Cours: Chiromancie (années 4 à 7)

Petit à petit, les élèves investissaient le grenier qui servait de salle de classe à Sibylle Trelawney, au septième étage. Le décor restait inchangé, très confortable : longues tentures occultant partiellement les fenêtres et donnant ainsi une lumière tamisée à la pièce ; de nombreux et épais coussins servant de sièges autour des tables basses ; quelques armoires contenant certainement le matériel didactique ; la chaise du professeur, ressemblant à un rocking chair, le balancement en moins.
Tout cela baignait dans un mélange d’odeurs diverses et variées : encens très certainement, parfum (celui du professeur ?) mais aussi une agréable odeur de thé à la menthe fraîchement infusé.

Trelawney elle-même restait fidèle à son image : foulard dans des cheveux en bataille, ses lunettes à triple foyer vissées sur le nez lui donnant un regard de hibou, enveloppée dans de nombreux châles de couleur pastel. Le ton de sa voix était haut perché, marqué d’inflexions soudaines selon l’interlocuteur ou les messages qu’elle pouvait recevoir de son troisième oeil…

Visiblement enchantée de reprendre les cours, le Professeur Trelawney accueillait les élèves à l’entrée de la classe, avec un petit mot de bienvenue pour chacun. Pour la plupart, elle les connaissait, les ayant déjà eu en cours précédemment.

Aah, je savais que vous seriez le premier en classe, bienvenue…

Attention à la dernière marche, vous allez la rater ! Heureusement que je vous ai prévenu, sans moi vous tombiez !

Entrez, installez-vous confortablement.

Mon pauvre, pauvre enfant, quelle tristesse, si vous saviez…

Une fois les élèves entrés, Sibylle alla s’asseoir sur sa grande chaise, l’air satisfait et espérant avoir fait son petit effet.

J’avais vu que vous seriez nombreux, mais votre nombre dépasse ce que j’espérais. Soyez les bienvenus à ce cours optionnel de divination ! Une petite tasse de thé ?

Et sans attendre la réponse des élèves, elle agita sa baguette. Des tasses remplies de thé fumant accompagnés de muffins volèrent gracieusement jusqu’aux tables basses et se posèrent devant chaque étudiant.

Je devine votre espoir, mais je suis au regret de vous décevoir. Le sujet d’aujourd’hui n’est pas la lecture dans les feuilles de thé, même si certains auraient bien besoin d’un cours de rattrapage. Non, le sujet, disais-je, est la chiromancie.

Trelawney avait prononcé ce dernier mot en se penchant vers ses élèves et en baissant le ton, comme si elle leur révélait un secret.

Qui peut me dire ce qu’est la chiromancie ? Allons, ne soyez pas timides. Je vous demanderai juste de lever la main avant de répondre, et de vous présenter si c’est la première fois que vous vous inscrivez à mon cours.

Si June avait choisi certaines options par réel intérêt, certaines autres, comme la Divination, n'étaient qu'un défouloir. Bien qu'assidue au travail, elle n'était tout de même pas chez les Bleus et Bronze. La jeune fille aimait l'arithmancie en ce qu'elle mettait son esprit à l'épreuve. La discipline de Trelawney ne rentrait pas dans ce champ. Non. La prof avec ses culs de bouteilles posés sur le nez l'amusait. June se plaisait à faire des pronostics pour savoir qui serait le prochain de ses camarades à qui la fantasque femme prédirait un funeste destin.

Elle même avait déjà eu droit à deux morts tragiques, une mutilation imminente, et, si sa mémoire était bonne, une malédiction quant à sa descendance lorsqu'elle était en troisième année. Tant qu'elle ne prédisait rien sur sa famille, June continuerait d'aller à ce cours le sourire aux lèvres. Elle aimait l'étrange sentiment qui la saisissait lorsqu'elle entrait dans le grenier enfumé de l'étrange professeur. Même si elle prenait l'enseignante pour moitié folle, il y avait toujours cette petit part d'incertitude, ce petit bout d'elle qui lui sussurait "et si, une fois sur un million, cette femme faisait une véritable prédiction ? Et si, par le plus grand des hasards, elle possédait vraiment un don bien caché ? ". June aimait ce petit frisson. Il y avait toujours une infime possibilité pour que "quelque chose" se passe. Et cela lui plaisait.

Une fois de plus, cet étrange sentiment se manifestait dès son arrivée en cours. Trelawney venait de la mettre en garde quant à la dernière marche -la plus traître, car plus petite que les autres- et June avait relevé le pied juste à temps pour ne pas s'étaler. Elle avait regardé la femme aux châles avec un regard mi amusé mi incrédule, et avait remercié son professeur avant d'aller s'installer dans le grenier. Simple hasard ? Chance ? Coïncidence ? Bon endroit bon moment ? C'était typiquement ce genre de petits évènements qu'affectionnait la Poufsouffle avec Trelawnay.

L'enseignante ne s'embarrassa pas de grands discours et fit rapidement apparaître une tasse de thé devant chacun des élèves. June sourit. Elle n'avait pas très faim, mais les muffins, il fallait avouer que cela accompagnait divinement bien le thé, et après tout, impossible de refuser l'opportunité de grignoter en cours, non ?

Contrairement à ce que cette entrée en matière aurait pu laisser supposer, le sujet du cours n'était pas la thédomancie, qu'ils avaient étudié dans leurs premières années. Trelawney leur révélant avec une emphase toute théâtrale que le cours du jour traiterait de Chiromancie, avant d'en demander la définition. La blonde leva la main et tenta une réponse.

- Si je ne me trompe pas, il s'agit de... d'étudier le caractère et la personnalité d'une personne d'après les lignes de sa ou ses mains... Enfin, il me semble.

June n'était vraiment pas passionnée par cette discipline qu'elle jugeait frivole, mais il lui semblait que sa définition était à peu près correcte.

[Oulà, c'est très médiocre, toutes mes excuses.... ]

En ce superbe début de semaine, ensoleillée et calme, Pénombre traversait sans hâte la pelouse généreuse qui ceignait l’épaisse muraille ouest du Château, afin de franchir la cour intérieure de la Citadelle et de se rendre à son ultime cours de la matinée, un enseignement optionnel de Divination. La Septième année s’était en effet, accordé un bref mais salvateur instant de répit, après l’achèvement du cours de Potion en sous-sol et elle avait paisiblement parcouru les environs déserts du Donjon avant de reprendre silencieusement le chemin qui menait, sans détours, à l’immense tourelle où se tiendraient ses leçons suivantes. Lundi était assurément survenu avec plus de promptitude que prévu et les beaux jours, précoces cadeaux du printemps, promettaient déjà, dans quelques heures seulement, la perspective d’une délicieuse pause déjeuner en extérieur. En attendant, Pénombre se rendit dans la tour affectée à cette seule matière, hâtant le pas dans les interminables escaliers abrupts qui colimaçonnaient autour du pilier central de la tour puis gravit, sans attendre, les dernières marches en marbre clair qui conduisaient à son sommet.

Sans grande surprise, elle retrouva cette si familière échelle d'argent qui n'avait pas été dépossédée de sa place au fil des années, ni même d'aspect et qui invitait de cette même façon peu avenante, les élèves à pénétrer un sanctuaire bien particulier où l'air était plus infiniment oppressant qu'ailleurs et la lumière constamment fuyante. La jeune femme passa l'encadrure horizontale de la trappe d'entrée et balaya machinalement la salle du regard, ne tardant pas à apercevoir, se détachant par transparence à travers l’éthérée consistance des mousselines fluides qui annonçaient l’évasement de la salle de classe, la silhouette féminine de leur Professeur qui s’agitait doucement de l’autre côté des voiles. Une myriade confuse de vagues souvenirs l’envahirent alors avec langueur, des réminiscences dans lesquelles l’adolescence se revoyait suivre ses tout premiers cours d’élucidation du futur sous ces arcades de fins tissus chatoyants, lui revinrent alors progressivement en mémoire avec la naïveté enfantine qui les avait à l’époque, perçues et crées. Et comme un soyeux mirage prenant lentement forme sous la baisse des températures inhérente à l’altitude des lieux, son esprit momentanément égaré par les denses effluves encensées de la pièce, restaurait l’illusion de cette jeune Serpentarde qu’elle avait été, Reptile assidue et agitée, assistant avec impatience à de longues et enrichissantes séances de travaux pratiques, de manipulation précaires et douteuses couplées à d’amusantes conjonctures qu’elle et ses camarades s’amusaient si souvent à exécuter, dans le temps, sous la tutelle agacée du Professeur Trelawney.

Il y avait deux ans exactement que Pénombre n’avait foulé l’endroit de sa présence et pourtant, le temps n’avait pas semblé avoir eu de ferme prise sur le douillet endroit tandis que de très nombreux détails restaient parfaitement similaires aux reflets conservés par la mémoire de la descendante des Craft. Une image vive et colorée qui aurait aisément pu se superposer à celle plus jaunie et entamée de ses souvenirs…

Ayant progressé à l’intérieur de ce qui servait de salle de classe sans réellement s’en rendre compte, la Serpentarde reprit rapidement ses esprits, encore légèrement égarés dans l’incertaine transition temporelle et salua d’une vivacité, le professeur présent avant de pénétrer plus franchement le ventre de la mansarde. Il n'y avait pas grand monde en son sein restreint mais l'atmosphère était déjà très lourdement chargée en diverses odeurs plus ou moins agressives tandis que la fumée des encens consumés en était presque palpable, formant de légers sillons dans la trajectoire des élèves qui s’installaient sur les cousins et divans présents. Pourtant, Pénombre ne put s'empêcher de remarquer la familiarité d’un visage diaphane dans un coin, des traits doux et gracieux qui l’incitèrent à se souvenir de l’espiègle jeune disciple de Poufsouffle qui l’avait reprise en Histoire de la Magie et du furtif clin d’œil que cette dernière lui avait adressé avant de corriger la réponse orale que la Serpentarde de septième année avait proposée à leur professeur attentif. La Ténébreuse ne connaissait pas son nom ni même son prénom, absolument rien sur l’identité de la jeune sorcière qui lui faisait face et cela malgré les différents enseignements que les deux sorcières suivaient ensemble. Cet invraisemblable fait ne put que la piquer dans sa curiosité, aussi, éternelle joueuse et d’humeur étonnamment satisfaite en cette amorce de semaine, le Blason Vert et Argent s’avança d’un pas félin sur sa gauche, prenant lentement place auprès de la cinquième année, lorsqu’elle lui glissa la malice d’un sourire, s’adressant d’un murmure à la Poufsouffle :

« Je crois que nous avons certaines choses à nous dire. »

Dans la plus énigmatique des formulations, sa susurration coula tel un sifflement reptilien dont le caractère taquin était des plus évidents. Puis, l’héritière des Craft entreprit de sortir avec délicatesse, ses affaires d’études laissant son regard agressif de clarté s’accrocher sur les petites tasses odorantes et familières qui s’exposaient clairement sur le large bureau de l’enseignant lorsque celui-ci prit enfin la parole, achevant son monologue par une question ouverte sur la définition de la Chiromancie.

« Nous pourrions ajouter que Les principales lignes de la main sont les lignes de chance, de cœur, de tête, de destin et de vie. Mais il y a aussi des lignes secondaires qui sont la ligne de Mercure, la ceinture de Vénus, les facettes de Vénus, la ligne d'Apollon, la ligne de Saturne et les lignes d'attachement. »

La divination, voilà une matière qu'elle était rigolote ! Lire l'avenir, jouer avec des cartes, triturer des feuilles de thé, bidouiller dans des boules de cristal, ça amusait extraordinairement Nils. Le rouge et or trouvait que ce genre de cours constituait une alternative avantageuse à tous ceux dans lesquels on leur demandait principalement de remuer leur baguette en marmonnant des paroles incompréhensibles. Non pas qu'il eut une aversion particulière pour les cours de sortilèges ou de métamorphose, au contraire, mais une fois de temps en temps, ça ne faisait pas de mal de se débrancher un peu le cerveau et de se contenter de fantasmer sur un avenir hypothétique qui n'avait de toute façon que très peu de chance d'arriver, et dont la seul raison d'être était d'amuser suffisamment la professeur pour qu'elle lui mette une bonne note. Parce qu'il ne fallait pas rêver plus que ça, après près de trois ans d'études de la divination en compagnie de la vieille Trelawney, Nils avait abandonné ses premières illusions : le binoclarde était une grande mystificatrice, doublée d'une fieffée menteuse, mais le blond ne pouvait s'empêcher de la trouver marrante. En fait, le petit côté masochiste qui semblait exister chez chacun des enfants Sullivan s'exprimait chez lui par un plaisir non dissimulé à s'entendre prédire un nouvel avenir chaque semaine, toujours plus funeste et douloureux que le précédent. Trelawney s'étant révélée très douée pour cet exercice, Nils avait toujours ce petit plaisir en début de cours.

Certes, ça n'était pas pour cette raison peu avouable que deux ans et demi auparavant, le gryffondor s'était inscrit dans ce cours. En fait, au sein de la famille Sullivan, et plus encore chez certaines de leurs fréquentations, lire l'avenir des uns et des autres était une sorte de sport national. Parfois par des moyens magiques, plus souvent selon les croyances moldues. Nils ne comptait plus le nombre de fois où des amis de son père adoptif lui avaient prédit une glorieuse carrière au ministère, ou l'avaient averti qu'il risquait de passer la baguette à gauche avant la fin de ses études. Et tout cela l'amusait, indiscutablement. Tant et si bien qu'à la fin de sa deuxième année, au moment de choisir ses options, le choix de la divination lui avait semblé incontournable. Après tout, on était aussi là pour s'amuser, et même s'il ne comptait absolument pas construire sa carrière future autour de cette passion pour les limbes de l'avenir, les quelques heures qu'il passait chaque semaine dans le grenier surchargé et surchauffé de Trelawney n'étaient pas des plus désagréables. C'était toujours plus facile à vivre qu'une heure de déblatération « binnsienne », au hasard.

C'est donc d'un pas léger qu'il s'était dirigé vers la haute tour dans laquelle se déroulait le cours, en provenance directe depuis la salle commune de Gryffondor. C'était en effet, le premier cours de la journée pour les cinquième année, bien que le soleil soit déjà haut et qu'on approchât de la fin de la matinée. Nils avait donc pu profiter d'une petite grasse matinée, comme il commençait à en prendre l'habitude puisque c'était le cas une fois par semaine. Bien évidemment, cela accroissait encore la motivation du blond à suivre ce cours, car rien ne valait une bonne nuit de sommeil pour se mettre d'aplomb pour un bon vieux cours de chiromancie. Il lui semblait bien que la semaine précédente, Trelawney les avait avertis que cette séance porterait sur les lignes de la main. Ou plus exactement, « j'ai eu dans ma boule de cristal la vision que je me devais de vous faire étudier l'art subtil et parfois ingrat de la chiromancie... je crois donc que je n'aurai pas le choix quant au thème de la prochaine séance... et s'il vous plaît, M. Sullivan, rendez donc ce Rapeltout à votre voisin ». C'était d'ailleurs là le seul défaut que trouvait Nils à sa prof de divination : bien qu'elle n'eût certainement pas de troisième œil, elle semblait avoir le regard aiguisé pour repérer chacun de ses petits larcins cleptomanes. Tant et si bien qu'il avait du renoncer à pratiquer son loisir numéro un pendant son cours, ou tout du moins se limiter.

Une fois arrivé dans la tour de divination, le rouge et or fut quelque peu déçu de constater qu'il n'était que le troisième arrivé, alors que le cours devait démarrer incessamment. Il était vrai que les deuxième cycle étaient rarement passionnés par la divination, à raison, mais il aurait tout de même espéré qu'ils seraient un peu plus nombreux. A fortiori parce que travailler en effectif si restreint risquait de le contraindre à une certaine proximité avec quelqu'un que ce jour-là, il n'avait pas envie d'embêter, et donc pas envie de voir : Pénombre Craft. Les deux jeunes gens avaient déjà passé le cours d'Histoire de la magie l'un à côté de l'autre, et bien que le blond ait à l'époque sciemment décidé que cela se passerait ainsi et qu'il en avait profité pour taper sur le système de la Serpentard, là il n'était pas d'humeur. La brune n'était en effet pas la première venue, et faire le choix de partager un cours avec elle signifiait passer une heure à échanger des sarcasmes, exercice fatiguant auquel Nils n'avait pas envie de livrer pendant le cours qui était censé être son moment de détente, voire de plaisir.

Sans autre forme de procès, il passa donc devant la table à laquelle étaient assises les deux jeunes filles sans leur adresser un regard. Dommage, il n'avait rien de particulier contre la Poufsouffle, qui n'avait rien fait d'autre que d'avoir une voisine peu engageante, mais Nils aurait eu du mal à lui adresser un salut sans au passage envoyer une vilaine grimace à Pénombre. Il ne détourna donc pas les yeux vers elles et alla s'asseoir à la table suivante, s'enfonçant dans un pouf sans personne pour lui tenir compagnie ou lui servir de partenaire en cas de TP. Après tout, si Trelawney leur demandait de lire dans les lignes d'un camarade, hé bien son œil droit lirait dans sa main gauche, et puis tant pis !

La première question de la professeur était en fait d'une simplicité biblique, puisqu'il ne s'agissait de rien d'autre que de définir le thème du cours. La Poufsouffle fut d'ailleurs extrêmement prompte à répondre, avec une exactitude remarquable, mais Pénombre ne put s'empêcher d'en rajouter une couche, déclamant une réponse qui, bien qu'exacte, n'avait rien à voir avec la question. Nils savait que la Serpentard accordait beaucoup d'importance à la Coupe des Quatre Maisons, et qu'une telle réponse supplémentaire pouvait lui valoir quelques points. Nils préféra toutefois ne pas en rajouter, bien qu'il n'en pensât pas moins, et sans même tourner les yeux vers les deux jeunes filles, il se plongea dans son parchemin pour y prendre note. Il n'était pas mono-maniaque, et ne comptait pas s'amuser avec Pénombre à chaque cours.

[moi par contre je peux être mono-maniaque, donc si tu veux l'embêter fait comme chez toi, it's up to you !]

Divination.
Pour Clarisse, cette matière rimait avec désolation, consternation, absurdisation du monde. C’était un mot que la jolie rousse avait inventé exprès pour la divination. Elle ne doutait pas que de rares élus soient capables de prédire l’avenir. Pour elle, ces quelques personnes devaient avoir des sortes de flashs, un peu comme des rêves sauf que la différence entre les rêves normaux et ceux de ces gens était qu’aucun des rêves de Clarisse ne se réalisait jamais tandis que les leurs étaient prémonitoires. Après tout, pourquoi certains ne pourraient-ils pas avoir une longueur d’avance sur les autres ? Le monde magique était tellement complexe … il y avait bien des métamorphomages, des centaures, des licornes, des phœnix, alors pourquoi pas des devins ?! Clarisse était bien placée pour le savoir, les personnes douées d’un pouvoir particulier ne le choisissent pas et ne peuvent pas non plus choisir de le transmettre ou non à leur descendance. Sa mère par exemple était métamorphomage et pourtant, personne dans la famille avant elle ne l’avait été et ni la Serdaigle ni son frère ou ses cousins n’avaient le même don. On ne pouvait pas expliquer ce phénomène et la quatrième année avait cessé depuis longtemps de chercher à comprendre pourquoi il en était ainsi.

En comparaison, Sibylle Trelawney faisait figure de vielle folle et de charlatan. Elle n’avait pas sa place ici à Poudlard, et à ce jour, Clarisse ne lui connaissait pas une seule prédiction valable. Non, pour elle, la divination ce n’était pas un art tel que la potion dont on pouvait se rendre maître mais un don qu’une élite de te la population magique possédait à savoir deux ou trois individus maximum par siècle. Et ceux là ne devaient pas avoir besoin de marc de café, de bouse de dragon ou de tripes de botruc pour avoir des visions.

C’est en traînant les pieds que la petite gravissait chaque semaine les escaliers menant au grenier poussiéreux qui servait de salle de classe à l’autre illuminée. La petite pièce était assez basse de plafond, comme tout bon grenier qui se respecte, remplie de poufs et de tables basses et d’une odeur… qui vous donnait sur le cœur. La quatrième année avait faillit tourner de l’œil lors de son premier cours de divination tant l’odeur, mélange de trop d’un parfum lourd, des différents mélanges de thé, et d’autres odeurs assez indescriptibles. Le tout formait un ensemble qui vous prenait à la gorge et vous donnait la sensation de suffoquer. Pour les plus chanceux ce n’était une qu’une impression, pour Clarisse c’était réel, un peu comme si elle son allergie à la bêtise s’étendait à son atmosphère. Elle avait écrit à Will tout de suite et la bonne dame en grand-mère responsable lui avait envoyé un foulard enchanté qui « bloquait » les odeurs néfastes diffusées par la vieille souche et laissait échapper à la place des senteurs plus fraîches. Le rêve. L’avantage surtout c’était que le foulard ne « fonctionnait » que pour celui ou celle qui le portait. Ainsi, personne ne pouvait se douter du subterfuge…

_Attention à la dernière marche, vous allez la rater ! Heureusement que je vous ai prévenu, sans moi vous tombiez !

* Pfff nan mais TG la vieille folle ! ça fait quatre ans minimum que tous les élèves de cette classe viennent jusqu’à ton vieux grenier pourri et jusqu’à maintenant je n’ai vu personne tomber en ratant la dernière marche… ce qu’elle peut m’énerver… et dire que ça va durer plus d’une heure…*

Le pire n’était peut être pas l’interprétation du marc de café ou des feuilles de thé mais que Trelawney y croyait vraiment. Au début, la bleue et bronze avait été septique et pensait que cette femme était suffisamment intelligente pour se rendre compte du ridicule de la situation mais au fil du temps elle avait du se rendre à l’évidence : la folle y croyait. Quand elle avait dit au garçon de faire attention à la dernière marche, elle avait été persuadée de lui sauver la vie. Le cas était grave et décidément incurable. La prof était folle et on ne pouvait plus rien pour elle, à part la laisser déblatérer ses inepties en faisant semblant d’écouter et de paraître intéressée.. Alors me direz-vous, qu’est-ce qu’elle faisait là la petite, alors que visiblement elle perdait son temps. La réponse est simple, ses parents s’ils partageaient plus ou moins son opinion au sujet de la matière avaient insisté pour qu’elle prenne cette option. La petite n’avait jamais compris pourquoi…

Elle s’installa sur un pouf vers le milieu de la classe et sortit ses affaires tandis que les autres élèves continuaient à arriver au compte-gouttes dans le grenier miteux. Ils ne seraient pas nombreux, le cours de divination en ennuyait plus d’un.
Quelques minutes plus tard, le cours commença. Clarisse qui avait commencé à s’endormir sur son coussin fut tirée de ses rêves par la question du professeur, mais, le temps de rassembler ses pensées, une jaune avait répondu, plus prompt que les autres. Clarisse n’en fut pas peinée, elle tacherait d’être plus rapide la fois suivante. Elle ne put cependant s’empêcher de remarquer qu’une Serpentarde donnait plus de précisions que nécessaire, répondant à côté de la question.
C’était la même fille qu’elle avait déjà repérée et qui non contente d’être une encyclopédie sur pattes ne pouvait s’empêcher de faire l’étalage de son savoir. Clarisse se demandait vraiment pourquoi elle n’avait pas été envoyée à Serdaigle, elle leur aurait été très utile… enfin tant pis, il fallait regarder la vérité en face : la coupe ne serait pas pour les bleus cette année…

Tout en écoutant attentivement les réponses de ses élèves, Sibylle sirotait sa tasse de thé fumant. Il n’y avait pas de raison que seuls ses élèves en profitent ! Elle était assez étonnée du nombre d’inscrits dans cette option, car en général son cours était déserté dès qu’il n’était plus obligatoire. Elle prenait donc soin de ses élèves et une petite attention comme celle la ne cloutait rien, et faisait plaisir.

Si je ne me trompe pas, il s'agit de... d'étudier le caractère et la personnalité d'une personne d'après les lignes de sa ou ses mains... Enfin, il me semble.

En voulant reposer sa tasse sur son guéridon, le professeur faillit le rater et renverser son précieux breuvage. Elle se rattrapa heureusement in extremis en bredouillant qu’elle avait vu en dernière seconde la chute de sa tasse, ce qui lui avait permis d’éviter la catastrophe. Evidemment, son subterfuge ne trompa personne…

Où en étions-nous ? Ah oui, la réponse de mademoiselle Galdwin. Votre réponse est correcte, quoiqu’incomplète, malheureusement.

La capitaine de quidditch de Serpentard et grande répendeuse de ragots via la Gazette de Poudlard donna ensuite sa version de la chiromancie. Trelawney se méfiait comme de la peste de cette jeune femme, car sa langue de vipère pouvait faire des dégâts. Mentez, il en restera toujours quelque chose… et le professeur ne souhaitait pas se retrouver en mauvaise posture dans ce journal lut par quasiment tous les élèves… et les professeurs.

Nous pourrions ajouter que Les principales lignes de la main sont les lignes de chance, de cœur, de tête, de destin et de vie. Mais il y a aussi des lignes secondaires qui sont la ligne de Mercure, la ceinture de Vénus, les facettes de Vénus, la ligne d'Apollon, la ligne de Saturne et les lignes d'attachement.

Sibylle regarda la Serpentard avec des yeux ronds, rendus encore plus ronds par ses lunettes à triple foyer. Elle se demandait si l’élève était douée, ou si elle avait préparé le cours avec le brillant ouvrage « Lever le voile du futur ». Dans tous les cas, la réponse complétait bien celle de June et était exacte.

Bien, bien, votre réponse vous rapporte également 4 points mademoiselle Craft. Effectivement, toutes les lignes que vous mentionnez existent.

Se tournant vers le tableau, Trelawney agita légèrement sa baguette, ce qui fit apparaître le schéma suivant :

Cours: Chiromancie (années 4 à 7) Chiromancie

Cours: Chiromancie (années 4 à 7) Chiromancie

Voici une main avec les principales lignes remarquables et observables. J’ajouterai quelques monts, qui sont également utiles pour ce que nous souhaitons en faire.
Cependant, vos observations sont incomplètes. La main, les mains et ce qu’on peut y lire peuvent en apprendre beaucoup sur la personne et son caractère. Mais est-ce tout ? Rappelez-vous dans quel cours vous vous trouvez…

Les débuts de semaine se devaient d’être plus attrayants et surtout moins fatigants pour les élèves. Cependant, ce commencement pour l’héritière Bodom l’avait déjà fortement ennuyé. La sombre demoiselle n’avait en effet plus l’habitude des cours et leurs contraintes. L’écoute, la concentration, le respect, l’autorité... Tant de qualités et de valeurs qui avaient totalement échappés à la Brune au regard océan depuis un moment. Mais la Serpentard allait se ressaisir rapidement, elle avait simplement besoin d’un petit temps d’adaptation, puis tout rentrerait dans l’ordre rapidement. Elle subirait l’atmosphère pesante de certains cours, comme celui qu’elle avait prochainement : Divination. La Vert et Argent n’était pas réellement emballée par l’apprentissage de cette manière, mais rien ne devait être mis de côté. Après tout, peut-être y trouverait-elle du bon. Il fallait au moins essayer.

Par ailleurs, le cours d’aujourd’hui était commun avec plusieurs années, cela pouvait se montrer enrichissant. De plus, Narcissa allait sûrement retrouver des individus qu’elle avait plus ou moins fréquentés les années passées, des élèves plus âgés.
Entre deux cours, elle n’avait pas vraiment le temps de retourner dans sa salle commune, ce qui était fort dommage. En effet, la cinquième année aurait apprécié se changer avant de se rendre au cours de Divination. Il y régnait une atmosphère lourde et la chaleur était étouffante. Pour une Vipère telle que l’était la jeune fille, ce n’était guère appréciable. Soit, elle prit simplement le temps de passer aux toilettes et retirer son long pull noir à col roulé. Elle le plia puis le rangea soigneusement dans son sac. La Serpentard arrangea sa tenue, elle était à présent en sous pull fin, toujours noir, auquel elle y ajouta sa robe de sorcière. Un uniforme basique mais indispensable. Bien qu’il ne fût pas tout à fait commun, il avait été fait sur mesure et le tissu était d’une qualité irréprochable. La Vipère aurait sans doute apprécié avoir davantage de distinctions. Mais dans une école renommée, la tenue appropriée devait être de mise, elle en était bien consciente.

Ainsi prête, la Brune sortit des toilettes et prit la direction de sa prochaine salle de cours, située dans les hauteurs de l’école, les marches à monter ne devaient pas effrayer les élèves.
Enfin arrivée à destination, la jeune fille entra d’une façon peu commune dans cette salle, par une trappe. De toute façon, rien était vraiment commun aux alentours, rien qu’à cette odeur de parfum bon marché et ces couleurs trop abondantes. Mais soit, il fallait dépasser le caractère sensoriel et tenter de trouver de l’intérêt pour ce cours. La spiritualité pouvait avoir de bons côtés, bien qu’il fallait jouer le jeu, ce qui n’était pas vraiment dans les habitudes de la Ténébreuse.
Elle reconnut tout de suite Pénombre Craft, comment oublié leur première rencontre dans les cachots de Poudlard. En effet, cet évènement passé était inoubliable par sa richesse en émotions et en actions. L’héritière Bodom n’eut guère de signes distinctifs ou familiers envers son aînée. Mais on sentait les différences marquées par le regard océan de la cinquième année, envers tel ou tel individu. La Vipère alla s’installer, prenant soin d’être suffisamment isolée pour pas qu’un imbécile ne la connaissant pas, la prenne pour une amie accessible. Sa camarade de maison était déjà entourée, puis de toute façon, elles trouveraient bien un autre moment pour discuter.

Le cours débutait donc, le professeur Trelawney fidèle à elle-même, recouverte par mille et un voiles stupides et inutiles... Narcissa n’avait point encore fait signes de présence dans ce cours, mais après tout, il fallait bien participer. Sinon, le temps passerait trop lentement et l’ennui la gagnerait trop rapidement. La Ténébreuse leva donc sa main si blanche et délicate, puis répondit d’un ton froid, qui lui était propre :

- « Mis à part le fait d’apprendre des faits sur la personnalité et le caractère d’un individu, je pense que nous pouvons lire sur les lignes de la main notre tempérament inné, notre évolution dans l’ensemble puis des signes révélateurs de notre destinée. Donc en somme, des éléments sur notre vie entière. »

Effectivement mademoiselle Bodom, les lignes de la main, la main en général décrivent la personne, son passé, ce qu’elle est, et aussi son futur. 4 points pour votre réponse. Bien, reprenons, sur base de ce schéma, les lignes les plus importantes.

Dodelinant de la tête en signe de grande concentration intérieure, Sibylle continua ses explications sur les lignes de la main en notant sur le tableau les éléments essentiels de son cours, afin que les élèves puissent les noter et les utiliser dans les exercices qui allaient suivre. Visiblement, elle avait passé beaucoup de temps sur la préparation de son cours.

0 La ligne de cœur : comme son nom l’indique, elle donne des informations sur la vie sentimentale. Bien marquée, elle indique un amour durable ; courte, un tempérament plus égoïste. Coupée en deux, un incident sentimental qui marquera ou a marqué, selon l’endroit de la cassure.

0 la ligne de tête : ligne la plus importante pour l’interprétation après la ligne de vie, elle donne des éléments sur les capacités mentales, l’intelligence. Bien marquée, le jugement est sain et logique ; sinon, l’esprit est désordonné. Droite, l’esprit est concret ; incurvée, l’esprit est intuitif, imaginatif.

0 la ligne de vie : la plus importante à lire correctement. Elle symbolise la vie, aussi bien la santé que le passé de la personne. Longue, elle est symbole de stabilité ; courte, le caractère est colérique. Elle peut être coupée en plusieurs parties, moments de la vie où la vigilance s’impose car un incident survient.

Avec ces éléments de base, vous pouvez déjà lire la trame de la vie de quelqu’un. Le reste, vous le trouverez dans votre manuel de cours, Levez le voile du futur.

Je souhaite maintenant que vous composiez des équipes de deux personnes pour le TP. Avant de vous donner le sujet de l’exercice, veuillez m’indiquer qui travaillera avec qui. Si vous êtes impair, l’un de vous travaillera avec moi.

Soudain, Sibylle se tourna vers l'entrée de la classe en disant,

tiens donc!

[Pardon pour le retard, Pépé notamment Embarassed

]

A peine la jeune blonde avait-elle installé ses affaires qu'une personne venait s'installer à sa table. Relevant le nez pour identifier le ou la nouvelle venue, June s'aperçut qu'il ne s'agissait pas moins que de la redoutée Pénombre Craft. Oups. Peut-être n'aurait-elle pas dû la reprendre en Histoire ? Enfin, elle n'y avait pas mis de mesquinerie, et elle espérait bien que son aînée le prendrait comme telle. Car si la Vipère pouvait s'enorgueillir d'une réputation qui la devançait, elle passait également pour être bien loin d'une idiote. Elle avait certainement perçu que la cinquième année ne l'avait pas corrigée par pure méchanceté. Et puis de toute façons, la Poufsouffle n'était pas une jeune fille agressive, c'était connu. Même si on pouvait la faire sortir de ses gonds, sa douceur n'était plus à prouver en règle générale.

Aussi la blonde salua-t-elle la nouvelle venue d'un sourire. Elle écarta ses affaires pour que Pénombre puisse prendre place correctement. Mais son sourire se figea brusquement lorsque la Ténébreuse lui glissa un petit mot innocent. "Certaines choses". Allons bon. Etait-elle rancunière ? June doutait que Pénombre eut envie de disserter en plein cours de divination sur la date exacte de création de l'éclair de feu. La blonde planta son regard dans celui de sa voisine. Que voulait-elle au juste. Discuter pacifiquement ou entamer une petite guerilla des mots ? La Bronze et Or n'eut pas le loisir d'entendre ce que la Vipère avait à lui dire, car le cours avait débuté, d'autres élèves les ayant rejoints.

Un peu perturbée par la phrase de Pénombre, la blonde n'avait pas repris la parole, attendant d'être fixée sur les intentions de la Verte et Argent pour dissiper son malaise.

Trelawney nota plusieurs indications au tableau, que la cinquième année recopia presque machinalement, et proposa de lancer un TP. Sans trop réfléchir, la jeune Galdwin se retourna vers sa voisine de table. Il lui paraissait logique de faire l'exercice avec elle, et puis, quel meilleur moyen pour pouvoir sonder ses intentions ?

- Hum. On fait le TD ensemble, Pénombre ?

Trelawney mit quelques temps à noter les réponses, comme si elle était occupée à voir avec son troisième œil. La pauvre Serdaigle avait vraiment l’impression de perdre son temps. Cette femme était une incapable finie et elle était persuadée que si Dumbledore la gardait ce n’était que par charité. Enfin, là n’était pas le problème. Le cours continuait et l’incompétente enseignante leur montra un schéma résumant ce qu’avaient dit les deux élèves avec néanmoins quelques informations complémentaires. La bleue et bronze se souvint vaguement de l’avoir déjà étudié mais si on le lui avait demandé, elle aurait bien été incapable de donner des précisions sur l’affaire. Un peu honteuse de ne pas avoir retenu ce cours, elle recopia rapidement le dessin avec quelques annotations un peu plus personnelles. Ensuite elle posa une nouvelle question et ce fut une seconde serpentarde qui se chargea de donner la réponse. C’était une fille un peu plus âgée que Clarisse, d’un an ou deux, la jeune fille ne savait pas bien. Elle lui faisait un peu peur, aussi évita-t-elle soigneusement de croiser son regard, on se jamais, des fois qu’elle morde à distance…

Trelawney accueillit avec enthousiasme la réponse de Melle Bodom puisque tel était son nom et Clarisse gribouilla sur son parchemin les nouvelles informations apportées. Et alors se produisit une chose tout à fait géniale : la prof eut l’incroyable bonne idée de lancer un TP. Ça c’était à peu près la seule bonne chose qui pouvait leur arriver en divination. Les élèves étaient toujours contents lorsque ça arrivait. C’était l’occasion rêvée de discuter sans se faire enlever des points, et puis aussi c’était une activité vraiment drôle. Des fois on vous prédisait de ces choses ! Incroyable !
C’était vraiment génial, mais à condition d’avoir un voisin, ou une voisine, ce qui n’était pas le cas de la rouquine. A l’annonce du TP, les élèves s’étaient tous empressés vers leurs camarades, et il ne restait presque personne de disponible. Comme il était à peu près hors de question que la quatrième année fasse l’exercice avec le professeur, plutôt mourir que de subir ça, elle se retourna et chercha des yeux quels élèves n’avaient pas encore de partenaire. Elle pria fort pour ne pas être la dernière, mais finalement, ses yeux tombèrent sur un gryfondor assit seul à sa table : Sullivan, qu’elle connaissait vaguement pour l’avoir croisé dans les couloirs et en cours mais à qui elle n’avait jamais vraiment parlé et la serpentarde de tantôt, celle qui faisait un peu peur.

Le choix fut assez vite fait. Elle n’aimait pas spécialement être victime des verts et argents et bien que cela n’arrivait que très rarement, mieux valait selon elle ne pas provoquer le destin. Timide, elle dût faire un effort de volonté colossale pour se lever et forcer ses pieds à se diriger à peine quelques mètres plus loin vers le rouge et or. Elle n’aimait pas tellement parler à d’autres élèves, mais puisqu’elle n’avait pas le choix…

_ Euh.. salut euh Sullivan c’est ça ? Je… je me demandais si tu voudrais bien faire le TP avec moi… enfin… si tu n’es pas déjà avec quelqu’un…

En attendant la réponse, ses mains se tortillèrent dans son dos, vous savez, comme celles d’un enfant lorsqu’il avoue ses bêtises à ses parents et qu’il sait qu’il va se faire gronder. Sauf que là, Clarisse n’avait rien fait de mal…
Ah timidité, quand tu nous tiens !

[hj] Désolée c'est assez minable. Nils, si tu ne souhaite pas faire le TP avec Clarisse, aucun soucis [/hj]

(HP Les binômes:

June - Pénombre

et moyennant acceptation du binôme:

Clarisse - Nils

Narcissa (si toujours là) - Sibylle

Merci de me confirmer votre présence avant que je ne continue :)

- Bien, nous avons donc Mademoiselle Galdwin et Mademoiselle Craft qui vont travailler ensemble.
Mademoiselle McBrien, je vous propose donc de travailler avec moi.

Voici le sujet du travail pratique de ce jour, il est simple: par binôme, vous allez chacune à votre tour lire dans les lignes de la main de votre partenaire, et retranscrire votre analyse avec les explications techniques afin que je puisse l'évaluer. Ce travail est noté sur 20, soyez brillantes!

Se tournant ensuite vers la Serdaigle qui avait la grande chance de travailler avec elle:

- Très bien, vous pouvez vous approcher et commencer.

Elle tendit sa main gauche vers Clarisse et, de la main droite, but une lampée de son thé amélioré.

[Désolée, manque d'inspi -_-]

En silence, Pénombre Craft observait la démarche souple de Nils Sullivan, repérant machinalement la position négligente et ballante de ses mains tout en songeant aux prétendues tendances cleptomanes du Gryffondor, qui avaient été, malheureusement pour lui, fréquemment exposées au grand public de la classe, par la clairvoyance du Professeur Trelawney. Ce qui n’avait d’ailleurs pas manqué d’étendre les rumeurs déjà véhiculées à son sujet dans les couloirs de l’école et de consolider, avec fatalité, sa virulente réputation de voleur compulsif. Si le jeune garçon s’était trouvé dépourvu de ses salvatrices capacités à s’attirer la sympathie béate de la masse nigaude de la Citadelle, il ne faisait nuls doutes pour la Septième année que les siens l’auraient déjà lapidé à l’abri des regards indiscrets car, effectivement, il n’était pas rare d’entendre quelqu’un déléguer sa propre maladresse ou ses étourderies personnelles, aux pitoyables tares de Nils Sullivan. L’espace d’un instant, la Ténébreuse se souvint délicieusement des vives réactions du garçon lorsqu’elle avait osé braver les règles implicites de leurs défis rhétoriques, argumentatifs et qu’elle avait franchi les frontières du contact physique. A ce moment là, le Lion lui était apparut tellement troublé, outragé, que l’unique fille de Sven Craft en avait éprouvé un plaisir décuplé par le profond désarroi, l’ignominie qui avait avalé son visage tout entier, englouti enfin ses airs triomphaux de confiance en lui que la Vert et Argent abhorrait vertement.

Un caresse aérienne dans son sillage, un déplacement discret et fluide détourna ses attentions du Cinquième année qui venait de se laisser lourdement tomber sur un des poufs de la pièce et la décence contrôlée des mouvements de sa cadette, son élégance naturelle, ne manquèrent pas d’attirer la vigilance de l’ancienne Championne des Serpentard. Les pâles iris intrigués de cette dernière se posèrent ainsi sur une silhouette féminine, gracile et familière tandis que l’infimité d’une salutation respectueuse s’esquissa avec égard et faveur vers la sombre demoiselle qui avait franchi les portes horizontales de la salle. De nouveau, la douce nostalgie de souvenirs anciens se régurgita dans son esprit étonné. Car si l’Anglaise avait connu Narcissa Bodom, il y avait plus de cinq ans de cela, au cours d’une excursion passionnante autant qu’improvisée, qui avait conduit les deux jeunes femmes dans la sinuosité secrète des entrailles du Château de Poudlard, il y avait aussi des années que les deux disciples de Salazar avaient perdu tout contact, ne s’étaient entretenues ou n’avaient communiqué ensemble. La revoir, là, à seulement quelques mètres de sa propre position sonnait étrangement dans son centre émotif, l’emplissait d’une sensation vive et contenue qui résonnait lointainement sur la partition hétérogène d'un passé accompli.

Mais une voix mélodieuse et conciliante troubla soudainement ses images anamorphosées de temps et le présent reprit alors tout ses droits sur le mental égaré de l’adolescente. Le limpide regard acéré de la Serpentarde se détourna doucement des considérations personnelles qui l’avait interpelé l’instant d’avant et sa concentration s’intensifia avec avidité, sur les traits avenants et doux de la Poufsouffle comme si ceux-ci s’était brusquement recouverts d’or. Aux attentions négligentes de Pénombre, June Galdwin semblait arborer, de façon troublante et agaçante, la plupart des stéréotypes de la population Poufsoufflienne. Les longues mèches dorées de la sorcière glissaient doucement sur la pâleur sage de son visage tandis qu’elle notait goulument les explications affichées au tableau par leur Professeur déjanté. D’une grâce banale et d’une beauté suintante de niaiseries, la jeune fille semblait manifester sans condition, une sympathie écœurante, sans saveurs, à quiconque désirait en profiter et paraissait profondément incapable de faire preuves de la moindre agressivité même si la légitimité lui en était offerte. La plupart du temps, Pénombre se contentait d’ignorer les méprisables éléments indignes de son intérêt comme l’était pour elle, la jeune Galdwin, mais depuis leur dernier cours commun d’Histoire de la Magie, durant lequel la blonde avait osé la reprendre devant toute l’assistance étudiante et professorale, la Ténébreuse avait bien été contrainte de retravailler les réflexions qui dégageaient June de tout potentiel de nuisances. Et si la malice qu’elle avait décelée dans le clin d’œil taquin de la Poufsouffle avait été la bravade ayant fatalement mis le chasseur sur la piste de sa victime, il était d’une évidence lucide que la Cinquième année n’était pas aussi stupide que la plupart du troupeau des Noir et Jaune. Pénombre avait donc décidé de l’approcher sournoisement afin d’affiner son jugement sur la personne, d’entrevoir la nature exacte, failles et forces de l’imprudente.

« Bien sûr, j’accepte de faire ce ‘ TP ’' avec toi, June »

Répondit-elle sans artifices, tout en accentuant sensiblement l’abréviation des travaux pratiques sur laquelle sa camarade de manipulation venait de commettre une petite étourderie. Et à présent que la Ténébreuse l’avait reprise à son tour sur l’exactitude de ses dires, Pénombre se sentit plus détendue et davantage en condition pour débuter sereinement la séance. Rien ne valait poser les bases d'une bonne relation avant de s'y lancer.

D’une concertation implicite, l’Anglaise s’empara doucement de la main gauche de June, enveloppant ses longs doigts arachnéens dans le dos de celle-ci afin de la maintenir, paume à son attention. D’un geste lointain et négligé, la Serpentarde attira également son manuel de cours ouvert, plus à proximité de son champ de vision et commença. Son premier effort s’accorda alors à identifier aussi clairement que soigneusement les trois lignes principales de la Chiromancie au creux de la main tiède, pré-citées et détaillées par l’enseignante l’instant d’avant, puis d’en apprécier la longueur autant que la profondeur en les parcourant une à une, du bout de ses interminables doigts froids. La peau de sa camarade semblait lisse et douce au toucher, comme tout ce qu’il émanait de la demoiselle et Pénombre s'attendait même à y respirer un quelconque parfum sucré... Mais il n'en fut rien. Sans réellement s’en rendre compte, l’inclinaison foncée de ses sourcils s’était lentement affaissée en avant, assombrissant son pâle regard de jade sous l’intensité de son implication, de ses soigneuses recherches visuelles, comme si la Septième année se préparait à y déceler un sombre secret, un obscur dessein.

La ligne de tête du Blason Jaune et Noir était assurément le tracé le plus affirmé, le plus rectiligne et le plus marqué de tous, à l’instar de la plupart des disciples de Rowena Serdaigle et le pli prenait également son point de départ de façon quasi-confondue avec celui de sa ligne de vie, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention alerte de la Reptile... Car Pénombre savait pertinemment que si son origine se trouvait être commune avec l’initiation de la ligne de vie, la sensibilité du sujet devait s’avérer grande, s’accompagnant bien souvent d’une souffrance due à la présence d'un complexe d'infériorité, mais elle devinait également qu’il lui en faudrait étudier la direction afin de pouvoir nuancer son jugement... Un instant la batteuse de Quidditch releva son pâle regard interrogateur sur son sujet d’études, gardant un silence rendu gênant par la fixation qu’elle s’entêtait à exercer sur sa camarade puis, finalement, la Serpentarde émit verbalement sa décision de débuter son exercice par la particularité notable de sa camarade :

« On dirait bien que ton motif manuel suggère bien davantage d’intelligence que je ne t’en aurais prêté, aux premiers abords. Je pense d’ailleurs entamer mon analyse par cette anomalie précise, ainsi nous serons vite fixées, June…»

Sa voix avait été aussi glaciale que piquante mais l’expression de son diaphane visage dépeignait davantage de malice et d’espièglerie alors que les charbons ardents d’un défi explicite grésillaient au cœur sombre de ses prunelles de jais. Les prémices exposées de son examen n’en était pas moins véridiques et sincères bien que la manière déplaisante de les communiquer à sa camarade de classe avait quelque chose de typiquement Serpentard. Mais autre chose capta l’attention de la sorcière dans le tracé direct de la ligne de tête de June : la pente faible du dessin démontrait un esprit pratique, organisé et méthodique tandis que sa longueur, si l’Animagus numérotait de 1 à 4 les secteurs délimités par chaque doigt, atteignait pleinement le secteur 3, ce qui indiquait une intelligence de qualité, quoique que non supérieure.

L’héritière des Craft devant s’assurer l’appui de son ouvrage de référence afin d’en obtenir davantage de certitudes, aussi invita-t-elle son index blême à se glisser lentement sur une page de son manuel de Divination, puis, atteignant son extrémité en longueur, en tourna nerveusement la feuille. De nouveau, la chair diaphane de son doigt descendit en ligne droite au milieu du papier noirci lorsque brusquement, cette dernière s’immobilisa juste au-dessous d'un petit astérisque de couleur. La Serpentarde sembla soudain s’être complètement figée dans le temps tant elle arquait sa concentration sur la lecture du paragraphe qui dominait à présent sa main dont la paume s’harnachait fermement sur la bordure d’ouvrage. Un sourire de triomphe remplaça bientôt la tension immobile de son visage puis, sans grande hâte, Pénombre plongea ses ombreuses prunelles de jais dans celles de la Poufsouffle :

« Mes excuses, erreur d’interprétation de ma part. En fait, il ne s’agit pas d’intelligence à l’état pur, j’en ai bien peur, mais d’un équilibre entre forte capacité de travail et dons de logique. Regarde, c’est écrit ici. Mais puisque ta ligne de tête s’achève par une bifurcation vers le haut, c'est que tu possèdes probablement un quelconque talent artistique ou littéraire. »

Cette fois-ci les accents étaient clairement impétueux et ses airs insidieux. Finalement, la Capitaine de Quidditch nota avec soin, les conclusions finales de ses travaux concernant la ligne de tête de son cobaye avant de reposer sa plume d'écriture et de reporter son attention à l’intérieur de la prise lâche. Se gardant la plus grande difficulté pour la fin dans le dessein de pouvoir s’échauffer l’esprit, Pénombre s’attela ensuite à l’examen de la ligne de cœur de son binôme.

S’étirant de la base de l'index jusque sous l'annulaire, le pli semblait si curieusement chaotique et si peu enfoncé dans les chairs, que la Rusée peina à en suivre le faible chemin, lequel écorchait graduellement ses certitudes préjugées vers des doutes plus mesurés. Se pouvait-il que la fille des Galdwin ne connaisse nul Grand Amour au cours de sa vie ? Nulle durabilité passionnée ou affection dépassant la simple amitié ? Ne fasse un magnifique mariage totalement débile où chacun exposerait savamment ses biens et possession pour finalement donner naissance à une portée d’enfants puants et braillards comme s'en destinait la majorité de ses camarades de maison ?

Décrivant la langueur d’une courbe, l'émotivité de June devait être très importante et sa faculté d'aimer généreuse, ce qui recoupait assurément les interprétations que la Serpentarde avaient déjà conclues concernant la personnalité de la Jaune et Noir en s’appuyant sur sa ligne de tête. Mais il lui semblait également qu’un avenir moins romantique ne lui soit, en vérité promis et que plus d’une déception sentimentale allait probablement abimer son pauvre petit cœur de Poufsouffle…

Enfin, la ligne de vie de June partait du bord de sa petite main, entre le pouce et l'index, contournait son mont Vénus pour se terminer enfin sur la courbe de son poignet comme une chaine de bijou et s’étirait, sauvage, longue et profonde dans sa paume, serpentant aussi délicatement qu’étrangement, en de petites arabesques aux faibles courbures, aux maigres amplitudes. Si les indications du Professeur Trelawney étaient exactes alors il n’y avait nul doute que la blonde vivrait certainement très longtemps et atteindrait également une stabilité solide, enviable, monotone… Comme pour sa ligne de tête, la ligne de vie de la sorcière, profondément marquée, était un bon signe de vitalité et des volontés qu'elle était capable de mettre en jeu afin de surmonter les difficultés d'ordre physique. Pourtant la Ténébreuse ne put s’empêcher de s’interroger sur la signification particulière des minuscules volutes qu’elle y décelait et l’ancienne Championne du Tournoi des quatre maisons eût beau chercher dans son manuel de cours, elle n’y découvrit pas la moindre réponse à ses interrogations.

D’un geste rapide, la descendante des Craft leva alors la main à la verticale, afin d’attirer l’attention de leur Professeur de Divination tandis que son binôme travaillait toujours de son côté :

"Madame, s'il vous plait."

Sur son parchemin de compte rendu, une fine écriture élégante et penchée décrivait les notes ci-dessous :

Citation :

Ligne de tête :

Caractéristique : Départ commun avec la ligne de vie, de longueur importante (atteint le secteur trois sous l’annulaire), droite, sans sinuosités, profonde et marquée, elle s’acheve sur une bifurcation vers le haut. Pente faible.

Interprétations : Sujet intelligent (intelligence de qualité mais non supérieure), possédant probablement un talent artistique ou littéraire, bon équilibre entre dons et capacités. Esprit pratique, organisé et méthodique. Grande sensibilité mais peut-être aussi un complexe d’infériorité ou une modestie accrue. (A vérifier)

Ligne de cœur :

Caractéristiques : Débute de la base de l’index et finit sous l’annulaire. Chaotique et peu enfoncée. Décrit une large courbe.

Interprétations : Grande sensibilité, faculté d’aimer généreuse mais prévisions de difficultés à fonder quelque chose de stable et de durable.

Ligne de vie :

Caractéristiques : Débute au bord de la main, entre le pouce et l'index, contourne le mont Vénus pour se terminer sur la courbe du poignet. Sauvage, longue et profonde dans sa paume, serpente délicatement en de petites arabesques aux faibles courbures, aux maigres amplitudes.

Interprétations : Durée de vie certainement très longue et stabilité future solide. Bonne vitalité, bon tonus, bon signe de volonté pour faire face aux problèmes d'ordres physiques.

Soudain la panique la saisit et Pissenlit s’emballa. Une énorme, je dis bien ENORMMME araignée bancale à 7 pattes se tenait face à elle dans le couloir désert qui menait tout droit dans la tour de divination. La bête sanguinaire était tellement poilue et bien nourrie qu’on l’aurait aisément confondue avec une tortue naine d’Australie du sud ! Imaginez la terreur velue ! Pissenlit était littéralement pétrifiée de terreur, le gigantesque animal lui opposait une ferme résistance immobile et la minuscule fillette n’osait bouger, de peur de déclencher la fureur tueuse de la chose. Oui, car Pissenlit savait très bien de quelle force disposait les sales bébétes de son espèce, comment, sournoise, elle s’élançait sur leurs proies pour leur boire le sang à la gorge, des araignées vampires ! C’était surement ça, c’était pour ça que tout les professeurs disaient qu’il fallait éviter de se retrouver seul dans les couloirs de l’école, c’était pas les mangemorts le danger. C’était CA ! Ce truc ignoble qui la regardait fixement à travers sa huitaine d’yeux luisants. Pissenlit se sentit défaillir. Mais ce n’était pas le moment de s’évanouir, non, elle allait quand même pas lui faciliter la tâche hein ? déjà qu’elle était super petite la blondinette, si en plus, elle commençait à se coucher par terre, c’était la fin des Chocogrenouilles quoi !

Oh, elle avait bien conscience de l’heure qui filait à lui donner le tournis, bien conscience qu’elle allait devoir expliquer à son professeur préféré pourquoi elle allait arriver au retard et ça , devant toute la classe, devant sa copine, June, mais tout au fond de sa conscience complètement submergée par le terrible dilemme, la blondinette se rassura quelques peu parce que finalement, Sybille, oui oui, Sybille, devait déjà savoir. La femme possédait le troisième œil le plus puissant de la galaxie inter-stellaire du monde entier alors elle saurait surement se montrer clémente avec la pauvre Poufsouffle courageuse qui avait osé tenir tête à une si abominable araignée bancale à sept pattes…

Pourtant, il allait bien falloir passer. Pissenlit était déjà super à la bourre alors il n’était pas question de faire le grand tour en contournant l’énooooorme chose velue par les cachots ou par l’extérieur. Arf, comment faire ? Et tandis que la fillette cherchait désespérément une solution à son problème, une idée lui vint, brillante dans sa petite tête toute blonde. Son goûter ! Par Merlin, si elle lui filait illico son goûter, elle arriverait peut-être à détourner l’attention de 4 de ses 7 yeux et elle pourrait espérer passer dans le couloir. Oui, c’était un plan tout à fait génial et elle se sourit à elle-même en se recoiffant soigneusement comme l’aurait fait James Bond avant de passer à l’action.

Une inspiration profonde, une expiration et le microbe blond dégaina lentement son sachet de BN à la fraise des bois sauvages de la poche de son pantalon, toujours très lentement pour ne pas déclencher la folie meurtrière de l’araignée. D’un geste assuré, la fleur déchira le papier coloré dans un bruit tout à fait catastrophique qui fit frémir la bestiole tapie par terre, puis, enfin, Pissenlit libéra à contre cœur, un des deux délicieux biscuits de son emballage. C'était dur mais les héros doivent toujours faire ce genre de choses pénibles pour sauver leur peau des périples qui les guettent méchamment, les histoires de Pôpa disaient toujours ça. Alors, triste, elle déposa un bisou déchirant sur son croustillant doré avant de le balancer à la créature affamée. Aussitôt fait, la sorcière s’élança dans le couloir en courant à en perdre haleine, folle de terreur à l’idée que le truc bancal ne la poursuive. Elle monta l’échelle si vite qu’elle manqua de se rétamer en arrivant en haut et la referma si violemment qu’elle en sursauta elle-même. Prise de panique, Pissenlit s’abaissa par terre et referma rapidement le cadenas. Cette fois, c’était fini, la créature des ténèbres ne buerait pas son sang. Rassurée, la fille de Silvius Grattopoil se tourna vers la madame avec le chat sur les cheveux et lui dit, complètement essoufflée par sa course effrénée :

« C’tait… un…Monstre… Vous avez…vu ?... Un… Monstre… »

Persuadée que Sybille comprendrait à quoi elle faisait allusion, les yeux tout ronds à l’évocation terrible.

L’entrée de la jeune Poufsouffle ne manquait pas d’originalité, ni de bruit. Echevelée et essoufflée, elle ne tenta même pas de reprendre haleine avant de proposer une excuse à son impardonnable retard.

« C’tait… un…Monstre… Vous avez…vu ?... Un… Monstre… »

Sibylle sembla hésiter une fraction de seconde sur la conduite à tenir et finalement, sembla opter (chose étonnante) pour la solution de facilité et de calme. Elle se leva de sa chaise et se rendit près de Pissenlit. Passant un bras autour de ses épaules, elle l’emmena calmement vers le centre de la classe pour l'installer près de la Serdaigle déjà présente.

- Allons, allons mademoiselle, vous n’avez pas rencontré le sinistros quand même, Poudlard est un endroit sécurisé où vous ne risquez rien. De plus, vous tombez bien, mademoiselle McBrien n’avait pas de partenaire pour lire dans les lignes de la main. Vous en profiterez pour lui demander un résumé du début du cours.

Sibylle se rassit, apparemment satisfaite de la façon dont elle avait géré la mini-crise et reprit sa tasse de thé dont le fumet était parfumé… probablement un thé aromatisé, cuvée Trelawney 1988, mise en bouteille au château…

- Ah j’oubliais, mademoiselle Grattopoil… votre arrivée tardive vous coutera 5 points, question d’être juste avec vos camarades.

La grande brune répondit rapidement qu'elle acceptait de travailler avec sa voisine, non sans la reprendre sur une étourderie de formulation. June sentit ses joues rosir légèrement, et elle gratifia son vis à vis d'un sourire sincère. Balle au centre, un partout. Si la Poufsouffle avait pu reprendre la Verte et Argent en histoire, il était de bonne guerre que la Vipère saisisse la moindre erreur de sa part pour la lui faire remarquer. Il n'était jamais très agréable de se faire reprendre de la sorte, mais June était bonne joueuse et estimait que Pénombre venait de démontrer avec subtilité qu'elle n'était pas en reste. La Serpentarde avait l'esprit vif, et June nota non sans appréhension que sa réputation de redoutable adversaire ne devait pas être usurpée. Quant à savoir si la Ténébreuse l'avait cataloguée dans la catégorie de ses opposants, c'était une autre affaire. June n'y accordait que peu d'importance au fond d'elle même. Elle se fichait d'être dans les bonnes ou mauvaises grâces de la Serpentarde. C'était une camarade de classe, et en l'occurrence, une partenaire de TP. Une relation neutre suffirait fort bien à la Poufsouffle. Mais une petite voix au fond d'elle lui sussurait tout de même que si elle devait être jugée en tant qu'adversaire de la septième année, il valait mieux pour elle qu'elle le sache. Enfin, il était à prévoir qu'elle le devinerait bien assez tôt.

La brune commença sans plus tarder le travail demandé par l'enseignante et attrapa avec une étonnante douceur la main de la blonde. June retint un tressaillement au contact de la peau fraîche et pâle de sa partenaire. C'était étrange, d'être si proche de l'une des élèves les plus craintes de l'école. Sans y réfléchir, la cinquième année regarda en même temps que son vis-à-vis le creux de sa paume et chercha tout comme elle du regard les fameuses lignes qu'elles allaient devoir décrypter. Pénombre semblait vraiment concentrée. L'étude débuta, et June attendit patiemment que son binôme tirât les premières conclusions. Mais celles-ci tardaient, et le silence qui s'instaurait entre les deux jeunes filles en devenait presque gênant. June se râcla la gorge, et dut faire un effort pour soutenir le regard de la vipère lorsque celle-ci la fixa avant de prendre la parole. De manière assez déplaisante, il fallait bien l'avouer. Mais June tenta de se contrôler. Les insultes voilées ne devaient pas l'affecter, et la lueur de provocation qui luisait dans les prunelles de Pénombre acheva de convaincre la jeune fille qu'il était inutile de réagir. La serpentarde la testait, voilà tout. Et June n'avait pas envie de tomber dans son piège, de s'offusquer pour une petite pique. On prêtait aux disciples d'Helga de la sagesse, et la fille des Galdwin en avait à revendre. Une autre, plus fougueuse, aurait pu monter sur ses grands chevaux, l'orgueil piqué à vif, mais June estimait que ce serait réagir exactement comme l'espérait la Verte et Argent. La cinquième année fit donc taire sa fierté blessée et laissa passer la remarque acerbe, attendant la suite.

Se replongeant dans son manuel, la serpentarde poursuivit son étude avec un tel sérieux que la blonde n'osa pas prendre la parole pour interrompre sa réflexion. Pourtant, avec un autre camarade, elle aurait certainement alimenté un peu la conversation, plaisantant sur le sujet du cours, mais avec Pénombre, c'était impossible. Elle attendit donc que la septième année daigne relever le nez, et lui assène une nouvelle gentillesse. Certes, tout n'était pas négatif dans la phrase de la Verte, mais la manière dont elle annonçait les faits, qu'ils fussent mélioratifs pour la petite poufsouffle ou pas, était relativement désagréable. June pinça les lèvres et ne prit pas la peine de regarder le paragraphe que lui désignait Pénombre dans le manuel.

- Je me fie à ton analyse... édifiante.

Les manières de la Serpentarde en apprenaient beaucoup plus à June que ce qu'elle aurait pu espérer. La cinquième année plaignait Pénombre. Elle semblait si aigre. Tout dans ses paroles et ses gestes contrôlés criait un fort contrôle de soi et un dédain perceptible. La vie devait être pénible, à s'imposer un comportement si calculé et à faire sentir en quelques mots un caractère froid et distant. Aucune liberté, aucune spontanéité, et pour la sincérité, ce devait être un réel effort. June aurait l'impression de vivre dans un infernal carcan. La Bronze et Or enveloppait la Serpentarde du regard tandis que celle-ci fixait avec intensité les circonvolutions de la paume de la blaireaute. Pauvre Pénombre. Elle était plus à plaindre qu'à craindre finalement. Enfin peut-être June apprendrait-elle à la craindre autant qu'à la plaindre, mais pour le moment, elle n'avait ni peur ni animosité envers la septième année.

Estimant que si elle voulait terminer son TP avant la fin de l'année scolaire, elle devrait commencer à s'y mettre, la jeune fille laissa Pénombre poursuivre ses recherches et, de la main droite, attrapa la main libre de son binôme, avec douceur.

- Je vais commencer pendant que tu termines, pour qu'on gagne un peu de temps...

La jeune fille attira à elle son manuel, tout comme l'avait fait Pénombre quelques instants auparavant, et se concentra sur la main blême de la brune. Contrairement à elle, June préféra commencer par chercher la ligne de vie. Après tout, n'était-ce pas celle qu'avait citée leur enseignante comme étant la plus importante ? La blonde ne tarda pas à la trouver, et essaya tout d'abord de la caractériser. Elle n'était pas experte en la matière, mais le dessin lui paraissait d'une longueur raisonnable. Plusieurs traits parallèle très serrés semblaient la composer, et elle était en outre assez marquée, plutôt colorée par rapport à la peau pâle de la septième année. La jeune Poufsouffle se reporta à son manuel pour essayer d'associer des interprétations aux constats qu'elle venait de faire.

- Hmm... Ton espérance de vie me semble des plus convenables mais... il semblerait que tu sois de nature euh... June hésita à reprendre mot pour mot les indications du texte, qui collaient pourtant si bien à Pénombre, robuste et violente... Dotée en plus d'un fort instinct de survie...

Le portrait d'un prédateur en somme. Et tout dans l'attitude de la Vipère trahissait cette similitude. June ne put s'empêcher de frémir. Et si la divination, ce n'était pas que du vent ? Cette ébauche d'analyse lui semblait convenir parfaitement à son vis à vis, et cela créait un indicible malaise chez elle. Pas facile après tout, de découvrir peut-être des choses intimes et personnelles sur son binôme. June avait l'impression de pénétrer dans l'intimité de Pénombre, et ce qu'elle y découvrait ne lui plaisait pas vraiment. Elle poursuivit néanmoins son travail, passant à la ligne de cœur [HJ : pour cette partie, je connais assez mal ton perso, n'hésite pas si je me trompe... Et puis June peut aussi très bien se planter, la divination n'est pas particulièrement sa tasse de thé (je sors oui)]

A nouveau, elle identifia rapidement l'objet de son étude, et reprit le même mode opératoire. Cette fois, le dessin était large et rouge, et la longueur de la ligne était notable. Après avoir reporté son regard sur son livre, June rougit légèrement et préféra cette fois ne pas faire part à son binôme de ses conclusions. Encore une fois, l'exercice lui paraissait un peu trop intrusif, mais elle nota néanmoins les conclusions de son observation sur son parchemin, et jeta un petit coup d'œil à Pénombre. Beaucoup d'intensité à prévoir dans ses relation amoureuses. Mais malheureusement dans tous les sens du terme. De la fougue, de la passion, un déchainement de sentiments... Mais peut-être en excès, promettant à la Serpentarde une vie amoureuse tumultueuse mais passablement compliquée et douloureuse.

Pressée de passer à autre chose, la cinquième année se pencha donc sur l'étude de la dernière ligne, celle de tête, qui promettait des conclusions intéressantes au vu du sujet d'étude. La ligne était longue et droite, assez espacée du pouce, et retombait vers le bas. Ainsi donc, June ne s'était pas trompée. La Vipère était diablement intelligente, méthodique et possédait une volonté très forte doublée d'une forte confiance en elle-même... Définitivement, toutes ses conclusions collaient avec l'idée de prédateur...

- Ta ligne de tête est pas mal éloignée de ton pouce... C'est la ligne de l'écrivain, il semblerait que tu n'aies pas usurpé ton poste à la gazette, fit June avec un clin d'oeil.

Tandis que June notait ses dernières conclusions, Pénombre demandait l'aide de Trelawney, et une arrivée imprévue perturba la suite des évènements. Enfin ! Pissenlit arrivait ! June lança un regard étonné à sa compagne de dortoir... Que racontait-elle donc ? Un monstre ? Et pourquoi était-elle si en retard ? La femme aux châles sermonna gentiment la petite poufsouffle mais retira quelques points au sablier d'Helga. c'était justifié, certes, mais ils n'avaient vraiment as besoin de cela. June fit la moue et espéra que la participation de Pipi compenserait son retard.

« Mais mâââââdammme, me punissezz pâââââs, si vous pliiiii ! »

Chougna aussitôt la pauvre petite Pissenlit,de chaudes larmes lui montant aux yeux alors qu’elle repensait à la terrible épreuve vécue dans les couloirs. sa lèvre inférieure tremblait sous l'émotion.

« S’pas d’ma fautteeeuuuhhh ! C'est injusteuuuhhhh !»

Se mit-elle carrément à pleurer. Ben oui, Pissenlit avait une sainte trouille carrément bleue des araignées, la nuit, elle en faisait de si terribles cauchemars qu’elle réveillait souvent ses pauvres camarades de dortoirs en hurlant à la mort qu’elle ne voulait pas qu’on la donne en pâture à une armada d’araignées sanguinaires. Et pire que tout, pire que sa terreur maladive et incurable de ces saletés de bestioles à moult pattes velues et aux yeux luisants de malheurs, Pissenlit était profondément chagrinée de faire perdre des points à sa petite maison adorée alors qu’elle n’avait rien fait pour mériter une si terrible sanction de rencontrer par un hasard terrible, une bête énoooorme dans les couloirs. Elle s’était levée à l’heure, s’était brossée les cheveux et s’était même lavée les dents avant de venir en cours, la totale pour rayonner devant son professeur préféré. Mais là, déboires totales car elle venait de se voir retirer des tas de points devant toute la classe et sa Junette qu’elle adorait encore plus que sa collection secrète de peluches en forme de souris dissimulée sous son lit.

Elle pleurait toute choquée qu’elle était d’avoir rencontré la mort sur son chemin, et même si elle lui avait échappé grâce à la ruse de son esprit super malin et grâce surtout à son gouter à la fraise des bois et ben le traumatisme de cette rencontre était bien trop lourd à supporter pour en plus vivre avec la tragédie de perdre des points.

Aussi, Pissenlit pleurait bêtement, complètement figée sur place par le terrible verdict de la madame avec le chat sur la tête.

« Ouinn, snif, snif… ;Ouinnnn… Snifffff »

Et même le nom de sa super coupinette de Serdaigle, Clarisse, n’arrivait à calmer son chagrin. Bon d’accord, c’était quand même pas le Sinistros dans toute sa splendeur et heureusement, notre mauvaise herbe serait morte sous le coup de la vision, probablement. Mais quand même, c’était un coup super dur pour son petit cœur de Black and Yellow super heureux de vivre. Alors, Pissenlit, au comble du chagrin, se jeta souadin dans les bras de la professeur incrédule en pleurant de plus belle :

« J’failli mûûûuriiirrr !! »

[hj] Pour me tenir à jour quand même et pasque sinan Sybille va m'en vouloir pour de vrai... Razz

Désolée encore pour le retard...[hj]

_ ça aurait été avec plaisir mais j’ai déjà un binôme, désolé…

Echec critique.

Le sourire contrit du garçon n’effaça pas le sentiment de gène de Clarisse. Elle s’était levée et avait fait preuve d’un courage immense juste pour lui demander d’être son partenaire de TP et tout ça pour quoi ? Pour rien du tout, des clopinettes ! Il pouvait être désolé Sullivan parce qu’en lui répondant par la négative, il la condamnait à faire équipe avec Trelawney elle-même, précisément ce à quoi Clarisse avait espéré échapper. Quand on a pas de chance, on en a vraiment pas ! Inutile de lutter contre le destin, elle était maudite, voilà tout. Piteuse, elle lança un regard de désespérée au rouge et or avant de tourner les talons. Elle devait être pire que maudite, c’était pas possible autrement. N’aurait-elle dons pas une seule fois dans sa vie droit à sa chance ? La pauvre fille sentait déjà les effluves démoniaques qui émanaient de Sybille la prendre à la gorge pour chercher à l’étouffer et à la faire mourir. Si elle survivait à cette expérience, promis, elle se mettrait à étudier sérieusement la divination et elle serait sage et elle s’occuperait bien de son trognon petit frère et même qu’elle ferait un effort pour être sympa.

Elle promit mentalement.

Bon en cas contraire, elle détesterait cette matière à vie, et l’abandonnerait sans regret et même qu’elle détesterait tout le monde d’abord et qu’elle ferait payer ça à Sullivan et même qu’il le payerait très cher parce qu’elle deviendrait méga méchante et qu’elle y pèterait laggle à tous ! Ouais tout ça en même temps et même qu’elle deviendrait une rebelle elle aussi, elle enverrait enfin promener ceux qui lui tapent sur le système et …euh… bah c’est déjà pas mal comme programme moi je trouve !

Petit sourire sadique et furtif.

Ce programme aussi lui plaisait bien. Parfois elle en avait un peu marre mais depuis toujours elle avait prit l’habitude de se réfugier dans ses rêves plutôt que de combattre la réalité. Sullivan lui donnait peut être l’occasion de changer ça, sans le savoir. Aller, dans sa grande gentillesse, elle l’épargnerait peut être….ou pas !

Traînant les pieds, Clarisse retourna à son bureau, ou plus exactement à son pouf. Oui parce qu’avant de mettre à l’œuvre tous ces projets diaboliquement diaboliques, il fallait qu’elle affronte l’odeur de la vieille folle et ça mes amis, c’était pas du gâteau. Pas sûr que son foulard spécial anti-Trelawney n’y suffise. Elle était prête mentalement, ne manquait que la prof. La petite se réinstalla de son mieux et ouvrit son manuel à la bonne page histoire de ne pas être trop à côté de la plaque. Un parchemin était prêt avec à portée de main une plume et de l’encre, au cas ou la vieille chouette lui demande de rédiger un compte rendu. Peu probable mais avec elle, il fallait s’attendre à tout. Elle en question passa dans les rangs, histoire de voir si personne n’avait besoin d’elle… genre elle avait déjà été utile à des gens une fois dans sa vie… avant de revenir vers Clarisse pour que la Serdaigle puisse faire son exercice. Pendant ses derniers pas, la bleue et bronze se demanda s’il n’était vraiment pas possible que totalement par hasard, la vieille chouette se prenne les pieds dans quelque chose _ genre une bretelle de sac qui dépasse_ qu’elle en tombe et se blesse superficiellement. Comme ça, plus besoin de faire ce fichu TP avec elle et hop Clarisse serait sauvée. Y’a vraiment pas moyen ?! Nan ?! z’êtes sûrs ?!…

La vielle chouette ne manqua pas de prendre une tasse de thé avant de rejoindre la Serdaigle, lui donnant un délai supplémentaire, puis vint s’asseoir à côté d’elle. L’odeur était vraiment … comment dire… horrible ? Etouffante ? Suffocante ? Et la quatrième année avait du mal à regarder Sybille sans tousser. Cette dernière lui tendit tranquillement sa main, paume en l’air sans visiblement se douter de quoi que ce soit. Faudrait quand même que quelqu’un pense à lui dire un jour que c’est pas vivable une odeur pareille. Ses vêtements étaient trop imprégnés d’encens et de thé à on ne sait quel parfum pour que les elfes de maison puissent les ravoir. La rousse, résignée, se pencha au-dessus de la main, bien décidée à en découdre le plus rapidement possible. Le problème c’est que Trelawney n’avait pas marqué à l’encre ce qu’elle était censée trouver et donc la petite eut bien du mal rien qu’à repérer les différentes lignes dont ils avaient parlé au début du cours.

Elle se concentra, se mordant la lèvre inférieure, les yeux plissé et les sourcils haussés. Pas facile !

Alors qu’elle tenait le bout du début d’une idée et qu’elle se penchait sur son bouquin pour être certaine de ne pas dire de bêtise, un truc non identifié fit irruption dans le grenier miteux en beuglant à toute voix qu’elle avait vu un monstre. Un monstre ? Nan mais vraiment elle avait pas beaucoup d’imagination celle-là parce qu’à Poudlard à part Trelawney elle-même, y’avait pas de monstre ! Et aucune chance pour que la prof gobe un truc pareil. Elle était un peu, en fait beaucoup, à côté de la plaque mais quand même, il ne s’agissait pas d’une idiote profonde. Poudlard étant un lieu sûr, elle n’y croirait pas… si encore la pouffy avait invoqué la forêt interdite ou.. je ne sais pas moi le calamar géant qui hante le lac ou… la cabane hurlante enfin n’importe quoi qui fut un tantinet plus plausible, ça aurait put fonctionner… mais là… Clarisse aurait parié que Sybille qui rappelons-le a un troisième œil n’allait pas adhérer aussi facilement. Parce qu’en plus cela signifierait que le fameux troisième œil aurait été totalement inactif et inutile. Autrement dit : la Poufsouffle était en mauvaise posture.

L’enseignante se leva calmement, assura gentiment à la jeune et noire qu’il n’y avait rien à craindre et lui assigna… Clarisse comme partenaire de TP ! Ce petit bout de fille était moins pire que la prof elle-même mais quand même ! C’était une Poufsouffle quoi ! Maudite soit la vie et ses rebondissements ! Bon au moins c’était une fille à qui elle avait peu parlé dans sa vie, peut être quelques bonjour/bonsoir à l’occasion et encore, ce n’était même pas sur. Elle était plus petite que la maigrichonne mais beaucoup plus voyante : impossible de rater ce petit gnome sautillant et toujours plein de bonne humeur à croire que quelqu’un avait remplacé son sang par de la bonne humeur. Quelle farce ! Un truc comme ça, ça n’aurait jamais du exister, d’autant que ça avait un nom à coucher dehors…que la pauvre Serdaigle n’avait jamais capté en entier. Bref il faudrait bien qu’elle fasse avec, ou plutôt sans…

Alors que notre Ecossaise s’apprêtait à accueillir la nouvelle venue comme il se doit, c’est à dire pousser ses affaires pour lui faire de la place, cette dernière se mit à pleurer, elle éclata littéralement en sanglots. Clarisse fut un peu surprise par une réaction aussi violente et remit en cause son premier jugement. Après tout, pourquoi n’aurait-elle pas vraiment eut la trouille de sa vie ?! Elle se demanda aussi s’il ne convenait pas qu’elle fasse quelque chose pour la pauvre malheureuse, du style lui prodiguer des paroles rassurantes ou un truc comme ça. Enfin le genre de choses que font les gens normaux dans des circonstances semblables mais avant que cette idée géniale ne finisse de lui traverser l’esprit, la blonde sauta dans les bras de Tralawney, laissant tout le monde pantois.

Alors là, c’était une grande première : c’était bien la première fois qu’une élève se jetait dans les bras de Sibylle, et en pleurs en plus. Celle-là, elle ne l’avait pas vue venir… Le professeur était complètement désemparé devant le gros chagrin de l’adolescente et ne savait pas du tout comment gérer cette crise de larmes, d’autant qu’elles semblaient bien réelles et pas simulées. Elle passa un bras autour des épaules de Pissenlit et essaya de la réconforter du mieux qu’elle pouvait.

Allons, allons, il ne faut pas vous mettre dans des états pareils pour 5 points mon enfant. Si vous saviez combien j’en ai perdus quand j’étais moi-même à Poudlard. Heu… enfin là n’est pas le sujet.

Repoussant gentiment l’élève qui sanglotait encore un peu, Trelawney la dirigea vers Clarisse, qui semblait bien connaître ce phénomène de foire.

Et puis, 5 points c’est tellement vite rattrapé, tenez par exemple, appliquez-vous avec votre condisciple de Serdaigle, faites un bon travail, et je suis sûre que cette ardoise négative sera vite effacée. Que dis-je, sure ; je le vois !

Et avec une tendresse qui contrastait avec le personnage, Sibylle fit asseoir Pissenlit sur un pouf à côté de Clarisse et essuya les dernières larmes qui coulaient. Même elle aurait donc un cœur ?

Pissenlit se sentait infiniment mieux, la madame aux châles avait été tellement pleine de tendresse et de douceur que son chagrin, dû à la peur, s’évapora progressivement. Elle sécha ses larmes en bafouillant quelques vagues remerciements et s’essuya ses petites mains pleines de larmes sur le tissu propre de son chemisier tout blanc. Et puis lorsqu’elle prit enfin conscience de la présence de sa préfète dans la salle, un bonheur familier lui réchauffa le cœur. Pissenlit adorait June qu’elle considérait comme un modèle de bonté et de gentillesse. Alors, toute encouragée par la tournure des évènements, la Poufsouffle se dirigea vers son binôme assignée, la mademoiselle McBrien.

La petite fleur se laissa tomber sur un gros pouf rose fluo et posa ses affaires à côté de la table, elle sortit péniblement son gros manuel de Divination et puis s’empressant de prendre la petite main de la Serdaigle dans la sienne, pour rattraper le retard qu’elle avait sur les autres.

« Salut ca va Clarisse ? Moi je m’appelle Pissenlit Grattopoil. Je t’ai déjà vu tu sais ? Et même que je t’aime bien.»

Lui dit-elle en lui décochant un timide sourire qui laissait pourtant entrevoir toutes ses dents. Elle préféra taire l’épisode traumatisant des couloirs.

Puis rapidement la Jaune et Noire s’extasia devant le spectacle qui s’offrait à ses jolis yeux tout noirs :

« Wawwww, mais c’est dément, tu as une superbe ligne de cœur dis-moi, je suis sûre que tu va être très très heureuse en amour. Peut être même que tu vas rencontrer ton futur fiancé pendant ta scolarité à Poudlard ! Oh ce serait tellement romantique, un beau Gryffondor, intelligent et attentionné… D’ailleurs tu ne trouves pas que Nils Sullivan est drôlement mignon ? Tu sais que dans le journal, il y a un article qui dit qu’il t’aime en plus, tu l’as vu ?»

Mais sans réellement attendre de réponse tant l’enthousiasme l’avait envahi de ne pas se retrouver en duo avec un vilain Serpentard mesquin et méchant comme Jason Lister, elle continua joyeusement sur sa lancée en repérant la ligne de tête de l’Aiglonne :

« Oh et bien tu n’as pas volé ta place dans la maison des Bleus et bronzes, toi ! Tu es vachement maligne ! Non mais tu as vu la longueur incroyable de ta ligne de tête ? On dirait un spaghetti italien ! »

Pissenlit feuilleta distraitement son livre avant de trouver ce qu’elle cherchait :

« D’ailleurs la forme de la tienne est appelée Tortellini intellectuel dans le livre. Regarde ! C’est trop fort ! »

Ajouta-t-elle en pouffant de rire. Puis la minuscule petite fille s’intéressa un sillage profond dans la main de sa camarade, ses yeux s’agrandissant de nouveau avec surprise et gaieté :

« Bon, pour la longueur de ta ligne de vie, ma foi c’est raisonnable, tu ne vas probablement pas atteindre les cent quatre vingt quinze ans mais tu vivras sûrement assez longtemps pour connaitre un tas de tes futurs petits enfants ! Et moi ? Tu crois que je vais vivre très longtemps ? Non parce que je voudrais bien être libraire tu sais, ou alors écrivain comme la bonne femme qui a écrit notre livre de Botanique, flûte j’ai oublié son nom.»

Pissenlit arborait un sourire s’étirant d’une oreille à l’autre, qu’un joyeux bonheur irradiait aussi fort qu’un croissant irradiait des ondes de gourmandises.

« En tout cas, je suis bien contente qu’on fasse équipe pour la divination, j’aurais eu trop peur que la madame ne lise dans mon avenir. »

Tandis que la Poufsouffle fondait en larme, l’enseignante passa gentiment son bras autour de ses épaules pour la réconforter. Il était amusant de constater à quel point Trelawney était… disons… étrange. Elle se comporta avec le petit gnome comme une sorte de seconde mère, avec douceur et presque avec tendresse. Clarisse n’en revenait pas vraiment, elle qui avait toujours considéré cette vieille chouette sous un angle bourré de préjugés. Après tout, cette femme était un être humain comme un autre (bon ok, pas tout à fait quand même mais un petit peu) et pouvait parfaitement être sensible, comme tout un chacun, comme Rogue aussi, même s’il ne serait jamais venu à l’esprit de quiconque d’établir une comparaison entre les deux professeurs. Il faudrait peut être que la rouquine pense à reconsidérer son jugement. Elle avait parfois trop tendance à ranger certaines personnes dans des cases, même si bien souvent, elle essayait de chercher en chacun la petite étincelle, la petite flamme qui faisait d’eux des êtres bons…

Peut être… ou pas !

La jaune et noir cessa bien vite de pleurer. Comme Clarisse l’avait remarqué en quatre ans de cours communs, cette enfant avait une capacité prodigieuse de passer non pas du rire aux larmes mais des larmes aux rires. D’ailleurs, si vous voulez vraiment tout savoir, elle trouvait ça un peu égoïste de garder ce secret pour elle. La Serdaigle se débattait depuis plusieurs mois avec sa tristesse alors qu’elle aurait bien aimé arriver à s’en défaire.

Quand je vous dis qu’elle n’a pas de chance.

Miss Grattopoil se laissa tomber plus qu’elle ne s’assit sur le pouf, avec visiblement toute trace de peur envolée. Dingue, cette capacité à passer à autre chose ! Elle sortit rapidement ses affaires, tandis que l’aiglonne cherchait quoi dire. Elle n’avait jamais été douée pour entamer des discussions et ça ne s’était pas arrangé ces six derniers mois puisqu’elle ne parlait plus à personne ou presque. Aller, il fallait bien qu’elle trouve un truc à lui dire. Le problème restait de savoir par quoi commencer. Devait-elle se présenter ?! Bof pas terrible, la fille devait déjà connaître ses nom et prénom depuis longtemps surtout que Trelawney venait de les lui rappeler. Lui parler du cours ?! C’était sans doute la meilleure chose à faire, sauf que l’Ecossaise n’avait pas vraiment compris et à dire vrai se fichait de la divination et de la chiromachinchose comme de son premier sort. Et puis d’abord, elle n’était pas professeur elle, alors il ne fallait pas compter sur elle pour expliquer quoi que ce soit.

Elle en arriva donc rapidement à la conclusion que la poufsouffle n’avait qu’à arriver à l’heure, un point c’est tout, lorsque cette dernière s’empara de sa main. Un peu étonnée, elle lui retourna un regard de glace figée et gelée. Il ne fallait pas non plus compter sur elle pour faire amie-amie et encore moins avec une jaune et noire.

Salut ca va Clarisse ? Moi je m’appelle Pissenlit Grattopoil. Je t’ai déjà vu tu sais ? Et même que je t’aime bien

_ Euh.. salut..

A nouveau la fille venait de prononcer son nom imprononçable et dont Clarisse ne parvenait jamais à se souvenir. On avait pas idée vraiment d’avoir des prénoms pareils ! Ça aussi ça aurait dû être interdit. Elle haussa tout de même un fin sourcil roux sur la dernière phrase et ne put masquer sa surprise. Que quelqu’un qu’elle ne connaissait pas puisse l’apprécier la dépassait complètement. Ce ne pouvait tout simplement être possible surtout elle, la maigrichonne. Aucune personne saine d’esprit ne pouvait décemment l’aimer sans gratter un peu le vernis de solitude et de tristesse. Sous le choc, elle ne sut quoi répondre puisque de toute évidence, la réciproque n’était pas vraie. Rougissante, elle se contenta de bredouiller.

_ ah euh.. ben merci.. c’est ... sympa...

Finalement, tous les oeufs n’étaient peut être pas à balancer dans le même sac.
Faire un petit effort ne lui coûterait pas grand chose, d’autant qu’elle ne reparlerait probablement jamais à l’autre fille ensuite.
Sourire timide.
Petite hésitation.

_ euh… dis, je.. enfin je n’arrive pas à retenir ton prénom… ça te dérange si je t’appèle Pily ou Lily…

La Serdaigle avait parlé tellement bas que sa condisciple poufsoufflesque ne sembla pas avoir entendu et s’absorba un instant dans la contemplation de sa main. Elle y trouva certainement des choses très intéressantes puisqu’elle s’écria après quelques dizaines de secondes seulement quelque chose qui pétrifia Clarisse.

Wawwww, mais c’est dément, tu as une superbe ligne de cœur dis-moi, je suis sûre que tu va être très très heureuse en amour. Peut être même que tu vas rencontrer ton futur fiancé pendant ta scolarité à Poudlard ! Oh ce serait tellement romantique, un beau Gryffondor, intelligent et attentionné… D’ailleurs tu ne trouves pas que Nils Sullivan est drôlement mignon ? Tu sais que dans le journal, il y a un article qui dit qu’il t’aime en plus, tu l’as vu ?»

C’était comme si soudain, on lui poignardait une nouvelle fois le cœur. Comment pouvait-on lui parler d’être très heureuse en amour alors qu’elle s’était faite jetée par le seul garçon qu’elle avait aimé ?! C’était ridicule, vraiment, et il était encore plus ridicule de penser qu’elle trouverait son futur mari à Poudlard, encore faudrait-il qu’elle se marie un jour, ce qui étant donné la position de Vénus et celle de Mars ainsi que la conjecture économique actuelle et le nombre de moutons dans le troupeau de Pablo au fin fond du Pérou n’était pas acquis. Mais le pire, ce fut lorsqu’elle apprit de l’adorable bouche de ce gnome blond qu’on parlait de Sullivan dans le journal. Notre moineau adoré faillit bien s’étrangler. Depuis quand parlait-on d’elle dans le journal de l’école ?! Evidemment, elle ignorait l’existence même de cet article, elle ne lisait jamais la partie « bruits de couloirs et autres racontars ». Si c’était une farce, elle était vraiment de mauvais goût. Elle posa un regard assassin sur le pauvre Nils qui n’y était pour rien et qui ne la vit même pas, avant de se retourner vers Pily.

Elle fulminait et ses yeux brillaient de rage.

_ Non je ne savais pas… c’est… c’est une blague j’espère ?

Elle s’était forcée à ne pas être trop dure envers la jaune, après tout, elle non plus n’y était pour rien. Elle crut tout de même bon d’ajouter quelque chose, histoire que la petite ne se sente pas visée par tant de colère difficilement contenue.

_ … je ne lis jamais le journal de l’école… et… euh… c’est sûrement n’importe quoi…

Heureusement, la jolie blonde enchaînait déjà sur la suite. Néanmoins, Clarisse restait bloquée sur ça. Ça changeait beaucoup de choses pour elle, ça remettait en question un tas de choses, faisait voler en éclats des murs qu’elle avait construit brique après brique et dont elle était certaine de la solidité. Peut être que ces longs mois de léthargie allaient prendre fin car il était évident qu’elle devait réagir, d’une façon ou d’une autre. Si jamais Lilian, Alan, Aby ou Linsay posaient ne serait-ce que les yeux sur cet article, elle était certaine que l’histoire remonterait aux oreilles des grandes personnes et ça, ça n’était pas une bonne idée du tout, surtout en ce moment. La quatrième année n’avait aucune envie de s’expliquer avec ses parents au sujet d’un gryfondor idiot dont parlait un article encore plus idiot dans un journal encore encore plus idiot. Et surtout ça leur donnerait une raison de plus de l’enquiquiner dont elle se passerait volontiers. Intérieurement, elle fulminait. Elle savait que ce n’était pas de la méchanceté mais plutôt de la curiosité ou de l’amusement mais… c’était plus fort qu’elle, elle savait qu’elle ne le supporterait pas.

Perdue dans ses pensées et ses conjectures sur l’attitude de son cousin qui se croyait obligé de s’occuper d’elle comme de sa fille, la rouquine n’avait strictement rien écouté de l’exposé passionnant que venait de lui faire Pissenlit sur sa vie et un avenir qui promettait d’être florissant. Rien que des sottises d’après elle.

En tout cas, je suis bien contente qu’on fasse équipe pour la divination, j’aurais eu trop peur que la madame ne lise dans mon avenir.

Maigre sourire qui ne parvint tout de même pas à affecter ses yeux.

_ Ouais… moi aussi je suis contente de pas être avec Trelawney.. heureusement que tu es arrivée sinon j’étais bonne pour faire le TP avec elle…

* à cause de Sullivan *

Elle fut un peu éblouie par la gaieté qui émanait de sa camarade et encore une fois prit sur elle. Un tout petit effort pour être sociable ne serait-ce que cinq minutes et tout irait mieux. On allait le reconstruire son monde, il fallait juste une pointe de patience. Elle força un sourire.

_ Aller, à mon tour !

La Serdaigle s’empara de la petite main de la jaune. Si la sienne était maigre et blanche au possible, celle de sa camarade était aussi fine et petite, à l’image de la jeune fille. C’était amusant en un certain sens. Elle se pencha dessus, les sourcils froncés en signe d’intense concentration. Après un instant, elle se redressa et se pencha au-dessus de son épais manuel, cherchant du bout du doigt le paragraphe dont elle avait besoin. Perplexe, elle étudia à nouveau la main de sa camarade et prit quelques notes rapides sur un bout de parchemin, avant d’énoncer à haute voix son interprétation.

_ hum… alors euh.. je ne suis pas certaine, je… j’ai un peu de mal avec la divination… mais on dirait que tu auras une vie assez longue… enfin dans la moyenne quoi tu vas pas mourir prématurément mais c’est bizarre. Peut être que à un moment du devras faire un choix qui changera ta durée de vie de un ou deux ans pas plus.

Elle releva la tête.
Ce n’était pas du tout sérieux ça.

_ .. euh.. écoute… moi je n’y crois pas à la divination. Et puis comment un bouquin peut sortir des trucs aussi idiots. Tous nos choix ont une influence sur le cours de notre vie et sa longueur. Si je décide ce soir de me jeter de la tour d’astronomie, bien sûr que ça va raccourcir mon bref passage sur terre… ce machin est vraiment idiot.

Elle avait parlé plus pour elle-même que pour sa partenaire, exaspérée par tant de bêtise humaine.

_ Bon… je continue… la ligne de tête dit que tu es quelqu’un de toujours enthousiaste qui respire la joie de vivre et que tu seras sûrement très heureuse en famille et que tu te fais facilement aimer, que tu as beaucoup d’amis… hum… peut être un peu distraite, loyale et fidèle… c’est tout ce que je peux dire.. ouais en gros tu as bien ta place chez les Poufsouffles…

Et pour la première fois, Clarisse admit de bon gré que tous les blaireaux n’étaient pas de sombres imbéciles…

La rouquine continua son observation, laissant glisser son regard de la ligne de tête à la ligne de cœur. Elle s’absorba un instant dans sa contemplation, pas que son intérêt justifia la dépense d’autant de concentration mais elle ne savait tout simplement pas quoi lui raconter. Et puis cette histoire d’article avec Sullivan là… elle avait du mal à passer et lui restait en travers de la gorge. Il fallait qu’elle en ait le cœur net, qu’elle lise ce machin de ses propres yeux pour pouvoir se faire un avis raisonnable sur la chose. Bon, c’était certainement que des racontars, mais si l’article était signé, avec un peu de chance, la petite démone qui se cachait en elle pourrait faire bouffer son bout de papier à la grenouille de bénitier. Quoi que… une réaction aussi excessive donnerait certainement lieu à un autre article encore plus horrible. Bref… il ne fallait pas qu’elle s’égare. Secouant légèrement la tête, comme pour s’extirper de ses pensées, elle se reconcentra sur le TP de Chiromancie.

_ .. hum.. Excuse-moi.. c’est… dur à interpréter…

Elle jeta un coup d’œil à son livre et, perplexe se lança.

_ Alors…côté cœur, tu n’auras aucun mal à trouver un garçon et on dirait même que plusieurs se bousculeront au portillon… mais… euh…la difficulté sera dans le choix, apparemment tu auras un grand dilemme et il faudra que tu choisisses le bon….en gros que tu ne tombes pas dans le panneau de sortir avec un beau parleur…

Elle releva la tête pour regarder Pissenlit.

_ … je ne vois pas ce que ça nous apprend, c’est comme ça pour tout le monde…

Elle eut une petite moue déçue. Si au moins le bouquin était original… mais non, même pas…Relâchant la main de sa camarade, Clarisse mit en ordre ses notes sur un parchemin afin de le rendre à Trelawney. Il fallait d’ailleurs qu’elle se hâte un peu, sinon il serait trop tard et la prof ne le prendrait pas, rendant tout son travail d’interprétation nul, comme s’il n’avait jamais existé. C’est donc d’une écriture encore plus brouillonne que d’habitude qu’elle griffonna son compte-rendu. Heureusement, le tout restait tout de même lisible.

Spoiler:

Lorsqu’elle eut terminé, la rouquine alla déposer le parchemin sur ce qui servait de bureau à Sybille et revint s’asseoir à côté de la Poufsouffle. Elles étaient presque les dernières à finir le TP. En attendant que tous les groupes terminent et que l’enseignante décide de la fin de l’exercice, la Serdaigle se tourna vers sa camarade. Il fallait qu’elle en apprenne plus sur ce fameux article et puis… sans vouloir se l’avouer, elle s’était prise au jeu de la jaune et noire, se sentant soudain d’humeur bavarde.

_ … T’aurais pas le journal dans ton sac par hasard ? Je suis curieuse de lire l’article…

Un sourire, le premier vrai et franc.

_ … et tu le trouves beau toi Sullivan… ?

FINI

Les élèves présents se concentraient deux par deux. Certains binômes semblaient travailler de manière tout à fait habituelle, d’autres paires plus improbables arrivaient malgré tout à obtenir un résultat intéressant, peut-être d’autant plus intéressant que les élèves se connaissaient moins et donc étaient moins influencés par ce qu’ils savaient les uns des autres.

Trelawney passait le plus discrètement possible d’une table à l’autre afin de suivre l’évolution du travail et éviter que les élèves se fourvoient dans des interprétations farfelues. Enfin, discrètement était très relatif, car les parfums capiteux camouflant vaille que vaille l’odeur du xérès et le froufrou des nombreux châles, dont un pan parvenait toujours à fouetter un visage au passage, indiquaient clairement sa position.

Glanant un mot par ci, par là, elle intervenait dans l’analyse, tombant comme un cheveu dans la soupe.

- Un tortellini intellectuel ? Voilà qui est rare, bravo de l’avoir repéré !

Restant quelques instants près de cette double paire de mains si intéressantes, Sibylle écouta la lecture faite par Clarisse. Il lui semblait qu’elle oubliait une tendance à l’émotivité, même si elle avait bien repéré la ligne d’amour de Pissenlit et identifié la plupart des caractéristiques marquantes.

"Madame, s'il vous plait."

Heureuse que, pour une fois, un élève ait une question à lui poser, Sibylle se hâta vers Pénombre Craft en froufroutant.

Pénombre patientait nerveusement dans l’attente sourde et contenue que son excentrique Professeur de Divination ne remarque enfin les manifestations physiques de sa requête silencieuse, tout en écoutant d’une oreille attentive et concentrée, les déclarations de la jeune Préfète de Poufsouffle au sujet de ses études chiromanciques, avec laquelle l’Animagus faisait exceptionnellement équipe pour les travaux pratiques. Lorsque la sage demoiselle lui adressa d’une timidité malhabile, les premières conclusions détaillées de ses efforts initialement soutenus autour de sa propre ligne de vie, la Rusée s’impatientait déjà d’entendre les conclusions de la Blondinette concernant la nature évanescente de sa quintessence ténébreuse. S’aurait-elle se montrer aussi vaillante, brillante et juste que lors des derniers cours d’Histoire de la Magie ? S’aurait-elle suffisamment s’affranchir des aprioris inhérents aux membres de la noble maison des Vert et Argent pour ajuster avec pertinence, ses interprétations de manière moins subjectives que de coutumes ? Les disciples d’Helga Poufsouffle ne comptant guère parmi les nombreux et fervents admirateurs des Reptiles de Serpentard…

Alors que la Cinquième Année progressait lentement dans ses assidus examens divinatoires, la Capitaine d’une des quatre équipes de Quidditch de l’école lui adressa l’infimité d’un sourire étrange et inhabituel, une indescriptible expression peinte sur la rougeur sanguine de ses lèvres, tandis que ses sombres prunelles d’obsidienne brillaient avec insolence d’une chaleur sucrée, ardente, presque involontaire alors qu’elles se plongeaient profondément, inquisitrices et curieuses, parmi l’arc en ciel d’expressions concentrées qui jouaient doucement sur le joli visage mièvre de sa compagne malchanceuse. Les mots que cette dernière achevait de prononcer dans une ultime hésitation risible, lui seyaient avec une perfection singulière, prodigieuse, tant, qu’il était furieusement surprenant d’en obtenir une analyse aussi fondée et précise, bien que largement incomplète, en provenance des simples travaux d’une jeune fille que la fière Serpentarde ne côtoyait pourtant que grossièrement, superficiellement... June Galdwin n’était finalement pas si dénuée de subtilité cérébrale qu’elle n’y paraissait aux premières attentions, aux premiers égards ou abords et alors que les minces ébauches de preuve attestant maintenant de cette notable distinction lui furent aussi flagrantes qu’indéniables, Pénombre sentit son intérêt intellectuel pour la jeune joueuse de Quidditch, grandir en son esprit alerte et indiscret. Car longtemps, elle ne l'avait cru capable d'être qu'à travers la répétition, la fadeur d'un radotage insipide et sans originalité ni transgression ou flamme de génie pourtant, cet instinct pertinent, que son binôme prêtait volontiers au Blason Vert et Argent, semblait également l’habiter d’une certaine manière, pas tant éprise de survie que d’entendement, de quelques petites facultés et d'une sociabilité sans failles...

« Et que soutient donc ma ligne de cœur ? »

Asséna soudain la cruelle héritière des Craft, certaine de la jeter de la sorte, dans une torpeur de gêne et d’embarra, pressentit autant que conjoncturé, un odieux malaise d’intrusion dans un espace intime et personnel, au cœur duquel elle l’invitait néanmoins à se perdre.

Finalement, ce fut la dernière remarque de la fille des Galdwin, ainsi que la complicité effilée de son petit clin d’œil mutin, qui ne manqua guère d’amuser l’Anglaise et qui détendit, par la bravoure même du geste, la pesante atmosphère semi-hostile ayant gravement oppressée les lieux, l’instant d’avant. La Ténébreuse eût un regard apaisé et serein envers sa distrayante compagne d’études tandis que l’esquisse maligne d’un léger sourire se dessina doucement sur la pâleur diaphane de son visage, que sa voix perturbait de nouveau la quiétude parfumée de l’endroit :

« Oh et bien sache qu’il me plairait fort d’étudier l’un des fruits exquis de ta plume en la matière, June...Si l’audace t’en saisit un jour… »

Enfin, Sibylle Trelawney se présenta, éclatante et fantaisiste comme à son habitude, l’héritière des Craft persistait en silence à interroger vainement la ligne de vie de June, laquelle partait du bord de sa petite main, entre le pouce et l'index, contournait son mont Vénus pour se terminer enfin, sur la courbe de son poignet comme une chaine de bijou et s’étirait, sauvage, longue et profonde dans sa paume, serpentant aussi délicatement qu’étrangement, en de petites arabesques aux faibles courbures, aux maigres amplitudes. Et c’était justement ces minuscules volutes qu’elle y décelait avec curiosité, qui l’intriguait et l’ancienne Championne du Tournoi des quatre maisons eût beau chercher dans son manuel de cours, elle n’y découvrit pas la moindre réponse à ses entêtantes interrogations.

" Madame, s'il vous plait, il me semble avoir remarqué une particularité notable et si rare au creux de la main de June, qu’il m’a été absolument impossible d’en élucider la signification précise dans mon manuel de Divination… Mais voyez plutôt. "

Acheva-t-elle en se déplaçant prudemment sur son propre cousin d’un geste félin et gracieux, afin d’offrir l’espace suffisant à l’enseignant pour s’aventurer auprès de la jeune Poufsouffle et observer à son tour, cette si étrange différence qui avait immanquablement attirée l’attention sur sa sage petite personne.

S’intercalant entre Pénombre et June, tout en envoyant malencontreusement un pan de son châle dans le visage de la vipère, Trelawney se saisit de la main ainsi incriminée et la contempla de son regard myope et (mal) corrigé. Pendant quelques secondes, elle ne vit rien de bien spécial à la ligne de vie. Et pendant les secondes suivantes, toujours rien. Le professeur prenait cependant un air docte, parcourant la ligne du bout de l’ongle, émettant de temps en temps un son qui se voulait être le plus convainquant et intriguant possible. Apres un long moment, une idée lumineuse germa dans son esprit embrumé de xérès.

- Ah aaaah, effectivement vous commencez à voir les choses au-delà de la vision, Mademoiselle Craft, je vous félicite !
Nous allons même faire profiter toute la classe de votre découverte, comme vous allez le constater.

Comme elle n’avait absolument rien vu, il lui aurait été difficile de répondre à son élève sans perdre (encore) en crédibilité, si tant était qu’il lui en restait encore une once. Fière du subterfuge que son troisième œil noyé dans les vapeurs d'alcool venait de lui inspirer, elle reprit la parole de manière enjouée :

- Nous voici maintenant à la fin de ce cours. Pour ceux qui n’ont pas un poil dans la main et auront le courage d’effectuer un devoir, le sujet va maintenant suivre. Je précise donc que ce devoir est facultatif, en fonction de votre emploi du temps déjà bien chargé pour ceux qui préparent leurs ASPIC. N’hésitez pas à vous faire donner un coup de main si nécessaire et de respecter les lignes directrices vues au cours.
Vous pouvez me rendre votre devoir en main propre ou le faire passer de main en main, l’important est que je le reçoive, mais pas pour demain, rassurez-vous.

Elle tapota le tableau du bout de sa baguette, faisant apparaître le thème du travail :

Citation :: 1) Repérer sur la main de June Galdwin l’élément remarquable et le décrire.
2) Tenter d’en déterminer la signification, en dépassant le cadre de votre ouvrage de cours.
3) Expliquer l’expression « être dans de bonnes mains » en partant de l’optique de la chiromancie.

Et, battant des mains, elle indiqua aux élèves qu’ils pouvaient sortir de la salle de cours.

HP : ce cours est maintenant terminé, merci à tous pour votre participation.
Merci à Pépé pour son intervention qui me permet de clôturer la leçon avec une belle pirouette de Sibylle, et désolé de ne pas répondre ^^
Pour ceux qui voudront et pourront effectuer le devoir, ils devront mettre la dernière main à leur travail pour le 15/03. Le délai est réduit car je souhaite entamer rapidement le cours suivant, vu que le groupe 1-3 a terminé le sien depuis quelques semaines déjà. Bon courage !