Confession [PV mon cousin]

Cela faisait un moins maintenant que Stephen s'était rapproché du Préfet des Poufsouffles et il n'avait osé en parler à personne. Il avait peur de ce que les gens penseraient de lui, il avait conscience que l'homosexualité n'était pas vraiment bien reçue parmi les sorciers… Et puis il avait du mal à se rendre compte de tout ce que cette relation impliquait. Tout ce dont il avait conscience c'était que son cœur s'affolait quand il croisait le regard du Celte et qu'il ne pensait qu'à lui, constamment. Pour tant, la relation des deux jeunes garçons n'avait pas vraiment avancée. Bien sûr, il leur arrivait de se retrouver de temps en temps dans un coin isoler pour s'embrasser avec passion et laisser leurs mains errer sur leurs peaux, mais ils n'étaient pas allés plus loin et le jeune Serdaigle était partagé entre son envie de connaître tout de Kael et la peur de ce que ce "tout" impliquait.

Un profond soupire s'échappa des lèvres de l'orphelin. Il était assis dans l'un des fauteuils bleus de la salle commune, penché sur son devoir d'Arithmancie, son cours étalé sur ses genoux entre les deux bras du fauteuil et le parchemin où il prenait des notes appuyé sur le gros livre de cours ouvert à la page des congruences. La pointe de sa plume passait délicatement sur sa pommette alors qu'il réfléchissait en recopiant un paragraphe important sur le sujet. Il se laissa aller en arrière, las de travailler, et ferma les yeux. A quoi bon travailler, il n'arrivait pas à se concentrer. Un nouveau soupire lui échappa alors qu'il visualisait le visage souriant du blond. Kael était toujours souriant, très dynamique, très vivant, il avait plein d'amis… Tout le contraire de Stephen en fait… Ses yeux bleu azur brillaient de malice et le Bleu et Bronze aimait particulièrement ce reflet d'amour qu'il y lisait quand il croisait le regard du Jaune et Noir dans la Grande Salle. Troisième soupire. Le jeune Cornfoot se souvenait que trop bien de la peau douce du jeune homme, il ressentait encore ses caresses, ses baisers…

Il ouvrit les yeux.

Décidément, il était impossible de faire quoi que ce soit quand on était amoureux. Stephen n'avait pas avancé sur son devoir en plusieurs heures et c'était sans compter les autres devoirs qui attendaient depuis plusieurs jours sans rien donner… Non, il n'était plus capable de rien. Ce n'était pas là peine d'insister, il valait mieux qu'il aille dormir. Mais au moment où ses yeux se posèrent sur l'escalier menant à son dortoir, il se souvint de la raison pour laquelle il se couchait si tard depuis plusieurs semaines. Il voulait être totalement épuisé quand il irait se coucher, il voulait être sûr de s'endormir tout de suite… Car si ce n'était pas le cas, il pensait encore et toujours à son merveilleux amour, avait froid, souffrait d'être seul… et n'arrivait pas à trouver le sommeil sans subir mille tourments. Alors qu'il pensait à tout cela, il avait rangé inconsciemment ses affaires d'Arithmancie et c'était levé de son confortable fauteuil. Il prit son sac et fit trois pas vers le dortoir avant de s'immobiliser. Non, il n'était pas assez épuisé, il fallait qu'il reste éveillé. Il retourna s'asseoir et sortit de nouveau, à contre cœur, son cours. Mais au lieu de se plonger dans ses notes et son livre, il mit son visage entre ses mains et attendit que le temps passe.

Kael était dans le même bâtiment, juste quelques étages en dessous… Cette distance et cette proximité étaient une torture, il aurait tellement aimé passer ses soirées à réviser avec son ami, être à ses côtés, pouvoir l'entendre, le regarder, lui parler… Mais Kael était à Poufsouffle et Stephen à Serdaigle… Et tout cela était un réel supplice pour lui. Il y avait autre chose qui le torturait… Le jeune garçon ignorait si son amant avait clarifié la situation avec sa copine officielle, Jemiah… Et il n'arrivait pas à s'empêcher de s'imaginer ce qui pouvait, peut être, se passer dans la salle commune des Poufsouffles… Bien sûr, une part de lui l'encourageait à faire aveuglément confiance au Celte, mais l'autre part – le petit démon sur l'épaule – lui rappelait sans cesse cette terrible possibilité. Alors qu'il visualisait le jeune fille en train de s'emparer des lèvres de son aimé, il sentit, entre ses doigts, une larme couler lentement le long de sa joue.

Pourquoi fallait-il que l'amour soit aussi douloureux ?

Il n’y avait plus énormément de monde dans la salle commune de Serdaigle, et la grande majorité de ceux qui luttaient encore et toujours contre l’envahisseur, Morphée la déesse du sommeil, étaient en 5ème, 6ème ou 7eme année. Et oui il fallait travailler deux fois plus durant les dernières années pour préparer les examens, et même en octobre il n’était pas rare de voir des Serdaigles faire des nuits blanches. Enfin c’était un phénomène qui allait s’accentuer au fur et à mesure des mois, et cela axel le savait.

Axel avait toujours été plutôt bon élève, mais il s’en était donné les moyens, travaillant ce qu’il fallait pour ne se fermer aucune porte. Il venait d’achever son devoir de potion lorsqu’il décida qu’il était grand temps d’aller se reposer, mais en levant les yeux, il vit qu’il n’était pas le seul de la famille à être rester debout. Il laissa ses affaires sur la table et attrapa un journal qui traînait en s’approchant de son cousin pour lui frapper doucement le sommet de la tête, comme s’il l’avait surpris en train de faire une quelconque bêtise

« Alors comme ça on révise déjà ses buses? »

Dit t’il avant de s’asseoir en face de lui et laissant le journal sur la table, ce n’est qu’à ce moment là qu’il remarqua les yeux rouges et la mine dépiter de son presque petit frère. Son cœur se serra à cette vue, et un petit sourire réconfortant se dessina sur ses lèvres. Il posa un regard empli de tendresse, il ne savait pas ce qui se passait, mais il se doutait que c’était plus qu’un simple devoir sur lequel il bloquait, si la chose était possible.

« Stephen? Ça fait longtemps que l’on à pas discuté sérieusement tout les deux… Je crois que tu devrais ranger tout ça et raconter à ton affreux grand frère ce qu’il t’arrive. »

Lui dit t’il alors qu’ils n’étaient presque plus que tout les deux, les derniers élèves restant semblaient tellement absorbé par leurs livres qu’ils n’y avait pas beaucoup de risque qu’ils les dérangent. Axel changea de chaise pour s’asseoir sur celle qui était juste à la droite de son cadet, et laissa vagabonder son regard sur le devoir presque vierge qui y était posé.

« Elle s’appelle comment? »

Lui qui ne savait pas ce qui se tramait dans la tête de Stephen avait tout de même une idée sur ce qui pouvait troublé à se point son jeune cousin. Ne connaissant pas les détails et n’ayant jamais parler de tout cela avec lui, il ne se doutait pas qu’il allait sûrement enfoncé le couteau dans la plaie. Mais il savait reconnaître l’amour lorsqu’il le rencontrait, et là c’était un flagrant délit d’amour transit ou il n’était pas Serdaigle.

Stephen était en train de broyer du noir craignant sans vraiment s'en rendre compte que son amant choisisse une relation plus conventionnelle et l'abandonne sans le prévenir… Bien sûr il faisait confiance à Kael, bien sûr il croyait en ses mots d'amour, mais… Le jeune homme écrasait une larme quand on vint l'interrompre. Il leva la tête par réflexe et aperçu son cousin. Aussitôt, il chercha à cacher ses yeux rouges mais la réaction d'Axel montrait bien que c'était trop tard. Si le jeune garçon avait craint un instant les moqueries de son "grand frère", il fut très vite rassuré par la voix de celui-ci qui s'était faite très protectrice et tendre. Aux paroles du jeune homme, il entreprit de débarrasser ses genoux pour la deuxième fois en fourrant le tout dans son sac puis il replia ses jambes pour les enserrer entre ses bras, le regard rivé sur le feu dans la cheminée. Il resta là, silencieux, jusqu'à ce que son aîné pose la question fatidique. Il sourit douloureusement mais ne dit pas un mot. Non, ce n'était pas "elle", mais "il"… Mais pouvait-il réellement l'avouer à son cousin ? Axel le connaissait depuis toujours et il avait toujours connu Axel… Pouvait-il prendre le risque de perdre sa famille ? Mais sa famille le repousserait-elle ?

Il avait peur. Oui, il avait terriblement peur de la réaction des gens qu'il aimait… Il déglutit. Il valait mieux ne pas dire qu'il s'agissait d'un garçon mais… mais comment expliquer ses problèmes sans pour autant mentir ? Il allait devoir choisir ses mots avec attention. Il eut un petit sourire en se rendant compte qu'il n'envisageait pas une seconde de ne pas répondre à Axel mais qu'il ne faisait que se demander comment lui répondre. Ses prunelles bleues claires semblaient presque dorées à ce moment là, alors que le feu se reflétait dedans. Il répondit enfin, en murmurant:

"Ca n'a pas d'importance. Je l'aime… je… je n'arrive pas à penser à quoi que ce soit d'autre. Quand je ferme les yeux, je vois son visage, son sourire… son regard… C'est la première fois que je… que je suis comme ça…"

Il se tut et regarda son cousin avec des yeux implorant des réponses. Etait-ce normal tout ce qu'il ressentait ? Tout ce qu'il pensait ? Il passa lentement sa main dans ses cheveux fins et continua sur le même ton très bas:

"Ce… Cette personne m'a… elle m'a assuré que mes sentiments étaient partagés mais… mais… il y avait déjà quelqu'un avant qu'on se… rapproche… Et… et… je ne sais pas si… enfin… ils sont tous les deux dans la même maison alors… Je… Mais je… j'y crois… je crois ses paroles… je crois ses promesses… je crois ses regards et pourtant… pourtant j'ai peur…"

Il ferma les yeux et baissa la tête, l'enfouissant contre ses genoux serrés. Il sentait qu'il était en train de rougir. Il avait parlé en faisant attention à ce qu'il disait, mais il avait dit des choses si… honteuses… Si gênantes… Le silence s'installa entre eux. Stephen pensait, bien sûr, encore à Kael et il se souvint d'un coup à ces 4 années à le côtoyer sans rien voir venir. Bien sûr il avait toujours été un peu attiré par Kael, mais il avait toujours pris ça comme de l'envie, il aurait aimé être comme lui, pouvoir parler aux gens avec autant de facilité, leur sourire avec cette franchise… Il dit alors, sans lever les yeux ni le visage de leur cachette:

"Pendant nos quatre premières années on a été dans la même classe et je n'ai jamais rien vu venir et là… tu sais… c'était le jour de mon anniversaire…"

Alors comme cela il avait tapé juste, il connaissait tellement son cadet qu'il aurait pût lire en lui comme dans un livre ouvert, il ne fut donc pas difficile pour lui de comprendre qu'il lui cachait quelque chose. Mais Axel n'était pas de ceux qui forcent les gens à parler lorsqu'ils ne le désiraient pas et il se contenta d'écouter les paroles de son cadet avec attention. Il ne lui disait pas tout et il le sentait, presque aussi bien que si ça avait été Alex, mais même s'il le sentait, il était bien incapable de deviner ce que c'était.

L'amour était vraiment la pire des folies, bien que la plus conventionnellement tolérée, voir imposée, elle mettait les humains dans de tels états, les poussant à faire des choses horribles... Enfin il n'allait pas mentir en disant qu'il n'avait jamais connus cela, ni même qu'il ne le recherchait pas. Axel restait un humain comme les autres et même s'il n'avait pas de petite amie en ce moment il en avait déjà eu plusieurs.

*Pas d'importance? Peut être que je la connais et qu'il n'a pas envie de me dire qui elle est...*

« Je te déclare officiellement amoureux... C'est plutôt une bonne chose tu sais, surtout si elle ressent la même chose pour toi. L'amour entraîne la jalousie, ce n'est pas forcément une mauvaise chose, cela prouve que l'on tient à l'autre. Tu l'aimes et tu as peur de la perdre, c'est nouveau pour toi, mais tu verras, ce n'est pas la seule larme que tu verseras pour elle, espérons que la prochaine qui tombera sera plus heureuse que celle-ci. »

Dit-il en passant le revers de son index sur la joue de Stephen comme pour lui retirer une larme imaginaire. Il tenait beaucoup à son cousin, et il savait que c'était réciproque, ils avaient été élevés ensemble, dans l'amour et la joie. Puis Axel tourna son visage sur le feu, comme Stephen, sauf que lui était assis normalement. Il jeta un coup d'oeil autour de lui, il ne resta qu'un ou deux élèves en train de fignoler leurs cours du lendemain.

« Alors c'est avec elle que tu étais tout ce temps? On t'a cherché des heures avec Alex pour te faire fêter ton anniversaire de gré ou de force... On a fini par laisser les cadeaux sur le lit avec celui de Papa... »

En effet, même si maintenant la blague paraissait beaucoup moins drôle, les deux jumeaux lui avaient acheté un balais, sachant pertinemment qu'il avait une peur panique de la hauteur... Pour le taquiner quoi... Mais ils avaient aussi dévalisé Honeydukes pour se rattraper, ils avaient cassé leurs tirelires cette année là.

« Raconte moi ce qu'il s'est passé »

Stephen avait avoué à demi mots son amour pour Kael… Mais il l'avait fait de telle manière que son cousin ne puisse deviner qu'il s'agissait d'un homme et non d'une femme. Le jeune homme déclara qu'il était amoureux. Stephen eut un petit sourire. Oui, il était amoureux, c'était indéniable. Oh que oui, il l'aimait mais… il avait tellement peur… Il soupira. Axel voyait juste, tout ce qu'il disait était vrai… Sa seule erreur était qu'il ne savait pas à quel point sa relation avec Kael pouvait être controversée. C'était difficile à vivre. Tomber amoureux pour la première fois, il le savait, était quelque chose de troublant et de difficile à gérer mais… tomber amoureux d'un garçon… Il ferma les yeux une demi-seconde pour revoir le visage de son aimé et répondit au jeune homme:

"Oui, je l'aime… Oui, c'est réciproque mais… Pourquoi faut-il que ça soit si dur ? Si douloureux ? Si… impossible ? Je l'aime Axel… Je l'aime tellement mais… J'ai brisé un couple. Son cœur n'était pas libre… et ils sont tous les deux à Poufsouffle. Dans la même salle commune, toujours ensemble… Pourquoi est-ce si difficile de lui faire confiance ?"

Il se tut. Il venait de se rendre compte qu'il avait prononcé le nom de la maison de Kael… et il était de notoriété publique que Kaelir et Jemiah sortaient ensemble. Axel allait-il faire le lien ? Non, ce n'était pas possible, il y avait beaucoup de couples à Poudlard et puis, au pire, il pensait qu'il était amoureux de Jemiah… Jemiah… Il soupira… Il avait le regard dans le vide et c'est presque pour lui même qu'il continua:

"Et si je la vois dans les couloirs ? Qu'est-ce que je devrais faire ? Et lui… Si je le croise ? Je serais tellement mal à l'aise…"

Bien sûr, Axel ne pouvait pas comprendre ce qu'il venait de dire dans le sens exact où il l'avait dit, mais Stephen était parti ailleurs… Il imaginait encore Kael embrasser la jeune fille. Il sentit qu'une nouvelle larme menaçait de couler mais il la retint. Le brun changea de sujet en parlant de ses cadeaux d'anniversaire et de la manière dont les jumeaux avaient passé cette soirée. Stephen se souvint, quand il était revenu de la salle de bains ce soir là, tout troublé de ce qu'il venait de se passer… Il s'était précipité dans son dortoir en fuyant toute personne qui aurait pu envisager de lui adresser la parole et il avait trouvé ses paquets sur son lit. Cela l'avait fait sourire, il était content qu'on ait tout de même pensé à lui…

Mais ce n'est que le lendemain qu'il avait ouvert ses cadeaux. Intrigué, il avait d'abord déchiré le paquet du balai et avait fait un sourire amusé et inquiet… Bien sûr, les jumeaux savaient qu'il avait un terrible vertige mais il craignait qu'ils ne veuillent le voir utiliser son cadeau… Il était de plus terriblement ému par un tel cadeau car il n'ignorait pas qu'un balais, même simple coûtait une certaine fortune. Il avait donc une totale conscience de la préciosité de ce présent. Mais ses cousins savaient aussi qu'il n'en profiterait certainement pas pleinement et pour se faire pardonner de leur blague, ils l'avaient couvert de bonbons et autres sucreries qu'il aimaient plus que tout. Il avait d'ailleurs, un mois après, déjà tout fini. Avec le cadeau des garçons, se trouvait le cadeau de son Oncle, une magnifique plume d'un magnifique noir au reflet bleu violet qu'il avait décidé de garder précieusement pour les BUSEs et quelques Gallions pour ses achats lors des sorties à Pré-au-Lard.

"Raconte moi ce qu'il s'est passé."

Stephen releva les yeux vers son cousin et le dévisagea comme s'il venait de dire une énormité… Mais il était déjà en train de penser à la réponse. Il acquiesça doucement et tourna de nouveau son regard vers le feu. Il resta ainsi, pensif, pendant quelques instants, puis, d'une voix de confession, il se mit à parler.

"J'avais besoin de m'isoler alors je suis allé me cacher dans un endroit où je pensais être seul. La salle de bains des Préfets, au cinquième étage. Mais je ne suis pas resté longtemps seul… A partir du moment où… où nous avons été deux… C'est devenu bizarre… Je… C'était détendu, on discutait mais… mais j'étais troublé, je ne comprenais pas… Je… Je l'ai embrassé." Il se tut puis répéta, comme s'il n'arrivait pas à s'en rendre compte: "Je l'ai embrassé… C'était… C'était étrange, c'était nouveau mais… mais j'ai aimé l'embrasser… et puis… et puis j'ai pris peur mais i… mon baiser m'a été rendu… C'était… c'était merveilleux… Il n'y avait plus rien que ses yeux, ses lèvres, son visage, sa peau… On s'est embrassé et… et un peu plus…" Il rougit et baissa légèrement le visage pour cacher sa gène, mais ses prunelles brillaient de plaisir rien que de repenser à ce moment. Il murmura encore: "Je l'aime…"

Stephen ne dit plus un mot… Il n'y avait plus grand chose à rajouter même si le plus important n'avait pas été dit. Il ferma les yeux et senti aussitôt de nouvelles larmes monter à ses paupières et se battre pour rejoindre la surface. C'est d'une voix presque inaudible qu'il dit les derniers mots, au prix d'un terrible effort:

"Ce n'est pas une fille…"

Cette fois ci les larmes s'étaient faites moins discrètes et Stephen n'osait pas ouvrir les yeux, il ne voulait pas croiser le regard de son cousin… Il était terrifié.

[Désolé c'est vraiment pas génial mais il faut que je me remette dans le bain]

Axel l'écouta attentivement, il l'écouta jusqu'au bout, comprenant mieux la situation ainsi que tous les sous-entendus à chacun des mots de son petit frère. Il n'était nullement choqué, énervé ni même courroucé ou déçut par les derniers mots de son cousin, non il était même plutôt serein. Après tout il avait attendu 4 ans que son cousin adoré se trouve quelqu'un à Poudlard, d'ailleurs lui et son frère jumeau avaient du bien le taquiner là-dessus. Que ce soit un homme? Il ne s'y attendait pas c'est vrai, même s'il avait commencé à s'en douter un peu durant le fil de la conversation, cela semblait ne pas avoir d'importance, outre le fait que ses précédentes tirades avaient pu attrister Stephen...

« Je suis déçu... Tu me dis des demis phrases qui me font espérer quelque chose de super croustillant, je sais pas moi, amoureux de la bibliothécaire ou de miss teigne... Et puis finalement tu as fait beaucoup de cérémonies inutiles...Bon... Ho... Pleure pas toi, et puis regarde moi dans les yeux. »

Dit-il en attrapant tendrement le visage de son cousin entre ses deux mains pour le mettre bien en face du sien, il espérait qu'il allait ouvrir les yeux mais cela il ne pouvait pas le lui imposer. La voix d'Axel était douce et tendre, il voulait vraiment que son cousin soit le plus à l'aise possible, il lui souriait, même si ce dernier avait gardé les paupières closes.

« Est-ce qu'un jour, Papa, Alex ou moi avons cessés de te soutenir dans tes choix ou dans tes désirs? Si c'est le cas je m'en excuse...Enfin si on l'oublie le jour où on t'a empêché de manger un gnome... Écoute moi, si les sentiments de ton homme sont sincères, alors tu n'as pas à culpabiliser pour son ancienne petite amie. On ne contrôle pas ses sentiments et les notions, d'égoïsme, de lâcheté, de traîtrise prennent bien d'autres significations lorsque notre coeur s'en mêle. »

Puis il lâcha doucement le visage de son cousin, il ne savait pas si son petit discours allait lui faire de l'effet ou non, mais il avait été sincère tout du long. Il espérait avoir clairement fait comprendre qu'il serait toujours à ses côtés pour le soutenir, et qu'il n'avait pas le moindre préjugé sur les homosexuels.

« Tu n'as pas 36 solutions maintenant, soit tu vis ton histoire d'amour au grand jour, en essuyant les remarques des imbéciles et en affirmant ton amour, ou bien tu vis ton amour caché, à l'abris de tous, des regards et des remarques. Il n'y a pas une solution meilleure que l'autre, c'est à vous deux d'en parler et de vous mettre d'accord. »

Il passa ensuite la main dans les cheveux de Stephen avant de se lever doucement pour aller remettre une bûche dans le feu, il avait encore envie de parler un peu avec son cousin et il n'avait pas envie que le feu cesse de les réchauffer. Il sourit d'un air faussement innocent, il n'avait finalement pas eu à chercher bien longtemps.

« Par contre un truc, si tu pouvais lui lancer un sortilège de confusion avant le match... histoire qu'il ne puisse pas voir les cognards... ha nan il joue attrapeur cette fois je crois? »

"Je suis déçu..."

Stephen fut secoué d'un frisson de terreur. Son cousin, son soutient, n'était plus son allié… Qu'allait-il se passer ? Il se figea totalement. Si son cœur avait pu, il aurait cessé de battre. Ses paupières étaient hermétiquement closes et il les serra un peu plus si c'est possible Même ses larmes s'étaient figées tant ces mots lui avaient fait un choc. Mais la suite le rassura aussitôt et les perles de rosée reprirent leur route alors que sa respiration redevenait normal. Il n'était pas passé loin de la crise de panique… Axel savait, pourtant, qu'il était très sensible à ce genre de… "blagues"… Mais son cousin était très inquiet pour lui, se rendant compte qu'il pleurait un peu trop et qu'il n'allait pas bien. Quand celui-ci le lui ordonne, Stephen ouvrit les yeux mais ils étaient tellement voilés de larmes qu'il était bien incapable de voir net. Il aperçut néanmoins le sourire tendre et ses larmes se calmèrent peu à peu. Même si ses yeux en étaient encore emplis, elles ne coulaient plus. Il eut même un petit rire à l'évocation du gnome qu'il avait voulu manger étant enfant… Un sourire au milieu de toute cette tristesse. Ca faisait du bien. Il avait envie de se serrer dans les bras d'Axel comme avant quand il faisait des cauchemars et qu'il venait chercher du réconfort. Mais son cousin se leva pour aller raviver le feu. Stephen le regarda faire, l'esprit ailleurs, il pensait à son amant au sourire de celui-ci… Oui, il fallait qu'ils décide si ils se montraient au grand jour ou non. Tant que Kael était avec lui, le Serdaigle était persuadé qu'il supporterait les remarques moqueuses ou insultante… Mais ce n'était pas certain non plus. Puis Axel parla du poste du Poufsouffle au Quidditch et, presque par automatisme, le cinquième année répondit:

"Non, poursuiveur."

Puis il se rendit compte qu'il n'avais pas dit à Axel qui était celui qu'il aimait… Mais il avait donné suffisamment d'indices pour qu'il trouve tout seul. Quelque peu rasséréné, Stephen sourit à son aîné et c'était un vrai sourire, sincère. Il était à la fois soulagé et heureux que le jeune homme soit toujours là pour lui. Et il savait que si Axel acceptait cette liaison, Alex le ferait aussi et certainement Peter mais…

"Dis… Je sais que tu ne peux rien cacher à Alex mais… Vous pouvez éviter d'en parler à Peter ? Je… Il a suffisamment de soucis comme ça en ce moment… Je ne veux pas lui en rajouter…"

Par ces mots il donnait aussi son accord pour que le jeune homme dévoile la vérité à son jumeau puis il se leva doucement et vint s'installer sur le même siège que son presque frère pour se blottir contre lui. Il ferma les yeux de bien être puis il regarda le brun et, les yeux brillants, se mit à parler de celui qui occupait toutes ses pensées:

"Tu sais que Kael est français d'origine ? Comme Mary et maman… Il parle couramment français. Tu me connais… Il lui a suffit qu'il prononce quelques mots pour que je perde mes moyens… J'aime tellement cette langue. J'aimerai vraiment la parler un jour. Peut être que Kael m'apprendra… Quoi qu'il en soit, il parle très bien français. Il n'a aucun accent. Apparemment il a des Sorciers dans sa famille mais ses parents sont Moldus. Ils vivent à Londres…"

Il marqua une pause. Si ses yeux étaient toujours dirigés vers le visage d'Axel, il était évident qu'il regardait autre chose, ailleurs, dans ses pensées… Son expression montrait son bonheur comme si tous ses doutes et toutes ses peurs disparaissaient dans les bras protecteurs de son cousin. Il revoyait encore et toujours Kael, son sourire, son corps… Et ce moment particulier et intime qu'ils avaient échangé. L'expression du blond à cet instant… Stephen rougit mais ne dit pas un mot…

Axel leva un instant les yeux au ciel, presque par automatisme, puis c'était rassit sur son siège, rapidement rejoins par Stephen. Il lui sourit tendrement en passant la main dans ses cheveux, il semblait avoir le regard dans le vide, mais était content que Stephen lui parle de tout cela. Stephen venait de s'ôter un poids considérable et il en était conscient, mais la discussion était loin d'être terminée. Axel n'aimait pas regarder les gens de trop près, c'est pourquoi son regard n'était pas dirigé vers son cousin même s'il écoutait ses paroles.

« Je n'en parlerais pas à Papa ne t'en fais pas, tel que je le connais, il va s'inquiéter pour toi... En t'envoyant un hibou tous les jours pour savoir si les gens ne t'agacent pas trop avec ça et si tes cousins s'occupent bien de toi... Je comprends que tu n'es pas envie de lui dire »

Axel savait très bien que son cousin n'avait pas vu les choses de cette façon lorsqu'il lui avait demandé de ne rien dire à Peter, mais il avait le don de tourner les choses de la manière qui lui plaisait le plus. Il utilisait souvent cette méthode pour faire comprendre des choses à son cousin, et une fois encore il espérait qu'il allait comprendre où il voulait en venir

« Et puis la prochaine fois qu'on le verra, on sera tous les trois tu pourras donc lui dire directement... Et pourquoi pas réfléchir à la possibilité d'y aller à quatre... Même si je pense que Kael à autre de prévu. »

Dit-il avec un grand sourire, se rappelant la fois ou lui-même avait présenté son ancienne petite amie à la famille... Mis à part le fait qu'Alex passait son temps à l'appeler par le nom d'autres fille pour la rendre jalouse et que sa robe de soirée avait pris feu...
Il chassa ses songes de son esprit, ne sachant s'il devait être mélancolique, triste, ou amusé, puis son attention se redirigea vers son cousin qui venait de reprendre la parole. Oui il savait que Kael était d'origine française, enfin il se souvenait l'avoir entendus dire.

« Oui j'en avait entendus parler... Moi je ne connais qu'une vingtaine de mots en français... C'est une langue difficile... Hé? Tu m'écoutes ? »

Dit-t-il plus amusé que vexé en frottant la tête de son cousin un peu plus fort, en prenant toutefois garde de ne pas lui faire mal. Il se vautra un peu plus dans le canapé ensuite, il souriait toujours, content d'avoir enfin réussi à caser son imbécile de petit frère.

« Je aimer... Petit frère... »

Dit-il en « français » avec un accent à couper à la tronçonneuse. Puis il laissa échapper un petit rire avant de prendre une grande inspiration. Il ferma un instant les yeux puis les rouvrit très lentement, regardant les flammes manger petit à petit le bois dans la cheminée.

Stephen venait de se libérer d'un lourd poids. Il avait le sentiment qu'enfin il pouvait respirer convenablement. Son cousin, et par conséquent sa famille, acceptait cette relation, l'encourageait, même. Il avait l'impression de planer, d'être en plein rêve, de vivre enfin. Le bonheur avait tellement tardé à venir. Il était là, devant un feu, à Poudlard, dans les bras de son presque grand-frère, aimé par celui qu'il aimait… Tout allait bien et il se sentait bien. Lentement, il ferma les yeux. Axel parla et il le regarda à nouveau. Oui, lui aussi parlait quelques mots de français, mais ce n'était pas pareil, ce n'était pas assez… Puis des mots dans cette langue chantante furent prononcés. Il rit avec un naturel déconcertant, il était de nouveau lui même.

"Je suis pas ton frère", dit-il riant toujours comme à chaque fois que l'un des jumeaux lui donnait cette appelation, "Mais je t'aime aussi."

Il se laissa aller entre les bras protecteurs du jeune homme et ferma de nouveau les yeux, laissant le calme et le chaleur le bercer doucement. Il murmura ensuite, d'un ton plus sérieux:

"Je t'aime, Axel… Merci…"

"Merci" Ce simple mot renfermait toute la tendresse qu'il ressentait pour les Cornfoot, sa famille d'adoption. Peter l'avait toujours considéré comme son fils, les jumeaux comme leur frère. Stephen, lui, avait toujours affirmé (avec douceur et tact, néanmoins) qu'il n'était ni leur fils, ni leur frère, mais il leur était très reconnaissant de leur amour et de leur acceptation. Eux, savaient sans aucun doute possible que sa réaction n'était pas contre eux mais plutôt pour protéger la mémoire de sa défunte mère. Oui, il ne remercierait jamais assez cette famille d'adoption. Bien sûr, le fait qu'il y ait un réel lien du sang entre les garçons avait certainement permis de rendre cette intégration plus simple, mais même sans ça, Stephen était persuadé que les Cornfoot l'auraient accepté parmi eux. Ils l'avaient laissé grandir avec son jardin secret, sans vouloir percer ses tristesses mais en les respectant, en le soutenant dans les moments difficiles, mais aussi dans les moments heureux. Ils étaient une vraie famille et même si les jumeaux n'étaient pas réellement ses frères, il était parfaitement d'accord pour dire que c'était tout comme. C'est ainsi apaisé qu'il se laissa emporter dans les bras de Morphée... et d'Axel.