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 Chairs Saignantes [Pv Rod]
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  • Pénombre Craft
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    Pénombre Craft
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MessageSujet: Chairs Saignantes [Pv Rod]   Chairs Saignantes [Pv Rod] EmptyMer 28 Mai - 2:44:03

[J'espère que ça te plaira ^^, j'ai préféré éviter les endroits communs et le plein air pour rendre l'échange plus intéressant :).]

A l’ombre d’une immense et imposante palissade sculptée qui enserrait gracieusement ce qui avait jadis dû être une luxueuse propriété de Sang Pur, le petit corps athlétique de l’Ocelot s’ébroua silencieusement en une succession saccadée de gestes rapides, de réflexes quasi innés. L’humidité perla aussitôt sur son doux pelage ténébreux taché d’or en une multitude de fines gouttes diaphanes qui furent instantanément projetées sur plusieurs mètres d’envergure. Etre un animagus quelque peu expérimenté avait de fascinants avantages en matière de discrétion et de rapidité lorsqu’il s’agissait de se mouvoir d’un endroit à un autre sans éveiller de soupçons gênants. A ce dessein fort profitable, la Serpentarde de sixième année s’était bien gardée de déclarer ses talents héréditaires au Ministère de la Magie, même si au sein de Poudlard, sa particularité avait été jadis révélée au grand jour durant la fameuse première épreuve du Tournoi des Quatre Sorciers qui l’avait contrainte à affronter, sans baguette magique, une redoutable créature sauvage dotée d’un souffle mortellement dangereux. Mais dès lors que ses iris agressives de limpidité perdaient progressivement leur profonde teinte jade pour jaunir doucement autour de la prunelle désormais étirée d’un prédateur félin, Pénombre se défaisait totalement de son identité humaine au regard du reste du monde pour ne devenir qu’un simple ocelot apparemment errant, bête indomptée, farouche, égarée dans un univers faussement civilisé. Mais cette fois, ce n’était pas tant l’entrainement à conserver le plus longtemps possible sa concentration tendue dans le maintien de ses attributs animaux, si favorables à l’espionnage, qui amenait le carnassier à s’aventurer aussi loin de l’ancestral Château de Poudlard mais bien l’intérêt et la curiosité. Une si fervente curiosité…

Deux lunes s’étaient en effet écoulées depuis le dernier passage tout à fait hasardeux de la jeune fille dans cette sombre allée privée, oubliée depuis des dizaines années. Un lieu isolé, étrange, indéniablement emprunt de magie obscure qui semblait être à l’abandon depuis une aube si lointaine qu’un marais, aussi reculé que sans âge, avait pu y étendre sa surface fétide avec confiance, dévorer sournoisement, parcelle après parcelle, une très grande partie des jardins de l’imposante demeure, tumeur infectée, vorace qui souillait impitoyablement ces terres riches et fertiles sur plusieurs dizaines hectares. Engloutissant partiellement les vestiges opalescents d’antiques sculptures aux éternels traits figés, désormais érodées par les intempéries et le manque d’entretien, les eaux troubles et boueuses s’approchaient lentement, avide langue purulente, de la bâtisse. Littéralement fascinante autant par les dimensions colossales de l’œuvre que par son architecture originale, recherchée, à la fois fière et malsaine, la demeure était de ces objets morts et inertes que l’imagination ne pouvait s’empêcher d’animer de vie propre. Et cette résidence avait une très forte et profonde personnalité effrayante dans l’esprit aux aguets de la Serpentarde, une présence menaçante, dissuadant sévèrement les plus téméraires de s’y aventurer de manière volontaire.

Pourtant intimidée lors de sa toute première visite accidentelle dans les parages désormais livrées à une végétation asphyxiante et vénéneuse, l’héritière des Craft était depuis, restée étrangement hantée par l’appel sourd et tentant d’explorer l’intérieur des entrailles ténébreuses de la bête en sommeil, le désir oppressant, presque viscéral d’en percer les si noirs secrets de son âme qu’elle semblait corrompre l’esprit de quiconque posait le regard sur sa silhouette décharnée. Un puissant et inexplicable attrait pour cette terre aux empruntes du passé si manifestes, tangibles avait laissée la sixième année partagée entre l’envie irrationnelle d’y céder et la méfiance, la prudence de résister au chant ensorceleur qui constituait, selon elle, un envoutement volontaire, un astucieux piège tendu aux passants trop curieux. Cette nuit là, pourtant, l’animagus était revenu, guidé par un irrésistible et mystérieux murmure suave, une tentante ambition de savoir, de découvrir ce qui s’était réellement passé entre ces murs abandonnés pour qu’ils en préservent tant de vibrations néfastes et enfin, de percer à jour la nature des sombres pouvoirs terrés en son cœur, se les approprier. Pensive sur les éventuelles dangers qu’elle aurait à affronter à l’intérieur, la demoiselle restait immobile, contemplant une dernière fois les magnifiques rayons lunaires se perdre, diffus, dans la brume épaisse qui émanait perpétuellement de l’étouffant marigot. Un escalier ébène de braises éteintes, rendues prisonnières du marbre grisâtre et entaillé par une substance pétrifiée, s’ouvrait en demi-cercle vers une large porte branlante, encadrée par deux vieilles colonnes ouvragées soutenant un ensemble d’ornements sculptés autour d’un blason familial inconnu de la brune aux yeux clairs. Sous forme féline, simultanément inquiète et enivrée par ce qu’elle osait faire, par ce que ses pupilles animales dilatées découvraient sans effort dans l’obscurité, elle pénétra silencieusement le couloir central, tous ses sens aux aguets, chacun des muscles de son corps prêts à réagir au moindre stimulus de danger.

L’endroit semblait avoir déjà été foulé par plusieurs humains et ce, récemment, à en juger par les différents jeux d’empreintes laissés dans l’épaisse poussière au sol. Mais à bien étudier leur aspect, leur taille et leurs caractéristiques propres, il devenait évident qu’une seule série de pas entrait et sortait à diverses reprises de la maison, tandis qu’une demi-douzaine d’autres n’avait marqué le parquet que dans un unique sens, celui qui s'engouffrait dans le repaire… L’ocelot n’eût guère le temps d’avancer davantage que son regard jauni se posa sur un tas d’affaires bien plus récentes que tous les bibelots de la pièce, détonants franchement de modernité avec les autres objets du décor. L’odeur était fraîche et humaine, mêlée à des relents acres de sang, de chair crue, le pouvoir fort, l’aura funeste. Quelqu’un de dangereux avait élu domicile en ces lieux et Pénombre se trouvait sur son territoire…
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MessageSujet: Re: Chairs Saignantes [Pv Rod]   Chairs Saignantes [Pv Rod] EmptyVen 30 Mai - 17:42:19

[Hj: I love you I love you]

Un souffle d’air s’infiltra entre les volets aux lattes manquantes, piteux restes ajourés de ce qui fût jadis une part de la brillante architecture. De cette demeure figée dans son temps et rongée par la décrépitude il ne restait que de vagues ombres tordues projetées par les grilles cassées, bancales et gagnées par la corrosion, des semblants de formes enserrées par les plantes grimpantes en lieu et place des murs travaillés où les fissures avaient en partie fait oublier les ornements d‘autrefois.

Jugson se dirigea vers l’ouverture de la fenêtre, sa silhouette sombre se projetant sur le bois grisâtre du parquet, là où la faible lueur de la lune s’invitait à l’intérieur de la bâtisse. D’une secousse, il ouvrit les vestiges de persiennes qui penchèrent alors dangereusement vers le bas, sachant déjà ce qui s’offrirait à sa vue: des bancs de pierre blanche émergeants ça et là aux côtés de statues mélancoliques, mangées par le lichen et d’autres parasites. Et l’odeur. Cette odeur aigre, un peu rance et sucrée, comme si l’endroit tout entier, murs, toits, jardins, était en train de pourrir et masquait sa puanteur par les effluves douçâtres de quelques herbes sauvages. Leur arôme aussi frais fut-il ne pouvait mettre un voile à ce bouquet olfactif âcre, suave jusqu‘à l‘ écœurement. Où bien n’était-ce là que l’expression de sa lassitude ?

Ce lieu lui offrait un…abri…et une fois de plus il se retrouvait enfermé. Emprisonné avec ses seules pensées, attaché pieds et poings liés à un seul horizon qui malgré son envergure lui semblait aussi exigu que cette cellule, cette cage qui avait vu s’envoler quatorze années de sa vie. Tellement de jours passés, prostré et apathique, à suivre la même procession de souvenirs et de visages fantomatiques. Qu’avait-il d’autre ? Le Repaire ? Cette simple chambre abritant ce qui lui restait de souvenirs matériels, mais ô combien impersonnelle ? Il ne pourrait trouver pire. Revenir là-bas comme dans les jours suivants son évasion, lorsqu’il n’avait pu faire autrement, revenir là-bas lui donnait l’impression de se terrer au fond d’un terrier. Il n’y avait rien de plus dur, de plus inacceptable pour quelqu’un se targuant d’avoir toujours su faire face.
Son ancienne demeure peut-être ? Lieu de rendez-vous quotidien d’une petite troupe d’aurors attendant son retour inespéré dans le foyer de ses ancêtres ? Une place tout aussi piteuse que la bâtisse où il se trouvait présentement, désertée et abandonnée aux morts. Si jamais cette vie d’errance traquée lui pesait, si jamais sa volonté faiblissait comme n’importe lequel de ces lâches si facilement mis à terre, alors c’était ce qu’il aurait à faire. Simplement frapper à son ancienne porte et attendre qu’on veuille expressément lui mettre la main dessus.
Ensuite…ensuite il aurait dû lui rester ses "amies", ses tendres et douces demoiselles, charitables mains secourables, aussi caressantes que belles. Mais une fois la nuit consommée que pouvait-il rester faire dans le giron de ces femmes ? L’inconscience n’était pas à ce point implantée dans son esprit. Et malheureusement, si ses yeux se retrouvaient mystifiés par leur charme, l’ouie était une conseillère incorruptible qui ne laissait pas la forme, aussi plaisante soit-elle, dominer ses élans. S’il se lassait vite d’un lieu, il s’ennuyait deux fois plus rapidement des personnes, et ce qui avait pu lui paraître attrayant se métamorphosait souvent en un objet d’exaspération, voir de dégoût.

Le sens du vent changea et une brise légère caressa son visage marqué par les cicatrices, sur lequel s’étalait une fine entaille plus récente, de son menton à sa joue, mince filet rougeoyant déjà recouvert d’une pellicule brunâtre. Certains évènements l’avaient depuis peu obligé à reconsidérer la question de cette confiance, même passagère, qu’il accordait à ces dames. Des petites choses si futiles. Et tellement irréfléchies. Malgré toutes les preuves qu’elles pourraient tenir entre leurs doigts délicats, elles ne percevaient jamais la fatalité d’une action, les conséquences irréversibles qu’accompagnaient une mauvaise prise de décision et agissaient aux noms de sentiments aussi mystérieux que dérisoires. Les vaines créatures mourraient bêtement. Et les rares brebis un peu plus audacieuses parsemant leurs rangs ne parvenaient pas à rehausser son respect pour le troupeau du sexe faible. Tout finissait toujours de la même façon.

Finalement, le Mangemort se détourna de la vue du bourbier et des palissades pour retrouver les tapisseries fanées et décolorées de l’intérieur, entre le cossu et le misérable. Avant que la ruine ne s’abatte sur cette demeure et ses occupants, ils avaient eu cette fameuse heure de gloire. D’illustres années de tradition bousculées en quelques secondes. Leurs pratiques faisaient de ces gens des indésirables déviants au sein de la société magnifique d’égalité et de bonté que c’était efforcé de bâtir son vieux père. Peu importait la victoire qu’il avait cru s’octroyer en réduisant cette lignée à néant, en livrant leur nom et leur terre à l’oubli, l’influence néfaste qui planait alentour prouvait que certaines choses ne pouvaient être effacées. Pas quand elles avaient été écrites avec du sang, le sien propre ou celui des autres, les "innocents", cheval de bataille de son paternel. Plus d’un demi-siècle après ces évènements, la survivance du caractère pernicieux de l’endroit devait donner raison à son fils: Percival Jugson avait toujours été un imbécile décati.

Néanmoins par certains côtés, l’idiotie de son père allait lui servir aujourd’hui. Puisque place nette avait déjà été faite en son nom, il n’aurait plus qu’à se servir parmi les richesses proposées qui lui permettraient d’assurer sa sécurité relative. Surtout veiller à ne pas réitérer ce qui s’était produit il y a deux nuits, ce qui s’était reproduit ce même soir. Non pas que son cœur se fut soudain mis à saigner au diapason des plaies purulentes, mais il n’était pas un fou à préférer les boucheries enragées à la discrétion de ce qu‘il considérait d‘ores et déjà comme son refuge. Plusieurs visages flottèrent dans son esprit, dont celui d’une jeune femme aux cheveux roux, la chaleur de sa chevelure provoquait un contraste hideux avec sa frimousse tuméfiée, les cloques gorgées de sang parsemant sa peau d’opaline comme autant de tavelures sur un beau fruit gâté. Il fallait régler ça. Rod releva sa main où le sang versé s’était incrusté dans les fines ridules de ses articulations, sous ses ongles et les lignes plus profondes de sa paume.

Il longea un couloir faiblement éclairé par des fenêtres délabrées, puis pénétra dans une pièce empoussiérée. Sous le résidu grisâtre et les toiles d’araignées, dormaient de nombreuses babioles, des petites vétilles, certaines encore rutilantes drapées dans leur linceul de poussière. Il amorça un mouvement pour se pencher vers un fauteuil de velours au rembourrage affaissé quand un éclat plus vif que celui du métal vieilli suspendit son geste.


-Voyez vous ça.

Quelle étrange bestiole venait de lui être recrachée à ses pieds par le marais ? Une sorte de félin, curieux d’aspect, un chat déguisé en panthère mouchetée et au regard doré. Il ne lui rappelait rien de ce qu’il ait pu voir auparavant en matière de félidé, que se fut-ce vautré dans un salon ou à faire les poubelles.
Le Mangemort tendit le bras jusqu’à une bouteille emmaillotée dans sa cape poisseuse de sang, abandonnée sur le fauteuil, et la porta à ses lèvres sans quitter l’animal des yeux. Il avait déjà eu bien trop de mauvaises surprises ces derniers temps, même si taillé comme il l‘était, l‘animal ne pouvait pas être une grande menace. Ce devait être une sorte de fureteur nocturne à la recherche d’une proie facile, tel qu’un mulot. Ou une charogne déjà abattue.


-Tu as cru flairer la pitance, mon minou ?

L’aspect exotique du félin ne le séduisait pas particulièrement. Il sortait d’on ne savait où et le voir faire ainsi irruption dans la propriété enfonçait encore plus vigoureusement le clou: On ne cesserait jamais de venir le déranger. Les mesures qu’il voulait prendre se révélaient décidément et désespérément une nécessité. De plus, il y avait toujours la possibilité que cette bête ne soit pas ce qu’elle semblait être. La succession de visiteurs n’était peut-être pas encore terminée, et cette fois, ils auraient décidé de faire preuve d’un peu plus de jugeote pour ne pas rajouter leur corps à l‘hécatombe. Pourquoi pas ?

L’homme reposa la bouteille et sortit doucement sa baguette, guettant la réaction de l’animal. Profondément, il se sentait idiot à mettre en joue un banal félin…A l’image de ces ermites dégénérés détruisant le moindre intrus engouffré dans leur antre. Quand bien même le petit mammifère serait humain, il valait mieux savoir à qui on avait à faire. Il ne serait pas dans son intérêt de filer. Si la foutue bestiole essayait de lui fausser compagnie, guidée par son instinct ou par une conscience beaucoup plus réfléchie, il la tuerait. S’il s’agissait d’autre chose…Il écouterait ce que cette chose avait à lui dire avant de l‘expédier comme les autres.


-On est venu chercher ses amis, alors ?

Sa paranoïa lui amena un sourire ironique au coin des lèvres. La prochaine étape serait-elle des voix murmurantes et des hallucinations ? Toutefois, sa méfiance lui semblait légitime en regard des dernières nuits "chargées".
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MessageSujet: Re: Chairs Saignantes [Pv Rod]   Chairs Saignantes [Pv Rod] EmptyMer 7 Jan - 19:36:25

[Hpr : Oh mille pardons mon tit Rodichou ^^, pour mon inexcusable retard mais j'avais une furieuse panne d'inspiration, vraiment désolée Sad Sad, j'espère que ce topic t'intéresse quand même toujours I love you parce que je suis toujours aussi fan de ton style d'écriture, moi I love you ]

La moiteur maladive, chaleur malsaine et sous jacente des lieux aussi putrides qu’abandonnés, distillait profusément l’âpreté familière et rachitique de la Mort, le saumâtre écœurant d’un abcès purulent, dérangeant, démangeant, qui accentuait l’omniprésente sensation souterraine qu’une centaine de cadavres avaient récemment été oublié parmi le dédale des fondations vestigieuses. L’horreur la plus répugnante semblait traitreusement se terrer au cœur terni d’abysses ténébreux, révélés par saccades en la dissolution aveugle de faibles rayons lunaires, s’engloutissant eux-mêmes dans la profondeur incertaine du salon, misérables bruines argentées qui suintaient mollement à travers la pitoyable pièce en lui conférant de troublantes allures tragiques et fantomatiques. Elle exerçait ainsi puissamment son macabre pouvoir, par l’intermédiaire corrompu de cette répugnance amère qui s’infiltrait sournoisement via la trachée jusqu’aux poumons, plus étroitement à chaque inspiration, rampant telle une viscosité parasite afin d’atteindre l’estomac de sa victime, provoquant alors fatalement une révulsion violente de celui-ci dans l’expression enragée d’un sinistre présage, une assujettissante répulsion qui paraissait emplir de menaces l’aura malveillante de la maison, jadis animée d’une existence propre et indépendante, désormais terriblement réduite au silence et à la déchéance. L’atmosphère funèbre des lieux s’étirait des ombres dansantes comme autant d’entités immatérielles glaciales, de spectres menaçants ou d’âmes damnées et au sein de l’écrasante surdité inquiétante qui gouvernait la demeure délaissée depuis des décennies, les sens éveillés du Carnassier décelèrent alors bien davantage qu’une bride de conscience étrangère, inhérente aux sortilèges de protections dissuasifs de la bâtisse, quelque chose de nettement plus concret et dangereux, qui fit furieusement battre le cœur animal du fauve tacheté, tel un vif avertissement, aussi confus qu’indéniable, parfaitement en harmonie avec les intimidations magiques dont avait été agrémenté l’endroit.

L’infimité d’un frisson glissa alors furtivement parmi les ténèbres ubiquistes, trahissant encore davantage la proximité de cette redoutable présence qui venait explicitement de se déclarer, avant que l’odeur acerbe de la chair fraîche, du sang desséché, coagulé, ne se fasse plus forte, plus nette et plus infecte, lentement propagée vers les récepteurs olfactifs de l’Animagus par les gestes contrôlés de son hôte, la variation pressulaire conséquente. Et bien avant que les grands yeux dorés de l’Ocelot ne puissent détailler l’alarmante silhouette qui se mouvait sournoisement parmi les sombres occultations de la pièce gangrénée, Pénombre perçut d’instinct, la perdition qui se faisait sienne. Enfin, la substance émergea du néant. L’espace d’un important interstice temporel, l’héritière des Craft se figea d’une stupeur respectueuse tandis que ses longues prunelles étirées contemplaient l’incroyable vision qui s’offrait graduellement à son regard incrédule. Ce visage impassible, abimé, aussi taciturne qu’anguleux, sur lequel se traçaient profondément la dureté apparente d’un passé ingrat, ces traits faciaux presque familiers, calmes et décontractés, que ses capacités félines lui permettaient de distinguer avec perfection dans l’encre environnante, éveillaient incontestablement une vivacité perplexe, madrée et autant d’ardentes suspicions dans les anfractuosités de son esprit aux aguets... Car malgré le manque flagrant de lumière, qui écorchait probablement le jugement de l’Animagus, majoré à la saleté crasseuse étreignant la peau rendue blafarde de l’homme par les jeux froids de lueurs hivernales, cette étrange ressemblance s’ordonnait pleinement, profanément même, aux souvenirs problématiques de la jeune sorcière, qui semblaient, avec entêtements, vouloir identifier l’inconnu comme l’un des plus dangereux partisans du Lord Noir, récemment évadé d’Azkaban… A y accorder plus d’attentions maintenant, il ne pouvait vraisemblablement plus s’agir d’une maladroite erreur… Rod Jugson.

Une viscérale peur, terreur, comme un cri silencieux, mort né au fond de sa gorge paralysée, tenta violement de s’emparer de tout son être, s’acharnant à propager avec démence son poison défaillant dans les veines de l’adolescente rendues saillantes par son effrayante découverte, tandis que derrière elle, la faible portion de couloir déjà franchie semblait soudain se dissoudre dans le vide, un mental précipice béant sur l’infini qui la suivait à chacune de ses respirations et lui défendait formellement d’envisager la fuite. Il n’était plus question de reculer. Car si l’anglaise se sentait dangereusement acculée par de narquoises circonstances, bel et bien prise au piège dans la sombre tanière d’un mortel Chasseur, la jeune fille savait pertinemment que les rapports de force, de quelques domaines qu’ils puissent s’agir, lui étaient infiniment défavorables. Sans compter qu’elle n’avait guère fait preuves de prudence dans son escapade improvisée et que la Vert et Argent s’était rendue seule et en pleine nuit, en ces lieux aux simulacres abandonnés. Il fallait donc ruser, surprendre et séduire afin d’envisager de sauver sa vie et écarter temporairement la foudroyante menace qui venait de s’abattre sur elle, gagner un semblant de confiance qui lui éviterait de sottement disparaitre pour des raisons aussi pitoyables et navrantes que la préservation d’un embarrassant secret, tel que pouvait l’être la localisation d’un refuge précaire de Mangemort.

Néanmoins, dans cette soudaine effervescence d’émotions effarouchées, quelque chose d’autre naquit également aux tréfonds obscurs de sa quintessence paniquée, une sourde allégresse, une jubilation profondément détachée de la crainte de mourir, à peine contenue par l’incroyable opportunité qui s’offrait soudainement à elle, dont Pénombre venait tout juste de prendre conscience et qui lui était alors devenue absolument impensable d’ignorer. Il fallait faire un choix. Prendre un risque aux semblants cruciaux, mais aux vérités incertaines.

Un instant encore, la Ténébreuse hésita, ses graves inquiétudes lui paraissaient avoir infiniment moins de substance devant la vigueur avec laquelle l’ardeur de son ambition submergeait ses pensées par des arguments insidieux, fourbes, et son esprit se mit alors à songer aux décadentes rumeurs qui circulaient sur son compte dans l’enceinte de Poudlard, murmurant moult insanités sur l’appartenance présumée de la Serpentarde au clan des fidèles de Voldemort. Car en effet, depuis le violent décès de son Père, deux ans auparavant, et les mystérieuses circonstances plus que suspectes qui en entouraient la disparition, un célèbre article blasphématoire avait osé noircir la mémoire de Sven Craft par une prétendue liste de crimes innommables que ce dernier aurait exécuté aux services du Seigneur des Ténèbres, infligeant à Pénombre le lourd fardeau du Nom et la pesanteur d’une lignée dont l’ancestrale survie, l’honneur, semblait désormais reposer sur ses fragiles épaules. Instinctivement, l’ancienne joueuse de Quidditch devinait sans réfléchir que la brillante logique prônée par son avidité de pouvoir était bel et bien celle du mal dépourvu d’âme ; mais si la raison ne pouvait certes, pas toujours nier la rationalité avec laquelle ceux-ci étaient remarquablement construits et présentés à son esprit dual, ces pensées étaient pourtant tout autant de poisons subtils, haïssables et dévastateurs pour tout ce en quoi elle avait jadis, cru si aveuglément. Mais par quelles saintetés ces anciennes valeurs chéries résisteraient-elles, sans souillure ni dénaturation, à la sombre marrée des idées grondantes qui les remettaient pertinemment en question ? Mais peut-être était-ce déjà le cas ? Peut-être avaient-elles déjà cédées à la noirceur de desseins plus grandioses et démesurés ? Et si justement réprimées par les propres dénégations personnelles que s’imposait la brune aux yeux clairs par usage de prudence et de raison, Pénombre n’était parvenue à comprendre l’irrépressibilité d’une furieuse opportunité que le Destin pliait à présent devant elle ?

Sans plaisir, l’anglaise se demanda soudainement si l’inextricable éclat de ses minces meurtrières translucides, qui la dévisageaient gravement au-delà de la muraille d’un faciès indubitablement opaque d’émotions, avait perçut la nature humaine qui se terrait derrière l’apparence bestiale de son amimae, des prunelles perçantes et cruelles qui provoquaient en elle, les remous dantesques d’affres glaciales. Alors l’ocelot prit une longue inspiration puis, lentement, la finesse athlétique du corps félin s’anamorphosa de hauteur dans l’étrangeté d’un élan fluide, se délaçant distinctement en de longues courbes élancées pour se dégager enfin de leur basse position au sol, telles les volutes éphémères d’une fumée opaque qu’un ordre déchronologique aurait contraint à la réintégration de leur source, leur matrice de création. Un sobre ensemble noir, sans prétention, ni distinction de provenance ou d’appartenance, enlaçait confortablement une svelte silhouette de taille moyenne pour une adolescente presque majeure, dévoilait légèrement les suaves galbes, pleins et déliés, d’une féminité naissante et offrait toutes prises sur le mince corps de la demoiselle, dérobant d’une fine subtilité le diaphane de sa peau laiteuse à la morsure de l’hiver. Un pull-over en laine sombre, étroitement maillé et col roulé généreux s’agençait sur un pantalon droit, ajusté avec science, tandis que de longs cheveux onyx dévoraient une partie d’un visage énigmatique, aux mystérieux aplombs anxieux et tourmentés :

« Mon nom est Pénombre Craft et je suis venue mettre ma vie à votre service, en échange de votre tutelle. »

Osa-t-elle dans un distinct murmure gravement teinté d’assurance et de détermination, l’expression démente et aliénée d’une ardente audace, incroyable de témérité, d’inconscience presque suicidaire. N’avait-elle pas forcément conçu l’éventualité que le Mangemort en cavale pourrait simplement achever son existence d’une brusquerie informulée ? Un perfide sortilège de Mort susurré avec intimité aux volontés de son esprit adolescent qui aurait efficacement protégé le secret de son précieux refuge ? Avait-elle, malgré tout, envisagé lucidement ses chances de réussites devant le pesant potentiel de destruction que possédait et représentait Rod Jugson ? Mais y avait-il pourtant d’autres réelles alternatives qui lui permettraient de se tirer de se mauvais pas, tout en optimisant de promesses, les éventuels fruits de cette puissante expérience ? De cette ‘collaboration’ complètement démente… D’un geste presque naturel, l’ancienne poursuiveuse de Quidditch posa humblement son genou gauche sur le plancher glacial et pourri, abaissa légèrement la tête en avant tandis que quelques mèches de son orgueilleuse chevelure de jais coulaient avec douceur contre ses joues laiteuses, dérobant par la même occasion son pâle regard aux considérations malignes du dangereux sorcier. Sa propre folie fit naitre un mince sourire amusé sur son livide visage féminin, s’étirant telle une fine plaie pourpre qui s’ouvrait insolemment sur l’opale de ses canines saillantes. L’ébène rassurant de sa baguette magique était certes, à portée d’un prompt usage mais Pénombre n’était pas sotte à ce point et aussi insensée, voire délirante que paraissait être sa décision, elle s’arquait présentement à en assumer les conséquences, fussent-elles la succession terrible de Doloris ou pire… L’Avada Kedavra.

A des fonds plus qu’inavouables, à des consciences absolument déniées et bannies, l’actuelle situation qui l’imposait à la plus entière des soumissions envers un préjudiciable criminel reconnu avait, pour la Vert et Argent, quelque chose de furieusement excitant d’un point de vue strictement physique et charnel, car il était pur fait insolite que la fière Sang Pur n’abandonne l’attitude supérieure et arrogante qui caractérisait pourtant d’inhérence sa personnalité fondamentalement dominante. Et ce simple délit, cette traitrise faite à elle-même, cette cession sacrificielle qui entaillait sérieusement ses armures et défenses mentales, compromettait d’évidence sa solidité émotionnelle, l’entrainant dans un inconcevable état d’ivresse jusqu’alors méconnu, aussi dangereux qu’extatique, aussi addictif que pernicieux, une périlleuse circonstance impétueusement enivrante, de par la nature profonde de sa perversion malicieuse. Et puisque la descendante des Craft avait assurément conscience de l’identité de celui devant lequel elle avait choisi de s’infléchir, moins par réflexe de survie que par désir, le maléfique vice n’en était que davantage consommé.

Encore la peur. Encore l’hésitation. Encore ce vomitif relent, ce mal-être virulent qui la renvoyait fatalement à ses propres faiblesses, limites exigües qui condamnaient son destin à une insupportable banalité monstrueuse. Elle voulait tellement plus de pouvoir, infiniment plus de largesses d’horizons, davantage de capacités physiques, magiques, mentales, plus de libertés, de possibilités, plus de tout... Plus. Insatiablement. Et là, au crucial détour de sa vie, au fatidique tournant critique de son futur, à l’instant précis qui l’anéantirait peut-être dans la douleur d’un sortilège Impardonnable ou qui la sauverait de la torpeur d’une existence sans intensité, Pénombre s’écœurait de ressentir la morsure paralysante de l’hésitation, de la terreur.

C’était pourtant comme si le Mal qui semblait habiter l’homme se révélait rage épidémique, une hypnotique chimère, contagieuse, une magnifique altération presque narcotique, dans laquelle il était inimaginable de ne pas se perdre. Elle se rendit furtivement compte de la réalité probable d’un avenir soudain envisageable où elle pourrait enfin s’accomplir de l’intérieur dans un plaisir démesuré et illimité, se dissoudre intégralement dans une neige sanglante aux méandres de cette impitoyable réalité, où Jugson serait alors en mesure de se repaitre de la consécration hurlante de son âme régentée.
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