La majorité des élèves normalement constitués tendent un jour ou l'autre au dédain et a l'irrespect des autorités scolaires, au travers des grandes règles pré-établies et des conseils les plus élémentaires de distinction. A un instant, futile ou prolongé d'une existence encore bercée par l'enfance, l'élève moyen tend le bras vers la dérogation de l'invariable règlement. Il sourit de jouissance en songeant à l'acte qu'il va commettre et dans son fort intérieur, est ravi de ce défis lancé aux grandes âmes du monde du château, cela avec plus ou moins de subtilité. Alison Basley, charmante et délicate petite rouquine, ne voyait dans cet échappatoire qu'un comportement puérile et malheureusement classique. N'allez pas croire qu'elle respectait scrupuleusement les détails insidieux d'un morceau de parchemin officiel mais de son côté, la perspective était séduisante si la dérogation en question lui apportait quelque chose et en cet instant. Bien sûr, elle sentait dans sa poitrine un fond doucereux d'excitation derrière une savante dose d'indifférence mais si elle souhaitait en cette douce matinée trouver un moyen un tant soit peu imaginatif d'échapper au couvre-feu des temps actuels relativement instables, c'était pour une raison particulière. C'était une question rhétorique : son motif et le but, destination finale, n'était autre que le magasin de farce et attrapes le plus réputé de la bourgade magique. Elle voulait mettre un terme aux ronflements tonitruants de sa camarade de dortoir : Lisbeth. Lisbeth Jorkins, délicate et adorable bambine à la panse proéminente et aux voies nasales des plus bruyantes constituaient depuis longtemps la hantise de la petite anglaise qui voyait d'un œil des plus sombre les grognements nocturnes de sa collègue. Elle avait supporté l'ensemble de ces protestations de nuit mais se trouvait, a présent que plusieurs semaines s'étaient découlées depuis la rentrée et les cours battant leur plein, à bout de sa précieuse patience vis-à-vis de l'impotente.

Seulement, du haut de sa petite taille, de ses tâches de rousseur et de ses lèvres boudeuses, difficile de mener lutte magique contre une Lisbeth de forte corpulence et de niveau magique certainement plus élevé par les années. La rouquine avait donc commencé à échafauder des plans sur d'invisibles supports, trouvant une occupation nouvelle et idéale de fin de semaine. Elle avait crût tenir une idée lumineuse mais s'était rapidement rendue compte des obstacles ardus de l'opération qui devait aboutir a cette indirecte et basse vengeance. C'était mal, gamin, mais la fillette du haut de ses onze ans avait sourit a l'idée délicieuse de cette hypothèse qui mettrait une compensation dans les nuits continuellement dérangées. Après tout, elle était une victime. Réaction s'imposait. Telle étaient les idées peu orthodoxes de la petite anglaise tandis qu'elle parcourait les brochures des catalogues des magasins de farces. Elle avait vite conclut qu'elle devait renoncer à faire pénétrer dans l'enceinte du château les produits en question : ils étaient répertoriés comme dangereux et les colis étaient rigoureusement surveillés. Si on la prenait, les questions fuseraient et la délicate Alison tenait à tout prix à éviter les sempiternelles questions. IL restait donc une solution : aller directement chez les fournisseurs.

La boutique était d'après horaires sur la brochure ouverte suffisamment tard dans la soirée pour quitter les dortoirs sans éveiller l'attention, sur la pointe des pieds en prétextant une envie pressante aux curieux. Elle avait dont effectuer un repérage régulier sur les éventuels passages disponibles et avait acheté deux cinquièmes années qui lui avait finalement lâchés les explications du tunnel souterrain accédant directement au village. Et puis, elle s'était retrouvée nez à nez avec un second problème qui tenait en fait au réalisme de l'hasardeux problème : elle n'y arriverait pas toute seule. Pour la charmante Alison, c'était situation était digne de frustration. Elle n'avait pas de potentiels camarades à qui proposer en toute innocence une sortie et refuser de s'encombrer d'un boulet à traîner mollement à ses côtés. Elle savait que les temps rudes limitaient les entrées et sorties autrefois quotidiennes. Mais comme beaucoup d'enfants de son âge, la rouquine n'avait aperçut les nouvelles qu'au hasard de la Gazette et se foutait de la situation actuelle. Ignorance ou témérité ? Un peu des deux peut être mais, l'air de rien sous ses airs d'indifférence moqueuse, le problème la touchait désormais de près et tout cela était moins là. Aller seule a Pré-au-Lard était plus inquiétant de grisant bien que la petite anglaise prenne la menace sûrement trop a la légère du haut de son inconscience. Elle avait les pieds sur terre. Regardait d'un œil torve les rêveurs. Si jamais l'expédition tournait mal, il valait mieux plusieurs personnes à la solitude. C'était regrettable, puisqu'elle n'avait aucune idée de vers qui se tourner.

Elle avait donc laissé l'idée dans un coin pendant plusieurs semaines et avait finit par l'oublier momentanément en ce début de matinée. Elle s'était levée tôt, indisposé par les ronflements incessants et s'était dirigée vers la grande salle, enfilant des vêtements au hasard d'une valise sur le point d'exploser et compléta le tout d'un affreux chandail mauve. L'écharpe tricotée présentait des mailles grossières mais la chaleur dégagée de la laine trop duveteuse pour être correctement assemblée compensait largement aux yeux de la fillette l'esthétisme. Le violet allait avec tout. Principe Alisonéen. " C'est quoi ça ? " interrogea la fillette d'un ton visiblement dégoûté en s'installant a la table des Serpentards, sans réprimé le pincement de lèvres affligé devant le plat présent sur la surface de bois. La couleur de la chose qui paressait au fond du plat était suspecte et certainement étranger. La petite rousse daignait rarement lever les yeux sur cette étrangeté de la nature que constituaient les plats venus de loin.

" Un plat français " lâcha un parfait inconnu à sa droite.
" Ca se mange ?! " interrogea la fillette comme si tout le monde pouvait remettre le fait en doute, visiblement sceptique face au contenu de son assiette. Refusant finalement de se prêter a la dangereuse expérience, elle quitta les lieux encore vidés de leurs occupants du fait du week end et des feignants qui passaient cette occasion à dormir – avec Lisbeth, dieu seul savait comment – et se prélassaient dans la tiédeur des couvertures et des draps. Et puis le hasard, miséricordieux, avait bien fait les choses et rendu un net service à la rouquine lorsqu'elle emprunta les chemins sinueux du parc. L'air était encore frais en raison d'un heure des plus matinales mais dans l'ensemble, tout laissait a prévoir une belle journée.

" Par la barbe de Merlin, si je trouve la cause des ronflements intempestifs qui m’empêchent de dormir depuis la rentrée, je vais lui faire passer un mauvais quart d’heure ! " Tempêta une voix vaguement familière aux oreilles de la délicate Alison qui détourna les yeux de l'amas de roche et de cailloux sur lesquels ses pieds tressautaient parfois. Soudainement prise d'une brusque bouffée de compréhension occasionnelle qui se changea rapidement en un sentiment de détresse face à son incompétence devant le mastodonte grossier dont les initiales évoquaient des nuits de sommeil de retard. S'approchant donc – de loin – de l'éclat de voix, la fillette observa l'étrange bout de fille maigrichonne qui lui faisait face. A bien faire la distinction, il y en avait deux. L'instinct naturel d'éternelle insatisfaite de la rouquine trouva bien à redire sur l'air trop naïf de l'autre, trop rêveuse de l'une maismais laissa là ses réflexions a l'entente d'une phrase fort peu appropriée. "Alors comme ça on veut enfreindre le règlement ? Et ben c'est du joli ! non c'était pour rigoler...alors comme ça tu veux aller à Pré-au-Lard ça t'ennuirais si je t'accompagne dans ton expédition ? Je m'appelle Daithe, je crois qu'on s'est déjà croisées en cours mais bon, on n'a jamais été présentées. " Interloquée devant tant d'imprudence – ou de stupidité -, la petite rousse resta un moment pensive sur la conduite à tenir. Jusqu'à ce que l'information inhibe entièrement l'esprit de la fillette et qu'elle réalise que cette occasion était tout simplement inespérée. Certes il y avait des choses à craindre, comme cette fille qui parlait tout haut et visiblement à elle-même et méritait une mise en point mais ces deux filles feraient meilleure compagnie que de purs empotés faisant tableau dans le décor des souterrains et des passages secrets.

Quoiqu'il en soit, et pour l'une des rares fois de son début d'existence, Alison Basley daigna accorder un peu d'intérêt a la gente humaine que représentait les deux élèves. Elle avait identifié les fillettes lui faisant face comme deux élèves de première année mais dont elle aurait été bien incapable de mémoriser le nom. Jugeant pourtant une présentation inutile et fortuite, la petite rousse, s'étant glissée aux côtés des deux inconnues, susurra d'une voix plate un " Moi je sais comment y aller ".

Reconnaissance de l’individu suspect : jeune fille de mon âge, déjà aperçue dans la salle commune ou en cours. Bilan : Individu non dangereux. Dès lors que la jeune fille s’était retournée pour voir qui était la personne qui venait de la prendre en flagrant délit de conversation à soi-même, son cerveau l’avait analysé froidement, calculant toutes les possibilités qui s’offraient à Cherry, à savoir la fuite ou le mensonge. Mais elle avait rapidement identifié le promeneur matinal comme une jeune fille de sa maison, et les battements de son cœur s’étaient calmés.

Elle faisait une bien belle Gryffondor, tiens, à stresser au moindre bruit de pas. Dieu merci, elle savait garder son sang-froid et rester calculatrice en toute circonstances. Ne jamais perdre ses moyens et montrer ses failles, tel était en quelque sorte sa devise. Et elle ne voyait pas ce qui pouvait l’ébranler, petite fille naïve ignorant ce qu’il y a en dehors de la bulle de l’enfance, ce que les adultes cherchent à nous cacher pour préserver aussi longtemps que possible notre innocence.
Elle avait eu des échos comme quoi le monde en dehors de Poudlard n’était pas tout rose, avec des méchants et tout, mais ça lui semblait trop lointain, trop incompréhensible pour elle. Que les adultes se fassent la guerre, moi qui suis une enfant, je suis intouchable. C’est pourquoi aller au Pré-au-Lard, acte qui aux yeux d’une personne plus âgée aurait pu paraître dangereux apparaissait à la jeune fille comme une simple promenade de routine, l’excitation causée par le risque en plus. Le seul danger, c’était de se faire choper par Rusard, c’était tout.

- Alors comme ça on veut enfreindre le règlement ? Et ben c'est du joli ! Non, c'était pour rigoler... Alors comme ça tu veux aller à Pré-au-Lard, ça t'ennuierais si je t'accompagne dans ton expédition ? Je m'appelle Daithe, je crois qu'on s'est déjà croisées en cours mais bon, on n'a jamais été présentées.

Et là, l’occasion se présentait : sa camarade Rouge-et-Or avait entendu ses paroles, et visiblement, ça la tentait aussi. Parfait ! Le tout restait de trouver un moyen de s’y rendre, mais avant même que Cherry ait pu se présenter à Daithe, une jeune fille s’immisça entre elle deux, se mêlant sans gêne à leur conversation.

- Moi je sais comment y aller.

Visiblement, elle avait entendu la discussion des deux Gryffondors. Tout Poudlard s’était donc donné rendez-vous dans le parc à cette heure matinale pour entendre Cherry parler toute seule ? Génial, elle allait être fichée comme la cinglée de service qui parle aux nuages. Tournant la tête vers la nouvelle arrivante, elle la dévisagea de haut en bas, sans retenue, quelque chose lui disant que la rouquine avait surement fait de même avec elles avant. Cette tignasse rousse lui disait quelque chose : elle l’avait aperçue en cours, c’était donc une fille de leur année… Et si sa mémoire ne flanchait pas, c’était une Serpentard de surcroît, même si en ce brumeux matin d’Octobre, elle avait troqué ses habituelles couleurs pour du violet. Une bouche moqueuse, un regard insolent et dédaigneux, elle avait toute la parfaite panoplie du petit chimiste du petit serpent.

Et il faut se méfier des serpents. La rouquine apportait la solution à leur problème sur un plateau, mais à quel prix ? Cherry doutait fort qu’elle fasse ça par pure bonté d‘âme, rien n’était jamais gratuit. Voulait-elle leur jouer un mauvais tour ? Les dénoncer ? Ou bien elle avait juste la frousse de se rendre seule au village, et dans tel cas les deux Gryffondors tombaient à point nommé. La Gryffondor espérait que ce fut cette dernière raison, car dans ce cas elle deviendraient toutes dépendantes les unes des autres : quand chacun a besoin de l’autre, on évite les conflits et coups bas. Bref, la Serpentarde leur proposait un moyen de se rendre à Pré-au-Lard, et elles auraient été stupides de le refuser. Il fallait donc accorder sa confiance à la rouquine, tout en étant prête à la lui retirer au moindre faux pas.
L’ignorant tout d’abord, elle répondit en premier à Daithe, après tout comme on dit, premier arrivé, premier servi.

- Je m’appelle Cherry. Et je n’ai aucune objection à ce que tu viennes avec moi, c’est pas un voyage personnel à la recherche de mes racines et tout le tralala [désolée, craquage^^"], juste une reconnaissance des lieux, alors je suppose que plus on est de fous, plus on rit.

Puis, tournant légèrement la tête de façon à avoir Daithe et la Serpentarde dans son champ de vision, elle répondit d’une voix froide à la rouquine, voulant cacher son excitation quant au fait de se rendre à Pré-au-Lard. Aucune envie que la rouquine puisse croire qu’on la prenait pour le Messie.

- Tu viens nous faire rager, du genre nananananère-moi-je-sais-et-pas-toi ? Ou tu viens nous aider ? Tout ça par pure gentillesse, j’imagine, c’est connu pour être la plus grande qualité d’âme des Serpentards. Mais si tu veux nous accompagner, et qu’en plus tu connais le moyen de se rendre à Pré-au-Lard, ça nous intéresse. Ayant sûrement chacun des raisons particulières de se rendre au village, autant faire équipe. Qui marche ?

La rouquine ne semblait pas du genre à se brusquer pour quelques paroles sèches, mais Cherry espérait qu’elles n’auraient pas à lui lécher les bottes pour obtenir le moyen de se rendre à pré-au-Lard. Il fallait bien montrer à la Serpentarde qu’elles n’allaient pas la vénérer ni accomplir ses quatre volontés, mais d’un côté, si tout le monde voulait aller à Pré-au-Lard, chacun allait devoir y mettre du sien.

- Au fait, on n’a pas l’honneur de connaître ton prénom. Tu veux qu’on t’appelle Poil-de-carotte, ou par ton vrai nom ? C’est toi qui vois, hein.

L'intervention de la serpentard dont Daithe et Cherry ne connaissaient toujours pas le nom avait changé la situation du tout au tout, en effet les pensées à haute voix de Cherry ou la proposition de participation de Daithe restaient dans le cadre de la simple élucubration. Mais, le fait que la verte et argent apparaisse soudainement dont ne sait où en affirmant qu'elle savait se rendre à Pré au Lard alors qu'elles n'en avaient pas le droit rendait le projet beaucoup plus réel.
Cherry avait l'air d'accord pour que les deux filles l'accompagnent dans son excursion, mais Daithe n'était pas sure de faire confiance à la serpentard, elle était capable de les trahir à tout moment, de les dénoncer en s'arrangeant pour qu'elle ne soit pas inculpée ou alors faire croire que les deux griffondors l'avaient trainée de force à enfreindre le règlement...
Cependant, la situation était telle, qu'il fallait bien avouer que Daithe n'avait pas le choix, soit elle acceptait la serpentard comme guide avec tout ce que cela pouvait impliquer, soit s'en était fini de la petite promenade à Pré au Lard.
Cherry avait l'air bien partante pour suivre la rouquine lorsqu'elle finit par dire :

Qui marche ?

Daithe se dit donc que le mieux était de faire confiance à Cherry et donc à la rouquine de serpentard. Cependant, elle ne comptait pas obéir au doigt et à l'oeil à la serpentard, elle avait son honneur de griffondor après tout ! Il était absolument hors de question qu'elle face le lèche botte face à la rouquine, si elle venait les voir en proposant son aide c'était qu'elle avait certainement besoin d'elles, tout comme Cherry et elle avaient besoin de la serpentard.
Cherry ajouta :

- Au fait, on n’a pas l’honneur de connaître ton prénom. Tu veux qu’on t’appelle Poil-de-carotte, ou par ton vrai nom ? C’est toi qui vois, hein.

Daithe se sentit obligée d'ajouter à la question de Cherry :

– Et n'essaye pas de nous avoir avec une ruse serpentardesque ! Je t'aurais à l'oeil tout le trajet.

La douce Alison tirait-elle une quelconque fierté de son blason ? Après une mûre intensive et délicate interrogation de cette question purement rhétorique qui relevait de hauts faits philosophiques, la rouquine en était arrivée a cette houleuse conclusion : non. C'était très simple, faire partie de cette maison qui attisait l'opiniâtreté ou la convoitise comportait autant d'inconvénients que son maigre avantage. Elle lui permettait d'être laissé en paix par quelques verts et argents rétifs et amusés par une situation qui amenait supériorité et appréhension mais également par les autres camarades potentiels que la vue du serpent frappé d'argent suffisait globalement à faire fuir. Mais, et ce parmi toutes les critiques recevables que sermonnait régulièrement la petite anglaise, le vert bouteille de l'uniforme jurait affreusement avec le roux d'une chevelure flamboyante et peu anodine. Par conséquent, la fillette, qui faisait sans aucun doute preuve d'une irrémédiable faute de goût s'acharnait, indifférente, sur le violet dont faisait partie l'écharpe mal tricotée et trop épaisse. Les mains passaient sur des tenues au hasard de celle libre et composaient souvent un mélange fort hétéroclite qui aurait pu attirer le regard mais la rouquine écartait la perte de temps comme d'importuns moucherons. Il faut dire que la délicate Alison était une éternelle insatisfaite. Elle se donnait bonne conscience par flots ininterrompu d'arguments rétifs et d'insultes qui ne manquaient que rarement d'imagination, d'originalité et de conviction mais savait qu'elle n'était pas parfaite et en cela pouvait être gratifié d'estime. Seulement face a la candeur ridicule de certain et au roulement avantageux de mécanique des autres, le choc était des plus légers. Étant donné ses délicats critères de sélection pour un potentiel et imposé compagnon de sortie, elle avait rapidement compris qu'elle devait élargir et assouplir ses critiques acerbes et boudeuses l'espace d'une nuit, et ceux malgré l'allure, en l'occurrence, candide et naïve de l'une et inflammable, supérieure et grotesque de la seconde. Cette dernière représentait sans aucun doute les plus grandes craintes de la petite anglaise et estimait raisonnablement ce fondement confirmé. Après tout, sa récente interlocutrice parlait aux nuages. Et le fait qu'elle espère que ces derniers lui répondent signifiaient au mieux le besoin d'une expertise psychiatrique et médicale et, dans le pire des cas, un manque désespéré d'amis, de conversation ou de jugeote.

La petite rousse jeta un regard vague vers les nuages pour tenter de voir quel quelconque intérêt il pouvait représenter en tant l'interlocuteur. Les grosses silhouettes moutonneuses et aux contours indistincts étaient suspectes du point de vue de la fillette qui au bout de quelques secondes à plisser les yeux vainement s'avoua vaincue et resta campé sur sa position face à l'esprit facilement remis en doute de cette récente apparition. Le menton en l'air de la petite rousse pointa de nouveau vers le sol jaugeant la demoiselle des rouges et ors avec obstination, les yeux vrillant la silhouette rachitique de la manière caractéristique aux enfants de onze ans, un doigt légèrement en décalage sur sa lèvre inférieure marquant le temps de la réflexion. Il lui avait fallut du temps pour acquérir l'information dont elle disposait a présent et hésitait a partager ce précieux secret avant que le dépit du bon sens ne la déride. Aussi lorsque celle qui se présenta sous le nom de Cherry (correspondant à ses allures de poupée effarouchée) attaqua la petite anglaise dans son inconditionnelle fierté et frappa en plein dans un amour propre fort évolué, la délicate Alison ne put contenir une expression renfrognée. Contrairement a bien des camarades de sa maison stéréotypés, la fillette maîtrisait mal les sourires masquant sentiments et opinions et jugeait cette capacité comme inutile et superficielle. La franchise était une qualité. La plus merveilleuse des qualités d'Alison très certainement. Et se faire rembrunir de la sorte par l'effarouchée ne lui plaisait que très peu d'autant plus que la rouge et ors marquaient quelques points d'interrogation ponctuels face à son état d'esprit des plus suspect. Est ce qu'elle parlait aux fleurs elle ? Or un nuage est aussi inanimé qu'une fleur et présente aussi peu de compagnie.

« Mmmh non... J'imagine que j'aurais gardé le secret d'un projet aussi risqué mieux que certaines à l'habilitée étroite d'un strangulot » répliqua la fillette. « Et je ne parles pas au ciel moi. Et si tu espérais une réponse, il voudrait mieux pour toi que tu parle à autre chose qu'a la pluie et le beau temps ou cette conversation que tu tentes vainement d'avoir avec les nuages risque de s'éterniser longuement » grommela finalement la rouquine avec un renfrognement évident.

La seconde demoiselle présente aux abords du lac était de la même maison que la première. Le comportement totalement je m'en foutiste a ce niveau de la petite rousse n'était pas sans ignorer néanmoins les lourdes rivalités qui pesaient sciemment sur le château de leur écrasante façade. Les confrontations n'étaient pas rare mais la seule personne à qui la fillette aurait volontiers accordé une paires de généreuses gifles si elle avait été inconsciente aurait été Lisbeth. Il lui avait cependant fallut une vingtaine de ses plus rares cartes de chocogrenouille pour parvenir aux aveux sur les recoins du château des deux gryffondors ayant lâcher l'information du bout des lèvres et elle s'était souvent demandé avec une logique implacable si son appartenance a la maison des verts et argents n'avaient pas été la cause de cet odieux tarif. Quoique ces deux garçons dégingandés avait l'oeil aussi expressif que celui de Puck, boursoufflet récemment acheté sur le chemin de traverse qui voletait paresseusement à quelques centimètres de la nuque de la rouquine. Et la blonde poursuivit son incessant et irritant jappement. Poil de carotte ? Ah non mais ça n'allait pas du tout mais alors pas du tout ! C'était le garçon entouré d'une affreuse vieille bonne femme dans un conte moldu et la tendre Alison refusait d'être confrontée à cet odieux pseudonyme. « Alison Basley » formula précipitamment la petite rousse dans l'inquiétude de se voir affublée d'une surnom aussi grotesque – savez t-on jamais - .

Peut être quelqu'un s'interrogeait il sur l'impatience d'une petite rousse relativement insociable face a ces deux camarades réunis en une matinée brumeuse. La réponse était simple, Alison Basley n'était pas courageuse. Téméraire peut être et cela néanmoins dans un cadre restreint mais courageuse non. Hors le courage était la qualité des deux lionconnes en appartenance a leur maison respective et non celle de l'anglaise qui se contentait de suivre maussadement ses couleurs parce que l'on qualifier de ruse. La fillette n'avait rien de plus que onze ans et les rues sombres de Poudlard même dans un but aussi honorable que l'épaisse vengeance qui tardait a arriver et retentissait chaque nuit avec un peu plus d'intensité.

« Et n'essaye pas de nous avoir avec une ruse serpentardesque ! Je t'aurais à l'oeil tout le trajet ». La rouquine haussa un sourcil intrigué devant cet intervention, grotesque et inutile selon ses critères de choix.

« On va se mettre un peu plus loin, y'a un peu trop de populace par là bas » marmonna la rouquine en avançant un peu a l'ombre des arbres bordant le parc « Tu pourras supporter la séparation ? » demanda t-elle A Cherry, référence obscure aux nuages moutonneux avec un geste de sincère compréhension ironique. Mauvais plan. Les trois fillettes devaient former une équipe le temps d'une soirée et que ce soit au grand Dam de la délicate Alison ou pas, le temps n'était certainement le bienvenu à ce genre de répliques boudeuses. Rangeant difficilement sa mauvaise humeur théâtrale, la petite anglaise troqua ce ton pour celui de la confidence. « Vous voyez les cachots et cette chose qui ressemble vaguement à une statue, c'est là que l'on doit aller... Le mieux » Courte pause de réflexion. « Le mieux ce serait de nous rejoindre là-bas aux alentours de midi... » Relevant son visage aux multiples tâches de rousseur, la petite anglaise lâcha enfin un « A midi, lorsque la grande salle sera occupée et où les couloirs seront dégagés » Un doigt sur ses lèvres, elle songea quelques instants si cette information serait suffisamment claire pour l'Effarouchée et la Loquace et ajouta « Dans les cachots, devant la statue en question... ». La fillette tourna les talons, et s'enfonça en direction du château.

[Terminé pour moi Je créérais le topic dès que j'aurais le temps, mercredi au plus tard]