BLAM ! Une fourchette se planta dans la nappe immaculée, faisant trembler la table entière et quatre petits trous dans le bois. Les assiettes furent soulevées à quelques milimètres au dessus de la table et répandirent leurs sauces si elles en contenaient, de même que les verres trop remplis débordèrent.

"REVIENS ICI !" rugit la fillette.

A demi-couchée sur la table, elle avait tenté de planter sa fouchette dans une cuisse de poulet... vivante. Oui, oui, vivante ! La viande était animée de vie et sautait sur son os pour fuir le plus loin possible de la jolie blonde furieuse. Dès qu'elle avait jeté son dévolu sur ce morceau, il s'était dressé, sentant (voyant ?) la fourchette s'approcher et s'était enfui. Voilà maintenant cinq minutes qu'elle tentait de le rattraper, et il ne lui était pas venu à l'esprit qu'elle était victime d'une mauvaise blague. On était dans le monde sorcier après tout, peut-être les poulets conservaient leur âme après leurs morts, et elle était tombée sur le plus coriace d'entre eux.

L'obstination légendaire de Jeanne avait fait en sorte que c'était ce morceau qu'elle voulait et non pas un autre. Le laisser fuir lui aurait évité bien des soucis.

Elle tira sur sa fourchette pour la tirer de la table et se leva pour courrir sur le banc, fixant la cuisse de poulet d'un regard assassin. Et au moment où elle allait de nouveau se jeter sur la table pour tenter d'attraper son repas, elle heurta quelqu'un. Le choc fut terrible pour la jolie blonde car un de ses pieds tenta de s'appuyer dans le vide, et elle tomba par terre, sur son poignet et se coupa la lèvre dans sa chute. La fourchette quand à elle fit plusieurs saltos avant d'aller s'écraser lamentablement par terre.

Dans une lenteur qui présageait une immense colère, Jeanne se mit à genoux sur le sol, et remua son poignet douloureux avant de porter deux doigts à sa lèvre pour constater les dégats. Ses cheveux ébouriffés amorçèrent alors un mouvement rotatif vers le responsable et révélèrent un visage dont tous les traits étaient tirés par une rage importante. Le regard qu'elle lança à son adversaire aurait glacé le sang d'un Serpentard, c'était le regard qui faisait peur à toute sa classe.

Elle se releva d'un bond et tira sa baguette. Sans réfléchir, elle la pointa sur la personne et s'écria :

"Incendio !"

Mais heureusement pour sa scolarité, elle ne réussit qu'à produire une petite flamme à l'extrémité de sa baguette.

La fumée qui les entourait se dégagea peu à peu révélant une Jeanne toujours aussi furieuse. Elle regarda méprisamment son adversaire de haut en bas comme si tout son être la dégoûtait et serra les poings. Elle osait la remettre à sa place, une Serdaigle, alors qu'elle était à sa table de Gryffondor ?

"Pour qui tu te prends ?" cracha t-elle d'un ton véhément.

La fillette ne recconnaissait jamais ses erreurs. Elle avait dans l'idée que Fabula n'aurait jamais du passer si proche d'elle alors que la table de Serdaigle se trouvait à trois pas de là.

"Tu n'aurais pas pû longer les bancs de TA table pour m'éviter cette chute ridicule ? Pourquoi avais-tu besoin de venir spécialement ici, la nourriture n'es pas la même ?" s'exclama t-elle.

Elle plissa légèrement le nez en entendant sa dernière remarque et s'essuya rageusement la lèvre.

"Non... je n'ai rien." maugréa t-elle en baissant peu à peu sa baguette.

Elle posa son regard sur la viande qui gambadait et les releva sur la Serdaigle.

"Pourquoi Diable les aliments ne restent pas immobiles dans cette maudite école ?" se renseigna t-elle d'un ton hargneux en filant un coup de pied à la dite chose.