Seconde Partie: The Gamer.

La pluie battait l'Angleterre. Dans la capitale, le ciel gris s'infiltrait jusque dans les intérieurs douillets des brittaniques. Il laissant dans l'air une odeur de fer. Tsuyosa était allongée sur son lit, une main sur le ventre dont les doigts tapotaient une musique imaginaire.

Darkness, just rain falling.
Heartless, just pain coming.

La fenêtre ouverte laissait s'écouler sur le plancher ciré des centaines de gouttes. La femme se redressa sur son lit et posa ses pieds nus dans l'eau qui mangeait maintenant les pieds de son lit. Elle s'avança et posa ses mains gelées sur l'encadrement de l'ouverte et passa son visage au dehors, sentant cette pluie étrange fouetter son visage. Elle piquait ses pores comme pour lui rappeller qu'après tout, elle n'était qu'un objet de la création comme un autre.

L'endroit plaisir à Tsuyosa, mais elle n'était pas chez elle. Son sujet était sur les lieux de son jugement, et elle restait dans sa chambre, attendant de voir si finalement ce dernier reviendrait. Ses ongles crissèrent un peu sur le verre froid pendant qu'elle refermait la fenêtre. Un sort fit disparaître l'innondation de la pièce et elle songea qu'il était tout de même l'heure de thé. Et c'était important. L'asiatique se décida à quitter la pièce et retourna dans la cuisine miteuse d'Andréa. Sur la table de la cuisine, une photo. Le sujet et un ami à lui aux longs cheveux blonds, et les yeux verts. Elle avait bien choisi encore une fois.

Cet homme avait détesté sa vie alors qu'il n'était pas seul. Pas plus qu'un autre être humain, et sa faiblesse dégoûtait la sorcière. S'il s'en sortait vivant peut-être que lui aussi retiendrait la leçon. Comme d'autres avant lui. Elle attrapa un couteau dans le tiroir à couverts et sortit la photo de son cadre pour la scinder en deux. Elle plia soigneusement l'image du blond et la glissa dans sa poche. C'est lorsqu'elle releva ses yeux d'acier qu'elle vît enfin dans la rue une silhouette qui boîtait, avançant d'un pas fatigué. Une lueur passa dans son regard, et elle leva sa baguette pour ouvrir la porte. Le moldu s'engouffra comme un mort vivant dans la pièce et la fixa, ne comprenant visiblement pas la situation.

" Bonjour . Je vous félicite, vous êtes encore vivant. " Argua la sorcière en lui tendant la seconde moitié de la photo. Elle attrapa sa veste et posa son index sur ses lèvres pour faire signe à l'homme de se taire.
" J'ai placé dans votre frigidaire une petite fiole. Elle vous soignera plus rapidement que si vous n'alliez à l'hôpital. Bonne chance à vous."

Elle glissa au dehors et, sous une pluie battante, se souvînt pourquoi elle aimait autant vivre. Elle esperait que cet homme aussi, après avoir vécu l'enfer, serait aussi heureux d'éxister. Ses doigts glissèrent sur les clotures des petites maisons moldues au fil de ses pas. Elle devait maintenant rentrer chez elle. Rentrer et se faire à manger, car la faim commençait un peu à tirer son ventre. Du poisson et des légumes, sans doute. Oui. C'était bien comme ça. Mieux valait manger équilibré pour avoir une bonne hygiène de vie. Et une grosse journée de travail l'attendait le lendemain , au ministère, en temps qu'Oubliator. Encore une journée à rattraper les erreurs des autres. Encore une journée où elle devrait ignorer son imbécile de supérieur. Encore une journée à vivre comme une morte parmis ces vivants qui lui ne lui inspiraient rien.

Une fois chez elle, elle alla voir ses potions, des dizaines de fioles diverses dans un laboratoire aménagé dans une de ses chambres d'amis. Mais elle n'avait pas réellement d'amis, excepté les animaux de laboratoires qui batifolaient dans les cages fixées au mur. Un de ses rats était mort, tandis que l'autre avait perdu quelques pattes. Sa potion n'avait pas été une franche réussite pour le coup. Pour Tsuyosa il n'y avait pas de magie noire, ou de magie blanche, il n'y avait que de la magie. Il n'y avait d'ailleurs pas non plus de séparation entre moldus et sorciers, il y avait juste une miriade de choix entre les cultures, qu'elle s'appliquait à réunir avec plus ou moins de briault pour ses seules expériences personelles. Son appartement était le reflet de cette personnalité ouverte sur les deux mondes.

Après tout, tous avaient 23 paires de chromosomes. Au plus profond d'eux-mêmes ils étaient tous constitués d'ADN, de protéines et d'un enchaînement de cellules qui faisaient d'eux des êtres en vie, des êtres pensants. Et tous devaient être reconnaissant pour ce cadeau extraordinaire de la nature. Pauvres, riches, sorciers, moldus ... Qu'importait. Et Tsuyosa n'avait pas peur de la mort. Ni de la sienne, ni de celle des autres. Si les hommes crachaient sur leur existence, il était normal que la leçon soit dure à apprendre. Elle leur donnait une dernière chance, une dernière chance pour être quelqu'un.

Il n'y avait pas de cruauté. Juste un jugement. Elle attrapa une de ses seringues et retira lentement un produit argenté qui était en ébullition. Une fois la seringue remplie aux trois quarts, elle se détourna et alla chercher un de ses rats en parfaite santé. Elle injecta lentement 3 ml. Une fois la bête remise en cage, elle la regarda tourner sur elle-même puis, sous un halo bleuté, observa ses yeux virer à rouge puis se percer, comme s'ils avaient trop gonflé, laissant un filet de sang de chaque côté du museau de l'animal.

Voilà qui était parfait. Parfait. Maintenant, il fallait manger. Et elle y alla avec le sourire.