Prénom et Nom:
Lacey Hawkesworth
Age de votre personnage :
29 ans
Profession :
Auror
Motivation :
Être auror, c'était cool, combattre le mal et tout le tutti quanti. Seulement être auror, ça ne filait aucune garantie de revenir en vie. La seule assurance que vous possédiez s'appelait l'assurance vie, celle là même que vous avez du signer le jour où vous rendiez le papelard qui vous désignait officiellement comme cible vivante... euh auror, pardon.

Pratiquer un boulot à risque était une chose, être Lacey Hawkesworth en était une autre mais, les deux se montraient fortement compatible. L'homme n'était pas vraiment le genre à faire mine basse quand on lui demandait, ou quand le simple bon sens l'exigerait. Le sorcier possédait d'autres qualités qui palliait à ses écarts de comportements et à ses manques, il n'en restait pas moins qu'une sureté de plus ne lui apparaissait pas comme une mauvaise idée.

Arriver plus discrètement sur les lieux d'enquêtes lui paraissait une bonne idée, car au bout de quelques années dans le métier, on pouvait venir à découvert ou avec un néon vert au dessus de la tête indiquant la profession, c'était exactement la même chose !

On s'intéressait alors à des solutions diverses mais, la plupart étaient limitées. L'invisibilité par exemple, nécessitait une cape qu'il n'était pas aisé de se procurer et quand bien même, certains arrivaient à voir au travers. D'autres plus sensibles sentaient la présence humaine et enfin, la moindre erreur pouvait vous trahir. Sans compter que si l'on est pressé à en devoir courir, la cape d'invisibilité est une solution à oublier.

Venait ensuite l'idée d'un animagus et si ce que ça représentait n'était pas encore tout à fait clair dans l'esprit de Lacey, une forme animale lui semblait l'idée la plus appropriée. Ajoutez à cela que cela permettait de se trimballer au milieu de loup garous sans se faire dévorer ou avoir à combattre des gens dont le seul crime était une maladie dont le remède était encore inconnu... Non vraiment, animagus était la meilleure solution.

Prologue :
Où il est expliqué que d'interroger les motivations d'un ami n'est pas toujours une activité couronnée de succès et où l'on voit que l'âge ne fait d'un homme un puits de littérature et de bienséance.

« Et ça durerait combien de temps ton histoire? »
« Une semaine, deux... Pas plus. »
« Les supérieurs sont d'accord? »
« Si tu me remplaces, je ne vois pas où est le problème. Échange de bon procédés, tu bosses à ma place pendant le temps que je suis absent et je travaille à ta place le nombre de jour où tu as trinqué pour ma pomme. »

Les lèvres du sorcier se contractèrent en un pli nerveux. Son collègue était culotté et surtout, il n'avait pas répondu à la question. Il y avait fort à parier que, non, Lacey n'avait pas eu l'autorisation des chefs du bureau et que ça allait encore sentir le roussi là haut. Il admirait le culot de son jeune ami mais, se demandait parfois où l'autre avait la tête. C'était exactement le cas à ce moment là. Le plus âgé des deux aurors regarda l'autre avec circonspection :

«Et répète moi précisément ce que tu as l'intention de faire durant ces 'une semaine, deux... pas plus' que j'admire encore une fois l'intérêt de la chose? »
«Je pourrais te le répéter mais, il faudrait d'abord dans un premier temps que je t'en ai donné la raison. »

Le sorcier à demi irlandais lui avait répondu avec son habituel sourire insolent et libre qui le laissait tout autant pantois que grognon. Il y avait cependant quelque chose dans la voix de de son vis-à-vis qui ne prêtait pas à la discussion. Une façon sous-entendue de dire 'je le ferai avec ou sans toi.' Soit, il le ferait avec lui. Une profession où les membres étaient solidaires, c'était bien celle d'auror. Il était tellement aisé de mourir bêtement lors d'un combat, que l'on chérissait la vie de ceux qui parvenaient à passer les premières années et restaient en un seul morceau, auprès de vous. Lacey se débrouillait certes pour revenir des champs de bataille suffisamment abimé pour faire de lui un sujet d'étude intéressant pour Sainte Mangouste, toutefois il savait éviter les blessures qui défiguraient ou les définitives. Jamais son regard vert n'avait perdu en intensité depuis le jour où le Hawkesworth était arrivé. En fait, c'était même le contraire et l'homme plus âgé se retrouvait emporté par l'impétuosité et le dynamisme étrange de cet auror anticonformiste.

Malgré cela, l'homme ne s'avouerait pas si facilement vaincu et ne laisserait pas croire à ce gamin qu'il céderait à ses exigences sans sourciller. Il ne lui laisserait pas voir à quel point son attitude l'influençait. On l'aimait beaucoup, Lacey, cet idiot dont les incartades commençaient à faire office de légendes dans le ministère, presque aussi spectaculaires que l'ascension vertigineuse du frère de ce dernier qui était à présent le chef de tout le département. Il aurait d'ailleurs pu l'attaquer sur ce point mais, il savait que ça n'était pas un sujet qui prêtait à la plaisanterie. Le vieil auror voyait le visage du plus jeune se crisper quand il venait à remarquer que certains se faisaient tout à coup plus mielleux en apprenant qu'il était le frère du Directeur du département de la justice magique. Même les supérieurs se trouvaient tout d'un coup beaucoup plus enclins à lui passer ses écarts de conduite. L'homme soupçonnait largement Lacey d'y trouver là une perte d'intérêt à jouer le rôle de l'emmerdeur Numero Uno du bureau des aurors, haut placé dans l'Ordre des empêcheurs de tourner en rond du ministère et spécialiste pour filer des vapeurs à ceux qui l'entouraient. En effet, il était beaucoup moins drôle d'assurer ce rang si l'on venait à vous passer la plupart de vos bévues. Le vétéran s'attristait aussi du voile qu'il voyait parfois passer sur le regard malachite et ternir la joie inhérente de son ami quand un crétin bien inspiré se croyait malin d'accuser Lacey de profiter de la place de son frère pour faire ce que bon lui semblait, voir de sous entendre que l'homme était là uniquement par piston. Ça n'était jamais l'un des leurs pour sortir pareille énormité. Le vieux sorcier s'abstenait de commenter l'anachronisme du postulat, puisque Lacey était entré chez les aurors avant même que son frère n'arrive au ministère.

Non, il ne l'attaquerait pas sur ça, il continuerait à badiner inutilement dans l'unique but d'échanger quelques bons mots et d'envoyer quelques piques au trublion. Le dit trublion qui était par ailleurs assis au bureau d'un auror que la plaque dorée indiquait comme être celui d'Ernest Badington, soit lui-même. Lacey était vautré dans son beau fauteuil de cuir, les bras croisés sur le ventre et les pieds sur la table. Ernest n'avait plus qu'à rester debout, à son propre bureau ! Et le respect des ainés dans tout ça?! Il ne lui en aurait toutefois pas fait la remarque, de peur que l'autre ne se lève et ne s'excuse d'avoir oublié les privilèges de l'âge. Près de vingt cinq ans séparaient les deux hommes et dans la bouche de Lacey, il avait toujours l'impression d'être vu comme un vieillard. Il savait que ça n'était qu'une impression mais savait aussi que l'autre ne manquait jamais une occasion d'essayer de le malmener un tantinet sur le sujet de l'âge.

« Tant de secrets... Je ne sais pas si cela serait sage pour moi d'accepter. J'aurais peur de nous créer à tout deux des ennuis. »
«  Ça serait dommage : Depuis le temps que Maggie attend de pouvoir prendre sérieusement quelques vacances avec toi. Je suis persuadé qu'elle serait profondément déçue si tu refusais mon offre. »

Le visage d'Ernest s'empourpra. Si lui avait la délicatesse de ne pas lancer l'autre sur des sujets fâcheux, Lacey ne semblait pas avoir les même scrupules :

« Espèce de petit saligaud ! Ne va pas la mêler à ça ! J'espère que tu ne lui as pas touché un mot de tes imbécilités pour lui filer des espoirs alors que je ne suis même pas sûr de ... »

Ernest se tut soudainement et éclata de rire. De son coté, Lacey haussa les épaules, les bras toujours croisés sur le ventre et les yeux mi-clos, un air de chat repu marqué sur le visage. Le trentenaire n'en avait pas parlé à Margaret, dite Maggie pour les intimes. L'homme n'avait fait que provoquer gratuitement son confrère, et Ernest avait foncé dans le piège comme un vieux buffle. Le plus âgé des deux secoua la tête et se demanda quoi faire de son cadet. L'attacher puis lui chatouiller les pieds avec une plume jusqu'à ce qu'il demande grâce? Cela ne semblait pas une mauvaise idée.

« Ne t'en va pas trop faire d'idioties, tu en viendrais presque à m'inquiéter avec tes secrets.

Lacey leva un sourcil en affichant une mine dubitative :

« Si tu fais mine ne serait-ce que de devenir niais, je m'en vais. »
« Excellent, je sais maintenant comment chasser l'emmerdeur que tu es de mon bureau ! »
« Oh ben fallait le dire de suite, tant de grossièreté fait mal à mon petit coeur. »
« Ton petit coeur en sucre tout rose, tout doux, tout mignon, tout tendre, tout joli, joli. »

Le plus jeune afficha aussitôt une tête aussi dégoutée qu'indignée et se leva du fauteuil avec une souplesse qu'Enerst n'aurait pas crue possible, vu la position dans laquelle était 'assise' l'auror. La jeunesse était une belle chose.

« Je file avant de me retrouver avec des caries à t'écouter débiter des âneries pareilles. »

La jeunesse n'évita cependant pas à Lacey de se prendre une forte claque à l'arrière du crâne, ce qui n'eut pour effet que de le faire rire. L'importun eut même l'audace de s'arrêter à la porte du grand bureau des aurors et de lui offrir un salut moqueur par lequel le vieil homme répondit par un geste que la décence impose de ne pas retranscrire. Ernest Badington n'était peut être plus dans sa prime jeunesse mais, il s'entendait parfaitement sur les 'usages et coutumes des nouvelles générations' à la grande honte parfois de ses pairs. On comprenait alors aisément pourquoi il arrivait à l'un de se perdre souvent dans le bureau de l'autre et réciproquement. Ernest pour sa part, évitait juste le bureau de son cadet quant un certain directeur était dedans ou qu'un policier du nom de Russel était en visite.

Ernest était vraiment un type épatant. Il finissait toujours par s'aligner sur les décisions de Lacey, qu'elles soient le résultat d'un caprice ou d'une réflexion bien menée. L'homme ne faisait pas non plus de manières et parlait un langage on ne peut plus compréhensible. Lacey adorait son ainé et le souvenir de l'échange un peu plus tôt lui arracha un nouveau sourire. Il avait déjà fait son sac, attrapé ce dont il avait besoin dans son bureau et évité les regards suspicieux des autres aurors dans leur box. Fichtre ! Ils étaient l'élite du ministère et se retrouvaient cantonnés dans des box comme des vaches dans une étable ! Comme si on ne pouvait pas trouver le moyen de leur fournir un vrai bureau à chacun. C'était très inconfortable et cela manquait pour beaucoup d'intimité. A la décharge du ministère, les box étaient grands et spacieux, de quoi s'étaler largement et l'armoire à clés multiples qui ouvrait un contenu différent pour chaque auror était bien utile. Après, on aurait pu parler du salaire qui allait avec la profession et qui ne valait pas les risques encourus chaque mois. Pas que l'on arrêtait du mage noir à tous les coins de rues, mais tout de même.

Lacey avait récupéré trois dossiers de son armoire, un rouleau de parchemin, quatre lots de post-it et deux affiches de criminels recherchés, qui n'avaient pas été très contents de se retrouver dans le sac bordeaux de l'auror -il évitait de prendre le rose quand il avait une connerie ou autre dérivé à faire, cela manquait pour trop de discrétion-.

Deux semaines en dehors de ce ministère infernal ne voulait pas dire qu'il allait se tourner les pouces ou ne pas trouver le temps de plancher sur l'un de ses dossiers. Il ne savait pas encore lequel, il verrait bien le moment venu. Quand l'enquête n'était encore que de l'étude de dossiers, cela ne nécessitait pas au sorcier d'être sur place. Se plonger quelques heures dans ses précieux fichiers le relaxerait, de quoi enlever le stress de la tâche qui l'attendait. Être auror était vraiment un mode de vie à part.

Un autre point de la profession -que l'on ne saurait jamais trop mettre en avant- était une faculté étonnante à voir venir les ennuis, presque un sixième sens en matière de coup de fourrés, de soucis et d'individus louches. Pour le coup, le radar interne du Hawkesworth semblait lui indiquer la présence des trois points sus-cités. Il décida de ne pas y prêter attention pour la simple raison qu'il filait à l'anglaise, sans l'autorisation de ses supérieurs : il y avait de quoi stresser son homme. Plus que quelques mètres et il était sorti du ministère pour deux semaines, loin du brouhaha quotidien, libre de se consacrer à sa tâche. Oui mais, la chose n'était pas si facile. On restait détendu, l'air de rien et l'on espérait que personne n'ait un soudain besoin impérieux de vous voir. Lacey salua un membre du ministère qui le héla et discuta deux minutes avant de reprendre sa marche, se faisant la réflexion qu'il n'avait aucune idée du nom du type et qu'il se fichait pas mal de l'augmentation du prix de la poudre de cheminette à cause de la crise de... ? Il ne se souvenait déjà plus de la conversation, son esprit tout occupé à ce qu'il avait à faire.

Il était une heure de l'après midi, la porte était passée et rien à signaler. Il ne lui restait plus qu'à transplaner vers la grande bibliothèque magique d'Angleterre et faire un tour dans les rayons qui traitaient des métamorphoses et animagus.

« Tu as presque l'air naturel et détendu. »

Russel Monteith, seul individu connu – et apprécié, mais plutôt mourir que de le reconnaitre- capable de réunir à lui seul les facteurs d'ennuis, coups fourrés et personnage louche. Lacey fit volte face et réfléchit un moment à la possibilité de disparaître là, maintenant, tout de suite et de laisser le policier sur place. Idée tentante, surtout de part le fait que le membre de la police magique n'en aurait pas été vexé. Le dit Russel avait l'extraordinaire faculté d'assumer qu'il parvenait rapidement à gonfler les gens et à en être fier. Cependant, Lacey n'avait pas vraiment l'envie d'être impoli avec, ce qu'il rechignait à appeler tout haut, un ami.

« Je suis toujours naturel et détendu. »

L'autre homme renifla :

« Détendu, je suis sûre que les demoiselles en sont ravies. »

Que répondre à ça? Simple : traiter la remarque par le mépris ou se lancer dans un débat sur l'épanouissement de la vie sexuelle de l'auror. Première solution, l'ancien gryffondor ne se sentait pas de partir dans les hautes sphères de la philosophie. Lacey attendait aussi de savoir où son interlocuteur voulait en venir. Il aurait pu commenter le fait que ces messieurs de la police avaient beaucoup de temps à perdre s'ils en étaient à pister les aurors.

« Ernest m'a dit... »

Le salaud !

« Que tu faisais des manières et des cachotteries. Comme une fille à son premier rendez-vous, du coup : me voilà obligé de te coller au train. »

Le désavantage d'avoir un collègue qui ne cachait absolument pas son intention de vous faire passer dans son lit – et pas obligatoirement que dans le lit – était que le dit collègue ne s'encombrait que rarement de préjugés moraux. Et par là même ne manquait jamais de vous rappeler ses intentions, ni de vous comparer avec un individu du sexe faible. Russel, fallait savoir, t'étais gay ou pas?

« … Les aurors ressemblent alors souvent à des filles à leur premier rendez-vous. »

Lacey croisa les bras et se fut au tour de l'autre sorcier d'avoir l'air mal à l'aise. Haha ! Russel finit simplement par faire une grimace et ébouriffer son étonnante tignasse blonde. Le semi-irlandais y soupçonnait un douteux mélange entre diverses racines de pays étrangers, seule cette explication pouvait justifier d'être blond comme la paille en été et d'avoir les cheveux aussi bouclés que ces angelots très kitsch que l'on trouvait parfois dans les églises, à la différence que la chevelure du sorcier lui tombait sur les épaules au lieu d'encadrer proprement ses oreilles. L'ensemble serait exactement ridicule sur n'importe qui d'autre, mais cela allait bien à Russel. Ce dernier n'était absolument pas d'accord avec la conclusion de son ami et se lamentait, par moment, d'avoir des cheveux aussi coopératifs que des ressors. Il enviait par ailleurs fortement Lucius Malefoy, sauf depuis que l'homme était à Azkaban.

« Et? »
« Quoi donc? »
« Prends moi pour un con, je te dirais rien... »
« Russel, tu n'es pas le garant de mon emploi du temps. »
« Non, je suis un ami qui s'inquiète. »
« Tu es surtout pas crédible. »


Russel croisa lui aussi les bras. La testostérone commençait à monter et le concours de bras de fer pour la catégorie fil de fer allait commencer... Même si Russel avait une carrure plus impressionnante que celle de Lacey et en était très fier. Quant à Lacey, il aurait exprimé l'idée qu'il se considérait plus comme un fil en fer que comme un fil de fer.

Pour le moment, aucun des deux hommes n'étaient décidés à bouger. Un pli sévère sur le visage du blond indiquait qu'il était vexé. L'auror se demandait bien de quoi : D'être mis à l'écart ? Que son amitié ait été mise en doute? Ou alors ses intentions? L'homme pensait qu'il s'agissait d'un peu des trois à la fois. Correction : Russel se mordait la lèvre, il était donc très vexé et c'était beaucoup des trois à la fois. Et il osait le traiter de gonzesse, bonne blague.

« Tu vas pas tirer la gueule pour ça? »

Aucune réponse. Russel avait-il décidé de tenter le diplôme de maturité sans l'en avertir? Lacey soupira et s'avança vers l'autre homme, lui toucha le bras et transplana avec lui.


~~o~o~~

Il était excessivement difficile de se concentrer sur la feuille de recherche d'ouvrages quant on avait une vieille chouette perchée sur son épaule, qui s'assurait de pouvoir lire chaque ligne que vous auriez l'idée de vouloir coucher sur le papier. Lacey s'était donc absorbé dans les spirales naturelles de la longue table de bois sombre. Fascinant. Assis dans un confortable fauteuil, il releva la tête pour fixer l'autre, par dessus son épaule.

« Russel, je t'en prie, assieds toi, ça tends à devenir ridicule. »

Un mince sourire effleura les lèvres de l'autre. Le verbe 'tendre' avait toujours été un de ses préférés, le fait qu'il troublait Lacey lui plaisait aussi énormément. Il ne se décidait pourtant pas à bouger. L'auror leva ses fesses de son siège pour se placer derrière un autre fauteuil et le tirer vers l'arrière :

« Assis. »

Une tension dans les épaules et dans la mâchoire du fonctionnaire indiquait qu'il n'avait pas trop envie de rire. Lacey voulait être occupé à trouver comment devenir animagus, pas à gérer un gamin de trois ans de mentalité, décidé à lui casser les pieds. Et Merlin seul savait si c'était une mauvaise idée de casser les pompes du semi-irlandais; c'est qu'il y tenait à ses Doc Martens. Russel avait croisé les bras, comme un défi à son compagnon de le faire venir s'asseoir.

« J'aurais pu te planter au ministère. »
« Je t'aurais suivi. »


Merci pour l'information, ça n'était pas du tout effrayant. Lacey leva les yeux au ciel, ce qui ne fit qu'agrandir le sourire de son compagnon. Il aurait peut être du se débarrasser du blond, au fond d'une ruelle sombre, ou d'une poubelle, au choix. Les deux étaient tentants. La patience du sorcier n'était pas infinie, il se trouvait déjà suffisamment énervé par la situation, sans vouloir que son collègue en ajoute.

« Et donc là, tu as décidé de me faire chier pour m'empêcher de faire quoi que j'ai à faire, juste pour le plaisir de m'emmerder? »

Et le tout dit avec un ton entre la colère et l'énervement. Russel écarquilla ses grands yeux bleus -de toute façon, le blond avait tout de plus grand que lui, minus un détail qu'il ne souhaitait pas vérifier- et apparut soudain songeur. Les traits sur son visage s'adoucirent :

« J'avais pas compris que t'étais stressé à ce point là... »
« De toute façon, qu'est ce que tu... »
« Tututu, boucle là, t'es incapable d'être correct et délicat quand t'es pas de bonne humeur. »
« La faute à qui?! »
« Tu vois... »

Lacey ouvrit la boucle et la referma, avant d'indiquer sèchement le siège, d'une façon qui signifiait « maintenant, tout de suite, sans discussion. ». L'autre sorcier haussa les épaules et se déplaça vers la chaise sans s'y poser. De plus, il ne manqua pas de soupirer ostensiblement et l'auror en vint à se demander si c'était une bonne idée d'avoir une diva en tant qu'ami.

Russel comprenait à présent que sa gamme de manœuvres était limitée. Il était toujours vexé du fait que Lacey ait mis ses intentions en doute, mais devait trouver un prix qui ne fut pas trop élevé, au risque de se mettre définitivement le châtain à dos pour la journée. Ce qu'il ne désirait pas. Le semi-irlandais violent s'en tira donc à bon compte et avec une main au cul alors qu'il s'asseyait pour répondre à la demande. Il sentit le sorcier se crisper sous sa paume, apparemment l'autre prenait sur lui pour ne pas lui faire faire connaissance avec son poing. Le blond évita de ricaner et posa ses deux bras sur la table, puis adressa un regard à son compagnon pour lui signifier qu'il attendait la suite des événements. Le regard éloquent de Lacey lui répondit.

Ce dernier, devant l'évidence tragique qu'on ne ficherait jamais la paix à ses miches, reparti lui aussi s'asseoir. Au moins là, son séant serait à l'abri.

« Tu cherches quoi? »
« Beaucoup de choses... »

L'expression gênée sur le visage de l'homme signifiait qu'il avait toujours du mal à évoquer le sujet publiquement. Russel haussa de nouveau les épaules avant de s'installer plus confortablement dans sa chaise. Plus confortablement encore, aurait été de mettre ses pieds sur la table, mais ça n'était pas encore dans ses habitudes. Il savait être sans gêne et toutefois, l'homme démontrait étrangement qu'il était bien élevé.

« Tu veux encore faire un truc honteux et secret, si bien que ma présence te gène et tu as l'intention de me faire disparaître quand tout sera fini pour que personne ne parle? »
« Tu as des trucs plus cons à dire? »
« Oui... Mais j'aimerai qu'on reste amis. »
« … Je cherche les livres sur les animagus. »

Russel tendit son bras pour attraper la feuille et la plume de son compagnon et commença à noter sur le parchemin, l'objet de leur recherche. Lacey avait croisé les bras derrière la tête et laissait l'autre homme s'amuser avec la plume et l'encre. A vrai dire, l'auror était surpris, il s'était attendu à une moquerie de la part de l'autre, mais rien. Pas même un commentaire, juste un petit « hm » appréciateur.