Manque de prudence... oui, probablement. Après avoir transplané, James avait estimé ne plus avoir besoin de sa baguette magique, qu'il avait donc rangée dans la poche de sa cape. A cette heure-là, il ne devait y avoir personne dans la Cabane Hurlante... James n'y avait jamais rencontré quelqu'un même de jour, alors comment imaginer qu'en y venant en pleine nuit, il n'y serait pas seul ?
Le jeune homme avait souvent exploré cette cabane au cours de sa scolarité, assez pour y avoir repéré quelques objets intéressants, probablement abandonnés là par des sorciers trop confiants, qui avaient jugé que leurs biens seraient en sécurité. Et parmi ces objets, James s'était souvenu d'une dague particulièrement belle, et qui avait l'intéressante particularité de se jeter d'elle-même à la gorge de la première personne qui entrait dans la pièce où elle se trouvait. L'ancien Serdaigle en avait fait l'expérience, quelques années auparavant ; l'arme l'avait attaqué, et il n'avait dû son salut qu'à un duel acharné contre la dague. Car l'attaque de cet objet pouvait être contrée par la magie ; elle était donc utile uniquement contre un sorcier désarmé, sans méfiance, ou contre un Moldu. Et c'est précisément à cet usage que James la destinait ; déposer cette arme en plein Ministère, sur un bureau, par exemple, serait divertissant... et tout ce qui pouvait désorganiser le Ministère servait la cause du Seigneur des Ténèbres.
Le jeune coursier avait donc l'intention de récupérer la dague qu'il avait laissée dans la cabane, protégée par un sortilège empêchant tout autre que lui de la prendre, lorsqu'il se rendit compte de son erreur. Quelqu'un se trouvait là- une femme, qui lui planta sa baguette magique dans la nuque et lui demanda qui il était. Cette voix... James était certain de la connaître, mais le hasard aurait été si grand... Une femme qui n'était pas vraiment recommandable, à en juger par sa façon de murmurer à l'oreille de James. Jamais une mage blanche n'aurait prononcé ces quelques mots avec autant de conviction...
Lorsque la jeune femme le fit pivoter, James comprit que son intuition avait été la bonne. Il avait en face de lui une ancienne camarade de maison, dont le nom lui échappait encore pour le moment, mais il ne tarderait pas à le retrouver...
Peu désireux de se faire assassiner sur un malentendu, il écarta légèrement les mains, pour montrer qu'il n'avait pas de baguette, et répondit :

- Je suis un ancien élève de Serdaigle... comme vous.

Au cas où, il avait jugé préférable de ne pas dévoiler son identité ; il serait toujours temps de le faire plus tard, si les circonstances s'y prêtaient davantage. Gêné par la baguette fermement appuyée sur sa gorge, il leva la tête, dans un mouvement un peu hautain qui lui avait toujours été habituel. A Poudlard, certains élèves qui ne l'aimaient pas trop imitaient parfois ce port de tête, qu'ils jugeaient dédaigneux. James n'avait pas donné son nom, mais involontairement, il venait de fournir un indice de choix à la jeune femme qui le tenait en respect.

Saya eut un faible sourire en voyant le jeune homme lever un peu les mains pour montrer qu'il n'avait pas d'armes, un geste qui lui rappelait vaguement les vieilles séries policières qu'elle regardait avec sa mère du temps où son innocence n'était pas encore totalement révolue. Puis, la phrase qu'il prononça lui fit un drôle d'effet, il était donc ancien élève de Serdaigle lui aussi, ce qui expliquait pourquoi il lui avait paru familier, mais malgré tout, elle n'arrivait pas à mettre de nom sur ce visage, et pourtant, elle avait l'impression de l'avoir toujours connu... Mais si ce que l'homme disait était vrai, d'une part, cela ne changeait en rien ce qu'elle comptait faire de lui, et d'autre part, le peu de personnes qu'elle avait pu fréquenter à cette époque, le seul sentiment qu'elle éprouvait à leur égard, c'était de la haine.

- Je ne garde que de très mauvais souvenir de ma scolarité... Il vaudrait mieux pour vous que vous n'en fassiez pas parti...

En un instant, tout son passé lui revint, toute son enfance difficile et tout ce qu'elle avait vécu lui revînt en mémoire et attisa encore un peu plus son désir de vengeance. Elle s'approcha encore de lui et lui murmura avec une voix suave.

- Evitons les sujets qui fache d'accord?

Puis, elle décida de baisser sa baguette, mais pas pour autant de la ranger, on n'est jamais trop prudent, surtout dans une cabane au beau milieu de la nuit... Le regard hautain de son ancien camarade de maison eut pour effet de l'exaspérer au plus au point, il lui rappelait trop cette période de sa vie qu'elle avait préféré oublier. Elle était tout de même étonné, et même énervée contre cette saloperie de destin qui lui avait fait rencontré un homme qu'elle ne pourrait pas tuer... dumoins pas tout de suite... Puis, elle le regarda et essaya de se souvenir de son nom.

* Hmmm... Jerry! Non... C'est pas ça... Jo... Ji... Jamy... non plus... Jeff... et merde! J'vais jamais trouver... *

Tant pis, elle ferait avec ce qu'elle avait, elle ne s'abaisserait surement pas à le lui demander, elle se rapprocha de lui et le fixa de ses yeux verts pétillants.

- Alors monsieur... l'ancien Serdaigle... qu'est ce qui vous amène par ici? Il n'est pas très recommandé de se balader seul la nuit... Il pourrait vous arriver... toutes sortes de mésaventures...

Elle lui empoigna les deux mains et les mains et les inspecta.

- Et sans armes... Vous ètes décidement bien imprudent... Si vous vous voulez en finir avec la vie je peux vous aider j'ai quelques... prédispositions...

Elle lui adressa un sourire malicieux, puis elle lui lacha les mains et rangeat sa baguette dans une poche de sa cape, qu'était-il devenu, un simple commercant, un auror, peut-être qu'il travaillait au ministère, comme tous ces petits fils à papa bien nourris... Guidée par le même instinct que le jeune homme qui se trouvait en face, elle ommit de dévoiler son nom, continuant à fixer les yeux de ce dernier, comme attirée par un aimant invisible.

Comment pouvait-elle bien s'appeler, déjà ? James n'avait pas la moindre idée, pas même une vague intuition... Il faut dire qu'il avait passé une scolarité assez solitaire- non qu'il fût rejeté, mais il était réservé et secret, et préférait rester seul. Il entretenait généralement des rapports distants mais corrects avec ses camarades (sauf les quelques ennemis qu'il avait pu se faire, en nombre assez réduit), et ne s'était jamais brouillé avec une fille de Serdaigle. Il y avait donc peu de risques qu'il figure parmi les mauvais souvenirs de cette charmante demoiselle ; si sa mémoire ne le trahissait pas, il n'avait jamais eu de véritables contacts personnels avec la gent féminine, en dehors des "bonjour, bonsoir, est-ce que je peux t'emprunter ton livre" habituels. Impossible, donc, qu'il fût catalogué comme mauvais souvenir... Etait-il seulement un souvenir tout court, ou son existence avait-elle été si discrète que la jeune fille ne s'en souvenait même pas ?
Elle le dévisageait, d'un regard froid en nette contradiction avec la voix suave qu'elle adoptait pour lui parler. De toute évidence, la mention de Poudlard lui avait déplu. Elle en venait d'ailleurs à proférer des menaces que James jugea excessives, surtout après que la demoiselle eut rangé sa baguette. Ils étaient à égalité, désormais ; baguettes dans les poches, et le plus rapide à saisir son arme prendrait l'avantage, s'ils venaient à se battre.
Elle semblait bien sûre d'elle, de sa capacité à faire du mal, et même à impressionner James. Il eut un sourire dédaigneux lorsqu'elle fit mine de lui inspecter les mains, et répliqua, non sans froideur :

- Pas la peine de me faire votre numéro de redoutable tueuse... J'ai à votre disposition au moins autant de désagréments que vous pouvez m'en promettre.

Il ne mentait pas ; il avait commis, sous la houlette de son grand-père d'abord, puis seul, des actes d'une violence extrême, et rien ne l'avait fait reculer. Aucun cri déchirant, aucune supplication, aucune expérience inhumaine ne l'avait rebuté. Alors, comment une jeune femme pensait-elle l'impressionner par de simples paroles ? Quittant le mur contre lequel elle l'avait plaqué, il fit quelques pas nonchalants dans la pièce avant de reprendre calmement :

-Et vous, mademoiselle, qu'est-ce qui vous amène ici ? Une raison spéciale, ou peut-être passez-vous vos soirées dans cette bicoque, à attendre quelqu'un à qui vous pourriez déballer votre terrifiant (il appuya sur ce mot avec ironie) discours ? Ne le prenez pas mal, mais je suis peu enclin à me laisser convaincre par de simples mots. Je croirai volontiers que vous avez de grandes prédispositions au mal, quand j'en aurai eu la preuve.

Il cessa de marcher, et fixa son interlocutrice. Ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité, à présent, et il distinguait mieux les traits de la sorcière. Sandra. Ou Sarah. Ou un truc comme ça, il ne savait plus.
Bref. Il attendait que la demoiselle se décide à parler, simplement, sans chercher d'affrontement. Car James ne voulait pas d'une altercation ou d'un combat ; il était de plus en plus persuadé qu'il partageait bien plus que de vagues souvenirs avec cette fille ; son langage dur semblait indiquer qu'elle appartenait au même bord que lui.

Elle fit semblant de passer outre les paroles du jeune homme, pensant vraiment que répondre à ces paroles n'était qu'une perte de temps et que ça ne ferait surement pas avancer les choses. Elle préféra donc faire comme si de rien n'était. Elle le regarda se déplacer dans la pièce sans pour autant tourner la tête, suivant attentivement ses déplacements des yeux, ne jamais perdre de vue un possible adversaire, surtout dans cette espace clos où la lumière laissait à désirer. Puis elle l'écouta parler, et plus elle l'écoutait parler, plus sa suspicion envers lui s'effacait, et même si, lorsqu'elle l'avait vu entrer ici, l'issue de cette rencontre lui paraissait évidente, à cet instant elle l'était beaucoup moins... Elle l'observa pour la énième fois, et plus elle le faisait plus elle le trouvait étrange et mystérieux.

Un silence pesant s'insinuait entre les deux jeunes gens, puis une idée lui traversa l'esprit, peut être que lui aussi était un partisant du mage noir, ce qui expliquerait bien pourquoi il était aussi placide et calme, et pourtant elle ne l'avait encore jamais vu au repère, et s'il était vraiment de son côté, à quel rang appartenait-il?

Je crois que... nous avons reprit un mauvais départ tout les deux... on ne va pas se battre tout de même... ce serait dommage qu'il n'y est que l'un d'entre nous qui ressorte d'ici sur ces pieds... vous ne croyez pas?

Contrairement à ce que le jeune homme qui se tenait devant elle pensait, Saya n'avait pas encore, à proprement parler, proférer de quelconques menaces, et même si ce qu'elle venait de lui dire y ressemblait beaucoup, la jeune magemorte ne s'en rendait pas compte, elle parlait toujours comme çà... Elle commençait d'ailleurs à prendre ce garçon en sympathie, chose qui ne lui arrivait que très rarement, elle lui jeta un coup d'oeil et une idée lui vînt.

Puisque vous voulez tant savoir ce qui m'a attiré en ce lieu très attrayant, j'y est récemment perdu un objet qui m'est très cher et je comptait le retrouver mais vous ètes arrivé... alors j'ai du interrompre mes recherches...

Elle éclaira le sol.

Mais je pense que vous ètes trop occupé pour m'aider, n'est-ce-pas? Tiens d'ailleurs... qu'est ce que vous faites là? Je suppose que vous n'ètes pas venu ici pour papoter avec moi...

Elle se rapprocha de lui et lui lança un petit regard implorant.

Vous ètes sûr de ne pas vouloir m'aider?

On était donc entre gens raisonnables... La jeune femme affirma qu'il serait vraiment dommage de se battre, et James ne pouvait qu'être d'accord, d'autant que cette sorcière lui semblait appartenir au bon camp. Le coursier écouta son interlocutrice décréter la trêve, et répondit simplement :

-Vous avez raison... Il serait vraiment idiot de se battre, alors que nous avons tant de choses à nous dire.

Pas d'ironie, cette fois, dans sa voix. Il pensait réellement que la compagnie de cette fille (Maya?) pouvait être des plus intéressantes ; seule une sorcière adepte de pratiques douteuses pouvait parler comme elle, mais comment être certain de son allégeance ? James ne pouvait pas lui demander, sur le ton dégagé de l'homme du monde : "Et sinon, que pensez-vous du Seigneur des Ténèbres ?" D'autant qu'il n'était pas certain d'obtenir la bonne réponse...
Le jeune homme plongea sa main dans la poche de sa cape, et en retira sa baguette dont il se servit pour éclairer à son tour le sol poussiéreux. Il reprit la parole, et au ton de sa voix, on eût cru qu'il se trouvait dans un dîner mondain, à s'entretenir de futilités...

-Un objet, dites-vous ? Je vous aiderais avec plaisir, mais ne porriez-vous être plus précise et me dire quel genre d'objet vous cherchez ? A moins que vous ne préfériez taire ce que vous cherchez exactement... Ce sont des choses parfaitement compréhensibles. Moi-même, je venais ici récupérer un objet que j'y ai caché, mais je préfère, pour le moment, ne pas vous en dire plus. Pardonnez-moi, mais je ne voudrais pas que ces informations tombent dans des oreilles mal intentionnées. Vous me comprenez certainement. Par les temps qui courent, mieux vaut être prudent...

Tout en parlant, il inspectait- en vain- le sol, et songeait qu'un obstacle allait très vite se dresser entre eux. Si la sorcière était une mage noire, voire une Mangemort, comment pourrait-il lui prouver qu'il appartenait au même camp ? Il ne portait pas encore la Marque des Ténèbres, et elle ne voudrait pas le croire aussi facilement... Il décida alors de dévoiler son identité- en partie. A Poudlard, il était connu pour son attirance envers la magie noire... Si la jeune femme se souvenait de lui, elle le situerait facilement. Relevant les yeux, il reprit, sur un ton dégagé :

-Mais la prudence n'empêche pas la courtoisie, n'est-ce pas ? Permettez-moi de me présenter... Je m'appelle James. Vous me permettrez de taire mon nom... on ne sait jamais...

Il eut un sourire, et inclina légèrement la tête. Il aurait juré que cette sorcière était digne de confiance, mais ce n'était pas une raison pour baisser la garde. Certains Aurors se faisaient passer pour des mages noirs, avec un certain talent, pour mieux piéger des gens trop confiants.
Sa baguette éclairait toujours le sol, mais le regard bleu de James était fixé sur la sorcière, attendant qu'elle se présente à son tour.

James reprit son inspection, désormais fixé sur ce qu'il cherchait. Un bijou, donc. Voilà qui faciliterait les choses ; un collier d'argent, avec des diamants, accrocherait la lumière des baguettes magiques, et ils le retrouveraient rapidement. Et ainsi, la sorcière quitterait les lieux, laissant le coursier récupérer sa dague... Car, si incroyable que cela puisse paraître, ce n'était pas par bonté d'âme que James s'était mis à aider la jeune femme.
Tandis qu'ils cherchaient, la sorcière se livra à un drôle de manège ; appuyant sa main contre le mur, elle cherchait à dissimuler une tache que James identifia comme du sang. Du sang... voilà qui renforçait la bonne impression que lui avait faite la jeune femme. Car si elle voulait cacher cette tache, c'est qu'elle savait d'où elle venait...
Le jeune homme marqua un temps d'arrêt lorsque la sorcière lui dévoila son prénom. Saya. Oui, Saya... avec un nom bizarre, un nom qui ne sonnait pas très anglais... un nom aux accents japonais... Une élève solitaire, et même un souffre-douleur pour certains élèves. Pas étonnant qu'elle garde de mauvais souvenirs de sa scolarité. Quoi qu'il en soit, James était certain de ne jamais s'en être pris à elle. Il était lui-même trop solitaire pour s'associer aux autres, fût-ce pour tourmenter quelqu'un d'autre... et de toute façon, le jeune Kirkby ne choisissait pas ses têtes de Turc dans sa propre maison.
Un éclat lumineux attira son regard, et il s'avança vivement vers ce qu'il croyait être le collier ; mais il ne s'agissait que d'un tesson de verre, comme il y en avait tant dans cette bicoque de malheur.
Le jeune homme se tourna alors vers Saya, et suggéra :

-Avez-vous essayé un sortilège d'Attraction, Miss ? ou cet objet serait-il ensorcelé pour résister à Accio ?

Comme sa dague, par exemple... James jeta un regard furtif à la porte derrière laquelle il avait dissimulé l'arme, puis reporta son attention sur son ancienne camarade de maison. Elle lui montrait, sur une autre porte, des encoches profondes, tant dans le bois que dans le métal de la poignée. D'un simple regard, James comprit ; c'était le genre de marques que laissait la fameuse dague- et peut-être même était-ce le souvenir de son propre combat contre le poignard ensorcelé. Face à l'acharnement de cette arme, il s'était en effet abrité derrière une porte, pour pouvoir tirer sa baguette en toute sécurité... Dans un murmure, il répondit :

-On dirait des coups de couteau... Vous savez, il se passe tant de choses dans cette cabane... Elle a d'ailleurs la réputation d'être un haut lieu de la magie noire...

Une simple allusion, faite sur un ton badin, mais une allusion qui devait être comprise de Saya ; en fonction de sa réponse, James adapterait sa conduite.

Saya continua d’observer silencieusement les entailles, passant de temps à autre ses doigts sur le métal froid, des longs et fins doigts, et en dessous, une cicatrice, ce n’était pas une blessure de guerre, simplement une petite ligne pale qui partait de l’index et allait jusqu’au milieu de l’auriculaire. Encore un souvenir d’enfance. La jeune mangemort ferma les yeux et sa respiration se fit plus lente, elle tenait toujours cette poignée d’une main frêle, puis elle se laissa aller dans les méandres de ses souvenirs.

Flash Back

La silhouette fragile qui s’élance dans le couloir n’est autre que Saya, mais treize ans plus tôt, elle tient un long couteau de cuisine dans ses petites mains blanches, elle a peur, seule, ses parents ne sont plus là pour elle depuis longtemps, elle ne sait plus quoi faire, dans son esprit d’enfant c’est la cavalcade. Elle a de plus en plus peur, elle s’effraie elle-même de sa propre violence. Ses parents sont en bas, sa mère pleure, elle supplie son mari de tuer sa propre fille, la pauvre enfant entend tout, rien ne lui échappe, elle sent son cœur s’alourdir, puis la phrase qui détruit à jamais le peu d’affection qu’elle liait à sa mère.

Ce monstre n’est pas de moi... non..., et dans un cri, ce n’est pas mon enfant ! Un sanglot étouffé, je n’en peux plus... je n’en veux plus...

Saya restait, comme transfigurée, et un bruit la sortit de sa torpeur, celui des pas de son père dans l’escalier. La petite fille s’imaginait déjà la correction qu’elle recevrait, et prise de terreur, elle courut vers sa chambre. Elle tira violemment la porte vers elle et empoigna le couteau en travers, une main sur le manche, une main sur la lame, puis, dans un élan de détresse, elle se mit à frapper désespérément sur la ronde poignée de fer, meurtrissant à chaque fois un peu plus sa main droite, persuadée qu'elle pourrat arracher cette poignée et ainsi empêcher son père de rentrer quand s'y serait enfermée. Elle a mal, de grosses larmes coulent le long des ses joues, d’ailleurs son père est là, il pleur lui aussi, il la supplie d’arrêter, de fines gouttes de sangs s’écrasent sur le bois vernis du parquet. Un sentiment d’urgence traversa l’esprit du père, et le seul moyen qu’il trouve pour la stopper est de la frapper, sa main vint s’écraser sur le visage meurtrit par les larmes de sa fille. L’enfant roula à terre sous la violence du choc, le couteau aussi.

Fin du Flash Back

Saya revînt subitement à elle, un vague sentiment de nostalgie l’envahi, puis elle se mit à sourire, un sourire mauvais, ses parents méritaient vraiment ce qu’elle avait fait d’eux. Résolution. Voilà pourquoi cette poignée l’intriguait tant. Elle écouta James d’une oreille distraite.

Accio ? Vous croyez vraiment que je passerais mon temps à chercher un objet si je pouvais l’attirer d’un Accio ? Mais c’est vrai... merci... j’aurais pu ne pas y avoir pensé...

Elle ouvrit lentement la porte et pénétra dans la salle. Rien. Ou plutôt, vide. Rien de bien intéressant, elle ressortit déçue, puis ce que dit James attira son attention, ou plutôt quelques mots.

Un haut lieu de magie noire vous dites ? C’est... pour le moins intéressant... Vous m’avez l’air bien renseigné sur le sujet... Voudriez vous bien me faire part de plus de détails ?

Ses yeux s’étaient mis à briller, maintenant elle ne pouvait plus douter de la nature de son ancien camarade de Poudlard.

* C’est fou comme le hasard fait bien les choses... *

James s'était rapidement désintéressé des entailles de la porte ; il savait trop bien ce qui avait pu se passer pour passer longtemps à inspecter ces traces. Sa baguette pointée vers le sol, il poursuivait son inspection, se déplaçant précautionneusement, respectant le silence de Saya. Les coups de couteau de la porte semblaient la passionner au plus haut point ; elle les observa longuement, avant, finalement, de sembler revenir au moment présent. Sans agressivité, elle répondit à la suggestion de James, et l'informa implicitement que le collier était protégé contre le sortilège d'Attraction. Il ne devait donc pas s'agir d'un simple bijou... on ne protégeait pas un banal colifichet de cette façon, songea le jeune homme, sans rien en dire.
Plus le temps passait, plus James se disait que cette jeune sorcière était une personne intéressante ; elle venait de répondre à son allusion, par une invitation à se dévoiler. Avec un sourire, le jeune coursier répondit :

-Plus de détails... C'est que... je craindrais de vous ennuyer... Peut-être ce sujet ne vous intéresse-t-il pas... Si j'étais certain que ce n'est pas par pure courtoisie que vous me demandez des détails...

On en venait au fait. A elle de se démasquer, de prouver qu'elle méritait bien la confiance. A en juger par sa façon de répondre, elle ne poserait guère de problème, mais on n'était jamais trop prudent.
James adressa un sourire à la jeune femme, sans cesser de la fixer avec attention. Il ne se souvenait pas assez de cette Serdaigle pour savoir si elle avait été attirée par la magie noire dans leur adolescence ; il attendait d'en avoir le coeur net. Un mot, un simple mot, et l'on pourrait abandonner les messages codés... James appréciait ce genre de conversation riche en sous-entendus, mais il préférait de loin pouvoir parler librement. Cherchant à préciser sa demande, il reprit :

-La magie noire vous intéresse ? ou êtes-vous simplement à la recherche de renseignements, de quelques informations d'ordre général ?

Mage noire ou Auror ? Saya n'avait plus qu'à déballer son identité, en la prouvant si possible. James arborait toujours son sourire, mais si les preuves tardaient à venir, il risquait fort de changer très vite d'humeur...

Enfin, les choses accéléraient. Agacée de voir James hésiter à parler, la jeune femme ôta son gilet et leva le bras, le poing serré, exhibant la Marque des Ténèbres gravée dans sa chair. Ainsi, elle n'était pas une simple amatrice de magie noire... bien plus que cela, elle appartenait à l'élite que James ambitionnait de rejoindre. Le regard du jeune homme passa de la Marque au visage de Saya, puis se reposa sur la Marque ; et lentement, il leva sa baguette toujours allumée, pour éclairer la tête de mort et le serpent. Un silence tendu s'était installé ; de toute évidence, Saya attendait sa réaction. Lorsqu'il avait levé sa baguette, elle s'était légèrement crispée, prête à attaquer ; mais elle ne bougeait pas et se contentait de fixer le jeune coursier.
Ayant contemplé la Marque à loisir, il releva les yeux, et c'est un regard nouveau, plein de respect, qu'il posa sur la sorcière. Enfin, à mi-voix, il répondit :

-Satisfait ? mieux que cela... comblé. Ceci confirme une intuition que j'avais depuis le début, et vous m'en voyez ravi...

A lui, désormais, de gagner la confiance... pas évident, puisqu'il ne disposait pas de cet argument indiscutable. Ce n'était, il l'espérait, qu'une question de temps, mais il n'était pas encore Mangemort. Il aurait pu tergiverser, expliquer qu'il l'était aussi, mais un mensonge aurait été une grossière erreur. C'est pourquoi il décida de jouer franc jeu et, relevant ses propres manches, montra ses avant-bras sans tatouage :

-Je suis désolé de ne pas pouvoir vous montrer la même chose, mais je n'ai pas encore l'honneur de la porter. Je souhaite ardemment la recevoir au plus vite, et devenir, comme vous, un serviteur du plus grand sorcier du monde.

Il abaissa les manches de sa robe d'un mouvement des mains, et, pour montrer que son discours était sincère, rangea sa baguette magique dans sa poche. Pas de combat, surtout, pas de duel entre deux sorciers si proches... On se battait contre les opposants, pas entre partisans du Lord, et James aurait considéré qu'il était inadmissible d'oser s'attaquer à une Mangemort, et de risquer ainsi de faire perdre un serviteur au Seigneur des Ténèbres.
Conscient des lacunes de ses propos, il ajouta, à mi-voix :

-Mon nom est James Kirkby...

Un nom qui valait presque autant qu'une Marque, tant la réputation de la famille était sulfureuse. Personne n'avait jamais été Mangemort, chez les Kirkby, mais il se murmurait (très discrètement, car le clan était tout de même respecté) que cette famille était très adepte de la magie noire, et qu'elle soutenait Lord Voldemort.

Il fallait s'y attendre ; en l'absence de preuve, Saya ne voulait pas accorder sa confiance à James, et elle avait raison. La confiance était une fadaise, tout juste bonne pour les mages blancs... Les mages noirs, et les Mangemorts encore plus que les autres, devaient se méfier de cette sottise. Conscient de l'importance vitale de la méfiance chez les Mangemorts, James ne s'offensa pas de la réplique de Saya, même si cela l'ennuyait. Il se demanda un instant s'il avait eu raison de parler avec franchise ; n'aurait-il pas mieux valu mentir, et se présenter comme un Mangemort officiel- lui qui n'était encore qu'un simple initié ?...
Car il n'était pas un complet novice ; il avait subi, quelque temps auparavant, son initiation, et cette première épreuve avait apparemment donné satisfaction au Seigneur des Ténèbres, puisque le jeune homme avait été invité à se tenir prêt... prêt à être convoqué, pour recevoir la Marque. Désormais, même s'il n'en portait pas encore le signe physique, il appartenait corps et âme au Seigneur des Ténèbres, jusqu'à la mort.
La sorcière se glissa dans un trou du mur, apparemment très intéressée par ce qu'elle venait de découvrir. Elle se tenait légèrement courbée, tournant le dos à James qui ne bougea pas d'un pouce, mais déclara d'une voix forte :

-Pour quelqu'un qui ne veut pas m'accorder sa confiance, je vous trouve bien imprudente, Miss... Si vous avez quelque raison de vous méfier de moi, je ne vous apprendrai rien en vous disant que vous ne devriez pas me tourner le dos...

Bien sûr, elle le savait. Il était inconcevable qu'elle ait commis une telle imprudence ; n'était-ce pas plutôt un test ? James eut un sourire, et poursuivit :

-Quoi qu'il en soit, puisque vous ne voulez pas me faire confiance, vous voudrez bien m'excuser de mettre un terme à cette conversation... J'ai à faire.

Il était fort probable que Saya ne l'entende pas de cette oreille, et qu'elle refuse tout net de laisser partir James. De toute façon, il n'avait pas vraiment l'intention de quitter les lieux ; cette jeune Mangemort l'intéressait au plus haut point, et il espérait bien avoir une conversation avec elle- une vraie conversation.

Saya resta un moment immobile, puis se releva et se retourna pour lui faire face, elle s’approcha doucement de lui, puis elle s’arrêta, le fixa avec un air provocant, avant de lâcher presque en chuchotant.

Aurais-je donc des raisons de me méfier James ?

Puis elle remarqua qu’elle avait faim, mais elle n’avait pas faim de n’importe quoi, elle ne voulait pas de frites, ou de salade, elle se prit d’envie de manger un œuf... Et si elle trouvait un œuf, comme allait-elle le manger, dur ? Au plat ? A... la coque ? En omelette ? Il y avait une ribambelle de possibilité pour combler la faim de la jeune femme en manque d’œuf. Puis, dans un éclair de génie, elle songeât à cette superbe phrase philosophique qu’elle avait entendu quelques heures auparavant sur la chatbox.

* L’œuf à la coque est la plus noble conquête de l’homme ! *

Après cette merveilleuse pensée, elle regarda James et lui demanda le plus naturellement du monde.

Dis James, tu n’aurais pas un œuf sur toi ?

Bah oui elle le tutoie, on parlait de chose sérieuse, de nourriture, elle avait donc le droit, exceptionnellement de le tutoyer, puis elle réalisa qu’il était peu probable que le jeune homme se balade avec un œuf cru dans la poche, à moins qu’il soit éleveur de poule, et encore. Elle abandonna donc sa quête de l’œuf à la coque et se concentra sur des choses plus importantes, son bracelet par exemple. Puis elle se rappela des paroles que James avait prononcés juste avant qu’elle parte dans son délire de l’œuf, elle le regarda, il voulait donc lui fausser compagnie ? Il voulait qu’elle lui fasse confiance, alors il y allait avoir un petit interrogatoire avant de parler de choses sérieuses (non, je ne faisais pas allusion à la nourriture cette fois-ci).

Si je dois te faire confiance, toi aussi, qu’est-ce que tu es venu chercher ici ?

Oui, elle continuait de le tutoyer, elle l’avait fait une fois, alors si elle se remettait à le vouvoyer elle perdrait tout son sérieux. Elle s’installa non loin de lui, sur une caisse un peu poussiéreuse.

Tu l’attends depuis combien de temps ? lui demanda telle en désignant sa marque. Moi je suis recruteuse... Mais les temps sont durs, maintenant, les gens s’allient à nous sans qu’on leur demande... Donc les gens comme moi n’ont plus de boulot...

Elle soupira en envoyant une mèche voler derrière, comme dans les pubs L’Oréal, parce qu’elle le vaut bien...

Pas de chance...

[File moi les frites! ]

Elle était folle. Folle à lier, il n'y avait pas d'autre explication. On discutait sérieusement, entre gens sensés, et elle se mettait à réclamer un oeuf. C'était bien la preuve qu'elle avait une petite araignée au plafond (et probablement pas si petite que ça, d'ailleurs, plutôt une Acromentule). James posa sur elle un regard interloqué, mais avant qu'il ait pu répondre à sa demande, elle était passée à autre chose.
Peut-être avait-il mal compris, peut-être n'avait-il pas été question d'oeuf... ce devait être ça... Mais pourtant, qu'avait-elle pu dire d'autre ? Le jeune homme n'eut cependant pas le loisir de s'interroger longuement ; Saya avait changé de ton, et l'interrogatoire commençait. Avec une autorité soudaine, elle somma James de lui dire ce qu'il cherchait- et aussi depuis combien de temps il attendait sa Marque. Peu désireux de parler de la dague, il préféra répondre à la deuxième partie de la question :

-Je l'attends depuis... quelques jours. Et je ne me suis pas allié sans qu'on me le demande, Miss... J'ai rencontré un recruteur, c'est lui qui m'a conduit auprès du Seigneur des Ténèbres... J'ai passé une épreuve d'initiation, en présence du Lord... Il n'a rien dit, mais un Mangemort m'a dit de me tenir prêt, que je serais convoqué rapidement.

Elle n'avait donc plus besoin de discuter ; il attendait le bon plaisir du Seigneur des Ténèbres, personne n'y pouvait rien. Si le Maître décidait de le faire attendre dix ans, il n'y aurait qu'à se soumettre, comme il devait désormais le faire, en toutes circonstances. Et toute recruteuse qu'elle fût, Saya n'avait pas le pouvoir de faire accélérer les décisions du Seigneur des Ténèbres.
Pris d'une inspiration soudaine, James retira sa baguette de sa poche, et la tendit à la sorcière. Sans abandonner le vouvoiement, il l'invita à la prendre :

-Tenez... prenez-la, si cela peut vous convaincre de ma sincérité....

Il agita doucement la baguette, pour montrer qu'elle pouvait vraiment la prendre, que ce n'était pas des paroles en l'air. Si cela pouvait dissiper ses dernières hésitations... S'il avait menti, jamais il n'aurait accepté de se désarmer ainsi. Et même à cet instant, il n'était pas évident d'envisager sereinement de se séparer de sa baguette.



HJ : Comme promis :

Spoiler:

Alors comme ça il s’était fait recruter par un mangemort. Saya se demanda un moment qui avait pu la devancer dans son travail, mais abandonna vite l’idée vu le nombre de recruteurs qu’il y avait dans leur repaire. En tout cas, c’était une bonne prise, il semblait sur de lui, assez présomptueux, ferme, doué en magie et appartenait à une famille assez célèbre pour ses pratiques douteuses. Elle songeait elle-même à la femme qu’elle allait bientôt essayer de recruter, son professeur de potion semblait être une cible facile à faire basculer du mauvais côté, son passé tumultueux l’aiderait sûrement à être sûre que c’était la meilleure solution. Elle le regarda mettre sa main dans sa poche avec un regard interrogateur et lorsqu’elle vit la baguette dans la main de son ancien camarade de maison, elle eut l’envie de faire de même mais rien dans l’attitude du jeune homme ne semblait évoquer le duel, elle le laissa donc la lui tendre, un peu surprise de cette réaction. Elle lui lança un regard provocateur et attrapa d’un geste vif et rapide la baguette qu’on lui présentait.

Ne refais jamais ça… Inconscient… Imagine que j’ai été une Auror… Tu étais bon pour Askaban ! Ah oui, au fait… Arrête de me vouvoyer, j’ai l’impression d’être une vieille…

Elle ne lui rendit pas pour autant sa baguette, préférant l’examiner un peu avant, elle la tourna dans tout les sens, touchant le bois, essayant de déceler en quoi elle était faite, en vain. Elle commença à jouer avec, la faisant tourner entre ses doigts, avant de la lui tendre finalement d’un geste las. Bon, il n’avait pas été très malin, et Saya n’avait pas été très sympa non plus, mais quand même, en ne pouvait pas envisager de tendre sa baguette à un mangemort en étant sain d’esprit, il avait beau dire qu’elle était folle, il ne valait pas mieux !

Ne tends pas ainsi ta baguette à un ou une inconnue, tu pourrais le regretter… amèrement…

Il était vrai que la jeune Mangemort était d’un naturel très fourbe et mesquin, elle aimait jouer avec les gens, à sa façon, changeant aisément de face au grès de ses humeurs, passant tantôt par une fille froide et sans émotions dont personne ne veut approcher le kilomètre qui l’entoure, à la gamine déjantée et cruelle qui s’amuse d’un rien, au grand désarrois de ses interlocuteurs. Elle pouvait changer ainsi des dizaines de fois en une petite heure. Là, c’était à mi chemin entre l’adulte responsable et la gamine volage, heureusement pour le futur mangemort, elle n’était pas dans un de ces extrêmes, même si elle gardait tout même un comportement assez volage, tout cela dépendait d’avec qui elle se trouvait.

* Il est aussi inconscient qu’un enfant… *

Remarque, elle aussi, à faire confiance à un homme simplement sur parole, c’était tout de même assez risqué, car si l’ancien Serdaigle avait l’air sincère, il pouvait très bien être un excellent acteur.

Elle retint un rire désabusé, non, il ne pouvait pas être un Auror, cela se serait vu au premier coup d’œil, un Auror, ça a une tête de pas intelligent, et en plus ça tue tout ce qui bouge sans ce poser de question. Et puis, James était bien trop frêle, bien trop chétif pour pouvoir être un chasseur de Mangemorts, il n’en avait pas du tout l’apparence, mais c’est vrai que certain cache bien leur jeu dans des moments pareils. Mais Saya en était sûre, ce garçon qui avait été dans sa maison durant les sept années qu’elle avait passée à Poudlard ne pouvait être dans le camp des gentils, c’était presque improbable. Mais quand même, il avait raison, c’était elle l’imprudente, d’ailleurs, lorsqu’il parla des cinq ou six baguettes pointées sur elle, elle parla à voix basse, mais assez fort pour qu’il entende.

Ne me donne l’envie de transplanner...

Notre jeune Mangemort commençait à trouver que c’était un homme bien, intéressant, elle savait maintenant qu’elle avait eut raison de venir dans cette cabane, qu’elle avait eu raison de lui accorder sa confiance en lui dévoilant sa marque, signe de son allégeance envers le Seigneur des Ténèbres. Même si, et il fallait bien se l’avouer, elle ne l’avait pas prit au sérieux lorsqu’il n’avait pas pu lui montrer la sienne, c’était tellement simple de dire qu’on attendait la marque, mais ses paroles avaient convaincues Saya. Elle eut un sourire lorsqu’il prit de nouveau la parole.

J’espère pour toi que tu n’es pas de ma famille, vu ce qui leur est arrivé à tous, je ne te souhaite en aucun cas le même destin...

Depuis combien de temps étaient-ils là, tous les deux, à tourner autour du pot, sans que l’un deux ne se décide à prendre en considération que l’autre ne lui voulait rien de mal, qu’ils appartenaient au même camp ? Sûrement assez longtemps si l’on en jugeait par la l’obscurité qui s’apaisait peu à peu, mais de toute façon, il ne serait pas déranger, les visites des élèves de Poudlard au pré au lard n’étaient pas prévues aujourd’hui.

* De toute façon... Si quelqu’un viens... je suis une étudiante à l’UMA et je fais un exposé sur la Cabane Hurlante avec mon camarade... Je me nomme Sasha et voici Tom, c’est un devoir pour le cours de Magie noire... Voilà, avec ça, j’ai une bonne excuse... *

De toute façon, si il ne la croyait pas, elle laisserait James le tuer, comme ça elle pourrait être sur qu’il soit de son côté...

Que cherches-tu ici ? C’est important ?

Après tout, il clamait depuis tout à l’heure qu’ils devaient se faire mutuellement confiance, alors qu’il mette sa tactique en pratique et qu’il commence par lui faire part de ses projets.

En fait, je suis Auror... Enfin... seulement apprentie... Tu fais quoi toi dans la vie à part futur Mangemort ?

James ne se retint pas de sourire lorsque Saya mentionna laconiquement sa famille. Vraiment, elle avait connu un destin peu enviable ?... Intéressant... Il faudrait qu'il obtienne des précisions, un de ces jours. Lui-même n'envisageait pas de se débarrasser de ses proches ; mis à part, peut-être, de l'oncle Peter, qui avait si odieusement trahi la famille... Pour les autres, il n'avait rien à leur reprocher, rien qui justifiât une exécution collective. Bien sûr, il aurait préféré que ses frères s'engagent réellement auprès du Seigneur des Ténèbres, mais il ne désespérait pas de les convaincre.
Avec Saya, la partie était gagnée. Elle avait fini par baisser la garde, et James sentait que la conversation pourrait bientôt prendre un cours plus intéressant. Le jeune homme, qui inspectait la cabane du regard, releva brusquement les yeux lorsque l'ancienne Serdaigle annonça qu'elle était Auror ; mais il revint rapidement de sa surprise, et songea qu'elle obéissait sans doute à un ordre du Seigneur des Ténèbres en suivant cette formation. Jamais elle n'aurait reçu la Marque si elle n'avait pas été convaincante ; et si elle avait trahi, elle serait déjà morte. Lord Voldemort n'était pas facile à duper- pour ne pas dire impossible. Saya posa deux questions, coup sur coup ; le jeune Kirkby ne voyait pas de raison de ne pas y répondre, mais il préféra commencer par la deuxième, qui lui permettrait ensuite de s'expliquer plus facilement :

-Je travaille au Ministère... je suis coursier...

Il replongea la main dans la poche de sa cape pour y récupérer sa baguette, qu'il alluma d'un Lumos informulé. La dague se trouvait à l'étage, sommairement cachée dans une armoire branlante, et protégée par quelques sortilèges. Le jeune sorcier désigna l'escalier et expliqua :

-Je suis venu ici récupérer une arme... Un poignard ensorcelé pour sauter à la gorge de la première personne qui pénètre dans la pièce où il se trouve. Je l'ai laissé là en attendant une occasion de m'en servir... et le Ministère serait le lieu idéal pour utiliser cette dague, pas vrai ?

Il imaginait déjà la panique que pourrait créer cette arme... Posée innocemment sur un meuble, elle pourrait égorger plusieurs personnes... dans une pièce passante, comme... tout bêtement, comme les toilettes ! En général, on ne pénétrait pas dans ces lieux avec la baguette prête à servir ; et, autre avantage, on s'y rendait généralement seul. Autant dire que le poignard, bien caché, pourrait produire un résultat fort divertissant, et probablement du goût du Seigneur des Ténèbres... James eut un sourire féroce, puis reprit :

-Le poignard est en haut, ja vais aller le chercher... Il vaut mieux que j'y aille seul. Je l'ai ensorcelé pour qu'il ne m'attaque pas, mais je ne voudrais pas qu'il se retourne contre toi... Quand je l'aurai en main, il n'y aura plus de danger. Ça te va ?

Il n'était pas évident que Saya accepte de le laisser monter à l'étage tout seul ; elle semblait lui faire confiance, mais cette confiance devait avoir des limites ; il s'adressait à une Mangemort, pas à une midinette, et les Mangemorts n'avaient pas coutume d'accorder facilement leur confiance. En plus, il venait de faire remarquer à la jeune femme qu'elle n'avait pas fait preuve d'une grande prudence, et que des chasseurs de mages noirs pouvaient bien être cachés dans la bâtisse...
Il attendit la réponse de sa collègue, en sachant bien que la méfiance risquait fort de refaire surface.
Question de survie, tout simplement...

En entendant parler de la dague, Saya avait manifesté un certain intérêt, mais aussi une certaine réticence. Comme prévu, elle n'était pas très enthousiaste à l'idée de laisser James monter la chercher seul... Pourtant, elle ne souleva aucune objection, et le jeune Kirkby décida que son silence valait approbation. Il se dirigea vers l'escalier, dont il éclaira les marches avant d'en entreprendre l'ascension ; les planches vermoulues n'avaient pas l'air solides, encore moins qu'à l'époque où le jeune homme était encore élève à Poudlard. Mais comme en ce temps-là, il restait encore assez de place pour pouvoir poser un pied léger sur chacune des marches, à condition de faire attention... James commença donc à monter, en choisissant soigneusement l'endroit où il posait les pieds ; quelques craquements sinistres retentirent, mais l'escalier ne céda pas sous le poids- peu colossal, au demeurant- du jeune homme.
Le plancher, à l'étage, ne valait guère mieux que l'escalier ; de larges trous étaient visibles, mais ils n'étaient pas ce qu'il y avait de plus dangereux ; au moins, on les voyait, et on pouvait les éviter... ce qui était impossible avec les planches qui menaçaient ruine, et qui risquaient à chaque instant de céder sous les pieds de James. Il s'avança donc précautionneusement, tâtant le terrain avant de poser les pieds, ce qui ne l'empêcha pas de sentir son pied gauche s'enfoncer jusqu'au genou lorsqu'une lame de parquet céda. Le jeune homme se dégagea rapidement, et redoubla de prudence ; il parvint sans encombres jusqu'à la pièce où il avait laissé la dague, plusieurs années auparavant.
Malgré le temps qui s'était écoulé, il n'eut pas un instant d'hésitation ; le souvenir de cette cachette était précis, et le coursier s'avança directement vers le meuble branlant dans lequel il avait enfermé l'objet. Sous une épaisse couche de poussière, la dague semblait sommeiller ; elle remua légèrement en sentant une présence, mais les sortilèges dont James avait usé l'empêchèrent d'attaquer.
Sa baguette en main, le jeune Kirkby se mit à marmonner une sorte d'incantation, brisant un à un chacun des sortilèges de protection dont il avait entouré l'objet. Quelquess instants plus tard, il put prendre l'arme entre ses doigts, délicatement, et l'essuyer sur sa robe pour la dépoussiérer.
Il redescendit alors, aussi prudemment qu'il était monté, la dague bien serrée dans sa poche, sa baguette allumée levée devant lui.
L'escalier émit encore quelques craquements, encore plus menaçants qu'à l'aller ; l'une des marches commença à céder, et James préféra sauter les cinq dernières marches plutôt que de risquer de rester coincé.
Il atterrit en souplesse dans la pièce du rez-de-chaussée où se trouvait toujours Saya, et il espéra un instant que son arrivée un peu brusque n'allait pas déclencher chez elle un réflexe malencontreux. Dans l'ambiance un peu glauque de cette cabane, elle risquait fort d'être sur ses gardes, la baguette prête à servir ; et lui, à sauter ainsi sans crier gare, ne faisait guère preuve de la discrétion nécessaire. Avant de recevoir un maléfice, James estima préférable de montrer patte blanche ; il leva légèrement les mains pour qu'elles soient bien visibles, sa baguette désormais pointée vers le plafond, et annonça :

-Voilà, je l'ai...

Il pouvait à présent s'approcher, lentement, en faisant attention de ne pas pointer sa baguette vers Saya. Sa méfiance pouvait bien être revenue, et mieux valait filer doux... James aurait trouvé dommage d'être assassiné par une collègue Mangemort, surtout à cause d'un malentendu... Il avança sa main gauche, le poignard bien serré dans son poing, et fit :

-Regarde... il est beau, non ? Beau... et surtout sanguinaire. En voilà un qui va entrer au service du Seigneur des Ténèbres...

Entre ses doigts, la petite dague d'argent vibrait légèrement, mais elle ne pouvait s'opposer à sa volonté, et elle n'eut aucun mouvement lorsque Saya se trouva à proximité. James sentait l'arme prête à agir, et il avait hâte de l'utiliser... Avec un sourire, il leva les yeux vers Saya, guettant son avis.

Cette demoiselle était décidément terriblement méfiante- chose naturelle pour une Mangemort, mais James ne s'était pas encore habitué à la fréquentation des serviteurs du Lord. Il n'avait été admis que trop récemment dans leurs rangs pour avoir eu l'occasion de s'intégrer réellement parmi eux ; quant à Saya, la dernière fois qu'il l'avait vue, ils étaient élèves à Poudlard, et n'avaient aucune raison de faire preuve de méfiance.
James était lui-même partisan de la plus grande prudence, et il ne pouvait blâmer Saya de sa vigilance. Sauter les dernières marches avait été maladroit, mais il ne pouvait guère faire autrement... Le jeune Mangemort s'en expliqua à mi-voix :

-Désolé, l'escalier allait s'effondrer...

Elle examina la dague, convint qu'il avait l'air en bon état, et termina par un conseil que James jugea offensant. Elle ne se serait pas adressée différemment à un gosse irresponsable. Blesser quelqu'un d'important... Comme s'il allait laisser cette arme traîner n'importe où, au risque de la voir sauter à la gorge d'un de ses collègues Mangemorts... ou pire : du Seigneur des Ténèbres... Autant le traiter de crétin tout de suite... Le jeune Kirkby rangea la dague dans la poche intérieure de sa cape et répliqua avec mauvaise humeur :

-Tu me prends pour un imbécile ?

De toute façon, la dague n'entrerait même pas au repaire. Il la conserverait à Wolf's Den, en sûreté, jusqu'au moment le plus opportun pour agir. Avant de la placer, il devait être certain de ne pas être démasqué- il serait dommage de perdre sa couverture pour si peu de chose.
L'arme étant récupérée, James n'avait plus de raison de s'attarder dans la Cabane. Il ajusta sa cape sur ses épaules, les yeux fixés sur Saya, mais ne prit pas congé immédiatement. Il aurait aimé parler un peu plus avec elle, obtenir quelques renseignements précieux pour un nouveau venu, mais ne savait par où commencer. Peut-être serait-il plus judicieux d'attendre de porter la Marque pour interroger la jeune femme ? Il jugea donc préférable de poser une question innocente :

-As-tu besoin de moi pour chercher ce que tu as perdu ?

Plus trace de mauvaise humeur dans ses paroles. L'affaire était classée ; il avait exprimé l'irritation qu'avait soulevée le conseil de Saya, mais on n'allait pas s'éterniser là-dessus. Le jeune homme estimait qu'il serait idiot (et déloyal envers leur Maître) d'entretenir de la rancune entre Mangemorts : les serviteurs d'un même Maître doivent s'entendre le mieux possible, pour être efficaces...