[J'adore le titre ]


Les deux heures de cours avaient filées à une vitesse affolante ce matin là, c'était déjà la récréation et Aïlin n'avait pas vu le temps passer. Cela n'était pas pour lui déplaire, car le jeune homme attendait ce moment pour s'avancer un peu sur un devoir d'Histoire de la Magie. Mais avant de se rendre au parc, où il pouvait s'avancer tout en restant sous les rayons du Soleil qui brillaient d'un éclat appréciable, le Serdaigle devait se rendre aux toilettes.
En effet, il revenait d'un cours de Botanique et ses mains étaient couvertes de terre. Les bulbes sauteurs qu'il avait du rempoter avaient été particulièrement peu coopératifs...

Le jeune Bower filait donc jusqu'au sixième étage, en maudissant les architectes de Poudlard. Il n'y avait pas idée de d'installer des toilettes aussi haut dans le château...
Finalement, il parvint au lieu désiré, et s'arrêta un instant pour souffler avant d'entrer. Au moment où il passait le pas de la porte, un choc brutal fit trembler une porte. Un élève s'était sûrement coincé dans la cabine.

Aïlin était une personne soucieuse de son prochain. Agréable, il n'hésitait pas à aider, et n'aurait jamais eut la méchanceté de laisser quelqu'un enfermé entre un toilette et une porte. Cependant, il aurait put faire comme si de rien était pour une fois, ça aurait évité ce qui s'était passé...

Le jeune brun s'approcha de la porte et sortit sa baguette, il allait pour dire au garçon coincé à l'intérieur de ne plus bouger afin qu'il jette un alohomora, ceci causant moins de dégats que des coups de pieds, mais le pauvre garçon n'eut le temps que d'ouvrir la bouche...
VLAM !
Aïlin se prit la porte en plein dans le nez et poussa un cri de douleur, tandis que celle-ci repartait dans l'autre sens. Les mains sur le visage, le grand brun se plia en deux en jurant, les larmes aux yeux. Il y avait peu de douleurs aussi désagréables que celles causées par un coup au nez (un sortilège doloris, peut-être), et l'humeur aimable du garçon vira aussitôt au rouge.
Rouge d'ailleurs comme le sang qui commençait à couler entre ses doigts, alors qu'il priait pour ne pas avoir eu le nez cassé.

Quel abruti n'avait pas pensé à prendre sa baguette plutôt que de s'amuser à défoncer la porte ? Aïlin préfèra ne pas se retourner pour le savoir et préfèra filer jusqu'aux lavabos sans un regard pour le garçon, tandis que celui-ci lui demandait comment ça allait.
Les mains pleines de terre et de sang, il ouvrit un des robinets et glissa ses mains dessous, mais le fait de garder la tête baisse fit couler le sang le long de son visage jusqu'à atteindre sa robe.
Il respira un bon coup, afin de ne pas exploser de colère, et tenta de canaliser sa douleur.

*Respires un bon coup, ça va passer, calmes-toi, ça n'est pas de sa faute... Il ne savait pas que tu allais être assez bête pour te mettre derrière...*

Lorsqu'il eut retrouvé le contrôle de lui-même et que le flot de sang qui coulait de son nez ne se transformait plus qu'en un mince filet, Aïlin se retourna vers le petit roux.
- C'est pas de ta faute, tu n'as pas eu le temps de m'entendre arriver... Veilles à utiliser ta baguette la prochaine fois, ça serait tout de même moins stupide...
Aïlin fronça les sourcils face à la sècheresse de sa dernière phrase. Ca ne lui ressemblait pas d'être désagréable, mais il fallait dire que là, le jeune homme souffrait. Il essuya une nouvelle fois son nez et posa son regard dans celui du défonceur de porte, l'air un peu froid.

William avait espéré que le garçon n'avait pas reçu un coup trop violent, mais lorsqu'il le vit se plier en deux, les mains sur son visage, du sang coulant entre ses doigts, il paniqua. Il lui avait complètement éclaté le nez... Tandis que le garçon se rinçait le visage, le Gryffondor demeura planté là, sincèrement désolé, sans imaginer un instant qu'il pourrait en profiter, par exemple, pour filer discrètement... Non, il ne bougea pas, et regarda avec appréhension sa victime essayer d'arrêter le flot de sang qui ruisselait sur son visage. Avec des gestes fébriles, William se mit à fouiller dans son sac et en retira un paquet de mouchoirs en papier, invention moldue fort utile, qu'il tendit au Serdaigle en balbutiant:

-Tiens... je suis désolé, vraiment...

Le jeune homme s'adressa alors à lui, sur un ton terriblement sec, qui blessa William même si, bien sûr, il ne s'attendait pas à des remerciements... Non mais, il restait là, il s'excusait, il donnait des Kleenex pour aider le Serdaigle à arrêter le sang, et en prime il se faisait réprimander comme un gamin de six ans... Un peu vexé, il répliqua froidement:

-Oui, ma baguette... c'est ce que j'aurais pu faire si j'en avais eu une en état de marche.

Il regretta aussitôt ce qu'il avait dit. L'histoire de sa mésaventure avec Ultan Bower s'était répandue dans l'école, et il venait de se trahir auprès du Serdaigle... Il n'avait aucune envie d'en reparler, même s'il savait que la plupart des autres élèves compatissaient à son malheur...

Le garçon, tout désolé qu'il était s'était affairé à fouiller dans ses poches, et en avait retiré une drôle de pochette qui renfermait des rectangles de coton blanc. Etant donné que les sorciers n'utilisaient pas ce type de mouchoir - et que sa mère n'avait jamais put leur apprendre quelque inventions moldues que se soit - il ne comprit que c'était des mouchoirs que lorsqu'il vitl'un des rectangles se déplier dans ses mains.
- Ca va... C'est rien.
C'est tout ce que réussit à dire d'autre le Serdaigle, qui n'avait aucune envie de laisser sa colère exploser. Il n'en avait ni le courage, ni l'envie. Il lui avait tout de même parlé sur un ton assez sec, qui sembla blessé le jeune garçon.
-Oui, ma baguette... c'est ce que j'aurais pu faire si j'en avais eu une en état de marche.
Aïlin se figea, étonné. Son regard descendit sur le blason du jeune homme et le doute s'empara de son esprit... Lynn lui avait parlé d'un garçon, son ami qui s'était fait casser sa baguette par Ultan.

- Tu... Tu es William ? Demanda-t-il, étonné.
Sa froideur était immédiatement retombée, et le jeune Bower fixait maintenant avec des yeux ronds le camarade de Lynn.
- Je suis désolé, je me suis un peu emporté... C'est bien toi qui s'est interposé entre ma soeur et Ultan ?

Oubliant la douleur qui lui lançait le nez, le jeune Bower s'essuya une main dans un des mouchoirs en papier et observa William sans dire un mot. Prit au dépourvu, il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait dire à ce jeune homme qui s'était courageusement mêlé à la "dispute" qu'avait provoqué son frère. S'excuser n'était pas suffisant pour réparer ce qu'avait fait son Serpentard de frère, et le remercier pourrait paraître peu être trop déplacé. Alors, le garçon chiffona les mouchoirs usés et sur un ton d'excuse, se présenta.
- Je suis Aïlin, le deuxième grand frère de Lynn.

Lynn lui avait-elle parlé de lui ? Le Serdaigle l'ignorait et se demandait comment réagirait le jeune Gryffondor, mais il ne sut trouver les mots qu'il cherchait à dire à propos de ce qu'il s'était passé. Cette histoire l'avait tellement contrarié, et à présent, il se retrouvait devant l'un des acteurs de la scène...

William déplia un mouchoir pour montrer au Serdaigle de quoi il s'agissait, espérant qu'il ne relèverait pas l'allusion à sa baguette. Il sut aussitôt, cependant, qu'il s'était trahi; le jeune homme releva la tête, indifférent au sang qui continuait de couler, et il fixait Will avec un intérêt nouveau.

Citation :

- Tu... Tu es William ?

Il savait que l'histoire s'était répandue dans l'école, mais pas que son nom avait été mentionné. Tandis qu'il approuvait mollement d'un signe de tête, le garçon lui révéla comment il connaissait son nom, et cette fois, c'est William qui ouvrit de grands yeux. Jamais Lynn ne lui avait parlé d'un autre frère- de toute façon, ces derniers temps, elle ne lui parlait carrément plus, elle fuyait dès qu'elle le voyait. Incapable de dissimuler sa surprise, il balbutia:

-Tu... tu es le frère de Lynn??

En y repensant, elle avait toujours été très discrète sur sa famille. William avait découvert l'existence d'Ultan par hasard, parce qu'il l'avait trouvé en train de maltraiter Lynn... et la petite Gryffondor n'avait jamais évoqué d'autres frères et soeurs, ou ses parents. Se rendant compte que sa surprise pouvait être blessante pour Aïlin, il essaya de se rattraper:

-Je suis bien William, oui... William Craig...

Il avait failli dire "enchanté", mais il ignorait tout de ce garçon. Etait-ce une brute épaisse comme Ultan?... si c'était le cas, le pauvre petit rouquin était mal parti... Mais le Serdaigle ne semblait pas mal disposé à son égard... William lança un regard vers la porte, en se demandant s'il ne serait pas préférable de partir...

William ne semblait pas ravit de savoir qu'Aïlin était au courant, pour ce qu'il s'était passé, mais tout ce pouvait concerner sa soeur, le Serdaigle faisait en sorte de le savoir. Lorsqu'il annonça qu'il était l'autre frère de Lynn, le garçon fut étonné, comme s'il ignorait que la petite Bower avait un autre frère. Aïlin n'était pas étonné de cela, car il savait que sa cadette était discrère quand le sujet parlait de sa famille, mais cela n'empêcha pas de sentir sa gorge se nouer quelque peu. Il ne laissa rien paraître de ce petit moment de déception, et acquiéça de la tête sans plus penser au sang qui gouttait encore.
Soudain, le jeune Gryffondor au l'air inquiet. Aïlin capta le regard furtif qu'il avait jeté à la sortie et il s'approcha quelque peu, une main vers lui, qui se voulait être amicale, mais qui pouvait être effrayante, avec l'eau rougeâtre qui l'imprégnait encore.
- Je... Je ne sais pas quoi te dire pour ce que tu as fait. Je suis désolé pour mon frère, ne penses pas que je soit comme lui, surtout... Je... Lynn est ma soeur, je ne lui ai jamais fait de mal et je ne ferais jamais de mal à ses amis.

Sans se rendre compte qu'il attrapait presque la main de force à William, il la lui serra amicalement, et força un sourire à apparaître sur ses lèvres.
- Tu es courageux de t'être interposé, je t'en remercie et je suis enchanté de te connaître... Même si j'aurais préféré que se ne soit pas à cause d'une porte dans le nez.
Son faux sourire s'accentua, mais disparut bien vite lorsqu'il se rendit compte que sourire parvenait même à lui faire mal au nez.- En tout cas on peut dire que tu n'y vas pas en douceur, quand tu es décidé à ouvrir une porte !

[désolé c'est court mais je voudrais te laisser le temps de réagir]

Aïlin avait compris ce qui inquiétait William, et il s'empressa de le rassurer... Non, il n'était pas comme Ultan, il lui aurait déjà cassé la figure s'il avait été comme son aîné... Le regard d'Ultan dans les couloirs avait été sans équivoque; si Will avait le malheur de se retrouver sur son chemin, il le découperait en petits morceaux. Bien sûr, si Aïlin avait été d'accord avec les idées de son frère, il lui aurait mâché le travail en attaquant William... En plus, il n'avait même pas tiqué en entendant son nom, alors qu'Ultan avait grimacé et murmuré "Sang-de-Bourbe"...
Le Serdaigle s'avançait vers William, qui eut un mouvement de recul irraisonné. Non, il n'était pas rassuré... mais Aïlin lui serra la main, et le remercia d'avoir aidé Lynn à échapper à Ultan. Will ne réagit pas immédiatement, il attendit que le Serdaigle relâche sa main pour répondre:

-Euh.... c'est normal, tu sais... Lynn est une amie, je ne pouvais pas... enfin, c'était une amie, corrigea-t-il avec amertume.

Pourquoi refusait-elle de lui parler depuis cette mésaventure? Pourquoi? Qu'avait-il fait qui lui avait déplu? William essaya de penser à autre chose, et il murmura:

-Moi aussi je suis désolé de te rencontrer dans de telles circonstances... J'espère que je ne t'ai pas trop fait mal... Pardon...

Il ne pouvait pas s'arrêter de se demander ce qu'il avait fait à Lynn, et il déclara soudain, sans réfléchir:

-Lynn refuse de me parler depuis ce jour-là... Tu sais pourquoi? Je ne pouvais pas passer mon chemin, quand même...

Il ne s'était pas senti aussi malheureux depuis pas mal de temps. Il était certain d'avoir agi pour le mieux, mais Lynn le fuyait... Il regrettait même d'être passé dans ce couloir, et d'avoir vu Ultan et Lynn... Tant qu'il ne savait rien, Lynn ne le fuyait pas comme un pestiféré...

William essaya de gagner du temps, pour ne pas être obligé de répondre immédiatement. Ses pensées se bousculaient dans sa tête, et il avait besoin de remettre un peu d'ordre dans tout ça... Il observa le nez presque propre du Serdaigle, et secoua la tête. Non, ce n'était pas cassé, visiblement. Pourtant, il avait vraiment défoncé la porte, et le visage du malheureux Aïlin... Son nez était enflé, et des traces de sang séché recouvraient tout le bas de son visage. Will se sentit légèrement honteux d'avoir causé un tel carnage, et il espéra que le hibou du professeur Maugrey ne tarderait pas... L'enseignant devait l'accompagner pour l'achat d'une nouvelle baguette, et Will avait hâte de redevenir un élève comme les autres, avec une baguette en état de marche.
Lorsqu'il ne put plus prétendre se passionner pour l'état du nez d'Aïlin, il sentit qu'il devait répondre, et il dit lentement:

-Mais... je ne demande pas mieux que de parler posément, comme tu dis... mais c'est Lynn... dès qu'elle me voit, c'est comme si elle avait vu le diable en personne... elle file à toutes jambes...

Il ne parvenait pas à chasser toute trace d'amertume de sa voix. Le comportement de Lynn lui faisait tellement mal... C'est cette politique de la fuite qui allait lui faire mal interpréter les choses, à force. Il commençait à se demander, sérieusement, s'il avait bien fait d'intervenir, s'il n'aurait pas dû laisser faire Ultan... mais quelque chose en lui s'y refusait, et il éprouvait alors la même colère qu'en voyant Lynn recevoir les coups... Non, il aurait fallu être le dernier des lâches pour laisser faire ça, et passer son chemin comme si de rien n'était. Il y eut un bref silence, puis Will reprit, entre espoir et inquiétude:

-Elle t'a parlé de moi?... et... elle t'a dit que... enfin, elle ne t'a pas dit qu'elle m'en voulait, qu'elle ne voulait plus me voir?

Citation :

Dis-moi, que c'est-il passé exactement ?

William ne s'attendait pas à cette question. Il pensait que Lynn avait tout raconté à son frère, et il espérait ne pas avoir à se replonger dans ses souvenirs... Il ne répondit pas immédiatement, occupé à se rincer le visage- et à chercher ses mots pour raconter ce qui s'était passé. Il aurait pu dire à Aïlin qu'il n'avait pas envie d'en parler, le Serdaigle l'aurait probablement compris, tout comme il avait compris sa rancune à l'égard d'Ultan... mais William voulait qu'il sache. Il fallait qu'il connaisse tous les détails, c'était important pour Lynn... et pour lui aussi, il sentait que cela lui ferait du bien de raconter cette mauvaise rencontre à quelqu'un. William prit une profonde inspiration et commença à parler, en regardant dans le miroir Aïlin qui se trouvait derrière lui:

-Quand je suis arrivé, il venait de la gifler, et il la tenait par les cheveux... Il allait frapper encore, mais je lui ai lancé un sort qui l'a obligé à la lâcher. Je n'ai pas fait attention à lui, il était en train de crier que j'étais un lâche... je suis allé voir si Lynn allait bien, et il m'a désarmé...

Il secoua tristement la tête, se reprochant amèrement ce moment de distraction. S'il avait été moins inquiet pour Lynn, il aurait surveillé Ultan plus attentivement et aurait pu esquiver...

-Lynn m'a dit qu'elle venait de se trouver mal, et qu'Ultan l'avait aidée à se relever. Je n'en ai pas cru un mot, je l'ai vu la frapper! Bref, elle a essayé de le convaincre de me rendre ma baguette et de me laisser partir. Je n'ai pas voulu la laisser seule avec lui... et Ultan ne voulait pas me laisser partir. Il voulait que je promette de ne rien dire... Il a fait apparaître un serpent, et il m'a lancé un maléfice du Bloque-Jambes pour que je ne puisse pas m'en aller. Le serpent s'approchait de moi, et Ultan ricanait...

Il déglutit difficilement, et marqua une pause. Il se revoyait, immobilisé, regardant fixement la gueule ouverte du reptile...

-C'est Lee Jordan qui m'a libéré. Il a essayé de s'interposer, mais apparemment, Ultan n'avait aucune intention de nous lâcher. Lee lui a dit de me rendre ma baguette, Ultan l'a sortie de sa poche et... il l'a cassée en deux... A ce moment, le professeur Maugrey est arrivé. Il nous a dit de partir, et je me suis dépêché de ramener Lynn à la tour de Gryffondor. Voilà, conclut-il d'une voix blanche, encore tremblant en évoquant l'instant où Ultan avait brisé sa baguette.

William releva la tête et le regard des deux garçons se croisèrent dans le miroir. Le plus jeune poussa un soupir, mais il prit la parole, bien que difficilement.
Lorsque le récit avançait, en particulier au moment où William expliquait ce qu'Ultan avait fait à sa soeur, Aïlin sentit son coeur palpiter et sa gorge se nouer. Si William n'était pas intervenu, peut-être qu'il aurait été plus loin encore...
Il lui expliqua ensuite ce que Lynn avait voulut lui faire croire, puis ce qu'Ultan lui avait fait à lui. Lynn avait raison, il était de plus en plus mauvais, il ressemblait plus que jamais à Torin...
Cette pensée le fit frissonner. S'il y avait eu un espoir qu'Aïlin puisse faire un jour entendre raison à son frère, celui-ci était pas loin d'être consumé.
Aïlin secoua la tête en poussant un long soupir.
- Je suis désolé que tu aie eut à subir ça. Ultan... est sur une pente glissante, de laquelle je doute qu'il puisse parvenir à se relever...
Détournant son regard du miroir, Aïlin s'asseya sur le rebord du lavabo, les mains toujours en appuit.
- Heureusement que Maugrey est arrivé. Dommage qu'il ne soit pas venu plus tôt, cela aurait peut-être évité qu'Ultan ose briser ta baguette.

Un nouveau soupir s'échappa des lèvres du grand brun. Si son frère l'entendait parler en cet instant, il deviendrait sûrement fou de rage qu'il ne reconnaisse pas son acte comme un exploit. Quad l'image de son aîné en colère lui parvint, Aïlin ne put s'empêcher de faire naviguer son regard sur la pièce, près à le voir surgir de nul part.
Ultan avait pour habitude de le surveiller, de près comme de loin, et l'idée qu'il soit caché derrière une porte lui parvint un instant. Pensée qu'il chassa aussi vite qu'elle était venue. C'était ridicule de penser une chose pareil, Ultan était surtout du genre à se montrer plutôt qu'à se cacher... Pas comme lui...

- Qu'est-ce que tu crois, à propos de ce que tu as vu, William ? Avait finit par demander Aïlin.
Il appréhendait la réponse, se doutant de ce que le Gryffondor pouvait imaginer après avoir vu une soeur brimée par son grand frère... Et le pire dans cette histoire était qu'il avait raison de le croire.

William essaya d'adresser un sourire à Aïlin, un sourire pour lui dire "mais ce n'est rien, voyons, j'en ai vu d'autres"... mais personne ne pouvait s'y tromper, et son sourire ressembla davantage à une mimique d'impuissance, quelque chose qui signifiait clairement qu'il gardait un très mauvais souvenir de cet épisode, mais qu'il fallait bien faire avec. Si seulement, comme le disait Aïlin, Maugrey était arrivé avant... si lui avait surpris Ultan en train de brutaliser Lynn, il lui aurait fait passer l'envie de recommencer. Mais Will en venait à se demander s'il n'avait pas donné encore plus de raisons à Ultan de recommencer... Il semblait s'être régalé. Son regard, son sourire mauvais tandis que le serpent menaçait William en disaient long... Il y avait fort à parier que le rouquin allait devenir une victime de choix pour le Serpentard. D'après ce qu'avait raconté Lee Jordan, Ultan avait précisé, en quittant le couloir, qu'il voulait revoir "son copain Willi"... une menace à prendre au sérieux. Machinalement, William se redressa, comme pour montrer qu'il n'avait pas peur... mais la seule autre personne présente était Aïlin, qui ne semblait pas animé de mauvaises intentions.
La question du Serdaigle laissa Will perplexe un instant. Devait-il confier à ce garçon inconnu ce qu'il soupçonnait des relations entre Lynn et Ultan?... Après tout, il était leur frère et avait peut-être une chance d'arrêter ça... Lentement, en cherchant bien ses mots, Will répondit:

-Je pense... que ce n'est pas la première fois qu'il la traite comme ça. Elle semblait avoir si peur... et elle a insisté pour que je parte, pour qu'Ultan ne me frappe pas moi... et sa façon de me dire qu'elle avait fait un malaise... Je pense, résuma-t-il, qu'il ne s'agissait pas d'une simple dispute entre frère et soeur.

Il avait prononcé ces quelques mots presque à voix basse, en évitant le regard d'Aïlin. Ces paroles semblaient si incroyables...

William se sentait terriblement gêné en entendant Aïlin. Il avait le sentiment que le Serdaigle essayait de minimiser la situation... ça ne s'est jamais bien passé entre eux... Mais ce que Will avait pu voir dans le couloir était au-delà de ces simples mots... Lorsqu'il comparait Lynn et Ultan à ce qui pouvait se passer entre lui-même et sa soeur aînée, il mesurait toute la différence entre leurs chamailleries et la situation nettement plus violente chez les Bower.
Ignorant tout de la famille Bower, William ne pouvait que chercher à aider Lynn, sans imaginer un instant que cela pourrait le mettre lui-même en danger. Il regarda Aïlin avec froideur, se demandant s'il était lâche ou borné... Il ne comprenait donc pas ce qui se passait? ou il ne voulait pas s'en mêler, de crainte de devenir, lui aussi, une victime d'Ultan?... Le petit Gryffondor écouta la promesse d'Aïlin, et il répondit, sur un ton qui manquait singulièrement de conviction:

-Oui... espérons qu'Ultan ne cherchera plus à frapper Lynn... Je vois que tu veux essayer de la protéger, et moi aussi... et Maugrey aussi, sans doute... A nous tous, on pourra peut-être le tenir à distance...

Il s'interrompit, repensant à ce que lui avait raconté Lee Jordan. Apparemment, Ultan allait essayer de le retrouver, probablement pour lui faire payer son intervention... Il avala sa salive avec difficulté, et reprit, essayant de passer à autre chose:

-Ton... euh... Ton nez va mieux?

A l'expression qu'arborait William, Aïlin comprit bien qu'il se refusait à croire ce qu'il était en train de lui dire. Bien sûr, qui aurait put le croire après avoir vu ça, et subit la violence d'Ultan ? Le Serdaigle poussa un imperceptible soupir. Personne doué d'un peu de jugeotte n'aurait accepté la piètre excuse qu'il venait de fournir. William finit par lui répondre sur un ton peu convaincut, et sa phrase interpela le jeune Bower. "et moi aussi...".
- Non William. Pas toi. Restes en dehors de tout ça. Ce que tu peux faire, c'est soutenir Lynn, mais pas t'opposer à lui. Tu n'es qu'en deuxième année, lui en cinquième et il t'as déjà cassé ta baguette. Laisses le professeur Maugrey s'en charger, je pense qu'on peut lui faire confiance, si tu n'as pas confiance en moi.

Il était rare qu'Aïlin soit aussi direct, mais tourner autour du pot ne servait plus à rien. William n'aurait pas comprit, il n'aurait pas comprit que le danger était plus grand que ce qu'il ne pensait. D'ailleurs, il ne le savait peut-être toujours pas, mais maintenant, il était prévenu.
Aïlin le regarda droit dans les yeux, l'éclat d'inquiétude remplacé par un air qui ne permettait pas d'appel.
- Ne t'approches pas d'Ultan, d'accord ? Et si tu as des problèmes avec lui, va voir le professeur Maugrey. Et... viens m'en parler.

Il avait hésité en prononçant sa dernière recommandation. Par sa phrase, il venait de s'engager à ne plus faire la sourde oreille, à se mêler du comportement d'Ultan... Et à se mettre en danger. Mais c'était inévitable, il fallait que ça arrive un jour, et Aïlin ne pouvait pas laisser les choses se dégrader pour un accidentel témoin, et pour sa soeur. Il avait déjà laissé couler trop d'injustices...

Aïlin s'était tut, et William avait finit par lui demander comment allait son nez. Trop préocuppé, il en avait oublié la douleur, et l'évocation de sa blessure lui déclencha une légère gêne, mais la douleur n'était plus aussi intense. Après un passage à l'infirmerie, il n'aurait sûrement plus rien. Il passa une main délicatement sur l'arrête de son nez et sentit qu'il était encore cependant encore enflé.
- Ca va aller, l'infirmière va faire disparaître l'inflammation en un coup de baguette, et je n'aurais sûrement plus rien. Sourit-il.

William observa Aïlin, sincèrement étonné. Il n'avait aucune idée du danger que pouvait représenter la famille Bower, et ne comprenait donc pas le conseil du Serdaigle. Ne pas s'approcher d'Ultan, ne pas s'opposer à lui, rechercher l'aide de Maugrey... Il avait affaire à un dangereux criminel, ou à un simple élève de Poudlard? à entendre Aïlin, il commençait à avoir de sérieux doutes. Il détourna le regard, réfléchissant. Aïlin avait l'air plus sérieux qu'il ne l'avait été jusqu'à présent. Il y avait donc vraiment un danger?... un danger plus grave qu'une simple bagarre, une baguette brisée... Sans comprendre- qui aurait pu comprendre?- il pressentait qu'il venait de mettre le doigt dans quelque chose qui le dépassait. Il garda le silence encore quelques instants, puis répondit, d'une voix étouffée:

-Je ne te promets rien. Si je peux aider Lynn, ne compte pas sur moi pour aller gentiment chercher le professeur Maugrey...

Non, il ne se rendait pas compte de ce qu'il risquait. S'il l'avait su, il est probable qu'il aurait non seulement suivi le conseil d'Aïlin, mais aussi envoyé au diable tous les Bower, Lynn comprise. Il rouvrit le robinet, et se passa de l'eau fraîche sur le visage. Cette conversation avec Aïlin le laissait perplexe. Que se passait-il chez les Bower?... Il ne fallait pas compter sur Lynn pour le lui dire, songea William, et cette pensée le rendit soudain malheureux. Pourquoi refusait-elle de lui parler?... Il était si loin de se douter de la vérité.... Pour qui la connaissait, l'attitude de Lynn était compréhensible... mais William, lui, ne comprenait pas, et il en souffrait. Il essaya de ne plus y penser et demanda à Aïlin, d'une voix qui sonnait particulièrement faux:

-Tu veux que je t'accompagne à l'infirmerie?