Joana fut surprise par un bruit derrière elle. Apparemment, quelqu’un avait décidé de quitter son dortoir pour s’offrir une petite promenade nocturne. La jeune fille prit le parti de faire comme si de rien était, jusqu’à ce qu’une voix l’interpelle.
Mais qu’avaient-ils tous à penser qu’elle allait leur enlever des points ? Comme si elle n’avait que ça à faire, que de se soucier de choses si superficielles. La jeune fille se tourna tout de même vers la voix et fut surprise de constater là la présence de Correa. Depuis quand s’aplatissait-il devant elle? Elle l’avait connu plus mordant et impérieux, du moins le lui semblait-il.
Le fil de ses sombres pensées étant de toute façon rompu, elle dirigea son attention vers le jeune homme.

-Alors, Correa, on s’offre une petite balade au clair de lune ? Je suppose que tu le sais, que c’est interdit de quitter le dortoir à cette heure-ci, à moins d’avoir une excuse valable….
Décidément, certaines bonnes habitudes se sont perdues en mon absence, ajouta-t-elle pour elle-même.

- Tu vas où comme ça ?

[hrp: tu sais ce qu'elle te dit la nunuche ?! grrrrr]

- Rêve pas, Correa, c'est pas pour toi que j'y vais, c'est pour la perspective d'une mousse au chocolat. J'ai un creu, là, et j'ai pas envie de dormir. Alors, loup-garou ou pas... m'en fiche royalement.
T'en fais pas, lui glissa-t-elle au passage je ne me suis jamais faite mordre par un loup-garou.... du moins à ce que je sache...

Joana traversa donc les couloirs en compagnie de Correa en direction des cuisines du château. La jeune fille dégaina instinctivement sa baguette en passant près de la salle commune des petits pouffys. On ne savait jamais avec ses bêtes là, des fois qu'il en traînerait une dans les parages, et rentra finalement dans les cuisines.
Aussitôt, un troupeau d'elfes poisseux se dirigea vers les deux jeunes gens et les invita à s'asseoir. Joana grimaça quand l'un d'eux l'attrapa par le bras mais s'installa avec plaisir.
Une myriade de desserts meilleurs les uns que les autres fit son apparition devant les deux serpentards.

- Dis-moi, Correa, lança la préfète par dessus la table couverte de mets d'un air entendu. Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu sortais juste pour grignoter un bout...

Dur dur d'être un elfe de maison, surtout à Poudlard. Les enfants étaient très nombreux et le directeur exigeant. Il fallait toujours préparer des mets différents et varier pour assurer non seulement des plats équilibrés au jeunes gens, mais en plus des bons.

Ne parlons pas des soirées de noël ou d'Halloween. Pour celles ci, certains elfes ne dormaient pas cinq jours d’affiler pour préparer le repas du soir.

Mais les elfes faisaient leur travail avec amour et fierté. Ils faisaient très attention et faisaient toujours très bien leur travail. De plus ils le faisaient dans la plus grande discrétion, ce qui était très appréciable.

Mais récemment, un petit groupe s'était réunit et commençait à faire une mini révolution. Lorsqu'on parle de groupe ici, cela signifie deux elfes.

Ces deux elfes étaient là depuis des années et avaient toujours bien travaillé. Ils étaient même connus dans la maison et tous les autres elfes les respectaient. Mais un jour ils avaient entendu une élève leur dire qu'ils ne méritaient pas pareil traitement, que ce n'était pas juste.

Le mot "justice" mit un certain temps à parvenir au cerveau des deux elfes. En effet leur soumission était trop forte et ils luttèrent pendant longtemps. Dès qu'ils commençaient à rêver de liberté, ils se tapaient avec les ustensiles de cuisine. Au début chacun dans leur coin, puis lorsqu'ils découvrirent ce mal en commun ils s'aidèrent à se punir.

Mais l'espoir de justice et de liberté fut plus fort et petit à petit ils n'eurent plus honte de leurs volonté. Juste un petit coup de temps en temps sur la tête de l'autre.

Ils tentèrent d'en convaincre d'autres mais n'y parvinrent pas. Ils commencèrent alors leur mini révolte. Bien entendu ce n'était pas grand chose. Ils ralentissaient leur travail, laissaient de temps en temps des peaux de patate ou léchaient les couverts pour les nettoyer. Ils ne purent pas faire plus, quand même, ce sont des elfes de maison.

Mais lorsque deux élèves impolis débarquèrent dans la cuisine et se firent servir à manger, les deux petits elfes se regardèrent et se dirent qu'ils pourraient s'amuser un peu, tout en ne se mouillant pas. En effet ils ne voulaient risquer leur place. Ils les servirent gentiment et les regardèrent s'empiffrer.

Lorsque le garçon commença à s'étouffer, l'elfe 1 (appelons les 1 et 2) donna un grand coup dans le dos de celui ci pour le débloquer. Ils devaient d'abord apparaître comme de parfaits petits elfes.

Est ce que tout va bien Monsieur? dit l'elfe 2

L'elfe 1 claqua ensuite discrètement dans ses mains en faisant un petit clin d'oeil à l'autre. A ce moment là, les mains du jeune garçon plongèrent sans qu'il puisse les contrôler dans la poubelle où se trouvaient les restes du soir (surtout de la purée). Elles prirent une bonne dose et lancèrent tout sur la tête de la jeune fille.



L'emprise sur les mains du jeune homme cessa d'un coup après le lancer, lui rendant ainsi le contrôle de ses membres supérieurs.

MOUHAHAHAHAAAA !!

- Fini chez les pouffys, hein ? Fit mine de s’étonner Joana avec un sourire en coin.
Je ne te savais pas de telles qualités…

La jeune fille n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit…..
De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à ajouter, elle ne comptait pas complimenter l’ego de Correa pendant des heures. Mais le fait était qu’elle avait déjà repéré le garçon l’année précédente, dès sa répartition. Elle avait pu constater qu’il avait un bon potentiel destructeur, susceptible de lui être utile. Malheureusement, il ne s’était pas avéré fort docile à ce moment là. S’était-il « bonifié » , Si on pouvait dire que s’approcher du modèle d’acolyte docile, bête et méchant constituait une bonification ?
Joana n’eut donc pas le temps d’ajouter quoi que ce soit… parce que cet idiot s’étouffa avec sa mousse au chocolat… Bête à souhait le Christopher, effectivement.
Aussitôt, quelques elfes rappliquèrent pour l’aider. Joana s’éloigna un peu, tant la présence d’elfes de maison l’horripilait. C’était tellement insupportable cette servilité béate, et surtout cette servilité dévouée à n’importe quel idiot de passage….


- PROTEGO !
Tiens, elle s’améliorait en sorts, dis donc…. Malheureusement, si elle sauva son visage, cela ne suffit pas à protéger sa robe vert et argent. Tout, jusqu’à son insigne de préfète, était recouvert d’une purée verdâtre….
Dans un accès de rage, la préfète pointa sa baguette sur le plus proche des deux elfes.
Dans l‘instant qui suivait, celui-ci était suspendu en l‘air tête en bas et essayait de se débattre en couinant. Le deuxième elfe essaya de se précipiter sur Joana et l‘irlandaise se hâta de faire signe à Correa de s‘en charger….

- Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel !?
Qui êtes vous ? Qui vous paie ? Vous êtes avec la CIA?
- Correa, arrête de t’étouffer et bouge ! Il essaie de me niaker cet abruti d’elfe ! J’ai qu’une seule baguette, alors soit tu fais quelque chose, soit tu m’envoies ta baguette !

Mais depuis quand les elfes de maison s’en prenaient-ils aux élèves ? Finalement, c’était mieux servile ces bêtes là…. Heureusement qu’Ewora ne traînait pas dans les parages, elle aurait sûrement fait une attaque cardiaque, elle qui traînait dans un club de protection des infections en tous genres. La SALE ou un truc du genre….
Et alors, qu’est-ce qu’il faisait l’autre imbécile ? Un défaut quand même, son temps de réaction….

Brute épaisse pour brute épaisse, il s'en était plutôt pas mal sorti, l'autre idiot. Non, pas l'elfe, Correa. Après avoir finalement arrêté de s'étouffer et terminé un plateau entier de petits fours (no comment), il s'était mis à taper sur les elfes à coup de plats. Esthètiquement parlant, ça n'avait aucun style, mais il fallait admettre que la méthode était plutôt efficace... Les deux elfes étaient étalés au sol, totalement assomés, et quelques uns de leur camarade beaucoup plus dociles se répandaient en excuses tandis que d'autres ficelaient les deux rebelles pour éviter qu'ils ne récidivent une fois réveillés. Correa, quant à lui, s'était jeté sur Joana pour s'empiffrer de la purée dont elle était recouverte. C'était pas un peu fini, avec sa cuillère baladeuse ? Joana eut un haut-le-coeur, car au-delà de cette posture plus que génante, c'étaient de restes de purée récupérée de la poubelle dont le jeune serpentard se nourrissait.
Brusquement, l'irlandaise envoya une claque retentissante au garçon, espérant ainsi lui remettre un peu les idées en place, et accessoirement, le décrocher de sa robe. Plusieurs elfes se précipitèrent vers les deux jeunes gens, avec des intentions cette fois meilleure. Joana lança un regard soupçonneux au premier qui s'approcha d'elle avec une pile de vêtements propres. Tiens, en voilà une idée qu'elle était bonne. La jeune fille ôta donc sa robe de sorcière recouverte de purée, sous laquelle se trouvait bien évidemment la jupe et le chemisier qui constituaient son uniforme (à quoi pensiez-vous bande de pervers ?) et en enfila une robe propre, toujours brodée aux insignes de sa maison. Elle se retourna ensuite vers Correa avec un regard mi-dégoûté, mi-froid.

- Recommence encore une manoeuvre dans le même genre, et je me charge personnellement de t'arracher les yeux, c'est bien clair?

Son regard s'adoucit à peine quand elle ajouta.

- Pas mal le coup du plateau.

La jeune fille ne prit même pas la peine de se rassoir. Toute cette histoire avait achevé de lui couper l'appétit. Elle guetta alors les réactions de son camarade, avant de décider que le mieux était de rentrer au dortoir avant de risquer de se faire repérer après tout le tapage provoqué dans les cuisines.