Dans un sombre coin de la salle commune, enfoncé profondément dans l'obscurité de la pièce, et dans la noirceur de son esprit, Sebastian observait de son regard scrutateur les élèves de Serpentards. Peu étaient plus vieux que lui, et pourtant beaucoup étaient arrogants, comme si ils avaient fait des choses extraordinaires. Le jeune Eidan n’était pas du genre à juger sur la couverture d’un livre, mais les gens qui ne se reposaient que sur la pureté de leurs sangs commençaient à l’ennuyer fermement. Et même presque à l’agacer.

Il remarqua soudain une jeune fille, blonde aux traits fins. Il l’observa tranquillement, détaillant chacune de ses émotions. Le petit sourire mystérieux qui s’étala sur ses lèvres lorsqu’elle eut fini d’observer la décoration de la belle Salle Commune n’échappa pas au regard inquisiteur du jeune Héritier Eidan. Il fit soudainement tomber son vieux grimoire.

Il le ramassa et replongea dans l’ombre. Il vit la jeune fille regarder en tout sens, surprise. Il fit de sa voix, qui du haut de ses quatorze ans, venait de muer en une voix grave, mais qui restait toujours aussi froide. Il était toujours enfoncé dans l’ombre, et rien ne permettait de le distinguer.

« Que cherches-tu ? La source du bruit ? »

Mégane était assise non loin des deux élèves. Elle était occupée à rédiger un devoir de potion. Non non, pas pour le professeur Rogue, bien qu'il fut le seul primé pour ce genre de chose, mais pour elle même.

A vrai dire, elle voulait tellement réussire dans ce domaine qu'elle avait emprunté des livres de troisième et quatrième année à la bibliothèque afin d'en étudier le contenu. En bref, elle se mettait à l'avance...

Les nerfs à vif, elle ne cessait de tripoter ses cheveux dans des gestes nerveux, tant l'exercice pouvait l'ennerver.

" Ca m'ennerve, ça m'ennerve ça m'ennerve!!!" marmonna-t-elle.

Elle replongea son nez dans ses bouquins. Elle venait de tomber sur un exercice proposé par le manuel de quatrième année particulièrement difficile.

" Donnez-moi une corde pour me pendre..." ronchonna-t-elle pour elle même entre ses dents.

Sebastian, toujours dans l'ombre la plus totale, eut un sourire froid. Elle était effrontée, mais ça ne réfrenait pas Sebastian. Il aimait s'entourer de mystère et ne pas être vu était le plus beau mystère qu'il pouvait créer. Elle fixait la Cheminée, et essayait peut être de l'imaginer, à défaut de le voir. «Est-ce que tu aimes bien observer les nouvelles-arrivantes sans te montrer?» fit-elle, encore plus effrontée. Le sourire froid de Sebastian s'accrut encore. Il réfléchit un instant à la question, mais un instant seulement. Puis, il parla de nouveau de sa voix froide et grave.

"Non, pas forcément seulement les nouvelles arrivantes. Mais j'apprécie de ne pas me montrer, et observer aussi, bien entendu. On va dire que j'adore étudier les réactions humaines."

Sebastian était conscient que son esprit de chercheur commenait à prendre le dessus. A force de s'entraîner à contrôler ses émotions, il allait finir par ne plus en avoir. Mais ça ne le dérangeait pas un instant. Au contraire, il appréciait ne plus être dérangé dans sa froide logique par des sentiments génants. Tout autre que lui aurait eut honte de ne pas se montrer, pour lui ce n'était qu'une expérience de plus. Il la regarda attentivement sortir un parchemin de son sac, puis une jeune fille s'ennervait sur un devoir de potions, d'après le livre ouvert.

En rage, Mégane saisit son parchemin et ses doigts se crispèrent dessus. Elle sembla hésiter puis finit par déchirer furieusement son devoir avant de prendre sa baguette magique et de résoudre ses miettes en cendres.

" Plus maintenant..." répondit-elle d'une voix ferme à la jeune fille qui venait de lui adresser la parole.

D'un geste de la main, elle replaça correctement ses cheveux afin de limiter les dégats question riducule...elle s'était déjà faite assez remarquer comme ça, pas la peine d'en ajouter une couche. Elle poussa d'un revers de la main tous ses livres qui s'entassèrent un peu plus loins sur la table et se laissa choire sur sa chaise, les bras suspendus dans le vide. Là, elle souffla. Cela faisait un bon quatre heures qu'elle était sur ce fichu devoir et la patience lui avait fait défaut. Néanmoins, maintenant qu'elle venait de réduire à néant tout son travail, elle se mordit la lèvre.

" Pfff...quelle idiote..." grogna-t-elle.

Elle le taquina, en l'appelant Freud. Erreur, Freud étudiait les relations humaines, et non les réactions. A part bien sûr les réactions des fous, mais c'était autre chose. Qu'avait-il pu déduire de sa personnalité ? Il lui dit, toujours caché dans les ténèbres.

"Ce que j'ai pu déduire de toi ? Simple, assez peu de choses. Je ne t'observe que depuis peu de temps. Mais j'ai pu distinguer quelques uns de tes traits de caractères. Froide, assez distante. Certainement solitaire. Quelque peu effrontée. Pour le reste, ne le découvrais-je pas assez tôt ?"

Sebastian eut un sourire aux vues de la réaction de Morgane par rapport à son devoir. Puis il attendit tranquillement, avec sa patience coutumière, la réponse, s'il y en avait une, d'Arianne.

Sebastian eut un sourire à la réponse d'Arianne. Il réduisit le livre qu'il avait fait tombé d'un coup sec de sabaguette, le rengea dans sa poche, et se leva, toujours masqué dans l'ombre. Il s'étira avec grâce et silence, et rejoignit en deux enjambées un des fauteuils près le cheminée. Du haut de ses quatorze ans, Sebastian était un adolescent plus grand que la moyenne, mince, et plutôt large d'épaule. Des cheveux lmi-longs noirs ébène encadraient un visage aristocratiques, mais plus froid que le plus glacial des icebergs. Son regard était perçant et montrait que l'adolescent avait vu plus de choses qu'il n'aurait fallu.

"Je dirais plutôt heureusement. Cela aurait été autrement très caricatural. Pour ce qui est de mieux te connaître, je viens discuter avec toi, pour savoir si ça en vaut la peine."

Sebastian s'installa dans le fauteuils et s'y vautra. Il planta son regard voilé dans la cheminée, pensant à d'autres sujets qui lui encombrait tant l'esprit.

Sebastian sourit en entendant l'ironie mordante de la jeune fille. La nouvelle génération des Serpentards promettaient. Mais serait-elle aussi à l'aise dans une discussion, qu'en cours ? Ce serait le vrai passage, et elle le verrait vite. La génération précédente des Serpentards avait été d'une intelligence sans commune mesure, et d'une perséverance dans les cours tout aussi démesurée. C'était ainsi que Serpentard avait battu les Gryffondors, et les autres maisons. Et Sebastian avait l'orgueil d'avoir fait partit de cettte génération de Verts et Argents. Il tourna son regard vers la très jeune blonde, et essaya d'évaluer son potentiel. En espèrant qu'elle fasse honneur à la Noble Maison.
Alors qu'elle allait dire quelque chose d'autre, une brune aussi jeune qu'elle entra dans la salle commune d'un air impassible. Elle avait les yeux mi-clos, et la tête haute. Sebastian détecta immédiatement la ressemblance étrange entre cette jeune fille et celle avec qui il parlait. Cette possibilité à laquelle Sebastian croyait fort se trouva vite conclue lorsque la jeune brune se blottit contre le blonde dans un geste fraternel. Sebastian se retourna vers la cheminée, les laissant à leurs retrouvailles, jusqu'à ce que la brune lui demande d'une façon qui était très peu éloquente au gout du jeune Eidan. Mais, il répondit avec sa politesse, et surtout sa froideur coutumière.

"Je crains de n'être qu'un Serpentard comme les autres, et de m'appeler Sebastian Eidan, dernier héritier vivant de la Noble Famille des Eidan, dont l'origine se perd dans les brumes du temps. Et à qui ai-je l'honneur ?"