Lorsque Kaelir annonça son départ, Mathias ne sut pas si ça le gênait plus que ça. Effectivement, même s'il avait déjà passé un moment avec lui, il ne le connaissait finalement pas plus que ça. Rester en compagnie de ses amis les plus proches n'était pas un mal. Il ne fit qu'un signe de tête au Préfet de Poufsouffle, avant que celui-ci ne quitte la pièce. A présent, seuls restaient les trois deuxièmes années. Deux Serdaigles, et un Gryffondor. Deux garçons, et une fille. Deux élèves, et un Préfet. Bref...

Lorsque Kael sortit, William baragouina quelque chose qui ressemblait vaguement à du Français, la langue paternelle de Mathias. Paternelle, oui, car après tout, c'était son père, le Français. Haussant les sourcils, le jeune Serdaigle parla lui-même un Français parfait, croyant que Will le parlait à peu près courramment.

Alors comme ça tu parles Français, hein?

Il avait parlé en même temps que Nervia. D'ailleurs, il avait oublié que celle-ci aussi savait parler la France Français. Il lui adressa un petit sourire, mais reprit aussitôt un air grave en regardant Will, oubliant que la conversation n'avait plus rien de grave, justement... D'ailleurs, un nouveau sourire, en coin, cette fois, anima à nouveau son visage à la question de son ami.

Tu ne me l'as jamais demandé! Et puis... Non, vraiment, c'est une question de goût. Et puis, bon, ça, j'y crois à moitié, ma mère m'a dit que c'est une question d'élément, aussi. Je suis Poissons, donc d'un signe de l'eau, les airs sont pas faits pour moi, ou un truc du genre. Ca se tient, remarque, je suis très à l'aise dans l'eau. Plus sérieusement, je m'attendais pas à ce que le rôle de Batteur soit un rôle de...défonceur... Je pensais plutôt jouer un rôle défensif, mais il faut surtout cogner les autres, alors... J'aime pas faire mal, du coup j'ose pas!

HJ: Pas grave Nervia, je on t'aime quand même

Citation :

Alors comme ça tu parles Français, hein?

William fronça les sourcils, essayant de comprendre ce que disait Mathias, mais il parlait trop vite pour lui. Il n'était sûr que du dernier mot, "français"... mais cela ne suffisait pas pour déduire le sens de toute la phrase. Will se contenta donc d'afficher une mine perplexe, qui répondit probablement à la question de Mathias mieux qu'il n'aurait su le faire. Un instant, il pensa à la tête que ferait son père en voyant son piètre niveau en français, mais le plaisir d'être avec ses amis dissipa rapidement cette pensée peu agréable.
Il écouta les explications de Mathias, et peu à peu, il se demanda comment il ne s'était pas douté que le Quidditch ne lui plaisait pas. En effet, il savait que le préfet de Serdaigle n'avait rien d'une brute, et expédier des Cognards sur les joueurs adverses ne devait pas correspondre à son caractère calme... Ils avaient été un peu idiots de ne pas y penser. William savait que lui-même n'aimerait pas du tout être Batteur... Il espérait entrer dans l'équipe comme Poursuiveur, ce qui lui rappellerait les sports collectifs moldus qu'il avait pratiqués... Lui était un adepte du sport, il savait d'avance que la pratique du Quidditch lui plairait. Il remarqua distraitement:

-En tout cas, tu te débrouilles bien, je trouve. J'ai assisté au match Serdaigle-Poufsouffle, et j'ai trouvé que tu jouais bien... Enfin, si ça ne te plaît pas plus que ça... Tu penses quitter l'équipe à la fin de l'année? ça te laissera du temps pour autre chose...

Il espérait qu'il ne comptait pas démissionner avant... Will voulait avoir le plaisir de jouer au moins une fois contre son ami. Mais il se doutait qu'il regrettait de ne pas consacrer ce temps au travail scolaire, et il comprit pourquoi il n'était pas à Serdaigle. Lui aussi était sérieux, mais pas autant que ses amis Aigles. Il leur sourit, sans qu'ils sachent pourquoi, amusé par cette constatation.

Les garçons parlaient encore et toujours de Quidditch. Bon, c'était une discussion qui restait du niveau de Nervia mais celle-ci était légèrement rêveuse en ce début d'après midi et elle ne participait pas du tout. Mais elle écoutait. Effectivement, elle comprenait que Mathias n'aime pas envoyer de cognards sur les autres joueurs. Qui pouvait aimer ça d'ailleurs? C'était une partie de ce sport qui déplaisait énormément à la Serdaigle. William demanda à son ami s'il comptait arrêter de jouer, du moins dans l'équipe de sa maison. Ce qui lui laisserait du temps...

"-Oui, parce qu'entre les cours, le travail de préfet, les devoirs et toutes les options qu'on va devoir prendre l'année prochaine... Je ne sais pas comment les troisième années peuvent s'en sortir. Alors le Quidditch en plus..."

La question des options était un peu sur toutes les lèvres en ce moment chez les élèves de deuxième année mais la petite blonde, qui n'avait pas encore fait son choix, préféra interroger son ami sur un autre point.

"-D'ailleurs tu ne m'as jamais dit... le travail de préfet c'est comment? Tu as beaucoup de choses à faire? Et euh... C'est pas trop dur d'essayer de se faire respecter par les grands?"

Evidemment, son père aurait adoré qu'elle soit préfete. Mais d'habitude, ceux-ci étaient choisis parmis les cinquième année et il ne lui avait donc jamais posé de question sur le sujet. Elle en avait profité pour ne pas lui dire qu'un de ses amis, de son niveau, l'était. Ce qui n'était pas un monsonge, n'est ce pas? En tous cas elle ne s'imaginait vraiment pas faire regner l'ordre dans le château. Et la vision de Mathias effectuant certaines de ses tâches de maintien d'ordre la surprenait toujours.

En réaction au rire de Mathias, William fit mine d'être terriblement vexé. Il détourna la tête dans un geste affecté, en émettant un "Hmmm!" outragé qui ne pouvait tromper personne... pas question de laisser croire à ses amis qu'il boudait réellement! Il reprit cependant très vite sa position initiale, pour écouter Mathias évoquer sa situation vis-à-vis de l'équipe de Serdaigle. Il aurait trouvé dommage que son ami abandonne le Quidditch maintenant... Will espérait bien intégrer l'équipe de Gryffondor, et il comptait bien jouer au moins un match contre Mathias. Un contre Kael, un contre Mathias... de quoi alimenter leurs plaisanteries sur les mérites comparés de leurs maisons respectives!
Mathias répondit ensuite à la question de Nervia sur son travail de préfet, et William l'écouta avec attention. Mathias préfet... quelle idée... Il connaissait assez son ami pour savoir qu'il n'était pas de ceux qui recherchent à tout pris à occuper des positions d'autorité, et il n'aurait pas aimé être à sa place. Préfet dès sa deuxième année... ce n'était pas un cadeau. Sans paraître remarquer le soudain bégaiement de son ami, William essaya de le rassurer:

-Tu sais, ce n'est pas parce que tu enlèves des points que tu es un meilleur préfet... On ne t'a pas nommé préfet pour ça... enfin, pas seulement pour ça! Et tu dois bien t'en sortir, sinon ils te l'auraient dit...

"Ils" désignait Dumbledore, les professeurs, et les autres préfets... Si l'un d'eux avait considéré que Mathias s'y prenait mal, il le lui aurait dit. Will allait reprendre la parole lorsque Madame Pomfresh s'approcha du lit, posa une main sur son front et déclara:

-Tout est rentré dans l'ordre. Tu pourras partir dès que tu voudras, Craig.

Le jeune Gryffondor remercia l'infirmière puis sourit à ses amis:

-Tu verras, Mathias, d'ici quelque temps tu te sentiras plus à l'aise. Je suis sûr que Nervia est de mon avis, pas vrai?

Le revirement de la discussion sur le sujet des préfèts intéressait beaucoup plus la petite blonde que tout ce qui avait été dit avant. A l'exception de la santé de William bien sur. C'était quand même l'objet de leur visite. Légèrement lassée d'être debout, elle s'assit sur le rebord du lit du Gryffondor, à ses pieds. De cet endroit, elle pouvait voir les deux garçons, presque côte à côte. Mathias bafouillait légèrement, pour ne pas dire beaucoup, et tentait d'expliquer ce qu'il faisait depuis qu'il avait été nommé préfèt. Un sourire compatissant éclaira le visage de Nervia, afin de le rassurer son ami. Elle ouvrit la bouche pour réagir aux propos de Will lorsque l'infirmière sortit de son bureau et commença sa tournée des visites par le garçon. Elle l'examina rapidement avant de conclure à son rétablissement total, ce qui rassura grandement la Serdaigle. Malgré les paroles dénuées d'inquiétude du jeune sorcier, la fillette doutait tout de même de sa bonne santé. Mais si Pomfresh le disait...

Dès que l'infirmière fut partie, ils reprirent leur conversation à commencerpar William, justement, qui cherchait à rassurer Mathias sur sa condition de préfèt et demandait son appui à Nervia. Avec un sourire, elle confirma.

"-Bien sur! Je dois avouer que... même si ça m'a fait bizarre au début que tu sois nommé si jeune et tout... enfin maintenant on s'y est habitué et je trouve que tu t'en sors super bien. Et si Dumbledore et les autres t'avaient pas jugé capable ils t'auraient pas nommé. Je suis sure qu'ils auraient préféré une autre fille qu'un incompétent, ce qui est loin d'être ton cas."

Comme souvent, elle termina sa phrase par un petit clin d'oeil. Elle devait avouer qu'elle ne savait pas trop comment ils étaient perçus, mais pour elle ils se voulaient rassurants, ou marqueurs d'une blague, d'ironie... Pourvu que les garçons ne prennent pas ça pour des avances caractérisées. Pas que... mais bon, ce n'était pas du tout son genre d'être rentre-dedans à ce point.
Se souvenant des dernières paroles de l'infirmière, Nervia se retourna vers le Gryffondor et lui demanda:

"-Tu comptes rester là encore un peu ou tu veux retourner à ton dortoir?"