Esquisse (pv Dorian)

Pénombre était assise dans un fauteuil confortable, vert et argent, aux couleurs de sa maison. Un vieil ouvrage reposait sur ses genoux, ouvert en plein milieu mais Pénombre ne le lisait pas, elle s'en servait simplement comme support pour un parchemin jauni, sur lequel elle tracait quelques traits au fusain.
Rien de bien précis, la silhouette du détraqueurs qui l'avait surprise dans la foret interdite.Le dessiner c'était son exutoire, ensuite elle le déchirerait et le jetterait sdans les flammes vivaces de la cheminée...
Il était tard et elle n'avait pas encore sommeil, elle se sentait bien là. Elle termina son dessin et le jeta au feu, comme prévu, mais cela ne calma pas ses craintes.
Au contraire. Elle resta un moment comme ça à regarder le parchemin devenir cendres, s'envoler en fumée.

Dorian avait remarqué Pénombre dans la salle, seule elle aussi. Il se souvenait d'elle quand elle l'avait acceuilli à son arrivée à Poudlard et n'avait pas eu le temps de se lier autant qu'il l'aurait voulu. Faute d'indigestion s'il se souvenait bien. Bref! C'était le moment d'apprendre à connaitre l'une des serpentardes les plus emblematiques de Poudlard. S'approchant d'elle discretement, ne voulant pas lui voler cet instant d'introspection, il attendit qu'elle se detache un peu du spectacle pour intervenir. Il arriva à côté d'elle et pausa sa main sur le dossier du fauteuil:
- Bonsoir Pénombre. Excuse moi je peux t'embeter une seconde?
Cette jeune fille l'intriguait, elle avait beaucoup de charme c'était évident, mais ce n'était pas celà qui avait fait tiquer Dorian, son coeur appartenait déjà à une autre... Non, c'était plutot le conflit en elle qui l'avait interpelé. Les battements de son coeur étaient troublés, comme s'il était pris en éteau, incapable de battre pleinement pour l'un au l'autre des deux rythmes qu'il semblait vouloir prendre.
Dorian secoua un peu la tête pour chasser cette perception étrange dont il avait le secret et reprit:
- Je sais qu'on ne se connait pas vraiment, pas du tout même en fait mais... Qu'est ce qui ne va pas?
Et là Dorian se dit qu'il avait été quand meme tres tres direct et que sa question devait sans doutes beaucoup étonner Pénombre. Apres tout elle n'avait pas affiché un malaise plus prononcé que ça, et seule son impression le lui avait dit. Peut être s'était il trompé en fin de comptes ? Décidant de faire confiance à son instinct Dorian continua:
- J'imagine que tu dois sans doutes avoir plein de supers amis avec qui tu pourrais en parler mais, si l'avis de quelqu'un qui ne te connais pas et qui est simplement pret à t'écouter sans t'interrompre ni te juger, juste pour te permettre de vider ton sac t'interesse et bien... Je suis là.

[Comment ça son coeur est pris ? T____T ]

Pénombre était dans un silence palpable, perturbé seulement par les crépitements réguliers du feu dans la cheminée, elle entendit distinctement que quelqu'un venait de s'introduire dans la salle commune, mais un peu fatiguée, elle ne se retourna pas... Elle n'avait pas envie de croiser qui que ce soit et savourait un moment paisible d'exorcisme de peurs....
Mais le bruit lègérement plus insistants des pas indiquaient clairement que l'intrus(e) avait d'autres intentions que de passer son chemin.... Elle soupira mentalement lorsqu'une voix masculine vint confirmer ses craintes...Elle se tourna dans son fauteuil et découvrit le visage quelque peu familier de Dorian... Leur première rencontre n'avait pas été trés charmante puisque Pansy avait balancé un sort à la jeune fille et qu'elle n'avait pas pu ensuite s'arreter de cracher des limaces...x_x
Détestable souvenir...
Il lui parla et elle écouta en silence. Il semblait capter son état d'âme et elle en fut surprise, il parla comme s'ils avaient été proches, comme si elle pouvait tout lui dire...Cependant lucide, il sous entendit bien la distance entre eux...
Elle resta à hésiter, fourbe ou sincère ? Pénombre ne connaissait pas Dorian, pas assez pour lui confier ce qu'elle avait sur la conscience...Pourtant, il était intriguant avec ses boucles d'oreilles et son étrange manteau aux couleurs de sang... Il lui avait fait une drole d'impression la première fois..Rien qu'elle ne reusissiat à analyser concretement, elle ne le connaissait pas et ce qui la faiisait tilter sur lui pouvait aussi bien etre bon que mauvais pour elle. Prudence.
Elle embraya :

" Et qui me dit que tu tairas mes secrets ? Je ne sais rien de toi..."

Dorian avait vu juste à ce qu'il semblait. Assez content, mais un peu surpris aussi, il s'interogea sur la position défensive que Pénombre venait d'adopter. Ne voulant pas la laisser hors du débat il dit:
- Tu as à peine onze ans et déjà, sans me connaitre tu te préocupe en priorité du mal que je pourrais te faire. Et bien, moi qui pensait avoir vécu une enfance difficile, on dirait que je suis loin d'avoir le monopole... Mais Serpentard semble prendre gout aux passés tragiques, à moins que sa dure école ne te t'ai volé l'insoucience de ces tendres jours...
Mais pardon je m'égare. C'est vrai qu'apres tout tu ne sais rien de moi, même si je n'ai plus grand chose à cacher à vrai dire. Tu peux apprendre de moi ce que bon te semblera, pause tes questions. Si une vérité peut t'aider à me faire confiance, pourquoi pas apres tout? Bien que je ne te sous estime pas, loin de là je te rassure, je ne me soucie gère du mal que tu pourrais me faire. Et pour être honnete, je ne pense pas que tu m'en fera. Je sais c'est stupide d'accorder sa confiance comme ça sur une impression surtout ici à Serpentard, mais je suis comme ça. Chez moi, le coeur parle plus que la raison. Le seul petit problème vois tu, c'est que si tu apprends à me connaitre, tu risque de perdre cette épaule neutre que je te propose, pour peut etre y gagner un ami. Alors dis moi, si tu le veux toujours, qu'est ce que tu aimerais savoir de moi?

Touchée par son apparente naiveté, sa capacité à s'ouvrir completement aux autres, Pénombre fut un rien déstabilisée... Comment pouvait il se préserver en agissant de la sorte ? A s'ouvrir à ce point ? Il lui semblait observateur et vif dans ses constatations, dans ses reflexions... Elle le regardait fixement comme si elle avait pu lire dans ses pensées, comme si elle avait espéré décéler la moindre fourberie ou au contraire, la moindre candeur... Il paraissait trop innocent pour être réel. Ca ne pouvait qu'être une illusion. Que pouvait il bien cacher ? Qu'avait il bien pu vivre pour parler de monopole ? Dorian ne semblait pas non plus avoir eu une enfance heureuse mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui l'intriguait chez ce garçon pour le moins étrange. M^me s'il disait ne aps avoir grand chose à cacher, Pénombre sentait chez lui, une différence notable avec les autres. Les autres ? Oui, car même si tout le monde est différent, Dorian semblait vraiment à part. De son souvenir, et de se sreflexions, la jeune fille n'aurait attendu cette réaction de personne de sa maison. Tous secrets et mystérieux, tous cahcés derrière des armures mentales, des défenses ou des souvenirs douloureux.
Dorian ne ressemblait as du tout à un Serpentard si ce n'était son charisme, ce mystère qui l'entourait. Il était intriguant. Pourquoi proposait il de mettre son ame à nu devant une quasi inconnue ? Comment pouvait il être aussi inconscient ? Mentait il ? Dirait il la vérité ? Rien n'était moins sur... Cela ressemblait à un piège, il inspirait trop confiance pour que ça soit réel. Néanmoins, Pénombre décida de jouer le jeu, de se faire une idée sur ce garçon qui piquait sa curiosité sans retenues. Beaucoup de questions lui venaient en tête, mais elle ne trouvait pas la plus pertinante, celle qui en dévoilerait le plus sur lui. La jeune fille restait à l'observer en silence un moment avant de se décider enfin à parler :

" Qui es tu Dorian ? Ou plutot, qui crois tu être ? "

Alors que Pénombre réflechissait, dans le silence de quelques secondes paisibles. Dorian se demandait ce qui pouvait bien lui traverser l'esprit à cet instant. Et il fut assez surpris de la question que Pénombre lui pausa. Pour être honnete, il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui retourne sa franchise. Mais aprés tout c'est lui qui l'avait voulu d'une certaine façon. ** Mais comment à t elle bien pu en arriver à se demander ça ? ** Décidant aprés tout de jouer la transparence jusqu'au bout il lui répondit avec un sourire amicale:

- Tu as posé la bonne question Pénombre. Je dois avouer que je ne sais pas vraiment ce que je suis en effet. Il y a plusieurs mots qui me viennent à l'esprit. Au risque de te parraitre énigmatique ou peut etre meme fou, ça ressemble à une chaine, une prison, un champ de bataille... Comme beaucoup ici je lutte contre moi meme. Moi mon combat je le mène contre cette chose en moi qui me ronge et réclame chaque jour son tribu de souffrances... On ne choisit pas toujours ce qu'on est j'en ai peur...

Le ton de Dorian était devenu sensiblement plus grave à ces derniers mots. Mais aprés tout s'il avait choisi de venir ici à Poudlard c'était pour échapper à sa solitude, et il ne comptait pas lui échapper en mentant. Ceux qui voudraient bien de sa compagnie le feraient en toute connaissance de cause. Puis il embraya d'un ton un peu plus léger:

- Mais je m'en sortirai fais moi confiance ^^ D'ailleurs en parlant de confiance, je peux répondre à une autre de tes questions? Ou peut être que, maintenant que tu connais mon terrible secret, ça te generais moins de me parler de celui qui te serre le coeur? ^^

Ca pour être enigmatique et mystérieux, il n'aurait pas pu l'être plus. C'en était intriguant, happant. Elle le regarda avec intensité, assimilant ses paroles en les analysant une à une. Avait il choisit ses mots au hasard ? Non, sa voix transparaissait la vérité. Pourtant c'était plus qu'étrange... Etait il possédé ? Schizophrène ? Pénombre ne comprenait pas ce qu'il disait. Elle ne saississait pas toute l'ampleur de ce qu'il exprimait. Il devait avoir un sacré passé pour s'exprimer de la sorte.

Il intriguait d'autant plus la jeune fille. Mais sur le fond, il avait raison, on ne choisit guère ce qu'on est, du moins à la base, car il y a toujours ce que nous pouvons faire de cette base, où nous pouvons nous mener, et quels moyens nous sommes prêt à nous offrir pour y arriver....

Dorian semblait combattre quelque chose de sa propore nature ou du moins quelque chose qu'il séparait de lui même , comme s'il y avait une deuxième forme de vie en lui... Il attirait vaiment son attention, piquait démesurémment sa curiosité avec ses dires...

" Il est trop tôt pour te faire confiance mais je suis plus attiré par ta nature pour le moins..Original...."

Elle reflechit un moment sans le quitter des yeux puis ajouta :

" De quoi est tu la prison Dorian ? De toi même ? "

"

Une fois de plus la clairvoyance de cette jeune sorcière l'étonnait au plus haut point. Compte tenu du peu d'information qu'il lui avait, ou tout simplement qu'il pouvait lui donner, rares sont ceux qui à sa place auraient posé une question aussi pertinente. En essayant de trouver le cheminement d'idées que sa logique avait dû suivre pour en arriver là, Dorian cherchait une réponse à lui offrir, bien gêné de n'en avoir aucune qui pourrait étancher sa soif de curiosité...
La gorge prise par un ton grave, le sujet invoquant une profonde amertume en lui, il répondit à la troublante sorcière:

- Et bien... Oui... Aussi étrange ou inquiétant que cela puisse paraître, cette chose fait intimement partie de moi... Bien plus qu'aucun esprit ne pourra jamais le faire.
Elle a dévoré mon enfance sous mes yeux... Et à chaque instant de conscience que ma faiblesse lui octroie, elle fait couler le plus insidieux des poisons dans mes veines... Tendant corps et âme à me corrompre... Déchirant mon humanité lambeau après lambeau... S'unissant à moi dans l'étreinte la plus impie... Faisant de moi l'avatar de sa démence... Un monument érigé à la Souffrance...

Les yeux de Dorian brillaient de ces larmes qui ne demandaient qu'à couler sur ses joues mais il poursuivit, la voix touchée par la peine:

- Et face à ce monstre... Je n'ai que les armes d'un gamin de douze ans...

Et sa réponse la blessa. Dorian parraissait tellement à fleur de peau, avoir tellement souffert et la force qui émanait de lui n'en était que plus touchante. Il avait survécu à son calvaire et il lui donnait envie de l'en soulager. Comment n'avait il pas sombré dans la folie ? A l'entendre, son tortionnaire était des plus cruels et diaboliques, aimant de repaitre de douleur, de celle qu'il infligeait à son hôte. C'était étrange, quelle était donc cette entité noire qui lui pourrissait la vie ? Qui le consummait de l'intérieur.. Comment l'avait il contractée ? Mais plus que ses paroles, ce fut le ton de sa voix, et son regard, son lourd regard qui la toucha. Dorian était face à elle et il semblait, une fois encore, tellement naif. C'était la première fois qu'ils avaient une vraie discussion et la Serpentarde se demandait s'il avait pour habitude de se découvrir autant aux autres ? Ou simplement parce que c'était elle ? La deuxiéme hypothèse lui semblait assez infondée, en effet la jeune fille ne cessait de douter de lui, de le questionner sans se dévoiler. Elle se serait attendu à ce qu'il en fasse de même pourtant il se livrait...

Il ne paraissait pas se méfier d'elle, de ce qu'elle aurait pu faire de ses confidences. Il lui accordait toute sa confiance et ce, spontannément, ça en était plus que curieux. Il était si touchant, si.. A fleur de peau et malgré l'evidente force qui devait l'habiter, expliquant qu'il ait pu combattre cette chose durant tout ce temps, elle ressentait l'envie de l'enlacer de ses bras. Un instant passa, un moment muet sans qu'aucun d'eux ne brise le silence rythmé par les crépitements réguliers du feu dans la cheminée, puis enfin elle se leva, atténuant la distance qui les séparaient pour venir enrouler ses doigts fins autour de la chaine qui pendait au cou de la jeune fille. Elle la suivit jusqu'à désenclencher la fermeture de celle ci et la glissa autour du cou de Dorian.

" J'avoue que j'ignore ce qui me pousse à te remettre cet objet mais cette pierre est un grenat ensorcelé et il m'est infiniemment précieux. Pourtant tu sembles en avoir davantage besoin que moi... Sa couleur sang supporte les espoirs de ceux qui l'ont portés, qui l'ont colorée de leur malheur. Elle est lourde de sens et de souffrances et si elle a eu le pouvoir de les soulager, j'espère qu'elle en fera de même pour toi."

Ses doigts effleurèrent la nuque du Serpentard lorsqu'elle acheva de refermer la chainette. Puis la Poursuiveuse se retira de lui pour retrouver sa place sur le fauteuil encore chaud qu'elle venait de quitter.

" Maintenant tu as mes armes."

Pourquoi ? Elle l'ignorait, ce grenat lui était aussi précieux que son âme elle même. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, Pénombre avait certes eu du mal à lui accorder sa confiance en premier lieu mais par ce geste il était désormais clair qu'elle venait de faire un pas vers lui.

Pénombre avait décidément le don de plonger Dorian dans l'indécision la plus totale. Ses gestes étaient pourtant simples et sans ambiguïté particulière… Mais le contact physique qui semblait être la province de la jeune sorcière n’était à Dorian qu’un vaste champ d’inconnu, et sa progressive découverte était accompagnée de ressentis étranges et nouveaux pour le serpentard. A tel point que parfois il se demandait si elle ne jouait pas inconsciemment avec lui sur ce terrain qu’elle connaissait si bien.
Lorsqu’elle passa sa main dans son cou, Dorian fut parcouru d’un léger frisson et la laissa faire, ne sachant pas trop comment réagir à ce singulier cadeau. Il l’écouta ensuite parler et découvrit avec un étonnement évident la nature de ce qu’il portait alors contre le torse. ** Colorée de leurs malheurs… Lourde de sens et de souffrances… N… Non pas ça !! ** Tout s’accéléra. Cet conscience en lui s’éveilla en un semblant d’étirement, aussi moqueur qu’ironique. Il n’était aucunement diminué et Dorian savait qu’il prenait un malin plaisir à s’insinuer en lui de cette façon.

** - Intéressant… C’est donc avec cela qu’elle pense t’aider… ? Amusant… Dans le meilleur des cas elle cherche à combattre le mal par le mal… Dans le pire elle me sous estime… Mais j’ai envie de lui donner sa chance, cette fille me plait beaucoup je dois dire… Disons que pour cette fois… Elle ne m’avait pas prit au sérieux… **

Tout d’un coup, le contact de l’amulette devint littéralement insupportable au jeune mage, comme si de profondes racines d’agonie en partaient pour plonger en lui. La brûlure mordit alors cruellement dans la peau de Dorian, lui arrachant un vif soupir et forçant sa main et son visage à se crisper sur l’amulette sous la tension. Le garçon tremblait sous la douleur que le pendentif lui prodiguait avec minutie. Même chauffé à blanc, son métal n’aurait pu être plus impitoyable avec l’épiderme du serpentard…
Quand il ne put plus se contenir, poussé par le paroxysme il arracha l’instrument de son cou qu’il avait jeté en arrière, brisant le fermoir de la chaînette qui le retenait à lui dans un geste vif.
Puis, d’une voix aussi tremblante que la main qui tendait le pendentif vers Pénombre, Dorian lui dit :

- Je… Je suis désolé… Je … Je n’ai pas réussi…

Il avait baissé la tête pour qu’elle ne puisse voir ses yeux embués de larmes. Mais l’ouverture de sa chemise elle en revanche laissait en évidence une marque presque violacée sur le torse du jeune garçon, exactement là où se tenait l’amulette quelques instants auparavant. Noir à ses extrémités elle ne ressemblait à aucune blessure connue, et la peau à cet endroit semblait presque pulser sous l’afflux de sang porté par le cœur paniqué de Dorian.

- Je … Je n’ai pas pu la sauver… Pardon Pénombre… Pardon…

Il n’avait pas seulement baissé la tête pour cacher sa souffrance… Mais aussi son échec… Ce fou avait enduré la torture jusqu’à son terme, tentant le tout pour le tout dans un vain essai pour ne pas perdre ce bijou si précieux aux yeux de sa camarade… Mais vain en effet… Le carmin vif du grenat de Pénombre avait perdu tout son éclat, rendu terne par ce monstre qui l’avait saturé de son infâme magie. Quand elle se retrouva de nouveau entre les mains de la sorcière, la pierre se bisa en deux net dans un claquement sonore et cristallin.
Cet alors que quelque chose d’étrange se produit, totalement à l’insu du serpentard. Une voix résonna dans la tête de Pénombre, une voix qu’elle n’avait encore jamais entendu mais dont le timbre d’outre tombe avait autant le don de glacer le sang que de briser les os :

** - Dorian est à moi. Et bien que tu sois plus proche de moi que tu ne l’imagines, cela ne te donne aucunement le droit d’interférer avec mes affaires Pénombre. Aujourd’hui tu ne perds que ce diadème. Mais ne comptes pas trop sur ma générosité mon amie… Ce serait un bien mauvais calcul de ta part… **

Et la respiration haletante il lui répéta sans savoir ce qu’il venait de se passer :

- Pardon…

[Pardon Dorian, pas super inspirée mais très envie d'écrire pour notre topic ^^'']

Cela faisait longtemps qu'elle le portait, l'avait autour du cou, pendu au bout d'une longue chaîne argentée et bien souvent dissimulé volontairement par ses vêtements. Un médaillon très ancien, marqué et lourd de ressentis, sentiments puissants, pénibles et blessants. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu à s'en servir, bien longtemps qu'elle avait voulu oublier jusqu'à son existence car ce bijou ancestral qui n'appartenait aux Craft que depuis quelques siècles tout au plus avait le don particulier de lui rappeler sans cesse ses propres faiblesses ainsi que le long chemin qu'elle avait encore à parcourir afin de s'accomplir. Et tandis que la brune perdait son regard sur sa couleur carmine aux profonds reflets grenats comme une pierre cristallisée à même le sang, elle se surprit à penser que cette teinte en disait long, tellement long sur la nature du joyau, sur le mal qu'il enfermait et qu'il maîtrisait de part ses sombres pouvoirs. Mais il y avait également d'autre pensées qui lui trottaient en tête, la troisième année se questionnait en effet quant à la justesse de ses actes vis à vis d'un garçon qui lui était encore totalement inconnu seulement une quinzaine de minutes auparavant, peut être davantage...

C'était une sorte d'amulette, de dernière protection qui servait de soutien mental aux tourments, à la torture et à la douleur mais il y avait pourtant quelque chose d'également maléfique et mauvais dans les capacités de l'objet, dans les sortilèges même utilisés pour le façonner et malgré ce fait, ce à quoi il était destiné égalisait à la perfection ses énergies mauvaises.

La chaleur de son corps communiquée au métal du médaillon restait sur ses doigts, tout comme la douceur de la peau de Dorian, c'était étrange et agréable en même temps. Un peu comme si la pureté du garçon s'était égarée par transfert sur l'extrémité de ses mains, qu'une partie de son aura se mêlait à celle de Pénombre dans une étrange danse fusionnelle, mourrant au fur et à mesure que la jeune fille l'éloignait du Serpentard, laissant la sienne engloutir et dévorer les brides invisibles du deuxième année. La Poursuiveuse venait de se reculer doucement, regagnant le fauteuil tendre et confortable qu'elle avait quitté pour passer son amulette au cou du jeune garçon devant elle. Son regard vert restait encore figé dans celui de Dorian et en silence elle attendait patiemment que les pouvoirs du bijou le prennent, l'enveloppent et le soulagent enfin de ce qui lui pesait tant.

Pourtant étrangement, ce ne fut pas exactement ce à quoi elle s'attendait qui prit réalité, la Serpentarde avait pourtant de nombreuses fois assisté aux oeuvres, à l'emprise de l'amulette sur les âmes sorcières, humaines mais cette fois ci était vraiment, profondément différente. Une sorte de présence se fit lentement sentir dans la pièce, quelque chose transcendant de pouvoir et de si noir que la jeune fille eût l'impression que la salle perdait en lumière ce qu'elle gagnait en ténèbres. Elle sut instinctivement que la bête terrée au sein même du blond cendré venait de réagir à la présence de l'amulette, s'éveillant. Cependant quelque chose lui paraissait anormal. Les émanations de ce si indésirable hôte devenaient si accablantes et étouffantes qu'un instant la Rusée se mit à douter, à douter du pouvoir de la pierre de sang. Ses sombres prunelles teintées d'inquiétude se figèrent sur les traits déjà contractés par la douleur de Dorian et son premier réflexe fut de se lever d'un bond pour l'en délivrer mais lorsque son regard rencontra celui torturé du jeune garçon quelque chose se brisa violemment en elle et son geste en fût interrompu. Sa douleur devenait sienne et il y avait quelque chose de tellement insupportable dans la contemplation d'une si cruelle douleur qu'elle resta un instant pétrifiée par le triste spectacle offert à son regard. Les veines du cou de Dorian, gonflées et battantes de douleur, et cette expression trahie par ses yeux d'un vert lumineux lui creva littéralement le cœur, indescriptible la souffrance, la peine, le chagrin qui la submergea d'une vague sans pitié et sans distinction. Sa main tremblante ne pouvant atteindre son cou devenu pâle, sa propre impuissance la dégoûta, la frappa comme un coup de poing en plein visage, rejetant loin sa conscience sous le choc. Il devança enfin le geste que la demoiselle n'avait pu achever et retira l'amulette de son cou, complètement affadie par l'entité qui le dévorait. Quelque chose de brûlant coula sur la joue de la jeune fille, quelque chose de si chaud, de si fluide, d'inconscient. Son regard tomba sur l'amulette, la chaîne brisée et son coeur acheva de se fendre en même temps que la pierre dans la main de Dorian. Un moment, elle ne pouvait que le regarder, les yeux voilés, incapable de répondre avant que la jeune fille ne réalise. Elle lui mentit :

" Ce n'est pas... Ce n'est rien..."

Et elle n'eût pas ce courage, le courage de l'étreindre pour calmer sa peine, la sienne aussi. Sa main chuta lâchement contre sa cuisse et elle tomba à genoux, le coeur batant, saignant. Pierre noire comme son médaillon. Et c'est ainsi, à juste quelques dizaines de centimètres du jeune garçon qu'un voix étrange s'imposa à son esprit, écrasant ses défenses avec une facilité déconcertante. L'instinct de la vert et argent bien plus sûrement que sa raison l'assura presque immédiatement de la nature de cette entité. C'était Elle. Sa Tonalité, son brin l'enserra d'une poigne glaciale, mortelle et se fût comme si Pénombre était prise mentalement à la gorge, soulevée et dominée. Jamais la Serpentarde ne le tolérerait mais par prudence, elle cessa rapidement de se débattre, laissant les paroles de celle qu'elle appellerait désormais la Bête lui parvenir. Sans un mot, attentive à ses propos mentaux malgré le profond désagrément d'être violée de la sorte et l'infâme son de cette voix, elle répondit ensuite à ses dires par la pensée, une pensée qu'elle voulait dénuée d'animosité, d'amertume, d'émotions tout simplement.

* Qui es tu ? Portes tu un nom ? Et que lui veux tu ? *

Mais une autre voix, plus douce à son âme la tira de son immersion dans son propre esprit, troublant sa concentration et l'attirant irrésistiblement à regagner la réalité, Pénombre rouvrit les yeux et n'osant croiser celui de son compagnon, elle posa sa main sur la sienne dans un geste qu'elle aurait voulu de réconfort, d'apaisement, mais des deux, c'étaient ses doigts qui tremblaient le plus...

" Ce n'est rien..."

Répéta t elle sans convictions.

" C'est moi, je.. J'ignorais..."