C'était par une froide soirée de janvier, à l'heure où à peu près tous les élèves mangeaient en parlant gaiement dans la grande salle chaude et emplie de fragrences diverses de nourriture appétissante. Il avait neigé toute la journée et Bill, malgré le peu de devoirs qu'il avait en ce samedi, avait regretté de ne pouvoir sortir un peu pour faire quelques traces de pas dans le manteau blanc qui recouvrait le parc. Ce soir-là, la neige avait enfin cessé de tomber drue et Bill avait rapidement quitté la grande salle et son monde, après un rapide repas, pour prendre l'air. Il était simplement passé à sa salle commune pour récupérer son voltiflor, petite plante à laquelle il avait fini par s'attacher autant qu'à un animal domestique, mais il fallait bien avouer que Bill s'attachait facilement, et pas toujours aux bonnes personnes.
Petite plante, petite plante... Elle n'était plus réellement petite à la vérité. Elle avait tellement grossi que Bill avait obtenu du professeur Chourave l'autorisation de prendre un pot plus grand dans l'une des serres ainsi que du terreau pour la rempoter. Bill conçut à la hâte un manteau improvisé à la plante aux multiples tentacules avec deux chaussettes et descendit dans le hall.
Il poussa les portes et se retrouva dehors. Un vent glacé lui giffla immédiatement le visage et il frissonna, malgré l'épais anorak moldu qu'il portait par-dessus un pull de laine. Il traversa le parc, contemplant le ciel de nuit qui avait pris une étrange teinte mauve et le sol recouvert d'une couche blanche immaculée. Au loin, la cabane du garde-chasse faisait comme une petite tâche brune piquée d'une étincelle de lumière à l'endroit de la fenêtre et de laquelle s'échappaient des volutes de fumée. Plus loin, à gauche, Bill apercevait les domes transparents des serres ; ce fut cette direction qu'il prit à grandes enjambées. Lorsqu'il franchit le seuil de la serre où l'on trouvait les plantes les moins offensives du professeur de botanique et qu'il eut refermé la porte vitrée derrière lui, il poussa un petit soupir de soulagement. Il faisait meilleur à l'intérieur.
Il constata qu'il était seul, mais cela ne l'étonna pas ; peu de monde sortait à cette heure, encore moins en hiver. Il avisa un plan de travail libre et y déposa sa plante, à qui il accorda une petite caresse. Une des tentacules s'enroula affectueusement autour de son doigt. Bill s'en sentit réconforté. Ce n'était pas qu'il se sentît seul, non, loin de là même : il ne manquait pas d'amis, et il avait même la petite amie de rêve. Mais il avait besoin de ce moment de solitude pour méditer à tout ce qui avait changé en si peu de temps dans sa vie : son entrée à Poudlard et sa rencontre avec tant de personnes formidables, alors qu'il n'avait fréquenté presque exclusivement que sa soeur durant toute son enfance, sa rencontre avec Ashley, et surtout, depuis Noël et comme le plus merveilleux des cadeaux, la réconciliation de sa mère avec sa famille. ET Bill avait vaguement conscience qu'il en était la principale cause ; il ne s'en sentait nullement fier, il était simplement heureux de tout cela et il repensait aux remerciements humides de sa mère avec un peu de malaise mais beaucoup de joie. Il poussa un profond soupir et attira à lui un pot de plastique plus large que celui de son voltiflor ainsi qu'un sac de terreau. Il était en train de soulever délicatement sa plante adorée par la base pour l'extirper de son pot devenu trop petit quand il entendit avec surprise la porte de la serre s'ouvrir derrière lui, laissant entrer pour un instant un courant d'air froid qui lui lécha le dos.
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Sujet: Séance de rempotage [PV Selene]