Daithe trainait parmis les rayons de la bibliothèque. Que cherchait-elle ? Nul n'aurait su le dire. Ses yeux verts furetaient à droite à gauche des étagères, ses mains s'attardant parfois sur la couverture d'un ouvrage ou simplement les yeux clos, elle respirait l'odeur de ces vieux livres, entassés là depuis des siècles...
Ces lieux lui rappelaient les vieux livres de son père dans les coffres du grenier, cette odeur de vieille page, de poussière et pour certaines couvertures de vieux cuir. Quoi qu'on en dise, avant d'être un contenu, un livre était un objet et Daithe aimait autant si ce n'est plus l'objet que le contenu. Ces lettres d'imprimerie, parfois ces vieilles gravures, tout dans un livre signifiait la paix et le repos. Pourtant ce n'était absolument pas des choses que Daithe recherchait. Daithe était vive, sans cesse en mouvement, incapable de se tenir tranquille ou d'écouter qui que ce soit. Seule la lecture ou la présence de livres lui permettaient de rester calme, de savourer un instant de tranquilité, même si pour elle, les livres n'étaient que de grandes aventures, sans cesse renouvelées...
C'est au détour d'un rayonnage qu'elle se retrouva face à une table de bois sur lequel un papier était posé. Elle ne vit pas tout de suite que c'était son professeur d'études des runes qui était assise à cette table, si cela avait été le cas elle aurait fui de l'autre côté de la bibliothèque. Non pas qu'elle n'appréciait pas cette étrange professeur mais Daithe avait un peu de mal avec l'autorité, les cours, les normes...
Elle ne pouvait pas avoir de discussions avec ces professeurs, pas forcément parce qu'ils étaient plus âgés qu'elle, mais parce qu'ils représentaient cette sorte de barrière, ce haut mur qui la séparait de la liberté.
Les noms écrits sur la feuille de papier la perturbaient sans qu'elle sache pourquoi. Après tout il fallait s'y attendre, nous étions dans un monde où la magie existait elle en était bien la preuve, mais tout de même, Merlin ! La fée Morgane ! Et même la Dame du Lac ! Pourquoi pas le roi Arthur tant qu'on y était ?!
Ses yeux ne pouvaient se détacher de cette feuille, elle était comme hypnotisée, ses noms résonnaient en elle comme d'anciens contes d'enfants et mille et une pensées semblaient se former et disparaître dans son esprit à la vitesse de la lumière, comme si les connexions de son cerveau étaient trop rapides pour qu'elle puisse en analyser le contenu.
Au bout d'un moment, elle se resaisit et se rendit compte qu'il était très impoli de regarder ainsi une feuille que quelqu'un était en train de lire. Encore plus si cette personne était son professeur. Même si celle-ci avait l'air plongée dans ses pensées elle se sentit dans l'obligation de s'excuser au cas où le professeur Bachelard l'ait vue.
"Je suis désolée professeur, je ne voulais pas être malpolie en regardant votre papier..."
Elle resta devant la table, un sourire mi-figue mi-raisin sur son petit visage, espérant de tout coeur que le professeur Bachelard ne lui en voudrait pas.