée au-dessus du tableau s'arrêta sur 12, Teobald alluma une nouvelle cigarette, avec le mégot de la précédente. Puis il alla s'asseoir... au dernier rang. Et mit les pieds sur la table. Oui, il était comme ça. Que feraient les étudiants en le voyant ? Penseraient-ils qu'il s'agissait de l'un des leurs, particulièrement sans gêne ? Reconnaitraient-ils leur enseignant ? Imaginant les différentes réactions, Teobald sourit. Et retrouva sa neutralité d'expression lorsque le premier élève entra.

Un peu anxieuse, Bonaventure s'arrêta devant la salle des potions. C'était une matière dans laquelle elle n'avait jamais brillé, et qu'elle avait abandonné après avoir obtenu un P au B.U.S.E.; anxieuse mais résolue à tout faire pour combler ses lacunes, et ainsi réussir son année, elle entra d'un pas décidé dans la salle qu'elle croyait vide, en sursauta en apercevant un homme -qu'elle prit pour un étudiant-, un brun à l'air détendu et absent nonchalament installé, les pieds sur l'une des tables du dernier rang.
"Eh bien, au moins, certains sont calmes", se dit-elle.
Elle ne s'attarda pas plus longtemps sur lui, marmonna un bonjour effacé, et déplaça son attention sur le chaudron près du bureau du professeur. Elle s'en approcha lentement, comme s'il pouvait être dans les intentions de l'objet de lui sauter au visage. Après avoir -sans succès, bien évidemment- essayé de trouver de quelle potion il était question en examinant le contenu du chaudron et en reniflant la fumée bleuâtre et à l'odeur peu agréable qui s'en échappait, elle s'installa à une table au troisième rang. Elle jeta un rapide coup d'oeil à l'homme du fond, toujours impassible. Une fois ses affaires sorties, elle leva les yeux sur le tableau. Quelques simples mots y étaient inscrits:
"Une base: le soin".
Tiens? Bonaventure fut agréablement surprise de commencer par un aspect des potions qui n'avait jusqu'ici que peu fait partie de son enseignement. Cet aspect la rassurait. En attendant son professeur et le reste des élèves, elle commença à feuilleter un livre de cours.

- Putain mais c'est pas vrai !

Elena venait de récolter une magnifique tâche de café sur son t-shirt. Un café soluble dégueulasse qu'elle s'était tout de même préparé avec amour, en deux-deux, entre deux cours, n'ayant pas le temps de passer par la case cafèt' étant donné qu'elle venait déjà de perdre cinq minutes à chercher son bouquin de potions avancées. Ne trouvant rien qui convienne, la jeune fille se changea donc, et enfila une tunique assez longue, ou plutôt une robe courte, puis des chaussures, un regard dans le miroir pour vérifier son maquillage, et c'était parti ! Elle traversa les couloirs d'un pas ferme, une main plongée dans son sac, dont elle sortit, aussitôt qu'elle franchit les portes du bâtiment, son paquet de clopes. Elle en sortit une, la porta à sa bouche et l'alluma, relevant aussitôt la tête, aspirant à la fois les toxines qui bousillaient ses jeunes poumons et l'air frais du matin dans un mélange vivifiant et fatal, éphémère plaisir du paradoxe, se dissipant comme la fumée dans la brise. Finalement elle ne serait pas en retard. Tant mieux. De toute façon, elle ne comptait pas attendre une heure... l'excitation de la rentrée s'étant envolée, elle avait laissé place à la routine habituelle.

En rentrant dans le bâtiment, elle jeta un bref coup d'oeil à l'horloge. Bon, ce serait short, mais elle serait à l'heure. Elle accéléra le pas, sans non plus se mettre à courir - entre nous, trente secondes de retard, c'est pas la fin du monde - et finit par arriver devant la salle à temps.

*Et là t'as cher la mort ma grande* pensa-t-elle en voyant un mec assis au dernier rang, taffer sur sa clope.

Tant pis, d'abord, il risquait pas mal si jamais le prof débarquait, ce qui n'allait probablement pas tarder, et puis ce n'était pas comme si elle était frustrée, elle l'avait eu sa clope. La miss alla prendre place du côté des premiers rangs. Les potions, elle aimait bien. Et comme de toute évidence, le premier cours porterait sur le soin, ça allait être intéressant. Une fois assise et ses affaires sorties, elle posa dos au mur, en attendant que le prof arrive. Pourquoi se presser ?

Premier cours à l'UMA. Premier cours du secondaire. Kael n'appréhendait pas vraiment, mais il ne pouvait pas affirmer qu'il abordait sereinement sa vie d'étudiant, en cours, s'entendait. Concernant la vie estudiantine d'une manière plus générale, il était plus confiant. Mais là, le niveau serait certainement autrement plus élevé qu'à Poudlard. Il espérait donc que le professeur -d'ailleurs, il ne connaissait même pas son nom, ni même son sexe- ne serait pas trop dur pour une première fois. Le Celte allait se présenter à la Présidence du BDE. Il allait s'installer sur le campus, pour être au plus proche de ladite vie estudiantine, et donc quitter l'appartement familial. De toute manière, il avait l'habitude de passer l'année scolaire loin de chez lui... Certes, sa mère avait été un peu réticente de le voir à nouveau s'éloigner, mais elle ne pouvait le couver éternellement, non ?

Kael, son sac sur l'épaule, se rendit au premier étage. Il trouva la salle de potions à la fumée bleuâtre flottant devant. Tiens, ça travaillait déjà ? Il était si en retard que ça ? Tout en regardant sa montre et constatant qu'il était seize heures, l'ancien Poufsouffle passa la tête à l'intérieur. Quelques étudiants, dont un, dans le fond... qui fumait. A ben, en voilà un qui ne manquait pas de toupet ! Il entra donc, puisqu'apparemment l'enseignant n'était toujours pas arrivé. Parfait !

"Salut !" lança-t-il à l'attention des quelques présents.

Puis il s'installa au premier rang. Pas pour faire son fayot, mais c'était le plus proche en entrant, pas besoin de trop marcher. Le Celte vit ensuite d'où venait la fumée. D'un chaudron près du bureau. Ah, le prof avait donc laissé une potion là ? Se retournant, il chercha du regard, au cas où il serait présent et qu'il ne l'aurait pas remarqué. Haussant finalement les épaules, il regarda à nouveau le chaudron. Qu'est-ce que ça pouvait donc être ? Allaient-ils devoir préparer la même chose ?

Et finalement, il se rendit compte qu'il avait hâte de commencer. Il avait mis du temps à devenir bon en potions, et Slughorn n'était pas étranger à l'augmentation de son niveau... Passer de Rogue à Slug avait certainement été un déclic. Et il espérait que le nouvel enseignant serait dans la même lignée que ce dernier. S'il était comme l'ancien directeur de Poudlard, ça risquait d'être bien plus compliqué...

Le premier avantage que tirait le professeur en se faisant ainsi passer pour un étudiant -en fait, il se rendait surtout compte que c'était l'image qu'il donnait, sans qu'il ne fasse vraiment quoi que ce soit- était qu'il pouvait observer les jeunes gens à leur entrée. Comment réagissaient-ils ? Avaient-il un rituel, une attitude particulière en s'installant ? Une place privilégiée ? Etaient-ils plutôt ouverts, extravertis, ou au contraire plus timides ? Se concentraient-ils déjà, en attendant le début du cours, sur leur travail, ou au contraire préféraient-ils décompresser ? Un léger sourire passa sur les lèvres de Teobald à l'entrée de la première étudiante. Ayant étudié les dossiers scolaires, il put mettre un nom sur ce visage. Bonaventure Reid. Et un niveau... Piètre aux B.U.S.E. Donc, pas de Potions aux A.S.P.I.C. Il allait falloir y remédier...

Miss Reid marmonna un bonjour, avant de s'approcher du chaudron. Aucune chance qu'elle puisse savoir ce que c'était. A moins qu'elle n'en ait déjà utilisé... Et puis, même si elle s'en était déjà servie, ou si on lui en avait déjà donnée, la potion de soin n'avait plus les mêmes caractéristiques dans une fiole que dans un chaudron... Après avoir certainement failli à la reconnaissance, la jeune femme s'installa au troisième rang. Et sortit un livre. Ah, elle était désireuse, donc, de se mettre à niveau. Un bon point pour elle...

L'étudiant suivant fut encore une étudiante. Tanja Skiverd. Ah ! Celle-ci venait de Durmstrang. Intéressant. La confrontation aux méthodes britanniques, et surtout de ce professeur-là, promettait d'être sympathique. Car le changement serait certainement assez radical. L'avantage pour elle, c'était son excellent niveau en Potions. Teobald la fixa, guettant sa réaction. Et il lui sembla que la jeune femme venait de reconnaître la mixture qui frémissait. Et puis, elle choisit de s'approcher de lui. En lui demandant s'il connaissait le professeur ! Gardant son sérieux, ce dernier répondit :

"Je peux te décrire l'ancien... Mais le nouveau, aucune idée."

Un ancien Serpentard qui fume et qui aime bien faire des blagues ? Le nouvel entrant vola presque à son secours. Gregory Malone, l'adepte de Felix, rencontré à la réception du Ministère. Teo ne douta pas une seule seconde que Greg ne le trahirait pas. Au contraire. Sur ça, ils étaient faits pour s'entendre ! Côté notes, Effort Exceptionnel, puis Optimal. Un autre excellent élève. Le niveau serait là !

"Salut, Greg ! Pas mal, et toi ?"

Si l'étudiant lui envoya une tape sur l'épaule, le professeur était un peu trop bas pour lui rendre la pareille. Aussi, ce fut sur la fesse, qu'il envoya sa tape . Malone donna ensuite une description de la nouvelle prof. Bien joué.

"Ah, dommage alors... J'ai été ravi de vous connaître, tous." fit-il, faussement abattu.

Une autre jeune fille entra. Elena Pinkstone. Teobald connaissait un peu le travail de sa mère. Il espérait à la fois qu'elle serait aussi studieuse, et en même temps, qu'elle ne marcherait pas sur ses traces. A surveiller, donc. Elle avait obtenu EE à ses examens à Poudlard. Bonne aussi, donc. Ce fut à l'arrivée d'un second mec, assez enthousiaste, que Teobald décida de commencer. A sa manière. Kaelir Gammach, E puis O. La petite Reid n'avait qu'à bien se tenir, ainsi entourée.

Britannia se leva soudain et se dirigea vers le bureau du professeur, tout en terminant sa cigarette. Arrivé devant le chaudron, il se tourna vers les étudiants, afficha un petit sourire pervers, et suspendit son mégot au-dessus de la potion. Et puis... Il le lâcha. Certains s'y étaient peut-être attendus, mais c'était quand même peu probable. Le mégot ne tomba pas dans le chaudron, au contraire, il suivit une trajectoire étrange et atterrit au sol.

"Hey, cool !" s'exclama-t-il, mimant la surprise.

Puis il demanda aux autres :

"Vous avez vu ? C'est dingue ! C'est quoi à votre avis, cette potion ?"

Oui, en attendant la petit professeur autoritaire et empoisonneuse, il pouvait bien s'amuser un peu, non ?

[HJ :Mdrrr J'adore Vous m'excuserez mais AC est bien trop renseignée sur ses professeurs pour ne pas savoir qui est le professeur dans cette salle... mon intervention est assez courte je m'en excuse]

Les potions, elle ne les avait pas pris en cours optionnel. ça ne l'intéressait que moyennement et en général elle préférait se débrouiller toute seule avec les moyens du bord. ça ne marchait en général par trop mal et puisqu'elle avait la chance d'être à l'Université, il lui serait possible d'aller voir le dit professeur : Teobald Britannia, entre deux cours si elle avait des doutes. Même sans suivre le dit cours du professeur, il n'était pas interdit de s'intéresser à la matière qu'elle ne suivait pas.

Néanmoins ce matin elle avait eu vent de la thématique du premier cours de ce cher professeur (ne me demandez pas comment, c'est confidentiel). Sans demander son reste, la nouvelle étudiante avait pris la décision d'aller le suivre. Les potions de soins étaient ce qu'il y avait de plus important lorsqu'on était joueur de Quidditch et la jeune femme ne voulait pas rater une seule occasion de prendre des notes sur le sujet. Ramenant son balai au Campus, elle n'arriva pas tout à fait à l'heure exacte, mais essuya un léger retard d'une minute et 56 secondes. Presque deux. Au pas de course, elle arriva devant la porte ouverte juste après Elena et Kaelir qui pénétrèrent dans la salle tout comme elle.

Un certain nombre d'étudiants étaient déjà arrivés, notamment ce crétin de Gregory. D'ailleurs, les salutations de celui-ci ne lui échappèrent pas et elle en resta sans voix sur le seuil. Comment? Il tutoyait leur professeur et cela ne semblait pas poser de problème à ce dernier. Mais pire que tout, elle assista d'un oeil suspect à l'intervention de ce cher "Teobald".

Charlie n'avait pas décollé du seuil de la porte lorsque le professeur Britannia c'était avancé jusqu'à son bureau pour y jouer un mauvais tour à ses étudiants. La jeune femme croisa les bras et observa le manège du professeur qui trouvait amusant de se faire passer pour un étudiant. Soit si ça lui faisait plaisir. Le mégot fit un coude avant de tomber sur le sol, évitant la mixture. Intéressant. Se déridant, Charlie fit quelques pas en avant pour se rapprocher à son tour du chaudron et inspecter son contenu.

Un sourire traversa son visage lorsqu'elle s'avança pour renifler l'odeur et observer la couleur de la potion. Mine de rien, leur jeune professeur demanda si quelqu'un avait une idée du contenu. Attrapant le souaffle au vol, elle lui lança, un sourire éloquent sur les lèvres :

° Voyons "Teobald" il s'agit-là d'une potion de soins c'est évident. Si elle avait réussi à l'appeler par son prénom pour faire mine de ne pas l'avoir reconnu, Charlie ne réussit pourtant pas à le tutoyer comme ces ignares et innocents camarades. Vous savez qu'il est interdit de fumer depuis environ 3ans dans les salles de classe ?

Et oui. Le règlement et elle ça ne faisait qu'un, tout comme le nom de ses professeurs et même de ceux avec qui elle n'avait pas de cours.

La salle de potions commençait à s'agiter. Six nouveaux étudiants avaient fait leur apparition depuis l'arrivée de Bonaventure dans la salle de classe. Certains se connaissaient, d'autres non, mais l'attention était surtout focalisée sur le fameux professeur, qui n'était toujours pas arrivé. Une "vieille femme petite et autoritaire", selon l'un des étudiants. Cela dit, son petit sourire en coin permettait de douter de son affirmation.

Par moments, les regards se tournaient vers le chaudron, d'où s'échappait toujours l'épaisse fumée bleue. Certains avaient eu l'air d'identifier la potion sans difficulté.

Mais Bonaventure fut tirée de ses rêveries par le-brun-à-la-cigarette, qui devait s'apeller Teobald (c'est du moins ainsi que l'un des étudiants l'avait apellé), en train de s'approcher du chaudron. Teobald... Ce prénom lui rapellait quelque chose, où l'avait-elle entendu? Elle se souvint, enfin, d'avoir vu écrit quelque part le nom de son professeur de potion: Teobald Britannia. Cela la fit sourire. Le grand brun n'était donc pas un étudiant sans gêne mais un professeur qui avait choisi de jouer un tour à ses élèves. Bien. Voyons jusqu'où il irait.

Arrêté devant le chaudron, il y lacha son mégot, qui cependant n'y tomba pas. Il prit l'air étonné et demanda si quelqu'un savait quelle était cette potion. Tout sourire, une étudiante, qui semblait avoir reconnue son professeur, lui répondit:
"Voyons Teobald, il s'agit-là d'une potion de soins c'est évident. Vous savez qu'il est interdit de fumer depuis environ 3 ans dans les salles de classe? "
Amusée du retournement de situation, Bonaventure rencherit:
"Oh, je suis presque sûre qu'il est courant. Après tout, il est bien placé pour connaitre le rêglement."

Qu'allait faire leur atypique professeur de potions? Allait-il continuer à jouer la comédie ou laisser tomber les masques? Quoi qu'il en soit, le cours promettait d'être intéressant.

Toute sa belle mise en scène démise. Un château de carte écroulé. Par celle qui allait certainement se faire remarquer cette année. Anne-Charlotte Doeringer. Cette dernière s'était approchée, répondit à la question, avant de lui faire une remarque sur le fait qu'on n'avait pas le droit de fumer... depuis 3 ans ? Ca, c'était un point qui avait totalement échappé à Teobald. D'ailleurs, il devait y avoir une bonne raison à cela. Comme le fait que ce point n'existait pas. Une autre étudiante, Bonaventure Reid, vint ajouter son grain de sel, que le professeur balaya mentalement. AC l'avait vouvoyé, n'importe quel gugusse dans la pièce allait donc en faire la déduction.

"Je vois que nous avons affaire à une petite maligne !" s'exclama Britannia, en se redressant.

Il regarda la jeune femme quelques secondes. A ce moment, un retardataire arriva, s'excusant, avant d'aller s'asseoir. Jonathan Finch. Teo l'avait vu, mais il ne fit rien pour montrer qu'il l'avait en effet remarqué.

"Une potion de soins, hein ? La déduction doit être un de vos points forts, mademoiselle Doeringer."

Du pouce, il désigna le tableau. Puis il se déplaça, pour s'asseoir sur son bureau.

"Bon, tu peux aller à ta place." fit-il, passant soudain au tutoiement.

Qui lui ressemblait beaucoup plus. Lorsqu'il utilisait le vouvoiement avec les jeunes, c'était pour la forme, ou par ironie. Plutôt par ironie, en fait. Lorsque tout le monde se fut installé, après un court silence, il s'adressa directement à Tanja, concernant la question qu'elle avait posée. Oui, il l'avait entendue, la question. Ne me demandez pas pourquoi, il est professeur, et il est bizarre.

"L'actuel professeur de Poudlard est 'cool', comme vous dites, si on peut employer ce mot pour un centenaire. Son prédécesseur avait bien moins de succès, surtout auprès du shampooing."

Après cette petite blague, Teobald passa aux choses sérieuses.

"Bref ! Vous avez peut-être reconnu la potion, ici. On va en parler tout de suite, ou même mieux, on va la préparer ! Mais avant, petite révision, histoire que vous ayez des points..."

Le prof, souplement, se mit debout sur son bureau. Usant de sa baguette magique, il attira son fauteuil et s'y installa, trônant ainsi au-dessus des étudiants. Cette position royale lui plaisait bien. D'ailleurs, avant de parler, il s'enfonça dans le siège, profitant de son confort. Quel bonheur ! Et il se redressa, soudain, revenant à ses moutons.

"Citez-moi des potions, des plantes, ou tout autre ingrédient aux vertus curatives. Tâchez d'en laisser un peu à vos camarades, ça serait dommage de leur couper l'herbe sous le pied."

Affichant un grand sourire, les yeux grands ouverts, il fit se balancer ses pieds. Les questions, il fallait en passer par là, avant la pratique. Autant que les étudiants soient sûrs de gagner des points avant de disparaître dans les fumées et se perdre dans les consignes... Mouahaha.

L'étudiant qui fumait, après l'arrivée d'autres gens, se leva, pour aller vers le chaudron. Kael ne le connaissait pas... Teobald... C'est bizarre, mais il n'avait pas l'air d'être un étudiant, en fait. Le Celte ne l'avait pas croisé, ni dans les couloirs, ni au BDE... D'ailleurs, en parlant de BDE, il gardait un petit truc en tête. Le gage. Sa première rencontre avec Charlie s'était conclue par un échange particulier... En effet, les deux candidats à la présidence du bureau s'étaient mis d'accord : elle serait présidente, et lui vice-président. Et il serait en charge des gages. L'occasion de trouver immédiatement quelque chose l'un pour l'autre. Il avait hésité sur le moment pour faire le sien, et puis, finalement, plutôt que le faire en arrivant en cours... Pourquoi ne pas le faire carrément... en cours ? Souriant à cette idée, il suivit la trajectoire du mégot, qui manqua le chaudron. Tiens, drôle de potion. Le fumeur s'étonna et demanda quel était ce fameux breuvage. Avant que Charlie ne vienne détruire son plan. Le sourire de l'ancien Poufsouffle s'élargit.

Démasqué, le professeur sembla légèrement contrarié, mais ne le montra pas, ou du moins pas plus que ça. Alors qu'AC allait s'asseoir, Kael lui fit signe, et désigna l'enseignant. Le gage, ça serait lui ! Ce cours promettait d'être très intéressant, et pas seulement sur le plan de l'enseignement. Puis il suivit le numéro de Britannia, qui s'installa dans son fauteuil, sur son bureau. Original... Donc, comme il l'avait senti, ils allaient devoir préparer la fameuse potion à la fumée bleue. Mais avant, petite question... Après avoir jeté un regard aux autres, le Celte leva la main, avant de prendre la parole :

"Le bézoard, une pierre qu'on trouve dans l'estomac des chèvres, est un antidote à de nombreux poisons... On nous a appris que c'était contre tous les poisons, je demande à voir..."

Tout en parlant, il avait regardé Charlie, de temps en temps, déboutonnant son jean. Lorsque le regard du professeur le quitta, Kael se leva légèrement, de façon à faire glisser son pantalon, qui atterrit à ses chevilles. Pendant ce temps, le cours continuait. Alors que d'autres apportaient des réponses, il termina d'enlever totalement le vêtement. Et il resta là, assis, seulement vêtu de sa chemise blanche, et de son boxer blanc également... Le gage serait totalement réussi quand il se montrerait. Là, il était prêt. Au moment se lever, il y aurait certainement plus d'effet.

*Heureusement qu'il fait pas froid, hein...* pensa-t-il, amusé par sa tenue.

Comment les autres allaient-ils réagir ? Et surtout, qu'allait dire, ou faire le professeur ? Surprise !

"L'actuel professeur de Poudlard est 'cool', comme vous dites, si on peut employer ce mot pour un centenaire. Son prédécesseur avait bien moins de succès, surtout auprès du shampooing."

Tanja ne releva pas le fait que l’enseignant l’ait entendu mais eut un petit sourire. Oui, il avait définitivement l’air cool…
Tanja se retourna vers son voisin.

-Et toi, tu étais dans quelle école ?
Au fait, je m'appelle Jonathan Finch. Je suis en première année d'Elite Magique.

Elle répondit à sa question pendant que le professeur Britannia demandait à la classe de lui citer certaines potions et plantes aux propriétés curatives.

« Je m’appelle Tanja Skiverd, je n’étais pas à Poudlard je viens de Norvège en fait. J’arrive pas à croire que tu n’aimes pas les potions, j’espère que tu changeras d’avis, la préparation des potions est vraiment quelque chose de passionnant, enfin je ne suis pas très objective c’est ma matière préférée. »

Tanja tourna ensuite la tête vers le professeur. Elle n’avait pas répondu à sa question concernant la potion contenue dans le chaudron près du bureau, mais elle avait la ferme intention de gagner des points en répondant à cette nouvelle question. Gagner des points était un concept totalement nouveau pour elle, mais dès qu’on lui en avait expliqué la teneur elle avait adoré l’idée. Cela permettait d’avoir un véritable esprit d’équipe et poussait les étudiants à progresser.
Teobald Britannia ne ressemblant en rien à ses professeurs de potions du passé, Tanja n’avait pas peur de participer, elle savait que si jamais elle donnait une mauvaise réponse, et bien…il n’essaierait pas de l’empoisonner, enfin pas la première fois en tout cas…
C’est pour cela qu’elle leva haut la main et proposa une réponse :

« La potion de régénération sanguine est une potion curative souvent utilisée en cas d’empoisonnement. De nombreuses plantes sont utilisées dans les potions pour leurs propriétés curatives comme l’ellébore qui a des vertus apaisantes ou bien la mandragore utilisées dans des potions de soins très puissantes. Mais, il ne faut pas oublier des plantes aux propriétés moins importantes mais d’usage plus courant comme les orties utilisées pour soigner les éruptions cutanées ou la fleur calendula pour les inflammations. »

Ce n’est qu’après avoir donné sa réponse que quelque chose attira son attention, non, impossible elle devait être en train d’halluciner. La potion qui fumait contenait-elle une quelconque substance hallucinogène ? Non elle connaissait la composition de cette potion et ce n’était pas ça.
« Et bien Tanja il faut se rendre à l’évidence, tu n’es ni droguée ni folle ce mec est VRAIMENT en train d’enlever son pantalon ! »
Il laissa voir un boxer blanc dessous (heureusement pour lui il n’était pas transparent…). Tanja ne put s’empêcher de penser "pas mal ».
Ah les filles de nos jours, toutes des dévergondées…

Terri décroisa ses jambes. Cours de potions avancé. Elle leva les yeux vers le feuillage touffu du grand arbre et tira une nouvelle bouffée de cigarette. Dans sa main droite, l'objet fumant se consumait lentement, répandant dans les airs l'odeur âcre du tabac. C'était une mauvaise habitude depuis sa sixième année à Poudlard. Elle était devenue fumeuse régulière à partir de la septième année. Au début, elle tirait dans la poche de son uniforme le paquet cartonné uniquement avant des examens ou des épreuves pratiques un peu retorses. Petit à petit, la clope avait commencé à rythmer ses journées, et c'était désormais plus par habitude que par véritable envie, comme une gourmandise qu'on sucre occasionnellement, qu'elle sortait dans le parc. Les étudiants clopaient là mollement, à petites bouffées rapides, accrochés comme jamais à leur dose journalière de nicotine avant que ne débute le prochain cours. Poudlard lui manquait. Quelques jours plus tôt, elle aurait probablement refusé de l'admettre mais aujourd'hui, la nostalgie revenait, amère et salée. Elle était sans repères à l'UMA. Terri avait été de ces filles qui avait toujours su ce qu'elle voulait, et qui généralement l'obtenait. Elle s'était pendant sept ans accrochée à des repères, qu'il s'agisse de cours, d'amies plus ou moins proches, d'un petit ami potentiel qui l'avait cadré. Son cursus, sans atteindre des sommets, lui avait donné l'accès à, plus tard, le métier qu'elle désirait. Mais maintenant qu'on l'arrachait à toutes ces bases si saines et si solides qu'elle avait durement construites, elle évoluait dans un univers inconnu qui parfois l'effrayait. Elle savait s'adapter, pourtant. Elle répondait aux situations inédites ou incongrues avec une facilité parfois déconcertante. Ici, c'était différent. Il y avait l'excitation d'un nouveau jeu bien sûr. La surprise, les visages inconnus, les approches voilées, tentées dans un murmure de pudeur qu'à Poudlard, elle n'aurait certainement plus eu. On connaissait toutes les têtes au moins de vue, et le respect, sorte d'auto-censure, n'était plus de mise.

Elle tira une nouvelle bouffée et dessina de lents ronds de fumée dans les airs. Elle n'avait pas eu cours de l'après midi. La botanique ne lui ayant jamais réussi, elle avait abandonné cette matière optionnelle dès qu'elle l'avait pu à son arrivée à l'UMA. Les plantes, fleurs et arbustes magiques, ou non, demandaient une patience qu'elle était bien incapable de fournir, et une délicatesse plus qu'une vraie rigueur ou précision. Les potions, c'était autre chose. Elle savait s'imposer des règles militaires, bien que la fantaisie naturelle et l'envie de tester s'y opposent parfois comme entrave. Peut être que c'était ce qu'elle attendait du tout petit mot "avancé" qui complétait cette année le titre de la matière : de l'innovation. Suivre des recettes machinalement était à la portée de beaucoup, comme être capable de réciter mécaniquement des noms d'ingrédients et des définitions strictes, non malléables. Il lui semblait bien plus profitable de se détacher des tracés conventionnels et mettre fin à cette règle absurde du "suivons gentiment les explications de votre livre, les enfants". Arrivée à l'âge adulte, elle espérait plus que du par coeur. De l'invention, de la fantaisie, oui. Qu'on leur apprenne des bases solides, certes, mais pas figées sur du papier, que l'on aurait pu réadapter. La vie n'était jamais linéaire, plate. Elle était couverte de remous, de sentiers plus escarpés que les autres que l'on prenait parfois par erreur. La magie devait être comme ça : adaptable.
Elle écrasa sa cigarette sur le rebord du banc et fit disparaître le mégot d'un coup de baguette. Elle ignorait tout du nouveau professeur de potions, si ce n'était un nom : Britannia. Glissant un doigt sur ses lèvres, la brune chercha un visage sur lequel pourrait coller le pseudonyme. Mais les professeurs étaient parfois tellement jeunes de traits et de visage qu'on les confondait facilement avec les élèves. Abandonnant rapidement ce jeu de hasard, la jeune femme se redressa, et gagna la salle de classe.

- Bonjour Lança avec une désinvolture légèrement marquée Terri. Elle n'était pas vraiment en retard, et n'avait du, du cours, raté que les discussions entre élèves qui attendaient le début du glas.

Britannia était plus jeune qu'elle ne l'aurait cru. Un type dont la camaraderie un peu directe et le sarcasme dont il fit preuve devant une élève pouvait mettre clairement mal à l'aise. Sa familiarité ne la gênait pas personnellement. Il commença donc son introduction de cours par une question vague et très générale, faisant visiblement un tour d'horizon de ses élèves. Terri mordilla machinalement sa plume : un récapitulatif de ce qu'ils avaient retenu des années précédentes ? La formulation était d'une généralité terrifiante et les réponses fusaient déjà dans tous les sens. Anne Charlotte, d'ailleurs, soulignait le problème. Terri réprima un sourire : la première année n'avait certainement pas sorti cette réflexion par soucis de clareté. Elle voulait emmerder Téobald, et elle y réussissait plutôt bien, en vengeance courageuse à sa dernière remarque.

- Ou l'Armoise, qui régularise les cycles menstruelles et possède des vertues contre les infections urinaires lorsqu'elle est prise en infusion. On raconte également qu'elles sont utiles en cas d'Epilepsie. Ou la coriandre, utilisée comme anxiolytique contre les insomnies. Compléta, d'une voix claire, l'ancienne verte et argent.
Elle s'arrêta soudain : quelques tables plus loin, un étudiant avait retiré d'un geste preste son pantalon, qui lui arrivait maintenant mi-cuisses, avant de tomber complètement sur ses pieds. La tenue enlevée laissait vue sur un boxer blanc, et Terri reteint un rire mutin devant l'incongruité de la scène.

Joshua n'avait juste pas tout compris.

Le matin, n'ayant pas cours, elle était restée chez elle assez tard, prenant son temps pour mettre sa petite robe noire à longues manches et des bas blancs. Elle s'était fait un joli chignon puis avait déjeuné, trop seule dans la trop grande salle à manger. Elle avait brûlé la beuglante de son père, presque comme d'habitude oserais-je dire, même si elles commençaient à s'espacer dans le temps et qu'il revenait peu à peu à la raison.
Quand il fut temps pour elle de partir, elle salua la légion de bonnes que son père avait engagée pour prendre soin de Mademoiselle. Oui, le Pater Familia était en colère, mais pas au point d'abandonner sa fille aux griffes cruelles et sans pitié du ménage et de la cuisine.
La botanique avancée ne l'avait pas surprise. Des plantes, qu'on soit à Poudlard ou à l'unif, ça restait quand même des plantes, à peine plus dangereuses.
Puis elle avait eu trente minutes de battement entre ses deux uniques cours de la journée.

Elle s'était directement rendue au cours de Potions et était évidemment arrivée bien à l'heure, toute en discrétion -comme à son habitude- et ne murmurant qu'un vague salut, quasi-inaudible pour les autres étudiants déjà présents. Elle s'était installée au deuxième rang, avait sorti ses affaires et ses feuilles déjà préparées et s'était mise à observer les gens autour d'elle. Horreur, après deux ans d'absence, elle ne se souvenait d'aucun ! Certains semblaient lui évoquer quelques souvenirs troubles, mais rien de concret. Aucun nom à placer sur tous ces visages.Oh, si, évidemment, ceux qu'elle avait vus le jour avant pendant le cours déjanté d'étude des moldus, mais les autres... Mon dieu, Joshua possédait une mémoire de poisson rouge, le temps de faire le tour de son aquarium, elle avait déjà tout oublié. Blup, blop, blup..
Cela la désolait..
A cet instant-là, elle avait toussé, reprochant mentalement au mec stupide du dernier rang de fumer dans une salle de classe. Même si son visage, stoïque, n'en disait rien, elle aurait souhaité que le professeur arrive et le fasse sortir à coups de pied aux fesses pour avoir corrompu l'air de la classe. Mais le professeur n'était pas là.. Chose normale, puisqu'il n'avait pas encore sonné. Et il profiterait sûrement du quart d'heure académique comme ils le faisaient tous dans son ancienne école..
Elle avait soupiré. Même si ses parents étaient toujours là-bas, New-York ne lui manquait pas du tout. Les jeunes américains qu'elle avait eu à côtoyer étaient trop stupides, trop vulgaires, et surtout, surtout, elle ne supportait pas leur accent. C'était un endroit intéressant pour le business de son père, rien de plus.

Le fumeur avait alors tenté de jeter son mégot dans la potion, ce qui, heureusement, ne marcha pas. Mais pour qui se prenait-il ?

Puis en quelques mots, en quelques phrases, il avoua qui il était. Maintenant, Joshua comprenait mieux..
Alors c'était lui le professeur ? La brunette fronça les sourcils et remit une mèche de cheveux en place. C'était une habitude chez elle de ne pas aimer les jeunes enseignants, car ils ne manquaient que trop souvent d'expérience. Comment ferait-elle pour progresser ? Elle qui avait toujours eu des notes parfaites à ses examens dans cette matière et ce, grâce à de bons professeurs. A Poudlard, même si Rogue était un vrai tortionnaire en cours, c'était un fait qu'il savait inculquer ce qu'il fallait à ses élèves. A New-York, Madame Choi s'était, elle aussi, bien qu'un peu trop sénile et édentée, montrée à la hauteur des attentes de Joshua. Mais ce Monsieur Britannia, trop jeune, trop amical, serait-il doué ? Il avait trois heures pour le lui prouver..
Elle soupira encore une fois, et reporta son attention sur le cours. Alors comme ça, le chaudron contenait une potion de soin ? Bizarre, la dernière fois que Joshua en avait vue une, elle n'avait pas du tout cet aspect-là. Cela raviva son intérêt: qu'avait-il pu donc bien mettre dedans ? Evidemment, il n'en dit rien et leur posa plutôt une question. Ils devaient citer des plantes, des ingrédients ou tout ce qui avait des vertus curatives. Hé ben ! Ils étaient pas sortis de l'auberge ! Il voulait une liste par ordre alphabétique ou pas ? Quelques élèves répondirent, puis Joshua leva la main.

"Monsieur ! Dans mon ancienne école, on a toujours utilisé une base de murlap ou du sisymbre pour les potions dites curatives ou régénératrices.. La murlap et le sisymbre sont deux plantes qui soignent... Un peu tout en fait, mais plus les plaies ouvertes que les maladies ou les os cassés par exemple.. C'est vrai que la question est vaste.. Puisque l'on a surtout parlé de plantes, je vais citer la corne et le crin de licorne.. et le sang aussi mais ça, c'est pas franchement conseillé, les larmes de phoenix et plus couramment les dards de billywigs réduits en poudre contre les démangeaisons, le glumbumble, toujours en poudre, qui soigne l'hystérie et la dépression, le suc de veracrasses..."

Les joues légèrement rouges d'avoir parlé, car elle était parfois un peu timide pour ça, la brunette se tut presque brusquement. Le prof n'avait-il pas dit d'en laisser aux autres ? En avait-elle cité trop ?
Joshua soupira, encore et toujours, et ferma les yeux, pour les rouvrir sur.. un caleçon. Un caleçon au premier rang, presque juste devant elle. Un caleçon dans une salle de classe, avec un vrai garçon dedans. La mode anglaise avait-elle tellement changé depuis le départ de Joshua ? Elle avait déjà vu ça une fois, mais c'était au carnaval, et la fille n'avait pas mis de pantalon du tout.. le garçon en avait un sur les chevilles, lui.
Mais qu'est-ce qui se passait dans cette salle de classe ? Joshua n'avait pas tout compris.


(Hrp: les ingrédients cités ont tous été trouvés sur des sites recensant les animaux, produits et autres présents dans les livres, les films et en français et en anglais)

Du haut de son perchoir, Teo s'attendait à en entendre beaucoup. Certainement trop, parce qu'il y en avait là qui avaient envie de montrer qu'ils des trucs. Que voulez-vous, l'étudiant a tendance à péter plus haut que son cul. Le professeur donna d'abord la parole à Kaelir Gammach. Ce dernier parla du bézoard. Ah oui, intéressant, le bézoard. La remarque qu'il ajouta fit sourire Britannia. Voilà un garçon qui avait tendance à ne croire que ce qu'il voyait, on dirait.

"Le bézoard agit contre tous les poisons. Mais chaque fois, à différentes échelles. Il peut en arrêter les effets, les ralentir, les neutraliser, les soigner. Plus un poison est puissant, moins le bézoard le sera, même si c'est un remède recommandé dans un premier temps. Cependant, il ne faut surtout pas en rester là. Il faut souvent administrer un antidote."

Puis ce fut au tour de Tanja Skiverd, l'étudiante venue de l'étranger... Voilà une fille qui allait certainement parler de ce qu'on faisait dans son pays. Mon pays, mon école, chez moi, gnagnagna... Et en fait, non. Un bon point pour elle. Mais un mauvais aussi, puisqu'elle outrepassa la consigne de ne pas trop en citer... Voilà, quand je vous disais qu'ils avaient tous envie de montrer qu'ils étaient de bons élèves...

"La potion de régénération sanguine, comme son nom l'indique, reconstitue le sang... Elle n'est souvent utilisée en cas d'empoisonnement que lorsque le fameux poison a des effets contraires : soit il empêche une plaie de cicatriser, soit il s'attaque directement au sang. J'espère que vous ne l'utilisez pas à chaque empoisonnement, mademoiselle Skiverd, trop de sang... tue."

Teobald se redressa un peu dans son fauteuil, et s'appuya sur un des accoudoirs, fixant la Norvégienne.

"Mais vous avez raison en ce qui concerne les plantes. Magiques ou non, on peut leur trouver des vertus curatives."

Il ne cita pas plus d'exemples, après tout, c'était aux étudiants de bosser, non ? Le professeur hésita avant de donner la parole à la... aha, Président du BDE. Celle-là avait l'air d'être une forte tête. Elle ne manqua pas de se faire remarquer, en disant que la question était trop vaste... Forcément, elle avait quelque chose à redire. Voilà une fille avec qui ça n'allait pas marcher si elle continuait ainsi.

"Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?" demanda-t-il, théâtralement, lorsqu'elle eut terminé, et en se levant, bras tendus vers le ciel. "Vous vous sentez obligée de faire votre petite maligne, n'est-ce pas, Anne-Charlotte ?"

[i]Oui, ne demandez pas comment, mais il savait que ce prénom-là, elle ne le supportait pas. Dommage, parce que c'était quand même le sien. Et oui, elle n'était pas la seule à avoir travaillé sur les autres.

"Et pourtant, vous voyez, ce n'est pas si compliqué, puisque vous y avez répondu, à ma question trop vaste, non ?"

L'enseignant se rassit, passant directement à quelqu'un d'autre. Elle n'avait pas intérêt à répliquer, ou elle risquait la porte. Pour une première fois, ça aurait été franchement dommage. Cherchant un nouvel étudiant à interroger, il opta finalement pour Terri Halwerth.

"On raconte ? Mais c'est très intéressant, ça. On raconte que ! Je ne sais pas qui le raconte, mais puisqu'on le raconte, on doit avoir raison."

Ironique ? Pas du tout. Parce qu'à l'instar de la jeune femme, lui aussi était un ancien Serpentard. Et par moments, ça se voyait. Surtout que Doeringer n'avait pas aidé à le mettre dans un état totalement relaxé. Tant pis, c'est les autres qui allaient prendre. Puis, une nouvelle fille. Tiens, mais c'était quoi, que faisaient les garçons ? Soupirant, Teo donna la parole à Joshua Williams. Une étudiante qui arrivait d'Amérique. Et elle, contrairement à la petite Scandinave, ne se priva pas de le signaler... En glissant, elle aussi, ohlala, que la question était vaste.

"Dans votre ancienne école, on a toujours... La question est vaste..." répéta Britannia, en levant les yeux au ciel.

Ah, vivement que commence le travail pratique, parce qu'il n'allait pas supporter encore bien longtemps tout ce savoir débordant des étudiants.

"Le Murlap est une créature, mademoiselle. L'essence qu'on en tire provient de l'excroissance en forme d'anémone qu'il a sur le dos..."

Parler du Murlap comme d'une plante. Non, Merlin, vraiment...

"Mais vous avez raison. Permettez-moi de vous mettre en garde contre tout ce qui peut venir d'une licorne. C'est une espèce protégée..."

Bon, puisqu'on avait fait le tour, Teobald se leva à nouveau, sauta de son bureau, atterrit avec légèreté dans l'allée centrale, entre les tables des étudiants, et se tourna, baguette en main. Le fauteuil quitta son piédestal pour aller se poser sur le côté, près de la fenêtre.

"Trois points pour Miss Halwerth et M. Gammach. Cinq pour Mesdemoiselles Skiverd, Doeringer et Williams."

Pointant sa baguette vers le tableau, ce qui y était écrit s'effaça, et les mots suivants apparurent :

Au tableau, il y a écrit:

LA POTION DE SOIN : QUELLE UTILISATION ?
- Maladies et infections virales
- Blessures et infections cutanées

"Deux types de maux distincts, distincts car vous devez absolument savoir ce à quoi vous avez affaire avant d'utiliser cette potion. Ou plutôt, CES potions."

Tout en parlant, fort, Teobald avait rejoint le fond de la classe.

"Je vais vous demander, aujourd'hui, de choisir la potion que vous allez préparer, selon le type de maux que vous visez. Quel que soit ce type, ces potions sont efficaces. Je ne dis pas qu'elles guérissent, mais elles soignent. Un peu comme un bézoard en cas d'empoisonnement, elles sont conseillées comme première administration."

Tout en remontant l'allée, cette fois, il demanda :

"Vous savez tous allumer un feu. Je vous demanderai, cette année, de pouvoir contrôler la température, en modulant votre feu. Quelles formules devrez-vous donc utiliser ?"

En terminant, il pivota, bras écartés et... souriant. Lunatique ? Non, mais il allait de l'avant.


[HJ : Avant le TP, petit travail de recherche, dans... les cours de Vega Wyrd, mon prédecesseur]

La première à répondre fut la fille qui venait de Durmstrang. Pourquoi les élèves se voyaient-ils obligés d'en dire plus qu'il ne fallait ? Ca ne rapportait pas de point, surtout si c'était dispensable. Et dans ce cas-là, ça l'était. Tanja aurait même pu s'abstenir. Brûle-Flamme, Gèle-Flamme. C'était la réponse attendue, mais voilà qu'elle en rajoutait, évoquant un ouvrage interdit. Teobald l'avait lu, et même, il le possédait. Lorsqu'il devait préparer une potion en vitesse, il se servait des formules du Chinois. Mais il n'avait encore jamais concocté l'une des potions de ce livre. Il était sûr de les réussir, mais il ne voyait pas l'intérêt de faire quelque chose qu'il n'utiliserait pas et qui était franchement délicat à détruire.

"Si l'ouvrage est interdit, pourquoi en parlez-vous ? Contentons-nous des formules usuelles, voulez-vous ?"

Pour la peine, elle n'aurait pas de points. Lui tournant le dos, Britannia remonta jusqu'au tableau, tout en parlant :

"Je vous déconseille de chercher à en savoir plus. Ce livre est dangereux."

Arrivé au niveau de son bureau, il interrogea le vice-président du BDE, qui donna les formules. Inflammere, Flamajor, Flaminor, Extingo. Puis son regard tomba sur... des jambes nues ? Le pantalon du jeune homme était au sol. Fronçant les sourcils, Teobald refit le chemin inverse, s'arrêtant juste à côté de l'ancien Poufsouffle.

"Un coup de chaud, monsieur Gammach ?"

Aucun doute que la tenue avait à voir avec le rituel des gages de début d'année. On ne pouvait réellement devenir un étudiant, surtout membre du fameux BDE, si on ne réussissait pas son gage.

"Si vous ressentez l'envie de vous mettre plus à l'aise, ne vous gênez surtout pas pour nous."

Puis il retourna, de nouveau, vers son bureau. Tirant sa baguette magique de sa poche, il s'arrêta dans son geste, et pivota.

"Au fait, trois points pour vous."

Puis, après avoir lancé un regard appuyé, mi-provocateur, mi-amusé, à Tanja, il fit volte-face et pointa sa baguette vers le tableau.

"Il est temps de commencer."

Sur deux colonnes, le protocole apparut.

Citation :

LA POTION DE SOIN : QUELLE UTILISATION ?

Ingrédients communs :
- 5cl d’essence de murlap
- 2 feuilles de sisymbre
- 1 goutte d’essence de belladone
- 1 feuille de dictame
- 4g de gingembre en poudre
- 1 pétale de rose rouge

Ingrédients de la potion pour maladies et infections virales (n°1) :
- 1 Trompe-la-mort
- 5ml de bile de gnome
- 4 ml de bile de tatou

Ingrédients de la potion pour blessures et infections cutanées (n°2) :
- 2ml de venin de vipère
- 1 goutte de bave de moke
- 1 edelweiss

Protocole :
1) Remplissez votre chaudron d’un litre d’eau pure.
2) Allumez un feu fort, jusqu’à ce que l’eau frémisse.
3) Réduisez la température de moitié et ajoutez l’essence de murlap.
4) A l’aide d’une cuillère, effectuez trois tours dans le sens horaire, puis deux dans le sens antihoraire.
5) Ajoutez-y les feuilles de sisymbre hachées. La potion doit prendre une teinte rosâtre.
6) Faites un tour dans le sens antihoraire, ajoutez l’essence de belladone, attendez trois minutes et dix-neuf secondes, puis tournez une fois dans le sens horaire.
7) Portez à ébullition. Lorsque l’eau atteint 100°, ajoutez la feuille de dictame entière. L’effet doit être une chute brutale de la température, aux alentours de 25°.
8) Augmentez le feu jusqu’à atteindre 66°, et ajoutez le gingembre en poudre. Votre mixture doit, à ce moment du protocole, être aussi limpide que l’eau.
A présent, vous devez opter pour la potion de votre choix.

N°1
9) Pilez le Trompe-la-mort jusqu’à obtenir une pâte. Ajoutez-en 8g à votre potion.
10) Ajoutez 2ml de bile de gnome. Puis effectuez quatre tours dans le sens antihoraire.
11) Ajoutez la bile de tatou, puis portez à ébullition. Maintenez la température à 100°.
12) Ajoutez le reste de bile de gnome, puis éteignez le feu.
13) Lorsque la potion a une température de 90°, mettez-y le pétale de rose.
Fin du protocole pour la potion n°1. Votre potion doit être bleue et dégager une fumée bleuâtre à l’odeur agréable.

N°2
9) Ajoutez 1ml de venin de vipère, puis effectuez un tour dans le sens horaire, deux tours dans le sens antihoraire, et trois tours dans le sens horaire.
10) Ajoutez le reste de venin de vipère. Votre potion doit dégager une vapeur rosâtre.
11) Portez à ébullition, et maintenez la température à 100°. Ajoutez la bave de moke.
12) Effectuez un tour dans le sens antihoraire, et ajoutez l’edelweiss entier. Faites un tour dans le sens horaire, et éteignez le feu.
13) Lorsque la potion a une température de 90°, mettez-y le pétale de rose.
Fin du protocole pour la potion n°2. Votre potion doit être rose et dégager une fumée rosâtre à l’odeur agréable.

Plaçant son fauteuil près de la fenêtre, il ouvrit, d'un coup de baguette, les deux armoires au fond de la salle.

"Vous trouverez tout le matériel nécessaire et les ingrédients là-bas. N'oubliez pas de prendre un thermomètre."

Et, après s'être assis, il lança :

"Vous avez une heure et demie, maximum."

Certains, plus habiles, pourraient mettre moins de temps, notamment dans la préparation des ingrédients. D'autres seraient un peu plus lents... Mais Teobald avait hâte de les voir se débrouiller.