"Rends-le moi."

Essayant d'oublier les derniers évènements, Kilian s'était plongé dans son devoir sortilège et était particulièrement satisfait du résultat. C'était bien la première fois qu'il faisait presque deux parchemins de plus que ce qu'avait demandé le professeur. Il était ensuite retourné à son dortoir pour le mettre dans sa malle mais ses trois compagnons de chambrée en avaient décidé autrement et le lui avait "emprunté", très inspirés par l'acharnement dont était victime le petit brun depuis quelques temps.

"Alors, qu'est-ce que c'est que ça ?" Demanda le plus âgé, parcourant les premières lignes du devoir. "Notre petit "pouffy manqué" fait ses devoirs ?"

*Ho, il sait lire, surprise...*

-"Qu'est-ce que ca peut te faire, crétin ? Rends-le moi. J'ai pas envie de jouer, j'ai d'autres choses à faire...."

- Comme aller faire ami-ami avec des sangs-de-bourbes et des traîtes à leur sangs...?

Kilian serra les dents mais ne répondit pas, sentant la colère prendre le pas sur l'ennui. Et il savait que ce n'était jamais bon signe.

- Tu sais qu'on ne peut pas te laisser faire ça...

" Ce que je fais ne te regarde pas ! Rends-moi ce fichu devoir !"

- Ho mais bien au contraire, Kilian... détrompe-toi... absolument tout ce que tu fais nous regarde...

Le deuxième année fronça les sourcils alors qu'un des autres élèves prenait la parole pour la première fois:


- Il a raison, tu sais, Kilian. Ta mauvaise réputation déteint sur nous... on est considéré comme des lavettes parce qu'on partage ton dortoir. Tu n'es plus le bienvenu parmi nous.

- La consigne est claire, reprit celui qui tenait toujours les feuilles de parchemin entre ses mains. Tu n'es plus des nôtres... tu es seul, Doyle...

* Je l'ai toujours été, de toute façon...*

-Les traîtres n'ont pas leur place au sein de notre maison... et tel est le sort reservé aux traîtres..

Joignant le geste à la parole, il sortit sa baguette et mit le feu au devoir d'un simple 'incendio'.

Kilian regarda le devoir se consumer sous ses yeux, dévoré par les flammes et sentit sa colère exploser tel un animal sauvage prêt à bondir hors de sa cage.

Il s'approcha du responsable avec un air dangereux et le poussa violemment, le faisant tomber au sol.

Il sentit ses poings se serrer jusqu'à lui en faire mal et réalisa qu'il perdait à nouveau le contrôle. Il fallait qu'il frappe quelque chose et le sourire satisfait dessiné sur le visage de cet ahuri était une cible bien trop tentante... S'il ne s'en allait pas maintenant, il allait le regretter. Ils allaient le regretter, peut-être même plus que lui, mais il valait mieux ne pas rester pour en avoir la certitude...

Réunissant le peu de volonté et de raison qu'il lui restait, il inspira profondément et fit demi-tour, sortant rapidement du dortoir, essayant de rester indifférent à ce qu'ils criaient derrière lui. La dernière chose qu'il entendit fut le mot "lâche" lancé comme un dernier coup de poignard.

Il descendit les escaliers d'un pas rapide, la dos droit, la tête haute, le souffle légèrement coupé, les yeux brillant de colère difficilement contenue. Il traversa la salle commune sans un regard à personne et quitta les cachots avec une celle idée fixe. S'éloigner. De tout, de tout le monde... et laisser éclater cette colère incidieuse, sourde et froide qui lui faisait tellement mal...

Il avança machinalement, se retrouvant dans l'endroit le plus isolé qui soit. La tour d'astronomie était déserte. L'une des fenêtre était ouverte et s'entrouvrait régulièrement sous les assauts du vent et de la pluie. A peine eut-il claqué la porte derrière lui qu'il attrapa la première chose qui lui tomba sous les mains -en l'occurence un téléscope- et la jeta violemment contre le mur en criant. Puis il se mit à frapper le mur le plus proche avec le plus de force possible pour évacuer toute sa colère et sa souffrance...

Pourquoi tout était si compliqué ? Pourquoi est-ce qu'il se sentait si mal alors qu'il tentait simplement d'être fidèle à lui même... pourquoi tout était si difficile... et pourquoi, par Merlin, était-il incapable de contrôler cette fureur en lui... ?

Il sentait son sang bouillir dans ses veines, battre à ses tempes tandis que ses poings frappaient encore et encore. Quand il eut si mal qu'il lui fut impossible de penser à autre chose qu'à la douleur il se laissa tomber par terre, les poings en sang.

Il resta quelques instants immobiles, haletant, et peu à peu, il sentit les larmes couler sur ses joues, impuissant...

La plume d'une jeune fille parcourait le parchemin en de doux frottements. Ses boucles blondes rabattues d'une main habile, la jeune élève, appliquée, ne releva la tête de son devoir de métamorphose seulement lorsque les rires de deux élèves s'estompèrent, pour laisser place à un bruit de pas sec et rapide. A l'entente des commentaires proférés sur le passage de la personne "Tiens, c'est l'autre traître", Liliana posa ses yeux interrogatifs sur Kilian. Elle n'eut le temps que de le voir s'éclipser par l'entrée secrète de la salle commune, le dos raide, quand la statue se replaça dans un claquement sec. Il ne lui avait pas jeté un regard, il n'avait sûrement même pas remarqué sa présence, mais ne semblait pas dans un état à chercher la compagnie. Que lui arrivait-il ? Cette démarche, Liliana ne l'avait jamais connue chez Kilian. Il lui avait semblé, durant ce court instant, que le jeune homme charmant et aimable qu'elle avait jusqu'alors connu avait été changé en une toute autre personne. Une pointe d'angoisse s'était insinuée en elle ; avait-il encore eut des ennuis ? Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir.

Oubliant son devoir, Liliana rangea d'un geste rapide ses affaires, et sortit à grands pas de la pièce. Au loin, elle ne devinait plus que la vague silhouette de son petit ami, qui filait à toute allure vers les escaliers, sans un regard derrière lui. Elle courut, cherchant à le rattraper, mais lorsqu'elle arrivait en haut des escaliers des cachots, elle le voyait déjà bifurquer vers les étages. Elle s'arrêta un instant, puis trotta dans les escaliers pour suivre Kilian de loin, ne l'apercevant que l'espace d'une seconde, de temps à autre.
Bientôt Liliana dût s'arrêter, essoufflée par l'escalade alors que le jeune Doyle s'éloignait en direction des tours. Sachant où le retrouver, elle resta quelques instants immobile à souffler, tout en se questionnant sur la raison de cette fuite soudaine vers ces lieux vides.

*J'espère que la bande à Yorek ne lui est pas encore tombée dessus...*

Liliana reprit sa course dans les marches, jusqu'à arriver dans la longue tour d'astronomie, aux interminables escaliers en colimaçon.
Alors qu'elle arrivait au milieu de son escalade, des éclats lui parvinrent aux oreilles, ainsi que des cris, des cris de rage. Son coeur ratta un battement et sa gorge se serra. Etait-ce réellement Kilian, le Kilian qu'elle connaissait, qui hurlait ainsi ? Cette idée l'angoissait au plus haut point et, tremblante d'inquiétude, elle accélèra jusqu'à se retrouver devant la porte derrière laquelle se trouvait la salle d'astronomie. Le fracas avait cessé, mais cela n'empêcha pas la jeune fille d'hésiter une longue minute, avant d'ouvrir la porte, doucement, lentement.
Sa silhouette se devina sur le pas de la porte, petite ombre frêle et hésitante. Elle fit quelques pas, la main toujours sur la poignée, avant de le voir... Il était là, accroupit contre un mur, ses mains ensanglantés plaquées sur son visage. Son dos se soulevait et s'affaissait, saccadé. Pleurait-il ?
Le coeur battant, Liliana s'approcha à pas de chat, avant de se laisser tomber à genoux devant lui, tout doucement. Ses grands yeux bleus l'observèrent, sans qu'elle ne puisse réagir. Les questions se bousculaient dans son esprit, la paralysant sous le coup.

Elle mit quelques longues secondes avant de sortir de son immobilité. A ce moment seulement, elle cacha la peur qui étincelait dans ses yeux derrière un air calme, bien trop calme. Elle prit alors ses mains qui glissaient avec tout ce sang qui coulait et constata les dégats. Ses phalanges étaient ouvertes, toutes affreusement égratinées et enflées.

*Mon dieu, comment a-t-il fait ça ?*

Ses yeux cherchèrent le coupable, lorsqu'elle trouva une tâche encore fraîche sur le mur, au dessus d'eux... Son ventre sembla se retourner dans son estomac, quand elle comprit qu'il s'était fait cela lui-même.
Fébrile, elle sortit un mouchoir de tissu blanc de sa poche, et tamponna la main droite de Kilian afin d'essuyer le sang. Incapable de prononcer un mot, ni même de lever son regard vers lui, elle passa à l'autre main.
Le morceau de tissu un instant immaculé était devenu humide et rouge, et cette vision la fit frissoner d'effroi. Il devait s'être fait vraiment mal... Que lui avait-il prit de faire ça ? Pourquoi ?
Elle devait le savoir, elle devait croiser son regard, elle ne pouvait pas voir ça et rester sans explication. Non, elle ne pouvait pas rester dans l'ignorance, il était son seul ami, même son petit ami, elle tenait à lui et il était la seule personne auprès d'elle, depuis que même ses parents se désinteressaient d'elle. Il était même le seul être qui s'interressait à elle réellement pour ce qu'elle était.
Prenant son courage à deux mains, elle releva doucement la tête et planta son regard dans celui de Kilian, et voulut essuyer une larme qui coulait sur sa joue.

"Racontes-moi... s'il te plaît..."

La jeune fille entoura Kilian de ses bras et murmura son nom d'un ton inquiet et triste qui embarassa encore plus Kilian. Il sentit ses douces lèvres embrasser sa nuque et frisonna de plaisir. La colère s'était dissipée mais le serpent ne se sentait pas mieux pour autant. Peut-être était-ce l'intense sentiment de gêne et de honte qui grandissait en lui...

Cherchant à dévier la conversation, il lui demanda ce qu'elle faisait là, bien que la réponse paraisse évidente. Elle éluda elle aussi la question et passa doucement sa main dans les cheveux de Kilian.

Ils restèrent quelques instants ainsi, dans le silence de cette fin d'après-midi pluvieuse. L'eau s'engouffrait à l'interieur par la fenêtre restée ouverte mais ils n'y prêtaient aucune attention. Soudain, Kilian remarqua quelque chose dans le regard de sa petite amie et comprit qu'elle n'avait pas l'intention d'abandonner...

"Je crois que cette fois tu ne peux pas te détourner de ma question. S'il te plaît Kilian, je ne suis pas comme les autres moi, tu peux me le dire..."

Elle avait prit sa voix la plus douce mais cela ne rendit pas les choses plus faciles pour Kilian. Il soupira et se détacha d'elle. Il ne pouvait pas lui expliquer, il ne savait pas comment... c'était tellement compliqué... les raisons profondes de son mal-être étaient aussi obscures pour lui que pour elle...

Il retira ses mains blessées de celles douces et délicates de la vipère et détourna les yeux, cherchant ses mots:

-Ecoute, Liliana...

Il retint un grimaçe. Il ne l'appelait que très rarement par son prénom, si ce n'est lorsqu'il était en désaccord avec elle... Il ne le faisait pas volontairement, c'était instinctif, une façon de mettre une distance entre eux...

- Je vais bien. Assura-t-il finalement en la regardant droit dans les yeux. J'avais juste besoin de... ça....Besoin de me défouler un peu...

Elle n'approuvait pas, c'était clair et sans appel. Il n'allait pas s'en sortir aussi facilement, alors il ajouta, hésitant:

- Lil...y... se força-t-il à dire. Je ne veux pas en parler... ca n'a rien à voir avec toi, je sais que tu n'es pas comme eux... mais ca ne change rien... il n'y a rien à raconter...

Il sentait l'agacement revenir sans pouvoir s'en empêcher. Il ne pouvait tout de même pas lui dire qu'il était un lâche, une victime.

Qu'elle ait appris les évènements de la salle commune avait déjà été assez humiliant comme ça, il était hors de question qu'il en rajoute... Pourquoi ne comprenait-elle pas que le peu de fierté qui lui restait l'empêchait de lui en parler ? C'était déjà tellement dur d'être faible en sa présence... de plus en plus dur... il n'était pourtant pas machiste, mais... malgré tout, c'était à lui de la protéger et de la consoler, pas l'inverse...

Elle lui répondit et il soupira à sa façon de réagir.
Il s'y était attendu... comment ruiner un moment de tendresse en deux minutes ? Kilian était le spécialiste... en même temps elle n'avait qu'à pas le suivre si elle n'était pas prête à entendre ça... Il avait besoin de garder quelques secrets...

Il se leva et fit quelques pas dans la pièce, passant ses mains sur son visage, essayant de faire le point.

La douleur de ses phalanges était insoutenable. Les dents serrées, il tentait de son mieux de masquer sa douleur mais cela l'empêchait de se concentrer. Il s'adossa au mur, faisant face à la jeune femme et remarqua la tâche de sang derrière elle, celle qui l'avait fait pâlir un peu plus tôt... Il n'y était pas allé de main morte...

- Essaye de comprendre... essaye de respecter ça... !

"C'est si honteux que ça de me dire ne serait-ce ce qui t'as mit dans cet état ?"

Il la regarda fixement et sa respiration s'accelera. Honteux... ho oui ça l'était... à ses yeux...

"Tu ne peux pas comprendre ! Et je... je suis incapable de t'expliquer ! Je ne peux pas ! Je n'y arrive pas !"

Il se mit à faire les cents pas, les mains dans les cheveux.

Ce qui n'avait aucun sens... pourquoi la moindre contrariété le mettait à cran ces temps-ci... pourquoi pensait-il si souvent à sa famille, à ses origines... ? Cela avait toujours été un sujet sensible mais depuis quelques temps, ca trounait à l'obsession... Il avait tellement de questions... de doutes...

Elle le dévisageait avec inquiétude et incompréhension et lui demanda:

"Excuse-moi Kilian, mais je ne peux pas respecter ce que je vois. Regardes tes mains ! Tu penses vraiment que je vais te laisser te faire du mal sans rien dire ?"

"Je ne te laisse pas le choix."Dit-il d'un ton devenu glacial.

Elle sembla profondément blessé par ses paroles et il les regretta immédiatement, mais il était trop tard pour faire marche arrière:

" J'ai besoin d'avoir mal, tu comprends ? J'ai besoin de ça pour me calmer, j'ai besoin de ça si je ne veux pas me mettre à défigurer tous les crétins qui ont décidés de me pourire la vie !"

Il donna un coup de pied dans le téléscope qu'il avait jeté à terre un peu plus tôt et sentit à nouveau qu'il perdait la maîtrise de soi. Pourquoi mais pourquoi s'enervait-il alors qu'elle ne voulait que l'aider...?

Elle méritait un minimum d'explications, peut-être pas sur les raisons, mais au moins sur les actes... c'était la seule chose qu'il pouvait encore lui dire dans cet état...

"Si je ne fais pas ça, si je ne frappe pas ce mur jusqu'à ne plus pouvoir supporter la douleur, c'est à quelqu'un que je ferai du mal ! Je ne peux pas m'en empêcher ! Tu es contente, maintenant ? C'est ça que tu voulais entendre ? Que ton petit ami est un dangereux psychopathe ? Ca te donne une meilleure image de moi, ça ? Ca te donne meilleure conscience ?" Cracha-t-il.

Ses yeux lancèrent des éclairs. Ce n'était pas contre elle qu'il était enervé, mai bel et bien contre lui. Cependant cela ne faisait aucune différence sur la façon dont il réagissait.

Il était injuste, ses gestes devenaient saccadés, tout comme sa respiration.

Il ferma les yeux et posa son front contre la pierre froide, essayant de reprendre ses esprits:

"Tu ne sais pas qui je suis..."

Et pour rien au monde, il ne voulait qu'elle le découvre... parce qu'elle était la seule personne qui lui procurait la tendresse et l'affection dont il avait tant besoin... et que si elle découvrait toute la noirceur de son âme, elle prendrait la fuite... ce serait sûrement ce qu'il ferait s'il n'était pas prisonnier de lui-même...

Liliana s'était relevée, effrayée et fixait Kilian avec incompréhension et inquiétude. Il venait à peine de finir de lui lancer toutes ces choses au visage qu'il vit les larmes couler sur les joues de la jolie vipère. Se sentant au bord du desespoir, incapable d'affronter son regard plus longtemps, il se détourna, essayant de reprendre son calme. Il savait qu'il venait de commettre une erreur monumentale en s'attaquant à elle... ce n'est pas ce qu'il avait voulu... ce n'est pas ce qu'elle méritait... il fallait qu'il retrouve ses esprits pour pouvoir s'excuser... même si à présent, il doutait qu'elle puisse lui pardonner... il venait encore de tout gâcher... Elle était la seule chose agréable qui lui était arrivé depuis qu'il était là, et il la repoussait... il lui faisait du mal...

"Et comment crois-tu que je vais savoir qui tu es, si tu ne me laisses pas t'approcher ?!"

Il tressaillit. Elle avait raison... elle avait complètement raison, pourquoi continuait-il à dresser des murs et des barrières entre eux...? Pourquoi avait-il fallu qu'elle le voit sous son plus mauvais jour... lui qui avait tant cherché à lui épargner ça... il n'était pas lui-même quand il était dans cet état....

Elle lui demanda à travers ses larmes s'il s'était bien défoulé et Kilian se maudit. C'était exactement ce qu'il avait voulu éviter...

" Arrête... Je ne... tu n'es pas un..."

Elle n'était pas un défouloir, ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire.

" Mais Je le mérite..." Chuchota-t-il si bas qu'elle ne l'entendit sûrement pas. "Je mérite de souffrir..."

Elle s'avança vers lui et le prit brusquement par l'épaule, le faisant pivoter pour qu'il soit tourné vers elle.

"Je ne te croyais pas comme ça, tu me déçois... Non, tu me dégoutes..."

Kilian en eut le souffle coupé, comme si un poignoir venait de lui transpercer le coeur. Il l'avait mérité... il méritait tout ça... et pourtant c'était la chose la plus dure qu'il avait eu à subir... bien plus dur que tout ce que lui faisaient subir les autres...

"Liliana.."

Malgré la douleur et la tristesse qui l'envahissait, la colère était toujours présente et menaçait d'éclater à tout instant. Tiraillé entre toutes ces émotions, il n'arrivait pas à dire ou à faire quoi que ce soit, il tremblait sans pouvoir s'en empêcher.

Puis soudain, les mots de la vipère le heurtèrent de plein fouet. Elle voulait qu'il la frappe... qu'il leur fasse du mal à tous les deux... Elle ne savait pas à quel point il pouvait être dangereux... c'était totalement inconscient de sa part...

Elle le gifla, le sortant de ses pensées, ne faisant qu'empirer les choses.

Il gronda sans même en avoir conscience et la plaqua contre le mur:

"Arrête...Ne..."

*Ne me pousse pas à faire ça...je ne veux pas... Lily... je t'en prie...*

Son visage était à quelques centimètres du sien, ses yeux brillant d'une lueure démente.

Pendant un seconde, il crut réellement qu'il allait la frapper... il crut qu'il ne pourrait pas s'en empêcher... et puis... il plongea ses yeux dans le regard limpide de la jolie blonde. La vérité c'est que malgré les sentiments qu'il avait pour elle, il était trop détruit, trop torturé pour que cela suffise à l'apaiser... il se sentait mal...

Quand il comprit qu'il aurait pu lui faire du mal, à elle, il recula brusquement, complètement terrorisé. Lui aussi, il se dégoutait...

"Ne m'approche pas ! Je suis dangereux ! Va-t'en... je t'en prie, va-t'en.... Je ne veux pas faire ça... je ne veux pas te faire du mal... c'est pas ce que je veux..."

Voyant qu'elle ne bougeait pas, continuant à le regarder, il attrapa le mobile qui représentait le système solaire et le jeta à terre:

" VA-T'EN !"

Et il se laissa tomber sur le sol en pleurant, la tête entre les mains..
C'était la seule chose à faire... le seul moyen de la préserver.. de la protéger... il fallait qu'elle reste loin de lui...aussi dur que cela était...