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 La nuit du "tombeur" ( PV Niko )
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MessageSujet: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyVen 9 Mai - 2:12:10

Un hululement velouté troubla l’obscurité naissante. La jeune femme releva la tête pour croiser le regard luminescent d’une chouette ou d’un hibou. Presque invisible dans le contre-jour du coucher de soleil, l’animal hocha doucement la tête, comme un petit salut fait à la demoiselle. La sorcière suivit le mouvement rapide des yeux ronds comme des soucoupes, des yeux à l’éclat presque surnaturel. On aurait dit une sorte de fétiche gardien tout droit sorti d’un conte africain. N’était que le grand oiseau ne gardait pas la case d’un marabout, mais l’entrée des Trois Balais.

Les fenêtres aux épais carreaux de verre teinté donnait à la lumière qui émanait de la taverne un éclat orangé et chaud. Tout ce qu’il y avait de plus chaleureux pour s’accorder au climat particulièrement clément de ce début de moi de Mai. La boue des chemins de Pré-au-Lard mêlait son odeur de terre à des senteurs florales extraites des petits jardins, des fleurs laissées sur le devant des fenêtres. Avec les dernières flammes du crépuscule pour iriser les toits de pépites dorées et les gouttières argentées à pigeons, et aux matous de ces pigeons…On était pas loin du cadre bucolique de la campagne anglaise. Cette foutue campagne anglaise. Ou tout, jusque dans la nature sauvage, semblait être mesuré au millimètre près. Quand cette brume étouffante ne venait pas se coller à votre peau, cette bruine presque opaque, moite et pesante, qui s’infiltrait par les narines, collait aux poumons et donnait au paysage des rues de Londres des airs de vieil animal malade. Avec les silhouettes mal découpées des passants dans le rôle des tiques.

Des rires explosèrent à l’intérieur du bar et Eslyne put voir quelques personnes se taper sur le ventre, sur la table, sur l’épaule, se congratulant entre elles d’avoir pondu la meilleure blague de la saison. Désolant. Toute cette rusticité était navrante, affligeante par sa simplicité heureuse, son bonheur imbécile, sa réjouissance idiote des choses sans importances. Et non, la douce Lily n’était pas aigrie en dehors de ça. Qui pouvait-elle ? Elle n’avait pas vraiment la possibilité d’aller contre sa nature qui noircissait chaque ligne du paysage à la mesure de sa morosité. Une cassette remplie de Gallions rutilants et de robes de princesse soudain apparue à ses pieds n’aurait reçu qu’un coup de botte rageur pour s’être mise sur son chemin en encombrant le passage.

Si elle venait s’échouer ici, la raison était fort simple. Adamus Pierton, premier figurant/suppléant dans le rôle du père, serait retenu toute la soirée au Ministère et il ne rentrerait certainement que très tard ce soir. Quelques secondes pouvaient faire que cela se change en trop tard. L’absence de l’homme laissait la sorcière avec la seule compagnie de sa mère. Un tête à tête harassant qui avait une chance immense de se transformer en sifflement de vipère, puis en combat de Magyar jusqu’à la victoire par KO de l’une des deux. Et il s'en était souvent fallu de peu que ce KO soit définitif.

Lyn aurait tout aussi bien pu se rendre au Chaudron Baveur ou un quelconque autre bar de la grande ville de Londres. En fait, l’idée de base avait été de se trouver un petit coin tranquille. Un endroit calme où elle pourrait remettre ses idées au clair. Elle ne voulait pas voir de têtes connues qui la salueraient avec de grands sourires quand la satisfaction des autres lui hérissait le poil et ne déclancherait qu’une chose: l’envie d’annihiler ce sourire imbécile. Les dents en moins devaient aider à la garder fermée.
Ce qu’il y avait de déroutant à cette sensation était que le monde continuait de tourner même si elle s’effondrait soudain en pleur. C’était un étrange sentiment, celui d’être "en-dehors" et "à part". Elle ne pleurait pas sur ce manque de similarité entre elles et la masse du troupeau, seulement sur le nombre en déca de la dizaine de personnes qu’elle pourrait jamais respecter. Et aimer. C’était incroyablement vide, ces rues et ces collègues sans plus de consistance que des pantins, rangés dès qu’ils avaient accompli leur tour sur scène.

Enfin…Elle n’était pas responsable.


La porte passée des sons et des effluves de boisson bondirent sur elle. D’ailleurs elles ne furent pas les seuls. La jeune femme eut juste le temps de slalomer entre deux tables braillardes, éviter un gamin coiffé d’un chapeau ridicule qui s’enfuyait en riant avant que tout ne bascule. Au sens propre du terme. Le gamin blond et rondouillard n’eut pas d’autres idées que de se cacher derrière la jupe de velours grenat d’Eslyne, au moment même où elle réajustait une des épingles qui relevait ses cheveux sur sa nuque. Un geste inutile, simplement effectué afin d’avoir une contenance en traversant un passage à vide de la salle. Le garçonnet releva la coûteuse étoffe pour cacher son visage de porcelet blond engraissé au porridge et la jeune femme dut faire un pas de côté, le talon fin de sa botte se fichant entre deux lattes du parquet sans qu’elle n'en prenne conscience.

La sorcière sortit subrepticement sa baguette pour faire courir une petite décharge électrique le long des doigts boudinés du mouflet qui lâcha immédiatement sa robe en piaillant.


-Va jouer ailleurs, tu feras une heu….

Son geste hautain de recul et son air dédaigneux se changèrent en une pure expression de sa stupéfaction alors qu’elle s’engageait dans un mouvement que ne suivit pas son pied droit, solidement maintenu à la même place. Avec une exclamation silencieuse de surprise, la jeune femme chercha à se rétablir vers l’arrière, son autre talon rencontrant le montant d’une chaise…Occupée, puisque celle-ci ne bougea pas sous le choc de la collision. Franchement déséquilibrée, Eslyne chavira totalement sur les genoux de l’inconnu(e), mais sa chute ne s’arrêta pas à la position assise. Emportée par son élan, elle manqua de se renverser totalement vers l’arrière et de s’écrouler au bas de la chaise qui l’avait intercepté. Sentant la force d’attraction agir pour lui faire rencontrer le sol, elle releva précipitamment ses deux mains pour saisir le col de ce qui se révéla être un homme, l‘obligeant à se pencher sur elle dans le but de s‘éviter une dégringolade totale. Suspendue à son cou comme pour un faux baiser de théâtre espagnol à la fin d‘une danse de Flamenco. Un "clac" sec lui indiqua que son talon venait de céder à la pression de son poids et lorsqu’elle releva machinalement la jambe pour vérifier, le talon pendouillait tristement accroché au reste de sa chaussure.

-Oh. Дерьмо.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptySam 10 Mai - 4:52:22

Nikolaï regardait d’un air absent au travers du liquide translucide que contenait son verre. Il le porta à ses lèvres et commença par une simple gorgée. Il finit bien vite par détendre sa gorge le plus possible tout en inclinant dangereusement le verre vers lui. Il en commanda un deuxième.

Après la soirée qu’il avait eu, cela lui faisait du bien que de se détendre en buvant un peu de vodka. Surtout qu’il avait désormais assez d’argent pour vivre deux ou trois semaines sans difficultés. Un petit job… c’était un tout petit job qui lui avait rapporté ce butin… un tout petit job, comme lui avait dit son cousin Mikhaïl.

En attendant sa commande, le Moscovite extirpa deux gallions de sa poche. Sur la pièce d’or se reflétait une chandelle, chandelle qui diffusait cette lumière chaude et sombre qu’offrait « Les Trois-Balais ».Chaude et sombre… beaucoup mieux que cette lumière artificielle que les moldus utilisaient et que les occidentaux, quant à eux sur-utilisaient.

Nikolaï observa autour de lui. L’endroit lui plaisait. Bien sur, il n’aurait probablement jamais découvert l’endroit si ce « petit job » s’était déroulé aussi rapidement et paisiblement que l’avait dit son idiot cousin. Bien entendu, c’était une « passe d’argent », comme on dit. : faire beaucoup en peu de temps en contournant, au passage, quelques lois qui ne sont pas dramatiques à violer. Le Russe avait ses valeurs et s’était vu refuser les offres de son cousin à maintes reprises, mais cette fois le marché paraissait honnête et le procédé anodin.

Mais il savait, maintenant assis devant son verre de vodka, qu’il lui faudrait toujours se souvenir que son cousin est un idiot et qu’il ne faut pas lui faire confiance. Maintenant, Nikolaï se voyait contraint d’éviter la Londres moldu pour quelques semaines et il préférait ne pas prendre le risque de loger au chaudron baveur. Après tout, si on avait employé ses talents de sorcier pour une histoire moldue et qu’on l’avait payé en argent sorcier, c’est que la frontière entre les deux mondes ne devait pas être aussi épaisse que l’on pouvait le croire.

Et c’est ainsi que Nikolaï se retrouvait à Pré-au-lard, village uniquement sorcier. Cela lui faisait bizarre, comme un nouveau sentiment d’exil… En même temps, Londres ne lui manquerait pas tant que cela et il aimait bien ce changement. Non, ce n’était définitivement pas trop mal. Lorsqu’il reçut son verre, il se limita à une simple gorgée et le posa sur la table. Il balaya la salle du regard.

Que faire de cette soirée, donc ? Tous les soirs étaient les mêmes, d’habitude, pour Nikolaï. Ce jeudi là, par contre, c’était différent : il était loin de tout ce que Londres avait à offrir, de tous les lieux qui lui étaient familiers, des hôtels qu’il connaissait et ou il passait la nuit et des divertissements, autant du coté magique que moldu de la ville. Et il était loin des gens qu’il connaissait… enfin… connaître est un bien grand mot… Et ils ne le connaissaient pas plus. Bref, autour de lui ne se trouvaient que des têtes étrangères… des têtes qui ne semblaient pas toutes les plus affables ou les plus sobres.

Le Russe se massa lentement le bras droit et observa les jointures de sa main gauche. Il lui faisait encore un peu mal et la peau de ses jointures était encore très légèrement rougie. Mikhaïl… il pouvait bien finir noyé, ça ne le dérangerait pas plus qu’il le fallait. Ça l’arrangerait bien, même. Non… non, ce n’était pas vrai. Il pensait cela mais ne le ressentait pas : bien qu’idiot, Mikhaïl demeurait son cousin.

Nikolaï replongea son regard dans son verre et soupira. Il se redressa et appuya tout son dos contre la chaise de bois. Il continuait de d’observer l’évolution de la soirée aux Trois-Balais ainsi que les effets d’un taux d’alcoolémie toujours a la hausse chez ceux qui avaient passée leur soirée dans le bar.

Ses yeux s’arrêtèrent sur une jeune femme qui venait d’entrer. Un sourire triste se dessina sur le visage du Slave. Il observa le jeune enfant un peu gras qui semblait traîner autour d’elle et tenter de se réfugier dans ses jupons. Était-il le sien ? Était-ce une jeune mère déjà coincée dans les affreux rouages de la vie occidentale ? Peu probable. Peut-être une grande sœur bienveillante ? Venait-elle chercher un père légèrement absent qui avait passé la soirée à boire comme un trou en discutant du prochain balai à venir sur le marché, de la nouvelle serveuse de l’endroit et des dernières blagues du « copain John » ? Elle semblait dans une meilleure situation que lui, en tout cas…

Elle avait envoyer le gamin jouer ailleurs en passant maintenant juste à coté de lui. Le regard de Nikolaï resta fixe et il observa la scène du coin de l’œil, écoutant. Il fut pris d’un doux rire. En tout cas, elle n’était probablement pas reliée au jeune garçon de quelconque manière. Il releva enfin la tête pour la regarder et tout ce qu’il aperçut fut la dite jeune femme qui s’écroulait sur lui. Bien entendu, Nikolaï s’en amusa avant de s’en choquer ou de paniquer et se contenta de créer un appui à l’aide de son bras pour qu’elle ne balance pas. Bel échec.
Il ne s’en vit qu’entraîné de plus belle vers le sol, essayant de se rattraper à la table avec sa main libre. Essaie qui se solda par un nouvel échec alors que le rebord lui glissa des mains, une belle écharde s’enfonçant dans son index. La table branla dangereusement sous le poids des deux jeunes gens qui s’écroulaient et le verre de Nikolaï pencha d’un coté comme de l’autre, suivant les bords de son fond circulaire.

La chaise, quant à elle, s’était soulevée sur les deux pattes de coté lors de la réception de la fille et les attirait maintenant tous les deux vers le sol. Il n’y avait plus aucun équilibre. Instinctivement, Nikolaï essaya de diminuer la chute de la jeune femme en ramenant le bras passé derrière elle contre lui, la serrant en même temps que son autre main rencontrait brutalement le sol, se plaquant contre la surface de bois. Il ne sut soutenir leur poids sur un seul bras et son épaule gauche vint percuter egalement le plancher. Immense douleur dans la main droite et le bras gauche.

Le Russe retira son bras endolori, laissant glisser l’inconnue sur le sol et se souleva sur une main de manière à pouvoir voir à qui il avait à faire. Il jeta un bref coup d’œil autour d’eux et réalisa qu’ils n’avaient pas manqué à attirer l’attention. Parfait !


- Дерьмо, действительно !

Ce fut soudain comme s’il venait tout juste de réaliser que la jeune femme au talon cassé avait assez bien résumée la situation dans sa langue maternelle. Ce devait être la sienne, également ! Après tout, il y a certaines choses qui ne peuvent changer, dans notre langage et il est très rare de voir des gens adopter les jurons d’une langue étrangère tandis qu’ils possèdent et gardent, en mémoire, ceux de leur enfance, les premiers qu’ils ont dis, etc.

Son regard changea et il considéra maintenant la jeune femme avec plus d’intérêt de curiosité dans le regard que de surprise. Il s’appuya sur un genoux et se releva, redressant la chaise et s’appuyant dessus tandis qu’il offrait l’autre à la nouvelle venue afin de l’aider à se relever également.


- Ça va bien ? Rien de cassé ?
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptySam 10 Mai - 23:06:41

Quoi ?! Etait-elle donc si lourde qu’il ne puisse pas la retenir ?! Qu’avait-il dans les bras cet animal au sang de navet ?! Mais quel faiblard appauvri par la bibine ! Un homme, un vrai, l’aurait sans aucun doute soulever dans ses bras puissants comme un fétu de paille, au lieu de précipiter sa glissade !

La sorcière s’était préparée à l‘impact en serrant les dents, résignée à son sort à force de voir toutes les maigres tentatives de son "sauveur" échouer les unes après les autres. Il aurait pu se raccrocher à une jambe de troll qu’ils se seraient effondrer quand même, doué comme il était. C’était une constatation : inexorablement ils tombaient. Et lui par-dessus elle en plus ! Durant les quelques secondes que dura leur chute, Eslyne tenta d’inverser leur position et de retourner cet homme comme une crêpe afin qu’elle puisse amortir le choc en s’écroulant sur sa poitrine et non l’inverse. Peine perdue, un étage en plus à descendre n’aurait pas été de trop pour cette figure acrobatique.

Au lieu de ça, elle rencontra le sol avec le bras du jeune brun calé dans le creux de ses reins et le fracas de la chaise heurtant le parquet pour alerter ceux qui n’avaient pas encore suivi toutes leurs péripéties.


*Je veux qu’il meurt. Non, je veux qu’ils meurent.*

Allongée comme une momie au fond de son sarcophage, la jeune femme tenta de faire abstraction des sifflets et des applaudissements saluant leur performance en fermant les yeux. Deux secondes lui furent suffisantes pour comprendre qu’elle n’y arriverait pas. Elle se redressa sur son séant, le frêle échafaudage de sa coiffure partiellement défait laissa des mèches de cheveux ondulés caresser ses épaules irritées. La peau à nue avait ripé contre les lattes du parquet et se couvrait à présent de plaques rouges presque plus vives que le tissu de sa robe. Se cachant derrière le voile charbonneux que formait ses cheveux autour de son visage, la demoiselle inspecta rapidement les faces des clients des Trois Balais. Nettement divisés en trois catégorie : les compatissants : Principalement de vieilles grand-mères et leur compagnon arthritique. Ceux qui n’avaient rien compris à ce qui venait de se passer, soit parce qu’ils étaient déjà dans les limbes du coma éthylique, soit parce que tout bêtement, il regardait ailleurs. Et les hilares. Parmi lesquels figurait le porcelet par qui tout était arrivé.

Une main arriva face à son nez. Une main qu’elle n’avait pas la moindre envie de saisir. Elle aurait plutôt eu envie de se terrer sous la table et de mordre la première phalange qui se serait risquée trop près de ses dents. En cet instant, Eslyne songeait qu’il aurait été opportun de ressusciter les mœurs de Vlad Tsepesh, de raser par le feu, en bonne disciple du sanguinaire voïvode, cette sale bicoque et ce village d’ahuris, et faire tourner les survivants sur des piques ardents. Les flammes de son massacre chimérique dansèrent dans le fond de ses prunelles, un petit incendie dans le vert de ses yeux, avant qu’elle ne revienne au monde réel pour attraper la main qui s’offrait à elle, une mauvaise grâce visible sur son visage renfrogné…Oubliant du même coup son défunt talon…

Une fois de plus désarçonnée par un appui inexistant qu’elle s’attendait pourtant à trouver, la demoiselle oscilla maladroitement sur un pied avant de pencher légèrement vers l’avant, vers le jeune homme. N’ayant pas particulièrement envie de se retrouver à nouveau serrée contre lui, Lyn projeta ses deux mains vers les hanches de l’inconnu afin de se rééquilibrer sans avoir besoin d’atterrir dans ses bras. Une réussite presque totale puisqu’elle finit tout de même le nez dans son épaule, son regard planté en plein dans celui du blop mou et blond. D’ici, elle voyait son double menton trembloter au rythme de son fou rire imbécile.


-Je vais le transformer en goret et le vendre à un équarrisseur, ce moutard…, persifla-t-elle lentement, ses mots à moitié étouffés par le tissu pressé contre ses lèvres. Sale gosse.

Eslyne s’écarta précautionneusement du jeune homme et s’appuya contre la table, presque assise sur son rebord.

-Ça va., laissa-t-elle tomber un peu tard et toute ironie dehors. J’aurais aussi pu déchirer ma robe sans votre "heureuse" intervention. J'aurais même été capable de rester debout sans vos bras secourables pour m'aplatir au sol...Mais la "chance" était définitivement avec moi.

Une moue étrange vint chiffonner ses lèvres tandis qu’elle détaillait son sauveur d’opérette juste bon à absorber le gros de la collision sans lui épargner la honte. La sorcière jeta un bref coup d’œil en coin vers ceux qui ricanaient encore.

Le bruit de deux verres s’entrechoquant amena un déclic à se faire dans son esprit. Il avait utilisé la même langue qu’elle ou bien…? Sur le coup, elle en oublia son embarras et regarda son vis-à-vis avec de grands yeux interrogateurs. Une telle coïncidence pouvait-elle exister ? "Tomber" sur un compatriote si loin de chez lui ? Elle entrouvrit les lèvres prête à dire quelque chose, n’importe quoi pour le refaire parler et qu’elle ait sa confirmation. Il pouvait être ici pour bien des raisons, mais ce n’était certainement pas pour elle puisqu‘il était déjà sur les lieux quand elle y était entrée et qu‘elle n‘avait pas l‘habitude de se rendre à Pré-au-Lard. Il n’avait certainement donc ni menaces ni messages à lui remettre. Ce n’était qu’un simple voyageur, peut-être s’autorisait-il un peu de tourisme dans la région…Avec la tournée des bars en sus.

La jeune femme ne pensa pas à dissimuler la circonspection que lui inspirait la présence de cet homme. La petite foire d’il y a cinq secondes lui bourdonnait encore aux oreilles et elle se sentait un peu sonnée même si sa tête n’avait pas heurté le sol. Le sentiment de flotter dans des eaux troubles embrouillait ses pensées et l’empêchait de raisonner efficacement. Elle glissa ses mains dans ses cheveux pour les ramener sur une des ses épaules et retirer mécaniquement les quelques épingles perdues dans les vagues sombres. Durant son épouillage elle ne quitta pas des yeux l’homme qui lui faisait face, cherchant un écho de ses souvenirs dans sa physionomie, un petit quelque chose qui aurait pu tirer plus vers le type slave qu’occidental. En le regardant Eslyne ne se trouva qu’une seule envie: celle de recompter le nombre de ses Gallions pour voir s’il n’en manquait pas à l’appel.


-Вы говорите по-русски ? , demanda-t-elle prudemment, comme si elle doutait qu’il puisse la comprendre et encore moins lui répondre.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyDim 11 Mai - 21:49:47

Nikolaï observa la main délicate de la jeune femme se poser dans la sienne et apprécia le contact chaud de la peau douce sur sa paume. Mais ça n’avait rien de doux et la jeune femme non plus. Lorsqu’elle se ficha dans son épaule, le Russe sentit une véritable décharge parcourir tout son bras jusqu’au bout de ses doigts et, dans l’autre sens, descendre le long de ses côtes et se faufiler vers son cœur. L’onde de douleur se répandit sans que le Slave n’en laisse paraître un indice.

Mais quelle maladroite tout de même ! Vite, l’asseoir quelque part sans quoi elle finirait bien par trouver moyen de les tuer tous les deux avant que minuit n’ait sonné. Lorsqu’elle vociféra de manière peu audible, Nikolaï sentit encore plus urgent le besoin de la calmer. La vie de tous les occupants de la taverne se verrait rapidement menacée si la jeune femme en venait à avoir un couteau ou quelconque autre instrument tranchant entre les mains… surtout si elle continuait de bouger aussi maladroitement et en plongeant vers l’avant sans arriver à se tenir seule. Peut-être avait-elle bu ? Le Slave sonda son visage, son expression faciale, du coin de l’œil et jugea finalement que non. Peut-être autre substance ?

Lorsqu’elle s’écarta, Nikolaï réajusta machinalement sa chemise noir qui avait été malencontreusement tirée dans tous les sens par la demoiselle, question de confort. Enfin, elle prenait appuie sur quelque chose d’autre que lui ! Elle devait avoir finalement compris qu’elle n’arriverait pas à survivre seule, sur deux pattes.


- Tant mieux si ça va. Disons que vous m’avez un peu surpris…

Sa main se porta machinalement à son épaule droite qu’il massa lentement, ses sourcils se fronçant légèrement pour épouser cette genre de grimace de douleur qui passait maintenant sur son visage. En tout cas, elle n’avait rien fait pour aider son bras. Il regarda le bord de la table avec un air mauvais. Il n’aurait pas glissé bêtement de cette manière s’il n’avait pas reçu… Il releva les yeux pour observer deux hommes qui riaient encore de la scène, s’empiffrant d’une bonne poignée d’arachides à chaque deux ou trois exclamations grasses de leur rire épais. Les deux rencontrèrent son regard et détournèrent les yeux, poursuivant leurs rires et leurs conversations creuses dans leur coin.

Ils s’excitaient pour bien peu, en tout cas. Maudits occidentaux ! Pourquoi manquaient-ils à ce point de bon sens pour s’esclaffer aussi bêtement de la chute d’un des leurs au lieu de l’aider ou, au pire, d’ignorer l’incident ? Beaucoup de sorciers accusaient les moldus de se laisser abrutir par leur « boite à image » et autres mais ils étaient loin d’être tous mieux… Combien leur vie devait être vide et superficielle pour qu’ils se divertissent autant devant ce simple incident !

Nikolaï en revint à son interlocutrice et soutint son regard. Il tira une chaise de la table ou il avait été assis quelques secondes plus tôt et invita la jeune femme a s’y asseoir d’une simple indication du regard. Il attendit qu’elle y prenne place –sans quoi il reste debout- pour s’asseoir également. Les lèvres de sa vis-à-vis remuèrent, sa langue pointant vers l’ouverture de sa bouche par moments. Il observait le tout, fasciné d’entendre sa langue maternelle. C’était tellement improbable ! Son cousin lui avait présenté tellement d’autres familles, d’amis, d’amis d’autres familles Russes, etc. que le Slave avait parfois l’impression qu’il connaissait tous les Russes d’Angleterre et qu’il pourrait tous les reconnaître.

Ce devait être une anglaise qui maîtrisait la langue… Non, il n’y avait pas d’accent Slave et Nikolaï décelait dans ce visage, ces traits, ces lèvres, quelque chose qui lui rappelait celui des femmes de la même origine que lui. Mais que faisait-elle dans ce trou ? Lui qui n’y passait que la nuit, si elle se retrouvait dans une situation similaire a la sienne, ce soir-là (et il ne le lui souhaitait aucunement), il était très improbable que cela leur arrive exactement le même soir à tous deux.


- да, Я говорю это, répondit-il tout simplement.

Que pouvait-il ajouter d’autre, de toute façon ? Il fit signe à ce qui semblait être la serveuse de l’établissement pour lui dire d’apporter deux verres de vodka. Ce serait une joie de boire un verre en compagnie de quelqu’un de chez lui. Peut-être avait elle même des nouvelles du Pays ? Une ombre passa sur son visage et il se retint de soupirer au visage de la jeune femme. Voulait-il vraiment des nouvelles du Pays ? Il se rappelait assez bien les derniers jours qu’il y avait passé, le climat, les changements, l’éclatement… Voulait-il vraiment savoir jusqu’où la pourriture avait envahi sa belle Russie ? Voulait-il vraiment savoir à quel point même le cœur de sa patrie était souillé, grignoté, rongé, mort ? Les derniers souvenirs, tristes et sombres, de son séjour en Russie lui revinrent : c’avait été l’échec de ce qu’il y avait vécu, la disparition de l’espoir, la victoire du reste du monde contre le géant qui avait su lutter pendant tant d’années.

Et que lui restait-il, à ce moment là ? La Chine ? Cuba ? La Corée du Nord ? Hors de question : aucune de ces nations n’arrivait même à la cheville du pays de Рюрик. Il ne voulait pas un simulacre du régime, il ne voulait pas sa communauté changée et différente. Même s’il revoyait tous les visages qu’il avait connus, tous ceux qui lui étaient familiers, ils seraient différents et il ne se sentirait plus chez lui.

Le Slave posa ses yeux sombres sur son interlocutrice, la regardant replacer les épingles dans ses cheveux.


- Ça ne vous va pas mal, les cheveux libres, vous savez ? dit-il calmement dans leur langue.

Il ramena son verre vers lui et se cala sur sa chaise, le dos bien appuyé. Ses mains se joignirent sur sa nuque et il releva les yeux vers le plafond un bref instant.


- Et qu’est-ce qui vous amène par ici ?

En Angleterre et dans un tel trou perdu. C’était le dernier endroit ou il aurait cru rencontrer un compatriote.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptySam 17 Mai - 0:51:11

Eslyne glissa de son semi perchoir jusqu’à la chaise si…galamment tirée pour elle par celui qu’elle soupçonnait voleur de sac de grand-mère. Sans vraiment se préoccuper de ce qu’il faisait, elle releva un pan de sa robe juste au-dessus de son genou et se pencha en s’accrochant au rebord de la table pour retirer sa botte bancale. Et sans s’écrouler comme une boiteuse. Elle lança au jeune homme un regard en coin peu glorifiant de derrière une mèche rebelle s’échappant de sa coiffure mal rajustée. Malgré la secousse provoquée par le retrait de sa botte sur sa jambe, ses doigts n’avaient pas miraculeusement lâché prise.

*Incapable.*

A se demander s’il n’avait pas fait exprès de l’allonger par terre. Il y avait tellement de peuplades primitives vadrouillant son pays, elle n’était pas au fait de toutes les coutumes à caractère sexuel et autres rites de reproduction. Ce qui était sûr c’est qu’elle ne voudrait pour rien au monde atterrir chez ce peuple qui prenait un assaut pour une avance et choisissait le sol pour concrétiser leur pulsion. Avec toute la délicatesse d’un bison fou furieux et la chaude intimité d’une trentaine de paires d’yeux. Au bas mot. Ou alors il s’agissait d’un stupide jeu folklorique. Certains s’ébattaient bien dans la boue des cochons...

Ses dents mordirent ses lèvres afin d’empêcher que son sourire, déjà bien épanoui sur son visage, n’éclate en un rire incompréhensible. Ce n’était pas charitable envers quelqu’un de sa nation, n’est-ce pas ? Si seulement la Russie n’avait pas été si grande et donc doublement peuplée d’imbéciles…Généralement, on les retrouvait toujours à l’étranger, ces idiots, ils se sentaient inadaptés à leur terre natale et s’exilaient la fleur au cœur. Une Mornille que cet homme avait quitté la Russie de son plein gré, en son âme et conscience, et en courant de surcroît, les bras tendus vers l‘Occident comme vers une mère aimante.

Toutefois, aussi grand que puisse être son cynisme, et même un certain mépris venu d’elle ne savait où, le fait qu’il lui réponde dans sa langue remua quelque chose au fond de sa poitrine. Mais ce n’était pas une bonne chose et il ne s’attira qu’un regard noir supplémentaire pour son commentaire sur sa coiffure. La sorcière replaçait justement quelques épingles qui lui picotaient la nuque quand monsieur crut bon d’y rajouter sa petite note d’expert visagiste. Un seul coup d’œil sur sa personne suffisait pour comprendre qu’il ne connaissait rien au raffinement.
Elle délassa quelques mèches qui vinrent encadrer son visage et chatouiller la naissance de son cou. Des mèches qui recommençaient à tourner sur elles-mêmes en spiral malgré l’application qu’elle mettait à les lisser chaque jour. C’était une habitude prise depuis qu’elle travaillait au Ministère. Ses cheveux ondulés faisaient par trop ressortir ce qu’il pouvait y avoir d’exotique dans son visage et...elle n’aimait simplement pas les laisser libres là-bas. Une routine qui s’était étendue. Dès qu’elle mettait le nez dehors, elle disciplinait ses cheveux.


-Vous savez, ça ne vous irait pas mal un petit coup de rasoir. Je suis sûre qu’après ça vous pourriez sortir le soir sans faire pleurer les marmots et les entendre crier au croquemitaine. Merci pour le verre.

Prononcés dans la continuité de sa phrase, ces derniers mots colportaient presque autant d’ironie et de légèreté que le reste de sa boutade, de telle sorte qu’elle n’avait pas vraiment l’air de rendre grâce au geste de l’inconnu. Elle releva néanmoins le verre devant son nez et inclina la tête. Une certaine forme de remerciement…pour tenter de la saouler avec de la bibine.
Aussi près de son nez, elle humait les effluves particulières de ce qui était presque une absence d’odeur, de l’alcool pur. Elle but une première et longue gorgée cul sec, comme si elle tentait de vider le verre d’un seul trait en renversant la tête. Selon l’usage, la Vodka était généralement servie dans des petits verres faciles à assécher en une unique rasade…La seule fois où Eslyne en avait bu ainsi, en dehors des fêtes étudiantes où il s’agissait d’y aller à même le goulot sous les encouragements de ses camarades, remontait à près de dix ans. Lorsque cédant à ses demandes, son père lui avait donné son propre verre malgré la réprobation de sa mère. De toute façon, la petite fille qu’était alors Eslyne lui avait rapidement rendu le verre entre deux quintes de toux, le visage couleur pivoine et les larmes aux yeux, sidérée qu’on puisse quotidiennement faire subir un tel supplice à ses papilles. Abusée par la limpidité de la liqueur, Lyn avait avalé la chose comme du sirop de pomme et s’était retrouvée à se cramponner au guéridon sous les éclats de rire de son père.

Le liquide se déversa d’un seul coup dans sa gorge, ruissela le long de son œsophage pour y mettre le feu. Le verre encore collé aux lèvres, la jeune femme ferma les yeux en fronçant les sourcils et reposa ledit verre sur la table avec un bruit sec de bock heurtant le bois. Ses traits se contractèrent en une légère grimace involontaire, mais elle se retint de tirer la langue face à l’âcreté de la boisson. Elle avala sa salive et reposa son regard dans les yeux sombres de l’homme assit en face d’elle. Une ombre de sourire s’affirma sur ses lèvres, un sourire qui n’avait rien perdu de son ironie de tantôt, mais son regard s’assombrit. Que voulait-il qu'elle lui dise ?


-Quoi ? Ça vous intéresse vraiment de savoir ce que je fais là ? Ou c’est juste parce que nous sommes issus du même terreau que vous vous sentez obligé de me faire la conversation ?

La sorcière cilla légèrement. Deux carottes alignées sur la même rangée, les petits pois de la même cosse. De son point de vu, elle n’avait absolument rien à voir avec lui.

-Si je vous réponds, vous voudrez bien faire un jeu avec moi ? Il peut vous faire gagner une Mornille.

Elle se rendait compte que d’inconnue à inconnu c’était étrange, mais pour une raison ignorée d’elle-même, elle avait envie de le désarçonner et se fichait pas mal de ce qu’il pourrait penser d’elle. Sans doute parce qu’elle avait l’intuition de ne jamais le revoir et que lui-même ne connaissait personne de son entourage. Très loin du genre de ses fréquentations. Très, très loin.

-J’avais envie de passer inaperçue. Ce qui est totalement raté grâce à vous, ajouta la jeune femme en toute mauvaise foi, Je ne voulais voir personne, mais je ne voulais pas être seule. Personne de familier, vous comprenez ?

Les heures passées en solitaire avec ses peurs et ses angoisses avaient quelques choses d’insoutenables pour les nerfs. Les bavardages des connaissances, des collègues, produisaient le même effet, à ceci près qu’ils énervaient par leur futilité au lieu de désespérer comme le silence et l’isolement.

-C’était ce que vous vouliez entendre ou vous auriez voulu que je vous mente ? Que je vous dise que j’étais partie en quête de mon héros du soir ?

Distraitement, elle toucha le talon à moitié décroché de la botte posée sur ses genoux. Même s’il était le dernier des insipides, elle se rappellerait toujours de ce type.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyJeu 29 Mai - 2:16:55

Nikolaï pencha lentement la tête vers l’arrière, son regard suivant la trajectoire inverse, à l’image du nez d’un avion avec le joystick qui le contrôlait. Au travers du liquide translucide, il observa son interlocutrice retirer sa botte et finalement prendre place sur la chaise.

Il sentit la longue gorgée du liquide lui réchauffer tous les organes du corps, atterrir dans son estomac et parcourir son sang jusqu’au bout de ses doigts. Le regard que lui jetait sa compatriote était assez évocateur mais le Russe n’en tint pas rigueur et regarda paisiblement ses doigts lentement pianoter sur la table pendant que la jeune femme s’affairait toujours sur sa chevelure.

Sa main se porta instinctivement à sa joue, à la remarque de la fille au talon unique. Il était mal rasé, c’était vrai… et depuis combien de temps ? Impossible de s’en souvenir. Tout ce qu’il se rappelait, c’était que c’avait été bien pire pendant son apprentissage et qu’il aimait la façon dont sa pilosité faciale était, à ce moment là. On ne le lui reprochait pas tellement souvent, non plus. Il eut un doux rire et releva les yeux sur son interlocutrice.


- De ce que j’ai pu voir, c’est vous qui avez le plus de mal avec les « marmots », de nous deux, dit doucement le Slave en anglais. De rien pour le verre, enchaina-t-il, sur un ton détaché.

Il observa la fine main de sa compatriote posée sur le verre. Elle risquait plutôt de se geler la gorge que de se la plutôt tellement elle était froide. Arriverait-elle à faire geler l’alcool que contenait son verre ? Le Slave la regarda boire l’alcool, le sourire aux lèvres. Il ne suivit pas le mouvement du verre jusque sur la table et fixa la légère grimace de la jeune femme. Nouveau doux rire. Il se rappelait, sans mal et dans les moindres détails, sa première expérience avec la Vodka. C’était lorsqu’il avait treize ans. Son père n’en était pas un grand amateur, lui qui rejetait en bloc tout ce que qui semblait se trouver à l’Est de sa précieuse Angleterre, et jamais le jeune Nikolaï n’aurait pu tomber sur l’une des bouteilles translucides chez lui.
C’était son cousin Sergei qui l’avait initié à cet alcool. Tard le soir, après une longue fête en famille, Nikolaï s’était retrouvé seul avec son cousin et son ami. Plus vieux, ils avaient le droit de goûter à l’alcool servit et avaient, ce soir-là, réussis à dérober la bouteille de l’une des nombreuses tables. Nikolaï s’était montré trop curieux et avait offert une bonne rigolade à son cousin lorsqu’il avait bu ce qu’il croyait être de l’eau peut-être sucrée et qu’il avait grimacé, toussé, étouffé pendant quelques secondes.
Et maintenant il en buvait comme s’il s’agissait réellement d’eau sucrée.

Il haussa un sourcil. Elle était vraiment charmante. Néanmoins, le Russe réfléchit un moment à la situation. C’était un peu vrai, après tout. Non ? L’aurait-il invité à sa table si elle s’était contentée de pousser son juron en anglais ? Même par galanterie, après la chute de la demoiselle, peut-être qu’il se serait simplement rassit et aurait finit son verre pour rejoindre ensuite sa chambre. Il se sentit un peu coupable mais se ressaisit en se rappelant à quel point son interlocutrice semblait chiante et que c’était, finalement, une plaie que d’avoir agit ainsi.
Un jeu ? Pour lui faire gagner une mornille ? Il songea aux galions qu’il s’était fait le soir même et se dit qu’il n’aurait décidément pas à même songer aux mornilles pour un bout de temps. En tout les cas, la jeune femme n’était pas du tout plaisante. Il n’aimait pas trop le ton qu’elle employait, ça faisait un brin condescendant.

Il s’agissait sûrement d’une autre personne du même genre que son père, étroite d’esprit et qui finirait par jurer également contre les immigrants. Probablement une personne déracinée et dont l’amnésie sélective avait effacés tous les souvenirs de ses origines lorsqu’elle avait embrassée l’Angleterre à pleine bouche. Était-ce un petit filet de bave qu’il pouvait apercevoir sur le coin de sa bouche ?

Le Russe haussa les épaules, préférant ne rien dire. Si seulement elle avait su à quel point l’argent était loin d’être son langage. Il lui sourit sans casser son air sceptique et parla d’une voix monotone.


- Je suis joueur. Mais laissez tomber la mornille.

Ainsi donc elle voulait passer inaperçue ? Elle se trouvait ici pour presque les mêmes raisons que lui. Étrange, deuxième coïncidence. Elle ne semblait pourtant pas se rendre compte de sa part de responsabilité dans l’histoire, elle qui, maladroite, s’était arrangée pour foutre le camp de sur la terre ferme… sans manquer de s’accrocher à lui, surtout à son bras blessé. Manque de chance.


- Nous nous retrouvons dans la même situation, miss. Mais j’aime bien la franchise. Ça va, dit-il toujours sur le même ton monotone.

Miss. Ça faisait tellement formel. Elle incitait à cela, néanmoins. Et au ton monotone. Elle semblait tellement coincée et peu affable. Une autre occidentale au temps trop précieux pour avoir une discussion à table dans un bar, même avec un compatriote de son ancienne nation ? Et cette manie de tout lui blâmer sa tentative ratée de passer inaperçue… Ces petits détails énervaient quelque peu Nikolaï et il ne savait pas s’il continuerait encore longtemps à parler avec ce que tout indiquait comme étant une mégère.


- Eh bien, je ne sais pas c’est à quel petit jeu que vous avez envie de jouer mais je ne sais pas non plus si je vais rester encore bien longtemps ici… L’ambiance n’est plus vraiment la meilleure, ici.

En effet, depuis la petite chute de la demoiselle, Nikolaï remarquait que certaines personnes les regardaient de plus en plus et il n’aimait pas ça. Passer quelques jours loin de Londres, hein ? Si tous les gens de la taverne étaient pour se graver le moindre millimètre carré de son visage dans leur mémoire, ce ne serait pas aussi facile que prévu.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyMar 3 Juin - 1:26:42

HJ : En anglais dans le texte «  ». J’avais la flemmite de préciser. niarkhéhé

Oho, monsieur avait su se trouver un zeste d’esprit dissimulé sous ses mèches brunes et l’avait pressé pour en tirer quelques gouttes d’ironie. Bien, c’était un excellent début et qui avait le mérite d‘égayer la jeune femme. Le sourire de la demoiselle s’élargit, passant de l’esquisse joueuse à celui de la bonne plaisanterie. Au moins était-il observateur, une qualité très certainement acquise et développée au bout d’x années à tenter de démasquer les Aurors en civil.

-Me conseillez vous de me laisser pousser la barbe pour tenir les sales gosses en respect ?

Sa moue amusée se troubla un instant lorsqu‘elle se retrouva confrontée à l‘atonie de son vis-à-vis. Confrontée était un bien grand mot et il aurait été plus juste de dire que son envie de distraction s’emboutit mollement contre son indolence. Elle réprima la pulsion taraudante visant à le secouer par la manche assortit d’un "Hey, buddy, what’s wrong with you ?" avant qu’il ne se mette à lui ronfler au nez. Peut-être que…si elle parvenait à balancer son pied assez fort et assez loin…Mais un choc sur son tibia suffirait-il à lui redonner un peu plus de rythme et de vie ? Ne devait-elle pas viser un plus haut panier qui à coup sûr saurait lui ramener un élan de vivacité et une élocution plus précipitée à défaut d’être fluide. Un mot, un seul, lui venait à l’esprit, un mot simple, court, et qui contenait à lui seul toute l’immensité de ce qu’elle avait sous les yeux : tache.

*Et une de plus. Le monde est vraiment sale.*

Exactement le genre de personnalité à ras du sol qu’elle ne remarquait jamais, mettant au contraire un point d’honneur à éviter, et qui, en cet instant, la déprimait follement. Il lui était tombé dessus en traître, cet animal. Que venait faire un insignifiant à sa table ? Que venait-il même fabriquer dans sa vie ? Elle avait pourtant parlé sa langue et son jeu était gros comme un dragon. D’où s’était-il échappé pour passer à côté de ce qu’elle disait ? Ou bien peut-être était-ce volontaire de sa part ? A quoi s’amusait-il donc avec ces petits camarades ? A celui qui urinait le plus loin contre le vent et sans en verser une goutte sur ses chaussures ? Eslyne ne pouvait bien évidemment pas se prêter à ce genre d’activité masculine, n’étant pas équipée pour se vidanger en public. Activité bien grasse, lourde et de mauvais goût. Elle ne pouvait pas non plus jouer à lui coller des nions et à en recevoir en retour, certaine d’être mise K.O dès le premier round sans avoir réussi à enfoncer un peu plus de plomb dans la cervelle de son inconnu. Aurait-elle dû lui proposer un gage pour susciter sa curiosité ? Un baiser pour l’affrioler ? Un tonneau de vodka pimentée pour satisfaire son ivrognerie ?

Lyn referma ses doigts sur la piécette, le métal froid s’imprimant contre sa paume brûlée. Elle le regarda en silence, cherchant à déterminer ce qui n’allait pas chez lui et parvint rapidement à une conclusion : il agissait ainsi parce qu’il avait compris qu’il lui était inférieur et sa fierté de mâle le poussait à se repli sur lui-même, une sorte de carapace afin d’épargner son orgueil face à l’évidence. Eslyne le surpassait visiblement, que ce soit par le niveau d‘instruction ou la situation sociale.

Rien ne se lisait, ni ne s’entendait dans sa voix. S’il commençait aussi mou et apathique comment augurer favorablement de la suite ? Comment croire que tout ceci deviendrait intéressant et que ce monsieur saurait faire preuve d’un peu plus d’implication…et d’imagination. Aurait-elle effrayé le craintif petit garçon sous cette allure d‘homme prometteuse ? Vexé son Ego avec une broutille ? Déjà ? Elle n’avait seulement pas commencé à s’amuser de lui qu’elle ne pouvait même pas envisager de se distraire avec lui. Où était passé son semblant d’ironie ? Déjà torpillé par son semblant d’esprit ? Elle avait vu juste en ce cas. Ils n’avaient vraiment rien à faire ensemble. Cependant…


-Miss ? Vous êtes bien frileux, très cher. Donnez-moi du "milady", du "votre altesse". "Ma princesse", peut-être, si vous êtes un romantique.

La sorcière fit de son mieux pour ne pas paraître trop amusée par ses propres paroles et conserver un air impénétrable en le regardant bien fixement. Mais son immobilité de statue était friable et elle replongea le nez dans son verre pour cacher ce qui aurait pu trahir la véritable intention. Finalement, l’esprit en creuset de ce type allait peut-être lui permettre de lui farcir le cervelet avec tout un tas d’idioties. Jusqu’où goberait-il ?

Et il voudrait lui fausser compagnie ? Paradoxalement, la gène que semblait ressentir cet homme acheva de brûler les derniers restes de honte qu’il lui restait suite à leur chute rocambolesque. Elle promena son regard alentour et ne put retenir un léger sourire qui s’agrandit encore en repensant à l’expression cocasse qu’avait eu son compatriote en la recevant sur ses genoux.


-Mais l’ambiance est très bonne, mon brave. Nous sommes les attractions principales de la soirée, ils attendent le clou du spectacle.

Légèrement boitillante du fait de son état chaussé/déchaussé, Eslyne clopina vers l‘homme, se laissa retomber sur ses genoux et entortilla prestement sa jambe dévoilée avec la sienne, de sorte qu‘il se retrouve bloqué entre le pied de la chaise et la gambette agile. Son bras passa derrière le dossier en bois et les épaules du type pour se cramponner au montant et ainsi l‘empêcher d‘aller où que ce soit à moins d‘essayer de prendre la fuite en chaise sauteuse. Pour sûr que la demoiselle apprécierait grandement l’initiative.

« Comme on dit chez nous, ça ne sert à rien de vouloir tirer du lait d’un bouc, badina-t-elle en se penchant vers lui ainsi qu’on recevait les confidences, relevant sa main libre vers le menton masculin pour le pincer doucement entre son pouce et son index, je ne vais pas m’échiner à vous trouver un intérêt inexistant. »

Sa main quitta la rugosité presque délicate de la barbe et redescendit joyeusement vers le bras de monsieur "fougue et ferveur" , palpant sa chair pour en éprouver la fermeté. Une moue dubitative vint saluer son inspection et le regard de la jeune femme se fit désolé.

« Un conseil, товарищ, musclez vous tout ça. M'est avis que vous manquez de vigueur en tout. Ce ne serait pas du luxe de commencer par là, mon tout beau. »

Eslyne se releva presque gaiement dans un bruissement de tissu et vint s’asseoir sur le rebord de la table, en face du camarade raseur. Elle appuya son pied nu sur la cuisse de son anonyme afin de s’aider à se hisser mettant encore une fois en jeu l’équilibre précaire que semblait avoir ce type.

Maintenant, il restait à savoir s’il méritait d’être le dindon de la farce pour le grand final offert aux spectateurs.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyMar 24 Juin - 7:46:36

[HRP] Juste pour que tu m'aime pas, je vais te copier pour le « »[/HRP]

Nikolaï regardait tranquillement son interlocutrice jouer avec la piécette, se demandant à quoi elle pouvait bien penser. Il se rendait compte peu à peu que ce n’était pas n’importe qui, d’une certaine façon. Elle n’avait peut-être pas le meilleur équilibre que la nature aurait pu lui offrir mais elle avait de l’esprit en abondance et il arrivait à dire, avec toutes ses piques, qu’elle se sentait le cœur à jouer. Les lèvres du Russe s’étirèrent en un doux sourire et il releva les yeux vers la jeune femme.

- « Non, ce ne serait pas bonne idée. Ce serait plus seulement les gosses que vous tiendrez en respect, à ce moment là », répondit-il sur le ton de la conversation.

Il continua de la considérer longuement, essayant de déterminer s’il l’avait déjà croisé auparavant. Il releva son verre et prit une autre brève gorgée. Et elle continuait. Ce n’était donc peut-être pas autant de la condescendance qu’il aurait pu le croire, se dit le Russe, mais simplement qu’elle cherchait à s’amuser. Nikolaï notait de l’esprit et du caractère chez son interlocutrice. Ses deux dernières choses reflétées autant par son ton que par ce qu’elle pouvait bien lui dire. Le Russe initia un mouvement pour s’étirer, puis se ravisa, se penchant vers la table. Son bras était toujours douloureux mais il réalisait maintenant qu’il avait bien la possibilité de l’oublier pour la soirée, avec telle compagnie. C’aurait été une erreur de partir, décidemment… à moins qu’elle ne l’eût accompagné.

Cela étant dit, lorsqu’elle se leva, Nikolaï prit un bref moment pour évaluer la salle avec un court regard circulaire. Les gens semblaient s’afférer un peu plus à leurs propres soucis mais ca ne lui plaisait pas plus qu’il ne le fallait : d’être le centre d’attraction pour cette salle de boisson plus qu’idiote, perdue au milieu de nulle part. Surtout qu’il était venu ici pour se faire oublier du reste du monde… momentanément.

Il releva les yeux vers elle. Elle. Qui était-elle, justement ? Et à quoi voulait-elle bien en venir ? Maintenant plus près de lui et dans un calme respectable, sans qu’ils soient tous deux en train de subir le terrible pouvoir d’attraction du sol, Nikolaï pouvait détailler encore plus précisément le visage, chose sur laquelle il ne s’était pas tellement attardé depuis qu’elle lui était tombée dessus, depuis qu’elle s’était assise à sa table.

Mais il n’eut pas trop de temps pour le faire car la jeune femme se laissa tomber sur ses genoux et Nikolaï ne put que l’accueillir. Non pas que ca lui déplaisait ou qu’il s’en formalisa de quelconque façon. Regardant son inconnue dans les yeux, il passa un bras autour de sa taille, joignant les mains et les laissant reposer contre le côté de la jambe de la tombée. S’ils étaient, comme elle le lui avait assuré, réellement l’attraction principale de la soirée, ils offraient un bien drôle de spectacle. Ils s’étaient d’abord tombés l’un sur l’autre et on avait senti quelques paroles froides, plus incisives, pour qu’ils se retrouvent finalement sur la même chaise, enlacés au milieu de tout ces ivrognes et campagnards. Surement qu’ils se désintéresseraient de ce spectacle, les esprits simples ne prêtaient jamais trop d’attention aux choses qui les dépassaient, qu’ils ne saisissaient pas. Tant mieux pour nos deux jeunes gens.

Il laissa se poser sur son menton les doigts fin de la jeune femme. Il lui sourit tendrement, imitant son geste alors que la main féminine s’éloignait de son visage, caressant lentement la joue plus douce que soie avec son pouce. Il continuait toujours de la regarder, ses yeux coulés sur un bout de lèvre, sur un œil, sur un nez, impossible pour eux de regarder un visage d’ensemble à telle proximité. Il avait prit avec le sourire ce que lui avait dit son interlocutrice, après tout, il n’avait rien fait pour être le plus plaisant possible juste que là et ne pouvait lui en vouloir de l’avoir trouvé peut-être indigne d’intérêt, peut-être ennuyant. Il avait eu environ la même impression de la jeune femme au départ.


- Décidément, ma princesse, la barbe ne vous irait pas, dit-il d’un ton qui venait jouer entre l’amant délicat et le coiffeur concerné, insistant sur le « ma princesse ».

Sa main se posait sur son bras et lui creusa une terrible douleur. Il sentit le mal quitter muscles, chair et os et parcourir sa colonne de haut en bas et de bas en haut, le Russe ne réagissant pas et ne permettant donc pas à cette douleur de s’échapper autrement, plus facilement. Il ne la laissa pas se redresser si rapidement, par contre, retenant le visage de la jeune femme d’une douce pression sur les os de la mâchoire qui délimitaient le bas du visage, quittant la douceur superficielle de la peau pour la rigidité et le solide des os. Il tourna le visage vers celui de son inconnue, ses lèvres frôlant les siennes, les yeux fermés puisqu’incapable de faire le focus sur autre chose qu’un tiers d’œil ou que quelque millimètre carré de peau.

- Chaque chose en son temps, ma toute belle, intérêt comme vigueur.

Вся́кому о́вощу своё вре́мя. N’était-ce pas également un proverbe connu, par chez-eux ? Il avait ré-ouvert les yeux lorsqu’il avait laissé sa main glisser du visage de la jeune femme, cette dernière se relevant et se hissant sur la table. Le contact avait été sans nul doute plus appréciable et apprécié que leur premier, pour Nikolaï en tout cas, mais il était content qu’elle s’éloigne pour enfin pouvoir la regarder normalement. Que faisait-elle, là perchée ? À quoi pouvait-elle encore penser ? Nikolaï se demandait si c’était une bonne idée que de la laisser là : elle risquait encore de faire une gaffe et de les ramasser tous deux au sol. Son regard quitta le visage de l’inconnue, parcourant la jambe qui s’étendait jusqu’à lui pour finir sur sa cuisse.

Distraitement, il posa les mains sur la jambe nue de la jeune femme, ses pouces sur son tibia et ses doigts posés, enroulés doucement autour de la chair et qui venaient se toucher sur le côté opposer. Il appliqua une légère pression sur ses doigts, les déplaçant ensuite vers le haut, vers le bas, ou encore vers le côté et de manière symétrique, synchronisée avec l’autre main.

Qui était son inconnue, justement ? Et pourquoi venait-elle également se cacher dans ce trou perdu, venait-elle « voir personne, passer inaperçue mais sans être seule ». Peut-être une jeune femme en détresse, cherchant à fuir l’oppressante demeure nouvellement familiale et les responsabilités abondantes ? Peut-être cherchait-elle décidément à fuir les marmots. Le Slave releva lentement les yeux sur le reste du corps de la demoiselle. Non, probablement pas. C’aurait été surprenant, en tout cas. Et, donc, que cherchait-elle à fuir comme cela ? Impossible qu’elle se soit mis dans une situation semblable à la sienne, dans un trouble comme le sien. Peut-être dans un problème encore pire ? Elle qui avait l’air si rangée et sérieuse, au premier regard, et qui faisait preuve d’autant d’espièglerie que d’esprit, elle pouvait définitivement s’être foutu dans quelque chose de plus grave qu’il n’aurait su le faire. Les possibilités étaient grandes.


- Dites-moi, miss, avez-vous un prénom ? Ou suis-je condamné à vous appeler par des mots tendres de la sorte pour tout le temps ou je vous verrai… ?

Ou à ne pas vous appeler. Ou peut-être que ce temps tire à sa fin. Il espérait que non, au fond de lui. Il n’avait plus envie de partir. Nikolaï avait parlé d’une voix calme mais pas d’une voix calme d’étranger soucieux de ne pas déranger, gêné de demander l’heure ou un sachet de sel, une voix calme de celui qui sait qu’il sera comprit –ou croit savoir-, qu’il n’a pas besoin d’autre chose que le calme pour son complice afin que ce dernier –ou en l’occurrence cette dernière- le comprenne. Et il avait dit miss à nouveau mais le ton était changé. Un peu auto dérisoire après la réponse que lui avait faite son interlocutrice, il l’avait dit sur un ton amusé, un ton entendu. C’était vrai qu’il avait fait un peu formel pour un rien. Il s’était lui-même offert comme joueur, s’était dit prêt au jeu de la joueuse mais n’avait pas accepté qu’elle s’amuse un peu.

Nikolaï releva de nouveau lentement la tête vers son inconnue, coulant son regard dans le sien, un doux sourire aux lèvres.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyDim 29 Juin - 2:14:50

HJ : T'oublies pas les droits à la propriété, hein. Dans mon escarcelle les soussous ! faim!

On devrait toujours se fier à son instinct. Celui d’Eslyne était une valeur sûre. Non, il ne lui permettait pas de déterminer les qualités d’un homme, sa philosophie existentielle, ou encore, le montant de son compte en banche à Gringotts, mais au moins il lui permettait de saisir viscéralement les intentions qu’on avait à son égard…lorsqu’elles étaient du domaine primitif, pour ne pas dire animalier. Ou peut-être était-elle simplement observatrice devant l‘évidence ? Elle n’aurait su le dire…Son esprit planait bien au-delà de ces sphères de questionnement. Elle ne pensait plus du reste : elle sentait, elle éprouvait la chaleur et les papillonnements dans le creux de son ventre et par-dessus tout : elle était satisfaite. Très.

Pourtant, son inconnu si…entraînant était passé prêt d’un futur qui ne l’aurait certainement pas arrangé, tant sur le plan physique que sur le plan moral. Lorsqu’il l’avait retenu au moment où elle s’était écartée de lui, Lyn s’était sentie étirée entre deux désirs contraires, aussi tentant l’un que l’autre. Le geste qu’avait eu cet homme en l’empêchant d’agir à sa guise érigea un pique de contrariété en elle qui, l’espace d’un instant, s’apprêta à perforer la peau de cet imbécile. D’un mouvement instinctif, la jeune femme avait posé sa main sur l’épaule du compatriote inconscient dans l’idée d’y enfoncer ses ongles afin de lui "suggérer" de la lâcher fissa. L’ambivalence de ses envies l’en empêcha et elle ne put que presser étroitement l‘épaule solide, sans se décider entre en percer la couenne ou en caresser l‘arrondi.
A sentir ses lèvres frôler les siennes, son souffle se mêler au sien, Eslyne plissa les yeux d’une façon qui ne dénotait pas spécialement un état d’esprit languissant, mais plutôt calculateur. Pareillement à son geste pour la garder près de lui, les lèvres de l’inconnu éveillèrent en elle l’envie de mordre la chair tendre et rosée, de goûter le sang chaud s’écoulant sur sa langue, entre leurs mentons, pour finalement entacher le sol de gouttes vermeilles…ou bien de suivre langoureusement de sa langue l’interstice alléchant des lèvres si proches, presque une prière pour qu’il cesse de parler de choses inutiles et lui donne ce qu’elle désirait vraiment. Un troisième élément trancha pour elle : la barbe du jeune homme frôla les contours de sa bouche et chatouilla la peau sensible à cet endroit. Eslyne se mordit les lèvres en laissant échapper un mince filet de rire et eut un petit sursaut involontaire visant à s’écarter.

Assise sur son perchoir, elle détailla le brun d’un œil luisant et massa faiblement les environs titillés par la barbe du très cher, décidément fort intéressante sensitivement parlant. Mais en ce qui le concernait lui, sa personnalité valait-elle la peine qu’on la découvre ? Ronronner sur les genoux d’un idiot, d’un pauvre médiocre à la petite vie minable, serait certainement ce qui pourrait achever de la déprimer ce soir. Tout était si bien à présent, elle lui en voudrait de la décevoir maintenant.


-Ah, vous me posez un sacré problème de conscience mon cher, mais vous me plaisez. Je vais donc vous faire une fleur et laisser mes joues telles quelles si vous les aimez ainsi.

Elle clôt doucement les paupières, ainsi que le font les chats lorsqu’ils sont en confiance et s’abandonnent aux caresses que l’on veut bien leur prodiguer. Alanguie, elle l’était totalement à présent, calme et détendue, aussi souple qu’elle avait pu paraître brusque tantôt. Impatiente également. Plus tard, elle lui répondrait plus tard, ils avaient tout leur temps, non ? Tant de choses pouvaient se targuer de bien plus de valeur que la vaine parlotte. Au moins, à défaut d’avoir la force d’un hercule cet homme savait comment utiliser ses dix doigts. Elle lui aurait volontiers cédé plus que ces quelques centimètres de peau allant de sa cheville à son genou s’il désirait la couvrir d’affection. S’échauffait-elle pour un rien ?

Eslyne entrouvrit les yeux, affichant un sourire de sphinx, une expression énigmatique au diapason de son humeur imprécise. Le contexte avait un effet certain sur ce qu’elle ressentait. Elle, sur une table, lui, pour ainsi dire à ses pieds, en train de jouer habilement de ses doigts sur sa jambe à moitié recouverte par la robe, dérobant à sa vue ce qu’il pouvait bien faire exactement…la scène n’aurait pas choqué en un lieu plus intimiste. Seulement autour d’eux il y avait un certain nombre de paires d’yeux. Qui se rappelèrent à leur bon souvenir lorsqu’un sifflement appréciateur résonna au milieu d’un grand silence inattendu. Le regard de la jeune femme coulissa dans la direction du son strident et elle rougit discrètement lorsqu’elle considéra une tablée entière qui observait leur duo, un des buveurs relevant sa chope à sa santé, un autre la gratifiant d’un sourire de loup, alors que le dernier soulevait sa main, son pouce et son index formant le cercle de la congratulation et de l’encouragement britannique. Faussement désinvolte, la sorcière les salua d’un gracieux signe de tête, mais la rougeur de ses joues gagna sournoisement son front.
Qu’était-elle en train de fabriquer au juste ? Que dirait son beau-père s’il la trouvait les fesses posées sur une table de taverne, le pied haut placé sur la cuisse d’un inconnu qui avait tout l’air de ne pas être du bon côté de la loi et qu’en plus cet inconnu ajoutait un autre délit à celui de faciès : il pelotait sa respectable pupille…qui se laissait faire…sans pudeur. La réalité la rattrapait soudain et elle se retrouvait gênée par la situation. Pas de son comportement, ce n’était pas comme si elle n’y était pour rien et n’avait pas entraîné cette situation, mais du regard des témoins qu‘elle avait pourtant appelé sur eux et qu’elle aurait accueilli avec plaisir s'ils étaient arrivés quelques secondes. Les circonstances avaient changé et elle n’avait pas réellement prévu d’offrir ce genre de scène au regard. "Enfin…Pas tout à fait prévu", songea la rouée en considérant les mains placées précisément là où elle avait voulu qu‘elles se posent. Les hommes...


-De toute évidence, il y en a plusieurs qui rêvent d’être à ma place. , lança t-elle le regard posé sur l’armada de pochards attendant avidement la suite, J’ai peut-être trouvé un public, mais vous, vous venez de conquérir une clientèle.

Histoire de se rasséréner et de chasser totalement les dernières autorités de la langueur sur son esprit, elle attrapa le verre de vodka du jeune homme et vida d’une gorgée le fond qui restait. Se faisant elle ramena sa jambe à elle et se laissa glisser en bas de la table, gardant cette fois à l’esprit qu’elle était aussi bancale que les traités de paix qu‘elle voyait se signer à longueur de journée. L’anonyme habile de ces doigts avait, à sa décharge, gagné un sursis s’il n’avait pas totalement repoussé toute velléité en elle.

A une distance désormais plus respectable, Eslyne reprit place sur la chaise qu’elle avait quitté dans l’idée de mettre en œuvre un plan avorté sitôt que monsieur le mou du bras avait su redresser la barre de sa compagnie morose pour la rendre distrayante. Du reste, il lui avait posé une question et elle lui devait une réponse, si elle se souciait encore d’obéir à ce genre de code de bonne conduite. Bonne conduite, règles de bienséance, civilité et tout le prêchi-prêcha qui transformait les honnêtes gens en personnages édulcorés. Elle en avait quelques bons exemples à l’esprit, qu’elle repoussa loin de ses pensées alors qu’elle répondait avec un sourire lumineux :


-Condamné ? Parce que vous trouvez qu’il s’agit d’une lourde peine que d’avoir le privilège de me susurrer ces petites douceurs ? Attendez d’entendre mon vrai nom, là vous allez ressentir ce que souffre les suppliciés.

Pour faire durer le suspens un peu plus longtemps, elle attrapa son verre où attendait encore quelques gorgées d’alcool. Elle trempa ses lèvres dans le liquide transparent, plongeant son regard dans les yeux noirs de son vis-à-vis avant de se décider à reprendre la parole d'une voix un brin suffisante pour l'effet.

-Mon nom est plein de grâce à l’image de ma personne…Gulchachak Chaborgskaïa. N’est-ce pas sensuel ? Il fait partie de ces noms qui mettent l’eau à la bouche. Je suis sûre que le vôtre ne peut pas le battre niveau frisson d’anticipation langoureuse… , conclut-elle avec la conviction que donne les certitudes, son menton dans une main et le verre dans l'autre.

Il s'agissait bien d'une invitation détournée à se présenter à son tour. Ivan ? Dimitri ? Bob ? Jean-François Xavier ? A part son accent nettement perceptible lorsqu’il s’exprimait en anglais, rien ne lui garantissait qu’il ne soit pas un naturalisé de naissance et n‘ait jamais posé un seul pied en Russie. Ce serait manquer de bonne volonté patriotique…Même elle, en exilée, avait fait l’effort d’y naître.

-Ou il y a toujours la possibilité de m’appeler Guenièvre si vous voulez être mon Lancelot.

A supposer qu’il connaisse la mythologie arthurienne. Il avait bien dû aller s’instruire quelque part, de gré ou de force. Durmstrang s’il s’agissait d’un traditionaliste ou Poudlard s’il cumulait la malchance en tout. De ce qu’elle avait pu lire sur le sujet, cette école était un ramassis d’idioties érigées à la face de l’Humanité dans tout ce que les philosophes lui reconnaissaient de complexe et inexplicable. Une répartition au "Choixpeau" ? Vraiment…De là à penser que seul les esprits simples y étaient envoyés il n‘y avait qu‘un demi pas qu‘Eslyne franchissait d‘un seul bond.

Elle hésita légèrement à poursuivre sur sa lancée. Ce qu’elle s’apprêtait à ajouter lui semblait réellement trop étrange, comme une langue oubliée qu’on réentendrait soudain.


-Ou peut-être…Eslyne Adrianovna.

Personne ne comprenait ces choses là en Angleterre. Quelque soit le nom de famille qu’elle aurait pu lui donner, il se serait révélé à moitié faux d’une façon ou d’une autre. Elle ne portait plus le nom de sa naissance et l’autre était un legs de l’adoption plénière qu’elle avait subi, livré en bonus avec la nationalité anglaise. Et puis, il ne s’agissait pas d’une rencontre officielle au sommet d’elle ne savait quel congrès, son prénom et son patronyme traduisaient bien plus ce qu’elle avait le sentiment d’être son identité. Cela devrait lui suffire.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyLun 7 Juil - 5:40:00

S’il appréciait ses joues… Nikolaï retint un soupir. Son épaule, son bras, son genou… Il se sentait un peu en miettes, son propre corps lui infligeant ses coups les plus dures, répondant au ralentit, stoppant, cochant, paralysant ce qui devrait être le bien-être d’un corps au repos après la lassitude, la fatigue à relâcher, à laisser s’échapper d’une longue, dure et extrêmement pénible journée.

Et maintenant la douceur, la chaleur et le confort d’un corps étranger, près, rafraichissant de par son agréable et doucereuse énergie dégagée à l’insu de tous les autres sens sinon celui du corps lui-même, de la peau, une communion entre eux éléments uniques. C’était d’autant plus de satisfaction que de sentir cette chaleur vivante, issue d’une autre présence similaire, d’un être semblable…

Et semblable jusqu’à quel point ? Jusqu’à quel point sa « conscience » lui avait-elle dictée de venir prendre place sur ses genoux ? Jusqu’ou est-ce que le propre corps de sa belle inconnue avait besoin de se nourrir de cette même vie, de cette même chaleur pour rester en vie, pour nourrir l’âme autant que chacune des fibres de son corps parfait ? Il avait eut à peine le temps d’effleurer la douceur de cette peau de satin blanc, de ses lèvres, de sa propre joue, que son inconnue s’était déjà levée. Et maintenant il repensait à la douceur de ces joues, douceur qu’il aurait voulu, à l’instar de l’araignée avec l’air, capturer en contact avec son propre corps pour la conserver un moment de plus. Mais n’étaient-ce pas les plaisirs les plus furtifs qui étaient toujours les plus appréciés ?

Il gardait les yeux rivés sur son visage. Elle ne voulait pas être seule, hein ? Nikolaï essayait de comprendre la situation de la jeune femme, de percer ce jeu et ce masque de sévérité auxquels elle s’était adonnée au préalable. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus aisé à faire, surtout pas dans la situation présente. La belle se révélait quelque peu difficile à suivre, un véritable puzzle d’un ciel aux mille et une teintes de bleu et la situation n’était pas idéal. Il jeta un coup d’œil derrière son épaule et vit un de ces anglais pitoyables, son petit menton rond et pointu à la fois cherchant à se cacher, à disparaître, dans l’amas de matière adipeuse qui se massait sous la peau grasse et étirée de sa mâchoire et de son cou tandis que l’infecte bâtard se dégustait de la scène en riant, gratifiant son voisin de table de bons coups de coude.

Le Russe ravala avec quelques difficultés. Quel spectacle horripilant… et dire qu’il était le centre d’attraction de cet homme, le spectacle que ses petits yeux, enfouis sous une arque sourcilière trop épaisse, un peu pendouillant et des joues trop hautes, détaillaient avec un régal évident.

Mais le jeu en valait-il la chandelle, au fond ? Nikolaï se déconcentra sur la jambe de son inconnue, ramenant son regard sur ce qu’il faisait. Inconsciemment, il se coupa du reste du monde, du reste de ce bar miteux et de ces habitants arriérés, bien dignes d’un tel trou perdu au milieu d’une société « évoluée ». Son maitre lui avait enseigné tout ca : la concentration. Il n’eut même pas de pensée pour lui, son esprit était maintenant vide et il ne songeait qu’au galbé de la jambe entre ses mains. Il sentit un mouvement, bref, presque imperceptible, une tension dans les muscles de la jeune femme. La douceur contre sa paume, contre chacune des ondulations de la peau de ses doigts était sur le point de finir. Appliquant une dernière douce pression sur le tibia avec ses deux pouces, les laissant glisser de manière opposée et symétrique, il posa délicatement les lèvres sur la jambe qui lui avait été offerte.

Depuis quand n’avait-il pas connue cette douceur d’une peau lisse et uniforme, sur l’ensemble d’un corps ? Quelques jours au moins.

Nikolaï sentit un mouvement dans le corps de la jeune femme, concret cette fois-ci, et la jambe lui glissa des mains. Son inconnu se remettait sur ses pieds. Instinctivement, il s’apprêta psychologiquement à la recevoir, « jamais deux sans trois », dit-on. Mais non. Elle contourna la table et s’en retourna à sa chaise, un bref mais incisif coup dans l’égo du sorcier. Le Russe suivit les quelques pas qu’elle eut à faire en direction de sa chaise, détaillant la courbe de son dos, de ses hanches. Ses dents attrapèrent un bout de chair à l’intérieur de sa bouche, juste un peu sous le coin droit de sa lèvre afin de le mordiller.

Il prit quelques instants pour assimiler les paroles de l’inconnue, se redressant sur sa chaise. Un public ? Une clientèle ? Il jeta de nouveau un bref coup d’œil par-dessus son épaule et vit le groupe de tarés auxquels la jeune femme faisait probablement référence. Il se pencha de nouveau sur la table, adoptant la même position que sa vis-à-vis, le menton au creux de la main et les doigts sur la joue, le majeur appuyé contre l’imperceptible bride de son œil slave.

Son autre main glissa devant lui sur quelques centimètres et ses doigts se déplièrent dans le vide. C’était vrai… il l’avait regardé boire un instant plus tôt… boire son propre verre, à lui. Normal qu’il ne le trouvait plus. Ce n’était pas plus mal, au fond.

Son regard se posa sur les deux verres, l’un après l’autre, glissant par le translucide autant du contenant que du contenu. Cela faisait beaucoup d’alcool, pour elle… La vodka était souvent traitresse et c’était pourquoi il ne fallait jamais être égoïste avec elle.

Il se redressa à nouveau, se calant contre le dossier de sa chaise, toujours observant son interlocutrice tandis qu’elle se servait encore à boire. Toujours à boire.

- Avoir à desservir cette clientèle, commença-t-il en désignant les ignares d’une simple inflexion de la voix, ça ce serait un supplice. …Je crois qu’ils devront attendre leur tour…

Car le Russe aurait volontier été condamné à lui susurrer des mots doux pour le restant de la semaine, du mois s’il le fallait. Serait-il vraiment condamné, lui qui attendait, qui espérait que vienne une telle sentence ? Jusqu’ou un prisonnier peut-il être contraint à payer une dette qu’il n’a qu’envie et pour laquelle il a la plus grande volonté de payer ?

- Gulchachak, murmura-t-il pour lui-même. Gulia…

Il manqua de pouffer de rire. C’était tout bonnement impossible. Son esprit compensait, jusque là, pour la lente, pénible et continue douleur de son corps en, toute son attention portée sur son interlocutrice, réfléchissant et raisonnant sans interruption mais là la machine venait de frapper un mur. Un mur de ridicule, un mur de rire. Non, c’était impossible. Tout bonnement impossible.

Mais était-elle sérieuse ? Il avait peur de la choquer. Après tout, on ne pouvait jamais savoir… Son pays était tellement vaste et tellement de gens différents y habitaient… peut-être l’une de ces personnes s’était vu effectivement affublée de cet horrible prénom mais n’avait pas finit en ouvrière recluse et bourrasse, au fond de la taïga Sibérienne mais bien en ce qui semblait être une aussi brillante que jolie jeune femme immigré à l’Ouest. Quel dommage pour les autres hommes de son pays mais quelle chance pour sa situation actuelle, seulement pour sa vue c’était déjà une vraie fontaine de jouvence au milieu des visages rougis par l’alcool et les blagues bien grasses qui revenaient par dizaines dans cet horrible endroit de campagne Occidentale.

Il lui sourit.

- Vous aimez bien les légendes Arthuriennes et le folklore Britannique ?

Mais quelle agréable coïncidence. Surtout après sa soirée… Le bon roi n’éveillait que de douloureux souvenirs autant à sa mémoire qu’à son épaule, pour le moment, et il préférait oublier l’homme… le nom également…

- Je crois que ce que je préfère, dans toute leurs mythes, ce sont les korrigans, dit-il distraitement, regardant l’un des deux verres vides.

Créatures insipides qui déjouent les plus fiers hommes et ridiculisent le plus hardi des prêcheur pour cette industrie, cette entreprise la plus capitaliste, profiteuse et occidentale qui soit, de nos jours : l’église.

Le mur du ridicule était tombé avec le vrai nom de la jeune femme. Eslyne. Eslyne Adrianovna. L’esprit de Nikolaï s’était remis en marche et il essayait de figurer le magnifique tableau dont devait faire partie sa compatriote. Un peu grec, un peu slave. Un mélange de deux belles cultures, pas si éloignées que ca l’une de l’autre, quand on prend le temps d’y réfléchir. Après tout, les Slaves du Sud, la Damatie, l’Istrie et la Croatie. Tout ca était si proche et les racines avaient si souvent tendances à s’entremêler.

Il continuait de lui sourire.


- Lilya, dit-il en un faible souffle. C’est un très joli prénom. Beaucoup mieux que Gulchachak ou Guenièvre. Moi c'est Nikolaï.


Il marqua une pause, pas exactement sûr lui-même d’où il voulait en venir ni de comment pourrait réagir sa belle inconnue un peu connue. Il avait été très imprudent, déjà et il ne pouvait se permettre de donner son vrai nom, surtout pas avec le beau merdier dans lequel son idiot de cousin avait trainé celui-ci. Il l'avait sentit un peu plus tôt que son interlocutrice n'était pas n'importe qui et il n'arrêterait pas sa pensée à celle de "pauvre et faible femme" que pourraient chérir les ivrognes imbéciles de l'autre table...


- Et est-ce parce que cet auditoire d'ivrognes et d'ignares vous plait tant que vous poursuivez le spectacle, toute douce ?


Comme des oies. On leur gavait leurs petits yeux alcoolisés et farcissait leurs petits cerveaux jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus en prendre et éclatent pour une dernière fois ? Fort peu probable, cette audience semblait prête à en absorber plus qu'ils ne pourraient en offrir, plus que lui le pourrait, en tout cas. Jusqu'où sa mystérieuse compatriote se livrerait au jeu, elle ? Jusqu'où sa conscience le lui permettrait ? Pour elle, pour lui ou pour eux ? C'était assez peu typique comme situation, pour le Slave, et il ne savait plus trop comment interpreter les choses.

Mais après tout, elle lui avait assuré qu'il lui plaisait bien, elle lui plaisait bien également, était agréable à regarder, parlait sa langue, un ilot doux et harmonieux à son oreille entre ces flots de langue tranchante et barbare, celle du commerce qui avait su triompher sur celle de la diplomatie, celle de l'Occident, de l'opulence, celle de Shakespeare ainsi que de ce bar miteux et peu plaisant : l'anglais. Le jeu en valait ou en vaudrait probablement la chandelle et c'était quand même toujours mieux que de se lever et sortir tout seul dans la nuit fraiche pour retrouver le porcin et ses larbins au détour d'une ruelle quelconque. Et ou irait-il ? Il ne pouvait rentrer à Londres et se sentait trop las pour aller ailleurs en Europe en cette seule nuit. Pourtant, il y avait peu que ce trou perdu ait à lui offrir. Y avait-il même un lit pour l'attendre au second étage de cet établissement miséreux ?
Pour le moment, la bourgade lui avait offerte la connaissance d'une compatriote aussi perdue et isolée que lui, une semblable retrouvée. Seul mais pas seul, il comprenait de mieux en mieux ce qu'elle avait voulu dire...
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyJeu 24 Juil - 2:01:49

Et c’est donc de son pas diablement séducteur auquel personne ne résiste claudiquant que la jeune femme retourna s’asseoir. Bien qu’elle n’eut qu’un mètre et des bricoles à parcourir la sensation des regards posés sur elle l’encouragea à équilibrer le tout et à marcher sur la pointe du pied droit, histoire de ne pas ressembler à un canard boiteux. A ce stade, sauver les apparences était sans aucun doute une utopie, il aurait fallu y songer avant de tomber sur le plus mou du bras parmi les rattapeurs de demoiselle en détresse, mais…Selon toute probabilité, l’homme qui l’avait aplati sur le sol crasseux de ce repaire de vides-bouteille la regardait présentement. A moins, bien sûr, qu’il ne soit plus intéressé par le fond de son verre vide que par l’allure de sa démarche.
Un bref instant, elle fut tentée de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule, mais ses cheveux attachés ne lui permettaient pas d’espionner discrètement et elle ne se voyait pas faire apparaître un miroir afin de zieuter derrière elle sous prétexte de vérifier la courbure de ses sourcils. Si seulement elle avait pu se faire pousser des yeux dans le dos…Elle se fichait bien de la masse des autres constituée par les clients du pub, il n’y avait que lui qui l’intéressait. Commençait-il à l’apprécier ? Et elle ?

Oui, bien sûr. Quand elle lui fit face, se fut une évidence. Non, elle n’avait pas de sympathie foudroyante, encore moins d’amitié, mais elle avait de l‘estime pour ce type de personne. Et pour une raison fort simple. Eslyne tourna son regard vers une petite vieille, vêtue de cet ignoble tweed so british, qui la scrutait en chien de faïence. En revenant aux yeux noirs de son compatriote, elle n’y trouva rien de semblable, pas de jugement sur elle et son comportement. Chose qu’elle ne parvenait jamais à faire elle-même. Tout de suite elle l’avait jaugé et l’avait classé dans le groupe des rustres sans instruction. Quand elle regardait son front à moitié recouvert de mèches brunes, elle y voyait une étiquette comme sur une marchandise à l’étal d’un marchand. Une pauvre tache, un imbécile, un peureux, un ennuyeux qui à présent lui démontrait le contraire.

La jeune femme baissa les yeux sur un nœud incrusté dans le bois de la table et en retraça les sillons tortueux, une pauvre occupation dans le seul but de ne pas regarder l’homme assis en face d’elle. Elle se sentait un peu contrite de ses manières de tantôt, sa façon de le traiter et de le considérer alors qu’il n’était en rien responsable de ce qui pouvait l‘agiter. D’un autre côté, il n’avait pas été très vif pour comprendre son ironie, elle ne pouvait donc décemment pas le considérer comme étant une flèche. Et encore d’un autre côté, il n’était pas dans sa tête à lire ses pensées secrètes. Fort heureusement, il n‘aurait pas été déçu de ce qu’un petit coup d‘œil sur l‘intériorité Eslynienne lui aurait révélé à propos du crédit hasardeux qu‘elle lui accordait, malgré la toute nouvelle forme de respect qu‘il s‘était difficilement taillé sur son mépris. La petite employée du Ministère appréciait son genre, mais quant à l‘aimer lui…Il n‘était qu‘un bon moment à passer, assez séduisant en sus.


-Allons…Je suis sûre qu‘ils seraient prêts à faire la queue pour pouvoir profiter de vos…talents. Cette vieille dame sur votre gauche, avec le caban bleu…Elle a l’air tout à fait séduite par ce que vous proposez.

Ayant retrouvé assez d’aplomb, elle releva doucement les yeux, ses iris verts glissant presque langoureusement entre ses paupières. Bien que son sourire fut léger, il réussissait à imprégner tout son visage d’une aura de sérénité. Elle se sentait bien, heureuse sans trop savoir pourquoi. Si jamais le porcelet blond repassait dans son champ de vision, elle se contenterait sûrement de vouloir lui abattre sa botte amochée sur le front au lieu de vouloir le dépecer sauvagement.

-Ou alors vous voulez me garder le bénéfice de vos services. J’en suis touchée.

Apparemment, sa fausse identité venait de le toucher également. Elle devinait clairement qu’il se retenait, avec tout le tact qu’il était possible d’observer face à une clownerie pareille. Mais elle la voyait dans ses yeux, cette petite lueur qu’elle avait si souvent déjà croisé au fond de son propre regard, sur les Eslyne mouvantes des photographies où il fallait prendre des poses figées. Son murmure lorsqu’il répéta son sobriquet était encore trop fort pour la sorcière qui n’attendait que l’occasion de voir comment prenait la plaisanterie. Dans la foulée, il confirma qu‘il avait des notions de courtoisie appréciables, s‘il n‘avait pas la logique la plus fracassante. Non, elle, s‘appeler par ce prénom de guenon préhistorique…? Elle n‘aurait jamais avoué une telle horreur aussi candidement, voyons.

-J’aurais cru que la première chose que vous me répondriez serait "Non pas possible ! Une aussi jolie jeune fille !". Jusqu’ici je ne pensais pas avoir le profil de la femme du Neandertal., souleva-t-elle innocemment, son index longeant le bord de son verre vide.

Et attention. L’heure de vérité avait sonné, car monsieur le gentleman russophone s’apprêtait à sauter à pieds joints sur le tremplin des légendes arthuriennes, un plongeoir graissé par ses soins qui pourrait l’envoyer directement dans les choux s’il ne faisait pas attention au rebond. A moins qu’il n’atterrisse complètement à l’ouest en dérapant sur la pente fatale de la mièvrerie et du roucoulage crétin : allait-il dériver jusqu’à la légende de Tristan et Yseult et faire de la vodka leur petit filtre d’amour à tous les deux ? Comme ce serait touchant de le voir s’engluer dans cette toile sirupeuse seulement pour ses beaux yeux...Très chevaleresque.

Sourire dans le camp du jeune homme qui fourbissait ses armes avant de se lancer. Battement de cils dans le camp de la jeune femme qui s‘apprêtait à faire entendre un rourou de tourterelle si jamais il plongeait tête la première sur une réflexion vaseuse.

Suspens.


*Jolie feinte. Félicitation.*

Tel un équidé franchissant l’obstacle, il venait de faire faux-bond à ses espoirs les plus moqueurs. Autant pour sa partie cynique dont les mâchoires se refermèrent sur du vide, mais il remporta un supplément d’attention de sa part. Peut-être n‘était-il pas qu‘un brave type, après tout, peut-être sa personnalité méritait un peu plus d‘attention au-delà de l‘amusement qu‘il lui procurait. Peut-être. La seule chose qu‘elle craignait était que par trop d‘échanges de paroles il finisse par gâcher toute attirance physique et son potentiel de sympathie réelle en devenir. S’il était idiot, il valait mieux qu’elle n’en prenne pas réellement conscience.

-Oui, j’ai un certain intérêt pour ce genre de chose. Pour tout vous dire, je crois qu‘il est souvent bien plus facile et plus sage d‘apprécier la culture d‘un pays que ses habitants.

La notion était lâchée et dite comme ça, pleine d‘insociabilité. Au moins le folklore était distrayant et il se dégageait de lui une certaine "âme" que paradoxalement on ne retrouvait pas ou peu chez l‘ensemble du peuple dont il était issu. Il suffisait de regarder autour d’eux, elle ne voyait pas de quoi se réjouir, ni de quoi déclarer que les anglais étaient une collectivité épatante à la mesure de leurs auteurs, peintres et légendes. L’exception des élites n‘avait aucune raison de rejaillir sur la masse laborieuse du peuple entier. La somptueuse architecture ouzbèk faite d’entrelacs et de motifs géométriques complexes n’avait en guise d’héritier que les derniers des demeurés arriérés et poussifs, cantonnés à leurs cahutes terreuses, à peine capables d‘assembler deux carreaux de faïence pour débuter une mosaïque. Que ce soient les richesses de civilisations englouties par le temps ou d’une médiocrité de toutes les époques rehaussée par quelques fines fleurs, l’amour d’un peuple était aux yeux de la métisse une idiotie sans nom.

-Mais…pourquoi les korrigans ? Vous vous sentez un air de famille avec eux ?, demanda-t-elle en exécutant une petite mimique qui tordit le bout de son nez.

Ces lutins avaient bien souvent un appendice nasal assez conséquent, entre autres difformités. De ce qu’elle avait retenu de ses lectures, ils entretenaient une certaine passion pour la danse, passion qui se résumait à tourner en rond autour de grandes pierres dressées et à marteler le sol de leurs petites pattes ensabotées. Ces petits êtres discrédités, gardiens de précieux trésors, possédaient aussi un sens de l’humour assez particulier, indifféremment cruels et généreux. D’aucuns les portraituraient en grands amateurs de femmes, excuse possible à l’écriture d’histoires libidineuses, fallacieux prétexte de défendre les bonnes mœurs en montrant l‘exemple à ne pas suivre par la figure de nabots contrefaits.

-Ou est-ce parce qu’on leur prête une vie de débauche ? , questionna la jeune femme avec un demi-sourire.

Allez savoir pourquoi, elle l’imaginait comme une sorte d’aventurier risque tout, un monte-en-l’air toujours prêt à faire main basse sur les richesses d’autrui, un pickpocket aux doigts agiles, un petit truand sans envergure, une espèce de dévergondé habitué des bistrots, en bref, quelqu’un qui vivait du côté en marge, voir sordide de la vie, mais un côté assez palpitant au demeurant. Que pouvait-il bien faire en Angleterre ? Et depuis combien de temps y était-il pour avoir garder un accent aussi perceptible ? Le manque d’effort ? Il lui semblait plutôt être quelqu’un de bohème, un jour ici, une nuit là-bas, n‘importe quel pays sauf la Russie ? Aveuglé par le syndrome de l’herbe toujours plus verte chez le voisin ? De combien de pays limitrophes à sa mère patrie avait-il épuisé les illusions avant d’atterrir ici ?


"Lilya"

Un vif mouvement d’humeur la raidit toute entière. Déconcertée, l’intéressée fixa son interlocuteur dans les yeux, la bouche légèrement pincée. Avait-elle rêvé ce qu’elle venait d’entendre ? Peut-être le choc de deux chopines entre elles avait abusé sa perception l’espace d’un instant, un rire trop fort, un raclement de chaise, n‘importe quoi. Se croyait-il désormais assez familier avec elle pour se permettre de l’appeler par un diminutif ? Comme si quelques minutes suffisaient à rapprocher deux êtres autrement qu’en surface. Attendait-il l’identique de sa part ? Qu’elle lui susurre des Kolya et des Nikolenka sans valeurs ? Elle ne pourrait le faire sans avoir l’air d’avaler des glaçons gros comme des oeufs de chouette tant ces petits noms étaient significatifs à ses yeux. Sans doute n’attachait-il pas le même degré d’importance à ces diminutifs. Ou croyait-il qu’un rapprochement mystérieux s’était effectué entre eux deux au cours de leur banale conversation ? La possibilité qu’il fut effectivement facile à s’attacher la retint de lui répliquer froidement que s’il trouvait son prénom joli, il n’avait qu’à en faire usage. Point. Au lieu de cela, la jeune femme se décrispa et lui retourna son sourire, presque avec l’indulgence que l’on offre aux enfants, sans faire aucun commentaire.
D’autant plus que si elle s’en tenait à la coutume, il lui manquait de respect en ne lui dévoilant pas son patronyme. De cela, elle ne pouvait réellement s’offusquer, et pouvait même prétendre y voir une indication flagrante sur la qualité des rapports que l’inconnu entretenait avec sa famille, tout au moins avec son paternel. Car sinon, pourquoi lui cacher son affiliation s‘il n‘en ressentait pas quelque honte, une aversion quelconque ? C’était précisément ce qu’elle avait fait en usant de son patronyme plutôt que son nom de famille.


-Juste Nikolaï ?

Par taquinerie, Eslyne lui adressa une petite lippe boudeuse, celle d'une fillette déçue dans ses attentes. S'il le prenait ainsi, elle allait se sentir obligée de l'appeler Lancelot ou Rudolph simplement pour l'exaspérer, jusqu'à ce qu'il précise un peu plus. Nikolaï...Il y en avait des milliers, c'était si peu personnel. Nonobstant, elle appréciait la sonorité de son nom, un nom énergique qui avait un petit quelque chose de martial. Tant que ce n'était pas Ivan le synonyme de benêt...

Et que voulait-il dire au juste ? Trouvai-il vraiment la compagnie étouffante ? Une invitation à sortir ? Les regards le gênaient pour ce qu’il avait en tête ? Avec ce qu’il lui disait…Elle ne pouvait savoir s’il était un as de la baguette, un déséquilibré, un sale profiteur ou un gentil garçon. Tout envahissants qu‘ils fussent, les regards lui apportaient paradoxalement une certaine audace, la rumeur des conversations l‘apaisait. Cernée par la foule, il ne pouvait rien lui arriver. Seule avec un inconnu dont elle n’était même pas sûre de l’exactitude du prénom, l’ambiance risquait de chuter vertigineusement et elle pourrait très bien ne pas se relever d‘une telle dégringolade. Elle n’avait pas non plus tellement envie de le voir disparaître car il lui allégeait l‘esprit. Distraitement, elle toucha du bout des doigts l’endroit où les lèvres de ce cher "Nikolaï" s’étaient posées sur sa jambe. S’il ne s’agissait que de ça…


-Est-ce que quelque chose vous démange pour que vous vouliez m’entraîner je ne sais où…chéri ?

Vraiment, elle était peu encline à lever le camp avec le premier type venu. A moins que…

Eslyne abaissa de nouveau son regard sur son verre aridifié par ses soins, puis le releva avec un petit air de ne pas y toucher signifiant clairement qu’on était prêt à tirer la queue du diable.

A moins que.
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptySam 6 Sep - 3:57:47

Nikolaï continuait d’observer la jeune femme qu’il avait face à lui. Eslyne. Elle l’observait et le Russe restait assis, soutenant le regard vsans trop savoir quoi dire, immobile. Un sourire en coin étira lentement ses lèvres mais elle avait déjà détourné le regard. Il suiit son regard et posa également les yeux sur la petite vieille qui semblait regarder la jeune femme en chien de faïence. C’était une vision diablement amusante du point de vue du Russe, lui qui pouvait voir les deux dévisager l’une l’autre sans aucune raison apparente.

Il remarqua que sa vis-à-vis en était revenu à le regarder et a peine soutenait-il son regard a nouveau qu’elle fixait la table. Nikolaï s’empêcha de bailler. La fatigue le gagnait peu à peu, il le sentait bien, et la vodka contribuait grandement. Le bois de la chaise lui était complètement confortable et il n’avait plus envie de bouger, en fait. Il continuait d’observer sa compagne de table et remarqua de nouveau le bruit autour de lui, le bruit de ce bar bruyant. Depuis le début de cette conversation, le gens autour de lui et leur vacarme avait eu tendance a s’effacer aux oreilles du Russe, cette seule et unique table allophone dans ce pays d’Anglois servant comme a le couper de l’extérieur qui lui était si inconnu et familier a la fois, depuis le temps, a le retenir loin de tout ce qui était si près depuis quelques années, trop près.

Mais maintenant cette bulle s’était ouverte a nouveau et retombait dans l’inexistence, la seule chose qui pouvait la qualifier. Maintenant il percevait a nouveau chacun des autres occupants de cette taverne, chacun des tintements de verres, chacun des rires gras.

La voix de sa compatriote le ramena à la conversation, tous les bruits ambiants les voix se fondant d’un seul coup en un fond musical distordu et lointain. De nouveau, il se détachait du reste de cette salle.

Il jeta de nouveau un coup d’œil sur la vieille dame avec qui Eslyne avait échangé un regard, un peu plus tôt, et il ne put retenir un doux rire alors qu’il remarquait qu’elle continuait de les dévisager tout deux, a la manière d’un chien trop agressif coincé derrière sa clôture et frustré de ne pouvoir que japper.


- Peu importe ce que je propose, commença-t-il en ramenant son regard dans celui de sa semblable, je n’ai aucun forfait pour l’âge d’or et il serait bien plus sage pour cette dame de se trouver un gentil gendarme qui l’aiderait à traverser les rues pleines de sales immigrants voleurs d’emploi et dangereux jusqu'à sa confortable et sécuritaire demeure…, acheva-t-il avec un léger rictus a l’idée de la vieille bonne femme, calée dans son fauteuil avec ses dizaines de chats, un vieux tromblon pointé sur une porte surchargée de loquets, attendant patiemment la venue d’un quelconque sauvage urbain et malpoli a qui elle pourrait trouer la peau.

Sa camarade avait bien l’air de s’être remis du triste épisode de la chute et son humeur semblait s’améliorer. Peut-être était-ce bon signe ? Peut-être que non… Il gardait son regard coulé dans le clair de ces yeux verts. Que pouvait-il bien se trouver derrière ? Quelles idées pouvait bien nourrir sa vis-à-vis ? Pensait-elle a comment elle pourrait poursuivre son jeu ? Ou encore pensait-elle aux services qu’il pourrait bien offrir a cette vieille dame et s’empêchait-elle de rire rien qu’a l’idée. Plus ca allait, plus il trouvait qu’elle avait quelque chose de félin, une malice taquine, un peu comme un chat qui jouait avec sa nourriture, faisant rouler a son bon plaisir l’oiseau mourant a petit feu entre ses pattes. Peut-être était-ce pour cela que cette vieille bique la dévisageait-elle de cette manière… peut-être voulait-elle l’adopter ? En fait son onzième chat et l’obliger a se frotter contre ses tibias pour obtenir un peu de thon en conserve ?

Le Russe joignit les mains derrière la nuque et leva le regard sur les lattes de bois pourrissantes du plafond. Les araignées semblaient s’y faire peu a peu reines malgré la fumée qui devait les suffoquer. Oui, c’était vraiment un superbe endroit.

Il sourit a la réponse de son interlocutrice et parla d’une voix lente, distante, comme s’il rêvait de loin :


« Ne vous en touchez pas trop vite. Je ne garde rien pour personne : je partage ce que j'ai… et pas avec n’importe qui ».

Il acheva de parler en laissant glisser ses yeux de nouveau vers la petite vieille. Elle les fixait encore ! … et… Nikolaï se redressa un peu sur sa chaise et la considéra un peu mieux… et elle ne semblait pas cligner des yeux. Après Zagam, grand roi des enfers, homme-bœuf aux ailes de griffons, celui qui peut tourner n’importe quel niais en sage, venait la terrible gorgone au caban bleu des Trois-Balais, celle qui pouvait angliciser n’importe quel sauvage d’une autre contrée et calmer la joie de vivre de tous jeunes gens qui osaient profiter d’un peu de bon temps. Mais que disait-il ! Et "pourrir" la joie de vivre ! C'était plus approprié, oui...

- Désolé, c’était le traitement assez imaginatif que vous vouliez réserver à ce gros blond qui m’a fait douter,
commença-t-il en plaisantant. Mais après tout, c’aurait plus été votre père qui aurait été néandertalien de vous doter d’un tel nom plutôt que vous-même.

Il n’y avait bien qu’une femme pour considérer l’idée d’une apparence préhistorique avec le charme qu’elle pouvait posséder. Même si ce n’était que de l’ironie, ca ne collait pas, c’était trop absurde. Quoi qu’il en fût, la discussion continuait.

Ah ! La culture… Les mythes, les légendes… Et pourtant, ce que disait sa compatriote n’était que vérité. Quand bien même que Nikolaï aurait voulut la contredire de tout son être, il n’aurait pu le faire.


- L’apogée fascinant d’une civilisation… Ses mythes et sa culture… Vous avez parfaitement raison. Vue de sa culture et de ses légendes, n’importe quel peuple, n’importe quel pays est amenant, intéressant, fascinant… mais la réalité n’est souvent que bien trop décevante…

Le bas-peuple de ce bar miteux était loin d’être aussi fascinant que celui qui aurait affronté les dragons du Welsh, les géants de Kernow, aurait célébré pendant sept jours et sept nuits la Samain sous la pluie froide de Novembre avec des feux et des amas de vivre impressionnants qui auraient réchauffé le plus nordique des cœurs. Oui, l’Angleterre était décevante et a part lorsqu’il était moment de monter dans un bus, de décider a qui irait le fond de thé ou de jouer les hooligans pendant les matchs de footballs, on ne trouvait décidément pas beaucoup de hardiesse chez ces descendants des vaillants et fascinants peuples celtes.

Instinctivement, le Russe se toucha doucement le nez du revers de l’index en laissant échapper un petit rire. Il comprenait certes l’allusion que faisait la Eslyne, surtout avec sa mimique. Pourtant, il ne s'en choquait guerre. A quoi bon se frustrer sur quelque chose qu'on ne pouvait changer, même avec toute la volonté du monde, de toute façon ?


- Peut-être un peu des deux, répondit-il lentement. Ne trouvez-vous pas ça amusant, tout de même ? De malignes petites créatures qui rodent dans les collines autour des villages et forcent a danser pendant des jours les morveux qui osent s’éloigner de la lumière protectrice des lanternes de la ville.

Cela l’étonnait qu’elle n’affectionna pas plus que cela la légende, elle qui semblait bien au courant du folklore britannique et qui avait probablement été aussi désabusée que lui lorsqu’elle s’était heurtée a la réalité. Si elle lui voyait un air de ressemblance, de famille, avec les créatures, il ne se serait pas étonné qu’elle en ait un également, elle qui s’était jusque la annoncée presque aussi espiègle que les créatures.

Il considéra sa petite moue boudeuse et sourit de nouveau. Oui, finalement, c’était bien agréable, cette conversation.


- Pourquoi plus ? la questionna-t-il du faux air sévère, sur un ton un peu plus grave, une voix exprimant un soupçon d’autorité, qu’aurait eu un père envers une enfant trop gâtée qui aurait voulu avoir un quelconque jouet sans attendre ni être sage.

Quelle importance cela pouvait-il bien avoir qu’elle sache son nom complet ? C’était bien suffisant pour la discussion qu’ils entretenaient… A moins qu’elle n’ait voulu lui souffler des « Doux chevalier Dmitriev » à son tour. C’était peut-être un romantique, tout au fond... Ou peut-être simplement le mal qui pouvait se présenter sous toutes les formes... Il fallait tout de même être méfiant, même dans ce trou perdu.

Il embrassa de nouveau la salle du regard et en revint à son interlocutrice. Le sourire avait diminué et il avait l’air soudainement un peu plus sérieux.


- Doucement avec les "chéris"… Et ce n’est pas tant que je veuille vous entrainer quelque part mais c’est surtout que j’apprécie bien votre conversation et beaucoup moins cet endroit.

Il jeta de nouveau un coup d’œil vers la vieille ainsi que sur le reste des occupants du bar. Oui et surtout depuis leur petit bout de discussion concernant le peuple fade comparativement à ses mythes, il se disait de plus en plus que ce bar de patelin anglais n’était bon qu’a quitter a toutes jambes. Mmmhh… Retourner à Londres serait-il si fou que cela ? Et combien de temps devrait-il rester dans cet endroit ?
Il songeait à Mikhaïl. Il l’avait foutu dans de beaux draps, cette fois-ci. Cousin… plaie de cousin… oui… cousin…. C’était peut-être la solution… Le manoir Dmitriev, ou résidait son autre cousin, avait toujours une porte d’ouverte pour lui et s’il n’en sortait pas il ne courait aucun danger…

A moins que…

- Pourquoi vouliez-vous tant passer inaperçue ? demanda-t-il doucement
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MessageSujet: Re: La nuit du "tombeur" ( PV Niko )   La nuit du "tombeur" ( PV Niko ) EmptyLun 8 Sep - 22:28:17

*Mon cher, tant de sarcasme.*

De deux chose l’une, soit il n’aimait que la chair fraîche des jeunes demoiselles et la souplesse de leur corps non encore rouillé par l‘arthrite, sa petite sœur la coxalgie, l’arthrose, les rhumatismes et le lumbago empêchant l’heureux déroulement des galipettes et autres figures acrobatiques, soit il lui servait un extrait de sa vie d’éternel refoulé, cible de préjugés qui l‘avaient rendu amer, à la limite du cliché. Eslyne faillit lui dire que chez elle, beaucoup ne considéraient les Russes que comme des sales immigrants parasites qui avaient une fâcheuse tendance à taper l’incruste alors qu’ils auraient selon eux tous dû plier bagages dès quatre-vingt-onze. Ces gens auraient sans problème tendu la main aux angliches pour sortir les russkovs de leurs terres à grand renfort de sortilèges dans le fondement. Peut-être était-ce ce qui était arrivé à ce jeune homme, l’exil forcé à la pointe de la baguette par des nationalistes brimés tenant leur revanche. Peut-être qu’il avait vécu dans les mêmes pays qu’elle, peut-être qu’ils s’étaient croisés sans se voir au détour d’une rue ou dans une cohue précipitée. Peut-être lui avait-elle déjà écrasé le pied, peut-être lui avait-il filé un coup de coude, elle petite fille, lui adolescent, et à présent le destin les réunissait pour solder leurs comptes et les flanquer tous les deux par terre. Voilà qui ajouterait une touche d’à peine croyable à cette soirée rocambolesque.

Son sourire s’affirma lorsqu’il eut cette phrase sibylline, un sourire quelque peu dubitatif et toujours un rien narquois. Élitiste ? Avait-il seulement de quoi ambitionner le dessus du panier : généalogie illustre, don extraordinaire, personnalité d’artiste ? S’il lui avait démontré que ses pattes étaient douces, il ne lui avait pas dévoilé leur belle couleur blanche. Un nom célèbre rendait fréquentable, il suffisait pour certains, la jeune femme pensait quant à elle qu’il n’appartenait qu’à lui de se rendre intéressant, à la différence de ce "monsieur n‘importe qui" auquel il prétendait ne pas être apparenté pour justifier sa sélectivité. Et elle était toujours là à l‘écouter, à lisser inconsciemment une mèche bouclée échappée de sa coiffure, la même expression amusée sur ses traits apaisés. Signe d’une réelle attention portée à cet homme ou une preuve d’un ennui confinant à la lassitude qu‘elle cherchait à faire reculer par tous les moyens de peur qu‘il ne se change en chagrin.

Et pourtant, il avait son lot de faux pas et de maladresses. Cette allusion à son père sous couvert de lui tourner un compliment altéra un instant l’harmonie de sa physionomie tranquille. Prise par surprise, elle le fixa avec une pointe d’aménité douloureuse, lui reprochant silencieusement de lui rappeler ce qu’elle cherchait à oublier, ce qu‘il ne pouvait savoir, ce qui par un jeu compliqué de ramifications de souvenirs pénibles et de cause à effet menaçait de ramener de pleines grappes de cruelles déceptions à sa mémoire. Une déchirante ribambelle d’hypothétiques passés et de futurs incertains, de "Et si ?" et de "Comment a-t-on pu en arriver là ?", "En verrai-je la fin ?" l‘attendaient sur le chemin de ses pérégrinations mentales. Tout ceci menaçait d’affleurer à la surface pour un boniment insignifiant qui ne pêchait que par gaucherie. Toutefois, si Eslyne en fut attristée dans le fond, elle continua de jouer, par habitude, plus pour éloigner les mauvaises pensées que par distraction pure.

Son charmant compagnon était bien brave, tout de même, un peu attendrissant comme un ourson pataud qu‘on forcerait à faire le beau en équilibre sur un ballon de cirque. Peut-être devrait-elle être plus clémente et le relâcher dans son milieu naturel loin de la foule bruyante ? Après tout, ses qualités valaient bien les défauts de la sorcière, de plus, il lui révélait certaines facettes potentiellement salvatrices. Et pour cause…Il allait dans son sens. Non pas que la miss désavoua l’opposition, mais quelques chapitres de ses connaissances étaient tellement certains qu’ils n’auraient pu être récusés si l’on savait faire preuve d’honnêteté et observer les faits. Non ?

Son compatriote était donc franc et un poil sensé. A la bonne heure, ce qu’elle préférait comme espèce, rarissime en ces contrées bêtement moralistes où le moindre mot un peu trop honnête passait pour une offense, notamment sur le sujet épineux de la pureté du sang et de la position des sorciers par rapport aux moldus, question quasi tabou à ne surtout pas soulever, niée et pourtant clef de voûte de bien des problèmes qu‘il aurait fallu régler une fois pour toute s’ils ne voulaient pas passer un autre siècle à tourner autour du pot. Quoique les choses avaient l’air de s’être accélérées ces derniers temps…De toute façon, ce n’était pas son pays et leur Ministère inefficace ne la concernait pas, même si elle y traînait toute la semaine en vue d’obtenir un salaire qui n’était pas vital.


-Amusant, répéta mécaniquement la jeune femme, un peu perdue dans la contemplation des yeux noirs de Nikolaï, lustrés par les lumières chaudes de l’endroit. Certainement.

Elle n’était pas en train de se pâmer devant la douceur d‘un tel regard, bien qu’elle ne pouvait nier l’attraction physique et l’agréable sensation que ramenait le souvenir de ses doigts souples sur la jambe délibérément oubliée sur sa cuisse. Non. Elle l’étudiait, le considérait sous une multitudes d‘angles différents, la bouche légèrement entrouverte, les prunelles un peu vagues et endormies sous les paupières alanguies. Jusqu’à ce qu’un sourire plus mesuré vienne s’épanouir sur ses lèvres moqueuses, un sourire calculé pour séduire et qui ne se défendait pas de n’être qu’une manœuvre vers un but.

Repassant une mèche égarée derrière l’oreille qu’elle venait de quitter pour chatouiller sa joue, Eslyne se glissa sur l’extrême rebord de sa chaise et étendit sa jambe au pied nu pour tâter la chaussure de son vis-à-vis, comme si elle cherchait à savoir s‘il portait la bonne pointure.


-Il y a quelque chose de bizarre en vous. Il va falloir me prouver que vous n’avez pas de sabots fourchus sous vos croquenots. , dit-elle avec un étrange sérieux.

La demoiselle rapatria lentement son peton sous sa portion de table et se recula contre le dossier de sa chaise grinçante, appuyant son talon contre son assise creusée par de nombreux postérieurs de toutes tailles. Elle entreprit un époussetage de la plante de son pied avant de le glisser dans l’étui de la botte en daim qu’il n’aurait jamais dû quitter, puis cala son fidèle et agile instrument de marche sur son genou, constatant à nouveau les dégâts. Jadis élément participant à l’élégance sans prétention de la botte par sa finesse raffinée, le talon pendillait lamentablement tel un mini stalactite triste. Lily lui colla une pichenette qui le fit osciller follement et releva les yeux sur ce cher "Nikolaï et rien de plus".

Elle évita d’arborer une expression trop confiante à la "tu vas cracher le morceau moi j’te l'dit !" et négocia une approche plus douce, plus sentimentale qui pourrait venir à bout de sa petite réticence. Il jouait les coquets ? Voulait-il éveiller un peu plus son intérêt, qu’elle le cherche pour mieux le trouver ? Comme c’était mignon…Ou peut-être n’esquivait-il pas simplement par badinage, mais par choix réfléchi, qu’il n’avait pas envie de préciser ne serait-ce que son patronyme parce qu‘il ne voulait pas qu‘elle le sache. Serait-ce dangereux qu’elle vienne à apprendre son nom ? Etait-elle censée le connaître ? Et il pouvait toujours lui mentir...Aurait-elle trouvé plus paranoïaque qu’elle ou bien était-ce son propre esprit qui se trouvait plongé dans un délire de persécution ?

La jeune femme releva innocemment les sourcils et croisa les mains à plat sous son menton, inclinant légèrement la tête pour détailler l’homme en face d’elle dans une attitude faussement timide face à son autorité, un rien capricieuse.


-Vous savez, si mon père m’a appelé Eslyne, c’est parce qu’il n’avait pas envie de langer les petites fesses roses d’une énième Tatiana ou Olga. De moi à vous, c’est un peu pareil…Ça me ferait plaisir que vous ne restiez pas un Nikolaï au rabais comme je vais en croiser tout au long de ma vie. Ce serait la crème dans mon café au lait.

Elle ponctua sa conclusion d‘un clin d‘œil complice, mais déchanta vite. Avait-il vraiment la conscience sur des charbons ardents ? Etait-ce vraiment cette ânerie de "chéri" qui venait de brûler ses oreilles ? Quelle scène lui faisait-il ? "Ferme ta gueule bibiche et laisse le Mâle mener sa parade" ? Il commençait par des "toute douce, toute belle, ma princesse" et elle avait juste le droit de se laisser peloter le mollet et de la boucler ? Etait-ce ce petit nom sucré qui le mettait dans cet état ? Le camarade Nikolaï se rappelait-il que c’était le sobriquet préféré de bobonne laquelle attendait bien gentiment à la maison à allaiter le dernier petit baveux de la famille en reprisant les chaussettes de son Kolya ? Quant à son explication…Elle y repenserait la prochaine fois qu’un gus essaierait de lui prendre la taille. Ce serait sans doute pour lui raconter les derniers potins…Enfin, "ce n‘était pas tant qu‘il ne voulait l‘entraîner quelque part"…Il y avait donc un zeste de cette idée qui se promenait dans ses projets non ? En tout bien, tout honneur, bien évidemment…

-Merci., répondit-elle avec une subtile noisette de sarcasme, C’est adorable d’accorder de l'intérêt à mon verbiage, je me sens prise en considération. Mais…Quelque chose vous trouble, mon biquet ? Ce n’est pas moi j’espère ?

Le sourire quasi disparu au début de sa réponse, revint avec le point final à ses questions. Oui, qu’est-ce qui n’allait pas tout d’un coup ? Avait-il peur d’être tombé entre les griffes d’une érotomane qui prendrait pour Gallions comptant les douceurs murmurées et vivrait son amour passionnément chimérique avec lui dans les profondeurs de son esprit malade ? Eslyne rit toute seule à cette vision d’elle-même énamourée d’un bel inconnu et le traquant dans tous ses déplacements, telle la pire des groupies, jusqu‘à ce qu‘il craque et l‘épouse plutôt que de se suicider ou qu'elle ne le trucide de dépit.

-Pourquoi je voulais tant passer inaperçue ?, reprit-elle, les yeux brillants, la mine réjouie, je vous l’ai dit, non ? Je ne cache pas tout l’or de Gringotts sous ma robe, si c’est ce que vous pensez. Je voulais simplement éviter les cons car il y a des moments où ils sont plus déprimants que poilants...Vu notre chute ébouriffante, j’ai échoué et j'ai même découvert un nouveau filon., affirma t-elle, à demi mots encore, sans préciser si elle parlait de lui ou de tout ce que contenait la taverne comme biberonneurs d'alcool...Le doute était toujours plaisant à observer. Mais hésiterait-il à ce stade ? Et vous ? Quel mystère a placé votre personne sur mon point d'écroulement ?
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