Dans l'obscurité... [libre]

La bibliothèque était un lieu de prédilection pour Dannia. Le calme qui y régnait était un plus. Elle n'avait pas besoin de se préoccuper des remarques désopilantes des autres élèves et pouvait s'adonner à ses recherches en paix. Seule Mme Pince venait gacher le beau shéma de cet endroit. Elle regardait toujours Dannia d'un mauvais oeil et était sans cesse derrière elle à la charier et à la provoquer. Alors Dannia s'accordait les bonnes grâces des professeurs pour tenter de décrocher des autorisations pour aller dans la réserve, lieu qui était en général interdit d'accés aux élèves. Ainsi, elle se devait de faire une recherche sur la Chimère pour un cours particulier de Défense contre les Forces du Mal. Elle s'approche du comptoir où la bibliothécaire restait scotchée toute la journée et lui présenta l'autorisation avec un grand sourire qui lui lacérait les comissures tant il était faux. Mme Pince regarda le papier un moment puis fit une grimace qu'elle aurait pu réprimer. Dannia la suivit docilement avec toujours ce sourire qu'elle voulut forcé. Lorsqu'elle entra dans l'obscurité de la réserve, les cris et les discutions lointains qui lui parvenaient de la cour diminuèrent d'intensité. Un petit frisson lui parcourut la nuque quand elle s'aperçut qu'elle ne voyait pas à deux mètres devant elle.

Vous ne pouvez vraiment pas faire installer des lumières ici ? lança-t-elle à la femme.

Celle-ci lui jeta un regard ironique par l'entrebaillement et referma la lourde porte, plongeant la salle dans l'obscurité la plus profonde. Un silence total s'ensuivit, simplement interrompu par la respiration lente de Dannia. Elle sortit vivement sa baguette de sa poche. Cette situation la mettait décidément mal à l'aise.

Lumos, souffla-t-elle.

Un jet de lumière argenté jaillit, éclairant son chemin. Elle longea les allées entre les étagères poussièreuses à la recherche de son livre. Des centaines de livres s'offraient à elle, mais connaissant les moindres recoins de cette gigantesque mine de trésors (en considérant que tous les trésors ne sont pas que d'argent et d'or), elle se dirigea directement vers le rayon "Créatures Magiques", sa baguette pointée devant elle. Alors qu'elle feuilletait tranquillement un gros volume intitulé Les Particularités de la Chimère elle avait l'étrange sensation d'être observée. Elle se retournait toutes les dix secondes pour s'assurer que tout était normal et que Peeves (ou autre chose) ne trainait pas dans les parages. Elle se ressaisit alors.

**Allons ! Qui pourrait s'amuser à trainer dans cet endroit, il faudrait être stupide...**

Elle se sentait plus sûre d'elle à présent, mais cette impression ne dura pas longtemps. Un bruit sourd de livres qui tombent vinrent la pertuber une fois de plus.

Drago venait de pénétrer dans l'antre de la Réserve de la Bibliothèque de Poudlard, lieu mythique et mystérieux que la grande majorité des élèves ne pourront qu'espérer d'apercevoir. En fait, c'était en partie dû à son père, président du Conseil d'Administration de Poudlard qu'il avait la possibilité d'y entrer en plus d'une permission accordée sur papier pour une recherche. Le Serpentard faisait les cent pas dans la Réserve, savourant l'air tiède mais empli de tant et tant de siècle de connaissances. Un air contenant le savoir de la communauté sorcière, les anciens rituels, les grimoires sur l'Ancienne Magie et tout ce que Drago n'avait pu avoir accès à cause de son âge au Manoir.

*Quel endroit tranquille, paisible, tout à fait parfait comme ambiance pour s'imaginer sans peine les Mages foulant dans le passé ce sol, entreposant le savoir de l'époque entre les quatre murs de la Réserve...*

Il s'arrêtait parfois, caressant du bout des doigts, presqu'amoureusement certains ouvrages et s'attarda sur la section contenant les grimoires de Magie Noire et concernant des phénomènes qu'un jeune garçon de 12 ans ne devrait pas avoir conscience, la nécromancie et les sciences occultes. Sachant pertinemment qu'il ne faisait que de piquer à vif sa curiosité, il s'écarta à contre-coeur du mur, s'approchant de la section réservée à l'art des Potions.

Il y avait peu de lumière, très peu même. Drago n'avait pas illuminé de sa baguette l'endroit, craignant de perdre la cadence instaurée par les ténèbres et qui donnait l'attrait sinistre de l'endroit. Finalement habitué à la luminosité, les prunelles grises du Préfet parvenaient sans trop de peine à détecter l'écriture de certains grimoires, du moins ceux possédant encore une couverture avec écriture lisible. Donc, après quelques minutes de recherche, il s'attaqua à l'ouvrage intitulé Puissants Antidotes par Antirème Anaphore dont il avait reçu instruction de prendre en compte pour composer l'équivalent d'une antidote d'un somnifère moyennement puissant mais, bien sur, au-dessus du niveau de compétence normale d'un deuxième année. Heureusement, Drago Malefoy n'était pas un garçon dans la normale...

*Bon, il faudrait penser à partir, ça fait près d'une heure que Madame Pince m'a laissé entrer à contre-coeur, j'y mettrais ma main devant le museau d'un Dragon...*

La Réserve était un endroit splendide où on offrait au regard des dizaines, voire des centaines d'étagères contenant des ouvrages de spécialisation classé de manière alphabétique. Certains endroits étaient faiblement éclairés par une lampe à l'huile ancienne qui tardait à tirer sa révérence. Le marbre du sol, les étagères artisanales de bois probablement précieux et l'obscurité était un mélange splendide, donnant sérénité et paix à un lieu de connaissance. Pourtant, certains irrespectueux laissaient traîner de si précieux ouvrages. Une pile de livre, dans la catégorie des Plantes et Fleurs Dangereuses, penchait un brin, comme si on avait entamé un ménage jamais terminé. Un brin amusant car on ne pouvait dater cela, quelques jours, un mois, un an, dix ans?

Drago avançait tranquillement, regrettant de devoir quitter l'endroit qu'il heurta cette pile en question. C'est une dizaine d'ouvrages qui flanchèrent et se dirigèrent dangereusement vers le sol. Vif d'esprit, le Serpentard tira sa baguette et lança, d'une voix claire mais ressemblant à un chuchottement.

Silencio

Neuf des ouvrages s'écrasèrent contre le sol mais un seul, hors de portée, claqua contre le sol. Drago cligna des yeux, découragé par cette maladresse. Reprennant presqu'immédiatement les grimoires et les plaçant, cette fois-ci, de manière décente...

Dannia fit aussitôt volte-face et, reprenant son souffle perdu par la peur, se redressa et pointa sa baguette le plus loin possible devant, cherchant la cause de ce bruit. L'endroit était encore plus inquiétant à présent. Elle fit quelques pas en avant, toujours perturbée par ce qu'elle venait d'entendre. Qui sait ce que cela pouvait être ? Un élève, ou peut-être tout simplement un courant d'air qui aurait fait chuté un livre mal posé. Elle s'immobilisa un instant, prenant conscience de l'environnement dans lequel elle se trouvait. Aucun souffle, aucune ouverture n'avait été laissée ouverte apparement. Dans le noir, elle sentit une goutte de sueur froide perler sur son front, son rythme cardiaque s'accélérait tant l'air devenait lourd. Tentant de percevoir le moindre bruit alentour, un chuchotement lui parvint d'au delà les étagères. Son sang se figea alors.

Je ne sais pas qui tu es mais t'as intérêt à te montrer ! Allez montre toi ! cria-t-elle, sa voix résonnant dans toute la réserve.

A présent plus rien, plus aucun son, plus aucun bruit ne venait jusqu'à elle. Elle décrispa les doigts de sa baguette, se ressaisit, scrutant l'obscurité et puis, soulagée, retourna à son livre. Elle pris le gros volume sous son bras et décida de quitter cet endroit pour aujourd'hui. Lorsqu'elle arriva au milieu de la réserve, elle trébucha et heurta... quelqu'un ? Ou quelque chose ?

Se croyant seul, il déambulait dans le couloir menant à la sortie sans se préoccuper d'une présence dont il n'avait absolument connaissance. Pourtant, plus loin, une jeune fille était piquée au vif par le claquement qu'avait produit l'ouvrage lorsqu'il s'était fracassé lourdement contre le sol. Drago, maintenant certain que personne ne ferait la même erreur que lui, marchait impunément dans les allées. Tandis qu'il avançait d'un pas lent, du genre qu'on effectue quand c'est pas obligation qu'on se dirige vers un endroit et qu'il prennait le temps d'observer et de mémoriser mentalement l'endroit, il entendit un éclat de voix.

Le Serpentard se concentra davantage car le bruit venait d'un distance assez importante. Pourtant, la voix s'éleva de manière plus forte, un cri. Drago fut surpris de savoir qu'il n'était pas seul dans la Réserve et reconnut l'intonation comme venant d'une fille. Ce n'était guère compliquée mais la voix semblait plus douce et moins âcre que celle d'un garçon. Il décida donc de marcher dans la direction que la voix avait été lancé tout en demeurant l'esprit ouvert au cas où la rencontre ne serait pas celle avec une jeune fille mais quelque chose de moins... agréable. Comme quoi la Réserve inspirait à faire apparaître dans les esprits faibles milles et une façon de se donner la trouille pour rien. Heureusement, Drago ne faisait pas partie du lot.

Il ne trahissait plus sa présence que par sa respiration, à peine audible et encore, pour quelqu'un se concentrant de manière spectaculaire. Alors qu'il allait pivoter dans un nouveau chemin menant vers la sortie, il sentit quelque chose se frapper contre lui avant de trébucher au sol. En un temps trois mouvements, Drago tira sa baguette de sa robe de sorcier et lança un Lumos pour éclairer ce qui l'avait heurté de plein fouet. C'était une jeune fille. Un première année dont, ayant le ventre au sol, il ne pouvait désigner la Maison. Par politesse, il l'aida à se redresser en lui offrant sa main. C'était des manières qu'il ne perdrait pas car il les respectait au doigt et à l'oeil car Narcissa lui avait enseigné à bien paraître, c'était profondément encré dans le Préfet. Drago attendit que la jeune personne à ses pieds se redresse pour voir quelle serait sa réaction et décider la manière d'agir en conséquence.

Allongée sur le ventre, la respiration haletante à présent, elle osa à peine se redresser et son regard se porta sur les chaussures de la personne qu'elle avait heurté. Petit à petit, il remonta sur le corps de l'inconnu et ce fut presque comme si elle avait bondi en arrière. Le préfet de Serpentard se tenait devant elle, la main tendue. Elle parut hésitante un instant, puis sourit et saisit la main qu'il lui proposait. Elle ne se serait vraiment pas attendue à ça de sa part. Bien entendu, il était connu pour être arrogant et hautain envers cetaines personnes, mais ce geste paraissait tout à fait bien placé dans le contexte. Elle leva les yeux vers le visage pâle du préfêt.

Ah... euh Drago c'est toi... balbutia-t-elle.

Elle se rendit compte qu'elle l'avait appelé par son propre prénom. Elle sourit et plongea ses yeux dans les pupilles grises et froides du préfet pour la première fois.

Enfin, quand je dis Drago... Tout le monde sait comment tu t'appelles à Poudlard.

Elle se sentait à présent bien ridicule d'avoir hurlé dans la réserve alors que c'était simplement un élève qui faisait des recherches tout comme elle. Elle avait décidément trop d'imagination.

Je faisait simplement une recherche sur la Chimère... je ne voulais pas... enfin bon, j'espère que ça va. Je ne t'ais pas fais mal en te tombant dessus ?

Elle savait pertinemment ce qui l’attendait. Un sanction. Peut-être qu’il allait protesté auprès du directeur pour qu’elle soit punie sévèrement. La première année compta les secondes.

Bon eh bien moi je vais m'en aller... **Oh mais non, mais quelle idiote ! Dis lui quelque chose, une remarque gentille ! Allez !** Euh... Trés jolies chaussures Drago !

Elle fit quelques pas dans un chemin formé par deux étagères mais elle savait qu'elle ne pourrait certainement pas s'en tirer comme ça.

Tandis que le jeune homme tentait d'indentifier la personne jonchée à ses pieds, il remarqua que son regard faisait la même chose. Il reconnut finalement, après quelques instants, une première année qu'il avait croisé quelques fois, dans la Salle Commune ainsi qu'à la Grande Salle. Lorsque celle-ci prit conscience qu'elle se retrouvait aux pieds du Préfet de sa maison, elle eut un léger mouvement de recul mais, après avoir hésiter un court instant, elle saisit la main que Drago lui avait tendu, le sourire aux lèvres. L'héritier Malefoy répondit par un léger sourire, un peu amusé. Ce n'était pas tous les jours qu'on tombait ~~au sens propre du moins~~ à ses pieds...

D'ailleurs, la jeune fille se redressa et en levant les yeux vers lui, puisqu'il la dominait un brin en hauteur, elle prit la parole. Drago, bien sûr, l'écouta et fut un peu surpris de la voir s'adresser à lui ainsi. Il savait très bien que son nom avait baladé dans les murs de Poudlard, pour de bonnes et quelques fois moins bonnes raisons. Cependant, c'était la première fois que cela lui arrivait. Pourtant, dans son visage, rien n'y paraissait. Il conservait l'air froid et un peu hautain qui lui était propre. Avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit, la jeune fille sourit légèrement avant de reprendre en croisant le regard d'acier du jeune Préfet. Cette fois, celui-ci eut l'occasion de placer sa première réplique.

J'imagine, ce qui se pose comme question est si tu l'as entendu pour une manière favorable, ou non. Remarque, je n'y porte réellement aucune attention. À qui ais-je l'honneur de m'adresser?

Bien sur, il ne s'attendait pas à une réponse de la Vert et Argent à ses premiers propos, sinon à la demande de son nom. Il appréciait pouvoir mettre un nom sur une personne et son interlocutrice ne faisait pas exception. Donc, la jeune fille continua tout de même sur sa lancée et, à ses propos, un sourire amusé apparu sur les lèvres minces du jeune homme. Oh, il n'y avait eu aucun dommage, il fallait bien plus pour le toucher. De plus, outre son côté cocasse, la situation lui permettait de faire connaissance avec une autre première année de sa Maison.

Intéressant, une recherche pour un travail ou purement par curiosité? Merci, je vais très bien, il en faut un peu plus pour m'atteindre, il n'y a pas de problème, une rencontre quelque peu frappante, c'est tout.

De l'humour, de la part de Drago Lucius Malefoy? C'était très rare mais il faut dire que la situation s'y prêtait. D'ailleurs, il n'avait pas dit cela en voulant se moquer de la Rusée mais c'était une remarque assez juste. De plus, il avait demandé pour sa raison de présence dans la Réserve car il était assez étonné qu'une première année eut accès à cet endroit alors que tant et tant de gens se voyaient refusés l'entrée en ce lieu riche en connaissance et en savoir de toute sorte.

Contre toute attente, et Drago fut réellement surpris, la jeune fille chercha à s'esquiver après ce court.. entretien. Qu'est-ce qui lui prennait? C'était assez étonnant de voir une Serpentard agir de la sorte, voire très étonnant. Il ne prêta pas attention au compliment de la première année et fit quelques pas qui le ramena à proximité de celle-ci, et d'une voix neutre lui demanda.

Qu'est-ce que tu fuis comme ça? Je ne suis pas le Seigneur des Ténèbres en personne à ce que je sache...

Il se demanda s'il aurait pas mieux fait de se taire et de laisser la jeune personne s'évader de sa présence. Cependant, l'occasion de savoir, toujours plus savoir, avait été trop tentante et il avait donc, par ses précédents propos, amener la Serpentard à devoir quelque peu répondre...

Alors que Dannia s'approchait de la sortie, le jeune Préfet la rappela d'une manière assez surprenante de la part d'un Serpentard d'une si noble lignée, qui avait toujours profondément respecté le Seigneur des Ténèbres. Se comparer ainsi au Lord n'était pas digne d'une telle personne. Dannia fit volte-face et la baguette de Drago, qui était restée allumée, baignait le visage de la jeune fille d'un flot de lumière. Ses traits s'étaient nettement durcis lorsqu'il avait dit sa dernière réplique.

Je croyais que toi et tes parents respectiez le Seigneur des Ténèbres. Ne jamais se comparer à lui, ne jamais... Et puis je ne vois vraiment pas pourquoi je te fuirais. Tu ne m'effraies pas, tu sais. C'est juste que j'ai un certains temps à respecter dans la Réserve.

Finalement, elle décida de rester juste pour prouver à Drago Malefoy que ce n'était pas Mme Pince qui allait l'impressionner. Avec ce jeune garçon qui se tenait là en face d'elle, elle n'avait intérêt à montrer ses faiblesses, car c'est par les faiblesses qu'on parvient à toucher les autres. Même si son air penaud de première année cachait son identité, elle avait de quoi se pavaner comme Drago. Une famille d'une noble lignée, un Sang Pur donc. Son père, aujourd'hui enfermé à Azkaban, était autrefois un des partisans du Seigneur des Ténèbres. Il ne pouvait plus agir mais lui restait fidèle. Pour en arriver là, il avait fait des choses horribles, inconnues à Dannia. Mais c'est cet homme, qu'elle connaissait seulement sous le nom de Père et dont elle ne savait strictement rien, qu'elle vénérait un peu comme son idole. Le Vert et Argent balaya ces pensées et reporta son attention sur le Préfet, son visage à nouveau tranché par un léger sourire.

Au fait... Moi c'est Dannia, Dannia Jilhson. De Serpentard, bien sûr. Excuse moi de m'être emportée mais je peine à me contrôler.

Elle lui tendit une main fine avec un large sourire à présent.

Ravie de faire ta connaissance.

[hj: Avec, encore une fois, énormément de retard. Je m'excuse, j'espère au moins que ma réponse te satisfera.]

Drago fut surpris, oui surpris, de la réaction de la Serpentard à ses mots, ses paroles qui durent choquer la jeune fille à un tel point qu'elle s'arrêta et fit brusquement volte-face. Ses traits semblaient et étaient probablement beaucoup plus durs que précédemment et le Préfet se doutait que ses dernières paroles en était la cause. Il eut la confirmation de ses suppositions au ton froid qu'employa son interlocutrice. Ces doutes l'irritèrent légèrement, comment pouvait-elle supposer que les Malefoy, incidemment Drago également, ne respectait pas le Grand, l'Illustre Seigneur des Ténèbres. Pourquoi il avait dit cela? Tout simplement qu'elle était en train de fuir, comme une vermine de Poufsouffle ou une Gryffondor insignifiant. Drago avait un respect profond pour le Mage Noir et il ne permettait pas que cela soit mis en doute. Une mince étincelle se figea dans son regard acier et, d'un ton désinvolte et froid à faire frémir, il entonna.

Il y a un immense respect entre mon héritage familial et le Seigneur des Ténèbres. Jamais, Merlin m'en ait témoin, je souillerai son illustre personne. Si cela t'est apparu dans mes paroles, tu m'en verras navré mais ce n'était aucunement dans mes intentions, oh Vivianne en est consciente, je mourrerais plutôt que de salir le plus Grand Mage Noir de tous les temps.

Me comparer à lui? Je ne suis pas sot, pas le moins du monde mademoiselle. Vous devez confondre référence et comparaison, car il n'y a terme qui pourrait seulement faire référence en comparant la grandeur de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Me fuir? Je ne parle pas de partir comme un vagabond devant qui je suis mais qui tu supposes que je suis. Je suis Préfet, et tu croyais te mettre, notre noble Maison et toi, dans une position délicate. Je suis plus âgé, j'aurais donc pu te dénoncer. Dans la pénombre, j'aurais pu être un Gryffondor ou un Poufsouffle qui aurait sauté sur l'occasion de te dénoncer. Tu ne fuyais pas Drago, mais bien les ennuis.

Elle demeura droite, figée, devant lui, telle une Serpentard fière, chose qui adoucissit le regard de Drago. Son ton revint à son point neutre et il posa son regard acier sur la jeune fille, il remarqua qu'elle était songeuse, du moins victime de l'assaut de son esprit. Il demeura droit face à elle, son regard indéfectible, fixant la Serpentard et sa chevelure d'ébène, les traits de son visage et son expression figée. Soudain, un mince sourire du bout des lèvres fut adressé au Préfèt et Drago se dit intérieurement qu'il semblait à nouveau digne de son intérêt. Elle lui adressa la parole et lui tendit la main, son sourire plus large que jamais.

Enchanté Dannia. Il n'y a aucun problème, j'y suis passé également. Commençons donc sur un bon pieds, les présentations faites.

Et Drago lui tendit sa main, un sourire aux lèvres, rejoignant celle de sa compagne à la serra respectueusement, sa froideur contre la paume chaude de Dannia. Le Sang froid et le Sang chaud, l'homme et la femme, le Préfet et l'élève...

Et moi de même...

Tout en serrant la main du jeune Préfet, Dannia réprima un frisson dû à la froideur palpable de Drago. Mais elle n'en laissa rien réchapper et garda son sourire, mi-sincère, mi-glacial, un sourire appliqué et sérieux. C'était son Préfet, il faisait aisément une tête de plus qu'elle, et pourtant il ne l'impressionnait pas le moins du monde, mais elle paraissait plutôt entichée par ce regard froid mais en même temps doux qu'il avait posé sur son visage. C'est cela qui lui donna le courage d'avouer.

- Peut-être que je me suis trompée. Mais un Gryffondor ou un Poufsouffle n'aurait pas eut le temps d'aller me dénoncer. Je lui aurais infliger un sortilège de Ligature à peine aurait-il oser faire un pas en arrière. Mais de toutes façons, je n'ai aucunement enfreint le règlement. J'ai la permission de me déplacer dans la Réserve. Il n’y a pas de quoi s’alarmer. Il suffit d'amadouer le professeur en question pour...

Dannia n'avait pas envie de repartir sur des explications interminables. C'était bien son point faible, ça.

- Enfin bref. Je vais y aller maintenant et ne te fais pas d’idées.

Avec un sourire affectueux mais en même temps ironique elle ajouta :

- Je ne te fuis pas.

Elle commença à s’éloigner mais se douter qu’encore une fois, Drago allait la rappeler à l’ordre.

Sang Froid, une caractéristique propre du jeune homme qui laissait béant plusieurs personnes, enviée par d'autres et surprenant la majorité des gens. C'était sa fierté, sa peau d'albâtre était aussi froide que l'hiver, aussi cristalline que l'est la glace, aussi froide que la peau d'un Serpent. Lucius Malefoy avait même dit à son fils, la chair de sa Chair, le sang de son Sang, qu'il devait être fier à l'inconditionnel de celà car, disait-il, il avait le Sang Froid, comme les Serpents, ces êtres malicieux, sournois, rusés, caractéristique du noble des Quatre, Salazar Serpentard.

Drago était debout, droit, apercevant le sourire de glace de la Serpentard en face de lui qui, après cette légère confrontation dû aux malentendus à propos des paroles dites par le Préfet et devenait plus sobre, plus neutre, plus Serpentardesque en fait. En gros, le jeune homme s'entendait bien avec ses condisciples de la Maison des Verts et Argents, bien sur, comme ailleurs les exceptions existaient mais, en généralité, il n'était pas insupportable la présence des élèves de sa Maison. D'ailleurs, c'était en grande partie des gens intéressants, brillants, sachant pertinemment que le Sang était un précieux attout mais que ce n'était pas le liquide grenat qui faisait paraître à son corps sa noblesse, sa prestance, sa classe. Non, il fallait avoir l'attitude et les manières qui s'y rattachaient et auxquelles Drago veillait jalousement à sa propre impression.

En tant que Malefoy, une famille prestigieuse de Sang Pur dont le renom passait de bouches en bouches, salissant d'insultes ou essuyant des critiques des plus favorables, cela ne dérangeait en aucun cas le descendant de cette lignée noble. Il agirait en fonction de ses idéaux, pour affirmer la supériorité de son Sang, prouverait que les Malefoy avait encore droit à leur titre d'aristocrate. C'est sous le regard acier que la jeune Rusée prit l'initiative de reprendre la parole. Drago l'écouta, immobile et silencieux, mais avec sa pleine attention.

Qui suis-je pour dire que tu as tord? Peut-être t'es-tu seulement mal exprimée ou mes paroles n'ont pas reflétées ce dont je voulais qu'elle fasse comprendre. C'était plutôt mal formulé, cela je l'accorde, mais j'ose croire que cela est maintenant compris, car le Serpentard qui, un jour, osera prétendre pouvoir être comparer au Seigneur des Ténèbres devra d'abord s'effacer de cette confiance qui lui pourrit les veines, qui détruit la personne qu'il est réellement en fonction de cette ambition insensée...

Il marqua une pause et adressa un sourire amusé. Dannia était également confiante, peut-être un peu trop. D'accord, la majorité des Poufsouffle et des Gryffondors sont de parfaits idiots mais quand même, ce genre de vantardise finirait par perdre les Serpents, surtout donner un coup à l'ego si le tout ne se déroule pas comme le scénario que l'on s'est toujours fait.

Il faut faire différence entre vantard et confiant. Oui, ces idiots ne représentent certes pas une menace direct pour le moment mais il faut croire que, bien caché je te l'accorde, il y a des Blaireaux et des Crétins d'Or qui sont capable de faire volte-face à une attaque. Je ne considère pas que tu es l'un ou l'autre, d'ailleurs, avec le peu que je connais de toi, cela me serait totalement impossible. Ce qui suffit, c'est que tu te centres toi même entre ces deux extrêmes car oui, ils sont opposés.

Pourquoi s'être donc éloigné comme une mal propre alors, si tu as la permission de déambuler dans cet Antre mystérieux qui permet d'ouvrir son esprit à des connaissances que l'on ne peut qu'espérer avoir hors de ces murs. Il m'est inconcevable que tu n'aies rien pour te justifier, toi qui semble si sûre d'elle-même..

Ensuite, Dannia ne s'éternisa pas sur des paroles inutiles, se coupant même d'elle-même pour clore plus rapidement. Drago, lui, l'écouta tout de même. Elle dit qu'elle devait partir, partir de cet endroit, déjà, tout de suite, maintenant? C'était bien difficile à croire pour le Préfet que quelqu'un préfère partir que de se perdre dans le Sablier du Temps parmis ces ouvrages plus intéressants les uns que les autres. Contrairement à ce qu'elle aurait pensé, il ne dit rien. Cependant, lorsque celle-ci lui sourit en lui annonçant qu'elle ne le fuyait pas, une réplique brûla les lèvres du blond qui la laissa donc s'échapper, glisser sur ses lèvres pour mourir dans l'air humide de la Réserve.

Si tu ne me fuis pas, que recherches-tu?

Restait à voir comment la Serpentard réagirait à cette question et, bien sûr, comment celle-ci l'interprétrait car Drago n'avait pas eu, du moins sur le coup, conscience de la cohérence moyenne de ses paroles, du moins pour quelqu'un d'autre que lui..

Le visage blanc du jeune homme aurait pu apparaître comme un signe de faiblesse pour certaines personnes qui ne comprenaient pas grand chose au beau monde de la noblesse et de la pureté. Mais au contraire, c’était une des caractéristiques de la puissance, du savoir vivre dans la milieu aristocratique, et ce Dannia en était tout à fait consciente et respectueuse de cette chance qu’ils avaient. Sachant qu’elle aurait pu échapper à cette place prometteuse si le destin en avait décidé autrement, elle se décida de rester remerciante vis-à-vis de ses ancêtres.
Elle reporta son attention sur l’héritier Malefoy. Celui-ci la mesurait de tout sa hauteur, et malgré le fait qu’elle n’aimait pas se sentir inférieure aux gens, elle ne pouvait s’empêcher d’être impressionnée par sa grandeur, aussi bien physique que sociale.

- Mais je te l’accorde tout à fait. Peut-être qu’ils ne sont bons que dans un nombre de domaines très limité, mais il n’empêche que leurs noms sont et ont toujours été profondément ancrés dans nos chairs comme étant les noms de nos ennemis. Il ne faut jamais sous-estimer nos ennemis car c’est dans ces moments là qu’ils attaquent sans prévenir. Toi, étant une personne destinée à devenir Mangemort, je n’ai pas besoin de te le dire, tu devrais déjà le savoir...

- Je ne m’éloignait comme une « mal propre » simplement parce que, comme je t’en ai déjà fait part précédemment, j’ai un temps limité à passer dans cette Antre. Pourtant j’aimerais beaucoup y passer plus de temps. Moi qui adore la lecture et qui suis avide de savoir, c’est un vrai lieu de rêves. Mais un Préfet et une simple élève de deuxième année, même étant de Serpentard, n’ont pas les mêmes permissions. Toi, je suppose que tu peux y vagabonder à ta guise.

Lorsqu’elle lui tourna le dos pour s’en aller pour de bon, Drago laissa échapper une question que la jeune fille ne savait pas tellement dans quel sens la prendre. Elle opta finalement pour un style plutôt ironique.

- Je cherche la porte de sortie de ce lieu où l’on peut faire des rencontres pour le moins inattendues.

Elle savait qu'il n'y aurait pas là de réaction explosive de la part du jeune Vert et Argent, mais elle ajouta en souriant d’une voix affectueuse :

- J’ai été très heureuse de te rencontrer, j’espère qu’on aura encore l’occasion de se revoir. C’est vrai que Poudlard est grand mais on se retrouvera bien un de ces jours.

**J’espère…**

Elle resta immobile un moment, scrutant l’obscurité à la recherche d’un regard déterminé et calme, gris acier mais pourtant rassurant, celui de son Préfet Vert et Argent.