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 Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyJeu 1 Nov - 21:32:36

Lynn avait passé la matinée à la boutique à continuer ses créations entre deux entrepreneurs.
Elle en avait rencontré 5 en l'espace de 4 heures et elle avait la tête encore remplie de mille et une idées.
Ils étaient envoyés par son frère qui prenait très au sérieux le projet de Lynn et qui lui avait donné accès aux ressources familiales pour le réaliser. Elle avait encore du mal à croire que le fond de commerce où elle se tenait lui appartenait.
L'emplacement était idéal.
Elle n'aurait jamais pu espérer aussi bien sans la contribution généreuse d'Aïlin. Elle savait qu'il ne faisait pas cela uniquement pour l'image familiale, mais aussi parce qu'il croyait sincèrement en son talent. Il ne lui aurait jamais permis de monter une entreprise s'il avait pensé un instant qu'elle était vouée à l'échec. C'était donc une preuve de confiance en elle, du moins c'est ce que préférait croire Lynn.
Elle n'avait jamais vraiment donné beaucoup de raisons à son frère de se réjouir.
Ses résultats aux Aspics avaient été bien au-delà de ses attentes, ce qui ne lui donnait que plus de légitimités encore dans ce qu'elle entreprenait maintenant. Elle s'était tout de même inscrite à l'UMA pour quelques cours du soir afin d'affiner son art dans les charmes, les runes et les enchantements, mais elle était opérationnelle.
Il ne lui manquait plus qu'à décorer la jolie boutique à son goût, trouver un nom, faire un peu de publicité, créer de nouveaux artefacts et elle serait fin prête pour l'ouverture de septembre. Ces deux mois allaient passer à une vitesse folle, elle en était conscience et elle voulait profiter de chaque instant.

Ce matin elle avait réussi à choisir le parquet, la couleur des murs et les luminaires. Il lui restait encore quelques détails à régler, comme le mobilier, les présentoirs et étagères intégrés dans les murs. Elle essaierait de se décider dans les 10 jours car les si les travaux allaient être relativement rapides, elle ne voulait pas perdre de temps. Il lui semblait avoir encore des centaines de choses à faire et elle était si excitée qu'elle avait peur d'oublier un détail important.

Peut-être aussi parce qu'elle avait l'esprit beaucoup occupé par autre chose que les préparatifs d'ouverture.

Lavande se moquerait sûrement en disant qu'il n'y avait qu'un garçon pour nous faire perdre la tête. Enfin, elle se moquerait après avoir copieusement sermonné Lynn, probablement. L'ex-gryffondor n'avait pas pu se résigner à parler de sa rencontre avec Matthew à sa plus vieille amie. Cela faisait trois mois à peine qu'elle avait rompu avec Alan et voilà qu'elle était totalement sous le charme de quelqu'un d'autre. Elle essayait de ne pas trop y penser pour repousser la culpabilité qui l'envahissait à cette idée. Il faudrait bien qu'elle finisse par en parler à Lavande, mais avant cela, elle préférait voir où tout cela allait l'amener.

Elle avait rendez-vous ce midi-là avec Aïlin à l'Augustinian's. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu son frère. Ils s'étaient croisés quelque fois, notamment sur le quai de la voie 9 ¾ mais ces derniers temps, il était trop occupé pour vraiment lui consacrer du temps. Si elle en éprouvait un léger agacement, elle s'efforçait de donner à son frère l'espace dont il avait besoin. Après deux ans sans se parler, les six derniers mois avaient été mouvementés, elle ne pouvait pas lui en vouloir d'apprécier et de protéger sa solitude. Et s'il arrivait à construire quelque chose avec Clarisse, relation qui ne pouvait que lui être bénéfique, elle ne voulait en aucun cas le déranger. Il faisait de son mieux.
De son côté, elle devait essayer d'éviter de le prendre personnellement quand il "l'oubliait"…
Elle avait d'ailleurs envoyé un hibou à Jenny la veille justement pour lui rappeler la programmation de leur déjeuner.

Il fallait qu'elle lui parle de Matthew.
Avant de pouvoir s'investir pleinement dans cette relation –même si elle savait, sans vouloir se l'avouer vraiment, qu'elle était déjà sous le charme du jeune homme- elle devait s'assurer qu'il était un "candidat potentiel".
Elle n'avait pas pensé se poser la question si rapidement après avoir accepté de laisser à son frère un droit de regard sur son futur hypothétique mariage.

Lynn vérifia son reflet dans la vitrine de sa boutique. Elle fit une retouche maquillage, lissa ses cheveux, son chemisier et sa jupe du plat de la main et, une fois satisfaite, prit le chemin du restaurant. Elle n'avait pas envie de transplaner. Marcher lui ferait un peu de bien et lui permettrait de remettre ses idées en ordre avant d'affronter son frère.

Elle arriva quelques minutes après l'heure convenue et le majordome l'accompagna jusqu'à la table d'Aïlin dans l'une de ces "cabines" si prisées qui faisaient la fierté de l'endroit.


- Bonjour, salua-t-elle son frère en déposant un baiser sur sa joue avant de s'asseoir face à lui. Comment vas-tu ? Et Clarisse ? Ton cadeau lui a plu ?

Car bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il la tienne au courant de ce genre de choses, même si elle avait enchanté le présent qu'il lui avait offert.
Lynn chassa cette pensée parasite et étudia le visage du jeune Lord. Il avait meilleur mine ces derniers temps et elle espérait sincèrement que le changement perdurerait. Il essayait d'arrêter la drogue, tout comme elle, et s'en sortait avec plus ou moins de succès. Elle était soulagée de savoir qu'il n'était pas seul dans cette épreuve. Elle-même avait du mal à gérer les crises de manque, qui, si elles étaient espacées, n'en étaient pas moins éprouvantes. Elle n'était pas encore au bout de ses peines.


- Tu as déjà choisi ? S'enquit-elle en prenant la carte pour la consulter.
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyVen 2 Nov - 19:43:19

Encore cinq petites minutes. Il serait à l'heure, bien entendu. Mais il avait seulement besoin de cinq petites minutes pour terminer la dernière étape qui constituerait l'échantillon témoin d'élixir de shungite, et qui serait le comparatif pour ses prochains travaux, en matière de qualité. C'était une étape importante, et il ne devait pas la rater, compte tenu de la dose infime qu'il était parvenu à extraire. À peine un flacon de dix centilitres. S'il faisait un mauvais dosage au cours du processus de purification de la substance, six mois de travail seraient partis en poussière. À ce stade de la préparation, les doses se qualifiaient en quantité infime, et le moindre tremblement, la moindre hésitation se transformerait en catastrophe. Aussi Aïlin demeurait plus méticuleux encore qu'il ne l'avait jamais été – et ça n'était pas peu dire – pour doser le sébum de manticore qui constituait la touche final à l'élixir. Lorsque la dernière goutte tomba en répandant un mince filet de fumée, Aïlin soupira de soulagement. Comme attendu, l'élixir venait de prendre une teinte aussi cristalline que de l'eau. Aïlin ferma hermétiquement le flacon d'un sortilège, lança un sortilège d'impassibilité dessus ainsi qu'un autre qui empêcherait quiconque à part lui de s'emparer du précieux breuvage. Puis, enfin, il attrapa entre ses doigts le flacon de cristal et l'observa avec attention à la lueur des boules de lumières qui flottaient au-dessus de son établi de travail. Comme il l'espérait, élixir étincela de mille reflets éclatants lorsqu'il le porta au-dessus de ses yeux. Un sourire ravi glissa sur ses lèvres. Il avait clôturé la première étape de son travail. Il ne lui restait plus maintenant qu'à tester les différentes théories qu'il avait mises au point pour éliminer celles qui étaient finalement vouées à l'échec, et celles qui feraient de potentielles candidates pour l'extraction simple et rapide du remède universel aux pires malédictions.
Il tenait entre ses doigts le premier bijou de sa collection, la première pièce, peut-être, qui le conduirait à une éclatante réussite. Rien que pour ce miniscule flacon, des sorciers tueraient. Et Aïlin l'avait créé de sa main. Cela se fêtait. L'alchimiste retira sa robe de protection blanche et gravit les escaliers qui menaient au couloir du manoir. Jenny passait justement à ce moment là.

« N'oubliez pas que vous déjeunez avec votre sœur, aujourd'hui. Vous n'êtes même pas habillé et il est déjà onze heures trente ! » déclara la vieille sorcière en lui jetant un regard désapprobateur.
Depuis l'incident où Aïlin lui avait parlé sur un ton des plus désagréables avant de s'en aller sur le chemin de traverse et y rencontrer Mégane, la sorcière était plus froide et méfiante avec son jeune maître. Il l'avait déçue, il le sentait, mais c'était le cadet de ses soucis. Elle pouvait bien penser ce qu'elle voulait, il n'en avait cure. Elle ignorait tout bonnement ce qu'il traversait, et bien qu'elle vivait presque quotidiennement au manoir, Aïlin n'avait aucune envie qu'elle sache quoi que ce soit d'intime à son sujet. Elle ignorait pour la drogue, ou, du moins, feignait de l'ignorer, et n'en savait guère plus sur ses laborieuses tentatives d'arrêt.

« Comment voudriez-vous que j'oublie cela, ma chère Jenny ? rétorqua Aïlin de son ton le plus charmant, comme il en avait pris l'habitude pour se faire pardonner.
— Vous l'avez bien oublié la semaine dernière... »
La cuisinière s'en alla dans ses cuisines, laissant seul Aïlin avec ses considérations. Elle n'avait pas tort. Le jeune lord pesta contre lui-même et fila se préparer en vitesse. Il avait effectivement fait faux bond à sa sœur la semaine précédente, et aussi patiente était-elle, Aïlin doutait qu'elle lui pardonnerait deux fois de suite son indélicatesse. Il ne s'en était même pas excusé. Il avait simplement oublié, absorbé par son travail, et s'était paisiblement couché le soir venu sans même se rendre compte qu'il avait oublié le restaurant. On n'aurait pas fait frère plus lamentable, et il s'en était sincèrement voulu lorsqu'au lendemain matin, il avait reçu un petit mot de sa sœur par hibou. Pour se faire pardonner, il lui avait envoyé une quantité non négligeables d'entrepreneurs pour la remise à neuf du local qui lui servirait bientôt de boutique. Toute la semaine, Lynn avait dû crouler sous le travail, entre les économistes, comptables, et employés de rénovations ou de décorations que le lord avait mandé à la boutique. Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire rien qu'à l'imaginer au milieu de tous ces hommes affairés et sérieux. L'ancien Serdaigle ajusta sa cravate de brocard et la perça d'une épingle surmontée d'une perle, avant d'enfiler sa redingote indigo sur son veston de taffetas brodé. Il coiffa ses longs cheveux noirs en arrière et sortit du manoir pour transplaner directement à quelques mètres de l'Augustinian's.

Le jeune lord se laissa mener à la table qu'il avait réservé, dans l'une des cabines qui faisaient tout le charme de l'endroit, et commanda un Sauterne en guise d'apéritif. Il était pile à l'heure, et il ne doutait pas que Lynn ne tarderait pas non plus. Et en effet, cinq minutes s'étaient à peine écoulée – durant lesquelles Aïlin relisait l'une de ses théories écrite sur parchemin pour la énième fois – que celle-ci parut sur le pas de la porte. Le jeune homme releva les yeux de son parchemin et l'enroula en le glissant dans la poche de sa redingote, puis se laissa embrasser par sa cadette. Il lui adressa un de ses rares sourires joyeux en reprenant place.


« Bonjour, petite sœur. »
Répondit-il à la salutation de Lynn, sur le même ton qu'il avait employé, un peu plus tôt, pour Jenny. Il devait bien se faire pardonner par elle aussi.
« Très bien, je viens à l'instant de terminer une étape décisive dans le travail que l'on m'a commandé il y a de ça six mois. Et Clarisse a bien reçu son cadeau, oui. »

Comme toujours, Aïlin demeura évasif, tenant trop à son intimité et à sa pudeur pour s'épancher davantage sur la réaction qu'avait eu la jeune femme. Un sourire glissa néanmoins sur son visage.

« Je ne suis pas certain, en revanche, que sa petite particularité me servira toujours... mais que ne ferait-on pas par amour ? »

Un serveur fit apparaître d'un coup de baguette les apéritifs devant chacun des jeunes gens, et Aïlin éleva aussitôt son verre.

« Non, je n'ai pas encore commandé. Je ne suis pas rustre au point de ne pas attendre ma sœur pour cela... ! Slainte, Lynn. Et avec toutes mes excuses pour la semaine dernière. Je n'ai pas vu défiler l'heure et je me suis rendu compte de mon oubli bien trop tard. Mon travail aura raison de moi. »
S'excusa-t-il sur le ton de l'humour, pour alléger sa faute. Par chance, Lynn était incapable de lire le mensonge sur son visage, ou, du moins, pas lorsqu'il s'agissait de broutilles de ce genre. Aïlin était trop rôdé au mensonge pour ne pas en proférer de petits comme celui-ci avec l'air le plus sincère du monde.
« À propos de travail.... Comment avancent les travaux de ta boutique ? Je crois que tu as été beaucoup prise par l'organisation de sa rénovation, ces derniers jours... »
Questionna-t-il avec un air faussement innocent et un petit sourire qu'il cacha derrière une gorgée de vin.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyLun 5 Nov - 13:46:14

Après l’avoir salué, Lynn prit des nouvelles de son frère, qui comme à son habitude ne rentra pas dans les détails.

- Tant mieux.

Elle avait beau le savoir secret et désireux de mettre un point d’honneur à protéger sa vie privée, elle ne pouvait s’empêcher de s’en sentir exclue. Il n’avait aucun compte à lui rendre, elle le savait, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles.
Finalement, ils avaient toujours fonctionnés comme ça tous les deux, chacun gardant ses secrets pour protéger l’autre. Ce système avait prouvé ses limites et ils avaient bien failli rester brouillés à vie. Elle essayait dorénavant de lui démontrer davantage de confiance, mais il était compliqué de savoir quoi lui dire. Aïlin avait d’autres préoccupations que les petits soucis de la vie quotidienne de Lynn. Elle n’était plus une petite fille, elle n’était plus menacée par la folie et la violence de ses aînés et bien qu’ils se soient rapprochés depuis l’assassinat de Carpenter, leur relation restait compliquée. Aïlin semblait oublier son existence dès lors qu’elle n’était plus auprès de lui. Elle prenait beaucoup sur elle pour ne pas lui en vouloir, comme sur le quai 9 ¾ lorsqu’il était venu accueillir Clarisse, mais c’était parfois difficile. Leur relation était biaisée et elle avait beau faire, ils ne seraient jamais sur un pied d’égalité. Pouvait-elle le lui reprocher ? Certainement pas non. Il ne méritait pas qu’elle redevienne un fardeau pour lui.

Elle sourit quand il évoqua la particularité du collier qu’elle avait enchanté pour lui.
Il existait, bien évidemment, un moyen de déjouer l’enchantement, mais elle ne lui avait pas communiqué. Un enchanteur ne dévoilait jamais toute la complexité de ses sortilèges, tout comme lui, alchimiste de renom, gardait secrètes ses méthodes. Cela ne pourrait pas lui faire de mal de devoir un peu dire la vérité, surtout à celle qu’il aimait. Après tout, s’il avait voulu garder ses secrets, il n’aurait jamais accepté. Maintenant, il devait s’y tenir. Même si Lynn se doutait que Clarisse ne porterait pas toujours le collier, cela l’amusait d’imaginer son frère dans des situations cocasses. Et puis, il disait vouloir arrêter la drogue et Clarisse voudrait sûrement l’aider. C’était un outil dangereux mais qui s’avérerait efficace, elle en était certaine. Mais pour cela, elle devrait y mettre du sien, elle aussi. Lui demander de la fournir ne devait pas l’aider. Il allait vraiment falloir qu’elle arrête, elle aussi. Et vite.


- C’est une belle preuve d’amour. Acquiesça-t-elle. Et l’amour n’est jamais facile, nous sommes bien placés pour le savoir.

L’histoire de la famille Bower en était probablement l’exemple le plus complet, qu’il s’agisse d’amour romantique, passionnels, parental ou fraternel…

Le serveur arriva et leur servit leurs boissons. Lynn imita son frère lorsqu’il leva son verre.

- Slainte, mon frère. Tu es pardonné, je comprends que tes affaires t’accaparent. Ta réputation n’est pas le fruit du hasard, je comprends que tu doives te consacrer entièrement à ton travail. Mais ménage-toi un peu, tout de même…

Il lui parla de la boutique et elle sourit, lui jetant un regard équivoque. Il croyait ? Et bien, à quoi cela devait ressembler quand il était certain ?

- Ca avance bien ! Je te remercie pour les contacts que tu m’as envoyé, tu m’as fait gagner beaucoup de temps ! Je suis ravie, il faudra que tu passes voir l’avancement, tu n’en reviendras pas ! Je bloque encore sur le nom, en revanche… J’avais pensé « Aux charmes de Lynn » mais j’ai peur du malentendu que cela pourrait provoquer. Tu as des idées ?

Elle consulta la carte et ils passèrent leur commande quand le serveur revint. Elle but une gorgée de sa boisson et prit son courage à deux mains :

- Il faut que je te parle de quelque chose….

Voilà, maintenant elle y était. Autant parler de Matthew tout de suite et elle pourrait profiter de son déjeuner avec son frère.


- Tu connais les Connors ? J’ai rencontré leur fils, Matthew, à la commémoration du phénix.

Elle marqua une pause de quelques secondes pour qu’il comprenne toute l’implication de ce qu’elle venait de dire, avant d’ajouter :


- Il m’a probablement sauvé la vie et il a failli mourir dans mes bras à cause de ça…

Quant elle y repensait, elle en avait le cœur qui chavirait. Il avait risqué sa vie en voulant sauver celle d’une inconnu. Décidément, Matthew avait l’étoffe pour faire un excellent Auror…
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyMar 6 Nov - 18:12:01

Un sourire complice apparut sur le visage d'Aïlin à la remarque que lui fit sa sœur sur l'amour. Nul trace d'amertume ou de regret ne venait affadir sa bonne humeur. Il n'avait aucune envie de ressasser le passé aujourd'hui. Il réservait ces choses-là à ses moments de spleen en solitaire, le soir dans son manoir. Il se contenta donc de trinquer, sans rien répondre au mot d'esprit de sa cadette. Il but une gorgée de sauterne et apprécia le vin en s'enfonçant doucement dans le dossier de la banquette, puis reposa son verre sur la table. La marque d'inquiétude de sa sœur le fit de nouveau sourire, bien qu'un léger froncement de sourcil accompagna cette marque d'amusement.
Était-ce de l'inquiétude, ou un reproche camouflé ? Il était clair qu'il aurait été difficile à l'alchimiste de travailler plus. Il ne s'épargnait pas, et était capable d'enchaîner trois nuits blanches d'affilées si cela était nécessaire. Il en sortait souvent vidé, le cerveau à l'agonie et irascible, mais par chance, il existait de merveilleuses potions pour ne pas sombrer totalement passée la seconde nuit, là où le corps voyait disparaître ses dernières réserves.


« Si cela peut te rassurer, je promets de me ménager davantage lorsque j'aurais rempli le contrat sur lequel je travaille actuellement. Une fois ma réputation bien assise, je n'aurais plus à travailler autant, et je pourrai choisir mes clients. »

Aïlin avait toute la vie, s'il le voulait, pour se reposer du travail qu'il s'imposait, mais ce n'était pas ce qu'il désirait. Depuis son adolescence, l'alchimiste enchaînait les nuits courtes et les séances de travail supplémentaire. Il se souvenait des nuits blanches qu'il avait passé, et des journées de cours qu'il enchaînait à la suite, pour confectionner les deux carnets magiques qui leur avaient permis, à Lynn et lui, de communiquer à distance et dans le secret. Ce n'était pas la seule chose qu'il avait entreprit dans sa scolarité et qui l'avait empêché de profiter de la chaleur de son dortoir à la nuit tombée. Cette tendance à surenchérir et à puiser jusque dans ses dernières ressources avait laissé sa marque. Le jeune lord avait toujours été destiné à devenir un bourreau de travail. Il aimait cela, il aimait les expériences, son métier, et abhorrait plus que tout l'ennui.

Sa sœur ne se fit pas prier pour parler de l'avancement de sa boutique et Aïlin, en retour, ne feignit pas son intérêt. Il était proprement impatient de la voir commencer son travail. Cela ne pouvait que lui faire du bien de s'installer, il en était convaincu. Lorsqu'elle aurait pris ses marques dans la boutique, son charme et son amabilité alliés à son talent attireront, et il ne craignait pas de voir les projets de sa sœur échouer. Maintenant que leur passé morbide était derrière eux, Lynn s'était épanouie, avait retrouvé confiance, et cette aura de gentillesse qu'elle dégageait la destinait à être au contact des clients. Aïlin l'imaginait sans mal écouter les requêtes qu'on lui demanderait et s'adapter aux exigences avec plaisir. Dans sa branche, elle était tout autant perfectionniste que lui. Il éclata cependant de rire lorsque Lynn lui annonça sa première idée de nom.


« En effet ! Ce nom pourrait prêter à confusion... ! Quoi que je te jure que le premier qui oserait faire du mauvais esprit sur ta boutique tâtera de ma baguette. »

Rétorqua Aïlin en lui adressant un clin d'oeil. Il but une nouvelle gorgée de vin tout en réfléchissant à des noms potentiels.

« Tu sais, la plupart des boutiques d'une certaine gamme et renommée se contentent du plus simple. La boutique Ollivander's porte le nom du propriétaire depuis des siècles, et il en va généralement de même pour les bijouteries et toutes les enseignes de cet acabit. Il ne faut pas chercher un nom trop sophistiqué, ou trop original, je pense... Quelque chose de court, que l'on retient facilement. Pourquoi ne pas choisir le nom d'une pierre ? Une qui te représente, qui te tient particulièrement à cœur. Cela pourrait devenir un concept intéressant. Tes produits fars, outre ceux que tu créeras sur mesure, pourraient être conçus autour de cette pierre et de ses propriétés. »

Ce n'était qu'une idée parmi d'autres, mais Aïlin la trouvait plutôt intéressante. Il lui jeta un regard interrogateur, attendant de voir la réaction de sa sœur. Ce fut le moment que choisit le serveur pour les interrompre en pénétrant dans la cabine afin que les jeunes gens passent commande. Aïlin commanda la spécialité du chef et rendit la carte au sorcier, qui quitta la cabine aussi discrètement qu'il y était entré.
La suite de la conversation, cependant, manqua de faire s'étouffer Aïlin avec sa gorgée de vin. Il reposa brutalement son verre en portant une main devant sa bouche et jeta un regard éberlué à Lynn.


« Quoi ?! »
Commença-t-il d'une voix étranglée.
« Mais par Merlin, Lynn, que faisais-tu à la Commémoration ? Je t'avais dit de ne pas y aller, tu aurais pu te faire tuer ! »
Continua-t-il en irlandais, de crainte que l'on entende leur conversation par delà les cloisons qui les protégeaient seulement des regards.

Puis il réalisa ce qu'elle venait de lui dire. Connor ? Matthew Connor ? Si le fait que sa sœur ne lui avait pas totalement désobéi en se rendant à la commémoration ne l'avait pas agacé, il aurait de nouveau éclaté de rire. C'était un drôle de hasard. Car en effet, Aïlin connaissait bien ce garçon et avait constaté plus d'une fois, malgré lui, à quel point son tempérament collerait bien à celui de sa sœur. D'autant qu'il n'était pas vilain garçon. Son visage assez doux et harmonieux, qui dégageait une sorte d'assurance tranquille, laissait présager une bonté d'âme qu'Aïlin, lui, n'avait pas. Ou, du moins, pas de cette manière. Alors qu'Aïlin avait, sans le moindre cœur, ébauché une liste de prétendants pour sa sœur alors même qu'il n'avait pas reprit contact avec elle, Matthew figurait depuis le début dans sa liste de parti honorable. Mais... Ce n'était pas drôle si l'alchimiste se montrait aussi rapidement enthousiaste. Non, ce serait trop facile, et Lynn méritait bien qu'il la fasse gentiment mariner après n'avoir pas su écouter l'un des conseils les plus avisés qu'il ait pu lui faire ces derniers mois. Aïlin but une gorgée de vin avec une lenteur exacerbée.


« Je connais cet homme, oui. Et... ? »

Lâcha-t-il donc, laconique, en reposant doucement son verre entre eux deux. Nul éclat dans son regard venait trahir le fait qu'il jouait simplement la comédie, autant pour la pousser à aller jusqu'au bout de sa confession que pour se jouer un peu d'elle.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyMer 7 Nov - 11:56:24

Elle acquiesça, rassurée, lorsqu’il lui promit de ralentir le rythme dès que sa commande en cours serait terminée. Elle savait qu’il y aurait ensuite d’autres contrats, d’autres clients à satisfaire et qu’au final, rien ni personne, si ce n’est peut-être Clarisse, ne pourrait l’en empêcher. Mais mieux valait prendre ce qu’il lui donnait que de l’affronter sur ce sujet.
Elle comprenait très bien son enthousiasme, son perfectionnisme et sa passion dans son métier. Elle se retrouvait en cela lorsqu’elle était plongée dans les runes, les enchantements et les charmes. Rien ne pouvait l’arrêter tant qu’elle n’avait pas obtenue le résultat souhaité.

Son frère mit d’ailleurs le sujet de sa boutique sur le tapis, et Lynn s’empressa de lui donner des nouvelles. Elle se bridait néanmoins car elle aurait pu passer des heures à en discuter et elle avait toujours la crainte d’ennuyer son auditoire.
Elle lui parla de son problème de nom pour sa boutique et sourit devant l’hilarité du jeune Lord face à sa première idée. Charmant, il précisa tout de même qu’il ne laisserait personne faire du mauvais esprit sur sa boutique, avant de lui suggérer quelques pistes de réflexions.

- J’ai déjà eu une idée similaire pour les collections que je vais présenter. J’ai déjà toute une gamme intitulée « Lavande » dans les tons violets et mauve avec comme pierre angulaire l’améthyste. Je pense développer ce principe, surtout pour l’effet visuel dans la boutique. Mais j’ai peur qu’un nom en rapport avec les pierres sème la confusion. Je ne suis pas joailler et je ne voudrais pas empiéter sur la clientèle de Jason Lister. Je vais continuer à y réfléchir !

Le joaillier bijoutier de renom serait un redoutable concurrent si elle l’affrontait directement. Elle avait étudié le marché d’un peu plus près et Aïlin lui avait suggéré une collaboration avec lui. En effet, bien que similaires, leurs activités pouvaient être complémentaires et elle avait déjà eu quelques contact avec le Lord et l’idée semblait lui plaire. Elle ne voulait pas risquer de faire tout rater.

Une fois qu’elle eut pris son courage à deux mains, Lynn se lança et évoqua la famille Connor et sa rencontre avec leur fils. La réaction d’Aïlin la fit sursauter lorsqu’il faillit s’étouffer avec sa gorgée de vin avant de se mettre à lui demander, dans leur langue natale et sur un air de reproche, ce qu’elle faisait à la commémoration :


- De quoi est-ce que tu parles ?

Citation :
Je t'avais dit de ne pas y aller, tu aurais pu te faire tuer !

Elle le dévisagea, stupéfaite et répondit d’une petite voix :


- Non… tu n’as rien fait de tel, Aïlin… tu…


Elle s’interrompit soudain en réalisant ce qu’impliquaient les paroles de son frère.


- Ho... Tu étais au courant… comprit-elle.

Cela ne l’étonnait pas tant que cela, finalement. Aïlin avait noué beaucoup de contacts et ceux qui étaient satisfaits de son travail, ou qui espérait y faire appel un jour ou l’autre, avaient eu tout intérêt à le prévenir de ne pas se rendre sur place ce jour-là. Et il était persuadé de lui avoir dit alors qu’il avait tout simplement oublié de le faire.

Lynn se sentit soudain nauséeuse. Et dire qu’elle avait failli mourir dans cette allée lors de cette sordide journée !

Elle resta abasourdie quelques instants et but une gorgée pour essayer de digérer l’information. Une partie des rumeurs qui couraient au sujet de la fusillade était donc vraie. Quelqu’un avait bien manigancé l’attentat. Un véritable complot d’intérêts politiques.
Elle crut un instant qu’elle allait se sentir mal et elle vida son verre d’un trait.

Troublée, elle entendit à peine son frère confirmer qu’il connaissait Matthew. Il semblait attendre plus d’informations mais elle n’était pas en état de lui répondre immédiatement.

- Excuse-moi… il faut que…que j'aille me rafraîchir.

Elle se leva, les jambes flageolantes et alla s’enfermer dans les toilettes dames ou elle se prit la tête entre les mains, le cœur au bord des lèvres et les larmes au bord des yeux.
Il ne s’agissait pas d’un simple repas oublié cette fois. Aïlin avait omis de lui parler d’une information quasi vitale. Que ce serait-il passé si elle était morte là-bas ? N’aurait-il pas finalement été soulagé de ne plus l’avoir dans ses pattes ? N’était-ce pas ce qu’il voulait depuis le début ?


- Non…
murmura-t-elle pour elle-même.

Elle inspira profondément et ferma les yeux pour repousser les vagues angoissantes de noires pensées qui l’assaillaient.
Les mains sur les tempes, elle essaya de fortifier son bouclier d’Occlumens. Si elle le voulait, elle pouvait apprivoiser ses propres pensées pour protéger son esprit de sa peur et de sa colère. Elle s’était rendu compte de cette capacité lors de sa dernière crise de manque. Sans drogue pour la calmer, il avait fallu qu’elle monopolise toutes ses ressources pour ne pas craquer. Et elle avait réussi à repousser toutes les pensées négatives en dehors de son bouclier mental. C’était comme si elle avait réussi à faire le vide dans sa tête. Elle s’était sentit si bien et si sereine, qu’elle avait finalement réussi à s’endormir et la crise était passée. Il fallait qu’elle développe cette partie de son don. Cela lui permettrait d’arrêter la drogue plus facilement.
Elle resta de longues minutes dans cette position jusqu’à ce que sa respiration et que les battements de son cœur reprennent un rythme normal.
Elle avait réussi. Elle se sentait déjà mieux.

Lynn se redressa et s’observa dans le miroir. Un coup de baguette lui donna meilleure mine et elle sortit finalement pour rejoindre son frère. Pendant son absence, leurs plats avaient été servis.

- Désolée, dit-elle avec un sourire, bien décidée à faire comme si elle ne ressentait pas l’oubli de son frère comme un douloureux abandon. Tu disais ? Ha oui, Matthew…

Sa confiance retrouvée s’essouffla aussi vite qu’elle était revenue et son regard se figea un instant dans le vide alors qu’elle luttait pour que son bouclier d’occlumens tienne en place. Pourquoi était-ce si difficile ? Ça ne l’avait jamais été depuis toutes ces années, pourquoi maintenant ?
La drogue n’y était sûrement pas étrangère. Il fallait vraiment qu’elle fasse quelque chose.
Mais c’était tellement plus facile d’en parler que d’agir.


- Il m’a invité à dîner. Expliqua-t-elle d’une voix qu’elle voulait assurée mais qui ne l’était pas vraiment. Et on s’est revu quelques fois depuis.

Elle jeta un regard suppliant à son frère, espérant qu’il ne l’obligerait pas à en dire plus, mais son air impassible poussa Lynn à continuer.

- Je crois qu’il me plaît, Aïlin. Avoua-t-elle d’une petite voix, détournant les yeux face à cette confidence intime. Mais avant d’aller plus loin avec lui… enfin, avant que ça puisse devenir sérieux, j’ai besoin de savoir s’il pourrait être sur ta liste. Enfin, sur notre liste.

A vrai dire, c’était déjà presque trop tard. Cela devenait sérieux. Elle se sentait sombrer un peu plus à chaque fois qu’elle le voyait. Elle était en train de tomber amoureuse de lui et si par malheur, il n’était pas un candidat potentiel, il faudrait qu’elle arrête les frais immédiatement. Par Merlin, pourquoi n’avait-elle pas parlé de lui plus tôt ?
Ha si, elle savait, tout simplement parce que son frère avait un emploi du temps de ministre et n’avait pas trouvé une seconde à lui consacrer depuis presque deux mois !
Elle se maudit intérieurement de sa mauvaise foi. Elle aurait très bien pu lui envoyer un hibou dès qu’elle avait accepté l’invitation de Matt mais elle ne l’avait pas fait. Parce qu’elle lui avait promis un dîner, et que de toute façon elle allait tenir sa promesse mais aussi peut-être parce qu’elle avait peur de la réponse d’Aïlin.
Maintenant elle était au pied du mur.
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyMer 7 Nov - 13:17:29

L'ambiance se plomba et Aïlin vit clairement Lynn se déconfire. Son regard s'était troublé, puis affadit, et il ne doutait pas d'y lire de la déception. Oui, il avait été au courant. Et il l'avait prévenu, il en était certain. Il avait bien prévenu Clarisse, insistant lourdement pour qu'elle ne se mette pas en danger. S'il ne se souvenait pas précisément du moment, il était tout autant persuadé d'avoir envoyé un hibou express à sa sœur dès lors qu'un de ses contacts lui avait clairement dit qu'il était dangereux de se rendre à la Commémoration. Il n'avait pas été au courant des détails, cependant, et avait été particulièrement choqué de lire les nouvelles dans la Gazette, le lendemain matin. Il n'aurait rien pu y faire sans se compromettre, de toute façon, et c'était bien ce pourquoi on avait lui avait accordé assez de confiance pour le mettre plus ou moins dans la confidence. Qu'aurait-il pu dire ? « Bonjour Monsieur l'agent, l'on m'a prévenu de ne pas mettre les pieds à votre petite sauterie si je désire conserver mon intégrité physique. » Si on l'avait cru, on l'aurait tout de même envoyé promener, assurant que tout avait été mis en œuvre pour protéger la population et les personnalités présentes à l'évènement.
Aïlin ignorait tout des projets que cela cachait. Il n'avait pas la moindre idée de qui pouvait être ce « Maître du Jeu » dont on parlait tant, maintenant.


« Lynn, je te l'ai dit, j'en suis certain. Je t'ai envoyé... »

Sa cadette ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase. Il la regarda quitter la table et s'en sentit perdu. Il l'avait prévenu, il n'avait pas pu oublier une chose pareille. Mais pourtant, alors qu'il se trouvait seul à la table et qu'il réfléchissait, il ne parvenait pas à remettre la main sur le souvenir précis du moment où il lui avait écrit. Un sentiment de malaise et de culpabilité l'envahit, et ce fut à son tour d'être soudain plus pâle lorsque sa sœur revint à la table en s'excusant.
Elle changea de sujet, mais le frère qu'il était n'était pas dupe. Il voyait l'ombre dans ses yeux, la légère altération dans sa voix qui signifiait tout. Elle parla de Matthew, mais Aïlin ne l'écoutait plus que d'une oreille malgré ses efforts pour se concentrer sur ce qu'elle disait. Le fait qu'elle lui avoue être en train de tomber amoureuse ne lui tira même aucune satisfaction. C'était pourtant une bonne chose, autant pour les affaires familiales que pour le bien-être de Lynn. Il n'aurait pu espérer meilleure situation, et cela, tragiquement, était grâce à son oubli. Car il devait bien l'admettre, il avait vraiment oublié. Un oubli qui aurait pu être fatal, mais qui avait finalement été l'occasion d'une rencontre qui allait peut-être tout changer pour sa sœur. Mais ça n'aurait pas dû se passer comme cela. Aïlin avait projeté d'inviter Matthew, un soir où Lynn était au manoir, afin que les deux jeunes gens se rencontrent. Juste pour voir ce qu'il se passait, si son flair avait été bon. S'ils se plaisaient naturellement, il n'y aurait pas eu besoin d'un événement aussi catastrophique pour éveiller leurs sentiments.
Coupable, il se força à sourire, sans plus le cœur à se jouer d'elle maintenant qu'il se rendait compte qu'il avait mis inutilement la vie de Lynn en danger. Il piocha sans cœur dans son assiette, plus pour se donner contenance que par réel appétit, puis reposa finalement ses couverts en retenant un soupir.


« C'est une bonne chose... Il l'est effectivement. Tu sais, tu n'as pas besoin de te poser autant de questions, tu n'as que dix-huit ans, Lynn... »

Répondit-il d'une voix plus douce et plus faible qu'à l'accoutumée. Cela semblait cacher une demande de pardon, alors qu'il n'osait plus remettre la Commémoration sur le tapis. Il prit une inspiration et se força à lui sourire en la regardant dans les yeux, mais le cœur ne semblait plus y être pour tous les deux. Il mangea quelques bouchées de son plat, mais le silence oppressant qui planait entre eux affadissait chaque saveur d'un plat pourtant délicieux. Aïlin servit le vin qu'il avait commandé pour accompagner les plats mais ne toucha pas à son verre. Il devait bien se résigner à lui demander des excuses, c'était la moindre des choses. Seulement, cela n'était pas dans ses habitudes et c'était, pour lui, un exercice des plus difficiles.

« Je croyais vraiment t'avoir prévenu, pour la Commémoration. Je ne savais pas ce qu'il se passerait, je n'ai pas été mis dans la confidence à ce point. J'ai été aussi ébranlé que tout le monde quand j'ai lu les nouvelles le lendemain. Je ne pensais pas que cela aurait été à ce point. Cela ne m'excuse pas pour autant, tu aurais raison de m'en vouloir. »

Il craignait autre chose, cependant. La façon dont elle avait quitté la table lui mettait le doute, et il n'osait imaginer ce qu'avait pu penser sa sœur. Il posa une nouvelle fois ses couverts et regarda sa sœur droit dans les yeux, avec l'espoir qu'elle y lise sa plus profonde sincérité.

« J'espère que tu ne penses pas que j'ai quoi que ce soit à voir avec ce qu'il s'est passé. Je te jure que ce n'est pas le cas. Je ne savais vraiment rien. On m'a adressé un courrier par voie de cheminette, m'invitant à rester sagement à mon domicile ce jour-là. Néanmoins, j'ai reçu ce courrier seulement parce que certaines personnes tiennent à me voir rester en vie pour profiter de mes talents d'alchimiste. »
Il fit une courte pose, puis reprit d'une voix appuyée, insistante :

« En aucun cas je ne sers activement telle ou telle pègre. Je travaille avec certaines personnes qui font parti de réseaux... où transgresser la loi du silence revient à se condamner. Ces gens sont fort généreux, tant qu'on reste à sa place. Je leur ai rendu quelques services et ils se montrent aimables avec moi en retour. C'est tout. Rien de plus. Je ne cautionnerai jamais de tels actes, crois-moi. Et jamais je n'y participerai. Et je te promets que je voulais te prévenir. »

Autre chose le contrariait, et ceci commençait doucement à le titiller, grimpait en lui comme un million de fourmis tandis qu'il parlait. Son regard étincela, et un léger tic de ses lèvres révéla sa contrariété. Il retourna machinalement son couteau entre ses doigts et détourna une seconde les yeux pour les braquer de nouveau dans ceux de sa sœur. Il reprit malgré lui, toujours en irlandais, ce qui en disait plus long que ses attitudes :

« Mais par Merlin, Lynn, pourquoi tu ne m'as pas prévenu ce jour-là ? Pourquoi tu ne m'as rien dit avant aujourd'hui ? Je ne sais même pas si tu as été blessée, ou si l'une de tes amies l'a été. Tu ne m'as même pas parlé de Connor alors que cela fait au moins deux mois que cela s'est passé. Je ne parle pas beaucoup de moi, et j'accepte que tu veuilles garder aussi ton jardin secret. Cependant il ne s'agit plus là de points de détails, mais bien d'évènements importants, voir tragiques. Tu te méfies de moi à ce point ? Des fois, j'ai l'impression que tu n'as en vérité aucune confiance en moi. Que tu crains ce que je pourrais penser comme si j'étais notre père. Après ce que j'ai fait pour toi, je trouve cela dur. J'essaie de faire des efforts, Lynn, mais si tu n'en fais pas de ton côté et te tais comme tu t'es tue pendant des années pour Carpenter... Ne fais pas semblant d'avoir besoin de mon aide et de mes conseils si tu ne les désires pas. »

L'aigreur lui coupa définitivement l'appétit, cependant, il retourna à son assiette avec d'autant plus d'acharnement. Aïlin se sentait bouillir, mais il ne savait pas réellement pourquoi. S'il se sentait toujours coupable, il était aussi en colère contre sa sœur, et une petite alerte en lui s'écriait au loin que le silence de sa sœur à propos de sa présence à la Commémoration n'était pas le seul instigateur de cette rancoeur qui resurgissait d'outre-tombe. Ses dernières paroles étaient les plus révélatrices, et il avait la sensation d'avoir mis le doigt sur quelque chose de plus ancien et de plus profond. Il se tut néanmoins, le regard résolument baissé sur son poisson.
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyMer 7 Nov - 17:10:35

Aïlin semblait en proie à l’agitation quand elle revint mais elle s’efforça de ne pas y prêter attention, reprenant la conversation là où sa faiblesse l’avait interrompue.
Elle sourit, soulagée quand il lui confirma que Matthew était bien un candidat potentiel. Mais la phrase qui suivit détona et elle jeta un regard surpris à son frère.


- Je sais bien…
dit-elle, incertaine. D’ailleurs, peut-être bien que ça ne marchera pas entre lui et moi, mais… je ne pourrais pas m’investir dans une relation si je savais qu’elle n’a pas d’avenir.

Ils commencèrent à manger dans un silence gêné.
Elle releva soudain les yeux de son assiette quand il reparla de la commémoration et elle constata à quel point il se sentait coupable. Elle se força à lui sourire et essaya de le réconforter :


- Écoute Aïlin, oublions-ça. Tu es débordé, ça t’es sorti de l’esprit, ce sont des choses qui arrive. Je suis saine et sauve, ça n’a plus d’importance.

Elle ne pouvait pas lui faire ce genre de reproches, même si parfois la tentation était grande.
Mais l’héritier Bower ne sembla pas vouloir en rester là.
Elle fronça les sourcils quand il insista sur le fait qu’il n’y était pour rien.
Il croyait qu’elle le pensait impliqué ? Ca ne lui avait même pas traversé l’esprit. Aïlin avait des défauts, comme tout le monde, mais la bêtise n’en faisait pas partie. Elle avait pu constater, lors de la soirée de réception chez les Dmitriev, à quel point il était prudent en côtoyant la mafia. Elle se doutait bien qu’il n’avait rien su de ce qui allait arriver.


- Non, non je n’ai jamais pensé une chose pareille !

Elle était presque choquée qu’il puisse croire cela possible d'elle.

- Bien sûr que je te crois, Aïlin, mais tu n’as pas besoin de me dire tout ça, je…

Voir son frère dans cet état était vraiment en train d’inquiéter la jeune femme.
Puis soudain, il perdit son calme et Lynn ne comprit pas ce qui arrivait.


Mais par Merlin, Lynn, pourquoi tu ne m'as pas prévenu ce jour-là ? Pourquoi tu ne m'as rien dit avant aujourd'hui ? Je ne sais même pas si tu as été blessée, ou si l'une de tes amies l'a été.

Elle se souvenait parfaitement avoir pensé à lui quand on lui avait demandé si elle voulait prévenir quelqu’un mais elle n’avait pas voulu l’inquiéter alors qu’elle n’avait rien. Elle avait pensé qu’il prendrait de ses nouvelles en apprenant ce qui c’était passé, mais elle comprenait maintenant pourquoi il ne l’avait pas fait. Il avait été persuadé qu’elle n’y était pas.

- Tu es toujours tellement occupé, commença-t-elle d’un ton d’excuse, je ne voulais pas…

Mais il ne l’écoutait pas et continua sur sa lancée.

Tu ne m'as même pas parlé de Connor alors que cela fait au moins deux mois que cela s'est passé.


C’était vrai, mais ils n’avaient commencé à se fréquenter que depuis peu, elle lui en aurait parlé la semaine précédente s’il ne l’avait pas oubliée.


- Je le voulais, mais…

Mais les questions qu’il soulevait avaient du sens. Chaque phrase sonnait comme un reproche et venait ébranler l’équilibre déjà précaire de sa protection mentale.

- Aïlin, arrête ! Ca n’a rien à voir…

Déstabilisé, elle dévisagea son frère avec horreur alors qu’il lui disait ses quatre vérités et vidait son sac comme s’il avait retenu tout ça trop longtemps.
Sa respiration s’accéléra, les larmes lui montèrent aux yeux sans qu’elle ne s’en rende compte et la mention de Carpenter fut l’assaut de trop.
Son bouclier d’Occlumens s’effondra et elle se retrouva l’esprit à nue comme cela ne lui était plus arrivé depuis longtemps.

Elle tressaillit comme s’il l’avait giflé. Aïlin avait détourné les yeux, comme pour s’empêcher d’en dire plus et était retourné à son silence glacial.

Comment pouvait-il imaginer qu’elle ne voulait pas de lui, de ses conseils ou de son aide? Comment pouvait-il croire qu’elle se méfiait de lui alors qu’elle avait littéralement remis sa vie entre ses mains ?

Maintenant que plus aucune barrière n’était là pour maîtriser le flot incessant de sombres pensées que Lynn combattait depuis des années, les mots sortirent tous seuls alors qu’elle cherchait à se justifier et à s’excuser :


- Tu m’as rayée de ta vie, Aïlin. Pendant deux ans, tu as prétendu que je n’étais plus ta sœur, que je n’existais plus pour toi. Malgré ça, je suis venue quand tu as demandé à me voir, je t’ai cru quand tu as émis des doutes sur notre passé, je t’ai soutenu quand il a fallu trouver des preuves en revivant les pires moments de toute mon existence. Alors, ne me dis pas que je ne fais pas d’efforts !

Elle porta une main dans ses cheveux, perturbée, cherchant ses mots, continuant à l'imiter en parlant Irlandais :


- C'est toi qui me tiens éloigné de toi… Tu ne m'as rien dit sur la Mafia avant qu'on ne soit invité entre leurs murs, j'ai mis des mois avant d'apprendre que tu avais un problème de drogue et je ne sais même pas quel est le fameux projet qui t'accapare tant ! Tu ne me parles pas Aïlin. Je ne suis peut-être qu'une "simple" femme, mais tu ne devrais pas me traiter comme telle, pas toi, pas après tout ce qu'on a traversé ! J'ai tué Carpenter ! Moi, pas toi ! Ne t'ai-je pas prouvé mille fois ma loyauté, mon amour et ma confiance en toi ?

Pourquoi ne comprenait-il pas qu'après toutes ces années elle avait toujours la même tendresse envers lui ? Même quand il l'ignorait, qu'il se moquait d'elle ou qu'il l'oubliait. Elle avait tellement voulu qu'il revienne dans sa vie qu'elle pêchait par excès de prudence de peur de l'en voir repartir aussi brutalement que la première fois.

- Parce que, oui je te fais confiance ! Je ne sais juste jamais quelles sont les choses que je peux te dire ou non, ou comment réagir avec toi. Tu peux être si doux et l'instant d'après tellement dur avec moi, qu'est-ce que je suis censée penser? Je suis toujours en train de me demander si je ne vais pas t’ennuyer ou t’inquiéter et je… J’ai toujours l’impression que tu ne fais que me tolérer et que tu sais, comme moi, que ta vie serait plus simple si je n’en faisais plus partie !


Par Merlin, elle n’arrivait pas à croire qu’elle venait de dire ça. Les yeux humides, elle réalisa soudain quel était le véritable nœud du problème. Elle se leva, trop agitée pour rester assise et elle fut incapable de s’arrêter :

- Tu vois, c’est exactement ça le problème ! Tu m’en veux toujours ! Tu m’en veux pour père, tu m’en veux pour Carpenter, tu m’en veux pour les manipulations de Torin et toutes les choses que tu as subi à cause de moi ! Quoi que je fasse, je ne me rachèterai jamais à tes yeux !

A moins que ce soit elle qui soit incapable de se pardonner, elle ne savait plus, tout était confus dans sa tête.
Le son de sa voix monta dans les aigues alors qu’elle luttait contre les sanglots qui menaçaient de l’étouffer et elle cria presque les derniers mots :


- Je sais que c’est ma faute ! Je sais que c’est à cause de moi que tu es malheureux, mais je ne sais pas quoi faire pour arranger ça ! Je ne pourrai jamais réparer ça… !

Haletante, choquée de s’entendre dire à haute voix ce qu’elle pensait depuis l’âge de 13 ans, elle posa les deux mains sur sa bouche et son regard croisa celui de son frère. Au moins, elle n'avait pas pleuré, même si elle n'en était pas loin…
Lynn secoua doucement la tête et, se sentant soudain vidée, elle se laissa retomber sur sa chaise, n'osant pas affronter le regard de son frère, alors même qu'elle aurait tout donné pour disparaître ou prendre la fuite. Mais cela ne résoudrait pas leurs problèmes de communication. Elle n'avait plus l'âge de fuir, ce temps-là était révolu.
Tout à coup, elle sembla se souvenir de l'endroit où ils se trouvaient et elle rougit d'embarras, bénissant l'agencement des lieux. Au moins personne ne l'avait vu, et le peu qu'ils avaient pu entendre leur serait de toute façon incompréhensible.


- Je suis désolée, murmura-t-elle en se massant les tempes. Mon occlumencie me pose des problèmes ces derniers temps… je ne contrôle plus très bien mes émotions… je n'avais pas l'intention de m'emporter...
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyMer 7 Nov - 23:15:17

Pourquoi avait-il soudain lâché tout cela d'un bloc ? Aïlin regrettait de s'être emporté. Il avait été trop loin dans ses propos. Il ne s'en voulait pas d'avoir été rude avec sa sœur, mais bien de s'être livré plus qu'il ne l'avait voulu. Ses paroles étaient sorties d'entre ses lèvres avant même qu'il n'ait eut le temps d'y réfléchir, et à présent, elle tournait dans son esprit, narquoises, profitant d'avoir su l'emporter sur son mutisme habituel, derrière lequel il cachait tout.
Bower glissa un morceau de poisson dans sa bouche et détourna le regard, pour ne pas croiser celui de Lynn. Il était abattu, et il ne savait même pas pourquoi. Pour être tout à fait honnête avec lui-même, il entrevoyait la raison de son emportement mais ne souhaitait pas y prêter la moindre attention. Tout cela était derrière eux. Il était absurde de ressasser le passé, en particulier ce qui les avait séparé pendant deux ans.
Il fut bien forcé, cependant, de relever les yeux sur sa sœur lorsqu'elle celle-ci prit la parole, décidée à ne pas se laisser bafouer sans rien répondre. Cette partie de lui qui comprenait les propos qu'elle lui lançait périt littéralement sous la frustration que cela engendra en lui. Pourquoi l'avait-il rayé de sa vie pendant deux ans ? Oserait-elle l'admettre, le confesser ? Non, manifestement non. Elle ne voyait jamais les choses que de son point de vue, n'imaginant pas une seule seconde à quel point il avait souffert des décisions qu'elle avait prise sans même le consulter, ne lui offrant pour seul remerciement que son silence.
Il avait tué leur père pour elle, il avait commit la plus grosse erreur de sa vie, et en retour, elle s'était recluse au manoir en quittant ses études, comme Bronach l'avait fait. Et Aïlin devait bien l'admettre. Cela lui demeurait toujours en travers de la gorge. Il l'avait excusé, mais en partie, seulement. Il faisait des efforts pour oublier ce moment sombre de leur vécu commun, mais ses non-dits faisaient immanquablement ressurgir tout ce qu'elle lui avait caché et qui avait mené à leur perte, à tous deux.
Aïlin demeura saisit de stupeur lorsqu'elle lui parla de la façon dont elle avait fait des efforts depuis leurs retrouvailles, se louant de l'avoir cru et d'avoir permis de rétablir le vrai dans leur passé. Elle s'en appropriait entièrement le mérite, comme si l'effort surhumain qu'il avait fait, à savoir passer sur ses rancunes pour tenter de rétablir la réalité des faits, n'avait été qu'une broutille. Elle s'attira un regard noir de son aîné, un regard luisant de l'outrage qu'il ressentait à cet instant.
Le reste fut encore plus saisissant pour le jeune Bower. Elle lui reprochait clairement d'être mysogine et d'avoir consentit à tuer Carpenter par loyauté pour lui. Jamais Aïlin n'avait imaginé la chose sous cet angle. C'était elle qui l'avait demandé, il s'en souvenait parfaitement.


« Qu'aurais-tu voulu, que je commette un deuxième meurtre pour toi ? C'est cela, que tu aurais aimé ? C'est comme ça que tu crois que je prouve mon amour, en tuant ? »

Rétorqua sèchement Aïlin, mais sa sœur s'était levée et ne l'écoutait plus. Il lui intima l'ordre de se rassoir, courroucé par le son de sa voix qui ne faisait que s'élever à mesure qu'elle vidait son sac. Ce n'était pas tant qu'elle le fasse, qui lui faisait perdre son sang froid, mais plutôt que cela lui donnait envie de répliquer, de se défendre. Et il savait ce que cela entraînerait. Se révéler, plus que sa fierté ne le tolérerait. Pourtant, maintenant qu'il se trouvait devant le fait accompli, cela par sa propre faute, rien ne l'aurait plus soulagé que d'aller enfin jusqu'au bout de sa pensée. Crever cet abcès qui ne faisait que suinter depuis près de cinq ans. Depuis la mort de leur père.

« Non, Lynn, c'est faux. »

Rétorqua-t-il froidement, bien décidé à ne pas perdre son sang-froid.
Lorsqu'elle en eut finit de l'incendier, il laissa passer quelques secondes de silence et hocha la tête lorsqu'elle s'excusa. Il n'était absolument pas décidé à en rester là. La sentence tomba sur ton fataliste.

« Qu'est-ce que tu veux, Lynn... J'ai changé, et rien ne me fera devenir à nouveau l'enfant naïf que j'étais autrefois. C'est fini, et ça ne pouvait pas se terminer autrement. »
Il attrapa son verre de vin et le porta à ses lèvres, mais ne le but pas pour autant. Ses yeux demeuraient fixés sur sa sœur, lançant des étincelles bien malgré lui. Ses émotions dépassaient le calme qu'il voulait conserver.

« Ne me dis pas que c'est toi qui as fait tous les efforts. Si je n'avais pas dépassé ma rancoeur, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Jamais nous n'aurions appris la vérité. Alors oui, tu y as mis du tiens, mais ne considère pas ma participation comme denrée négligeable. »
Lâcha-t-il avec un calme olympien, sa voix grave enrobée de froideur.
« Tu n'y es pas du tout. Je ne t'en veux pas pour ce que j'ai été conduit à faire. C'est Torin le responsable, du moins en partie. Si je n'avais pas agit autrement, moi aussi, si j'avais eu plus de jugeote, père serait encore parmi nous aujourd'hui. Et, après tout, ça n'aurait peut-être pas été le mieux pour aucun d'entre nous. D'ailleurs, je peux savoir en quoi je t'en veux pour Carpenter ? Oui, je regrette d'avoir tué par deux fois ! Ou du moins, d'y avoir participé activement en ayant fait en sorte que cela se produise. Oui, j'ai du mal à vivre avec ça sur la conscience ! Et toi, Lynn, aussi pourri était cet homme, arrives-tu à fermer les yeux sans te dire que tu as été privée de tout ce qui restait de bon en toi ? Arrives-tu à avoir l'esprit tranquille, lorsque tes démons te rattrapent à la nuit tombée ? Moi pas. »

Aïlin se pencha en avant, les sourcils froncés. Il la regarda longuement dans les yeux.

« Tu ne m'as pas prouvé ton amour en tuant Carpenter, Lynn, loin de là. Si tu croyais que je t'aimerais plus en te souillant comme je me suis souillé, tu t'es lourdement trompée. Seulement, comment veux-tu que j'ai envie de te dire quoi que ce soit sur moi alors que tu m'as caché pendant des années ce que tu avais vraiment vécu ? Et même alors que je l'ai su, jamais nous n'en avons plus reparlé, jamais tu... »
Il s'arrêta en rejetant de côté sa serviette, l'air las.
« Peu importe. De toute façon, tu me reproches des choses sur lesquelles je ne peux rien. Je ne tiens pas secret les tenants et aboutissants de mon contrat par plaisir. Seulement, comme je te l'ai dit, la confidentialité est la règle, et plus garde le silence sur ce que je fais, mieux le secret est gardé. Tu crois que c'est simple de ne rien dire d'un projet qui pourrait faire ma gloire d'ici un an ou deux ? Il y a certaines chose que je tais car je n'ai pas le choix. Quant aux autres, je ne vois simplement pas comment te les dire. »

Aïlin baissa les yeux sur son verre de vin, et le but d'une traite. Il ne comprenait pas pourquoi Lynn était aussi persuadée qu'il ne l'aimait pas. Le fait qu'elle s'imaginait qu'il la préférait morte que vivante, ou presque, le blessait profondément. Malgré leurs vieilles rancoeurs qu'ils mettaient enfin sur le tapis, malgré leurs différences et leurs incompréhensions, elle demeurait sa sœur, et il savait que quoi qu'il ait pu penser à son sujet, quelle qu'était la colère qu'il avait pu ressentir à la simple mention de son prénom, il ne pouvait pas effacer les liens du sang. Au-delà de toute raison, il l'aimait, car elle était, purement et simplement, sa sœur. Rien ne changerait jamais cela, et tout lord qu'il était, il ne réchappait pas aux lois du sang. Si Lynn avait des ennuis, si elle se mettait en danger ou si quelqu'un la menaçait, il aurait remué ciel et terre pour la protéger. Parce qu'elle était son unique parente vivante, à l'exception de Léan qu'il n'avait plus revu depuis trop longtemps pour la considérer comme telle. S'il avait nourrit des projets pour elle, s'il l'avait fait espionner, ça n'était pas pour rien, malgré toute la mauvaise foi et la violence avec laquelle il avait considéré ses propres actes. Malgré le dédain avec lequel, alors, il pensait à elle. Il ne pouvait pas l'effacer ainsi de sa vie. C'était impossible. Et au fond de lui, il ne l'avait jamais réellement désiré. Il n'aurait pas, sinon passé deux ans à ruminer sa colère. Il reprit finalement la parole, d'une voix plus douce, mais vibrante.

« Tu es ma sœur... Je ne pensais pas qu'il fallait que je te dise clairement que je t'aime pour que tu t'en rendes compte. Alors oui, je t'aime, Lynn. Je ne veux pas ton malheur, mais je préfère cent fois laisser le soin à Connor de te dire ces choses-là. Quant à moi, je préfère épuiser mes réserves de mièvreries auprès de Clarisse... »

Il grimaça légèrement, mais un léger sourire fendit bien vite le rictus qui venait de barrer sa bouche. Il ne savait pas vraiment comment il était passé de l'aigreur à la plaisanterie, mais lorsqu'il se rendit compte de ce changement, il eut tout bonnement envie d'en rire. Rire qu'il ravala à moitié en reportant son attention sur son déjeuner, tout en hochant la tête.

« Tu es bien une femme... Tu m'épuises. »

Lâcha-t-il cependant, et non sans ironie. Il adressa un dernier regard piquant à sa cadette. Au moins ne l'aurait-elle pas accusé de misogynie pour rien, bien qu'il ne pensait rien de ce qu'il venait de déclarer.
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyJeu 8 Nov - 11:10:28

Lynn avait toujours envie de pleurer même après avoir déversé ce qu'elle avait sur le cœur et elle ne se sentait pas mieux pour autant. Ils n'étaient pas encore allés au bout des choses. Elle fut presque soulagée lorsqu'il reprit la parole. Il lui assura qu'elle se trompait et répliqua avec un fatalisme qui lui serra le cœur, qu'il avait changé et que sa naïveté avait depuis bien longtemps disparue. Il lui reprocha de considérer sa contribution comme négligeable et elle secoua la tête avec lassitude:

- Je n'ai jamais dit ça. Je sais bien qu'on a fait tous les deux beaucoup d'efforts pour recoller les morceaux.

Mais il lui avait dit qu'il ne voulait plus jamais la revoir, ce n'était pas à elle de faire le premier pas, il avait bien fallu que ça vienne de lui.
Quand il lui assura qu'il ne lui en voulait pas, elle releva finalement les yeux vers lui. Comme elle s'y attendait, il se blâmait toujours:


- Aucun de nous n'aurait pu découvrir la supercherie, ce n'est pas ta faute. Protesta-t-elle. Il n'y avait rien à faire.

Et il n'avait pas tort, la situation actuelle ne serait pas forcément meilleure pour eux si Devin avait survécu.

Et toi, Lynn, aussi pourri était cet homme, arrives-tu à fermer les yeux sans te dire que tu as été privée de tout ce qui restait de bon en toi ? Arrives-tu à avoir l'esprit tranquille, lorsque tes démons te rattrapent à la nuit tombée ? Moi pas.

Elle soupira et lui rendit un sourire désabusé:


- Tu connais déjà la réponse à cette question… je n'ai pas commencé à me droguer par hasard. J'avais besoin de m'évader, d'oublier tout ça, de dormir sans rêver de son cadavre… je me déteste pour ça, pour avoir été satisfaite de le voir souffrir, pour m'être laissé aller à tout ce qu'il y a de pire dans notre famille, mais il fallait que je le fasse…

Tu ne m'as pas prouvé ton amour en tuant Carpenter, Lynn, loin de là. Si tu croyais que je t'aimerais plus en te souillant comme je me suis souillé, tu t'es lourdement trompée.

- Je n'ai pas tué Carpenter pour toi Aïlin, ce n'est pas ce que je voulais dire. Répondit-elle d'une voix calme, toute colère envolée. Je l'ai fait pour moi, parce que maintenant que je connaissais la vérité, je n'aurais pas pu vivre avec la crainte constante de recroiser son visage; avec la peur qu'il recommence, avec moi ou avec une autre. Mais je croyais… j'ai cru… j'ai cru qu'en le faisant moi-même, je me rapprocherai un peu de toi, que ça réduirait le fossé qui s'est créé entre nous quand tu as tué père pour moi… que je paierai ainsi une partie de la dette que j'ai envers toi. Je sais que c'est idiot.

Il évoqua à nouveau le fait qu'elle lui avait caché son viol pendant des années et s'interrompit, ne voulant pas développer le sujet, mais elle décida de le faire pour lui. D'une voix douce, elle se mit à lui raconter:


- Aïlin… j'étais une petite fille… j'avais peur, je ne comprenais pas ce qui se passait et j'étais persuadée que je l'avais mérité, que tout était ma faute… Même quand j'ai réussi à m'enfuir, j'avais tellement honte, comment aurais-je pu te dire que ta petite sœur n'avait déjà plus rien d'innocent ? Comment te dire qu'il ne servait à rien d'essayer de me protéger parce que le pire était déjà arrivé ? Je voulais te préserver, bêtement je le sais maintenant, avec mes moyens d'enfants. J'avais peur de ton regard, peur de ta réaction. Et si toi aussi tu pensais que je n'avais que ce que je mérite ? J'ai compris depuis que Torin avait amplifié ces angoisses pour m'empêcher d'en parler mais j'ai préféré croire que tu ne voulais pas savoir. Tu veux en parler maintenant ? Très bien.

Elle se pencha sur la table pour poser un instant sa main sur celle de son frère, renouant ainsi le contact. Elle prit une grande inspiration et consentit à faire ce qu'elle lui avait refusé pendant des années, butant parfois sur les mots qui décrivaient les moments les plus difficiles :

- Dans mes… faux souvenirs, la première fois que père a… abusé de moi… c'était juste après que tu sois envoyé chez les Serdaigle. En réalité, à cette époque, Carpenter avait déjà eu le droit à quelques… entretiens, avec moi… Torin m'a fait croire que père s'en prenait à moi à cause de toi. Il disait que j'avais une mauvaise influence sur toi, qu'il fallait qu'il me brise pour que je ne t'entraîne pas dans ma chute et que je pouvais te remercier pour ce qu'il me faisait.

Elle s'interrompit une seconde, le regard dans le vague, glissant une main dans ses cheveux comme elle le faisait toujours quand elle était nerveuse et secoua la tête :

- Quand j'y pense, il m'arrive encore d'être horrifiée par tout ce que Torin a mit dans ma tête, même maintenant que je connais la vérité. Je ne voulais pas que tu te sentes coupable. Il a tout fait pour que je me sente responsable, honteuse et faible. Je me demande encore parfois comment j'ai réussi à partir. Je suis presque sûre que Torin n'avait pas prévu ça… dit-elle avec une ombre de sourire satisfait.

S'il y avait au moins une chose dont elle pouvait être fière, c'était bien cela. Même s'il était arrivé à ses fins, elle lui avait mit plus d'une fois des bâtons dans les roues. Par Merlin, elle n'avait jamais été aussi heureuse que quelqu'un croupisse six pieds sous terre. Mais sa confession et ses excuses n'étaient pas terminées, alors elle reprit:


- Même après la mort de père… je n'ai pas su comment t'en parler, quoi te dire. Te remercier me semblait tellement hors de propos et…et il y a eu Léan, tout s'est bousculé et c'est vrai, tu avais raison, j'ai reporté toutes mes angoisses sur elle et je n'ai pas pensé à toi, je voulais juste... faire quelque chose, agir !

Elle avait tellement été persuadée de faire ce qu'il fallait. Depuis elle avait douté, mais encore aujourd'hui, malgré tous les sacrifices, elle était soulagée que Léan ne soit pas mêlée à leur famille. Elle serait forcément plus heureuse ailleurs.

- Je n'ai pas pris beaucoup de bonnes décisions dans ma vie, Aïlin. La majorité d'entre elles t'ont fait terriblement souffrir et je le regrette plus que tout : je ferais n'importe quoi, je donnerai n'importe quoi pour corriger mes erreurs. Mais je ne peux pas et j'ai l'impression que si je t'ouvre mon cœur aujourd'hui, cela arrivera encore. J'ai beau avoir accepté tout ça, je suis toujours cette petite fille terrorisée. Bien sûr que j'ai besoin de toi, de tes conseils et de ton aide. Tu es mon frère, tu es tout ce qu'il me reste et je ne veux pas te perdre encore. Je ne veux pas te décevoir…


Lynn essuya ses yeux humides avant que les larmes ne s'en échappent et se redressa sur sa chaise:

- Je sais que tu ne peux pas tout me dire. C'était idiot de te le reprocher. J'ai tellement mal à la tête, je dis n'importe quoi…

Elle le regarda avec surprise quand il lui déclara l'aimer et, le cœur gonflé de tendresse par cet aveu, elle se rendit compte qu'effectivement, elle avait eu besoin de lui entendre dire pour le croire. A cet instant précis, elle ne doutait pas une seconde de sa sincérité. Ses commentaires sur Matthew et Clarisse lui arrachèrent un sourire vraiment amusé qui se transforma en rire étouffé à sa dernière remarque.

- Je m'épuise moi-même parfois, avoua-t-elle d'un air compréhensif.

Elle ne put pas contenir son rire plus longtemps et se mit à rire franchement, autant par amusement que par soulagement après la tension accumulée au cours du repas, qui était sûrement froid maintenant.


- Quelle fine équipe on fait… se moqua-t-elle gentiment. Il ne nous aura fallu que cinq ans pour parler de tout ça… fais-moi plaisir, ne sois pas si lent avec Clarisse !

Elle but une gorgée de vin, la gorge sèche d'avoir tant parlé et le reposa délicatement, reportant son regard argenté sur les iris bleutés de son frère.


- Merci.

Elle avait tant passé de temps à s'excuser qu'aujourd'hui encore, il lui était difficile de se débarrasser de cette habitude. S'il n'avait pas été facile de mettre leur cœur à nu, elle lui était reconnaissante qu'il crève l'abcès. Cela lui avait fait beaucoup de bien et elle espérait qu'il en était de même pour lui.

Ils pourraient maintenant repartir sur des bases saines.

Le tumulte de ses pensées s'était apaisé maintenant qu'elle avait réussi à exprimer la rancœur, la peur et la tristesse qui l'habitaient toujours. Lentement, sa protection d'Occlumens se reforma autour de son esprit apaisé.


- Tu as littéralement réduit mon bouclier à néant. Déclara-t-elle en passant une main sur son front endoloris. Je ne pensais pas que c'était possible, même si ses manifestations sont un peu chaotiques en ce moment.

Du moins, pas juste avec des mots. Ils n'avaient jamais vraiment parlé de cela non plus. C'était le moment de faire changer les choses.
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyVen 9 Nov - 18:10:28

Son calme retrouvé, Aïlin était plus disposé à entendre les explications et les confidences de sa sœur. Aussi ne l'interrompit-il pas, l'écoutant jusqu'au bout, les yeux dans les yeux, oubliant jusqu'à son reste de poisson qui refroidissait tristement dans son assiette, entouré d'un restant de légumes. Cela ne fut pas des plus évidents, en particulier lorsque Lynn confessa ce que lui avait fait croire Torin à propos des sévices qu'elle vivait à cette époque de leur vie. Il tiqua, et une fureur sans nom escalada son ventre, qu'il tut à grand peine. Oh ! S'il avait su un quart de tout cela, à l'époque, Aïlin ne doutait pas qu'il se serait retourné sans la moindre peur contre son frère, et que le sortilège de mort l'aurait frappé lui plutôt que leur père ! Mais il ne pouvait plus revenir sur le passé, et il savait qu'il était vain de ruminer une vengeance qu'il n'avait jamais pu mettre à l'oeuvre. Torin était mort, c'était tout ce qui aurait dû importer. Il avait eu ce qu'il méritait, et s'il ignorait qui avait eu le bon goût de s'occuper de son cas, il était ainsi débarrassé. Il ne voulait même pas savoir qui avait empoisonné Torin, ni les motifs de cet assassinat, mais qui qu'il était, Aïlin ne doutait pas qu'il lui offrirait un verre pour son acte, si un jour il venait à apprendre l'identité du sorcier.
Aïlin chassa ces noires pensées de son esprit et serra ses doigts contre la main de sa sœur, qu'il caressa avec une tendresse qu'il ne lui avait plus manifesté depuis longtemps.


« Nous avons tous des choses à nous reprocher et nous avons tous, un jour, déçu quelqu'un. Au risque de me répéter, je ne suis ni Devin, ni Torin. Tu n'as pas à vivre dans la peur de me décevoir. »
Il eut un léger sourire amusé.
« Cela me décevrait, que tu le fasses. »

Le sourire d'Aïlin s'élargit lorsque Lynn parvint finalement à rire de leur situation. À force de vivre pour lui, enfermé dans son égocentrisme, il avait oublié comme il était agréable de lui voir une manifestation de bonheur. Il s'en voulut, un instant, de tout ce qu'il avait pu penser d'elle autrefois. Néanmoins, il exclut bien vite cette petite faiblesse qui n'avait plus lieu d'être. Cette façon de la considérer avait trouvé sa source dans leurs difficultés communes à communiquer. Difficulté qu'ils avaient, pour aujourd'hui, réparé au moins en partie.
« Quelle fine équipe on fait… Il ne nous aura fallu que cinq ans pour parler de tout ça… fais-moi plaisir, ne sois pas si lent avec Clarisse !
Aïlin se mit à rire à son tour, lâchant au passage la main de sa sœur. Il s'adossa confortablement contre le dossier de la banquette et lui adressa un sourire.
— Ne t'en fais pas, je n'ai pas coutume de faire deux fois les mêmes erreurs. Cette fois, je ne compte pas la laisser s'envoler de si tôt. »

Ses propres mots l'amusèrent. Il venait, sans le vouloir, de faire référence au don d'animagus de Clarisse, et si Lynn ne pouvait pas s'en rendre compte, le choix de ses termes était fort à propos. Son esprit s'égara sur le jour où Clarisse était venue lui rendre visite sous sa forme de rouge-gorge, et à la réception des plus tièdes qu'elle avait reçu en retour. Il émit un rire court, avant de reporter son attention sur sa cadette. Il lui adressa un clin d'oeil lorsqu'elle le remercia, et leur servit un nouveau verre de vin. Le jeune lord porta aussitôt son verre à ses lèvres et savoura enfin la bouteille qu'il avait commandé. C'était un de ces plaisirs simples qu'Aïlin appréciait tout particulièrement.
Il se désintéressa cependant du vin lorsque sa sœur se plaignit d'avoir vu son bouclier d'occlumens être réduit à néant, les sourcils légèrement froncé.


« L'occlumencie est un art capricieux, tu devrais peut-être refaire quelques exercices... Ce genre de magie s'entretient et se peaufine constamment, une faiblesse passagère peut perturber tes capacités, je présume. »
Conseilla Aïlin.
« Je suis désolé de t'avoir fait un tel effet. Je n'ai rien sur moi pour ton mal de tête, mais je suis sûr qu'un dessert te fera le plus grand bien ! Je te conseille un fondant aux œufs d'occamy, il est fameux. »

Sur ces mots, l'irlandais appela le serveur et commanda le dessert.

« Cela fait longtemps que je n'ai pas revu Matthew. Je comptais te le présenter à l'occasion, mais je vois qu'il a eut le bon goût de se présenter tout seul. Je devrais peut-être avoir une petite discussion avec lui, afin d'être certain que ses intentions à ton égard soient tout à fait louables... »
Aïlin jeta un regard altier à sa sœur, qu'un sourire vint vite briser.
« À moins qu'une petite soirée au manoir, tous ensembles, t'angoisses moins qu'une discussion entre quatre yeux... » continua-t-il avec malice. « Maintenant que Clarisse et toi avez quitté Poudlard, nous aurons certainement le temps de nous retrouver dans ce genre d'occasion. ...Malgré moi, je trouve encore cela franchement étrange, mais ça ne serait peut-être pas déplaisant. »

Aïlin s'imagina la scène avec amusement. Chez les Bower, ce genre de retrouvailles en famille n'était pas commun, mais il était peut-être tant pour eux d'en découvrir les joies. Ils avaient tous deux mûrit, et était désormais libres d'agir comme bon leur semblait. Aïlin remarqua un peu tard qu'il ne s'autorisait guère beaucoup de moment de détentes de ce genre. Il savait, néanmoins, qu'il lui faudrait encore un peu de temps pour réapprendre à vivre, au-delà des apparences, de ses vices et de son ambition personnelle.
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MessageSujet: Re: Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000   Interlude fraternel [Terminé] 1999-2000 EmptyMar 13 Nov - 19:55:10

Aïlin l'écouta sans l'interrompre, sans la quitter du regard, serrant sa main dans la sienne avec une tendresse à laquelle ils n'étaient plus habitués.

Entendre son frère lui répéter qu'il n'était ni leur père ni le monstre qui leur avait servi de frère avait quelque chose d'irréel. Si on lui avait dit à l'époque qu'elle aurait ce genre d'inquiétudes envers Aïlin, elle ne l'aurait jamais cru. Mais les choses avaient bien changé et les derniers mois avaient apporté un tout nouvel éclairage aux évènements tragique ayant eu lieu dans leur famille. Il avait raison, il avait bien changé et elle aussi.
Elle n'avait pas à avoir peur de le décevoir. C'était étrange, elle avait toujours eu peur de le décevoir, peur de ne pas être à la hauteur de ce grand frère attentionné qui avait tant donné pour elle. Il allait falloir qu'elle se débarrasse de ces angoisses et qu'elle vive un peu pour elle, maintenant.

Elle se mit à rire et retrouva avec bonheur le sourire de son frère qu'il lui semblait ne pas avoir vu depuis des lustres. Quand il rit à son tour, elle lui lança un regard admiratif. Il ne se rendait sûrement pas compte à quel point il pouvait être beau quand il ne semblait pas rongé par ses démons. Elle ne l'avait jamais vu aussi élégant et charismatique que lorsqu'il était avec Clarisse et elle fut ravie de l'entendre dire qu'il ne referait pas les mêmes erreurs. Les deux anciens Serdaigles étaient faits l'un pour l'autre, elle en était persuadée.

Aïlin leur resservit un verre de vin tandis qu'elle lui avouait ses problèmes d'occlumencie. Elle acquiesça lorsqu'il lui conseilla de refaire quelques exercices:


- Oui, c'est une bonne idée. Reprendre les exercices de bases et un entraînement un peu plus régulier devrait m'être bénéfique..

Ça et arrêter la drogue. Complètement. Définitivement.

Il leur commanda un dessert et évoqua à nouveau Matthew.
Elle apprit avec surprise qu'il avait prévu de les présenter l'un à l'autre et sourit quand il proposa d'avoir avec lui une petite discussion, les joues légèrement rosies:


- Je ne suis pas sûre que ce soit nécessaire, c'est un vrai gentleman, tu sais...

Pourtant, elle ne savait pas encore comment elle allait aborder l'histoire de sa famille, ou de son propre passé, avec lui. Rien qu'à l'idée de devoir avouer les abus qu'elle avait subi, elle se sentait prise de panique. Matthew avait beau être un jeune homme charmant, elle ne pouvait s'empêcher de se demander comment il réagirait en apprenant qu'elle avait été violée enfant. Tout le monde ne pouvait pas encaisser ce genre de nouvelles. Elle avait vraiment peur qu'il la regarde différemment après ça. Mais ils n'en étaient pas encore là.


La deuxième proposition de son frère fut accueillie avec enthousiasme :


- C'est une bonne idée, ce serait sûrement moins intimidant, c'est vrai et il n'y a pas de raisons que ce soit déplaisant ! Ta presque fiancée adorée, ta petite sœur chérie et le très bon ami à toi avec laquelle tu avais envisagé de la caser, nous ne pouvons que passer un bon moment ! Dit-elle, malicieuse.

Il était vrai que ce serait une première, mais elle était persuadée qu'ils passeraient un bon moment. Entre la cuisine de Jenny et l'agréable compagnie des uns des autres, il était peut-être temps pour eux de découvrir les joies de ce genre d'exercices.

Le dessert arriva et Lynn le dégusta avec plaisir et appétit -elle n'avait presque pas touché à son plat-. Son mal de tête s'était un peu calmé et elle put profiter de la fin du repas avec son frère.

Lorsqu'il fut temps de repartir chacun vaquer à ses occupations, Lynn serra brièvement son frère dans ses bras:


- Promets-moi qu'on n'attendra pas si longtemps avant de se revoir... de toute façon tu dois venir voir l'avancement des travaux à la boutique. Je crois que je commence à avoir une idée pour le nom !

Elle l'embrassa sur la joue et le remercia pour le déjeuner avant d'ajouter :


- Et ne crois pas que ta proposition de repas à quatre soit tombée dans l'oreille d'une sourde, il va falloir t'y tenir ! Je verrai avec Jenny pour organiser ça, peut-être en septembre, qu'en dis-tu ? Pour fêter le début de ma, j'espère longue, carrière de créatrice, par exemple ?

Souriante, elle prit congé et repartit pour sa boutique ou encore beaucoup de travail l'attendait. Mais à présent, en paix avec elle-même et avec son frère, elle se sentait capable de soulever des montagnes, et ce, sans même utiliser la magie !
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