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 Is There Life On Mars ? [Hors HP]
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyLun 9 Mar - 17:33:02

Scène 26

Elle détestait transporter de gros objets, qui l'encombreraient aussi bien sur les trottoirs que dans les transports publics. Surtout quand l'objet en question s'agitait et miaulait à longueur de temps.

Cependant, Violette ayant déjà gardé le chat dans sa chambre universitaire, où les animaux étaient interdits, pendant cinq jours, elle pouvait difficilement lui demander de s'occuper de lui plus longtemps.

Et puis, elle-même attendait avec une certaine hâte de retrouver la boule de poils qui lui grifferait les pieds pendant qu'elle serait en train de dessiner, et lui lécherait les paupières le matin, pour lui rappeler qu'il fallait qu'elle se lève et lui fasse partager son lait quotidien.

La cage de plastique, dont les agitations forçaient son bras à se tordre de droite à gauche, lui plissait la peau qui s'était rougie en Angleterre, l'impression de la craqueler et de la déchiqueter à chaque mouvement, en plus de l'incendie interne qui s'y propageait en permanence. Et puis, comme si ça n'avait pas suffit, dans le sac qu'elle portait en bandoulière (et son épaule avait été la partie la plus touchée par ces rayonnements fourbes), elle avait rangé un livre énorme, un dictionnaire, une encyclopédie, une bible, bref, un pavé sur les cathares qu'elle avait jugé utile d'emprunter à la bibliothèque publique, délibérément placée sur son itinéraire pour se rendre sur le campus où vivait son ancienne copine de prépa. Dieu, qu'elle s'en voulait de ne pas avoir réfléchi plus que ça avant de prévoir son parcours de la journée.

Au fur et à mesure que le mois avançait, la chaleur devenait de plus en plus forte, et à présent qu'il touchait presque à sa fin, c'était encore plus remarquable. C'était l'été qui était là plutôt que le printemps, et, au vu du cercle parfait de taches rouges et bombées, espacées de façon régulière autour de son oeil droit, les moustiques l'avaient ressenti aussi bien qu'elle. C'était en se rappelant ce détail vraiment peu encourageant pour toute personne s'attardant sur son visage qu'elle avait arrêté sa main prête à frapper à la porte du bureau de Marc, jusqu'auquel elle était montée en se demandant si elle allait faire une attaque cardiaque, à force d'entendre l'organe vital se cogner contre les parois de sa poitrine avec une telle force et une telle vitesse, et elle avait essayé de calmer sa respiration, avait vaguement passé la main dans ses cheveux, essayant de leur donner un côté encore un peu ébouriffé, mais ils commençaient à devenir trop longs pour ça, avait collé son oreille contre la porte, tentant de déceler les traces d'une conversation qu'il aurait été considéré comme hautement impoli d'interrompre, s'était demandé si elle était vraiment aussi rouge qu'elle en avait l'impression. Elle avait refait son petit discours dans sa tête : non, je devais passer sur le campus, de toutes façons, je me suis dit que je pouvais aussi bien faire un saut jusqu'ici...

Et puis, le courage lui avait manqué, elle s'était convaincue qu'elle aurait l'air parfaitement ridicule, elle s'était passé la main sur le visage, histoire de reprendre confiance, et c'était là qu'elle avait senti les quatre ou cinq bosses qui s'étalaient sur son front, sa joue et l'arête de son nez, et avait fini de se dire qu'elle n'était absolument pas présentable, et qu'il valait mieux qu'elle rentre chez elle.

Elle lui avait laissé son numéro, et il avait dit qu'il appellerait. Normalement, il aurait déjà dû appeler. Il ne l'avait pas fait. Elle avait redescendu les étages d'un pas qui se voulait résigné et qui était hésitant, se forçant à sourire, et à avoir l'air de la meilleure humeur possible. Après tout, le soleil brillait, dehors, et elle avait aux pieds de nouvelles tongs marron décorées de fils dorés, dans un style à la fois très décontracté et un peu hippie qui lui plaisait. Et son corsaire, brun, lui aussi, s'y assortissait bien. Ses lunettes de soleil à la Brigitte Bardot étaient remontées sur son front. Son sac en bandoulière lui donnait l'air d'une étudiante, comme tous ceux qui paraissaient dans l'herbe et sortaient des amphithéâtres, des feuilles de brouillon à la main, en discutant en riant des réponses qu'ils avaient donné à telle ou telle question. Bien sûr, il y avait aussi ceux qui sortaient en criant qu'ils avaient tout raté, ou qui demandaient avec des tics de nervosité à leurs camarades s'ils pensaient avoir réussi, et s'ils avaient placé ou non tel mot de vocabulaire dont ils n'étaient pas parvenus à se souvenir. Mais elle préférait ne pas faire attention à ceux-là, et ne savourait dans les visages que l'insouciance de la fin d'année, plutôt que l'énervement que provoquait celle-ci.

Et puis, après avoir récupéré Mary-Victoria-Elizabeth (mais elle la surnommait Betty, ou Vicky, selon les jours), le chaton blanc, à l'exception bien sûr de sa patte arrière droite, qui était entièrement noire, elle n'était pas remontée jusque dans les étages de l'université, et avait tranquillement emprunté le chemin qui la mènerait jusque chez elle, souffrant le martyr à chaque secousse de l'animal. Et chaque fois qu'elle laissait échapper un soupir, elle imaginait qu'il arrivait derrière elle comme par magie en lui susurrant un ''besoin d'aide ?'' taquin que, si elle y avait réfléchi de façon réaliste, il n'aurait jamais dit de toutes façons, parce que ce n'était pas son genre, ça, c'était plutôt le genre d'Hugo, mais Hugo était à Jérsualem, après tout.

Mais elle ne le croisa pas, même en passant sur le passage piéton jusqu'auquel elle l'avait poursuivi, quelques semaines plus tôt, même devant le supermarché où il lui avait acheté des crayons, et même devant le musée où ils s'étaient rencontrés.

C'était de ces jours où elle avait envie de croiser quelqu'un, pas forcément lui, d'ailleurs, elle se serait contentée de Benjamin, ou d'une ancienne copine de classe, ou de Manu, même, ils auraient échangé un sourire, quelques mots, si la personne n'avait pas été Manu, bien entendu, parce qu'étant donné qu'elle ne connaissait pas Manu, à proprement parler, il aurait été étrange d'échanger quelques mots avec lui, mais il n'y avait désespérément personne, dans les rues. Ah, si. A un café, juste à côté de son immeuble, elle aperçut la crinière brune de sa soeur qui ondulait au rythme du rire qu'elle servait à son stupide fiancé. Elle passa le plus vite possible, en baissant la tête, priant pour qu'elle ne la reconnaisse pas, et, en effet, elle ne la reconnut pas, elle ne tourna même pas la tête dans sa direction, et ce fut avec soulagement qu'elle referma la porte de bois de son immeuble derrière elle, avant que ses chaussures à semelles de mousse ne la guident jusqu'à l'ascenseur, ses pieds la suppliant de l'emprunter lui plutôt que d'escalader les étages avec le chat d'un côté et le sac chargé du livre qu'il contenait de l'autre, et elle n'eut pas vraiment de mal à se laisser convaincre.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyMar 10 Mar - 21:29:13

Scène 27

- Je savais que vous m'appelleriez, l'autre jour, dit-elle en se saisissant d'un livre qui trônait sur l'un des promontoires de la Fnac, en tête de rayon.

Il ralentit le pas pour l'attendre, le temps qu'elle balaye la quatrième de couverture du regard et ne repose le roman à sa place après avoir eu un petit sourire doublé d'un regard intéressé à la lecture du résumé, puis une grimace presque choquée à la vue du prix de l'ouvrage.

- Comment ça, vous le saviez ?, demanda-t-il.

Ce n'était pas vraiment de la surprise, juste de la curiosité, sa voix montrait qu'il voulait vraiment demander : ''comment le saviez-vous ?'', et pas ''ah bon, vous le saviez ?'', comme ça aurait pu être le cas.

- Un pressentiment, répondit-elle, sans plus d'explications, levant vaguement les yeux au ciel, comme si la question était sans importance et n'avait pas lieu d'être posée, de toutes façons.

Ils continuèrent à marcher entre les allées, s'arrêtant sur quelques autres romans, et il sortit sa bande dessinée du tas qui s'étalait sur les diverses tables de ce rayon, et en tourna les pages une à une, sans les lire, s'arrêtant de temps en temps sur une case plutôt qu'une autre.

- Donc ça, c'est ce que vous dessinez ?, demanda-t-il.

Elle hocha la tête, un peu mal à l'aise à l'idée qu'il allait émettre un verdict, qui, quel qu'il soit, ne pourrait la satisfaire. S'il disait qu'il n'aimait pas, eh bien, il n'aimerait pas, et elle saurait exactement ce qu'il pensait, et elle serait vexée. S'il disait qu'il aimait, eh bien, ça pouvait tout à fait vouloir dire qu'il était simplement poli et qu'il n'avait pas envie de s'étendre sur les différents défauts qu'il trouvait aux images qu'il avait sous les yeux, et peut-être n'était-il tout simplement pas touché par les images en général, après tout, et il émettrait un jugement sur elle, sur ce qu'elle avait donné d'elle à travers ce travail, un jugement qu'il garderait pour lui, et le tout serait peut-être plus insupportable encore. Les gens ne comprenaient jamais, de façon général, comment elle pouvait laisser publier son travail sans aucune gêne, sachant qu'il serait destiné à des centaines, voire quelques milliers de lecteurs de tous âges et complètement inconnus, et, en parallèle, dès que quelqu'un parmi ses relations directes tentait de s'attarder sur ce qu'elle faisait, elle mettait toujours des réserves, se retrouvait à bafouiller des explications sur telle ou telle scène, ou sur tel ou tel personnage, et elle préférait, de manière générale, ne pas être là quand son entourage prenait connaissance de ses productions. Parce qu'elle avait l'impression qu'elle y livrait tout, pas seulement ce qu'elle voulait livrer pour faire bonne figure, quand elle se retrouvait avec ses camarades, non, il fallait qu'elle y devienne sincère, et la sincérité, ça pouvait être difficile à manier. Sa vision du monde se retrouvait étalée sous son trait de crayon et ses histoires, et elle prenait soudain peur des mauvaises interprétations et des jugements.

Lorsque le jugement était trop bon, elle se disait qu'elle s'était trompée, et que la personne en question ne comprendrait jamais rien à ce qu'elle avait voulu faire passer. Lorsqu'il était trop mauvais, elle remettait en question tout ce qu'elle avait fait jusque-là, blessée sans pourtant en vouloir à l'autre, se contentant de se trouver parfaitement inutile et indéniablement imparfaite.

- Bon, allez, vendu, je le lirai plus tard, finit-il par lâcher en fermant l'album et en le prenant sous le bras.

Son visage se couvrit d'un sourire particulièrement joyeux. Ca, c'était bien. Il n'avait pas émis de jugement, ni bon, ni mauvais, pas tout de suite. Et peut-être qu'il se contenterait de lire, et qu'il ne lui dirait pas ce qu'il en pensait, et, quand sortirait le prochain album, il l'achèterait aussi, et ils n'évoqueraient jamais le sujet, comme si lui était l'un de ses acheteurs parmi d'autres, elle une auteur qu'il apprécierait sans la connaître.

- Ca va sûrement sonner un peu maladroit, reprit-il pendant qu'ils grimpaient les escaliers qui les emmèneraient au niveau des bacs à CD, mais je ne sais honnêtement pas comment le placer. En fait, je voulais vous téléphoner plus tôt, mais j'ai été très occupé.

- Ah. Des articles à écrire, des bouquins en préparation, je présume.

- Oui, il y a eu ça et...

- Vous avez vraiment des livres en préparation ? Vous écrivez sur quoi ?

Ils étaient parvenus en haut de l'escalier, mais ils marquèrent ensuite une pause, afin de mieux s'écouter parler, en se regardant, tout en fuyant un peu, comme des clients occupés, histoire de ne pas avoir l'air d'entrer dans une conversation trop sérieuse ou trop solennelle, se parlant de profil ou de trois-quarts, dansant d'un pied sur l'autre, bougeant un peu, observant les affiches et les clients qui les entouraient.

- Oh, ça vous ennuierait, je pense. Mais si jamais vous voulez vraiment le savoir, vous irez faire un tour dans les rayons histoire, un jour où vous serez toute seule, vous devriez en trouver quelques uns là-bas.

- Par Marc Venanzi ?

- Venanzi, c'est ça. Vous êtes bien renseignée.

- C'était écrit sur la porte de votre bureau.

- Je sais.

Elle rit, retrouvant son rire fort, puissant, son rire dont on se demandait parfois ce qu'il signifiait vraiment, et lui ne rit pas, il la regarda faire, simplement, attendant qu'elle ait fini avec une note d'amusement dans le regard, avant de la suivre parmi les diverses musiques. Il ne lui dit pas ce qu'il avait essayé de lui dire. C'était ridicule. Elle comprendrait, bien sûr, et, en même temps, ça ne la regardait pas, quelque part, elle enregistrerait l'information, elle ferait une tête de circonstance, dirait qu'elle était désolée, et ça lui sortirait de l'esprit aussitôt, et lui devrait faire semblant d'être profondément triste, elle dirait qu'ils pouvaient se revoir un autre jour, peut-être, s'il préférait qu'elle parte, et ils se quitteraient, sans même qu'il ait eu le temps de lui demander si elle donnait souvent rendez-vous dans les magasins, et si la Fnac lui donnait un pourcentage sur ce qu'elle arrivait à faire acheter de cette manière.
Avant de venir, il avait réfléchi. Il avait imaginé pouvoir le lui dire, il avait plus ou moins préparé son discours : si je vous dis que, depuis le début, je n'ai pas éprouvé le besoin de verser une larme, vous me trouverez insensible ? - Non, bien sûr que non. Ce sont ceux qui versent des larmes parce qu'ils savent que c'est ce qu'ils doivent faire, sans se demander s'ils en éprouvent le besoin ou non, qui sont insensibles. - Vous savez, je ne sais pas si c'est une bonne idée qu'on se voit beaucoup. J'ai un peu l'impression de faire semblant d'essayer de le retrouver à travers vous, comme dans un bon téléfilm de la 3, vous savez, pour me réconcilier avec lui à travers vous après sa mort, et je ne suis tout simplement pas le genre d'hommes qui joue les héros des téléfilms de la 3. Je n'y crois pas, je ne crois pas que je puisse le comprendre en vous fréquentant, je ne crois même pas que j'aie envie de le comprendre tout court. - Bien, dans ce cas, ne me fréquentez pas pour lui. Vous n'avez qu'à me fréquenter pour moi, et ne pas penser plus que ça à trouver une justification à notre entente. Et peut-être qu'elle aurait effectivement pu formuler ces phrases-là, ces mots-là, et elle les aurait pensés, peut-être ne se trompait-il pas, peut-être était-elle ce genre de personnes, mais, après tout, avait-il vraiment envie de vérifier ?

Il ne voulait pas être déçu. Et le tout ne pourrait que le décevoir, parce qu'elle ne pourrait jamais dire tout ça avec toute la perfection qu'il lui avait imaginé quand il y avait d'abord songé.

- Vous aimez Bénabar ?, demanda-t-elle en lui tendant Reprise des Négociations.

- Oh, on me l'a déjà offert, celui-là, merci.

Il avait tendu la main, comme pour dire non, et, pendant qu'elle reposait l'album, il demanda :

- Dites-moi, vous emmenez souvent les gens dans des magasins, quand vous leur donnez rendez-vous ? J'espère que la Fnac vous donne un pourcentage sur tout ce qu'ils vendent grâce à vous.

Elle haussa les épaules, pouffa, et baissa la tête, les yeux à la fois légèrement coupables et légèrement taquins.

- Ben, je savais pas trop où je pouvais vous proposer qu'on se retrouve... Je ne savais que vous considériez ça à proprement parler comme un rendez-vous, enfin, un rendez-vous si vous voulez mais pas un rendez-vous (accent anglais), si vous voulez, enfin, peut-être que vous ne vouliez pas dire ça, remarquez, j'ai peut-être mal interprété, à l'instant, enfin, je me suis juste dit qu'on pourrait se voir et discuter, et c'était un peu cliché de vous retrouver à un café, vous savez, ça faisait vraiment rendez-vous, non pas que je sois absolument contre l'idée d'avoir un rendez-vous avec vous, notez bien, c'est juste que je n'étais pas sûre que c'était ce que vous vouliez vous, quand vous m'avez appelée, vous savez, enfin, j'imagine que ça doit être très clair, quand on a votre âge, pas que vous êtes vieux, hein, mais enfin, vous êtes plus âgé que moi, disons, et donc ça doit être très clair qu'on appelle pour se donner rendez-vous, ou pas, d'ailleurs, enfin pour moi, c'était pas clair-clair, et je vous en prie, interrompez-moi avant que j'aligne encore plus de bêtise dans cette même phrase ou que j'étouffe de ne pas avoir repris mon souffle...

Il ne l'interrompit pas, mais elle s'arrêta quand même, dans un ''bon'' qui suivit la reprise de souffle qu'elle avait elle-même évoquée. Il la regarda un moment, visiblement amusé, même s'il ne souriait pas, que du coin du coin des lèvres, et elle finit par éclater de rire :

- Quoi ?, demanda-t-elle en même temps que l'air, dans des hoquets et des tempêtes, sortaient de ses poumons.

- D'accord, dit-il simplement.

Comme si elle avait répondu normalement à sa question, comme si elle n'avait pas fait des digressions en se perdant plus ou moins dans tous les recoins de son explication, comme si elle lui avait donné une vraie raison pour l'avoir emmené à la Fnac plutôt qu'ailleurs, et comme si l'explication en question avait été comprise et acceptée. Et puis, il continua son exploration, et elle le suivit, sans vraiment se rendre compte de ce qu'elle faisait. Ce type l'épatait.

- Vous aimez Nina Simone ?, demanda-t-il, accroupi qu'il était devant la lettre S, lui tendant le boîtier de plastique dont elle s'empara dans un geste machinal avant de le retourner et de poser les yeux sur les titres du CD.

- Euh... oui, fit-elle après avoir regardé le tout un moment, mais je dois avouer que ma connaissance sur le sujet ne va pas très loin.

- Eh bien, elle ira plus loin quand je vous aurai offert celui-ci. Je n'étais pas vraiment sûr qu'il s'agisse d'un vrai rendez-vous, alors, je ne savais pas si je devais amener un cadeau ou non... Comme ça, nous sommes dans le compromis, je viens sans cadeau, mais vous repartez avec quelque chose quand même. C'est entre le faux et le vrai rendez-vous. Vous en pensez quoi ?

- Je... suppose que je suis d'accord. Si on veut.

Elle le laissa reprendre le CD, et le poser tout contre la bande dessinée qu'il avait déjà avec lui, et resta silencieuse alors qu'ils arrivaient aux caisses.

- Au fait, merci, songea-t-elle à placer au bout d'un moment.

- Mais de rien, c'est un plaisir, répondit-il en riant.

Un rire content de lui. Content tout court, peut-être.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyMar 10 Mar - 21:33:11

Scène 28

Le soleil rosé envoya ses rayons tout contre la vitre qui couvrait la grande pendule, au-dessus de la gare, qu'elle était en train d'observer, sans pour autant qu'elle arrive vraiment à discerner dans quelle position les aiguilles se trouvaient. Ou peut-être était-ce justement à cause des reflets que cela produisait. Elle porta sa main en visière au-dessus de ses yeux fatigués, comme le faisaient les cinq personnes qui l'accompagnaient, dans un mouvement qu'on aurait pu plus uniforme, si l'on avait voulu une chorégraphie parfaite, mais l'intention n'y était pas, de toutes façons.

- Déjà ?, demanda-t-elle, pas à cause de l'heure, qu'elle ne pouvait de toutes façons pas déchiffrer, mais plutôt à cause des rayons du soleil dont elle n'avait pas réalisé qu'il s'était levé. Vous voulez vraiment dire qu'on a marché toute la nuit ?

Elle s'affala sur ses chaussures, comme si cette révélation avait soudain fait prendre conscience à son corps du niveau de fatigue qu'il ressentait. Techniquement, bien sûr, ce n'était pas tout à fait vrai : ils n'avaient pas marché toute la nuit. La veille au soir, elle avait trouvé par hasard à l'entrée d'un cinéma le petit groupe composé de Victoire, Violette, Malvina, Bruno (le petit ami de Malvina) et Thomas qui, d'après ce qu'elle avait compris, était un ami de fac régulier pour le petit groupe, et qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Après le cinéma, ils s'étaient installés autour d'une table de café, et étaient restés assis à discuter, un pichet de bière sur la table, jusqu'à l'heure de la fermeture. Alors seulement avaient-ils commencé à déambuler, jusqu'à ce qu'ils ne s'assoient sur un banc dans la nuit chaude de juin, et ne commencent à chanter des chansons douces en choeur, épaule contre épaule, se balançant doucement, laissant échapper un rire de temps en temps. Lorsque la nuit s'était éclaircie peu à peu, ils avaient commencé à se lever, à sortir du parc dans l'herbe duquel ils avaient trouvé refuge, et à reprendre leur marche tous ensemble dans les rues de la ville, au hasard, jusqu'à arriver à la gare, pas très loin du campus.

- Bon, fit Violette lorsqu'ils arrivèrent près du raccourci qui menait à sa résidence, Victoire, je suppose que tu veux prendre ta douche et te reposer chez moi, on va donc se quitter ici, les autres.

- Okay, firent-ils dans un choeur assez impressionnant, ciao, alors.

Ils se quittèrent avec quelques coucous, et les deux filles empruntèrent la route étroite entourée de branches d'arbre en caquetant. Malvina et Bruno n'habitaient pas loin non plus, et ils ne tardèrent pas à les quitter eux aussi, avec le même cérémonial d'au revoir. Lola soupira, montant ses cheville jusqu'à ses mains pour pouvoir retirer ses chaussures. Elle se retrouva pieds nus au milieu des rues sales, et elle savait parfaitement que, le temps qu'elle rentre chez elle, ses plantes de pieds auraient pris une couleur grise, voire noire, mais ce serait toujours plus confortable que de supporter les brides de ses sandales pendant tout le trajet. N'empêche, elle avait terriblement mal, et elle ne put s'empêcher de pleurnicher, sans pourtant oser trop y mettre d'elle, en gardant la distance et l'ironie nécessaires face à un garçon qu'elle avait rencontré le soir-même, bien qu'ils aient passé quelques heures ensemble, depuis.

- Gnn, j'habite à des kilomètres, et j'ai l'impression de pas pouvoir faire deux pas sans que mes pieds ne s'ouvrent ou ne tombent, je sais pas... Je sens plus mes orteils.

Elle termina son discours par un rire, pour être bien sûre qu'il comprendrait que le tout était dit avec un certain humour, même si tout n'était pas faux dans ce qu'elle disait, et, pour lui montrer qu'il avait compris plus que par réel amusement, il répondit à son rire, d'un petit rire gêné de personnes qui ne se connaissaient pas beaucoup, sans pourtant être encore antipathiques l'une à l'autre.

- T'as qu'à venir dormir chez moi, lâcha Thomas en regardant le sol et avec l'air le plus détaché possible, ce qui faisait de la question quelque chose de sérieux.

- Dois-je voir là une proposition ?, demanda-t-elle, taquine, le nez en l'air, passant sa main dans ses cheveux dans un accès de fausse prétention à l'intention comique.

Il y eut un moment de silence. Des sourires amusés, qui n'osaient pas montrer leur sérieux de peur que l'autre en ait voulu moins.

- Ca, c'est sûr que j'invite rarement les filles juste par bonté d'âme, admit-il après avoir réfléchi à la meilleure façon de formuler le tout.

Elle le toisa. Il n'était pas trop grand, mais plutôt carré d'épaules, le menton sûr, des cils longs, des cheveux qui n'avaient pas été peignés depuis un certain temps. Elle se dit à cet instant que c'était très facile. Elle ne le reverrait jamais et, s'ils se revoyaient, ils agiraient en bons amis, rien d'autre. Ils voulaient tous les deux la même chose, il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat, il n'y avait pas de quoi préparer ça pendant six mois, on pouvait décider de ça très vite, juste après s'être rencontrés, des centaines de personnes décidaient de ça très vite, après tout, et elle n'était pas ce genre de filles, mais ce n'était que parce qu'on ne la laissait pas l'être, et que là, il lui permettait de devenir ce genre de filles, et elle voulait bien essayer.

- D'accord, fit-elle.

- D'accord ?

- Si je te le dis.

- Bon, ben viens, alors.

Elle le suivit, légèrement en retrait, entre les ruelles pavées de plus en plus étroites, avant d'arriver, assez rapidement mais elle ne connaissait pas bien cette partie de la ville, le chemin lui sembla donc plus long, jusqu'à une petite porte de bois qui avait été peinte en verte, qu'il poussa, la faisant passer dans une cour intérieure où se dressait une fontaine, puis ils prirent des escaliers, et il habitait au première étage, une toute petite, petite chambre où le lit occupait la majorité de l'espace. Elle posa son sac sur le sol, en entrant, et resta debout, plantée à côté de la porte qu'il fermait précautionneusement, avant qu'il ne se retourne et ne la regarde, un peu surpris, serrée sur elle-même, toute tendue qu'elle était.

- Oui, bon, je suis désolée, finit-elle par s'excuser avec un mouvement du bras, je suis pas du tout habituée à ce genre de situations et je ne sais pas comment je suis censée me comporter, parce que je suis pas de ces filles qui... enfin, bien sûr, je n'ai rien contre les filles qui font ce genre de choses, il se trouve qu'habituellement, je ne fais pas ce genre de choses, et donc je suis là, et je ne suis pas du tout préparée à être capable de faire ce genre de choses correctement, parce que d'habitude, je ne suis ni assez jolie ni assez idiote pour que les garçons veuillent me ramener chez eux, et...

Il avait eu le temps de marcher jusqu'à la table, où il s'était saisi d'un paquet de cigarettes, dont il avait tiré un cylindre, et était en train de l'allumer. Ce fut à ce moment-là qu'elle s'interrompit dans son discours qu'il n'écoutait apparemment pas, pour s'approcher de là où il se trouvait, et s'asseoir sur le lit en même temps que lui.

- Je peux ?, demanda-t-elle en désignant l'objet qu'il avait laissé sur la table.

- Vas-y.

Elle se servit, et, si la fumée entrant dans ses poumons ne la calma pas, au moins, elle fut contente d'avoir trouvé quelque chose à faire de ses mains, de sa bouche, de son attitude toute entière, une paume de main posée sur le lit, le bras tendu, elle à-demi allongée. Il se pencha au-dessus d'elle et l'embrassa, et elle décida d'arrêter d'être surprise, et de juste se laisser aller, comme elle en avait eu l'intention lorsqu'elle avait accepté de monter. Il se détacha de sa bouche, et ses lèvres se mirent à effleurer sa joue, la caressant de sa langue de temps à autres, jusqu'à remonter à son oreille, qu'il mordilla un peu pendant que sa main droite s'attardait sur son ventre. Puis, il roula sur le côté opposé, se détachant tout à fait d'elle, et retrouva une position assise pour tranquillement écraser sa cigarette dans le cendrier qu'il avait posé sur la table. Après un moment d'hésitation, elle fit de même avec la sienne. Il était occupé à enlever tout le tabac non encore brûlé qui était resté dans le mégot lorsqu'il fit enfin un commentaire :

- D'abord, franchement, si je ne te trouvais rien de joli, tu ne serais pas ici, là, maintenant. Ensuite, c'est un principe, je ne saute que les filles intelligentes, les écervelées que tu peux avoir comme tu veux, très peu pour moi.

- Oui, enfin, on ne peut pas dire que j'ai opposé beaucoup de résistance à...

- Arriver, rester plantée comme un piquet, faire un discours absolument anti-sexy sur tes préoccupations, puis te mettre à fumer une cigarette, c'est déjà énormément en comparaison à beaucoup d'autres filles, crois-moi. Et puis, il ne faut pas trop de résistance non plus, un coup d'une fois doit rester un coup d'une fois.

Elle approuva, comme pour prouver qu'elle avait bien compris ce de quoi il s'agissait et qu'elle n'avait aucune autre intention. Il se mit à genoux sur son lit pour ouvrir la petite fenêtre au-dessus de celui-ci, et tirer les volets de métal devant la lumière naissante du jour, pour que la chambre se retrouve plongée dans une semi-obscurité qui la mit soudain plus à l'aise.

- Et enfin, troisième point, si tu veux partir, là, maintenant, personne ne te retient, la porte est à toi.

Elle resta sur le lit, et il ne la toucha pas pendant une, deux minutes. Puis il l'embrassa à nouveau, dans le cou, il caressa ses seins à travers le t-shirt, puis sous le t-shirt, et il enleva le t-shirt, plongeant dans la dentelle noire qui bordait son soutien-gorge favori. Elle répondit à tout, surprise de le faire avec autant de naturel, comme une série de réflexes. C'était la première fois qu'elle allait faire l'amour avec quelqu'un qui ne serait pas Hugo, et elle avait toujours pensé qu'alors, ce serait avec un vrai petit ami, quelque chose qui marquerait une étape dans une longue relation semée d'autres étapes importantes. Mais la façon dont ça se passait finalement ne la décevait même pas.

Les caresses étaient différentes de celles qu'elle connaissait, le lit était différent, le souffle était différent, plus bruyant, peut-être, plus clair, et, au final, ce qu'elle ressentait était différent. Elle n'essaya pas de ne pas comparer, elle comparait sans même se dire qu'elle n'aurait pas dû le faire : la façon dont il entrait en elle, la façon dont il fermait les yeux, la façon dont il l'embrassait, la façon dont il bougeait. Est-ce qu'il mettait plus longtemps à jouir, est-ce qu'elle-même y vint plus vite ? Toujours est-il qu'ils parvinrent tous les deux au moment attendu sans que l'un n'ait vraiment à sacrifier son rythme pour l'autre. Il se retira sans attendre et passa en position assise pour jeter le préservatif, avant de se remettre au lit. Elle esquissa un mouvement pour se lever, et, quoi, prendre une douche ou remettre ses vêtements, mais, d'une main posée sur son épaule, il l'incita à se recoucher, et passa ses bras autour de ce corps qui lui tournait le dos, plongeant sa tête entre les mèches de cheveux qui lui caressaient le nez, dans le cou.

- Dors, ordonna-t-il.

Et elle s'endormit. Elle ne le reverrait jamais, elle le sut tout de suite, elle ne voulait jamais le revoir. Ca avait été bien, mieux, peut-être, que ce qu'elle avait connu jusque-là. Mais même si elle avait apprécié l'expérience, elle restait définitivement convaincue qu'elle n'était pas de ce genre de filles.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyMer 11 Mar - 8:34:07

Scène 29

Elle détestait ces jours où il n'y avait rien dans sa boîte aux lettres. Elle faisait tout pour les éviter, parfois, elle n'allait pas vérifier pendant trois jours, juste pour que les possibilités qu'elle y trouve quelque chose soient décuplées. Mais c'était un jour sans, il fallait croire, et elle monta donc jusqu'à son étage, les bras vides, pour retrouver sa table à dessins devant laquelle elle s'assit en tailleur. Presque aussitôt, la boule de poils blancs vint se frotter contre ses cuisses, et, avec un soupir de feinte exaspération, elle se releva, et alla fournir l'animal en nourriture et en eau, pendant qu'elle décidait de retirer son jean, pile devant sa fenêtre, donnant une pleine vue sur ses sous-vêtements à ses voisins, s'ils regardaient, pour passer un pantalon de pyjama à la place. Léger, rayé horizontalement de vert et de blanc, avec un cordon qui se resserrait au niveau des hanches pour ne pas qu'il lui tombe sur les genoux. Elle se sentait beaucoup plus à l'aise comme ça, et ce fut dans cette tenue qu'elle se jugea assez bien pour retourner à sa table à dessins et s'emparer de ses crayons pour les premières esquisses. Elle était remarquablement en avance, par rapport au moment du mois où elle décidait habituellement de se mettre au travail.

Mais elle avait une idée, pour une fois, et avait décidé de ne pas la laisser filer. Elle décida de retrouver l'un de ses anciens personnages mâles, Eric, son sérieux, son élégance et sa fac de droits, dans laquelle il avait avancé avec les meilleurs résultats, toujours, entretenant des rapports cordiaux et adultes avec tous les professeurs, une véritable tête à claques, selon son point de vue, pour résumer, elle en avait eu un comme ça au lycée, mais elle avait réussi à lui donner quelque chose de sympathique, au fil des épisodes. Elle le mit sur le chemin d'une première année, une première année qui lui voua une admiration sans borne dès qu'elle l'aperçut, et se mit à pouffer chaque fois qu'ils se croisaient, jusqu'à ce qu'il ne décide d'y mettre un terme et de l'emmener jusque dans sa chambre minuscule – il aurait eu les moyens d'en louer une plus grande, mais il trouvait qu'il faisait beaucoup plus étudiant, comme ça – et qu'il ne commence à l'embrasser, tout en la couchant sur son lit. Ellipse nécessaire, bien sûr, car même s'il était important d'évoquer ces choses nouvelles et délicates auprès de son public adolescent, il ne fallait jamais en dévoiler trop, il s'agissait d'un magazine bien pensant, après tout, un magazine d'un autre temps, regretta-t-elle, le temps où elle-même était en âge de le lire, entretenant une image de la jeunesse que l'on pouvait regretter, quelque part, que les adolescents ne la vivent plus pleinement, et veuillent passer directement au stade au-dessus. Et c'était au nom de ça qu'elle se censurait elle-même, même si elle se doutait que ceux qui la lisaient en avaient vu bien d'autres ailleurs : Je Bouquine avait quelque chose de sacré, qui préservait encore quelques brins de simplicité, d'innocence, d'erreurs d'habillement et de maquillage, de vacances d'été aux premières amours provinciales, de jeux et de trouble qu'on ne connaissait plus, à l'époque où tous les moins de quinze ans faisaient du rock et parlaient de sexe, d'alcool et de drogues dans leurs chansons. Et on finissait par se sentir d'un autre temps quand on avait tout juste vingt-deux ans.

Bref, ellipse, donc. Et puis, ils se couvrirent de draps tous les deux, se rhabillèrent, et elle quitta l'appartement, et il la quitta avec une bise sur chaque joue, et lui assura avec une politesse qui ne pouvait lui aller qu'à lui qu'il avait passé un très bon moment, qu'il espérait qu'elle aussi, et qu'elle n'hésite pas, si jamais elle le croisait dans les couloirs, à lui demander de l'aide pour ses cours ou quelque chose comme ça. Elle éprouvait un certain plaisir à faire de lui un parfait goujat, avec autant de sourires et de bonnes manières. Et la fille quitta la chambre, marchant parmi les rues de sa ville, et Lola s'amusa à faire plusieurs plans d'elle, en pied, en buste, un gros plan sur ses jambes, un autre sur son visage, différentes expressions, différentes attitudes, comme si quelqu'un avait suivi la fille pour la prendre en photo pendant qu'elle marchait. Elle essaya de faire passer toutes les émotions qui la traversaient, sans cliché, sans fausse tristesse, sans trop de joie non plus, sans dégoût, juste une sorte de résignation quelque part apaisée et déçue. Elle demanderait à la coloriste de faire en sorte que ses images présentent de moins en moins de couleurs, jusqu'à ce que la dernière, son personnage accoudé à la rambarde du pont de pierre sur lequel elle passait, saluant un de ses amis, au loin, avec un grand geste du bras et un sourire joyeux, ne finisse en noir et blanc, ou en sepia, elle hésitait encore.

Elle relâcha son crayon, et tourna la tête de droite à gauche, appuyant de ses muscles sur son cou, pour les détendre un peu. A présent qu'elle avait les esquisses et les brouillons, elle décida qu'elle passerait aux vraies planches plus tard. Elle extirpa ses jambes repliées de sous la table, et alla se pencher à sa fenêtre, dans le soleil qui cognait déjà fort sur les rues et les immeubles, observant les passant au-dessous d'elle, ceux qui promenaient leur chien, ceux qui attendaient le bus.

Elle se sentait bizarrement en paix avec le monde entier. Ses cheveux qui commençaient à briller un peu trop lourdement encadraient son visage comme des coups de pinceau, elle pouvait le constater dans le reflet que lui fournissaient sa fenêtre, son maquillage qui avait coulé et qu'elle n'avait pas rattrapé la fixait dans un état de réveil qui lui allait bien, sa tenue laissait paraître ses formes rondes avec lesquelles elle s'était battue pendant des années, et qu'elle avait fini par apprécier comme faisant partie d'elle et de son charme. Elle était belle, dans un laisser-aller ensoleillé, et elle eut soudain envie de s'exposer à toutes les vues, d'enserrer tous les regards dans une étreinte presque amoureuse, de se pencher à cette fenêtre, dans le vide, et de souhaiter une bonne journée à toute cette vie qui s'étalait à ses pieds, et dont elle se sentait faire soudain partie plus qu'elle n'y avait jamais fait attention. Rien ne manquait. Elle était vivante.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyMer 11 Mar - 18:56:36

Scène 30

Violette avait de longs cheveux dont la couleur oscillait entre le blond et le châtain, cette couleur sans couleur que tant de blondes détestent et se dépêchent d'éclaircir ou de foncer, soit d'un côté soit de l'autre, dès qu'elles en ont l'âge, et qu'elle n'avait jamais songé, elle, à changer plus que ça. Les cheveux ondulaient, entourant son visage fin au nez trop long, et se perdaient en mèches diverses jusqu'à la taille, où les dernières pointes se faisaient de plus en plus fines, jusqu'à finalement disparaître au plus pointu de leur épaisseur. Et Violette avait toujours cette habitude d'enrouler, de dérouler, de caresser, de tripoter l'une des mèches du devant lorsqu'elle était contrariée, comme elle le faisait, là, en ce moment. Il fallait dire qu'elle était entourée du désordre habituel qui régnait dans l'appartement de Lola, et que, pour une fille, ce n'était jamais très agréable. Elle trempa des lèvres timides et suspicieuses dans le verre de jus de fruits variés qui lui était tendu, et elle se sentit obligée de répondre à sa grimace :

- T'inquiète pas, je fais la vaisselle, et le jus, je l'ai acheté hier.

L'autre ne rit pas, laissa juste échapper un sourire qui montrait qu'elle avait compris l'intention d'humour, et la brune se décida à comprendre que le fait qu'elle ne fasse le ménage chez elle que rarement n'était pas sa seule préoccupation.

- Tout va bien ?, finit-elle par demander après un moment, à moitié légère, à moitié concernée, parce qu'elle commençait à se demander ce qui avait pu pousser Violette à venir rendre visite à quelqu'un sans s'annoncer auparavant.

- Bon, Lola, fit l'autre dans un soupir exaspéré, j'aurais pu te téléphoner ou t'envoyer un e-mail, mais je voulais te laisser une chance de t'expliquer.

Ses sourcils se haussèrent, elle laissa échapper un rire nerveux, se recalant en tailleur sur sa chaise de bois, pendant que l'autre se tenait bien droite sur son lit, les jambes et les lèvres serrées, et enfin, elle remarqua qu'elle était offensée, et sans aucun doute contre elle. Ce fut d'autant plus facile à déterminer après le regard qu'elle lui envoya, un regard d'autant plus noir que c'était sa couleur d'yeux, un regard qui disait clairement qu'elle ne trouvait pas ça drôle. Elle s'efforça donc d'adopter un air un minimum plus sérieux pour hausser les épaules, mais l'autre n'avait apparemment pas l'intention de reprendre la parole sans réaction orale de sa part.

- Okay, m'expliquer pour quoi ?, demanda-t-elle en essayant d'adopter le ton le plus patient et le moins agressif qu'elle pouvait.

C'était apparemment tout ce qu'elle avait attendu pour soupirer à nouveau, lever les yeux au ciel, puis détourner le regard dans une retombée de paupières à la fois lourde et lente, et poser son verre sur le sol dans un mouvement qu'elle aurait eu plus violent si elle avait trouvé plus rapidement un endroit où il serait stable et loin de tout papier qu'elle risquait d'abîmer.

- Bon, Lola, tu veux bien te sentir concernée cinq minutes, cinq minutes seulement, par la vie du reste du monde ?

- Ca dépend celle de qui, tenta la brune dans une plaisanterie.

- Tu sais, ton amie Victoire, celle que tu connais depuis des années, que tu fais rire à longueur de temps, tu vois à peu près ?

On pouvait difficilement feindre de ne pas entendre le sarcasme dans sa voix, c'est pourquoi elle choisit de se taire, de ne surtout pas demander ce qu'elle avait envie de demander (qu'est-ce qu'elle a encore ?), et de simplement attendre que l'autre décharge avec une pudeur feinte tous les malheurs de son amie de toujours, en montrant à quel point elle était courageuse de supporter tout ça.

- Thomas lui a dit que vous aviez couché ensemble.

- Ah.

Elle était un peu surprise. Est-ce qu'on disait qu'on avait couché avec quelqu'un, quand ça n'arrivait qu'une fois, comme ça, sans conséquence ? Elle ne s'était pas posé la question, et elle avait bêtement assumé que le tout devait rester secret, mais après tout, comme ça ne lui était jamais arrivé, elle réalisait qu'aucune règle mentionnant tout ça n'avait jamais été édictée.

- ''Ah'' ? C'est tout : ''ah'' ? Tu es fière de toi, peut-être ? Ca faisait des mois que Victoire attendait qu'il daigne la remarquer, et toi tu arrives, et hop, ça y est, c'est fait, ça t'aurait fait mal de te retenir, pour une fois ?

- De me retenir ? Attends, ça veut dire quoi, ça ? Je savais pas que je correspondait au profil type de la mangeuse d'hommes. Et puis c'était juste une fois, c'est bon, je vois pas ce que ça change pour Victoire, elle peut toujours sortir avec lui, je crois pas qu'il était puceau, avant ça, hein, de toutes façons.

Elle avait démarré au quart de tour. Elle détestait se faire accuser aussi directement de choses qu'elle avait certes faites, mais qu'elle n'avait pas la moindre idée de regretter, puisqu'elle les avait appréciées sur le moment, et en appréciait toujours le souvenir. Elle n'aimait pas qu'on la juge de cette manière, elle n'aimait pas qu'on l'accuse de rendre d'autres personnes malheureuses au risque de lui gâcher son bonheur, à elle. Mais Violette ne comprenait pas tout ça, évidemment, Violette continuait sur sa lancée, puisqu'elle était venue pour lui dire ce qu'elle avait préparé, apparemment, sans la moindre intention de lui laisser l'occasion d'expliquer ce qu'elle avait fait, contrairement à ce qu'elle lui avait pourtant dit en commençant.

- Mais avec toi, ça n'est jamais une fois, Lola. Tu sais très bien comment ça finit, tu sais très bien que vous allez recommencer, et encore, et encore, et...

- Euh... Je ne voudrais pas interrompre ta très belle histoire aux personnages apparemment hauts-en-couleur mais tu peux me citer ne serait-ce qu'un garçon avec qui ça s'est passé de cette façon ?

Le silence retomba, un silence que Violette ne voulait pas laisser retomber, mais il était vrai qu'elle n'avait aucun exemple à l'esprit, tout simplement parce qu'il n'y avait aucun exemple tout court. Elle soupçonnait vaguement une aventure avec Hugo, mais est-ce que c'était arrivé plus d'une fois ? Est-ce qu'ils avaient même vraiment couché ensemble ? Et à part lui, elle chercha en effet, mais ne trouva rien.

Rien de rien, on ne connaissait jamais à Lola de petit ami, des grands amours à sens unique, peut-être, des petites phrases de drague dont elle faisait toute une montagne, aussi, mais elle ne s'était jamais interrogée sur les aspects concrets de la situation, et, à présent qu'elle les avait en face d'elle, elle fut forcée de reconnaître qu'elle ne pouvait pas considérer sa camarade comme la vamp qu'elle voulait voir en elle parfois. Lorsque le calme, lourd, soupçonneux, presque agressif, fut tout à fait restauré, ce fut Lola qui reprit la parole la première :

- Et puis, je ne vois pas comment j'étais censée savoir que Victoire était intéressée...

Mais cette fois-ci, elle n'eut pas autant de chance, puisqu'elle était apparemment attendue au tournant.

- Parce qu'elle n'a pas arrêté de parler de lui depuis trois mois, et que tu étais là, parfois, mais bien sûr, toi, tant que ça ne te concerne pas directement, tu ne fais attention à rien. En fait, tu es une vraie égocentrique.

- Mouais, répondit-elle, à la fois non convaincue et sarcastique. Mais tu sais pourquoi il faut que je m'occupe de moi ? Parce que personne ne va le faire à ma place. C'est sûr que Victoire, celle qui n'arrête pas de dire qu'elle est déprimée, et que ça ne va pas, elle, personne n'hésite à aller la soutenir.

- Mais elle a des raisons d'être déprimée, tu dis ça comme si c'était des caprices, sa vie est pas super facile, au cas où tu l'aurais pas remarqué.

- Ah, oui, c'est vrai. Elle est en train de se décourager, à la fac, et elle veut arrêter ses études. Et puis, elle est célibataire depuis des années. Et elle est fâchée avec ses parents. La pauvre. Attends, deux minutes. A qui d'autre est-ce qu'il est arrivé les mêmes choses ? Mais oui, moi, mais je ne vais pas le dire, parce que c'est purement égocentrique, mais je ne me rappelle pas, à aucun moment, que tu sois venue me voir pour me demander comment ça allait, ou que tu m'aies appelée, comme ça, ou que tu m'aies envoyé des messages de réconfort, ou même que tu aies transformé une bise de bonjour en câlin prolongé, un jour où on se serait vues. C'est drôle comme tous ces moments d'amitié sincère et désintéressée me sont sortis de l'esprit.

- Oh, ne joue pas les martyrs, s'énerva la blonde en se levant du lit où elle était assise, écrasant la queue du chaton au passage, provoquant un miaulement réprobateur. Tout le monde sait très bien que Victoire et toi n'avez jamais vécu les choses de la même façon.

- Ah oui, j'avais oublié qu'en plus d'être égoïste et égocentrique, j'étais aussi la dernière des insensibles, lâcha-t-elle dans un chuchotement acide. Allez, casse-toi.

L'autre claqua la porte, et elle sortit aussitôt une cigarette de son sac, et l'alluma en avalant rapidement et sèchement les bouffées, les unes après les autres, jusqu'au moment où elle se sentit tout à fait calmée, et où son rythme se ralentit. Elle n'aurait pas dû s'énerver et se laisser aller à la colère première qu'elle ressentait. Parce qu'elle n'aurait pas dû ressentir de colère, elle n'aurait pas dû se laisser décevoir, elle aurait dû le savoir : il ne fallait rien attendre de filles, jamais, et c'était une bêtise d'essayer de se faire justice à leurs yeux, une fois qu'elles avaient décidé que vous aviez tort.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyJeu 12 Mar - 9:07:43

Scène 31

Ah, Bijou,
Que te dire de plus ? J'ai retardé le moment du dôme doré que l'on trouve sur toutes les cartes postales ici autant que je le pouvais, mais il fallait bien y arriver un jour ou l'autre. Je viens officiellement de rater mon master, puisque je n'ai rien rendu, et que la date limite est à présent passée. Cette escapade perd du même coup son goût d'interdit, ce qui, ajouté au fait que les touristes sont de plus en plus nombreux, me rend la ville amère, connue sans pourtant être familière, ennuyeuse, pour tout dire. Dois-je te faire cet aveu que tu connais déjà, que je n'ai jamais cru à ces histoires de trésor ?
A Dieu, donc (en deux mots, comme Rodolphe à Emma Bovary, mais je suis sûr que tu aurais compris la référence sans que je le précise).
H.M. (comme le magasin)


Il avait choisi, apparemment, la carte postale la plus kitsch qu'il avait trouvée, entre la photo elle-même, celle que l'on trouvait en vingt exemplaires si l'on tapait Jérusalem sur Google Images, le cadre rose fuchsia qui entourait le tout, et l'écriture en dégradé orange, en bas, dans une police attachée et en italiques, où le nom de la ville était inscrit comme sur un néon à l'américaine. Elle sourit en la trouvant, unique résidante de sa boîte aux lettres dans laquelle même les publicités semblaient s'être arrêté de pleuvoir. Ce seul objet suffit à lui donner le coeur de se remettre au travail, et de terminer l'encrage des planches de bande dessinée que son patron lui avait déjà réclamées plusieurs fois. Commencer en avance n'avait pas fait avancer son travail plus rapidement, bien au contraire : une fois les esquisses et brouillons terminés, elle avait pris tout son temps pour passer au propre, avait recommencé, se disant toujours qu'elle pouvait faire mieux, puis avait laissé reposer pendant des jours avant de se décider enfin à encrer le tout. Mais lorsqu'elle eut terminé, elle laissa sécher le tout avec une sorte d'impatience, contente qu'elle était de son histoire, contente d'y avoir passer autant de temps, sans pourtant être sûre d'en être vraiment satisfaite, car s'être entourée de ses dessins, de ses dialogues, de ses personnages pendant aussi longtemps les lui faisait voir comme des objets artificiels dont l'artifice, justement, était trop évident, trop grossier, mal fait, même, de sorte qu'elle finissait par se convaincre que personne ne pourrait y croire, que personne ne se reconnaîtrait dans cette histoire, elle n'avait fait passer aucun sentiment, ou seulement de faux sentiments, seulement des clichés, se dit-elle avec une moue en relisant le tout. Cependant, elle ne pouvait pas en être certaine. Elle n'avait pas assez de recul pour savoir si oui ou non elle avait atteint son but initial ou s'il s'agissait-là d'un échec complet, comme elle le ressentait à la relecture. Mais il lui arrivait souvent ce genre de choses, et, finalement, lorsqu'elle reprenait après des mois des choses qu'elle avait jugées absolument ratées un ou deux jours après les avoir terminées, elle ne les trouvait jamais si terribles.

Elle savait donc que la seule façon de savoir si elle serait vraiment contente de ce qu'elle avait fait serait d'attendre et de pouvoir constater, plus tard, qu'elle avait eu raison ou tort. Mais le temps d'attendre, elle ne l'avait pas, justement. Ses collègues attendaient et comptaient sur elle, ce pourquoi elle s'empressa, dès que possible sans risque d'abîmer quoique ce soit, de ranger les quelques planches dans une enveloppe brune de grande taille, et d'aller déposer le tout à la poste.

Le soleil brillait encore, comme tous les jours, perdant de son intensité à force d'être présent continuellement, il pouvait bien être plus chaud, les gens y prêtaient de moins en moins attention, mais elle eut tout de même la présence d'esprit de se dire qu'il serait agréable de profiter du dépôt de courrier pour faire une petite promenade, et elle décida donc de poster l'enveloppe à une poste qu'elle connaissait bien, près des quais.

Elle attendit que la personne devant elle ait fini d'enfoncer une dizaine de longues lettres blanches dans la fente réservée à cet effet, puis, une fois qu'il eut terminé, il se retourna. Il avait environ dix-sept ans, les cheveux longs, bruns, et c'était Manu. Ils échangèrent un sourire poli, et il était assez évident qu'il n'avait absolument aucun souvenir d'elle, il s'agissait juste d'une femme qui voulait poster du courrier après lui, et avec qui il ne voyait pas de raison d'être particulièrement ni antipathique, ni sympathique. Il s'éclipsa dans une ruelle qu'elle connaissait bien, puisqu'elle menait à l'immeuble d'Hugo, mais il y avait bien longtemps qu'elle ne l'avait plus empruntée. Elle fixa ses yeux sur lui le temps qu'il disparaisse à un tournant des murs des habitations qui encadraient le petit chemin pavé. Et puis, son courrier à elle disparut lui aussi, avalé par le trou de métal dans le mur de pierre.

Elle s'attarda un moment à marcher, les mains dans ses poches de jean, un jean un peu large qu'elle portait rarement, son jean cargo, en fait, sur une esplanade de terre battue entourée d'arbres, près des quais, puis elle passa au milieu des bouquinistes, s'attardant à peine sur les livres autour d'elle, n'essayant même pas d'en ouvrir deux ou trois, comme elle avait la politesse de le faire d'habitude. Les gens autour d'elle discutaient, se retrouvaient, s'enlaçaient, se disputaient. Elle aimait se dire qu'elle était là pour eux. Pas dans le sens où elle ferait quelque chose pour eux, accéderaient aux requêtes qu'ils auraient éventuellement pu lui formuler, ou leur rendrait un service s'ils le lui demandaient. Non, mais elle était là pour eux, ou ils étaient là pour elle, on pouvait considérer les choses comme ça, parce qu'elle se sentait comme une mission de les immortaliser tous, tous autant qu'ils étaient, dans leurs problèmes quotidiens, dans leurs histoires qu'ils croyaient toujours importantes, dans leurs bêtises et dans leurs beautés, elle s'était toujours sentie la mission de les dessiner, et de leur donner une âme, les uns après les autres, de faire du banal quotidien une merveille à raconter et à découvrir. Elle pouvait se dire qu'elle n'y arriverait jamais, aussi bien au niveau de la quantité à traiter que de la qualité que l'on aurait été en droit d'attendre d'une telle entreprise. Mais elle n'abandonnait pas, elle continuait, et encore, jusqu'à, espérait-elle, arriver à comprendre un peu mieux ce que chacun faisait là, dans ses moments de gloire comme dans ses ridicules.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyJeu 12 Mar - 23:06:12

Scène 32

Les assiettes étaient épaisses, carrées, bleues, les serviettes en tissu orange, la pièce aux murs teintés à la cire éclairée de manière chaude, comme une chaumière que l'on aurait éclairée la nuit, attirant les passants comme s'ils avaient été pourvus d'ailes et de dards, de par l'éclairage doux et les odeurs de tomate et d'huile d'olive qui s'échappaient de la porte, des fenêtres, et même des murs en pierres apparentes. Il avait commencé par lui conseiller les tagliatelles aux noix et au gorgonzola.

- Au gorgonzola ?, avait-elle demandé, dubitative.

- Oui. Pourquoi, vous n'aimez pas le fromage ?

- Euh, si, beaucoup. C'est juste que nous voir à vingt heures, le fait que vous passiez me prendre, que nous nous rendions dans un restaurant, j'avais trouvé ça très conventionnel, et donc je pensais que cette fois, on pouvait raisonnablement considérer ça comme un vrai rendez-vous.

- Mais c'est un vrai rendez-vous.

- Et vous voulez que je mange du gorgonzola ?

Il se laissa gagner par le rire devant son regard qui le traitait indéniablement, mais gentiment d'imbécile, et choisit de ne pas pousser le manque de jugeotte plus loin.

- Pardon, c'est vrai. Je suppose que c'est proscrit pour moi aussi.

Elle ne répondit rien, se contentant d'un sourire évident, et elle avait finalement opté pour une pizza au jambon de pays. Ils avaient d'abord grignoter leur pain trempé dans l'huile du diable en silence, cherchant plus ou moins quoi se dire, sans pourtant cette gêne qui aurait pu s'emparer d'eux, ce manque de sujets de conversations qui amenait à éviter les croisements de regards, à tout avaler le plus vite possible, et à rentrer chez soi sans la moindre intention de revoir la personne avec qui l'on avait partagé cette soirée ratée. Non, il n'y avait pas ça. Pour le moment, ils se regardaient dans une sorte de complicité amusée, une bataille dont les armes seraient les sourires et les moqueries taquines.

- Donc, vous trouvez ça trop conventionnel ?, demanda-t-il après une bouchée de pain qu'il avait apparemment jugée plus petite avant qu'elle n'entre dans sa bouche.

- Ben... Faut avouer que ça fait assez film, dit-elle en haussant les épaules, tournant la tête de gauche à droite, les yeux levés, comme pour observer le décor une nouvelle fois avant de prendre sa décision.

- Le coup de la librairie faisait aussi beaucoup comédie romantique, dans son genre, assena-t-il alors qu'elle ne s'y attendait pas.

Elle afficha une petite moue durant la demi-seconde nécessaire à trouver une réponse.

- Oui, comédie romantique anglaise. Le restaurant, c'est plus film français du quotidien, vous voyez le genre.

- Vous n'aimez pas les films français.

- Si, à voir, si. Mais bon, dans les films français, le type finit par sortir avec la fille un peu malgré lui, puis il la trompe, ça crée un tas d'histoires, et pour finir, il largue et sa femme, et sa maîtresse, parce qu'il s'est rendu compte entre temps qu'il préférait sa vie de célibataire endurci.

Il s'adossa contre son dossier, acceptant la défaite avec fair-play. Lola se demanda si elle aimait son visage. Est-ce que ses joues n'étaient pas vraiment trop rondes ? Ca lui donnait une tête de rongeur, sans compter que ses lèvres n'étaient pas particulièrement bien dessinées. Et puis il y avait son nez, trop droit dans ce visage qui aurait pourtant pu avoir quelque chose d'enfantin, et qui ne l'avait pas, ou à peine. Elle eut ce drôle de sentiment de déception vis-à-vis d'elle-même, cette impression qu'il ne lui plaisait pas physiquement, et qu'elle ne connaissait finalement rien de lui qui n'était pas physique, ou presque rien, mis à part cette sensation d'être sur la même longueur d'ondes quand ils se voyaient, et encore, pas la première fois, la première fois, il l'avait juste agacée, à sous-entendre qu'il l'avait déjà classée dans une catégorie de personnes alors qu'il ne lui avait jamais adressé la parole. Alors, qu'est-ce qui restait ? Qu'est-ce qui faisait qu'elle ne regrettait pas une seconde d'être arrivée dans ce restaurant ce soir-là, et de passer la soirée avec lui, qu'est-ce qui faisait que sa présence lui donnait une impression de pouvoir parler des heures, de pouvoir être à la fois amusante et sérieuse, piquante et adoratrice, de pouvoir, finalement, lui faire confiance ?

- Vous savez, je vous dois des excuses. A peine vous avais-je rencontrée que j'ai commencé à vous mépriser, quelque part. Je vous ai vue regarder mon père peindre, et j'ai cru que vous étiez de la même sorte que lui, sans originalité, une personne lisse, passant dans la vie en faisant ce qu'on attendait d'elle, sans penser ou en pensant selon des modes que vous croyiez intéressants et que vous adoptiez avec une fausseté prévisible.

- Je l'ai senti, admit-elle avec une pointe de défi. Et vous avez changé d'avis ?

- Oui. Quand vous m'avez couru après, dans la rue, vous savez. Je me suis dit que seule une personne qui ne s'attardait par à réfléchir à l'image qu'elle donnerait d'elle, qui agirait en fonction de ses ressentis, une fille vivante, une fille intéressante, en fait, pourrait faire quelque chose comme ça.

- Ah.

Les pizzas arrivèrent à ce moment-là, et ils se reculèrent d'un même mouvement pour laisser le serveur les déposer devant eux, là où il se devait de poser les assiettes, et ils mangèrent en discutant, ou sans discuter, laissant des blancs d'observation s'installer, des blancs qui leur permettaient de s'évaluer entre deux phrases, entre deux bouchées, de s'attarder sur les cheveux propres, brillants, le blond et la brune, les mimiques, les façons de balancer les couverts entre leurs doigts, ou de chercher le bord de leur verre pour venir y goûter l'eau fraîche, et ces mouvements n'étaient pas toujours élégants, pas toujours gracieux, ils n'avaient pas toujours cette mesure de films qui les auraient fait rêver, parce qu'il n'était de toute façon pas facile de manger en ayant l'air gracieux, mais ils avaient juste quelque chose d'agréable, et, quelque part, de mémorable.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptyVen 13 Mar - 9:41:34

Scène 33

L'orage éclata lorsqu'ils sortirent du restaurant, en grosses gouttes froides qui atterrissaient sur leur peau dans un mélange de métal et de douceur, et l'odeur de terre qui les accompagnait, moins forte qu'elle ne l'aurait été en campagne, mais indéniablement présente. Sans rien pour se protéger, ils coururent jusqu'à un arrêt de bus sous lequel ils trouvèrent refuge, et elle lutta contre son envie de sortir une cigarette de son sac et de l'allumer. Elle le regarda, les mèches de cheveux de devant mouillées par la pluie, les lunettes parsemées de gouttes d'eau, la chemise se collant à ses épaules dans une inélégance dont elle n'avait jamais cru qu'elle pourrait lui plaire un jour, et, sans qu'il n'en sache rien, elle décida que c'était pour lui, pour cet homme-là, qu'un jour, elle arrêterait définitivement de fumer.

- Je voulais vous dire, quand vous avez parlé du jour où l'on s'est rencontrés, tout à l'heure, fit-elle au bout d'un moment, en haussant le ton pour qu'il l'entende malgré les gouttes qui s'abattaient incessamment sur les parois et le toit de l'arrêt de bus.

- Mmm ?, demanda-t-il en s'asseyant sur le banc, se résignant à ce que la pluie ne s'arrête pas avant un bout de temps.

- Vous ne m'avez pas fait bonne impression du tout. En fait, vous m'agaciez, avec vos airs supérieurs, votre façon de présumer que vous connaissiez tout de moi.

Elle regardait le restaurant, en face, les clients qui en sortaient, en groupes, un par un, et de plus en plus rapidement. Elle évitait de le regarder lui. Tout ce qu'il verrait d'elle serait son dos, ses jambes un peu trop épaisses, la jupe noire de la robe bustier qui s'arrêtait juste au niveau des genoux, et les pieds qu'elle se débrouillait à l'instant-même pour amener à hauteur de ses mains et les défaire de leurs sandalettes noires à talons trop hauts, et retrouvaient le macadam frais et trempé, contre leur peau nue, avec délice.

- Mais ça ne m'a pas empêché de savoir que malgré ça, et de façon totalement arbitraire, et malgré toutes les interdictions que je m'étais faites à ce sujet, j'étais tombée folle amoureuse de vous, dès que vous vous étiez assis, et que vous m'aviez parlé.

Elle laissa passer un silence, un silence qui ne finissait pas ce qu'elle avait à dire, un silence, un vrai blanc, juste pour la pause solennelle nécessaire à cet instant dont elle savait qu'elle le faisait arriver beaucoup trop tôt. Elle le faisait exprès. Elle ne voulait pas d'une histoire banale. Elle voulait avoir quelque chose à raconter, plus tard.

Et il eut la décence de respecter ce silence, ne bougeant pas d'un pouce sur le banc où il s'était assis un peu plus tôt, se contentant d'observer les gouttes d'eau qui perlaient sur sa nuque depuis les mèches noires qui la caressaient.

- Bon, maintenant, je vous ai dit ça, et vous le savez. Mais faites comme si vous ne le saviez pas. J'ai envie de rendez-vous, j'ai envie que vous hésitiez avant de me demander si je veux que vous me raccompagniez, et j'ai envie que vous anticipiez et vous languissiez également du moment où il sera décent de m'appeler, après, vous savez... Si je vous dis ça, c'est parce que j'ai reçu une invitation, aujourd'hui, pour le mariage de ma soeur. Je n'ai pas revu ma famille depuis des années. Mais quand je la reverrai, et peut-être que ce sera à cette occasion, j'aimerais que ce soit avec vous. Parce que c'est avec vous que je serai capable de les supporter pendant toute une journée, et aussi parce que ça les écrasera complètement, que je puisse sortir avec un type comme vous.

- D'accord, dit-il.

Il souriait, et, alors que les gouttes ralentissaient de plus en plus, il se leva paresseusement, arriva au bord de la toiture de l'arrêt de bus, là où elle était restée depuis le début, et, lorsqu'il arriva à son niveau, il demanda avec une certaine auto-dérision, un certain humour qu'ils pouvaient partager, à présent qu'ils avaient passé deux ou trois heures ensemble, à discuter de divers sujets, puis qu'elle lui avait fait toute cette déclaration :

- Je vous raccompagne ?

- Avec plaisir, conclut-elle en se retournant et en levant les yeux vers lui, avant de lui offrir son sourire, et de lui emboîter le pas en direction de son propre immeuble.

Ils continuèrent à rire, en vagabondant sur les trottoirs, elle faisait exprès de marcher dans les flaques d'eau, le long des rues, avec ses pieds nus, et il lui parlait de guerres de religion et elle écoutait religieusement (avec jeu de mots, oui), et retenait quelques événements, ceux qui lui plaisaient le plus, ou les plus loufoques, et puis elle riait sans raison, juste parce que le ton de sa voix avait pris un tournant comique à ses yeux, et peut-être le vin commençait-il à lui monter un peu à la tête.

- Mais je dois vous prévenir, fit-elle en introduisant sa clé dans la serrure de la porte du bas, je suis extrêmement désordonnée. Vous, vous êtes du genre ordonné.

- On ne peut rien vous cacher.

- Je le savais. Eh bien, si vous ne faites pas de crise cardiaque en voyant l'état de l'appartement, ça ira. Mais au cas où vous ne seriez plus en état d'entendre quoique ce soit quand vous serez là-haut, autant vous le dire : j'ai un chat. Oui, ça fait vieille fille célibataire qui ne se casera jamais. Ca vous repousse vraiment ?

- Bizarrement, je m'en fiche.

- Je trouvais que vous aviez l'air, en effet.

Ils rirent tous les deux, et elle parvint enfin à pousser la porte, puis s'engouffra dans les escaliers où il la suivit, enserrant sa taille avant de la relâcher. Non, ça ne collait pas. Il faudrait faire les choses de façon carrée, il faudrait attendre d'être montés, et là, ils commenceraient à se regarder. Au moins, c'était une façon d'éviter les clichés. Et puis, il fallait admettre qu'il aimait ça. Cette Lola lui plaisait, de plus en plus, chaque fois qu'elle ouvrait la bouche ou qu'elle décidait de quelque chose. Elle semblait toujours décider de tout, d'ailleurs, sans pour autant vraiment devenir envahissante. Elle le précédait dans les tournants de la montée de pierres, et elle le précéda donc à son étage, et il était encore dans l'escalier lorsqu'il l'entendit, la voix d'un loup aux pas de velour, la voix d'un serpent auquel il accorda pourtant un certain respect immédiat, une sorte de sympathie inexpliquée, et ce dès les premiers échos qui lui parvinrent.

- Qu'est-ce que mon voisin fait dans ton magazine ?

Et puis un cri, et les deux bruits sourds, rapprochés des chaussures qu'elle avait tenues jusque-là et qui gisaient maintenant sur le sol, et le frottement de la robe alors qu'elle courait les quelques pas qui la séparaient de lui, et, en moins d'une seconde, juste le temps pour lui d'arriver en haut et de voir la scène, ses bras s'étaient refermés sur lui, et sa tête enfouie dans son épaule, et des rires qui ressemblaient à des larmes, pendant qu'il lui tapotait le dos, parfaitement nonchalant.

Mais il avait fermé les yeux un centième de secondes trop longtemps, tandis qu'il la respirait toute entière, dans son étreinte à la durée infinie. C'est grâce à ça que Marc comprit que le tout n'était pas une illusion. Ce qui se passait sous ses yeux était du réel, du vrai réel pas au sens où ça se passait réellement, mais au sens où ce qu'ils faisaient, là, ils le ressentaient réellement.

Enfin, après une éternité, ils se séparèrent. Sans rien dire, elle marcha jusqu'à lui, lui qui se sentait comme un intrus, et elle ne lui expliqua rien, parce qu'il n'y avait rien à expliquer, il n'y avait qu'à voir ses yeux qui étaient soudain devenus incroyablement brillants, et son sourire qui n'arrivait pas à y croire. Elle eut un mouvement de tête dans la direction du garçon dont il était persuadé de l'avoir déjà vu quelque part, et il finit par sourire.

- Ne vous en faites pas, je ne sais rien de la situation, mais je pense comprendre qu'il vaudrait mieux que je m'en aille.

Peut-être son ton avait-il été un peu trop froid, peut-être n'était-ce que ce qu'il avait dit, en fait, qui l'avait faite retomber du nuage où elle s'était assise tranquillement depuis quelques secondes, parce que son sourire s'assombrit soudain, en prenant conscience que ce qui se passait n'avait rien de très explicite, et pouvait amener à beaucoup de fausses conclusions. Fausses ou non, d'ailleurs.

- Ne... ne pensez pas que... ne pensez rien, d'accord ?

- Ne vous en faites pas. J'ai confiance en vous.

Le sourire revint, un sourire désolé mais qui ne pouvait cacher la joie, le bonheur qui l'animaient.

- Vous viendrez, au mariage de ma soeur ?

- Je pense que nous nous reverrons, d'ici-là.

- Vous viendrez ?

- Je pense que nous nous reverrons, d'ici-là.

- Vous viendrez ?

- Je pense que nous...

- Vous viendrez ?

- Vous êtes du genre insistante, vous.

- Vous viendrez ?

- Oui.

Il pressa le bras qu'il avait enserré en même temps que cette réponse, et lui déposa une bise, une vraie bise, pas de simples claquements de pommettes, sur chaque joue, avant de se retourner sans un regard pour dévaler les escaliers, les mains dans les poches de son pantalon.
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MessageSujet: Re: Is There Life On Mars ? [Hors HP]   Is There Life On Mars ? [Hors HP] - Page 2 EmptySam 14 Mar - 14:07:14

Scène 34

- Bien sûr, mes parents étaient au courant... si... Pas avant que je parte, mais après ça, je leur ai envoyé des cartes postales... Et puis, je pensais que ma copine leur dirait, et elle l'a pas fait, ou je sais pas. Pourquoi tu me demandes ça, d'abord ?

- Pour rien. Je me demandais si j'aurais prévenu les miens si j'avais fait quelque chose comme ça. Alors je me demandais pour toi.

- Ah.

- Et les Templiers, alors ?

- Orf, tu sais. Je ne pensais pas trouver le trésor et tout. Mais je pensais, tu sais que ça serait une aventure humaine, que ça m'ouvrirait des horizons que je ne soupçonnais pas, que vivre parmi des gens, adopter leurs traditions, leur culture, me changerait tout à fait, ferait de moi un homme apaisé et heureux, ce genre de conneries.

- Et alors ?

- J'ai l'air d'un homme apaisé et heureux ?

- Tu as l'air de... juste toi...

- J'ai pas l'air changé ?

- Non.

- Même pas un tout petit peu ?

- Je sais pas... Tu as bronzé, non ?

- Ouais.

- C'est tout ?

- Je crois que ça se résume à peu près à ça.

Ils rirent tous les deux, pendant qu'elle finissait de lui verser son lait chaud dans la tasse au fond de laquelle elle avait réparti la poudre brune du chocolat un peu plus tôt.

- Je crois que ça ferait vraiment cliché de dire que tu m'as manqué, fit-elle en se mordillant la lèvre inférieure dans un réflexe.

- Ben dis-le pas, si ça fait trop cliché.

- D'accord, je le dis pas.

Il y eut un silence, pendant lequel il remua lentement sa cuillère dans sa tasse de chocolat, avant qu'elle ne reprenne la parole.

- Mais tu m'as manqué.

Il leva les yeux vers elle, et lui sourit, de ce sourire des choses à la fois belles et sérieuses, tout en montrant qu'on ne veut pas en faire tout un plat.

- Toi aussi. Tu vas sortir avec Venanzi ?, demanda-t-il, mettant fin au moment émotion en se levant soudain de sa chaise pour aller traîner du côté de la pile de CDs, sa tasse à la main, se tordant le cou pour lire les titres, dont certains étaient à l'envers.

- Ouais. Tu le connais ?

- Ben, je l'ai eu comme prof, oui.

- Je m'en doutais.

Il appuya sur les divers boutons de son lecteur de disques, après y avoir inséré un morceau de métal plastifié dont elle n'avait pas vu qui en faisait la pochette. Puis, il enclencha la touche lecture, et posa sa tasse sur le sol, où le chat s'empressa d'aller laper le tout, timidement, puis de plus en plus goulûment, avec fougue, avec passion, presque.

- Tiens, je tue ton chat de vieille célibataire, je lui donne du chocolat, s'exclama-t-il avec humour en la rejoignant.

- Oh, il en verra d'autres, constata-t-elle pendant qu'il l'enlaçait et l'amenait doucement au slow, pendant qu'ils piétinaient sans y faire attention tous les objets qui traînaient dans l'appartement, et qu'ils se laissaient aller l'un contre l'autre, se retrouvant enfin après tous ses mois, les formes familières à travers les vêtements, l'impression qu'ils avaient été faits pour être l'un contre l'autre, puisque la position ne créait aucune maladresse, juste une familiarité rassurante.

Something in the way she moves attracts me like no other lover, something in the way she woos me. Don't want to leave her now. You know I believe and how.

Elle ferma les yeux, et lâcha dans un souffle qu'elle faisait le plus bas possible, comme si elle ne voulait pas, au fond, qu'il l'entende.

- Tu sais, nous deux, comme avant, c'est fini.

- Je sais.

Et ils continuèrent à danser.

--------------------------------------

Et c'est donc la fin. Merci d'avoir suivi jusque-là, si vous l'avez fait, et dans ce cas, les commentaires (vous savez où c'est) sont les bienvenus ^^ (et ce dans une heure comme dans six mois, hein). En espérant que ça vous ait plu...
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