Petit moment de perfection [PV Mark]

Elle détestait faire les courses chez les moldus.

Vraiment, elle ne comprenait pas comment les femmes qui n’avaient pas l'usage de la magie pouvaient faire des courses avec des jumeaux sans être complètement épuisées. C’était le transport. Se rendre, ça allait encore. La nouvelle maison du couple Benson se situait assez en retrait des grandes artères de la banlieue londonienne où ils habitaient à présent, mais assez près pour que les quelques commodités moldues dont ils avaient besoin – dont le supermarché - soient à une quinzaine de minutes de marche. Ophelia installait donc Sophia et Aaron dans la poussette double – la petite en arrière, elle aimait bien dormir durant les déplacements, et le garçon toujours devant pour pouvoir tout voir ce qui se passait – et se rendait jusqu’au magasin. La balade leur permettait de croiser quelques-uns de leurs voisins, les maisons étant plutôt éloignées les unes des autres ; certains d’entre eux étaient aussi des sorciers. Aujourd’hui, cela avait été Kristine Dresner. Elle restait à la maison avec leur fille de deux ans, Karen, mais elle travaillait au département des Transports Magiques. Lui était membre de la brigade de réparation des accidents magiques. Un couple bien gentil qui les avait déjà reçus à dîner. Ça serait d’ailleurs bien vite leur tour de leur rendre… La semaine prochaine, peut-être. Bref, les deux mamans avaient discuté quelques minutes au coin de la rue puis, finalement, la Grecque s’était rendue au supermarché. Déjà, dans les allées, ça se compliquait un peu plus. Elle mettait un maximum de choses dans les différents compartiments de la poussette et si ça ne suffisait pas, elle transportait de petits paniers sur ses bras. Heureusement qu’elle avait des enfants calmes et peu capricieux. À la caisse, ça allait encore. Elle avait l’habitude de la monnaie moldue. Mais rentrer à la maison. Ça, ça relatait de l’exploit. L’hiver, c’était froid. Au printemps, c'était trempé. La neige et la glace ou l’eau dans les roues de la poussette, que c’était désagréable. Et on ne parlait même pas du poids des choses. La marche du retour lui semblait durer une heure. Et Ophé se doutait bien que l’été, elle trouverait cela trop chaud.

La jeune femme poussa un doux soupir de satisfaction en ouvrant la porte de la un-peu-moins-mais-encore-un-peu-nouvelle maison. Une fois la poussette rentrée et la porte fermée, le bouclier s’activait, dissimulant toute activité magique qui pouvait se produire sur leur terrain. La nouvelle maman profita du calme dans les sièges pour passer rapidement à sa chambre. Elle monta les escaliers en vitesse, se rendit à la chambre des maîtres et y laissa ses talons hauts ainsi que son petit veston qui dissimulait son classique chemisier de soie blanche, aux manches courtes et à la coupe bien cintrée et décolletée. Jumelé avec une jolie paire de skinny jeans noire, elle incarnait à merveille de la jeune et jolie nouvelle maman. La directrice du Bureau des Aurors passa devant un miroir pour ajuster le faux chignon qui constituait sa chevelure, quelques boucles de ses cheveux chocolat retombant tout près de son visage, puis redescendit au rez-de-chaussée. Ça gazouillait toujours gentiment. La belle sourit doucement, s’approcha du carrosse et en sortit d’abord Aaron qui était encore tout éveillé. Elle lui enleva ses vêtements d’extérieur pour le rendre plus confortable dans son petit pantalon bleu foncé et son pull crème, volant un baiser sur sa joue pleine, et s’approcha du siège double qu’elle avait exprès placé entre le salon et la cuisine. Après avoir vérifié que la situation couche était sous contrôle, Ophelia installa son fils, caressa du bout de ses doigts sa petite tête blonde puis répéta le processus avec Sophia qui elle somnolait à moitié. La Grecque ne manqua pas de remarquer, une énième fois, à quel point la petite robe violette que la mère de Mark lui avait offerte allait à merveille à sa fille. Natalie adorait être la grand-mère d’une fillette, ça se voyait dans l’attention toute spéciale qu’elle lui portait – bien qu’Ophé savait très bien que sa belle-maman aimait autant Aaron. Une fois dans le creux du siège, la petite se rendormit alors que son frère jouait calmement avec son doudou et son hochet.

Quinze minutes plus tard, les courses étaient rangées. La jeune femme jeta un coup d’œil à l’horloge; dix-sept heures trente. Elle avait encore une trentaine de minutes avant le boire des enfants et l’arrivée de son homme à la maison. La brune s’approche du frigo, en sortit une bouteille de vin blanc déjà entamée et s’en servit un bon verre avec un sourire franchement satisfait aux lèvres. Elle avait arrêté d’allaiter une semaine plus tôt à peine. Ses mois de restrictions d’alcool avaient finalement pris fin et elle réinstallait – avec pas mal de facilité – le vin dans sa routine du soir. Parce qu’elle savait bien que le fort lui claquerait sur le système, elle avait probablement un peu perdu l’habitude. Une fois la bouteille de retour au froid, Ophelia se dirigea vers le grand salon et s’assied dans un fauteuil de cuir. Un mouvement habile de sa baguette suffit pour que le siège des bébés s’approche un peu et se tourne face à elle. Un autre coup de baguette à gauche, et son roman du moment atterrissait sourdement sur ses cuisses. La belle pris une gorgée de son verre de vin, laissa le liquide rouler contre sa gorge, puis reprit sa lecture où elle l’avait laissée la matinée même. Petit moment de perfection.

Et une demi-heure plus tard, la porte de la maison s’ouvrait à nouveau.

La plume courait sur le parchemin, rédigeant en hâte une réponse à un rapport que Mark avait passé l'après-midi à éplucher. Son rythme de travail n'avait pas changé depuis quelques mois, il était plutôt soutenu, et l'absence d'Ophelia à la tête du Bureau des Aurors avait mis du temps à ne plus se faire ressentir. Et par moments, pourtant, elle ressurgissait comme une évidence. Les Aurors mettaient du cœur à l'ouvrage, sans aucun doute, mais quelques-uns avaient été découragés par l'article anonyme de la Gazette du Sorcier. Le Directeur, qui ne s'était pas le moins du monde senti concerné par les attaques à l'encontre des "illustres membres rescapés de l’ordre du phénix", pour la simple et bonne raison qu'il avait toujours travaillé au Ministère avant de rejoindre l'Ordre, s'était empressé de dédramatiser la situation, indiquant que ce genre d'offensive médiatique menée par des individus qui n'avaient même pas le courage de se découvrir étaient sans intérêt.

Le discours avait été plutôt bien accueilli, mais Mark comprenait les réfractaires. Son regard s'arrêta sur la pendule, il était presque dix-huit heures, et sa concentration n'avait cessé de diminuer à mesure que le temps était passé. Ses yeux glissèrent sur le cadre posé sur son bureau. Le cliché parfait. Mais avoir une photographie de son épouse, portant dans chaque bras leurs deux bébés, c'était un excellent remède contre les baisses de régime ou de moral. Tout s'était enchainé si vite. La rencontre, le mariage, les naissances. Il y a encore peu, jamais Mark n'aurait pensé sortir si vite du célibat. Mais il lui avait simplement fallu rencontrer la bonne personne. S'étirant, il saisit la plume rester en suspens pour apposer ses initiales au bas du parchemin. Puis, d'un coup de baguette, il roula le document et l'envoya à travers le service, jusqu'au bureau du destinataire. Devant sa porte ouverte, Timothy manqua de ce branche objet volant dans l’œil.

"Wow ! Fais gaffe, il y a des gens qui passent, ici !"

Devant l'absence de réponse de son frère, Tim entra et ferma derrière lui. Depuis que Mark avait pris la direction du Département de la Justice Magique, Timothy avait été son meilleur soutien, une sorte de rayon de soleil dans la grisaille et la lourdeur du quotidien. Se glissant derrière le fauteuil, il plaqua ses mains sur les épaules de son aîné.

"Il est grand temps pour toi de rentrer te reposer, mon petit Marcus ! Tu bosses trop !"

"Il faut bien que l'un de nous s'y colle." rétorqua Mark, avec un petit sourire.

Ce qui fit éclater Timothy de rire. C'était quelque chose d'agréable chez lui, il pratiquait l'humour sous toutes ses formes et ne se vexait jamais. Il était le roi de la répartie et de l'auto-dérision.

"Touché ! Allez, file, va te détendre entre les doigts de fée d'Ophé. Elle y mettra certainement un peu plus de douceur que moi !"

Et sur ces mots, l'Auror se mit à malaxer les épaules de Mark, qui se leva brusquement. Et ils partirent tous les deux à rire. Au moins, cette courte visite avait entamé la phase de décompression.

"Tu as raison. J'y vais." dit Mark, en rassemblant ses affaires et en attirant sa cape à lui. "N'en profite pas pour faire des conneries."

"Ah, on voit que tu ne me connais pas !" répliqua Tim, en lui donnant une accolade fraternelle.

Et Mark quitta les lieux, se dirigeant vers les ascenseurs, pour passer par l'Atrium. On le salua au passage, lui souhaitant une bonne soirée, il répondit, la routine habituelle, et il atteignit un des cheminées qui menaient à la surface. Après être sorti des toilettes, il rejoignit le point de départ des transplanages. En un clin d’œil, il était devant la porte de chez lui. Un regard alentour lui permit de constater qu'il n'y avait personne. L'avantage du quartier, c'est qu'il était tout à fait tranquille. Après s'être assuré qu'il était bien dix-huit heures, il entra, et ferma derrière lui, pour réactiver les protections sur la maison. Ôtant sa cape et laissant là sa pochette, il apprécia à sa juste valeur le moment d'enlever ses chaussures. Puis il passa au salon où Ophelia était occupée à lire, gardant à proximité le siège double dans lequel étaient installés leurs enfants. Comme d'habitude, Sophia somnolait tandis qu'Aaron était parfaitement éveillé. Il suivit d'ailleurs son père des yeux lorsque ce dernier se pencha sur son épouse pour l'embrasser :

"Bonsoir, ô femme de ma vie."

Puis il déposa un baiser sur le front de sa fille avant de prendre son fils dans ses bras. Mark avait quelque peu appréhendé la paternité. Mais lorsqu'il avait découvert ses jumeaux, tous les doutes avaient été balayés. Il était tout simplement fou d'eux ! Sa propre mère, Natalie, avait d'ailleurs, avant même leur naissance, été d'un immense secours. Trois fois mère et une fois grand-mère, elle avait l'habitude mais avait surtout longtemps (quinze ans !) attendu avant de pouvoir pouponner de nouveau. Avec Aaron contre lui, Mark rejoignit la cuisine, pour se servir un verre de ce même vin qu'il avait vu devant Ophelia, et il revint, non sans avoir remis au passage le bébé dans le siège.

"Ah... Ces journées me paraissent interminables." dit-il en prenant place aux côtés de son épouse.

Il but une gorgée de vin et posa le verre sur la table, avant de faire signe à Ophelia de venir contre lui. Après leurs harassants quotidiens, il était tellement agréable de se retrouver le soir ! Avec un soupir de satisfation, Mark reprit :

"Journée classique ? Pas de difficulté majeure ou d'événement sortant de l'ordinaire ?"

Si difficulté il y avait, cela venait rarement des bébés, qui étaient des modèles d'enfants sages. Mais entre le supermarché et la maison, il pouvait survenir n'importe quel problème. Et niveau événement, ça pouvait être une rencontre. Quelques familles de sorciers habitaient dans le coin, et il était toujours agréable de pouvoir s'arrêter un peu pour discuter.

Les yeux d’azur de la Grecque quittèrent les mots imprimés sur le papier du livre alors qu’elle levait la tête pour regarder en direction de la porte qui s’ouvrait tranquillement. Elle n’avait en réalité aucun doute sur l’identité de la personne qui se trouvait derrière – même qu’elle avait reconnu ses pas – mais elle appréciait ce petit moment bien distinct où leurs regards se croisaient et où ils se souriaient, après avoir passé la journée chacun de leur côté. Car s’il y avait une chose que le mariage et les enfants n’avaient pas changé, c’était les petits papillons qu’elle avait au ventre à chaque fois qu’elle le détaillait des yeux après avoir passé quelques heures loin de lui. Ophelia n’était pas de ces épouses constamment pendues au bras ou au cou de leur mari, ne faisant rien d’autre que les admirer ou vouloir les impressionner. Mais lorsque ça faisait un moment qu’elle n’avait pas vu son homme, il lui semblait encore plus beau que d’habitude. Et ce n’était pas peu dire. Il avait le don de mettre de la joie dans sa journée, et la jeune femme savait que c’était réciproque. Rien n’égalait la satisfaction qu’elle avait à sentir les muscles de la nuque et du haut du dos de l’Anglais se détendre au contact de ses doigts.

Ophelia sourit tendrement à son époux lorsque celui-ci la regarda après avoir retiré ses chaussures. Elle le savait épuisé. Les dossiers qui passaient au Département de la Justice Magique étaient certes plus latents que ceux qui avaient suivis la chute du Lord Noir, mais entre les articles de journaux qui visaient à ternir la réputation du Ministère et les criminels en cavale – son corps portait encore quelques traces de sa rencontre avec Araley, les cicatrices de la crucifixion à ses mains et à ses pieds étaient encore bien visibles – ce n’était pas plus reposant. Surtout qu’elle manquait au poste. Certes, elle passait au Bureau deux fois semaines pour prendre des nouvelles et réviser quelques rapports, mais ça n’était pas suffisant pour libérer Mark des quelques responsabilités qu’il avait en trop depuis son congé de maternité. Mais ça ne serait plus très long. Elle n’en pouvait plus, à vrai dire. L’équipe du Bureau lui manquait terriblement, et botter des derrières de types louches aussi. La belle sourit finement à cette idée et leva la tête vers son mari qui s’était approché d’elle. Elle lui rendit son baiser, les doigts d’une de ses mains s’égarant un instant contre l’os de sa mâchoire, puis répondit à sa salutation d’un clin d’œil avant de répliquer sur un ton rieur mais sincère :

« Salut beau gosse. »

Ophé suivit son homme du regard tandis qu’il allait voir les enfants à leur siège. Il était vraiment un père exceptionnel, malgré les incertitudes qu’il avait pu avoir avant la naissance des jumeaux. À partir de leurs fiançailles, tout c’était passé tellement rapidement. Le mariage, le déménagement, la naissance, tout cela à l’intérieur d’un peu plus de six mois. Et cela ne comptait pas le boulot et, bien entendu, l’épisode de l’Halloween où la Directrice du Bureau des Aurors s’était laissée dupée par Valère Araley. Ces derniers mois avaient été fous, et maintenant, le couple pouvait goûter au calme et apprécier tout ce que leurs enfants leurs apportaient. Elle s’occupait généralement de changer et nourrir les enfants, alors que Mark préférait les moments un peu plus intimes comme le bain et le jeu, n’ayant pas la chance de les voir durant le jour. Bien sûr, il n’y avait rien de fixe dans tout cela et il arrivait assez régulièrement qu’ils changent de rôle, mais en général, c’était ainsi.

La Grecque étira le bras à côté d’elle et vint chercher le marque-page, qu’elle posa dans son livre avant de le refermer. D’un sortilège muet, elle envoya l’ouvrage dans la bibliothèque du salon et rangea sa baguette avant de prendre une gorgée de vin blanc. Elle regarda Mark remettre Aaron dans son siège, en se disant qu’elle n’allait pas tarder à leur donner à boire, puis lui sourit lorsqu’il vint la rejoindre sur le canapé. Elle vola une autre gorgée de vin à sa coupe et la posa sur la table basse, presque synchro avec son homme, et vint se coller contre lui à son signal. Elle nicha sa tête au creux de l’épaule de Mark et tourna son corps vers lui avant de passer ses jambes par-dessus ses cuisses, l’une de ses mains se posant sagement sur son torse. Elle ferma les yeux un instant, alors que ses doigts vinrent détacher des deux premiers boutons de la chemise de son homme puis rouvrit les paupières et leva un peu la tête vers Mark pour le regarder dans les yeux, sourire aux lèvres.

« À part la maison qui est passé trois fois au feu, ça a été. La reconstruction est presque identique, j’ai juste fait agrandir notre garde-robe un peu. » La Grecque rit puis posa un baiser sur le creux du cou du blond avant de reprendre. « Non mais, ça a été. Je suis allée faire les courses, ça c’était comme d’habitude, assez pénible, mais on s’y fait… un peu. Et j’ai rencontré Kristine avec sa petite dans la rue, on a discuté. Je me suis dit qu’on pourrait bien les inviter à dîner un soir, quand tu te sentiras d’attaque. Et… »

La jeune maman se tût en entendant une petite plainte venant du siège des petits. Bien que Sophia somnolait toujours, Aaron, lui, regardait fixement ses parents de ses grands yeux bleus, ses deux petites mains étirées vers eux. Ophelia adressa quelques mots doux en Grec à son fils puis reporta son attention sur son époux, changeant sa position pour être un peu plus droite, son autre bras venu se placer derrière les épaules du blond. Elle glissa tendrement ses doigts dans sa chevelure et vint cueillir un chaud baiser contre ses lèvres avant de dire, en dégageant ses jambes de sur ses cuisses.

« Pense à ce que tu veux manger ce soir, je vais les nourrir.»

Puis elle se leva et se dirigea vers le frigo, sortant d’abord une seule bouteille de lait; le sommeil de la petite servait à quelque chose. Ophelia réchauffa le lait à la température parfaite, la testa sur son poignet, puis revint au salon pour libérer Aaron du siège. Elle le prit contre elle, posa un baiser sur son oreille en lui parlant doucement, puis se rassied à côté de Mark. Une fois bien installée, elle présenta la bouteille au petit qui, enthousiaste, ouvrit la bouche et se mit à boire avec soif et appétit une fois que le bout fut dans sa bouche. La maman sourit doucement puis reporta son attention sur Mark et demanda :

« Et toi, comment ça s’est passé aujourd’hui? »

Profitant enfin, après sa journée, du confort du canapé, Mark attira son épouse contre lui, et elle en profita pour entremêler ses jambes aux siennes, tout en défaisant deux boutons à la chemise. Et c'est en le regardant droit dans les yeux qu'elle répondit à la question. Il rit avec elle lorsqu'elle parla de trois incendies. Même s'il se doutait que c'était une blague, ça aurait bien pu être vrai que rien n'y paraissait ! Il jetterait quand même un œil au dressing, juste comme ça. Elle démentit bien sûr dans la foulée. Donc, elle avait été faire des courses... Ce quotidien devait la peser, surtout que travailler de nouveau lui manquait. Elle avait aussi croisé une voisine, et voilà que l'idée d'un dîner était mis sur la table... Oh. Pourquoi pas. Les mondanités, parfois, c'était trop, et d'une manière générale, Mark préférait ne pas s'y plier à moins d'y être réellement forcé. Mais avant même qu'elle n'ait terminé, elle fut interrompue par une plainte enfantine.

Avant de se lever pour aller répondre à l'appel d'Aaron, Ophelia lui glissa quelques mots en Grec. Bien que cette langue soit peu répandue, il était tout de même stratégique d'apprendre dès le plus jeune âge les langues maternelles des parents aux enfants. Et puis, depuis quelques mois, Mark, sans le parler, arrivait à saisir le sens de quelques phrases. Heureusement qu'il parlait Anglais, il avait ainsi pu s'en sortir plutôt bien lorsqu'il avait été en Grèce et s'était retrouvé seul. Aaron, cependant, ne sembla pas goûter les paroles de sa mère. La faim, ça se satisfaisait tout de suite. Ou les joies de ne rien faire soi-même, d'avoir quelqu'un pour s'occuper de soi à longueur de journée. Et de nuit. Aussi, Mark répondit au baiser de sa femme avant qu'elle se lève, tout en lui suggérant de penser à ce qu'il voudrait au dîner. Ce qu'il voulait ? Il acquiesça avant de la regarder rejoindre la cuisine.

Attrapant son verre, il en but une longue gorgée avant de soupirer et de s'étirer. Basculant la tête en arrière, il ferma un instant les yeux, jusqu'à ce qu'il sente le retour à ses côtés de la femme de sa vie. Dans ses bras, leur fils n'attendait qu'une chose, qu'elle soit bien assise et lui présente sa ration du soir. Mark rouvrit les yeux et sourit à la vue du tableau. Et durant sa micro-récupération, il n'avait même pensé au dîner... Tant pis. De toute manière, comme souvent, ils seraient tous deux en cuisine. Pourquoi ne pas laisser aller un peu la créativité ? Ils verraient bien. Le calme revenu, Aaron tétant goulument, Ophelia en profita pour retourner la question. Ah, revenir sur les journées, en ce moment, ça n'était pas de la tarte.

"Ah... Heureusement que Tim est là avec son éternel optimisme et sa légendaire bonne humeur, parce que je crois que je pourrais craquer. Les conséquences de l'article ont été moindres, mais il y a quand même quelques grincheux. Alors, forcément, c'est moi, le Directeur, qui trinque."

Il soupira de nouveau et haussa les épaules. A côté, Sophia remua et ouvrit les yeux. Le moment où son tour viendrait était imminent, mais il y aurait quand même les quelques secondes nécessaires au réveil. Mark se leva pour la prendre dans ses bras et se réinstalla, tout en sachant qu'il se lèverait bientôt, à son tour.

"Vivement que tu nous reviennes ! Que tu ME reviennes, surtout... Enfin, tu manques à ton équipe, mais si tu avais été présente, tu aurais probablement été ciblée aussi. Alors qu'ici, les seuls qui peuvent se plaindre de ton travail ne savent pas encore parler !"

Et comme si elle avait compris qu'elle pouvait se plaindre, justement, Sophia se manifesta à nouveau, de façon insistante.

"Ah, et voilà... A mon tour !"

Laissant Ophelia avec Aaron, il se leva, remit Sophia dans le siège en attendant de revenir, non sans lui glisser quelques mots également, et il fit le même manège que son épouse, avant de revenir quelques instants plus tard. Entre temps, sa fille s'était montrée plus démonstrative, et elle accueillit le retour de son père en s'agitant d'autant plus. Et lorsque Mark fut à nouveau installé, elle attaqua avec appétit son repas. A côté, son jumeau atteignait le fond de son propre biberon.

"Ca ne manque jamais, il finit toujours avant qu'elle commence !" fit Mark en riant.

Ah, l'avantage d'être des sorciers, de pouvoir réduire les déplacements au minimum pour passer un maximum de temps en famille. Parce qu'il s'en serait tellement voulu de ne pas vivre ces moments-là. Voir grandir ses enfants était quelque chose d'extrêmement important.

"Et sinon... Je crois que je suis prêt à tout affronter, ou presque, quand je sais ce qui m'attend quand je rentre à la maison."

Cliché ? Mais non voyons. C'était la réalité.

L’air que lui lança son mari parlait à sa place, sans qu’il n’ait besoin de dire un mot. Ophelia lui adressa un sourire désolé; elle savait que les choses n’étaient pas faciles. C’est pourquoi, à part la question de routine de la journée, elle ne s’attardait pas inutilement sur le sujet du travail, sauf si c’était lui qui avançait la conversation dans cette direction. La maison, c’était sacré. On mélangeait le moins possible la vie privée et la vie professionnelle, même dans leur cas spécifique, où non seulement ils travaillaient ensemble mais où Mark était en position d’autorité sur Ophé. C’était son patron, rien de moins. Ainsi, ils s’étaient dit, dès qu’ils avaient commencé à habiter et travailler ensemble, que s’ils avaient des choses à régler au niveau du travail, ils le feraient là et nulle part ailleurs. À ce jour, ils n’avaient jamais manqué à cette promesse et cela transparaissait dans leur relation. Elle n’était pas parfaite – quelle relation l’était, vraiment – mais elle s’en approchait. Même s’il leur arrivait de ne pas être d’accords sur telle ou telle chose, ils s’exprimaient toujours avec ouverture et ils prenaient le temps de s’écouter. Il n’y avait aucune tension sous-jacente, aucun reproche qui restait non-dit et qui envenimait leur couple. Le temps passé ensemble aux différents QGs de l’Ordre depuis son retour en Grande-Bretagne les avait aidés à s’habituer l’un à l’autre et ils formaient à présents les parfaits colocataires, rendant la vie de couple d’autant plus facile. Et heureusement, le poids de leurs responsabilités respectives pesait lourd, et c’était nécessaire d’avoir un havre de paix. Ils étaient là l’un pour l’autre, mettaient du soleil dans leurs journées à chaque fois qu’ils se voyaient.

« Dis-toi que ça aurait pu être pire… On ne contrôle pas l’influence des médias, et si tu as pu te récolter quelques lettres de gens indignés, c’est quand même mieux qu’une manifestation devant le Ministère. Mais je comprends, ça n’est jamais facile. », dit-elle d’un ton rassurant en suivant son époux du regard alors qu’il se levait pour aller prendre la petite dans ses bras.

Ophelia adressa un doux sourire et quelques mots, toujours en grec, à sa fille qui la regarda brièvement avant de reporter son attention sur son père, puis leva à son tour les yeux vers son mari. La belle rit un peu à ce qu’il dit puis hocha la tête. C’était sans doute ce qu’il y avait de plus difficile dans la situation présente. Ne pas être là pour aider Mark dans des moments pareils, devoir le laisser s’arranger avec les problèmes administratifs qui étaient en partie sa responsabilité quand elle était là. Au moins, il avait du support. Timothy était toujours là en cas de crise imminente, et Natalee et Jared, les deux chefs d’équipe du Bureau des Aurors, s’étaient fait drôlement mieux organisés depuis qu’Ophelia n’était là que deux fois semaine. Heureusement! Le Bureau n’était pas toujours… facile. C’était un peu comme un enfant hyperactif; difficile à percer et un peu impulsif, mais toujours bien fidèle au poste lorsque l’on gagne son respect. La belle sourit en coin en repensant à ses collègues, jetant un bref coup d’œil à Aaron qui avait posé ses deux petites mains sur les côtés de la bouteille comme pour mieux boire. La jeune maman s’apprêta à répondre à l’Anglais lorsque Sophia poussa une petite plainte alors qu’elle refermait ses doigts sur le tissu de la manche de la chemise de son père. Ophé sourit, suivant son homme des yeux alors qu’il passait à la cuisine préparer la bouteille de la petite. Son regard d’azur s’attarda discrètement sur son corps; les muscles de son dos à travers sa chemise claire, la forme de ses fesses dans son pantalon, ses lèvres légèrement pincées alors qu’il vérifiait attentivement la température du lait sur son poignet, comme elle le lui avait montré. La belle se mordit presque imperceptiblement les lèvres, ses joues rosissant légèrement, puis reporta son attention sur son garçon qui achevait la bouteille. Ce n’était pas le temps pour ces petits plaisirs coupables. Plus tard, lorsque les petits seraient couchés.

Le beau blond revint s’asseoir à ses côtés au même moment où Aaron terminait de téter tout ce qui restait dans la bouteille. Ophelia hocha la tête, souriante, et lui enleva le biberon de la bouche en le redressant de façon à l’asseoir sur son genou.

« C’est un glouton, ce petit. Ça sera moins drôle quand ils seront ados, tiens. »dit-elle en riant, soutenant son fils d’une main alors que l’autre lui tapotait régulièrement le dos pour lui faire faire son rot.

Son époux conclut sur une note tout à fait adorable. Réplique digne d’une comédie romantique moldue, même. Un sourire se peint sur ses lèvres de la Grecque. Mais elle ne répondit pas. Elle opta plutôt pour une démonstration d’un autre genre. Sa main quitta un instant le dos de leur fils puis la jeune femme se pencha un peu vers Mark. Elle échangea un regard avec lui, à la fois charmeur et joueur, puis captura ses lèvres des siennes. Le baiser était tendre, mais plus chaud, plus appuyé que les derniers qu’ils avaient partagés depuis l’arrivée de l’Anglais à la maison. Leurs langues se mirent de la partie, se taquinant doucement avant qu’Ophelia ne se recule lentement, ponctuant son geste d’un clin d’œil. Promesse pour un peu plus tard.

Il ne fallut que deux ou trois minutes pour que la pression se relâche dans le ventre du petit garçon. Satisfait, il était venu se caler dans les bras de sa mère, ses paupières ayant à présent du mal à rester ouvertes. La brune se leva et vint prendre place dans la chaise berçante qui se trouvait dans un coin du salon. Elle s’installa confortablement puis, doucement, se mit à se bercer et à chanter une berceuse en grec, l’une de celles que sa grand-mère et son père lui chantaient lorsqu’elle était petite. Quand elle eut finit, le petit dormait dans ses bras, sa respiration calme et régulière. De son côté, Sophia n’avait pas tout à fait terminé sa bouteille qu’elle somnolait à nouveau dans les bras de son père. Ophelia rit légèrement, discrètement pour ne pas les réveiller, puis se leva.

« Tu montes les coucher avec moi? », demanda-t-elle à Mark en faisant quelques pas vers les escaliers.

[Hj: Je te laisse PNJiser un peu le couché et la redescente vers le salon, si ça peut t'aider I love you

Sens-toi à l'aise, vas-y comme tu le sens]

Quand ils seront ados. La phrase, sur le coup, n'eut absolument aucun effet sur Mark. Et puis, il se rendit compte qu'il n'était pas temps de se préoccuper de l'adolescence des jumeaux. Bien sûr, il voulait les voir grandir, mais pour l'instant, ils étaient encore des nourrissons. Et alors qu'Ophelia opérait le rituel du rot avec Aaron, Sophia engloutissait son propre biberon. Mais le rythme était tout de même bien moins soutenu que celui, effréné, de son frère. D'ailleurs, elle ne tarda pas à ralentir. Encore un petit effort, et elle aurait terminé, mais elle semblait sur le point de s'endormir... Et puis, elle parvint au bout, mais le sommeil avait déjà fait un grand pas. Laissant le biberon sur la table basse, Mark redressa délicatement sa fille, ce qui eut pour effet de lui faire ouvrir les yeux, bien que peu, et ce fut suffisant pour qu'elle fasse son petit rot, à son tour. A présent, ils pouvaient rejoindre leur chambre ! Mark acquiesça et se leva, suivant son épouse qui portait Aaron.

A l'étage, ils se séparèrent. La maison était suffisamment grande pour que les jumeaux aient chacun leur chambre, ce qui était bien plus pratique pour les années à venir. A moins de déménager, ils auraient chacun leur espace, à leurs couleurs. C'est donc dans la pièce dédiée à la petite fille que Mark entra d'abord. Et pendant qu'Ophelia gérait Aaron de son côté, il passa en revue toutes les étapes du coucher, avant de déposer le bébé dans son berceau, déjà endormie. Un baiser sur le front, et il pouvait aller embrasser son fils. Il croisa d'ailleurs sa femme et en profita pour la prendre par la taille et l'embrasser, elle aussi, passionnément. Ils auraient bientôt leur temps à eux, quand ils seraient redescendus. Dans la chambre d'Aaron, Mark le trouva déjà emporté par ses rêves. Il n'avait attendu que d'être rassasié. Et puis, le couple put rejoindre le salon. Maintenant que leurs enfants dormaient... il y avait la cuisine à faire.

"Et si on faisait quelque chose de simple ?"

Il y avait ce qu'il fallait pour faire un bon repas qui ne prendrait pas trop de temps à se préparer... Un petit quelque chose à déguster rapidement, pour qu'ils puissent se retrouver plus vite par la suite... Et ce fut fait. Une demi-heure plus tard, c'était prêt. Et une autre demi-heure plus tard, ils avaient terminé. Le dîner fut accompagné d'une discussion sur des projets de vacances, sur des probables invitations à venir manger à la maison... et puis Mark ouvrit une bouteille de vin, pour qu'ils aillent tous deux, avec leur verre, tranquillement terminer la soirée dans le salon. L'avantage de la maison, c'était la cheminée. Qui pouvait être reliée au service de cheminette, mais Mark avait préféré ne garder cette option qu'en cas d'urgence. D'un coup de baguette magique, il alluma la bûche qui se trouvait dans l'âtre, pour l'ambiance, pour l'odeur.

Et dans le canapé, il attira Ophelia contre lui. Toute la tension de la journée s'évanouissait progressivement dès le moment où il franchissait le seuil de leur domicile mais ne disparaissait jamais complètement avant cet instant. Instant où il n'y avait pas besoin de mot, juste de la présence de l'un et de l'autre. Ils avaient tout pour être heureux, ils étaient un couple soudé, uni, avec deux beaux enfants. Et même s'il pouvait être facile, tellement facile de faire glisser l'amour dans le quotidien, de faire l'attachement et de l'affection une simple habitude, ils ne tombaient jamais dans le piège. Ils trouvaient toujours des moyens de se prouver qu'ils s'aimaient, de se le dire parfois, par des petites intentions, ou bien par des partages beaucoup plus charnels. D'ailleurs, la main de Mark remonta, lentement, le long de la cuisse d'Ophelia...

Le coucher des jumeaux était une partie de la journée que la Grecque appréciait particulièrement. Pas que parce qu’elle aurait finalement du temps pour elle et son couple – même si, elle devait se l’avouer, il y avait quelque chose de libérateur à être seule avec son homme, à ne penser qu’à lui. C’était plutôt pour l’ambiance, cet espèce de voile de calme et d’amour qui s’étendait dans chaque coin de la maison. Tout était silencieux sauf les murmures, les respirations et les pas des gens qui l’habitaient. Une dizaine de minutes de paix, pure et simple. La jeune maman adorait voir ses enfants lutter maigrement contre le sommeil à coups de petits gazouillis et de légères secousses de leurs bras potelés avant de céder et de s’endormir, lèvres entrouvertes, bercés par les bras de Morphée. Après avoir posé son fils dans son berceau et avoir posé un baiser sur sa joue, elle se retourna à pas de souris et se dirigea vers la chambre de la petite. Mais elle fut embusquée par son époux qui vint passer ses bras autour de sa taille, un instant, pour l’embrasser langoureusement. La Grecque ne résista pas à l’attaque sournoise de son mari, s’y plongeant avec désinvolture pour une délicieuse minute. Elle captura son lobe d’oreille gauche entre ses doigts, un bref instant, puis lui décocha un clin d’œil avant de se rendre dans la chambre de sa fille. La Grecque se pencha au-dessus du berceau de Sophia, pris sa petite main contre ses doigts et y posa quelques petits bisous avant de se redresser et de redescendre le salon.

Les préparatifs pour le repas s’étaient passés comme ils se passaient d’habitude; parsemés de rires, de caresses, d’anecdotes. Ça lui rappelait vaguement le temps où ils habitaient ensemble au QG de l’Ordre de Phénix. Le temps où ils n’étaient que colocataires, profitant tout à fait chastement de la présence de l’autre. Mais même à cette époque, elle avait ressenti une attirance pour lui qui avait été difficile à ignorer, au début. Elle l’avait toujours trouvé brillant, intéressant, beau. Mais le devoir avant tout, et le temps ne leur avait pas permis d’approfondir leur relation. À chaque fois que l’occasion avait commencé à se pointer le bout du nez, quelque chose arrivait, ils devaient changer d’endroit, se rebâtir, en quelque sorte, une nouvelle vie. Mais cette époque était terminée. À présent, ils vivaient dans une certaine stabilité, ils avaient tous les deux un métier qui empêchait la routine de s’installer, ils étaient heureux, amoureux, amants et surtout, depuis peu, époux et parents. Finalement, ils avaient ce qu’ils méritaient tous les deux. Du bonheur, de l’amour, de l’espoir.

Les amoureux discutèrent des plans de la semaine – peut-être qu’on inviterait Kristine, son mari et sa fille vendredi soir prochain, ça restait encore à voir avec elle – et des plans pour l’été, possiblement une semaine en Grèce, peut-être aller voir l’Italie, avec les petits. La stabilité avait ça de bon, la possibilité de faire des plans. Avant dernièrement, il avait été presque impossible pour la demoiselle de faire cela. Entre la fin de ses études, le début de sa carrière, la maladie et la mort de son père, son enrôlement dans l’Ordre, les attaques, la guerre, la victoire, l’entrée dans son nouveau poste… C’était tout juste maintenant qu’elle pouvait réfléchir sérieusement aux plans d’avenir sans avoir peur qu’ils soient complètement détruits. Elle avait appris qu’il fallait s’attendre au pire, mais, pour une fois, le pire ne semblait pas si probable. Et puis, avec son homme à ses côtés, elle se sentait capable de tout. Elle avait toujours été confiante en ses capacités, mais l’amour lui donnait une force supplémentaire.

Une fois la vaisselle terminée, la Grecque se dirigea au salon, verre de vin en main, et s’assied sur le grand divan alors qu’elle regarda Mark allumer le feu dans l’âtre. Le regard d’azur de la belle s’attarda sur les flammes alors que son mari venait prendre place à ses côtés, lui enlaçant d’abord les épaules pour qu’elle se colle contre lui. Ce qu’elle fit, sa tête se nichant tout naturellement au creux de l’épaule de l’Anglais alors qu’elle venait distraitement chercher une gorgée de vin. L’innocence du moment ne dura pas longtemps, cependant; Ophelia sourit en coin en sentant la main de Mark glisser sur sa cuisse en une caresse appuyée. Comme si de rien n’était, elle récupéra une gorgée supplémentaire de vin puis leva les yeux vers lui, son regard scintillant d’une lueur taquine et amoureuse à la fois.

La belle vola un baiser aux lèvres charnues de son époux puis se racla légèrement la gorge en se redressant à moitié, bien qu’elle fut toujours appuyée contre son homme.

« Monsieur le directeur du Département de Justice Magique? Que diriez-vous que je revienne en poste à partir de mardi dans deux semaines? Le Bureau me manque. Et le vôtre aussi. »

Elle ponctua sa phrase d’un clin d’œil et laissa les doigts de sa main libre tracer d’habiles arabesques sur la cuisse de Mark, s’égarant parfois même à l’intérieur ou en haut de celle-ci. Machinalement, Ophelia vint recueillir une autre gorgée de son verre de vin et le posa sur la table basse. Elle se tourna ensuite vers le beau blond et glissa la paume nouvellement libérée de son autre main sur le torse ferme de l’Anglais, le bout de ses doigts taquinant l’un des boutons de sa chemise jusqu’à le faire sauter. Il n’avait offert aucune résistance.