En cette douce soirée de Novembre, une silhouette se découpait dans les étroites ruelles de Pré-Au-Lard, une silhouette qu'on pouvait décrire comme élégante, svelte et raffinée. En se rapprochant un peu plus, on aperçevait une longue chevelure d'un noir de jais, encadrant un visageau au teint de nacre, aux allures de la haute noblesse. La dame avait deux yeux de couleur verte, fixant, scrutant tout ce qui s'agitait à leur vue. Elle était d'ailleurs réputée pour avoir un regard perçant, un regard venimeux, de "tueuse" et qui en disait long sur ce qu'elle pensait, sans oublier ses cils toujours parfaits.

Et comme si cela n'était pas suffisant, elle les maquillait parfois de noir. Certains mendiants allaient même jusqu'à raconter à qui voulait l'entendre qu'elle était capable de lire dans les pensées tellement on avait l'impression que d'un regard elle pénètrait votre âme. Ainsi, ce regard pouvait faire peur, mais pouvait également plaire, probablement à cause de ce côté pénétrant, ces yeux brillant donnant un côté sensuel à la jeune femme. Et puis, il y avait ses lèvres. De très belles lèvres d'ailleurs, ni trop longues, ni trop fines, parfaitement proportionnées par rapport à son visage, un ovale parfait qui plus est. Ses lèvres, légèrement rosies naturellement, étaient également légèrement pulpeuses, sans exagération.

Et le sourire de Destinée, lorsqu'elle souriait bien sûr, était soit mesquin, soit coquin, jamais enjôleur, la gente dame estimant qu'un tel sourire n'irait pas avec ce qu'elle dégage. Malgré la beauté froide de son visage, la sorcière était tout sauf l'une de ces jolies poupées vénitiennes. Elle laissait souvent ses longs cheveux sombres tomber en cascade jusque dans son dos. Son caractère reflétait un peu ce dernier point, cette negligence.

Femme plutôt indépendante, c'était le genre de personnes se méfiant beaucoup, regardant sans arrêt dans leur dos et mettant sans arrêt en doute la parole des autres. Souvent sur la défensive, elle pouvait être agressive selon la situation, son passé lui ayant appris à beaucoup se méfier des autres et à n'accorder sa confiance que très difficilement. Ainsi, il valait mieux être honnête avec Destinée, car même en l'étant il était très difficle de la convaincre de bonne foi. Paradoxalement, et malgré son changement radical il y a des années, l'honnêteté n'était pas vraiment innée chez elle. En effet, elle n'hésitait pas à faire des coups bas si sa survie en dépendait, son vécu lui ayant également appris à manipuler et à jouer la comédie pour se tirer des situations qui pourraient devenir périlleuses.

Mais l'une des choses que Destinée aimait le plus au monde, c'était le fait de se sentir libre, et pour rien au monde elle n'était prête à abandonner sa liberté. C'est cette liberté qui l'avait amené à Pré-Au-Lard, dans les ruelles de son village, ce soir. Elle menait une discussion avec un client du bar des trois balais, qu'elle connaissait assez bien pour lui avoir souvent prêté main forte lorsqu'il avait un peu trop bu. En l'occurence ce soir, il avait bu mais n'était pas sec, comme on dit.

"... tout le temps tort, elle me dit... tout... le temps."
"Alroy, tu ne vas pas tarder à tomber. Je ne te ramasserais pas, tu es prévenu."

Destiné avait toujours trouvé fascinants les réflexes de ceux qui étaient atteints par les effets de l'alcool. L’expression de son visage lui faisait penser à celle qu’elle avait trouvé sur le visage des drogués de Whitechapel, il y avait une éternité de cela. Son ami avait-il entendu ce qu'elle lui avait dit ? Elle n’en était pas tout à fait sûre. D'ailleurs, elle-même n'entendit pas ses paroles lorsqu'il partit, murmurant dans sa barbe. Destinée scruta le coin de rue où Alroy avait disparut, puis attendit quelques minutes dans la douceur de la nuit.

[ Libre. J'ai pas pu attendre ^__^' ]

[HJ]Désolée si c'est pas ce que t'attendais je file rapidement !

Le crépuscule, un moment magique. Le ciel se teint de couleurs paradisiaques, orangées, rosées, rougeâtres ... L'air s'emplit d'une espèce de magie, en un mot tout va bien ... Eh bien pour Lavande Brown, jeune fille de bientôt 13 ans pas du tout !

En effet, la brunette était dans un sale pétrin. Elle avait profité de son dimanche pour faire une petite sortie à Pré-Au-Lard histoire de se changer un peu les idées car depuis le début de l'année scolaire elle était constamment débordée et surchargée de travail. Elle s'était donc accordée une petite pause et avait passé la journée à faire des emplettes, avait mangé aux Trois Balais puis était sortie de nouveau visiter les magasins où elle n'était pas encore rentrée. Elle s'était achetée tout et n'importe quoi dépensant ton son argent de poche mensuel ! Seulement lorsque le gérant de la papeterie où elle était entrée pour s'offrir une nouvelle plume l'avait presque jetée dehors car il devait fermer, la Rouge et Or avait enfin remarqué l'heure : 19h30 !

Elle devait être de retour au Château à huit heures au plus tard sinon elle risquait non pas une semaine mais un mois de colle si ce n'est plus ! Elle prit donc ses innombrables sacs et se mit à courir telle une dératée en direction de la sortie du village. Seulement la Gryffondor était si pressée qu'elle ne regardait même pas devant elle, trop occupée à penser :

**Plus vite, plus vite ! Si je n'arrive pas à temps je suis morte et je n'ose même pas imaginer le nombre de points que McGo enlèvera à Gryffondor ! **

Et ce qui devait arriver arriva ! La lionçonne entra en collision avec une personne qui se trouvait en plein milieu d'une ruelle qu'elle traversait à toute vitesse. Le choc fut rude, la gryffone se retrouva les quatre fers en l'air et tous ses paquets s'éparpillèrent. Heureusement la troisième année ne se blessa pas et se remit d'aplomb immédiatement mais alors qu'elle ramassait son dernier paquet, elle remarqua enfin la personne qu'elle avait renversée. (il lui en faut du temps ! )

C'était une femme à la beauté époustouflante et tout d'abord la jeune fille en resta bouche bée et laissa tomber les paquets qu'elle avait déjà ramassés mais elle se reprit rapidement et dit d'une voix un peu tremblante car la femme l'impressionnait fortement :

-Excusez-moi madame. J'étais pressée et je ne regardais pas devant moi alors je ne vous ai pas vu et puis ... bah je vous suis rentrée dedans quoi ... Encore désolée.

Après ses excuses plus que bancales, elle rougit fortement , se sentant extrêmement piteuse mais rapidement un autre sentiment prit la place de la honte dans l'esprit de la Gryff' : la curiosité. En effet, pour une raison inconnue car elle n'avait jamais rencontré la malheureuse victime de son empressement avant, elle avait l'impression que la femme lui rappelait quelqu'un, mais qui ? La jeune fille repassa mentalement tous les amis de ses parents, pensant que peut-être elle avait rencontré la femme par le biais d'amis de la famille mais elle chassa vite cette idée car il était clair que si une femme aussi distinguée connaissait ses parents elle l'aurait su immédiatement car sa mère lui en aurait parlé fièrement et constamment.

La porte refermée et la dernière phrase lancée, Destinée se tint un instant immobile pres du seuil de la boutique de Zonko, scrutant la pénombre. Le coin était plutot calme. Elle sourit en entendant le bonsoir donné bas par son ami. Non, vraiment il ne changeait pas. Elle secoua la tête, faisant voler ses méches brunes et raides nouées en un catogan, qui se défit comme de bien entendu, laissant le ruban de satin noir couler sur le sol. Elle s'accroupit et le ramassa tout en détaillant la ruelle.

Elle s’en était ainsi allée, emmitouflée dans sa mante noire, à la recherche d'un peu de détente, de sommeil. Le ciel de cette fin de soirée était sombre et sans nuages, et la neige accrochée aux roses… non aux plants de roses, car de roses il n’y en avait guère en cette saison. Elle le savait pourtant. Néanmoins, Destinée n’eu pas le sentiment d’être déçue. Elle venait de se faire percuter par une jeune fille, une silhouette inconnue. Des cheveux bruns, un air altier…

Le choc ne fut pas meurtrier, mais la jeune fille tomba et Destinée vacilla, se reprenant au bon moment cependant. Les nombreuses années de danse, dans sa jeunesse, avaient été utiles, finalement. Alors, Miss Craft eut une réaction tout à fait extraordinaire. elle sourit tout simplement, sans tourner la tête. C’était une réaction inimitable.

"Ca ne fait rien, voyons, ne t'excuse pas. Tu étais pressée, n'est-ce pas ? Celà arrive à tout le monde, même moi lorsque je n'y prends pas garde..."

Elle laissa tomber la tête sur le côté, lui adressant directement un sourire amusé. C’était bien Destinée, yeux brillants, lèvres éclatantes, taille fine, pied léger, maintient droit. De ses deux saphirs elle détailla Lavande... une adolescente, sûrement de l'âge de sa fille Pénombre... sûrement. Elle haussa les épaules en voyant la jeune fille mal à l'aise, vraiment, il n'y avait pas de quoi rougir... elle aurait pu s'attendre à pire, comme la réaction d'Alroy si jamais elle l'avait percuté lui. Ou bien elle aurait pu s'attendre à mieux, à autre chose en fait. Peut-être Destinée lui faisait-elle peur. Etrange femme de brume, qui se laissait à peine entrevoir dans sa boutique. Elle aurait pu s'attendre à courir sous le Crépuscule en tentant d'échapper à des griffes inconnues et meurtrières. Mais Destinée était une sage femme.

Ce fut donc avec une touche de douceur et d'humour que Destinée s'adressa à la Gryffondor, tandis que les minutes s'égrenaient. Elle esperait ne pas trop la retarder, celà se sentait dans sa voix aussi détendue que nuancée. Destinée avait de quoi rester dans les esprits. Elle dégageait une grâce remarquable, un maintien posé et une auréole de douceur qui ne déparaient en rien son incroyable beauté.

"Je suis jeune et fougueuse, comme toi, vois-tu... peut-être est-ce la déesse Hébé qui dans sa grande mansuétude m’a offert un peu de son élixir de jouvence… Ou bien Aphrodite elle-même…"

Elle esperait ne pas choquer Lavande en parlant de manière si distinguée, mettant une nouvelle fois en avant ses racines aristocratiques, ancrées dans ses manières et ses actes. Elle passa une main sur son manteau, puis renchérit avec un petit clin d'oeil:

"Si tu le veux, je peux t'écrire un mot qui justifiera ton léger retard, qui t'évitera les ennuis, n'est-ce pas... tu dois respecter un couvre-feu ?"

Lorsque quelqu'un vous regarde droit dans les yeux, il y a deux solutions possibles. Soit vous avez l'impression que la personne lit en vous comme dans un livre ouvert et que même si vous détournez les yeux son regard continuera à fouiller dans vos souvenirs les plus enfouis jusqu'à tout savoir de vous ou bien au contraire, c'est vous qui vous perdez dans les yeux de la personne en face de vous. Lavande s'attendait donc à une de ses réactions lorsque sa sublime compagne ancra son regard émeraude dans ses yeux noisette, mais elle fut très déconcertée lorsqu'elle remarqua qu'elle n'éprouvait aucune de ses deux sensations. Elle avait beau fixer les yeux brillants de la jeune femme, elle n'arrivait pas à accrocher le regard de celle-ci. C'était comme si la belle dame était perdue dans ses souvenirs, regardant Lavande sans la voir vraiment. Oui c'était exactement ça, la femme aux cheveux d'ébène avait le regard vide, perdu dans le vague.

La jeune Gryffondor profita donc de cet instant d'absence pour observer sa compagne. Des cheveux noirs comme le bois calciné, des yeux verts qui brillaient comme deux émeraudes, des formes parfaites, un visage sublime, en un mot Lavande avait l'impression de se trouver en présence d'une déesse de beauté. Elle aurait pu rester ainsi à la contempler sans fin si la femme n'avait repris contact avec la réalité en prenant la parole. Elle parla des fleurs qui arrivaient à percer le neige l'hiver. Cette image était très évocatrice, surtout que Lavande était d'un tempérament très romantique et lyrique. Elle se représenta donc un perce-neige surgissant, immaculé, au milieu d'une étendue de neige vierge.

Quelqu'un avec un tempérament plus terre-à-terre que notre brunette aurait pu se poser la question de savoir pourquoi la femme avait soudainement parlé de cela, mais pas Lavande. D'ailleurs, lorsque la dame continua en expliquant qu'une seule fleur suffisait à créer un monde d'odeurs, la jeune élève eut l'impression d'entendre parler sa mère. En effet, sa génitrice qui était créatrice de parfums et de potions avait un odorat surdéveloppé et avait enseigné très jeune à sa fille que chaque objet possède sa propre odeur et que même deux fleurs identiques ont des odeurs personnelles, qu'elle se sont crées avec le temps en mélangeant l'odeur du vent, de la pluie, du soleil, et de la nature qui les entoure. Perdue dans ses souvenirs la fillette n'entendit donc pas sa compagne lui parler de sa fille.

Mais au loin un chien aboya et ce bruit anodin fit revenir la Rouge et Or à la réalité, peu de temps avant que la jeune femme se présente sous le nom de Destinée Craft. Tout d'abord ce nom n'évoqua rien à Lavande car aucun des amis de ses parents ne portait ce nom, mais brusquement le déclic eut lieu.

**Evidemment ! Craft ! Mais pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? C'est la mère de Pénombre Craft, la championne de Serpentard au Tournoi des Quatre Sorciers ! C'est évident pourtant, elles se ressemblent énormément, aussi belles l'une que l'autre, ne put-elle s'empêcher de penser bien que cela lui fit mal d'admettre que la plupart des élèves de sexe féminin de la maison des Rusés étaient d'une beauté renversante.**

Mais après cette découverte des plus surprenantes, en effet qui aurait pensé que notre intrépide demoiselle allait tomber pilepoil sur Mrs Craft, Lavande était encore plus perplexe qu'avant. En effet, la troisième année aurait plutôt imaginé la mère de Pénombre en Mangemorte et non pas en tranquille commerçante de Pré-au-Lard, par contre pour le physique, la dame correspondait parfaitement aux critères. Pourtant, malgré ses nouvelles questions qui assaillaient son esprit, la lionçonne n'avait pas oublié la politesse pour autant. Elle se présenta donc :

-Enchantée Mrs Craft, Lavande Brown, troisième année à Gryffondor.

Puis elle revint à ses questionnements : comment une femme si sympathique, car elle l'était bien que très spéciale, avait pu engendrer un monstre tel que Pénombre ? En effet, la championne des Verts et Argents prenait un malin plaisir, comme tous les élèves de sa maison ou presque, à persécuter les autres élèves. Lavande demanda donc par voie détournée à Destinée :

-Excusez-moi, Madame Craft, si ma question vous paraît indiscrète, mais je me posais une question. Le fait que votre fille participe au Tournoi des Quatre Sorciers ne vous inquiète pas ? Elle risque constamment sa vie !

Par cette question, Lavande cherchait à savoir quels étaient les liens sentimentaux qui existaient entre mère et fille. Evidemment ce n'était pas très subtil, mais chacun fait comme il peut.