Rêverie dans l'Escalier

C'est un rayon de soleil éphémère qui perçait au travers d'une fenêtre en cette matinée d'automne,qui s'annonçait encore pour le moins nuageuse. Déjà la masse de coton grisâtre recouvrait de son halot opaque la fière lueur dorée pour ne laisser place qu'à une fine pluie qui ne cessait de tomber, noyant le ciel de quelques fins éclats pour venir s'écraser sur l'herbe verte du parc de Poudlard. Aedan était assis sur l'une des marches du grand escalier et ne bougeait pas, le coude appuyé sur la page d'un gros livre ouvert sur ses genoux et les yeux perdus en l'immensité du ciel couvert. Les couloirs étaient vides en cet instant et personne ne parvenait à perturber le jeune Serdaigle, ce dernier étant perdu dans ses pensées, à l'abri temporairement de tout bruit qui pouvait survenir à ses côtés. Quand bien même quelqu'un, fantôme ou humain, aurait pu passer par-là, il n'y prenait pas garde. Que ce soit en lecture ou en matière de rêverie, le blondinet s'y prenait complètement, pour en oublier la réalité autour de lui. Cela allait sans dire, il n'était pas le genre de personne à perdre sa concentration pour rien et il lui en fallait beaucoup. Entre autres, le manuel de métamorphoses qu'il possédait avait été vaincu par les cieux, en ce qui concernait le fait de capter son attention.

Aedan aimait se réfugier dans les escaliers pour étudier : outre les passages des élèves, normalement, personne ne s'y balladait souvent contrairement aux couloirs. La bibliothèque était là, bien entendu, mais il n'aimait pas l'idée de rester cloitré dans un tel endroit, et ne le faisait que quand cela était nécéssaire. Les endroits trop fermés l'angoissaient un peu, d'où probablement cette aversion... Toujours est-il qu'il ne cessait de penser et de repenser à des choses plus ou moins importantes parfois, mais aussi, plus ou moins futiles par moment, sans jamais trouver de différence entre les unes ou les autres : son cerveau était, à l'heure actuelle, aussi perdu qu'un dragon sans ses yeux. C'était un sacré basard, vous l'aurez compris.
Mais il était là à rêvasser dans les escaliers, sous les regards intrigués, voire patients des observateurs se mouvant dans les tableaux ornant les murs de pierre blanche.

Poussant un soupir, il se rendit compte de sa rêverie au bout d'un long moment et sursauta à l'idée d'oublier son livre encore une fois, aussi y plongea-t-il ses yeux bleus le plus vite possible, bien que personne n'aurait eu l'idée de le réprimander si cela n'avait pas été le cas.
C'était quand même étrange que personne ne passe dans les escaliers à cette heure-ci. Pour ce qu'en savait Aedan, ces lieux étaient fréquentés, non ? Mais non, pas cette fois, puisque seuls les personnages accrochés aux murs du dessus lui servaient de compagnie. Car le petit garçon préférait, pour ce début d'année, rester un peu seul. La raison ? Il ne parvenait simplement pas à approcher les autres, et avait bien du mal à communiquer comme il se devait de le faire, sa timidité prenant le dessus un peu trop souvent sur sa volonté...

Le mois de Septembre est maintenant bien entamé, les journées d'Automne s'annoncent grises et humides et le temps où on s'amusait dans le parc est révolu. C'est sur ce tableau maussade que Dertil revenait dans le couloir pour entrer dans la salle commune. Il portait ses affaires dans un sac noir et se demandait bien où il pourrait travailler dans le calme pour revoir la matière vue au cours.

Les cours restaient, en ce moment, loin dans la liste des priorités de Dertil Finnigan. Son esprit passant la plupart du temps dans des pensées et rêveries en tout genre. Il n'arretait pas de penser à Laeticia Hingle, cette fille sympa qui lui a permis de perdre sa timidité envers les autres. Bien entendu, il n'était pas parfaitement à l'aise mais il avait pris une petite assurance supplémentaire, celle qui permet d'oser! Il se posait plein de question au sujet de leur amitié et il esperait qu'elle durerait à tout jamais. Un beau rêve d'enfant comme on en espère souvent à 11 ans.

La tête dans le vague, un sourire en coin, il marchait dans les couloirs en direction de la Tour de Serdaigle lorsqu'il vit un jeune sorcier, assis sur une marche, un livre ouvert sur ses genoux. Il était blond et vétu d'un blouson aux couleurs de sa Maison. Il s'approcha doucement de lui et s'assis à côté de lui. Il sortit de son sac son livre des sorts, pris un parchemin et une plume et commença à travailler.

Excellente place pour travailler. Bonne idée!

Surpris par sa propre audace et pas très sûr de ce qu'il avançait, il trouva l'évolution très convainquante. Il avait changé car on ne reconnaissait plus en lui le jeune garçon timide qu'il avait pris l'habitude d'être depuis le début de l'année.

Je m'appelle Dertil Finnigan et je suis étonné de ne pas t'avoir encore vu auparavant. Il y a tellement d'élèves à Poudlard!

N'importe qui aurait pu être témoin de ce changement soudain. On ne le reconnaissait absolument pas et pour ce jeune homme, il devait paraître un peu trop bavard. En faisait-il de trop? L'aiglon voulait-il travailler en paix, recherchant un peu de quiètude dans son labeur?

"On ne se met pas dans un couloir alors!" Se dit Dertil convaincu par sa logique!

Une petite lueur de soleil vint alors éclairer son visage et il regarda par la petite fenêtre arrondie. Un gris intense était maintenant perçé par un rayon de soleil jaune et extremement lumineux.

Excellente place pour travailler. Bonne idée!

Une telle exclamation aurait pu suffir à précipiter Aedan en bas des escaliers tant sa surprise d'entendre une voix à ses côtés fut grande ! Sursautant subitement en voyant une personne s'asseoir à côté de lui, il entreprit de fermer son livre précipitemment avant de reprendre son souffle, ses yeux se rivant sur le garçon qui était venu le rejoindre. Voilà ce que c'était d'être un peu trop plongé dans sa lecture sans prendre garde à ce qui nous entourait ! Honteux de sa propre réaction, le jeune garçon se décala un peu sur le côté en rougissant, baissant la tête d'un air penaud :

- Pardon...

Tentant de reprendre contenance, il releva la tête et se présenta à son tour, un peu à la hâte, certes, mais il avait déjà un peu de mal à s'intégrer, alors il ne s'était pas du tout attendu à recevoir un accueil aussi soudain...

- Je... je m'appelle Aedan O'Neil, en-enchanté !

Tout dans son attitude montrait qu'il était un peu dépassé par les évènements, aussi serra-t-il son livre contre lui pour se donner un petit appui et pour pouvoir tenir la conversation innatendue qui se présentait à lui.
Pour le coup, lui non-plus n'avait pas fait attention à la présence des autres élèves de l'école, mais le fait que son homologue soit à Serdaigle également le rassura un peu quand même : il avait entendu bien des fois que les Serpentards n'étaient pas des tendres ici... S'efforçant de sourire doucement, il ajouta :

- C'est parce que nous n'avons pas du nous croiser depuis la rentrée... enfin, je suis heureux de te connaître, je suis dans la même maison que toi... En fait, peut-être que c'est moi qui n'ai pas fait suffisamment attention aux autres...

Il rougissait toujours, c'en était presque grave ! Cependant, manqué de politesse était bien la dernière chose qu'il souhaitait... surtout à la première personne qui venait vraiment lui parler et lui tenir compagnie.
Aedan espérait quand même que son attitude n'allait pas faire fuir son interlocuteur... non, Dertil ! Voilà quel était le prénom de ce garçon ! Voilà, il ne voulait pas le faire fuir, ni qu'il se fache de le voir ainsi apeuré à l'idée de discuter avec quelqu'un. Cela pouvait même paraître stupide, une telle attitude, mais le blondinet n'était en contact avec le monde des sorciers que depuis peu, aussi lui faudrait-il du temps pour s'y habituer...

Le Serpentard venait juste de sortir de la bibliothèque, la magie noire et son histoire intéressait au plus haut point le jeune Seumas, la plupart des 1ere années passaient leurs temps à se promener, à jouer aux échecs ou à courir après les filles, Dylan trouvait ça d'une futilité total, lui, passait chaque temps libre dans la bibliothèque de Poudlard, à lire des livres aux noms assez mystérieux.

*... Ce Voldemort est impressionnant ... dommage qu'il soit obligé d'agir en "troupeau" ...*

Il tourna vers la gauche au bout du couloir, un petit courant d'air balaya les pages de son grand livre aux dessins et écritures incompréhensibles.

Dylan grogna et releva la tête apercevant deux garçons assis sur une marche en train de parler.

*... Des Poufsouffles ... ? ... Hum ... cette couleur...Serdaigle ... *

Le Seumas avança sans hésitation vers les deux Aiglons, ses yeux, vide de toute émotion se posa alors sur eux.

Le garçon aux cheveux bruns avait l'air sûr de lui, quant à l'autre il avait un air plutôt timide.

Dylan se planta face à eux, ses yeux, qui était à présent gris avec le rayon de soleil provenant de la fenêtre, les dévisagèrent.

Un nouveau petit courant d'air souffla les cheveux lisse de Dylan, dévoilant un visage creusé au niveau des joues, lui donnant un air mesquin.

"Auriez-vous l'obligeance, sans que cela vous dérangeasse, de me laisser passer ?"

Dylan Seumas avait glissé, en même temps, sa main dans la poche ou se trouvait sa baguette ...

*...Allez... donnez-moi un prétexte pour sortir cette baguette, que je chéris tant...*

[HJ : je suis juste de passage Wink

]

[Je viens squatter, c'était tentant^^ Et puis, c'est plus juste si y'a deux Serdaigle et deux Serpentard non? Si jamais vous voulez rester uniquement tous les trois, hésitez pas à me le dire, j'enlèverais mon post sans soucis ]

La bibliothèque…Un lieu qu’Elina n’aimait pas plus que ça, et où elle s’obligeait à aller plus qu’autre chose. Elle n’avait pas cette soif d’apprendre comme l’ont les Serdaigle, elle préférait vivement apprendre des sortilèges pour mieux se défendre en duel. Elle avait cet état d’esprit l’année dernière en tout cas, lorsqu’elle pensait qu’elle n’aurait plus que ça pour se défendre. Mais c’était faux, parce que dans l’entre fait, elle s’était mis dans la poche Rusard depuis qu’il l’avait malencontreusement faite tomber dans les escaliers, ainsi que le Baron Sanglant, le fantôme de sa maison, qui empêchait Peeves de lui jouer des tours de mauvais goûts. Alors depuis quelques temps, elle semblait plus patiente, un peu moins colérique, mais toujours aussi froide. La jeune handicapée n’avait pas sa langue dans sa poche, et elle n’avait pas la moindre envie d’être sympathique avec les quelques premières années qu’elle croisait. C’était étrange, elle n’avait pas encore croisé de nouveaux Serpentard, mais elle se disait qu’ils ne devaient pas être en troupe comme chez les Gryffondor…Tant mieux, parce qu’ils savaient aussi se montrer insupportables dans sa propre maison.

Sortant de la Bibliothèque avec un livre de sortilèges de niveau deux sous le bras, Elina parvint tant bien que mal à se déplacer jusqu’aux escaliers à l’aide de ses béquilles. Parfois, elle rêvait presque de rencontrer quelqu’un d’aussi handicapé qu’elle, devant marcher avec des béquilles, et de sa maison…Mais la jeune Serpent rêvait un peu, parce qu’elle n’en avait jamais croisé, même pas chez les autres maisons…Cette idée la fit assez ardemment soupirer jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’il y avait un petit attroupement d’élèves qui ne devaient pas être plus vieux que onze ans…Elina avait un certain sens de l’observation, et le simple fait que deux Serdaigle trouvent amusant de travailler dans un escalier ne pouvait signifier qu’une chose : Ils n’avaient pas encore rencontré un aîné à Serpentard pour leur faire une réflexion bien cinglante, qui leur passerait certainement l’envie d’agir aussi bêtement.

Habillée de sa chemise et de sa jupe plissée aux couleurs vertes et ors, Elina se dirigea le visage plus qu’impassible jusqu’au dit escalier, qu’elle était malheureusement obligée d’emprunter pour retourner dans de bonnes conditions à sa salle commune, dans les cachots. Elle soupira en constata que le vent qu’il régnait dans les couloirs avait défait sa natte et dévoila ainsi sa longue chevelure châtain. Décidément, s’il lui arrivait ce genre de tuile, c’était mauvais signe pour la suite de sa journée. Mais avant qu’elle n’ait pu dire aux deux Serdaigle d’aller se planter ailleurs pour faire leurs devoirs de gamins, un élève de première année, visiblement à Serpentard si elle en croyait son comportement, prit les devants en montrant une politesse qui la fit légèrement sourire. La main qu’il glissa dans sa poche ne présageait qu’une chose, il souhaitait se battre en duel contre les deux élèves dans les escaliers, et cela la fit soupirer. Elina pensait que plus de discrétion était de rigueur en combat, mais elle ne dit rien. De toute façon, elle avait décidé de ne pas se mêler aux affaires de plus jeunes qu’elle…

« Lorsque vous aurez finit votre charmante discussion, n’hésitez pas à me prévenir. Mais si je puis me permettre, un accident est bien vite arrivé dans un escalier, aussi je crois me souvenir qu'il est interdit de travailler dessus...Maintenant, si jamais l'un d'entres vous a une jambe en moins à cause de l'humeur de ces fameux escaliers, ce n'est absolument pas mon affaire.»

Elina se laissa glisser le long du mur juste en face de l’escalier en soupirant légèrement. Comme elle se l’était promis, elle ne se mêlait pas de ce qui allait se passer sous ses yeux, et de toute manière, elle avait d’autres chats à fouetter. Pour éviter d’avoir envie de s’en mêler, la jeune Serpent posa soigneusement ses béquilles à côté d’elle et ouvrit son bouquin de sortilèges. Quitte à attendre que ces quelques premières années finissent de discuter, autant faire quelque chose qui pourrait s’avérer utile non ?

A sa grande surprise, Dertil vit des élèves entrer dans le couloir, finalement, il n'était pas si désert que celà. Un jeune homme se présenta (enfin, c'est une façon de parler) et demanda poliment si nous voulions bien lui laisser davantage de place pour lui permettre de passer. Dertil s'executa et s'excusa tout aussi poliment, n'était-ce pas la plus basique des courtoisies? L'aiglon ne remarqua pas le geste reflexe de la main vers la poche du serpentard dressé devant lui, en tout cas, il n'y voyait aucune malveillance.

Quelques secondes plus tard, c'est une autre serpentarde qui se promenait et demandait de la place pour pouvoir se faufiler dans l'escalier. Elle le fit plus désagréablement mais, avant de répliquer, il vit la jeune fille appuyée sur des béquilles, l'air un peu essouflée par tant d'effort pour produire le plus simple des gestes, marcher. Il se leva d'un bond et voulu aider la jeune fille à monter les marches, ravi de pouvoir soutenir quelqu'un. Il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était souvent les personnes les plus froides qui étaient les plus "sympathiques" et il en avait la preuve devant lui car il en était sûr, cette fille devait comprendre la vie mieux que quiconque, mieux que lui-même.

Son instinct l'avait poussé à agir ainsi mais il ne pensait jamais aux conséquences que celà pourrait avoir. La fille ne devait certainement pas accepter de l'aide, que voulez-vous, les jeunes pensent toujours qu'ils peuvent se débrouiller seuls, ils se morfondent dans leur malheur et se sentent les seuls capables d'y survivre, mais pouvait-il l'en blâmer? Ne réagissait il pas de la même manière lorsque sa mère essayait systématiquement de l'aider? (Quelle mère poule!)
Il vit dans le ton désinvolte de la Vert et noir que celà ne lui plaisait pas et il sentit qu'elle repousserait son aide avant même d'avoir pu faire quoique ce soit. Alors, sa Raison reprenant le dessus, il s'écarta finalement pour laisser la place pour passer. Il ne voulait pas montrer de signe de pitié mais il ne pouvait se cacher et au plus il sa battait pour paraître normal, au plus sa pitié s'écrivait dans ses yeux et sur ses joues. Il ne savait pas pourquoi mais cette fillette lui plaisait comme si un profond désarroi rythmait sa vie et l'empêchait de s'émanciper. Bien qu'il voulut l'aider, il se résolu au silence.

HJ: En fait, je me rends compte que c'est pas fameux comme texte... lol Désolé!

- Mais pourtant l'escalier est très large pour que tout le monde puisse passer sans que notre présence gêne vraiment...

La langue d'Aedan avait peut-être fourchée, mais c'était pourtant vrai : les escaliers de Poudlard étaient d'une largeur utile à ce niveau pour permettre un passage d'élèves assez conséquent. Le jeune garçon se resserra contre la rembarde près de laquelle il était assis et planta ses yeux bleus dans ceux du Serpentard qui exigeait le passage. Dertil avait déjà pris sur lui de se lever pour prêter main forte à la jeune fille qui semblait fatiguée sur le côté... Le ton du jeune Serdaigle n'avait pas été agressif du tout, ni ne manifestait de reproches pour le garçon vêtu de vert et d'argent... non, Aedan n'avait fait qu'énoncer un fait, rien de plus... Mais lui avait-on pas déjà dit que les gens de la Maison du Serpent étaient peu enclin à faire montre d'amabilité... ?
Peut-être était-il temps de partir...
Se levant, le blondinet ajouta, mais d'une voix moins assurée :

- C'est ma faute... Je voulais seulement lire un peu ici...

Interdit ou pas, il n'avait pas pensé que cela gêne ou que ce soit interdit au point qu'il doive partir séance tenante. Il ne pouvait pas non-plus dire qu'il était venu là pour échapper à la présence d'autres élèves pour ne pas avoir à se montrer trop gêner pour savoir faire connaissance correctement... ni même qu'il avait du mal à se faire à des endroits trop fermés pendant longtemps... Non, tout cela, il ne pouvait pas le dire : pas du tout, à personne.
Il espérait aussi que le fait qu'on lui ait dit que rester ici était dangereux ne supposait pas que l'un des deux élèves allaient se charger de faire en sorte que ça soit le cas.

- On devrait peut-être y aller... Dertil ?

Aedan ne faisait pas preuve de lâcheté, bien loin de là, mais il savait à quel point cela serait malheureux pour eux si jamais on apprenait qu'ils s'étaient battus dans les couloirs alors que ça, c'était bel et bien interdit... Car, en effet, dans sa capacité à analyser les choses avec rapidité et perspicacité, le Serdaigle avait remarqué le mouvement de la main du Serpentard qui se trouvait devant lui. Ce n'était peut-être pas grave comme action, mais on ne savait jamais.

Cela avait été tentant pour Elina de prouver qu’elle était fière d’être à Serpentard en étant des plus désagréables. Seulement voilà, depuis quelques semaines, elle préférait milles fois être le contraire d’une Serpentard, et cela parce que Dimitri la poussait à être comme lui. Son cousin n’avait décidément rien comprit à sa façon de concevoir les choses…Elle n’aimait pas qu’on lui dicte son comportement et encore moins qu’on lui dise qu’elle devait adopter un comportement typique de sa maison. Parfois, elle avait l’impression d’être comme sa défunte grand-mère, qui dès qu’on lui ordonnait une chose bien précise, faisait toujours l’inverse…La jeune fille se contenta donc de soupirer lorsqu’elle vit que l’élève de sa maison n’avait eu d’autre réflexe que celui de rentrer l’une de ses mains dans sa poche, dans l’espoir sans doute d’avoir une raison de s’attaquer à ces deux Serdaigle. Finalement, elle se demandait si Kyle n’avait pas raison dans une certaine mesure, et qu’elle n’avait pas raté sa vocation en tant que Gryffondor lors de sa première année…

Contre toute attente, Elina n’attendit pas bien sagement que tous les élèves soient partis des escaliers pour se relever, elle le fit d’elle-même et sans avoir besoin de faire des tonnes d’efforts. Madame Pomfresh n’avait peut-être pas tort…Si son moral allait mieux, peut-être que ses jambes la feraient moins souffrir ? Elle se dirigea donc vers les escaliers, s’asseyant sur l’un d’eux à côté du Serdaigle aux cheveux blonds et soupira légèrement. Peut-être que si elle restait comme ça, le Serpentard en première année hésiterait plus à lancer un sort…D’autant plus qu’elle doutait qu’il en ait appris des tonnes étant donné que l’année commençait à peine. Il n’y avait pas de doutes, lui était bien parti pour faire un Serpentard typique…Et cette idée la fit soupirer, parce qu’elle pensait à ce maudit Dimitri dès qu’elle en croisait un.

Pour toute première réponse, Elina prit une de ses béquilles pour la placer avec rapidité juste devant le visage du Serpentard. Etant de fort bonne humeur, elle se sentait d’attaque pour accomplir une bonne action pour une fois, ça allait changer de d’habitude où elle se désintéressait cruellement du monde qui l’entourait, partant de principe que chacun doit être capable de résoudre ses propres problèmes…

« Si j’étais toi, je n’essayerais même pas de lancer un sort. Vois-tu, il y a bien d’autres endroits plus discret où tu pourras faire joujou avec ta baguette…Mais là, tu vas faire perdre des points à ma maison et je ne l’accepte pas. Je ne suis pas préfète bien sûr, mais cela ne m’empêche pas de calmer l’idiotie des gens de ma maison quand j’en ai l’occasion. »

Le ton d’Elina s’était fait plus dur, plus ferme et plus glacial que jamais. Cela n’était peut-être pas évident pour tous ceux qui ne la connaissaient pas, mais depuis la fin de l’été et le début de l’année scolaire, elle s’était mise à détester tous ceux qui jouaient du nom de Serpentard pour s’en prendre aux autres gratuitement. Allez savoir pourquoi elle adoptait une telle attitude envers les personnes de sa maison…Il y avait sûrement du Dimitri là-dessous ! Mais ça, elle n’était pas prête de l’avouer, pas même à Kyle, personne en qui elle avait le plus confiance à Poudlard.

La jeune fille ne posa son regard d’azur qu’ensuite, juste pour avoir le plaisir de voir l’expression du Serpentard. Il serait surpris, c’était évident…Fâché, sans aucun doute. Mais Elina n’en était pas à ça près, et elle n’avait que fait de la petite haine qu’il risquait de lui vouer pour l’avoir empêché de s’amuser. Après tout, il pouvait bien aller au club de duel si cela lui chantait…Elle reporta donc son attention vers les deux Serdaigle, et notamment celui qui avait voulut l’aider si elle lisait bien entre les lignes…

« Vous ne devrez pas travailler ici…Le moindre Serpentard en profitera pour vous rabrouer s’il en a l’occasion…Vous avez beaucoup de lieux où l’espace ne manque pas. La grande salle, la Bibliothèque, même la salle sur demande, qui prend l’apparence de la salle dont vous avez le plus besoin. Même pour ceux qui ont absolument besoin d’espace, Poudlard rengorge de lieux. Quant à moi…Cela fait cinq ans maintenant que j’utilise ces engins de malheur, alors je crois que je peux me débrouiller toute seule. »

Cette fois, Elina s’efforçait vraiment d’être la plus aimable possible, même si la pitié du jeune première année l’avait légèrement blessée. C’était plus fort qu’elle, il fallait toujours qu’elle fuie cet horrible sentiment de compassion qui avait tendance à la détruire. Mais il fallait bien que les deuxièmes années guident les premières, même s’ils ne sont pas de votre maison…