Belle journée...

C'est ce qu'aurait pu penser toute personne censée et mentalement normale. Mais tout le monde n'était malheureusement pas tel quel. Mescaline Sin, entre autre. La jeune femme redoutait le soleil. Le moindre rayon de lumière l'aveuglait, lui brûlait la peau et les rétines, et la rendait encore plus insupportable qu'elle ne l'était. C'est pour dire. Pour elle, une belle journée était composée de pluie, d'éclairs ou alors d'une bonne tempête. Tant qu'il n'y avait pas ce maudit soleil dans le ciel, ça lui convenait.

En attendant, elle allait devoir faire avec.

La Belle se hissa hors du Repère, sur ordre du Lord. Elle n'avait pas de mission précise, ce jour-là, mais elle allait devoir passer sa journée dans les rues de Pré-au-Lard afin de guetter les élèves de l'école Poudlard. Un de ses congénères Mangemort avait été informé d'une sortie prévue par Dumbledore. Comme chaque année d'ailleurs. Et Mescaline devait se charger de ces gamins, les traquer, suivre leurs moindres faits et gestes. Il y avait bien pire comme mission, c'est sûr. Mais rien que l'idée de partir en reconnaissance et de camper en plein cagnard la frustrait. Elle n'avait pourtant pas le choix.

Elle transplana en quatrième vitesse et réapparut devant la Cabane Hurlante. La Belle la reconnut aussitôt. C'était en cet endroit que se produisaient d'étranges choses. Des hurlements, chaque nuit de pleine lune, qui faisaient penser à de sinistres fantômes hantant la bâtisse. Mais c'était il y avait bien longtemps. Une légende, rien de plus, et la demoiselle n'avait jamais cru aux légendes. Le soleil tapait de plus en plus fort, et la jeune femme commençait à étouffer sous sa cape noire. De plus, elle était contrainte de conserver sa capuche. Le printemps se faisait bien ressentir, et la chaleur de l'été arrivait au galop. L'été... Mescaline eut un frisson de dégoût. Des fleurs sauvages jaillissaient de part et d'autres de la lisière de la petite forêt qui encerclait la Cabane Hurlante. De l'ombre ! La Mangemort s'avança vers elle, ressentant un peu de fraîcheur au fur et à mesure qu'elle arrivait sous les chênes. Elle s'assit sur une des souches et attendit quelque peu avant de se rendre au coeur du village. Sûrement qu'après, elle irait au pub pour boire un bon Whisky Pur Feu, quelque chose de bien revigorant. Tout en rêvassant, Mescaline arrachait les pétales d'un coquelicot, tordait la tige de toutes les marguerites à sa portée et coupait l'herbe avec acharnement. Normal.

Mais soudain, des bruits de pas la tirèrent de ses pensées en la ramenant à la réalité, où le soleil cognait encore et où un jeune garçon aux cheveux rougeoyants arrivait. La femme se cacha aussi bien qu'elle le put derrière un buisson. Celui-ci s'installa devant la maison en ruine et sortit de son sac à dos tout ce dont Mescaline avait envie.

*Rôôôô, de la Bièraubeurre... Ca doit être bien frais, ça aussi...*

En effet, la Bièraubeurre, elle ne connaissait pas tellement, trop habituée à boire des boissons alcoolisées... Mais si seulement elle n'avait pas eut pour ordre de rester discrète, elle aurait sauter sur le rouquin pour lui voler son sac. Mais bon.

Elle guetta pendant un petit moment ce que le garçon allait faire. Mais en reculant d'un pas, elle marcha sur une grosse brindille qui se brisa, et un craquement retentit.

*Zut !*

Le gamin avait réagi au bruit. Il avait dû avoir peur, car il s'apprêta à repartir d'où il venait. Ce fut à cet instant que Mescaline ne voulut pas le laisser s'enfuir comme un fugitif en cavale et qu'elle coupa à travers les bois tout en le suivant. Lorsqu'il arriva au niveau de la barrière qui délimitait la Cabane Hurlante, la jeune femme se posta brusquement devant lui avec un sourire de psychopathe.

Finalement, il aurait peut-être mieux valu que ce bruit eût été produit par une bête sauvage. Ou par un loup-garou. Ou par Ombrage. Par n'importe quelle créature vivante, mais pas par cette femme. C'est la pensée qui traversa l'esprit de William lorsqu'elle surgit du petit bois et se planta devant lui, l'obligeant à faire une embardée pour l'éviter. Car le rouquin s'était remis en route d'un bon pas, d'autant qu'il descendait à présent le raidillon qui menait à la Cabane. La pause Bièraubeurre lui avait fait du bien, et il se sentait à présent parfaitement d'attaque pour la suite de la visite du village. A présent, direction la plus ancienne demeure de Pré-au-Lard, juste à côté de...
C'est à ce moment que la femme était apparue, un sourire dément sur le visage, dans un accoutrement qui effraya un peu le préfet. Elle portait une lourde cape noire, dont la capuche était rabattue sur son visage. Qui, par une chaleur pareille, pouvait bien se promener ainsi dissimule, sinon les gens douteux ? Instantanément, le rouquin éprouva les plus vifs soupçons à l'égard de cette femme. Machinalement, il porta la main à la ceinture de son jean, mais sa baguette ne s'y trouvait pas... Il se rappela soudain qu'elle était dans son blouson, dans son sac à dos. De toute façon, à en juger par le peu qu'il voyait de la femme, elle avait suffisamment d'expérience magique pour ne lui laisser aucune chance, si elle en avait décidé ainsi...

*On en reparlera, songea William avec détermination. Pas question de me laisser découper en rondelles sans rien dire... *

Bon, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait faire pour échapper à ce triste sort, si l'inconnue manifestait la volonté de le changer en steak haché, mais ça ne coûte rien de se motiver. En bon Gryffondor, en bon petit soldat de l'Armée de Dumbledore, le préfet entendait bien vendre chèrement sa peau.
Etait-il question de vendre sa peau, d'ailleurs ?... La femme n'avait pas de baguette en main, et une hypothèse un peu moins tragique se présenta à l'esprit du rouquin. Peut-être était-elle perdue, ou avait-elle besoin d'aide... Essayant d'adopter une voix neutre (mais il se rendit compte qu'il parlait un peu fébrilement), il demanda :

-Je... je peux faire quelque chose pour vous ?

Il verrait bien... si c'était une folle cannibale, elle ne s'embarrasserait pas de politesses et lui dirait simplement "oh oui, mon petit, viens donc dans ma cocotte-minute!". Si c'était une simple promeneuse égarée, la discussion prendrait un tour nettement plus civilisé. Et William devait bien avouer qu'il préférait cette alternative.

[Désolée pour ce retard. Petits soucis. ^^]


Mescaline était à présent face au garçonnet. De près, ses cheveux semblaient encore plus flamboyants, surtout sous ce fichu soleil qui brûlait à petit feu la peau blanche de la Belle. Elle affichait toujours ce sourire sadique et quelque peu effrayant qu'elle adorait. Sa capuche toujours sur la tête, on ne pouvait apercevoir que son menton et une bouche aux lèvres pulpeuses. On ne pouvait que savoir que c'était une femme.

Mais son rictus se dissipa doucement lorsqu'elle vit l'expression étonnée du jeune homme. Bien sûr... Elle aurait dû se douter que tout le monde ne criait pas et ne s'empressait pas de faire marche arrière au pas de course à la vue d'un Mangemort. Si c'était le cas, il n'était pas très malin de rester là, à regarder la femme drapée de sa cape, avec cet air niais sur le visage. Ou alors, au contraire, il était possible qu'il ne sache pas qui elle était. Normal en même temps... Mais cette hypothèse, ouvrant sur diverses possibilités d'approche, plut à Mescaline. Pendant quelques instants, ils restèrent ainsi, à se reluquer sans rien dire et sans bouger. Mescaline avait perdu son sourire, et à présent, se concentrait sur la façon dont elle allait faire payer l'imprudence du gamin. Devant la Cabane Hurlante, en plus... Quelle imprudence ! Quelle impudence ! Il narguait l'ennemi en jouant au petit garçon courageux qui se promenait dans les endroits considérés comme dangereux.

Mais dangereuse... La Cabane ne l'était pas. Il risquait maintenant beaucoup plus en compagnie de le jeune femme qu'en compagnie de ces fantômes certainement inexistants. Les secondes défilaient, pendant lesquelles le garçon porta la main à sa baguette qu'il ne trouva pas. Alors un nouveau sourire apparut qui découvrit des dents blanches et impeccables. Pas un sourire de réconfort, loin de là. Peut-être que le fait qu'elle n'ait pas de baguette magique en main fit douter le rouquin quant à ses intentions... Tant mieux. Le jeu n'en serait que plus amusant.
Quand enfin il parla.

Une question annodine à laquelle Mescaline prit quelques secondes pour répondre.

- Je viens acheter la maison de mes rêves, railla-t-elle avec ironie.

Elle fut néanmoins surprise par sa propre voix, gutturale et rauque - étant donné qu'elle n'avait pas prononcer un mot depuis la veille - et encore plus inquiétante que d'habitude.

Elle observa la réaction du jeune homme et reprit la parole.

- Comment se fait-il qu'un gamin comme toi rôde dans les environs...

[Petit temps libre, et soudaine inspiration.^^]

Tandis que la Belle continuait, avec une lueur démentielle dans les yeux, d'observer le malheureux garçonnet, elle ne pouvait s'empêcher de réaliser qu'elle crevait littéralement de chaud sous sa cape. C'était bien connu, la couleur noire attirait la chaleur, et le soleil cognait de plus en plus fort. Une belle après-midi ensoleillée, mais pas pour les gens comme elle. La seule chose à laquelle elle pensait à présent était un bon cocktail à la framboise, dans la fraîcheur apaisante du Repère en train de lire les nouvelles dans la Gazette... Mais non, bien sûr que non. Elle devait se coltiner le sale boulot. Aller importuner des gamins ne l'intéressait vraiment plus. Elle voulait une mission passionnante et dangereuse, une mission en béton, elle aurait rêvé d'aller en Albanie, par exemple. Ou en Roumanie, dans le pays des vampires, où régnait la légende de Dracula. Mais non, toujours non. Elle était là, près de la délabrée Cabane Hurlante. A part des friches, qu'y avait-il en cet endroit ?

Elle reporta son regard sur le jeune homme qui semblait terrorisé, le pauvre... Elle fut presque tentée de le laisser s'échapper de ses griffes, mais si cela parvenait - d'une manière ou d'une autre - aux oreilles du Lord, elle ne serait pas renvoyée, mais tuée de ses mains squelettiques.
Elle frissona imperceptiblement et poursuivit son jeu de tyran.

Ainsi donc ce rouquin se devait-il de rendre un devoir sur... la Cabane Hurlante ? Quel lieu passionnant, en effet... Non mais quel est l'imbécile de professeur qui lui aurait confié un tel travail ? Peut-être ce lourdeau de Hagrid, dont elle avait entendu parler à plusieurs reprises. En bref, Mescaline fut soudain persuadée qu'il se foutait ouvertement d'elle. Même si la Cabane avait accueilli des Gobelins répugnants, ce qu'elle ignorait ! Et puis même si cette réponse peu crédible était vraie, elle voulait une bonne raison pour l'enquiquiner encore un peu.

- Peu m'importe, à vrai dire, la raison de ta présence... Pour un banal devoir, et même si ta mère était enterrée là, c'est un endroit trop dangereux pour des petits garçons...

Elle avait dit la fin de sa phrase avec un sourire à faire froid dans le dos. Un sourire de psychopathe qu'elle adorait arborer.
D'ailleurs, à ce moment précis, le gamin trouva à nouveau une excuse pour essayer de se défiler. Pas très habile de sa part.

- Idiot... Crois-tu vraiment que je vais te laisser filer ainsi ?

Elle dégaina sa baguette et s'apprêta à empoigner l'élève par le col, si celui-ci osait faire le moindre geste suspect.

- Maintenant, écoute... Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir déchaîner mes talents morbides sur toi, alors, je te demande de ne me donne pas de raisons. Tu es bien un élève de Poudlard, hein ?

Elle avait toujours cette voix enrouée, déplaisante, qui ne lui ressemblait pas. Elle espérait retrouver assez rapidement sa voix sensuelle et doucereuse qu'elle avait d'habitude.

- Ce périmètre est normalement totalement interdit aux Moldus, Sang-de-Boube, enfants, et encore moins aux élèves de Poudlard. Alors, pourrais-je savoir sans que tu me mente ce que tu fais là, jeune homme... ?

La tête baissée, de façon à ce qu'il ne puisse qu'à peine voir ses yeux dans l'ombre, elle observa d'un regard fixe et malsain son nouveau jouet.

Evidemment... la femme n'était pas dupe... Les excuses laborieusement inventées par William avaient été immédiatement balayées, rejetées, anéanties. Le "petit garçon" se retrouvait donc aussi mal parti qu'avant, et même encore plus mal car la femme avait adopté un ton plus hostile, plus glacial encore qu'auparavant. Elle avait d'ailleurs dégainé sa baguette, et la pointait à présent droit vers le Gryffondor en s'étonnant qu'il ose pénétrer dans un lieu interdit aux Moldus, Sang-de-Bourbe... à ce mot, malgré lui, le rouquin jeta un regard vers l'étrange femme.

*Pourquoi Sang-de-Bourbe ? pourquoi ce mot là ? elle sait ?... *

Non, c'était impensable... comment pourrait-elle savoir qu'il était fils de Moldus, alors qu'elle ne le connaissait même pas ? Impossible. Elle avait dit ce mot-là par hasard, au milieu du catalogue des êtres inférieurs... Moldus, Sang-de-bourbe, enfants, élèves de Poudlard, même combat... des sous-hommes, des êtres imparfaits- dans le meilleur des cas- voire indignes de vivre, dans le cas des Moldus et Sang-de-Bourbe...
Elle l'informa qu'elle ne demandait pas mieux que de se déchaîner sur lui, et William estima qu'il n'y avait plus de place pour le doute : cette femme était bien une Mangemort... seuls ces gens-là pouvaient parler ainsi de torturer, avec cette gourmandise dans la voix...
Une Mangemort. Précisément ce que William s'était juré de combattre avec le plus de vigueur. Il n'avait pas de baguette pour le moment, et le combat était perdu d'avance ; mais il pouvait toujours sauver l'honneur, et refuser de capituler. Fort de cette résolution, il répliqua brutalement :

-Je n'ai pas de comptes à vous rendre. Ce que je fais ici ne vous regarde pas... Et si vous avez des pulsions morbides, comme vous dites, allez donc vous faire soigner.

Parler ainsi à une Mangemort relevait du suicide pur et simple, mais sur le moment, William s'en fichait. Il était perdu, de toute façon... à moins d'une intervention providentielle... comme cette silhouette qui arrivait...
William eut l'espoir fou qu'il s'agisse d'un Auror, d'un dur à cuire dans le genre de Maugrey Fol Oeil. Mais en voyant approcher la personne, il dut se rendre à l'évidence ; c'était un adolescent, un élève de Poudlard, comme lui.
Harry Potter. Un gibier de choix pour la Mangemort, qui risquait fort de se désintéresser du préfet, pour la peine. Espérant donner le change, William répondit au salut du Survivant par un :

-Salut, Tony...

Il ne fallait pas qu'elle le reconnaisse... surtout pas... Et lui, il ne fallait pas qu'il reste là, ou qu'il intervienne... Le rouquin espérait que son camarade aurait suffisamment de sang-froid pour continuer sa route et, éventuellement -alerté par ce nom de Tony donné par William- aller chercher du secours.
Il ne fallait pas donner l'éveil à la Mangemort ; c'est pourquoi le préfet détourna rapidement son attention de Harry, comme s'il ne s'agissait que d'un simple quidam.

*Allez, Harry, va-t-en... va chercher quelqu'un... n'essaie pas d'intervenir...*

C'était oublier que Potter avait plusieurs fois vaincu Lord Voldemort lui-même ; mais il fallait dire qu'une silhouette massive comme celle de Maugrey aurait été plus rassurante que la maigreur du Survivant...

[ Hors Jeu = Je suis vraiment navrée. Mais j'ai récemment retrouvé le goût du Rp. Je m'y remets, en m'excusant encore pour l'attente.]

- - -

La Belle avait, pensait-elle, fini de sermoner le gamin, ignorant le regard qu'il lui jeta lorsqu'elle énuméra les races inférieures. Après tout, elle n'avait que faire de ce qu'il faisait, et où il le faisait. Il pouvait bien faire ce qu'il souhaitait. Elle ne lui avait adressé la parole que par défaut. Mescaline avait été chargée de surveiller les environs de la Cabane Hurlante. Elle aurait très bien pu rester cachée dans les fourrés, mais non, bien sûr que non. Elle avait choisi de se compliquer la vie en s'impliquant dans les aventures d'un jeune rouquin en vadrouille.

Malgrès tout, elle lui faisait maintenant face. Pourquoi ne pas en profiter ? Pourquoi ne pas s'essayer à de nouvelles tortures, au lieu de débiter de belles paroles sans pour autant agir ? Elle pouvait l'emmener dans les plus sombres ruelles de Londres et lui prélever les viscères pour les lui enrouler autour du cou ; ou encore lui arracher les yeux à vifs ; lui infliger le terrible sourire de l'Ange en lui découpant soigneusement chaque commissure et entendre se déchirer ses joues roses et tendres tandis qu'elle le ferait rire aux éclats. Les idées jaillissaient de son esprit. Il lui suffisait en fait de regarder sa proie. De l'écouter lui répondre avec ce ton hautain, trop hautain pour ce que ce gosse était. Elle allait lui faire payer ses paroles et - sans vraiment le savoir - son sang. Elle le devait.

La jeune femme serrait le bois de pommier de sa baguette, avec la ferme intention de menacer le garçon de la suivre. Mais au même instant, des pas feutrés se firent entendre derrière elle. Elle se détourna du gamin, et le contourna de façon à l'avoir toujours dans son champ de vision quand elle regarderait le nouvel arrivant.

Soudain, elle la vit. Là. Juste au dessus du sourcil droit du nouveau venu, cachée par quelques mèches frivoles. La cicatrice. C'était le Survivant. Et dans la chaleur suffocante de l'été, c'était comme si la belle Mescaline s'était prit un énorme coup de poing dans le bas ventre. Elle éprouva soudain une envie de vomir irrépressible. Pourtant, elle la refoula. Aucun signe de faiblesse visible, non, aucun. Elle ne devait rien laisser transparaître...

Une lueur d'espoir passa dans les yeux de son petit rouquin. William, il se nommait... Et il avait raison d'espérer, car, à moins que Potter ne la prenne pour une amie de sa mère, ou de qui que ce soit d'autre, celui qui avait survécu au Lord il y a si longtemps risquait fort de ramener des secours. Ou alors - Mescaline pouvait le supposer - Harry allait-il essayer de sauver son ami lui-même, comme un grand, comme il le faisait souvent.

Lorsque William se moqua d'elle en appellant Potter "Tony", elle ressentit l'envie de le frapper, mais s'en abstint. Ils voulaient jouer ? Le jeu était lancé, soit.

- Alors, comment te portes-tu, Tony ?

Elle esquissa un rictus, et incertaine de ce qu'elle s'apprêtait à avancer, elle préféra se taire, et attendre la suite des évènements. Les dés n'étaient pas encore jetés. Si Potter décidait de l'attaquer, après avoir découvert qu'elle était Mangemort, elle ne pouvait pas le tuer. Que dirait le Seigneur des Ténèbres, si elle lui arrachait sa victime, son but, son jouet ? Il mettrait fin à son existence, elle brûlerait comme un champ de cannes à sucre par grand vent... Mescaline se glaça sous le soleil de plomb. Mais s'il n'attaquait pas, il parlerait certainement de cette scène étrange qu'il venait de voir près de la Cabane Hurlante, où William J. Craig et une femme de vingt ans passés parlementaient sans grande affection. Dans ce cas, elle allait se retrouver avec des renforts sur le dos, et il ne lui resterait que la fuite. Les deux solutions étaient néfastes pour la carrière de Mangemort de la Belle. La meilleure chose qui pouvait arriver était que Potter parte, retourne au château l'âme paisible, et qu'il ne revienne pas...

[hj: réponse peut-être décousue... ou le miracle d'une connexion d'un jour]

-Salut, Tony...

Le sorcier inclina doucement la tête, ses yeux verts fixant soudainement William par-dessus leurs verres correcteurs; il demeura silencieux un long moment tant la surprise était grande. Le préfet le connaissait depuis plus de trois ans maintenant, alors pouvait-il réellement se tromper ainsi? Surtout si Harry était à peine à deux mètres de lui à peine ? L'adolescent ne se rappelait pas non plus ressembler tant que cela à quelqu'un du château. Tandis que le jeune sorcier cherchait quelle attitude adopter dans cette situation peu commune l'adulte s'était tournée à son tour et semblait le regarder avec intérêt. Harry pensa que le soleil aurait pu tromper William mais après quelques secondes de réflexion, cela lui paraissait impossible. Pas à cette si courte distance. Même sans ses lunettes Harry n'aurait eu aucun mal, lui; à reconnaître William...Et pourtant il n'était pas du tout phisionomiste. Ce temps d'hésitation en plus lui valut d'être devancé par la femme qui s'adressa à lui

- Alors, comment te portes-tu, Tony ?

Le rictus qui s'ensuivit fit instinctivement reculer l'adolescent d'un pas qui venait de perdre son air incrédule pour afficher un air beaucoup plus méfiant. Son visage se ferma et il rendit son rictus à l'étrange personne campée près d'un William visiblement mal à l'aise. Le sorcier ne s'embarassa pas de principes et dévisageait maintenant l'inconnue sans la moindre gêne pour le protocole de politesse. Restant à l'écart le regqrd du Survivant s'arrêta automatiquement sur le bras de la mangemorte. Il ne savait pas encore à quoi s'attendre bien sûr mais devinait qu'il y avait strangulot sous roche. L'adolescent comprenait maintenant que Tony n'avait pas été lancé au hasard. Il s'agissait simplement de caher son identité. Trop souvent le Gryffondor avait tendance à oublier sa célébrité. Et malheureusement un nom connu pouvait entraîner une cohorte d'ennuis et d'ennemis. Harry Potter n'était pas un simple garçon mais un débat sur pattes pour les politiciens, une arme de guerre dans tous les cas... Cette femme n'était pas spécialement du camp de Voldemort donc mais pouvait lui en vouloir pour des raisons politiques, et William voudrait juste lui éviter un tête à tête désagréable.

Harry s'apprêtait donc simplement à quitter les lieux, en laissant là le rouquin et la sorcière tranquilles. Il jeta un dernier coup d'oeil à Mescaline toutefois, ne voulant rien risquer lorsqu'il tournerait le dos. Le jeune garçon était toujours immobile, car malgré sa volonté de partir, son esprit lui soufflait de rester sur place, aux aguets. L'histoire de la personne le haïssant seulement pour son nom lui paraissait louche et pourtant Harry s'en serait bien contenté. Cette explication simple était tellement tentante. Pas d'embrouilles ni d'histoire abracadabrantes pour une fois... Malheureusement lorsque les yeux verts se posèrent droit dans ceux de Mescaline la preuve qu'il ne s'agissait pas d'une gentille petite histoire toute bête. En effet, à l'instant où le regard de l'adolescent croisa celui de la mangemorte un élancement au niveau de sa cicatrice se fit sentir. Harry parvint tant bien que mal à cacher sa douleur qui heureusement ne fut que furtive, disparaissant à l'instant où les yeux d'émeraude du Survivant se détachèrent des iris de l'ennemie. Le Gryffondor eut toutes les peines du monde à rester calme; il ne pouvait cacher ce brin d'angoisse. Nerveux et hésitant à partir chercher du renfort l'adolescent restait toujours scotché sur place. Laisser seul William avec cette femme n'était pas très responsable; qui sait ce que la mangemorte pourrait lui faire...De plus elle aurait le temps de transplaner avec son prisonnier. Car cela ne faisait plus aucun doute dans l'esprit du sorcier. Son camarade n'avait pas choisi d'être avec cette femme là.

Il y avait aussi la question de l'intervention...Harry avait souvent eu de la chance, il en était conscient. Agir n'était peut-être pas la bonne chose car le Gryffondor avait moins d'expérience que Mescaline, c'était certain. Qui plus est une erreur pourrait se révéler désolatrice. Dans l'optique de trouver un terrain d'entente entre ces deux questionnements le Survivant décida de rester mais de ne pas provoquer Mescaline. Adoptant une allure qui se voulait naturelle, l'adolescent se dit que la mangemorte ne pourrait peut-être pas agir, comme ça en plein Pré-Au-Lard...Et puis il pouvait toujours gagner du temps. Le Rouge et Or regarda de nouveau la femme et essaya de lui répondre d'une voix tranquille

-Je me porte très bien Madame, merci. William, tu viens ? Les autres nous attendent. Ils ne vont pas nous attendre indéfiniment.

Bon, il avait tenté hein...Peut-être pas très brillant et maladroit mais c'était déjà ça, non ?

Plus cette femme le regardait, plus elle devenait menaçante, inquiétante. William refusait de baisser les yeux, malgré la peur qui lui nouait les entrailles ; son regard bleu s'était posé sur le visage de la femme, ferme et calme- on aurait pu dire arrogant, vu les circonstances. Le jeune homme estima qu'elle aurait pu être belle, sans cette lueur de démence qui passait par instants dans ses yeux, sans cette mine avide qu'elle avait parfois en le regardant. Il devinait qu'elle devait échafauder des scénarii dans lesquels il tiendrait un rôle important, mais pas forcément très agréable... Elle lui faisait penser à un gros chat silencieux, qui sait très bien que sa proie ne peut pas s'échapper ; alors pourquoi donner immédiatement le coup de griffe ? pourquoi ne pas jouir de la terreur de la souris immobilisée ?
William faisait tout son possible pour dissimuler sa peur, même s'il sentait son cœur cogner frénétiquement à ses tempes. Elle ne serait pas dupe, elle devait sentir la crainte qui se dégageait du jeune roux, mais il voulait donner le change. Fierté de Gryffondor, fierté mal placée peut-être, mais c'était le seul luxe qu'il pouvait encore se payer.
Aux yeux d'un observateur extérieur, la situation devait être parlante ; un élève de Poudlard, très pâle, les mâchoires crispées, mais essayant de faire face, et une femme visiblement malintentionnée qui le menaçait d'une baguette. Et lorsque l'observateur s'appelait Harry Potter, la situation était particulièrement claire : une Mangemort en quête d'une victime...
William espérait de toutes ses forces que Potter s'en irait, qu'il irait chercher de l'aide ; il s'était concentré sur une seule pensée : "Harry, va-t-en", mais son camarade s'était approché, comme aimanté par cette femme à l'allure louche. Narquoise, elle avait repris le surnom idiot donné par le rouquin à son camarade ; comment ne pas reconnaître Harry Potter, surtout avec ce petit vent qui mettait ses cheveux en bataille et découvrait son front ? Du coup, William passait au second plan ; une proie bien plus intéressante s'était présentée en la personne du brun, qui se portait au secours de son préfet.
Connaissant Harry, il n'avait certainement pas sa baguette magique dans son sac, lui. William se sentit vaguement rassuré à cette idée ; il avait vu Potter pratiquer des sorts très avancés à l'AD, et la présence amicale de ce garçon était un véritable réconfort. Harry s'était approché ; le rouquin fit précipitamment quelques pas en arrière pour se trouver épaule contre épaule avec lui, et lui répondit sans lâcher la femme des yeux :

-Tu as raison, j'arrive. Descendons. Au revoir, madame.

Comme pour donner raison à Harry, une clameur de cris et de rires s'éleva sur le chemin qui montait vers la Cabane ; sans doute un groupe joyeux d'élèves en train de se balader, sans se douter de ce qu'ils allaient trouver. William remarqua à haute voix :

-Je crois qu'ils en ont eu marre de nous attendre... ils viennent nous chercher.

Il jeta un bref regard derrière lui ; on ne voyait encore personne, mais le roux voulait se raccrocher à l'idée que quelqu'un arrivait, quelqu'un qui empêcherait cette femme de commettre le mal qu'elle avait en tête. William appuya sur l'avant-bras de Harry pour le faire bouger, et se mit à reculer encore de quelques pas, toujours épaule contre épaule avec le brun.

[HJ : je me suis permis de faire intervenir un élément extérieur pour essayer de débloquer la situation... j'espère que ça vous va^^]