Wait for it. [pv To'] (99/00)

Edwin rumina quelques instants face à son verre à moitié vide, qu'il faisait tourner entre ses doigts. Ruminer était un bien grand mot. Il fixait le verre en proie à des questionnements pseudo-philosophiques dans l'espoir que le temps passe. Pourquoi était-il là déjà ? Ah oui, il ne savait pas quoi faire ce soir, mais vraiment pas. C'était comme si ses neurones s'étaient déconnectés et qu'ils avaient mis l'Italien sur un tabouret, un verre devant lui et partis dormir.

Décidément, le jeune étudiant avait hâte de reprendre les cours, surtout que l'UMA rouvre. Peu importe l'activité qu'il faisait, la curiosité et l'occupation qu'elle lui fournissait s'échappait en moins d'une semaine. Malgré la pléthore de choses à faire à Londres, cela ne lui suffisait plus.

Il fallait bien l'avouer, les cours lui manquaient, d'autant que suivre un cours et lire un livre de cour était bien différents. Oh s'il l'avait voulu, il aurait pu aller retrouver sa mère et son beau-père, s'occuper des hyppogriffes. Mais là-bas, il était le fils à Maman et Edwin ne souhaitait pas se détacher de Londres, ou plutôt de quelqu'un.

Car bien sûr, être avec son petit-ami était l'activité la plus agréable, et il ne la quitterait pour rien au monde. Mais, son but n'était pas de se transformer en accro du sexe. Le pire étant qu'il était persuadé que ledit petit-ami n'en serait pas mécontent...

En fait, il aurait pu aller le voir, là, tout de suite, mais avec une fierté bien mal placée, il voulait se convaincre qu'il pouvait se passer de la présence du jeune anglais deux soirées consécutives. Autant vous dire qu'il ne réussit pas, mais là n'est pas le sujet. Il était donc seul, Andréas lui ayant promis de venir, mais ce lâcheur avait apparemment oublié au profit d'autres choses plus intéressantes. Autant vous dire qu'une fois dans son immeuble, il lui dirait sa façon de penser.

Donc maintenant, il attendait, limité désespéré un signe du destin, une animation, une bagarre, peu importe, quelque chose qui lui permettrait de sortir de sa léthargie actuelle. Ses paroles furent entendues.

Alors qu'il embrassait du regard la salle du bar, il aperçut un jeune homme partir, laissant sur la table un appareil photo. Amen ! Enfin une raison de bouger valable, ni une, ni deux, l'italien récupéra sa veste en cuir et s'empressa de récupérer le fameux objet pour sortir du bar et le redonner à son propriétaire.

Il poussa la porte grinçante, l'air frais de la nuit le caressa doucement alors que ses yeux plissés s'habituaient peu à peu à l'obscurité nocturne. Quelques secondes plus tard, la silhouette de son sauveur se détacha de la noirceur, et Edwin lui courut après en le hélant. Il ne sut pas s'il l'avait entendu, puisqu'il ne se retourna pas, l'italien, lui agrippa le bras pour le forcer à se retourner.

« Désolé de te déranger, commença-t-il, reprenant son souffle, mais ce n'est pas à toi ça ? Il lui brandit l'appareil photo sous ses yeux. Il lui sembla connaître son visage maintenant qu'il le vit de près et lui demanda, tu ne serais pas à l'UMA par hasard ? »

Voilà un moment que Tomas était là, seul dans ce bar à attendre que son rendez-vous arrive. La personne qu'il attendait devait lui donner des détails très important pour son enquête personnelle. Il espérait vivement trouver une réponse qui l'aiderai à avancer. Mais bizarrement, il sentait que ce qu'il attendait n'arriverai jamais et que cette personne s'était royalement moquer de sa poire. Il soupira profondément, sortit sa montre à gousset de sa poche et s'informa de l'heure. L'heure académique était passé. Voilà plus de 30 minute qu'il attendait son témoin et toujours rien! Rien à faire, il ne viendrait pas.

Énervé, il empoigna sa chope de bière et vida ce qu'il restait. Après avoir essuyé la mousse qui s'était collée aux commissures de ses joues, l'allemand se leva, paya sa note et laissa un pour-boire sur la table. En sortant, il cracha mentalement sur le dos de la personne qu'il avait attendue. Il restait encore sur la case départ de son enquête et cela l'énervait au plus haut point.

En sortant, il s'aperçut que la nuit était tombée. Étonné, il reprit sa montre et regard, une nouvelle fois, l'heure. La montre s'était arrêtée. Voilà qui expliquait son impression d'avoir attendu une éternité. Le jeune homme soupira en pensant qu'il avait vraiment perdue sa journée à attendre dans un bar pour rien!

Après avoir fait quelque pas dans la rue et de s'être éloigné du bar, il eut l'étrange impression d'être nu. Et pourtant, il avait bien tout ses vêtements sur lui. Soucieux, il tatôna ses poches. Non, sa bourse remplie de Gallions était bien à sa place, son gsm aussi... Mais pas son appareil photo! Il jura dans sa langue natale et commença à paniquer quand quelqu'un l'agrippa et le força à se retourner. C'était un gars de son âge aux cheveux argentés qui semblait particulièrement essoufflé.

« Désolé de te déranger mais ce n'est pas à toi ça ? »

Tomas regarda ce que cet étrange individu lui tendait et là son cœur rata un battement! Son appareil photo! Bonne mère! Merlin soit loué! Le jeune photographe repris son appareil comme s'il s'agissait d'un nouveau né.

- Merci! dit-il simplement.

Il ne voyait pas quoi rajouter d'autre. Son appareil photo était inestimable à ses yeux. Celui-ci était son fétiche. C'était son premier appareil photo moldu qu'il avait acheter dans une brocante et qu'il avait trafiqué pour qu'il fonctionne dans le monde magique. Bien entendu, Tomas en avait d'autre, mais celui-ci était beaucoup trop précieux pour être perdu.

« Tu ne serais pas à l'UMA par hasard ? »

- Oui, en deuxième année en filière général. Tomas étudia plus attentivement son sauveur et essaya de se rappeler un moment où il l'aurait croisé dans les couloirs, ou à la cafétaria. Et toi?

Edwin remercia sa mémoire photographique, il avait sûrement rencontrer, ou plutôt aperçut au détour d'un couloir le jeune homme, puisque celui-ci n'était non seulement pas dans sa filière, mais pas dans son année non plus. Il y avait bien Lucas et Maria qui était tout deux dans la filière académique, mais il ne savait plus s'ils étaient en deuxième ou troisième année. Il tendit sa main pour se présenter.

« Je m'appelle Edwin Marienni, je suis en première année élite magique. Enfin en ce moment, je suis plus un touriste à Londres avec la fermeture de l'UMA... Et toi tu t'appelles... ? Tu es photographe ? De photos sorcières ou moldues ? Un de mes amis en Sicile est photographe professionnel, mais trouve dans les photos moldus une sorte... de caractère vieillot attachant... » L'italien se rendit compte qu'il se tenait dans le froid, enfin, ce qui pour lui était très froid comparé à la Sicile à cette époque de l'année. Passant sa main dans ses mèches blanches, il fit un sourire d'excuse. « Je parle, mais je trouve qu'il fait froid. Je t'offre une bière pour avoir brisé mon ennui du soir si ça te dit. »

Une fois la bière acceptée, ils se dirigèrent vers le premier bar à leur vue, et Edwin retrouva presque avec bonheur l'odeur aigre de la bière bon marché et la chaleur humaine de l'établissement. Normalement il prenait toujours un des alcools les plus mauvais, souvent une bière mal brassée, mais étant donné qu'il l'offrait... Ce n'était pas son intention de paraître pingre. Celles qu'il commanda n'étaient certes pas de la meilleure qualité, mais elles avaient l'avantage de ne pas être imbuvable. Une fois que la barman, ma foi plutôt jolie, eut servit les chopes, il prit une gorgée du breuvage et demanda à l'étudiant à côté de lui ;

« Qu'est-ce qui t'as amené ici dans un bar un soir de semaine seul avec un appareil photo ? Enfin, si ça ne te dérange pas mais avoue qu'on ne voit pas ça tous les jours... »

Cela devait être la première fois qu'il parlait en dehors des cours à un anglais depuis qu'il était à l'UMA, restant avec principalement ses amis italiens pour sortir. Après des années à Poudlard, cela lui avait fait un grand bien de pouvoir renouer avec ses origines italiennes tout simplement. Et vu le nombre d'étrangers à l'UMA, cela ne l'étonnerait pas tant que ça que le jeune homme à côté de lui ne soit pas non plus anglais.

Caressant son précieux - ~~mooon préééééciiiieux!~~ - entre ses mains, Tomas remercia encore une fois son interlocuteur de le lui avoir rapporter. Il imaginait trop bien la panique qui l'aurai gagner une fois rentrer au cottage de la famille Doherthy en remarquant la disparition de son appareil photo. Ensuite, il aurait tout retourner, se serait énerver et aurait fait une mauvaise impression auprès de son beau-père. Heureusement, tout cela avait pu être évité grâce à ce jeune homme.

" Je m'appelle Edwin Marienni, je suis en première année élite magique."

Tomas serra chaleureusement la main que l'étudiant en Elite magique lui tendait.

- Ravi de faire ta connaissance! Moi C'est Tomas Herz.

L'allemand pris plaisir à répondre au question du jeune homme et à son invitation à boire une bièrre, ce qui l'étonnait. Généralement, les anglais qu'il avait rencontré lui proposait plutôt un petit verre ou un thé... Lui qui avait horreur des thés... Il les trouvait fade et n'appréciait pas du tout l'idée de boire cela par plaisir. Alors qu'une bonne bièrre, Allemande s'il vous plait, il ne la refusait jamais!

- Oui, je suis photographe. J'étudie le journalisme à l'UMA. Je fais aussi bien de la photo sorcière que moldue. Les deux ont leur charme. La photo moldue est fascinante dans le sens qu'elle capture l'émotion directe de l'instant. Tout l'art est dans le moment où l'on prend la photo. Une demi seconde trop tôt ou trop tard et c'est rater!

Une fois arrivé dans la chaleur agréable du bar qui contrastait avec la fraicheur de la nuit qui commençait à tomber, les deux jeunes hommes s'installèrent et commandèrent une chope chacun. Cette fois, Tomas rangea son appareil directement dans son sac. Une fois, mais pas deux. Pendant qu'il y pensait, il envoya un texto rapide à Maureen qui lui expliquait sa mésaventure et qu'il rentrerait surement en retard. Heureusement que les portables avaient été légalisé et que sa chère Irlandaise s'en était offert un!

« Qu'est-ce qui t'as amené ici dans un bar un soir de semaine seul avec un appareil photo ? Enfin, si ça ne te dérange pas mais avoue qu'on ne voit pas ça tous les jours... »

-Et ben, j'attendais une personne à interviewer, mais elle n'est pas venue. Dans énervement de la situation, je suis parti sans demander mon reste et comme tu as pu le constater en oublier mon appareil. Et toi? Pourquoi venir t'ennuyer dans un bar?

L'étudiant en face de lui n'avait pas l'air d'un mauvais bougre, voire plutôt sympathique. C'était d'ailleurs surprenant pour l'Italien que l'étudiant, Tomas donc, ait accepté son invitation pour une bière. Il avait toujours trouvé les anglais peu sympathiques au premier abord... et coincés. Enfin, pour la plupart que le Sicilien ait jamais rencontré. Et il avait été à Poudlard, ce n'était pas peu dire. C'était peut-être un cliché de sa part, ayant été élevé dans une petite ville avec peu de gens de son âge, mais, même à travers les années, il avait toujours cette impression de froideur et d'indifférence qui se dégageait des anglais. Autant dire qu'il avait eu une mauvaise impression la première fois qu'il avait posé le pied sur le sol anglais. Sa seule consolation fut que c'était l'endroit où son père habitait et que c'était là où il avait grandi.

C'était par pur intérêt qu'Edwin l'avait invité prendre un verre, il ne fallait pas se le cacher. La présence du jeune homme et une chope de bière l'aiderait bien plus à tuer le temps qu'être seul dans sa chambre étudiante. Avoir des connaissances à l'UMA n'était aussi jamais inutile ou inintéressante. Voilà qu'il se mettait à penser en terme d'utilité des gens, très serpentard de sa part. Enfin, très important puisque cela était son objectif de la soirée, éloigner un certain blond de ses pensées.

Maintenant qu'il y pensait, Herz... Cela ne faisait pas très anglais comme nom... Il n'était pas spécialiste en patronyme, mais il avait de consonances du pays du Nord. Après, à part l'Italie, et l'Angleterre, Edwin ne connaissait pas grand-chose des pays du « Nord », pour lui Venise était déjà une ville bien au nord. Par curiosité, le jeune homme lui demanda directement.

- « Herz... Est-ce que tu es anglais ? »

Il s'installèrent, au chaud, dans le premier bar venu et Edwin prit une gorgée de bière alors qu'il vit avec étonnement le jeune homme sortir un portable. Cela restait encore rare dans le monde magique et d'une certaine façon cela dérangeait le jeune homme. Ce sentiment était principalement dû à son éducation. Il n'était pas du tout anti-moldu, mais ça mère lui avait expliqué depuis longtemps que les moldus, comme les sorciers étaient très bien l'un sans l'autre, et qu'il n'y aurait aucun problème tant que ni l'un, ni l'autre n'interférait dans leur vie respective. Et c'était pour le Sicilien le meilleur compromis pour qu'il n'y ait aucun incident de quelques sortes. C'est pour cela qu'il n'aurait jamais été à la manifestation pro-moldus qui avait entraîné la fermeture de l'UMA. Qui avait conduit à son ennui actuel. La boucle était bouclée.

- « Oh ? Une interview pour un article ? J'avoue que le journalisme m'a paru toujours un peu obscur. Surtout la subjectivité dont les faits sont relatés. J'ai parfois l'impression que les gens vont croire tout ce qui est marqué dans un journal sans y amener un esprit critique. Mais bon, c'est plus un phénomène général, que particulièrement un phénomène journalistique. » Il reprit une gorgée de la bière, pas trop mauvaise, pour une fois. « Moi ? Je suis venu un peu moins m'ennuyer ici, mais ça n'a pas été trop concluant. C'est assez impressionnant comme on peut se sentir démuni sans étude ou travail. Et en ce moment, je n'ai ni l'un, ni l'autre »

« Herz... Est-ce que tu es anglais ? »

Première fois qu'on lui posais la question. D'ordinaire, on lui demandait, plutôt, d'où il venait. Son accent allemand était-il moins ressentis maintenant qu'il allait entamer sa troisième année en Angleterre?

- Non, je suis allemand, répondit le jeune homme avant de boire une nouvelle gorgée, mon accent ne s'entend plus?

« Oh ? Une interview pour un article ? J'avoue que le journalisme m'a paru toujours un peu obscur. Surtout la subjectivité dont les faits sont relatés. J'ai parfois l'impression que les gens vont croire tout ce qui est marqué dans un journal sans y amener un esprit critique. Mais bon, c'est plus un phénomène général, que particulièrement un phénomène journalistique. »

- La subjectivité... Pour chaque histoire, c'est la façon dont on la raconte qui change. Tu as des personnes qui reste fidèle à la première version de l'histoire qu'ils ont entendu ou vue et n'en changeront pas une virgule. D'autre retiennent juste le plus important à leur yeux et encore d'autre inventent toute l'histoire en ne gardant que quelque détails de vrai. Dans le journalisme, c'est pareil. Moi, je suis plutôt pour raconter toute la vérité.

Tomas soupira en pensant à l'article qu'il aurait pu rédiger pour faire éclater la vérité sur la manifestation. La personne qu'il devait rencontrer aujourd'hui devait être celle qui lui aurait permis d'enfin innocenté les personnes qui avaient été injustement punie et faire arrêter les véritables coupable. Mais, elle n'était pas venu. Pour réparer toutes ses bouses de dragon, le jeune homme allait devoir s'y prendre autrement.

Je suis venu un peu moins m'ennuyer ici, mais ça n'a pas été trop concluant. C'est assez impressionnant comme on peut se sentir démuni sans étude ou travail. Et en ce moment, je n'ai ni l'un, ni l'autre »

Tomas eu une sorte de hoquet d'amusement. Il comprenait parfaitement son interlocuteur. Il avait ressentis la même chose quelques semaines avant quand il n'avait pas encore trouvé sa place au cottage du Connemarra.

- Tout ceux de l'UMA sont dans la même situation...