Somnembulisme

Il était près de minuit. Pour une fois, Eiden avait réussi à s'endormir assez tôt, car elle était exceptionellement creuvée.
Elle était maintenant debout. Elle marchait lentement, au milieu du parc, les yeux fermés. Dans une totale inconscience de ses mouvements, elle avait réussi à ne pas être vue des prefets et professeurs montant la garde, et la porte principale avait bizarrement été laissée ouverte cette nuit là. Eiden rêvait de choses très bizarre. Il y avait un visage, elle ne le connaissait pas, il lui souriait. Puis elle sentait une forte douleur au niveau du dos, le visage disparaître, et son arrière grand mère passer en volant au dessus d'elle..

"Coucou ma chérie!! Regarde, tu n'arriveras jamais à le faire!! Tu ne le feras jamais aussi bien que moi!! Mouaahahahaha!!"

Elle gémissait alors et prononçait à voix haute:

"Tu es morte, grand mère, tu ne m'en empêcheras jamais..."

Elle continuait de marcher lentement, comme dans de l'eau, puis finit par trébucher sur une racine mal enterrée. Elle tomba, toujours sans le savoir, dans les bras d'un garçon qui venait de la rattraper...

Etant dimanche, Marcus avait dormi tout l’après-midi. La fatigue était telle qu’il s’était assoupit pendant plus de 4h. Lorsqu’il se réveilla il était tout juste 21h et le soleil commençait à laisser place à une nuit noire. Il s’était rapidement préparé et était directement descendus manger quelque chose. Une fois fait, il décida d’aller faire un tour vers le parc l’histoire de se rafraîchir les idées. Il croisa plusieurs élèves qui, contraints par le couvre-feu, rentraient dans le château.

Au bout de quelques instants il atteignit le parc. Le soleil terminait de se coucher et Marcus décida d’assister à la fin du couché. Il fallait qu’il fasse attention à ne pas se faire attraper par les préfets ou par Rusard. Il décida donc de s’asseoir derrière un arbre afin d’être caché d’une éventuelle surprise inattendue. Il était placé de façon à ce que si quelqu’un arrivait du château, il l’entendrait débarquer et pourrait ainsi déguerpir rapidement.

*Pfiouuuu, finalement j’aurais rien foutu aujourd’hui. Ce n’est pas très digne d’un Serdaigle mais bon, de temps en temps ça ne peut pas faire de mal. *

Marcus regarda attendrit la fin du couché de soleil. Le ciel avait pris une couleur profonde et quelques étoiles pointaient. Présage d’un doux lendemain.
Le temps passa et la nuit avait définitivement pris place.
Le couvre feux était largement dépassé et Marcus n’avait pas intérêt à ce faire piquer.

Alors qu’il réfléchissait à la manière dont il pourrait parvenir à rentrer dans son dortoir sans se faire repérer, un bruit de pas le sortit de ses pensées.
Tout de suite il se leva et se colla dos à l’arbre. Il pencha légèrement la tête pour regarder qui venait. Il aperçu alors une jeune fille qui marchait vers lui les bras tendus en avant. Elle semblait marmonner des paroles inaudibles. La pression descendit lorsque Marcus se rendit compte qu’il ne s’agissait que d’une simple élève.
La jeune fille se rapprochait de plus en plus et on pouvait à présent apercevoir son visage : il semblait endormi.
* Oula, c’est quoi ce délire. Hum, bien sur… c’est une somnambule ! *

La jeune fille, dont on pouvait dire qu’elle était à Gryffondor d’après son insigne sur sa tenue, était à présent au même niveau que Marcus. Elle continuait de marcher et avait arrêté de parler. Soudainement son pied se prit dans une des racines de l’arbre et bascula en avant. Marcus eut juste le temps de tendre les bras pour amortir la chute. Il la retint quelques secondes puis l’allongea délicatement sur le sol. Elle semblait être plongée dans un profond sommeil.
Marcus lui tapota les joues pour la réveiller tout en lui parlant doucement :

-Hé ho… tu m’entends ? … réveilles toi … Il faut pas rester là… aller réveilles toi…

Marcus était accroupie à ses côtés et tentait désespérément de la réveiller.

Son rêve sautilla comme un buguage de télévision lorsqu'elle tomba. Elle vit alors les images s'éloigner, elle commençait déjà à tout oublier, à trouver l'état entre le sommeil profond et le réveil. Eiden reprit conscience, et n'ouvrit pas tout de suite les yeux. Elle sentait sous son corps allongé comme quelque chose de mou et d'assez doux...

"Allez, réveilles toi..." entendit-elle au dessus d'elle.

*Mais pourquoi, non, c'est encore ce maudit réveil... il sonne jamais de toutes façon... non, je veux encore dormir...*

Une petite brise lui carressa les cheveux. Eiden était encore dans un état très endormi.

*Quel est l'abruti qui a encore laissé la fenêtre ouverte?*

La voix du jeune garçon se fit alors entendre, plus distinctement cette fois. Les doigts de la jeune fille se crispèrent sur le sol qui lui parut inhabituel. Le fait de reconnaître la terre sous ses mains la réveilla vraiment. Elle ouvrit les yeux, doucement, et aperçu le visage d'un garçon inconnu, entouré d'une nuit noire.

"Où suis-je..." murmura-t-elle, voulant connaître une réponse à ses doutes. Elle releva lentement la tête, regardant autour d'elle.

*Bon sang, mais qu'est ce que je fous là*

Marcus regarda la jeune fille se réveiller lentement. Il trouvait qu’il y avait un petit côté comique à la scène qui était entrain de se dérouler. Le petit air « gaga » de la jeune fille mit le sourire aux lèvres de Marcus.
Petit à petit elle reprit ses esprits et finit par dire quelque chose de compréhensible :

« Où suis-je… » Dit-elle.

Marcus rigola doucement. La scène devenait de plus en plus comique. Il se posa alors une question :

* Comment elle a fait pour arriver jusque la sans se faire prendre par un préfet ? *

Il resta perplexe face à cette question. Puis il décida tout de même de répondre à sa question :

-Tu es dans le parc, il doit être dans les alentours de 22h30 et tu viens de chuter lourdement. Quant à moi je suis Marcus de Serdaigle et j’ai comme qui dirait limité les dégâts. Répondit-il ironiquement.

Eiden se releva complètement de façon à se trouver assise, et fixa le garçon d'un air à moitié désolé à moitié énervé.

*Ce garçon doit me prendre pour une grosse cruche... Oh non. Pourquoi cette chose stupide m'arrive-t-elle encore?!*

"Merci d'avoir amorti ma chute, si c'est ce que tu as fait" lui dit-elle, une moue triste sur le visage.

"J'ai été somnembule dans mon enfance, mais je croyais que ça c'était arrêté. Apparement, je suis en reproie de cette maudite chose. Je ne savais pas que je pouvais marcher aussi loin."

Elle haussa les sourcils, comme énervée contre elle-même, et se releva. Quelle sensation bizarre de se retrouver au milieu de la nature, en pleine nuit, sans avoir pu se contrôler!

"Ne me prends pas pour plus bizarre que je ne suis, s'il te plait. Ce problème est vraiment détestable. Une fois je me suis réveillée alors que je m'apprêtais à rentrer dans le parc à cochons, chez une amie. C'est pas marrant." dit elle avec un léger sourire.

"Puis-je connaître le nom de mon amortisseur de chute?"

Marcus écouta attentivement le récit de la jeune fille. Il rigola de temps à autre surtout pour l’histoire des cochons.
Marcus se rappela alors sa grand-mère paternelle qu’il avait du voir qu’une fois dans sa vie. Mais la seule fois où il l’avait vu fut un moment qu’il n’oublierait jamais.
Elle était venue passé un week-end à Paris et elle dormait dans la même chambre de Marcus, faute de place. Au beau milieu de la nuit Marcus fut réveillé par des bruits étranges. Il vit sa grand-mère tourner en rond dans la pièce, les bras devant pendant 15 minutes. Ce temps passé, elle était retournée s’allonger dans son lit et elle replongea dans un sommeil profond tout en ronflant. Le lendemain elle ne se souvenait plus de rien et ça fit rire toute la famille jusqu’à la fin de week-end.

*Ah lala, que de souvenir. Mais soyons sérieux. Ca aurait pu mal tourner. Imagine qu’elle soit entrée dans la forêt interdite. *

A cette vision, Marcus préféra arrêter d’y penser. Lorsqu’il vit qu’elle avait complètement repris connaissance il lui répondit :

« Je suis Marcus BELBY de Serdaigle. Et toi tu es ? » Ajouta-t-il gentiment.

Puis il se leva et alla se rasseoir contre l’arbre en attendant sa réponse.

"Eiden Fawl, de Poufsouffle, enchantée!"

Elle ressentais encore la honte de prononcer ce mot, Poufsouffle, alors qu'elle n'avait sûrement pas lieu d'être. C'était la maison où elle n'avait pas voulu aller. Mais son horrible destin fit que le Choixpeau magique l'envoya là-bas. Avec du recul, elle se dit que ce n'étais pas si terrible, mais la réputation de "mous-nés" des Poufsouffles n'arrangeais pas l'affaire.
Eiden songea alors à la manière de rentrer sans se faire voir.

*Au moins, j'ai une excuse*

"Et toi, que fais-tu là à cette heure ci? Je ne sais pas si tu as une idée de la façon dont on va se faufiler pour rejoindre les dortoirs..."

*Si je connaissais plus de sorts que ça, aussi...*

En attendant sa réponse, elle enleva la terre qu'elle avait sur les jambes.

"Eiden Fawl, de Poufsouffle, enchantée!"

Marcus sourit. Sa vision lui avait fait défaut, la jeune fille n'était pas de Gryffondor comme il le pensait mais de Poufsouffe. Il fut légèrement étonné. Il lui semblait avoir vu le symbole de Gryffondor sur son vêtement. Puis il arrêta de réfléchir, après tout il était vraiment tard.

*Bref passons, je me prend la tête pour rien là*

"Et toi, que fais-tu là à cette heure ci? Je ne sais pas si tu as une idée de la façon dont on va se faufiler pour rejoindre les dortoirs..."

Marcus répondit :

« Je sais pas je m’ennuyais alors j’ai décidé de faire monter un peu l’adrénaline. Mais nan !!! T’inquiètes pas on va y arriver… A part qu’on prend pas le même chemin c’est tout… ! »

Marcus disait cela pour dédramatiser la situation.

* En réalité c’est vrai que c’est un peu critique *

« Tu m’fais peur la… »

* Mais nan, réfléchis un peu, les préfets ils dorment… * pensa-t-il pour se redonner un peu de courage.

"Faire monter l'adrénaline? C'est vrai que tu as trouvé le bon moyen... Je propose qu'on fasse tout les deux semblant d'être somnembule, je t'assure qu'avec ça ils ne nout puniront pas!"
Dit elle sans trouver une meilleure idée. Elle sorti un baillement qui n'étais pas très approprié au contexte, mais c'était bien évident, elle ne voulait pas passer la nuit ici.

"Sinon, ben... en fait, je ne sais pas trop... tu es fort en escalade?"

Un fort hululement d'hibou se fit entendre juste au dessus d'eux, ce qui fit sursauter Eiden. Malgré le printemps, elle commençait à avoir un peu froid.

"Tu crois qu'ils dorment tous?"