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 L'internationale de la magouille (Terminé)
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  • James Kirkby
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MessageSujet: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptySam 17 Mar - 15:43:40

La tournée des chefs mafieux se poursuivait. Après Xenophius McGregor, son bien-aimé parrain, et Hugh Murray, qu'il avait rencontré quelque temps auparavant, James s'apprêtait à faire la connaissance de Mikhaïl Dmitriev. Faire connaissance était un peu exagéré : le jeune homme et le puissant Russe s'étaient déjà croisés, notamment lorsque le clan McGregor avait commencé son implantation en Chine et avait eu besoin de bases arrières en Russie ; il est vrai qu'Andrew, le frère de Xenophius, avait alors monopolisé l'attention de leur hôte, reléguant les autres au second plan, si bien que James n'avait pas dû échanger plus de dix phrases avec Mikhaïl.

Cette fois-ci, les choses étaient différentes. Xenophius avait proposé à son ami les services de son filleul pour une affaire délicate, pour laquelle Dmitriev n'avait trouvé personne dans sa propre équipe. C'était une excellente occasion de faire bonne impression auprès du troisième chef de l'alliance chinoise : le responsable de la caisse commune n'avait pas encore été choisi, et chacun des trois aurait son mot à dire. Murray s'était déjà prononcé en faveur de James, Xenophius le ferait probablement – mais sans le lui dire personnellement parce que faire des compliments, soyons sérieux, c'est pas le genre de la maison ; il ne restait que Dmitriev, qui voudrait peut-être proposer son propre candidat... Cette rencontre tombait à pic pour prouver au Russe que le filleul de McGregor avait toutes les qualités requises pour occuper ce poste.

D'un regard, le jeune homme contrôla que sa valise contenait tout ce dont il pouvait avoir besoin pour quelques jours, avant de la fermer. En effet, l'affaire aurait lieu à l'étranger, et il serait peut-être nécessaire de passer une ou deux nuits sur place ; dans le doute, mieux valait être prêt. James ne prit cependant pas la valise avec lui pour aller chez Dmitriev ; s'il était indispensable de s'en munir, un simple sort suffirait à la récupérer. Inutile de s'encombrer pour rendre visite au Russe et recevoir ses instructions.

James enfila sur son costume un manteau noir, de coupe classique, et une écharpe rayée de plusieurs tons de bleu ; ainsi vêtu, il avait tout l'air d'un de ces employés de bureau moldus qui envahissaient les rues de Londres à certaines heures. Il se fondit naturellement dans la foule qui sortait du métro, adoptant le même pas pressé, la même démarche voûtée, jusqu'au moment où il trouva un coin assez retiré pour pouvoir transplaner sans être vu.

Il n'était encore jamais allé à la résidence anglaise de Dmitriev, mais quelques indications lui avaient été fournies quant à sa localisation, pour qu'il puisse transplaner à proximité. Il arriva dans la ruelle déserte, propice au transplanage discret, qu'on lui avait décrite, et, se remémorant les explications, prit la première rue à gauche. Puis encore à gauche. Puis à droite... Peu à peu, il s'avançait dans un quartier de beaux immeubles bourgeois, très calme, respirant l'aisance. Un endroit bien agréable, chic et silencieux, ressemblant assez à la rue qu'il habitait, en plus cossu.

Il poursuivit son chemin, jusqu'au moment où il reconnut l'immeuble où Dmitriev lui avait donné rendez-vous. Un homme l'attendait sur le trottoir, pour le conduire auprès du maître de maison ; après avoir échangé quelques mots rapides, ils entrèrent dans l'immeuble ; James profita de la grande glace fixée au mur du hall pour vérifier sa tenue, le coeur soudain battant. De cette entrevue dépendait, en grande partie, son avenir – et sa capacité à financer ses projets personnels.


Dernière édition par James Kirkby le Mer 16 Mai - 9:08:27, édité 1 fois
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  • Mikhaïl Ev. Dmitriev
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMar 20 Mar - 15:54:41

Mikhaïl relut la missive pour la deux centième fois depuis qu’il l’avait reçue deux semaines auparavant.

Citation :
« Cher Mr Dmitriev,

J’ai entendu parler de votre capacité à vous procurer tout type de produits dans des délais défiant toute concurrence. Or, il se trouve que je suis à la recherche d’une fiole de venin de Dent-de-Vipère du Pérou dans un délai de deux mois. La rémunération ne sera nullement un problème, sachant pertinemment la rareté de cet item et connaissant les prix en cours sur le marché, je suis prêt à vous verser une somme totale de 5000 gallions. Un tiers sous forme d’acompte, le reste lorsque j’aurais la fiole entre les mains. Si vous êtes intéressé, veuillez me renvoyez vos coordonnées bancaires pour que je puisse faire le premier transfert, de manière à concrétiser notre accord. Sachez cependant que je verrais d’un très mauvais œil l’échec de notre transaction si vous vous engagez à satisfaire ma demande.

Cordialement,

Une personne désirant rester anonyme »

Le vieil homme avait encore du mal à croire à la réalité de la demande. 5000 gallions d’un seul coup, c’était une véritable fortune, même pour une demande aussi atypique. En effet, les Dent-de-Vipère du Pérou étaient une espèce protégée vivant uniquement dans une réserve au beau milieu de la cordillère des Andes. S’introduire dans ladite réserve était par conséquent extrêmement compliqué, sans compter qu’obtenir ensuite le venin était loin d’être une tâche aisée au vu de la dangerosité des dragons. Outre leur puissance de feu et la force qu’ils possédaient, c’était ce même poison que les braconniers désiraient qui pouvait amener leur mort s’ils étaient touchés par les griffes ou les dents d’un quelconque spécimen. Mais quoiqu’il en soit, 5000 gallions restaient une somme faramineuse et le Russe avait mis un certain temps avant de se décider à répondre à la lettre, de peur qu’il ne s’agisse d’un canular ou pire d’une tentative d’un organisme officiel quelconque de le coincer. Il avait cependant fini par céder à l’appel du gain et, le lendemain, 1700 gallions étaient apparu sur un de ses comptes off-shore. La réalité le rattrapant donc, il avait accepté l’improbable : la demande était véridique. Il avait dès lors mis tout en œuvre pour réussir dans la difficile tâche qui lui avait été assignée.

Tout d’abord, il avait décidé de se rendre au Pérou lui-même, parce que lorsque de telles sommes étaient en jeu, il ne voulait pas déléguer. Il ne savait rien de son mystérieux commanditaire -et, à vrai dire, tant qu’il était payé, cela lui allait très bien- mais il avait compris que ce dernier devait avoir les moyens de lui mettre de sacrés bâtons dans les roues si sa demande n’était pas satisfaite dans les délais requis. Or, alors qu’il se lançait aux côtés de Murray dans sa dernière grande œuvre, la conquête du marché des psychotropes chinois, il ne pouvait se permettre de faire mauvaise impression. Sans compter que les 5000 gallions seraient une avance considérable pour financer ce même projet.

Deuxièmement, il avait fait appel à Xenophius McGregor, dans l’esprit de bon entente qui était désormais le leur, dans l’optique de lui emprunter un de ses hommes parlant couramment l’espagnol pour pouvoir lui servir d’interprète durant sa mission. En effet, aucun de ses hommes ne parlait la langue de Cervantes alors que McGregor étant bien implanté en Colombie en avait plusieurs. Et, à sa grande joie, l’Anglais avait accepté de lui envoyer James Kirkby, son propre filleul et apparemment un homme de confiance puisque le Directeur de la Coopération Magique Internationale avait profité de l’occasion pour expliquer à Mikhaïl que James briguait le poste de responsable de la caisse commune de l’alliance chinoise et qu’il s’agissait d’une occasion en or pour que le Russe puisse se faire une idée de ses capacités en la matière. Mikhaïl, n’ayant jusqu’alors pas envisagé de proposer un de ses hommes car, à part Lev dont il refusait de se séparer, il ne voyait personne ayant l’éducation suffisante requise pour un tel travail, s’était donc empressé d’accepter.

Pour finir, une fois tous les détails techniques réglés, il ne lui était plus resté qu’à demander à son second de s’occuper de tout ce qui concernait la logistique sur place : trouver un endroit où dormir, un guide fiable pour déjouer la surveillance de la réserve, et s’informer sur les personnes dont il faudrait graisser la patte et celles qu’il faudrait tout simplement éliminer pour arriver à son but. Tout ceci avait pris un peu moins d’une semaine et tout était désormais prêt pour le départ, il ne manquait plus que la présence de Kirkby pour pouvoir partir. Mais, le vieil homme n’eut pas à attendre bien longtemps car une minute seulement après l’heure fixée, Lev entra dans le bureau suivi de Kirkby.

Mikhaïl jeta un regard appréciateur au jeune homme qui avait su s’habiller pour faire bonne impression, puis lui tendit la main pour qu’il la serre et, sans perdre un instant, passa aux explications tandis que Lev s’éclipsait.


-Mr Kirkby, je suis heureux de constater que vous êtes aussi ponctuel que votre parrain, j’aime ce trait de caractère chez mes associés. Sans compter que notre Portoloin pour Pucallpa part dans une demi-heure, dit-il en désignant un cendrier en verre posé sur le bureau. De là, un guide nous amènera jusqu’à l’endroit où nous dormirons le temps de notre voyage qui j’espère n’excèdera pas trois jours, si tout se passe bien. Nous déposerons nos affaires puis nous irons directement à la réserve pour faire un premier repérage avant d’entamer le gros des opérations demain. Car si le Portoloin nous évite de perdre du temps à voyager, il ne supprime pas pour autant le décalage horaire, précisa-t-il avec un sourire complice. Mais, en attendant que l’heure de partir arrive, asseyez-vous et n’hésitez pas à me poser toutes les questions que vous aurez. Vous êtes déjà au courant de la mission qui vous sera confiée je suppose ?

Après tout, il était logique de penser que Xenophius lui ait au moins vaguement expliqué ce qui allait lui être demandé, mais l’Anglais avait tout aussi bien pu penser que la tâche revenait au commanditaire à savoir Mikhaïl. Par conséquent, le mafieux préférait s’assurer qu’il n’y avait pas de zones d’ombre avant d’entamer la mission. Il y avait bien trop en jeu.


Dernière édition par Mikhaïl Ev. Dmitriev le Sam 24 Mar - 18:29:46, édité 1 fois
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyJeu 22 Mar - 13:50:43

L'homme – un simple homme de main, de toute évidence – conduisit James jusqu'à un majestueux escalier de bois verni, où l'attendait l'homme de confiance de Dmitriev. Les deux Russes échangèrent quelques phrases dans leur langue, puis le premier s'éclipsa tandis que l'autre, dans un anglais parfait, souhaitait la bienvenue à l'hôte. Le jeune homme avait déjà aperçu ce type lors de son séjour en Russie, mais il ne put se rappeler son nom ; il leva les yeux vers lui – l'homme faisait trois bonnes têtes de plus que lui – et le remercia, dans son russe des grandes parades. Il avait, jadis, par curiosité, appris quelques bribes de cette langue barbare, et son accent fit sourire le lieutenant de Dmitriev. Courtoisement, le géant s'effaça pour laisser James s'engager le premier dans l'escalier, devinant certainement qu'il serait malvenu, avec ses deux mètres et des poussières, d'ajouter encore la hauteur d'une marche. Ce n'est qu'en haut de l'escalier qu'il se plaça près du visiteur, toujours d'une politesse à faire rougir un Anglais lui-même :

-Permettez que je vous guide, monsieur Kirkby.

James le suivit jusqu'au vaste bureau où le maître des lieux l'attendait. Par Merlin, qu'est-ce qu'ils avaient tous à être aussi grands ? La haute silhouette du Russe se détachait devant la fenêtre, et, en s'approchant pour lui serrer la main, James se sentit minuscule. Il s'efforça tout de même de paraître sûr de lui lorsqu'il salua le Russe, et poursuivit sur un ton badin lorsque Dmitriev le compara à Xenophius :


-Voici un compliment que j'apprécie à sa juste valeur, monsieur.

Il était sincère en prononçant ces quelques mots : il avait la plus grande admiration pour son parrain – c'était certainement la raison pour laquelle il subissait avec patience les sautes d'humeur du vieux tyran – et être comparé à lui le flattait réellement. Il écouta Mikhaïl lui exposer la suite du programme, très attentif, en jouant machinalement avec l'une des franges de son écharpe. Cela ne ressemblait à aucune des missions qu'il avait menées auparavant, et il préféra le dire sans détour, en s'asseyant sur le fauteuil que lui désignait son hôte :


-Mon parrain m'a expliqué rapidement ce que vous attendiez de moi, monsieur, et je dois vous avouer que c'est le genre de mission auquel je n'ai jamais participé... Je suis très honoré de travailler avec vous, et j'espère être à la hauteur de vos attentes.

Cela vaudrait mieux pour lui, car Xenophius avait bien précisé qu'il ne tolèrerait pas que son filleul déçoive un ami aussi précieux que Mikhaïl Dmitriev. Cette prestation de James chez le Russe devait être une occasion de plus pour les deux chefs de sceller leur alliance, et un échec du jeune homme ternirait l'honneur de son patron... La pression sur lui était donc assez importante pour que son coeur batte légèrement plus vite qu'à l'ordinaire lorsqu'il poursuivit :

-Il m'a indiqué que l'opération pourrait durer quelques jours. J'ai préparé un bagage léger, que je récupèrerai dans un instant. En revanche, avec votre permission, j'aimerais vous poser quelques questions... J'ai compris que nous allions nous introduire dans une réserve pour y prélever du venin de Dent-de-Vipère, et que vous aviez besoin de mes services en tant qu'interprète... Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur le déroulement des opérations ? Sur la composition de l'équipe qui va vous entourer lors de ce voyage ? Avez-vous prévu de recruter sur place des hommes de main qui pourront se charger de la partie pratique, ou voulez-vous que nous nous en chargions nous-mêmes ? Je vous demande pardon de poser tant de questions, monsieur, mais je préfère dissiper tous les doutes avant d'être sur place, si vous estimez, bien entendu, que mes questions ne sont pas indiscrètes.


Il adressa un sourire poli à celui qui serait son patron pour les jours à venir, et déboutonna son manteau, sans cesser de tortiller nerveusement une frange bleu ciel de son écharpe. Après quelques instants, il se rendit compte de ce geste qui trahissait son état de fébrilité, et se força à cesser. Moins d'une minute plus tard, sans même y prêter attention, il avait recommencé à tortiller une frange autour de son index. L'angoisse d'échouer, qui n'avait guère été présente jusque-là, s'était emparée de lui dès qu'il avait été en présence de Dmitriev, et ne le quitterait qu'au moment de passer vraiment à l'action.
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  • Mikhaïl Ev. Dmitriev
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptySam 24 Mar - 18:27:44

La franchise du jeune homme plut au vieux loup qu’était Dmitriev. Il n’avait jamais été de ces chefs mafieux qui se repaissaient d’une aura de secret et de mystère savamment entretenue. Lui était un homme simple et direct. Quand il voulait quelque chose, il n’y allait pas par quatre chemins, il le disait et il s’en emparait, peu importe la méthode. Alors, il préférait savoir si un de ses associés avait des problèmes. Plus vite on parlait de ce genre de détails, plus vite on pouvait les régler et mieux les affaires se passaient. C’était une équation bien simple mais qui posait pourtant problème à tant de gens. De plus, il aurait été étonné que James ait déjà participé à une mission similaire à celle qu’ils s’apprêtaient à réaliser puisque c’était une grande première y compris pour lui, or il aurait fort peu apprécié que l’Anglais tente de se faire mousser en se donnant une expérience qu’il n’avait pas. Les vantards étaient toujours dangereux car, au beau milieu de l’action, ils faisaient preuve d’une incompétence flagrante, ce qui amenait toujours des pertes de profit. Mikhaïl préférait donc quelqu’un capable d’avouer son ignorance. Ce n’était nullement honteux et cela s’arrangeait bien vite alors que lorsqu’on cachait un défaut quelconque, ça finissait toujours par se découvrir au pire des moments.

-Mon garçon, sachez une chose. Avec moi, n’ayez jamais peu de poser des questions, même les plus idiotes selon votre point de vue. Ce n’est qu’à travers une communication claire qu’on atteint les résultats les plus extraordinaires. De la même façon, je n’ai pas pour habitude de tenir mes associés proches dans le brouillard concernant mes intentions, ça ne fait que compliquer les relations inutilement. Mais prenez place en attendant que l’heure de partir arrive, nous serons plus à l’aise pour régler les détails techniques.

Et tandis qu’ils s’asseyaient tous deux, une bouteille de vodka, une liqueur aux fruits ainsi que deux verres firent leur apparition d’un geste de la baguette de Mikhaïl. Le Russe se versa une moitié de verre de vodka qu’il releva de liqueur, puis en proposa à son invité.

-Vous en voulez ? Je préfère vous prévenir c’est fort, alors si vous préférez quelque chose de plus léger avant la Portoloin, je peux sonner quelqu’un.

Puis, une fois la question des boissons réglées, le vieil homme se lança dans les explications détaillées du programme des jours à venir.

-Sinon pour ce qui concerne la mission en elle-même, étant donné le niveau de dangerosité des Dent-de-vipère, je délègue bien évidemment cette partie à des spécialistes. J’ai réussi à soudoyer un soigneur dont la femme est malade et qui a besoin de beaucoup d’argent pour la faire opérer pour qu’il nous récupère ce dont nous avons besoin. Cependant, pour des raisons de sécurité de la réserve, il ne peut sortir sans être entièrement contrôlé, par conséquent, ce sera à nous de nous introduire pour le rejoindre à un point de rendez-vous et procéder à l’échange. 500 gallions contre son travail, le pauvre bougre ne se rend pas compte à quel point il se fait avoir ! En même temps, vous me direz pour lui ça doit déjà être une belle fortune. Quant aux autres personnes impliquées, il n’y aura que vous, moi et notre guide sur place. Sans lui, nous serions perdus dans l’immensité andine en moins de temps qu’il n’en faut pour dire vodka. Cela fait une petite équipe, mais moins il y a de personnes au courant de notre petit trafic, moins on aura de chances qu’il soit découvert. Et surtout moins on ne dépensera d’argent.

Un sourire complice illumina alors le visage du vieux mafieux. Dès qu’il s’agissait de gagner de l’argent à moindre frais, son humeur s’améliorait immédiatement. Et pour fêter cela, il avala son verre d’une lampée, appréciant la chaleur que l’alcool diffusait dans son organisme déjà bien éprouvé par les années. Finalement, il était impatient de retourner sur le terrain après tant d’années derrière un bureau. Car s’il appréciait le sentiment de tout contrôler d’un geste de la main, il avait toujours été un homme d’action et cela lui manquait de temps à autres. Surtout lorsqu’il voyait Lev revenir de l’autre bout du monde après une mission. Mais, cette fois-ci, c’était son second qui restait derrière pour gérer l’empire alors que lui partait crapahuter de par le monde et cela le mettait en joie. Il se permit même une petite promesse envers son jeune associé.

-Et vous mon brave, si tout se passe bien, vu le pactole que vous m’aurez permis d’obtenir, il est bien possible que vous ne repartiez pas sans une gratification digne de ce nom. Si Xenophius s’est montré d’une générosité sans limite en n’exigeant rien en échange de votre participation, j’aime néanmoins m’assurer la fidélité de mes hommes, même lorsqu’ils ne travaillent pour moi qu’une courte période de temps, et pour cela il n’y a pas vingt mille façons. A vrai dire il n’y en a même qu’une seule : Деньги. L’argent mon petit, l’argent.

Et il s’esclaffa. Il avait remarqué l’inquiétude qui se dégageait de son jeune compagnon et il espérait qu’en se moquant gentiment de ses motivations, c’est-à-dire en lui rappelant qu’ils courraient après tout tous après la même chose : le doux tintement des gallions dans une bourse, l’Anglais se sentirait un peu plus à l’aise. L’idée que ses paroles puissent stresser encore un peu plus le jeune homme ne lui effleura même pas l’esprit, mais en même temps, peu de choses qui n’avaient pas un rapport direct avec ses affaires lui effleuraient jamais l’esprit, alors évidemment …
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyLun 26 Mar - 8:57:43

Sans un mot, avec une discrétion étonnante pour un type aussi immense, le géant qui avait guidé James s'était éclipsé, laissant son patron en tête à tête avec le visiteur. Ce départ soulagea quelque peu le jeune homme, mal à l'aise à l'idée de devoir avouer son inexpérience devant un témoin. Il n'était déjà pas facile de le dire à Dmitriev, au risque de faire mauvaise impression... La réaction du chef mafieux rassura le garçon. Pas la moindre nuance de dédain sur son visage, bien au contraire ; avec une sorte de bienveillance paternelle, il engagea son collaborateur à ne pas hésiter à être franc avec lui. Ouf. C'était étrange – les mafieux n'étaient pas des tendres, et la sollicitude de Dmitriev avait quelque chose de déstabilisant – mais ô combien réconfortant de savoir que son aveu n'était pas pris pour une preuve d'incompétence... Le jeune homme s'autorisa un sourire, et hocha la tête aux propos du Russe. Il avait raison, une bonne communication était essentielle, surtout lorsqu'il s'agissait d'une expédition dangereuse et potentiellement mortelle... La perspective de travailler avec un patron compréhensif rassérénait un peu James, mais pas suffisamment, malgré tout, pour lui faire oublier sa réticence première à s'acquitter de cette mission. Lorsque Xenophius lui avait présenté le projet de son cher Mikhaïl, le jeune homme avait commencé, instinctivement, par refuser ; aller crapahuter à l'autre bout du monde, pour chatouiller des dragons et déjouer les douanes péruviennes, très peu pour lui. Mais son parrain lui avait fait comprendre, avec toute sa diplomatie habituelle, qu'on ne lui demandait pas son avis, et lui avait encore conseillé de s'estimer heureux d'avoir été choisi. James avait mis du temps à digérer ces ordres et le ton sans réplique sur lequel ils avaient été donnés, puis, par réflexe, avait cherché les avantages d'une telle expédition ; à la réflexion, il avait réussi à en trouver quelques-uns, assez pour pouvoir faire bonne figure à Dmitriev. Après tout, cette expédition pourrait être intéressante, à bien des points de vue... James ne pouvait cacher sa nervosité, mais rien dans son attitude ne pouvait laisser penser qu'il avait été presque forcé à participer à la mission. Il accepta avec plaisir la vodka offerte par son hôte – son goût pour l'alcool ne se démentait pas – et huma le contenu de son verre en écoutant Dmitriev. À mesure que le Russe parlait, la nervosité du garçon se dissipait : tout cela était parfaitement réglé, et, surtout, ils n'auraient pas à approcher eux-mêmes les dragons. C'était toujours cela de gagné. Ainsi présentée, l'expédition lui semblait plus réalisable ; il attendit que Dmitriev eût fini de parler pour hocher la tête en signe d'approbation :

-Très bien... Mon parrain m'a dit que vous aviez besoin d'un interprète, et peut-être d'une aide plus... pratique. Avez-vous prévu quelque chose de particulier pour ce soigneur, et pour notre guide ? Il me semble que ces braves gens vivraient plus heureux, et surtout plus longtemps, s'ils ne gardaient aucun souvenir de notre rencontre. Pardonnez-moi si je formule des suggestions qui ne sont pas de mon ressort, monsieur, et considérez que je prends cette liberté uniquement pour savoir à quoi m'en tenir. Loin de moi l'idée de m'immiscer dans vos décisions.

Lors de sa mission en Chine pour le compte de Xenophius, il avait administré sans compter les sortilèges d'Amnésie, de façon à brouiller les pistes ; son parrain, qui ne faisait pas dans la dentelle, avait ordonné que toutes les personnes susceptibles de détenir la moindre bribe d'information soient ainsi neutralisées, de sorte qu'à présent James estimait qu'il s'agissait du prolongement normal d'une mission. Tout témoin pouvant devenir gênant, il convenait de s'assurer de son silence, d'une façon ou d'une autre ; et, si Dmitriev penchait pour la manière la plus radicale, James devait l'avertir qu'il ne lui serait d'aucun secours, les sorts mortels lui étant interdits.
De belle humeur, le Russe se laissait aller à promettre une récompense à son collaborateur. Par principe, le jeune homme ne crachait pas sur quelques Gallions, mais Dmitriev pouvait se montrer bien plus généreux encore – en lui confiant les clés de la caisse commune, ce qui donnerait un coup de fouet décisif à sa carrière et à ses propres affaires. C'est pourquoi James, souriant, ne releva pas la promesse, et se contenta de répondre sur un ton énigmatique :


-Je ne doute pas de votre capacité à vous assurer la fidélité de vos hommes, monsieur. Permettez-moi de boire au succès de votre entreprise, ajouta-t-il en levant son verre, avant d'en vider la moitié d'une traite.
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  • Mikhaïl Ev. Dmitriev
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyVen 30 Mar - 17:19:16

La proposition de James ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. En effet, depuis qu’il était arrivé sur le territoire anglais, il s’était fait le plus discret possible, cherchant à se faire oublier car, si son exil hors de Russie avait bien embêté les autorités à sa poursuite, sa destination était loin de leur être inconnue. Par conséquent, ils n’attendaient qu’un faux pas de sa part pour exiger de la part du gouvernement anglais son extradition en Russie où ils pourraient l’inculper d’une liste assez impressionnante de délits en tout genre. Sauf qu’il était trop intelligent pour se faire remarquer, d’où le fait qu’il avait préféré jusque-là éviter de recourir à tout type de sortilèges trop voyants à même de déclencher les alarmes de l’équivalent des Aurors en Russie. Et le sortilège d’Oubliettes en était un, en effet si les hommes à sa recherche allaient interroger quelqu’un qu’il avait rencontré et se rendaient compter que ses souvenirs avaient été altérés, ça leur aurait rapidement mis la puce à l’oreille. Résultat, il avait pris l’habitude ces derniers mois de s’assurer du silence de ses collaborateurs par des moyens moins radicaux. Cependant, son voyage au Pérou était secret donc pas de risque de ce côté-là, alors l’idée de revenir à ses anciennes méthodes était fort alléchante. Sans compter que ça lui permettrait d’économiser 500 gallions, ce qui était loin d’être une somme négligeable. Définitivement, ce garçon lui plaisait de plus en plus.

-Il n’y a pas à dire, Xenophius ne m’a menti quand il m’a dit qu’il m’envoyait un de ses meilleurs hommes. Vos idées sont très intéressantes Mr Kirkby. J’en oubliais presque que le Pérou n’est pas aussi surveillé que la Grande-Bretagne. Je ne peux donc qu’approuver vos méthodes. Moins d’ennuis et plus de gallions, une combinaison qui a tendance à me rendre satisfait.

Et pour fêter cette nouvelle économie de réalisée, il se versa un nouveau verre de vodka mais sans liqueur de fruits cette fois-ci. Il y avait des choses qu’il fallait célébrer de manière traditionnelle, sans fioritures ajoutées. Puis, alors qu’il buvait une longue gorgée de son alcool chéri, Lev entra dans la pièce non sans avoir frappé au préalable. Le fait que son second se permette d’interrompre une réunion indiquait clairement que l’information qu’il apportait était d’une importance capitale alors Mikhaïl se leva et se dirigea vers son bras droit, après avoir fait signe à James de l’attendre.

-Désolé patron mais ça ne pouvait pas attendre. Ça concerne la Chine, l’équipe que nous avions envoyée sur place pour établir les premiers contacts a rencontré de sérieux problèmes.
-Elabore Lev, mon Portoloin part dans dix minutes. Je n’ai pas de temps à perdre.

Le géant baissa la tête en forme d’excuses avant de poursuivre, mais le fait même que son vieil ami ait ressenti le besoin d’enrober sa nouvelle d’un bel entourage d’euphémismes ne fit rien pour rassurer le patriarche Dmitriev. Lev n’avait pas pour habitude de tourner autour du pot, alors que diable avait-il bien pu arriver ?

-On a retrouvés leurs cadavres décapités dans une étable.
-Какоoooooooooй ??????????

Le cri de rage lui avait échappé sans qu’il puisse le contrôler, mais Lev lui rappela d’un geste rapide qu’ils n’étaient pas seuls. Il fit donc un effort pour se calmer et déclara.

-Que s’est-il passé ?
-Je n’avais pas de nouvelles depuis deux jours, ce qui n’est pas du tout leur style. J’ai donc essayé de les contacter par tous les moyens et quand ils n’ont pas répondu, j’ai envoyé Geoff sur place découvrir la vérité. C’est lui qui les a trouvés avec une note en chinois qu’il s’est fait traduire. Je l’ai lue et on peut y lire très clairement « Voilà ce qui arrive aux cloportes qui s’aventurent là où ils ne sont pas les bienvenus ».

Jetant un regard à sa montre et constatant qu’il ne lui restait plus que cinq minutes avant l’enclenchement du Portoloin, le Russe respira un bon coup et donna ses derniers ordres.

-Je veux un rapport détaillé de la situation sur mon bureau à mon retour. Et Lev, fais leur payer le prix fort. Qu’ils comprennent que la moindre goutte de sang qu’ils versent sera vengée et au centuple.

Le géant hocha la tête et repartit, tandis que Mikhaïl retournait auprès de son jeune invité.

-Désolé pour le dérangement, un imprévu fort désagréable. Mais rien que Lev ne puisse régler sans moi, alors allons-y. Je vous donnerais l’adresse une fois sur place pour que vous fassiez venir vos bagages.

Et sur ces paroles, les deux hommes mirent leur main sur le cendrier posé sur la table et le monde se mit à tourner.

[Hj : Libre à toi de décider si tu as entendu ou non la conversation et surtout n’hésites pas à imaginer les lieux de leur arrivée à ta guise]
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptySam 31 Mar - 11:26:05

Vraiment, Xenophius avait dit cela ? L'un de ses meilleurs hommes ? James ne put retenir un petit sourire de satisfaction lorsque Mikhaïl prononça ces mots. La phrase sonnait comme un compliment exceptionnel – même si, le jeune homme le savait, ce genre de déclarations faisait partie des courtoisies d'usage ; il était de bon ton d'offrir ce que l'on avait de mieux à ses amis, ou, à défaut, de le présenter ainsi. Aucune personne sensée n'irait dire à un ami : « Je vous envoie le plus idiot de ma bande de bras cassés, ça me fera des vacances ! »...quand bien même ce serait vrai. Non : la diplomatie, comme les petits cadeaux, servait à entretenir l'amitié, et Xenophius, en bon connaisseur des hommes, ne l'ignorait pas. La phrase ne lui était-elle pas venue machinalement, comme ces banalités que l'on répond en pensant à autre chose ? Il était rare, pour ne pas dire inédit, que le vieux McGregor fasse de tels compliments à l'un de ses serviteurs ; les reproches lui venaient plus facilement que les félicitations, et il fallait se contenter, bien souvent, de détecter dans son attitude des indices de sa satisfaction. Quoi qu'il en soit, songea James, il l'avait choisi, lui, pour une mission qu'il tenait à voir réussie ; finalement, cela corroborait ce que disait Dmitriev : il lui faisait assez confiance pour offrir ses services à un allié, à un homme dont il souhaitait préserver et même cultiver l'amitié... Pour le jeune homme, qui désirait plus que tout que son parrain soit fier de lui, c'était une motivation supplémentaire pour se montrer à la hauteur. Il inclina la tête pour remercier Dmitriev de ses félicitations, et avala une nouvelle gorgée de vodka aromatisée aux fruits. Malgré son habitude des alcools forts, celui-ci lui tournait légèrement la tête, et il préféra s'en tenir à un seul verre... Mieux valait ne pas commencer en étant malade en Portoloin, ce serait du plus mauvais effet.

Quelques coups nerveux frappés à la porte interrompirent la conversation, et l'homme de confiance de Dmitriev entra dans la pièce, l'air très ennuyé. James n'entendit guère ce qui se disait entre les deux Russes, mais il comprit sans difficulté que Dmitriev se trouvait face à un problème considérable. La colère de Mikhaïl, cependant, ne dura guère ; très vite, il se mit à parler – il était facile de deviner qu'il donnait des ordres – sur un ton de froide détermination. De sa place, James observait la scène ; même sans entendre les propos tenus, il était toujours intéressant d'analyser le comportement d'un homme, surtout de celui qui serait son patron pour les prochains jours. La vitesse à laquelle Dmitriev retrouva son calme lui parut de bon augure ; un chef qui se laissait dominer par la colère était dangereux pour tout le monde, à commencer par ses plus proches collaborateurs. L'exercice du pouvoir exigeait une grande maîtrise de soi, et il semblait que le Russe possédait cette qualité. Les ordres donnés rapidement, d'une voix ferme malgré l'évidente contrariété, indiquaient une excellente capacité de réaction aux imprévus – un point rassurant, à la veille d'une mission périlleuse. James n'eut guère le loisir d'observer davantage : déjà, le géant quittait la pièce, sans traîner, et Dmitriev revenait vers son invité. Ses excuses déconcertèrent un instant le garçon, qui considérait qu'en tant que patron, il n'avait pas à en fournir ; il se contenta de répondre en se levant :


-Je vous en prie, Monsieur.

Il hésita à offrir son aide pour régler ce problème, puis préféra y renoncer. Tout d'abord, parce qu'il ignorait de quoi il s'agissait. Ensuite, parce que Mikhaïl pourrait bien lui dire directement s'il avait besoin de lui, ou en référer à Xenophius. Ce n'était pas à lui de prendre de telles initiatives. Il termina son verre d'une longue gorgée qui lui fit tourner la tête une seconde, et s'avança vers le bureau pour poser sa main sur le cendrier. Il était temps ; quelques secondes à peine après, le Portoloin se mit en marche, et les deux hommes furent emportés dans un tourbillon de couleurs.

* * *

Le voyage en Portoloin lui avait semblé durer une éternité. Son estomac lui avait bien fait sentir qu'il n'appréciait pas d'être traité de cette façon, et que la vodka n'était pas la meilleure manière de préparer un tel voyage. Lorsqu'ils touchèrent enfin le sol et purent lâcher le cendrier, James s'empressa de poser une main à plat sur son ventre pour calmer la nausée, et inspira quelques profondes goulées d'air. Un air brûlant, surchargé des odeurs irritantes de la ville, mais qui lui sembla délicieusement frais. Le monde se stabilisa autour de lui, et il put observer un peu les alentours. Ils avaient atterri dans une sorte de terrain vague, protégé des regards par de la végétation sauvage et par les hauts murs aveugles d'un bâtiment à-demi ruiné. Une usine abandonnée, probablement. Le soleil, déjà ardent, montait vers son zénith, et James regretta de ne pas avoir quitté son épais manteau, plus adapté au climant anglais qu'à la chaleur du Pérou. Il déboutonna le vêtement, et profita de ce geste pour dégainer sa baguette magique, au cas où. Il se plaça face à Mikhaïl, de façon à ce que chacun puisse surveiller un côté du terrain, et murmura :


-Et maintenant, patron ?

La mission venait de commencer réellement ; James, le coeur battant, s'en rendait parfaitement compte, et son attitude changeait sans qu'il y prenne garde. Le dernier mot lui était venu spontanément, comme dicté par les circonstances, sans volonté de flatter l'ego du Russe. Il s'agissait, à présent, d'être efficace ; ils auraient tout le temps de parler et de se faire des politesses lorsqu'ils seraient revenus en Angleterre avec leur butin.
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMar 3 Avr - 18:53:20

La sensation d’être emporté dans une grande roue infinie remua les tripes du vieil homme mais il ne s’en émut pas outre mesure, il était habitué au transport par Portoloin. Quand on avait vécu dans un pays aussi grand que la Russie toute sa vie, c’était le moyen le plus rapide de se déplacer. Le transplanage était aussi extrêmement usité mais il fallait savoir où l’on se rendait d’avance, ce qui limitait quelque peu les destinations lors des premiers voyages. Il atterrit donc sans y faire vraiment attention, ne remarquant même pas les nausées que tentait de réfréner son jeune associé.

Ses yeux se portèrent immédiatement sur ses alentours, s’assurant qu’ils étaient bien arrivés à l’endroit prévu et qu’aucun indésirable n’avait observé leur apparition. Mais, ils étaient bien seuls dans le terrain vague et aucune paire d’yeux indiscrète ne les fixait depuis un recoin quelconque. Il se permit donc de relâcher un peu de la tension qu’il avait accumulée depuis qu’ils avaient posé le pied en pays étranger. Il ne craignait pas de complications si tôt dans la mission mais il préférait prévenir que guérir. Et, bien qu’il ne le reconnaîtrait jamais, il était légèrement rouillé pour ce qui était de l’action directe et se sentait par conséquent excité à l’idée de la tâche à accomplir. Mais c’était un stress productif, suffisamment contrôlé pour décupler ses capacités au lieu de l’handicaper. Le genre de stress qui vous maintenait alerte en toute situation et vous évitait bien des ennuis. Le même type de tension qu’il pouvait observer dans la position qu’avait adoptée James lorsque celui-ci l’interrogea sur la suite des évènements.

Le Russe ne s’attarda d’ailleurs pas sur le « patron », trop habitué à être appelé ainsi par ses subordonnés pour ne serait-ce qu’y faire attention et lui indiqua la marche à suivre, non sans lui avoir d’abord fait signe de le suivre. Il préférait éviter de rester trop longtemps au même endroit, même s’ils n’étaient pas observés, ça restait tout de même plus prudent. Et puis, ils avaient rendez-vous à heure fixe et, si Lev lui avait bien indiqué comment se rendre au café où ils avaient rendez-vous avec leur guide, il se sentait plus tranquille en sachant qu’ils avaient le temps de se perdre légèrement le cas échéant sans pour autant arriver en retard. D’un geste de sa baguette, il fit donc apparaître le plan où son second avait fait apparaître la route à suivre et se dirigea vers la sortie du terrain vague, une légère ouverture dans la barrière de verdure au fond à droite. Il jeta un coup d’œil pour s’assurer que personne ne les regardait et passa avec difficulté sa forte carrure dans l’ouverture. James le suivit et ils se retrouvèrent dans une ruelle déserte dans laquelle Mikhaïl commença ses explications, loin des oreilles indiscrètes.


-Maintenant, on se rend jusqu’au café où nous attend notre guide et de là, il nous amènera jusqu’à la réserve pour qu’on discute des derniers détails pratiques avec le soigneur. Puis, nous rentrerons à l’auberge montagnarde où nous nous logerons -Lev se sera occupé d’y faire envoyer nos affaires- et nous pourrons nous reposer. Et demain matin, si tout se passe bien, nous retournerons sur place pour récupérer la fiole que le soigneur aura récoltée durant la nuit -les dragons sont plus calmes à ce moment-là d’après ce qu’on m’a dit. Vous vous occuperez alors de faire oublier à nos complices leur participation à toute cette opération, puis nous rentrerons récupérer nos affaires et il ne nous restera plus qu’à transplaner de retour à Londres. Si tout se passe comme prév,u nous ne serons pas partis plus de quarante-huit heures.

Tandis qu’il parlait, il jetait de fréquents coups d’œil à son plan pour vérifier qu’ils étaient toujours sur le bon chemin. Car, après être sortis de la ruelle, ils avaient rejoint une grande artère remplie de personnes, de voitures, de vélos et de véhicules en tout genre, le problème étant qu’elle-même croisait un bon nombre d’artères en tous points semblables. Et déchiffrer les panonceaux avec le nom des avenues s’avérait parfois compliqué étant donné l’état de délabrement dans lequel certains se trouvaient. Heureusement, la carte fournie par Lev était magique et un point brillant désignait au sorcier l’utilisant l’endroit où il se trouvait pour qu’il puisse s’assurer de ne pas être perdu.

Au bout de vingt minutes, ils arrivèrent donc devant un café à l’aspect miteux dont la vitrine était si mal entretenue qu’il était absolument impossible de voir à travers. On pouvait néanmoins deviner quelques lettres qui formaient les mots suivants « La patata caliente ». Mikhaïl n’hésita cependant pas une seconde à pousser le chambranle de la porte et il ne le regretta pas car dès qu’ils furent entrés, ils retrouvèrent avec joie le monde sorcier. C’est que les moldus pouvaient être affreusement bruyants avec leurs satanés voitures !

Leur entrée fut immédiatement remarquée étant donné qu’ils étaient les deux seuls Occidentaux mais le vieux mafieux en avait vu d’autres et ne se démonta pas pour autant. Il se dirigea par contre droit sur un homme entre deux âges au nez empâté et portant une cicatrice en forme de croix sur la joue droite, il correspondait trait pour trait à la description de Lev. Il préféra cependant s’en assurer d’une question au très fort accent russe.


-Marrrrcos Santana ?
-Si señor, répondit l’autre. Encantado de conocerlo y de trabajar para usted. ¿Y se puede saber quien es el otro señor?

Mikhaïl dont l’espagnol se limitait aux mots playa, fiesta et matador se tourna alors vers son jeune interprète pour qu’il se mette à l’ouvrage. Après c’était pour ça qu’il l’avait embauché.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyDim 8 Avr - 12:09:58

L'endroit semblait parfaitement calme. James observait le fond du terrain, en direction du mur de l'usine ; du coin de l'oeil, il guettait aussi la réaction de Mikhaïl, et il se détendit en même temps que le Russe. Tout se passait comme prévu, très bien... Cela ne signifiait pas qu'il fallait baisser la garde, au contraire. Son escapade en Chine avait fait de James un type prudent à l'excès, constamment sur le qui-vive. Toujours avoir la baguette sous la main, c'était la première règle pour pouvoir réagir promptement – et cette règle était, à l'étranger, encore plus valable qu'en Angleterre. Tout en suivant, à grandes enjambées, Dmitriev qui s'avançait vers la palissade, le jeune homme ôta donc son manteau, qu'il plia soigneusement sur son bras droit de façon à cacher sa baguette magique toujours prête à servir. Ainsi, il avait simplement l'air d'un Gringo un peu maniéré craignant de salir sa précieuse pelure... Mieux valait passer pour un touriste moldu que pour ce qu'il était réellement, à savoir un sorcier aux occupations fort peu licites...

Les deux hommes débouchèrent dans une ruelle déserte, et Dmitriev profita du calme pour résumer à son acolyte la suite des réjouissances. James remarqua, sans rien dire, que son idée du sortilège d'Amnésie avait été magnifiquement intégrée au déroulement des opérations, et un léger sourire passa sur ses lèvres. Il se contenta de deux mots pour répondre, alors qu'ils atteignaient une grande avenue très fréquentée :


-Très bien.

Ils ne purent converser davantage, dans le vacarme ambiant. La circulation était dense dans cette rue, les vélos et motos se mêlaient tant bien que mal au flux ininterrompu des voitures, quelques cris fusaient... Un automobiliste imprudent manqua de se faire stupéfixer, en klaxonnant à l'instant précis où les deux sorciers longeaient sa voiture. Rendu nerveux par ce bruit auquel il n'était guère habitué, James surveillait les alentours, les sens en alerte ; il tâchait aussi de jeter de temps en temps un coup d'oeil au plan que tenait Dmitriev, pour voir si leur but étaient proche – et, accessoirement, pour vérifier discrètement que le Russe ne se trompait pas de direction. Après vingt bonnes minutes de marche, ils s'engagèrent dans une rue un peu moins passante, et Mikhaïl s'arrêta un instant, devant un café miteux, pour ranger le plan dans sa poche. On y était.

La Patata Caliente était, de toute évidence, un café sorcier, mais il n'avait pas grand-chose de commun avec ceux que James connaissait en Grande-Bretagne – hormis, peut-être, la Tête de Sanglier. Une odeur de friture sucrée flottait dans l'air, et la chaleur la rendait encore plus écoeurante. Les conversations cessèrent lorsque Mikhaïl et James entrèrent dans la salle ; les clients, cependant, n'osaient guère observer trop ouvertement le Russe, probablement dissuadés d'être indiscrets par sa haute taille. Indifférent à tout, Dmitriev se dirigea droit vers un type à l'air fatigué, installé seul à une table. Dès qu'il s'aperçut que ses clients étaient là, l'homme changea de mine ; il se leva, toute trace de fatigue chassée de son visage, les gratifia chacun d'un salut de la tête, et se rassit en interrogeant Mikhaïl sur l'identité de « l'autre monsieur ». Sur un signe du Russe, James répondit, en espagnol, en en rajoutant un peu :

-Je suis le secrétaire particulier de Son Excellence, et son interprète.

Le terme d'Excellence acheva de convaincre l'homme qu'il avait affaire à de gros bonnets, et il marmonna une parole d'excuse pour cette question. Mikhaïl prit place face au Péruvien, et James s'installa près de son patron ; il put, enfin, ôter le manteau qui lui tenait chaud au bras, et rangea sa baguette magique, suivi du regard par le guide. Même sans manteau, il faisait affreusement chaud, et il espéra qu'ils pourraient bientôt retrouver leurs bagages pour se changer.
Leur guide leur suggéra poliment de goûter une boisson locale, telle que la chicha, et les informa qu'ils auraient certainement besoin de consommer du mate de coca pour combattre le mal des montagnes.


-J'en ai toujours une provision suffisante avec moi lorsque je conduis des étrangers, ajouta-t-il en tapotant une besace de tissu coloré posée sur le côté de la table.

James crut déceler un vague mépris dans ces propos, mais il conserva le calme olympien qui convenait au secrétaire particulier d'une Excellence en vadrouille. La conversation ne porta guère que sur des banalités, de peur d'être entendus par les autres clients du bar ; leurs verres à peine terminés, les trois hommes quittèrent la Patata Caliente pour prendre la direction de leur bivouac en montagne.

***

L'air, en hauteur, était un peu plus frais, mais des vêtements plus légers avaient été les bienvenus. James avait d'autant plus apprécié de pouvoir se changer qu'il n'avait pu le faire tout de suite : le soigneur les attendait à l'auberge, et les derniers détails de l'opération avaient été réglés, au cours d'une longue discussion. Rien ne devait être laissé au hasard, et Mikhaïl avait tenu à ce que tout soit parfaitement au point avant de mettre un terme à la négociation. Les deux hommes avaient alors, enfin, pu se détendre, et prendre leurs aises ; l'auberge manquait de confort, mais la meilleure chambre avait été réservée pour eux, et une douche rudimentaire crachotait une eau tiédasse qui leur sembla délicieusement rafraîchissante. Le soir venu, on leur servit un dîner copieux bien qu'un peu rustique ; on avait installé ces illustres étrangers à une grande table, à l'écart du commun des mortels, si bien qu'ils pouvaient converser, en anglais, sans risquer d'être entendus. Ils n'avaient guère eu l'occasion de le faire jusqu'alors ; sans détours, James porta la conversation sur leurs complices :

-Je ne sais pas ce que vous en pensez, patron, mais notre guide ne m'inspire guère de confiance. J'ai l'impression qu'il n'aurait aucun problème à nous trahir, si quelqu'un lui offrait davantage. En revanche, le soigneur m'a l'air d'un brave type...

En réalité, il avait quelques scrupules à priver cet homme de toute récompense, et espérait que Dmitriev se laisserait convaincre de lui lâcher quelques pièces d'or pour sa peine. Pour le guide, en revanche, inutile de faire des frais : le type semblait autant les surveiller que les guider, et cela était fort déplaisant. En voilà un qui n'aurait pas volé son sortilège d'Amnésie, une fois qu'ils seraient revenus en plaine.
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMar 10 Avr - 13:35:17

Mikhaïl avait beau ne pas comprendre un traître mot de ce qui se disait à ses côtés, il avait assez fréquenté l’espèce humaine pour savoir déceler les pensées d’une personne à son attitude corporelle. Un froncement de sourcils un peu trop prononcé, un haussement d’épaules imperceptible, l’ombre d’un sourire, un frémissement, tout servait à se faire une idée des dispositions d’esprit de ses interlocuteurs. Et ce qu’il observait ne lui plaisait qu’à moitié. Si James tenait son rôle à merveille et conservait le calme olympien qui convenait à chacun de ses subordonnées dans une mission d’une telle importance, le guide, lui, ne cachait pas son léger mépris pour ses étrangers un peu trop bien habillés à son goût. Et si Mikhail pouvait comprendre l’esprit patriotique que l’homme ressentait -il était lui-même un fervent défenseur de notre Grande Mère Russie- il savait garder ses convictions personnelles au placard quand il traitait d’affaires d’une importance aussi capitale, qualité dont le Péruvien était clairement dépourvu. Le mafieux en fut légèrement agacé, mais préféra ne pas juger l’homme avant de le voir à l’œuvre. On pouvait parfaitement avoir des divergences d’opinion avec quelqu’un et s’entendre pourtant à merveille au moment de travailler ensemble. Il connaissait ainsi plus d’un spécialiste free-lance qui louait ses services à la famille Dmitriev lorsque celle-ci en avait besoin, mais aurait été tout à fait incapable de rentrer dans la structure hautement hiérarchisée de la mafia. Or, tout ce que Mikhaïl demandait à ses associés c’était d’être compétents, il se fichait comme de sa première vodka de savoir s’ils l’appréciaient ou non.

Il se contenta donc de boire sa chicha sans grand entrain -ça ne valait définitivement pas une bonne vodka, même pas un bourbon digne de ce nom en réalité- en laissant voguer son regard sur le reste de la salle pour s’assurer que personne ne s’attardait un peu trop sur leur atypique groupe. Il fut heureux de constater que ce n’était pas le cas, Lev avait choisi un bon endroit pour être tranquilles. Bon, il constata néanmoins un groupe de trois jeunes tatoués de partout qui leur jetaient des coups d’œil réguliers mais il lui suffit d’échanger un regard froid comme l’acier avec le meneur de la bande et ce dernier retourna à ses affaires. Il ne fallait pas être particulièrement intelligent pour comprendre qu’il s’agissait là de menu fretin de la pègre locale mais Mikhaïl n’en avait que faire, il était parfaitement en mesure d’éliminer ce genre de menaces si les gosses se sentaient d’humeur rapporteuse. Ce que son regard laissa bien clair.

La discussion entre James et leur guide prit ensuite fin peu après et ils se rendirent à l’auberge où ils allaient séjourner les jours suivants. Le soigneur les y attendait déjà et le vieux russe éprouva une bien meilleure impression en le rencontrant. Il avait l’air fatigué, n’avait probablement pas quarante ans mais en faisait presque cinquante. Le mafieux se dit que c’était probablement la maladie de sa femme qui le minait ainsi de l’intérieur et l’image de sa Natalia, magnifique dans la dernière robe qu’elle avait commandé à une jeune designeuse allemande qui commençait à monter dans les milieux huppés de la mode, s’imposa à lui. Il s’imagina une seconde son aнгел aux portes de la mort et une vague de terreur s’empara de son cœur car, oui, malgré la facilité avec laquelle il pouvait tuer un homme Mikhaïl était un incorrigible romantique et aimait sa femme de tout son cœur. Elle avait beau être de vingt ans sa cadette et leur union résulter d’un mariage arrangé entre familles de sang-pur, ils s’aimaient réellement. En tous les cas, lui l’aimait et la couvrait de cadeaux, ce qu’il en était pour elle, il ne le saurait probablement jamais vraiment, puisque les femmes de la haute société apprenaient très tôt à ne jamais dévoiler leurs véritables sentiments, quelle que soit la situation, pour protéger les intérêts familiaux. Il compatit néanmoins avec le soigneur.

C’est pourquoi lorsque James souleva les mêmes problèmes qu’il avait déjà pu remarquer au dîner, il acquiesça du chef.


-Je suis bien d’accord avec vous mon garçon. Je ne confierai ma vie à Mr Santana pour rien au monde. Il connaît très probablement les sentiers de montagne comme sa poche et c’est pour cela que je l’ai embauché mais il semble assez évident qu’il ne répond qu’à un seul maître, et celui-ci s’appelle argent.

Ce qui était toujours fort problématique lors des moments critiques. En effet, les hommes uniquement motivés par la bourse avaient pour habitude de ne pas prendre de risques s’ils ne se considéraient pas assez bien payés. Contrairement à ceux qui prenaient un véritable plaisir à voir leur travail bien fait, ils n’y voyaient qu’un moyen de s’enrichir au plus vite. Ce que Mikhaïl respectait, à condition que ses exigences de départ soient requises. Or, plus le temps avançait et plus il doutait de leur guide. Par conséquent, il allait falloir s’en occuper au plus vite.

-Il se croit assez bien payé pour ne pas nous perdre quelque part mais il ne tiendra jamais sa langue. Vous vous en chargerez donc pour lui comme convenu. Quant au soigneur, s’il s’acquitte de son travail en bonne et due forme, je pense que je peux me délester des 500 gallions promis. Ce pauvre homme a l’air d’en avoir bien besoin. Par contre, vous êtes en charge de lui laisser on ne peut plus clair que la moindre information divulguée lui coûterait bien plus qu’il ne pourra jamais payer, à lui et à sa famille, termina-t-il d’un ton sans appel.

Il avait beau être un homme de cœur quand il pouvait se le permettre, il était avant tout à la tête d’un empire de plusieurs milliers de gallions et on ne jouait pas avec la sécurité de pareils investissements. Si le soigneur se révélait trop bavard, il n’aurait aucun remords à envoyer un quelconque assassin lui régler son compte, à lui et à ses proches. Car il ne fallait jamais laisser de proches parents en vie, sinon on s’embourbait dans un cycle de vengeance éternel et Mikhaïl ne pouvait pas se permettre ce genre d’enfantillages. Soit les choses se passaient comme prévu et l’homme empochait ses 500 gallions et les oubliait à jamais, soit les 500 gallions iraient au tueur à gages chargé de l’éliminer. C’était aussi simple que cela.

Cette information refroidit quelque peu l’ambiance du dîner mais Mikhaïl ne s’en affecta pas vraiment. Il était habitué à ce que ses hommes le craignent, c’était la seule façon pour que la plupart des brutes qui travaillaient à son service ne lui fassent pas faux bond. Or si Kirkby avait l’air d’une autre trempe, à partir du moment où il travaillait pour lui, il le traiterait à l’égal de ses autres subordonnés.
_______

Le lendemain matin, lorsqu’ils descendirent prendre leur petit déjeuner le soigneur les attendait déjà. Il avait une griffure qui lui barrait tout le visage et avait une couleur violacée peu alléchante mais la fiole demandée se trouvait dans sa main. Il les accueillit d’une légère courbette et la transaction s’effectua sans problème. Mikhaïl put même voir les différentes expressions du visage de l’homme refléter les émotions successives qu’il ressentit. Tout d’abord l’incrédulité à l’idée de posséder réellement une telle somme, puis l’inquiétude que quelqu’un la lui vole et enfin la terreur lorsque James le mit en garde contre de possibles confidences malvenues. Il fit néanmoins honneur à sa réputation d’homme intelligent, se contenta d’hocher vigoureusement la tête, salua une dernière fois et s’en retourna d’où il venait.

Il ne leur restait désormais plus qu’à attendre que le guide descende de sa chambre pour les ramener en ville. Ils s’installèrent donc dans le salon pour attendre sa venue mais lorsqu’au bout d’une demi-heure, ce dernier était encore aux abonnés absents, Mikhaïl envoya James dans sa chambre pour voir ce qui se passait car il avait un très mauvais pressentiment.
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMar 17 Avr - 13:50:17

La nuit n'avait pas été particulièrement reposante pour les deux mafieux. Après le dîner, ils s'étaient enfermés dans leur chambre, avec l'intention de se coucher tôt : la journée du lendemain serait rude, avec le retour en plaine et le transplanage vers l'Europe, mieux valait se reposer... Mikhaïl avait fixé le programme du lendemain, en quelques phrases brèves – lever dès l'aube, transaction la plus rapide possible, formalités diverses dont les sortilèges d'amnésie, et retour à Londres peu après la tombée de la nuit, ce qui ne laissait guère de temps pour s'amuser. De toute évidence, Dmitriev n'avait pas très envie de bavarder ce soir-là, et ses ordres avaient été donnés sur un ton qui dissuadait de répondre, fût-ce par politesse. Il lui avait fallu un peu de temps pour définir son comportement avec James, mais il avait fini par se décider ; plus de « monsieur Kirkby », plus de précautions oratoires, le mafieux russe avait manifestement choisi de traiter le jeune homme comme n'importe lequel de ses employés ; il l'avait bien montré le soir, à table, et James savait à présent à quoi s'en tenir. Il se contenta donc de l'essentiel, et entreprit de rassembler ses affaires afin de gagner du temps le lendemain matin. Il avait l'intention de se coucher dès que sa valise serait terminée, mais lorsque ce fut fait, il se rendit compte qu'il était parfaitement éveillé ; les sens en alerte, il guettait avec attention chaque bruit venant du dehors, comme s'il pouvait suivre l'avancée du travail du soigneur par la fenêtre ouverte. Il finit par s'allonger, un livre entre les mains, mais même la lecture ne parvint pas à le distraire ; une angoisse inexplicable le maintenait en éveil, alors que le déroulement de la mission, à cet instant, ne dépendait absolument pas de lui. Ils ne pouvaient qu'attendre, et espérer que tout se passe au mieux – car James avait pris à coeur cette mission, autant que s'il avait travaillé pour son propre compte, et un échec l'aurait vivement affecté. Il était convaincu que Dmitriev était aussi nerveux que lui, même s'il ne le montrait pas, mais il se garda de lui adresser la parole le premier ; il revenait au Russe de briser le silence, s'il voulait engager une discussion. Rien ne vint, et, à une heure avancée de la nuit, le jeune homme finit par trouver le sommeil, malgré sa fébrilité et la température encore étouffante de la chambre.

**

Une excellente surprise les attendait au matin : le soigneur, salement amoché, mais souriant sous sa blessure, porteur de la précieuse fiole. James se sentit plus léger en voyant le flacon : une bien bonne chose de faite... La partie la plus hasardeuse de l'expédition était réglée, le reste ne devrait être qu'une promenade de santé, songea-t-il. Mikhaïl, fidèle à sa parole, tendit au soigneur une bourse rebondie, que l'homme reçut avec une sorte de ferveur incrédule. Il n'avait certainement jamais vu autant d'argent, et, un instant durant, posa un regard éperdu d'admiration sur l'homme qui maniait nonchalamment de telles fortunes. Sur un signe de Dmitriev, James prit le soigneur par l'épaule, et lui fit faire quelques pas dans la pièce en lui expliquant brièvement ce qu'il risquait s'il parlait de leur rencontre. Il ajouta, pour faire bonne mesure, que Son Excellence, si elle était satisfaite, pourrait bien refaire appel aux services d'un loyal collaborateur, et le soigneur promit de ne jamais mentionner cette affaire, avant de saluer une dernière fois et de s'éclipser.
Les deux mafieux purent alors prendre leur petit déjeuner, à la même table que celle qu'on leur avait réservée la veille ; leur guide ne parut pas dans la salle à manger, mais ils ne s'en inquiétèrent pas immédiatement. Pour l'heure, la satisfaction d'avoir fait affaire, et également le désir de rentrer au plus vite à Londres, occupaient entièrement leur esprit ; ils ne parlèrent guère tandis qu'ils avalaient un solide petit déjeuner, puis s'installèrent dans une petite pièce pompeusement baptisée salon, pour y attendre leur guide qui devait s'être attardé à l'office. Un long moment passa sans que Santana ne se montre, et cette absence ne tarda pas à les troubler. Il était impossible que l'homme ne se soit pas réveillé ; s'il était parti seul, chose improbable, il avait dû le faire bien avant le lever du jour, car ils étaient descendus alors qu'il faisait encore nuit... Leurs regards se croisèrent, et James comprit toute l'inquiétude de Mikhaïl. Le Russe lui ordonna d'aller chercher Santana dans sa chambre, mais sa voix trahissait sa nervosité : il ne croyait pas une seule seconde que le Péruvien pût être bien sagement dans sa chambre... James se leva, en silence, et gravit l'escalier qui menait aux chambres. Santana logeait dans un corps de bâtiment réservé aux guides habitués, tandis que les deux étrangers avaient été installés dans la partie la plus prestigieuse – façon de parler – de l'établissement. Parvenu devant la porte de la chambre occupée par le guide, James vérifia les alentours : personne dans le couloir. Il tira donc sa baguette magique de sa poche, et entra dans la pièce ; elle était déserte, et le guide avait, de toute évidence, vidé les lieux. Il avait récupéré ses affaires, tiré les draps sur le lit, et laissé la fenêtre entrouverte... Il n'était même pas utile de perdre du temps à lancer un sortilège d'Hominis Revelio. L'urgence était de retrouver ce guide de malheur... James songea tout d'abord à descendre s'enquérir de lui à la cuisine, où il passait pas mal de temps, mais un doute le poussa à vérifier d'abord la chambre qu'il occupait avec Dmitriev. En silence, il traversa le bâtiment, et sut aussitôt qu'il avait eu raison. Le sortilège de Collaporta qu'ils avaient lancé en descendant avait été annulé, et la porte était entrebâillée. Tout indiquait que le visiteur indélicat n'avait pris aucune précaution : il n'avait lancé aucun sort de protection, et ne s'était même pas donné la peine de refermer correctement la porte... Il escomptait pouvoir faire son coup, quel qu'il soit, très vite.
Le plus discrètement possible, James, tapi contre le mur du couloir, tendit le cou pour voir ce qui se tramait dans la chambre ; par le faible interstice laissé par la porte à peine ouverte, il ne pouvait embrasser toute la scène, mais il reconnut sans difficulté Santana, de trois quarts, penché sur les bagages que ses deux clients avaient rassemblés sur l'un des lits. Baguette en main, il était occupé à marmonner quelque chose qui ressemblait à des incantations. Qu'espérait-il ? Parvenir à briser les protections magiques des bagages pour trouver de l'argent, ou pour faire main basse sur la fiole dont il connaissait l'existence ? Travaillait-il sur commande, ou s'agissait-il simplement d'une initiative personnelle ? Tout cela méritait un interrogatoire approfondi... Sans davantage d'atermoiements, le jeune homme assura sa prise sur sa baguette magique et, sans un mot, stupéfixa le guide qui tomba à la renverse sur le lit. L'instant d'après, James l'avait débarrassé de sa baguette et, pour faire bonne mesure, l'avait solidement ligoté, le tout en une poignée de secondes ; le repenti s'étonnait un peu de voir à quelle vitesse les vieux réflexes lui revenaient, alors qu'il avait quasiment cessé de se battre depuis le serment idiot auquel on l'avait contraint plus d'un an auparavant... Finalement, ce n'était pas désagréable de renouer avec l'action. L'ancien Mangemort vérifia que le guide ne risquait pas de leur fausser compagnie, verrouilla la porte, et descendit retrouver Mikhaïl en s'efforçant de marcher à une allure normale pour ne pas attirer l'attention. Parvenu dans le salon, il se pencha pour murmurer à l'oreille du Russe :


-J'ai trouvé Santana qui essayait de fouiller nos bagages, patron. Je l'ai neutralisé sans toucher à sa mémoire, le temps que vous preniez une décision à son sujet. Si vous voulez l'interroger sans perdre de temps, je dois avoir un peu de Veritaserum dans ma valise.

Il ne se déplaçait jamais sans un petit assortiment de potions, et le sérum de vérité en faisait partie. L'expérience lui avait appris que ce précieux breuvage pouvait être utile dans bien des circonstances et faire gagner du temps – et le vieux dicton ne mentait pas qui disait que le temps, c'était des Gallions.
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyVen 20 Avr - 8:48:54

Tandis que James se levait pour aller vérifier ce qui retenait si malencontreusement leur guide, Mikhaïl prit sur lui pour ne pas laisser l’agacement et la colère l’envahir. Tout s’était si bien déroulé jusque-là qu’un imprévu de dernière minute viendrait gâcher son impression de travail vite et bien fait. Il avait toujours été pour l’efficacité en tout ce qu’il entreprenait et s’il y avait bien une chose qu’il ne supportait pas chez ses collaborateurs c’était l’incompétence. On pouvait ne pas savoir ou ne pas connaître mais, dans ce cas-là, on prévenait avant c’était la moindre des choses. Lorsqu’on s’accordait un mérité, il fallait être à la hauteur de sa réputation, sinon c’était une rupture de contrat toujours basé sur une confiance réciproque. Et Mikhaïl haïssait qu’on le prenne pour un idiot. Or, il avait la très désagréable impression que c’était exactement le sentiment qu’il avait inspiré à Santana et que ce dernier avait décidé d’en profiter. En ne donnant pas le plein potentiel de ses capacités et surtout en … faisant Viviane seule savait quoi maintenant !

Il ferma les yeux une demi-seconde et calma ses ardeurs. Si l’homme avait décidé de les doubler, il en paierait le prix mais il ne devait pas perdre le contrôle de ses nerfs dans un lieu public. Après tout, la réussite majeure de cette mission était de tout accomplir dans la discrétion la plus complète, son commanditaire avait été on ne pouvait plus clair sur ce point et le Russe n’avait nullement l’intention de le décevoir. Cependant lorsque James revint, visiblement tendu malgré son expression faciale miraculeusement contrôlée si ce n’était pour la dureté qu’avait pris son regard qui le trahissait, il sut que ses soupçons s’étaient révélés véridiques. Ce chien de Santana avait fait des siennes.

Un hochement de tête appréciatif salua l’initiative fort avisée de son jeune accompagnateur et le sexagénaire se promit de remercier correctement Xenophius en rentrant. Il ne l’avait pas floué sur la marchandise, son filleul était de la main-d’œuvre de qualité. Il suivit donc l’Anglais jusqu’à la chambre qu’ils partageaient et referma la porte derrière eux. Par précaution, il bloqua celle-ci magiquement et lança un sortilège d’insonorisation sur la pièce. Les informations qui ne manqueraient pas d’être divulguées en son sein devaient rester à l’abri d’oreilles indiscrètes en tout genre. Sans compter qu’il n’avait pas encore décidé comment faire payer sa traîtrise à l’homme stupefixié devant lui et empêcher des cris d’être entendus de leurs voisins de palier ne serait pas de trop.

Il se dirigea ensuite vers sa valise et en sortit une petite fiole violette qu’il but d’une traite avant de se tourner de nouveau vers James pour lui expliquer.


-Potion de Babel, précaution au cas où nous aurions été séparés et que je m’étais retrouvé seul au beau milieu de tous ces Hispaniques. Je préfère comprendre ce que cet homme a à dire plutôt que nous perdions un temps précieux à chaque fois au moment de la traduction. Sinon, concernant la marche à suivre, je vais réveiller notre invité, vous lui ferez boire le Vérisatérum et je mènerais l’interrogatoire.

Il avait un certain nombre de questions à poser au Péruvien et ne voulait pas déléguer cette tâche à un étranger pour autant qu’il puisse apprécier ce dernier. Les sommes en jeu étaient bien trop mirobolantes pour laisser le moindre détail au hasard. Surtout qu’il avait un mauvais pressentiment dans toute cette histoire, or s’il n’était pas homme à croire aux superstitions, en bon mafieux et en bon sorcier, il avait appris à se fier à cette espèce de sixième sens qu’on ne s’expliquait jamais vraiment mais qui pouvait vous sauver la vie à plus d’une reprise. Il lança donc un Enervatum sur le guide et celui-ci ouvrit des yeux paniqués en prenant conscience de la situation dans laquelle il se trouvait présentement. Il s’apprêtait visiblement à proférer quelque insanité mais Mikhaïl ne lui en laissa pas le temps en lui lançant un Silencio surpuissant, signe de sa mauvaise humeur. Il fit ensuite signe à James de déverser le contenu de la potion de vérité dans le gosier du Péruvien.

Ils attendirent une minute que la potion fasse effet et lorsque les yeux de l’homme perdirent un peu de vivacité, Mikhaïl annula son sortilège de silence. Commença alors l’interrogatoire à proprement parler.


-Tu es bien Marcos Santana ?

Toujours commencer par des phrases s’assurant que la potion avait correctement fait son effet.

-Si, señor.
-Tu as bien été engagé récemment pour accompagner deux étrangers jusqu’à la réserve de Dents-de-Vipère ?
-Si, señor.
-Savais-tu ce pour quoi ils s’y rendaient ?
-Pour dérober du poison.
-Avais-tu une autre mission à accomplir en plus de celle-là ?
-Si, señor.

Voilà, on y était. Il n’avait pas agi de sa propre initiative mais sur les ordres de quelqu’un. Il s’agissait désormais de découvrir l’identité de ce quelqu’un et de lui faire passer à jamais l’envie de s’en prendre aux intérêts des Dmitriev.

-Pour qui travailles-tu et quelle était cette mission ?
-Je suis affilié au cartel Diablo Negro depuis désormais trois ans, señor. Je suis accro aux paris sur les matchs de Quidditch et je leur devais une somme énorme que je ne pouvais pas payer, alors j’ai commencé à travailler pour eux. Ils savaient que ma connaissance du terrain me mettait souvent en contact avec de riches étrangers qui avaient à faire dans l’anonymat des Andes, mon rôle était donc de découvrir l’identité exacte de mes clients pour la donner ensuite au cartel qui pouvait les faire chanter. Soit ils payaient, soit leurs activités sur le sol péruvien étaient dévoilées au grand jour. Jusqu’à maintenant, ça marchait bien, mais jusqu’à aujourd’hui, j’ai surtout eu à faire à de riches millionnaires qui voulaient entretenir une liaison loin de leurs épouses légitimes ou encore à des petites frappes qui avaient besoin de se débarrasser d’objets ou de personnes encombrantes. J’ai tout de suite su que votre cas était différent. La paye était certes sensiblement similaire mais la mission que vous veniez accomplir nettement plus dangereuse que ce à quoi je suis habitué. J’étais opposé à poursuivre avec le chantage mais je n’ai pas eu le choix.

L’impression de Mikhaïl se confirmait. Santana avait beau être un enfoiré de première, il était loin d’être idiot et savait quand il convenait d’abandonner mais apparemment pas ses patrons. Eh bien, ils allaient le regretter amèrement. Sa voix se fit donc glaciale et il posa la dernière question.

-Je veux des noms et la direction de leur quartier général.
-Je ne connais qu’un nom. Diego Martinez, c’est le chef de la cellule de Lima. C’est toujours avec lui que je traite, il loge dans les beaux quartiers de Lima. 157, avenue des Lilas dans le nord de la ville. Officiellement, il est dans l’import-export. Vous reconnaîtrez sa maison de loin, elle surplombe toutes les autres. L’entrée grouille de gardes en habits moldus mais ne vous y trompez pas, ce sont tous des sorciers et la maison dispose des meilleurs sorts de protection que ce pays offre. Vous ne pourrez jamais vous y introduire.
-Ça tu n’en sais rien. Tu ne sais pas ce dont je suis capable, finit-il avec un regard à faire froid dans le dos qui fit légèrement trembler l’homme malgré l’état d’hébétude induit par le Véritasérum et le fait que les cordes lui interdisaient quasiment tout mouvement.

Il se tourna ensuite de nouveau vers James et lâcha avec un désintérêt désormais total pour Santana.


-Occupez-vous de rayer tout souvenir de nous avoir rencontrés de son esprit, puis lancez-lui un sortilège de confusion et abandonnez-le dans la montagne. S’il connaît si bien les environs, il finira bien par retrouver son chemin, sinon tant pis pour lui. Rendez-vous ensuite à Lima et réservez un hôtel pour deux nuits de plus, nous avons du travail en perspective. Quant à moi, je dois contacter Lev pour le prévenir que nous resterons sur place plus longtemps, il se chargera de prévenir Xenophius en ce qui vous concerne. Je vais également le charger d’en apprendre autant que possible sur ce fameux Martinez, ce fils de pute va apprendre ce qu’il en coûte de tenter de me faire chanter. Je vous attendrais ici, revenez quand vous aurez tout terminé et je vous mettrais au courant de la suite des évènements. Je compte sur vous mon garçon, vous avez fait un travail admirable jusqu’ici, continuez ainsi et vous pouvez considérer qu’en ce qui me concerne, la caisse commune est déjà sous votre contrôle. Des questions ?
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyDim 22 Avr - 21:14:13

Imbécile de guide... Depuis le début, James l'avait trouvé profondément antipathique, mais il ne l'aurait pas cru assez idiot pour tenter de trahir ouvertement ses clients. L'homme semblait, au contraire, plutôt intelligent, et il aurait dû comprendre que doubler Dmitriev était une très mauvaise idée. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que le Russe était homme à ne pas se laisser faire, et que la moindre incartade serait sévèrement châtiée... En tout cas, James avait, dès le début, eu clairement conscience qu'il valait mieux ne pas le décevoir, encore moins essayer de le duper ; peut-être était-ce parce qu'il avait été dûment chapitré par son parrain, peut-être était-ce parce qu'il connaissait la nature exacte des activités de Dmitriev, toujours est-il qu'il avait tout de suite su à quoi s'en tenir avec lui, et il estimait que Santana aurait bien pu le comprendre aussi. Mais il avait sous-estimé l'adversaire, et, par sa faute, la mission allait prendre du retard. Tout s'était si bien passé, jusque-là...

Le jeune homme eut un mouvement de recul involontaire lorsque Mikhaïl se leva vivement, le regard dur, pour se rendre auprès du guide. Il ne devait pas faire bon se trouver en position de subir sa colère, et ce cher Santana allait certainement en faire les frais. Ainsi que James l'avait supposé à Londres, le Russe parvenait à conserver un contrôle de lui-même tout à fait admirable ; mais il était manifeste qu'il était terriblement contrarié, et qu'il ne devait pas avoir l'habitude, dans ces cas-là, de faire dans la dentelle. Par chance, il ne se livrait pas à une colère aveugle et destructrice ; d'un signe de tête, il avait indiqué à James que lui-même ne craignait rien, et même que son intervention avait été appréciée. Le jeune homme, en silence, précéda son patron jusqu'à la chambre où il avait consciencieusement saucissonné Marcos. Sans attendre les ordres de Mikhaïl – il n'était pas douteux qu'il voudrait utiliser la potion proposée -, James ouvrit sa valise pour en tirer une trousse à pharmacie, dans laquelle il sélectionna une minuscule fiole. Veritaserum maison, efficacité garantie. Il fit avaler le breuvage au Péruvien, tandis que Dmitriev, de son côté, absorbait le contenu d'une fiole violette qu'il avait tirée de ses bagages. Devant l'air interloqué de son compagnon, il donna quelques explications, puis, sans tarder, passa à l'interrogatoire de Santana, dans un espagnol parfait. James se promit d'étudier la potion de Babel lorsqu'il en aurait le temps ; il connaissait peu ce mélange, mais ses effets étaient réellement intéressants... Le Russe n'avait manifestement pas besoin de lui, et James s'adossa au mur, baguette en main, pour écouter l'interrogatoire. Il échangea un regard sombre avec Dmitriev lorsque Santana révéla qu'il avait agi pour le compte d'un cartel, et qu'il s'agissait de monter une opération de chantage à leurs dépens... L'affaire se corsait salement, car ces cartels avaient largement le pouvoir de nuire au Russe – et à son acolyte – y compris en Angleterre. Il fallait contrer cette menace, immédiatement et sans la moindre faiblesse, sous peine de devoir subir leur loi.
Telle était, visiblement, l'intention de Mikhaïl. Le retour à Londres était ajourné, et l'expédition se prolongeait à Lima. James se redressa, secoua négativement la tête lorsque Dmitriev lui demanda s'il avait des questions, et répondit simplement :


-Je tâcherai d'être de retour avant que votre potion de Babel ait cessé d'agir, monsieur.

Assurant sa prise sur sa baguette magique, il s'agenouilla auprès du Péruvien toujours ligoté, et ajouta :

-Je vais m'occuper de sa mémoire ici, je serai plus tranquille.

Il n'avait pas l'intention de se contenter d'un sortilège d'Amnésie, trop basique et facile à déceler, mais entendait modifier plus finement la mémoire de Santana de manière à n'effacer que les souvenirs ayant trait à sa rencontre avec Dmitriev et lui-même. À mi-voix, il se mit à réciter des incantations, tout en promenant sa baguette au-dessus du front du prisonnier. Après un moment, il estima que cela devait suffire, et vérifia cette impression en posant quelques questions à Santana ; le Veritaserum agissait encore, et l'homme lui confirma qu'il ignorait tout de Dmitriev, de lui-même, des Dents-de-Vipère et du chantage prévu.

-Parfait, en route ! lança James, satisfait, en se levant.

En homme prudent, il s'assura de la pleine coopération de Santana en lui lançant un sortilège d'Imperium avant de le détacher, puis tous deux prirent congé de Mikhaïl.

**

Le soir venu, James rentra fourbu à l'auberge. Il avait scrupuleusement exécuté les ordres de Mikhaïl, sans rien oublier : après s'être fait indiquer le chemin par le guide, il lui avait lancé un sortilège de Confusion et l'avait abandonné sur le sentier ; sans se soucier du sort de Santana, il avait marché jusqu'à Pucallpa – le Péruvien avait formellement déconseillé de transplaner, en raison de l'altitude, et avait maintenu cet avis sous Veritaserum : mieux valait en tenir compte, quitte à se retarder. De Pucallpa, James avait pu se rendre à Lima sans difficulté ; réserver une chambre d'hôtel n'avait guère pris de temps, mais ensuite, il avait dû revenir à pied de Pucallpa jusqu'à l'auberge. Lorsqu'il entra dans la chambre, il était en nage, écarlate, et n'aspirait qu'à aller passer des heures sous la douche, mais Dmitriev l'attendait de pied ferme. Encore essoufflé d'avoir pressé le pas dans le dernier raidillon, le jeune homme annonça :

-Mission accomplie, patron. Je me suis renseigné à la Patata Caliente, ils disent qu'on peut voyager par Portoloin sans danger, même en altitude... On doit pouvoir en créer un pour se rendre à Lima sans perdre de temps... Je ne l'ai pas fait pour ne pas attirer l'attention par des déplacements en Portoloin répétés, mais je pense qu'un seul passera inaperçu.

Tout en parlant, il s'était assis sur son lit, heureux de pouvoir enfin cesser de solliciter ses pieds. La randonnée en montagne, en plein cagnard, ce n'était vraiment pas son truc. Attrapant le pichet d'eau qui se trouvait sur la table de chevet, il en but la moitié sans prendre la peine d'utiliser un verre, puis demanda :

-Et de votre côté, monsieur, du nouveau ?
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMar 24 Avr - 17:19:51

Mikhaïl passa la journée en communication avec Lev. Heureusement pour lui, cela faisait déjà de longues années que lui et son second possédaient un set de miroirs à double-sens pour pouvoir se contacter en toute circonstance, en particulier lorsque l’un d’entre eux était en mission sur le terrain loin de tout moyen de communication, parce que s’il avait dû trouver une cheminée dans le coin il aurait été dans de beaux draps. Le climat ne se prêtait pas trop à ce genre d’ajouts dans un bâtiment. Et question discrétion, il se voyait mal demander à leurs hôtes s’il pouvait leur emprunter un téléphone. Car oui, l’auberge où ils logeaient était tenue par des moldus qui ignoraient apparemment tout de la réserve de Dragons qui se trouvait à quelques kilomètres de leur miteux établissement. Ils vivaient en général des revenus fournis par les quelques randonneurs qui passaient dans le coin. Randonneurs qui eux non plus ne risquaient pas de tomber sur la réserve par hasard puisque celle-ci bénéficiait d’un nombre de sorts Repousse-Moldus presque aussi élevé que Poudlard.

Le Russe apprit ainsi par son bras droit que le Martinez en question n’était pas à prendre à la légère. Il s’était fait un nom dans le monde du crime sud-américain en se spécialisant dans l’échange d’informations. Il possédait un réseau d’espions dans tout le pays qui en rendait plus d’un jaloux, mais surtout qui le rendait extrêmement dangereux car il connaissait les cadavres dans les placards de tout le monde. Seulement, d’après Lev, cela l’avait rendu trop sûr de lui. Etant certain de connaître de quoi rendre quiconque inoffensif, il manquait de pratique dans un véritable Duel et d’après le géant, si Mikhaïl et James arrivaient jusqu’à lui, le rendre inoffensif serait un jeu d’enfant. La partie compliquée serait de passer outre son système de défense hautement élaboré. En effet, sur ce point, Santana ne leur avait pas menti -non pas qu’il l’ait pu de toute façon-, le Péruvien avait une équipe de protection à faire pâlir d’envie les plus gros lords de la drogue. Cependant, Mikhaïl ne s’inquiétait pas outre mesure. Il comptait sur sa propension à la violence facile, le talent indéniable pour les Sortilèges de James vu ce qu’il avait réussi sur le cerveau de Santana et l’effet de surprise pour régler toute cette affaire sans trop de dégâts.

Ainsi, lorsque le jeune Anglais revint le soir, il l’attendait impatiemment pour lui expliquer la marche à suivre. Ils pourraient ensuite payer l’aubergiste, s’occuper de créer un Portoloin et se rendre dans leur nouvel hôtel.


-De mon côté, je viens de recevoir par aigle royal, c’est ce qui se faisait de plus rapide et de plus sûr en matière de courrier postal magique, les plans de la maison de Martinez que j’avais demandé à Lev ce matin. J’ai tout juste eu le temps d’y jeter un coup d’œil avant votre arrivée. Venez donc les étudier avec moi, toute suggestion de votre part étant la bienvenue.

Il étala donc le plan des fondations, récupéré de manière totalement illégale par Lev et continua son explication.

-D’après Lev, nous devrions pouvoir nous introduire par le côté de la remise. Il devrait y avoir une ancienne entrée de domestiques aujourd’hui délaissée. Les gardes ne passent devant pendant leurs tours de garde que toutes les quatre minutes, ce qui nous laisse peu de temps pour l’ouvrir et nous faufiler ensuite jusqu’à l’intérieur de la villa sans nous faire repérer, mais ce n’est pas infaisable. Il convient donc de tenter au maximum d’y arriver. En effet, plus tard nous devrons faire appel à la violence pure et dure, moins nous aurons affaire à des gardes sur le qui-vive. Cependant, si vous voyez que la situation nous échappe, n’hésitez pas à faire feu. Le salon principal est ici, il devrait être bien gardé mais j’ai confiance en nos capacités. Mr Martinez va regretter d’avoir un jour pensé s’en prendre aux intérêts Dmitriev, croyez-moi.

En effet, ils auraient parfaitement pu repartir sans faire d’histoires, désormais qu’ils avaient la fiole qu’ils étaient venus chercher mais, non, il n’aurait pas été satisfait en laissant les choses à moitié finies. Cependant, par précaution, sachant les épreuves qu’ils étaient sûrs de rencontrer dans les jours à venir, il avait renvoyé la fameuse fiole à Lev via l’aigle que ce dernier lui avait envoyé en premier lieu. Il s’agissait d’un animal dressé depuis la naissance pour ne répondre qu’aux ordres de Lev et des membres de la famille Dmitriev, alors le paquet ne risquait rien. En temps normal, il aurait préféré garder le contenu avec lui, mais la fiole risquait moins à faire un trajet transatlantique qu’à aller crapahuter dans la poche du vieux mafieux sur les hauteurs de Lima pendant un Duel de sorciers. Mikhaïl considéra néanmoins utile de tenir informé son jeune acolyte de ce détail.

-Ah et sinon, la fiole est partie pour Londres en même temps que l’aigle venu nous apporter les plans. Ainsi, quoiqu’il arrive, nous pourrons considérer la mission comme un succès. Et maintenant, vous aviez parlé de confectionner un Portoloin pour rejoindre Lima, n’est-ce pas ? Alors ne perdons pas de temps, ce ne sont pas les objets inutiles et délabrés qui manquent dans cet endroit, dit-il avec mépris en désignant la pièce d’un geste du bras.

Ah décidément ses draps de soie lui avaient manqué cette nuit. Enfin, avec un peu de chance, ce soir l’hôtel dans la capitale serait de niveau un peu supérieur, du moins il l’espérait. Ils allaient avoir d’une bonne nuit de sommeil avant les aventures du lendemain
.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyDim 29 Avr - 12:27:41

Dès son entrée dans la chambre, James remarqua l'expression d'impatience de Mikhaïl, et comprit qu'il pouvait dire adieu à la douche rafraîchissante qu'il rêvait de prendre. Manifestement, le Russe n'avait aucune intention de perdre cinq minutes de trop dans cette auberge ; il brûlait d'expliquer la suite des opérations, et le jeune homme ne put s'empêcher d'admirer ce goût pour l'action chez un homme mûr. Il aurait pu considérer que, la fiole étant en sûreté, il pouvait repartir à Londres sans demander son reste ; après tout, Santana n'avait probablement pas pu communiquer les véritables identités des deux sorciers, qui s'étaient présentés sous des noms d'emprunt... Et comment remonter de Son Excellence le Comte de Mimsy-Porpington (le nom glorieux de Nick-Quasi-Sans-Tête avait été jugé parfait pour dissimuler l'identité du Russe) à Mikhaïl Dmitriev ? Quant à James, ses papiers le désignaient comme Tom McCann, sujet irlandais et secrétaire particulier du comte. Les faux papiers avaient été confectionnés par un spécialiste, et Martinez aurait eu bien du mal, pour commencer, à prouver qu'ils étaient faux... alors autant dire que découvrir qui se cachait derrière ces noms relevait de la gageure ! Mais Dmitriev n'entendait pas abandonner la partie ; il expliqua à James, en quelques mots, qu'il avait la ferme intention de se venger avant de quitter le Pérou. Le jeune homme se pencha sur les plans de la maison pour suivre les indications de son patron, essuyant du revers de la manche la sueur qui perlait sur son front ; il se laverait à Lima, et ne perdrait pas au change puisqu'il avait réservé une chambre dans un hôtel de grande classe. Mais avant d'aller à Lima, il devait encore faire un aveu à Mikhaïl – un aveu qui risquait de réduire à néant la bonne impression qu'il avait pu faire sur le mafieux.Un peu hésitant, il se lança, tandis que Mikhaïl repliait ses parchemins :

-Très bien... Je dois cependant vous avertir d'une chose, patron. Je peux vous seconder dans cette attaque, mais un certain nombre de sorts me sont interdits. Je me suis engagé, par serment inviolable, à n'utiliser ni le sortilège de mort, ni les sorts de torture.

Il ne donna pas d'autres précisions – Dmitriev poserait des questions s'il le voulait – et baissa les yeux, un peu gêné d'avoir dû révéler ce secret. Le Russe connaissait-il son passé de Mangemort ? Avait-il remarqué les cicatrices de son avant-bras gauche, qu'il s'efforçait généralement de ne montrer à personne ? C'était probable ; la cohabitation dans la même chambre impliquait ce risque. Dans ce cas, Mikhaïl saurait faire de lui-même les déductions qui s'imposaient.
Soucieux de briser le silence, et de dissiper la mauvaise impression que son aveu avait pu produire, James s'empressa de reprendre du service :


-Je me suis permis de régler la note, en passant... L'aubergiste m'attendait pour me donner la facture, alors comme il insistait, j'ai payé. Cela nous évitera de perdre du temps à redescendre. Je vais m'occuper de créer un Portoloin... avec ceci, tiens.

Il vida d'une traite la cruche d'eau qu'il avait laissée sur la table de nuit, et la posa devant eux, sur la table. D'un regard, il vérifia qu'ils n'oubliaient rien, puis s'occupa de rapprocher leurs bagages ; ils auraient besoin de les transporter eux-mêmes lors du voyage en Portoloin. Ceci fait, il attendit le signal de Mikhaïl pour lancer un sort qui fit briller la cruche :

-Dans une minute, monsieur...
* *

Lors de son rapide passage à Lima, plus tôt dans la journée, James s'était fait indiquer la rue magique de la capitale péruvienne ; il choisit d'y faire atterrir son Portoloin, par souci de discrétion. Au demeurant, l'hôtel n'était guère éloigné, et il serait aisé d'y arriver à pied, même avec les bagages.
Les deux mafieux se posèrent dans une rue bariolée, noire de monde, aux boutiques fascinantes – le Chemin de Traverse, l'exotisme en plus. James s'était un peu attardé lors de son premier passage, pour admirer les étals proposant des produits inconnus en Angleterre ; il avait retrouvé un peu de son émerveillement d'enfant à Londres, mais à présent qu'il était accompagné de Dmitriev, il n'accordait même pas un regard aux boutiques. On n'était pas là pour faire les magasins, et il ne doutait pas que son patron lui passerait un savon magistral s'il le surprenait à faire du lèche-vitrines.


-Par ici, patron. J'ai réservé à dix minutes d'ici, au Grand Hôtel.

James lança un sort aux valises pour les alléger – pour faire plus vrai, il convenait que Son Excellence ne porte pas la sienne ; chargé des bagages, il indiqua le chemin à Mikhaïl, et tous deux sortirent de l'artère magique. Dans les rues moldues, leur progression fut un peu plus lente à cause de la circulation, mais ile arrivèrent assez rapidement sur une vaste place ornée d'une statue équestre et plantée d'arbres. Le Grand Hôtel se trouvait à l'un des angles de la place. Quelques grosses voitures stationnaient à proximité, et un chasseur en uniforme se tenait devant la porte. Il s'avança vers James pour le débarrasser des valises, mais le jeune homme refusa ; de toute façon, dans sa tenue – encore en sueur, la chemise trempée, ni rasé ni coiffé – il avait davantage l'air d'un porteur que d'un secrétaire particulier.
On les guida jusqu'à une vaste chambre climatisée du dernier étage, pourvue d'un balcon donnant sur la place ; cela changeait de l'auberge rustique qu'ils venaient de quitter ! Il y avait même un mini-bar, ce qui ne pouvait qu'être bénéfique pour l'humeur de Mikhaïl... Quant à la salle de bains, elle comportait une grande baignoire que James, avec la permission de son patron, s'empressa d'aller inaugurer.
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMar 1 Mai - 13:48:20

-Très bien... Je dois cependant vous avertir d'une chose, patron. Je peux vous seconder dans cette attaque, mais un certain nombre de sorts me sont interdits.

Mikhaïl eut une moue de contrariété en entendant ces mots. Il aurait bien voulu être au courant de ce détail crucial un peu plus tôt, mais se lamenter ne faisait pas partie de ses habitudes. Sans compter qu’objectivement, en ce qui concernait la mission pour laquelle il avait engagé le jeune Kirby, rien n’obligeait l’Anglais à le mettre au courant de ce handicap fort gênant. En effet, on avait assez rarement besoin de se servir de sa baguette de manière offensive pour traduire de l’anglais à l’espagnol et inversement. De plus, les explications qu’il rajouta ensuite rassurèrent en partie le vieux mafieux. Il s’autorisa même un petit sourire de soulagement. La situation aurait pu être bien pire. James aurait pu n’avoir le droit de ne jeter aucun sort offensif du tout, mais là il n’était interdit que de tuer et de torturer ses adversaires, cela laissait encore une bonne marge de manœuvre. Surtout que Mikhaïl n’envisageait pas non plus de provoquer un carnage, cela ne ferait que lui apporter plus d’ennuis en engrangeant la machine infernale de la vengeance. Non, il voulait simplement donner une bonne leçon à ce Martinez de pacotille pour lui démontrer qu’on ne se moquait pas d’un Dmitriev, mais il n’avait nul besoin de collectionner les cadavres mutilés pour cela.

-Bien, bien, merci de me l’avoir indiqué. Nous ferons avec, tant que vous pouvez me stupefixier le premier crétin venu qui nous barre la route et l’envoyer valser hors de notre chemin, je ne vous en demande pas beaucoup plus vous savez. Je me ferais une joie de remettre Mr Martinez à sa place personnellement, précisa-t-il avec une lueur dangereuse dans le regard.

Une fois ce sujet clos, Kirkby lui expliqua qu’il s’était déjà occupé de régler la note -information qu’il accueillit d’un hochement de tête appréciateur- puis se chargea de transformer une cruche qui traînait en Portoloin. Ils atterrirent une minute plus tard dans la rue magique de Lima et Mikhaïl constata avec un plaisir non dissimulé que sa haute stature continuait de faire s’écarter les gens sur son passage et ce quel que soit l’endroit du globe où il se trouvait. Il s’amusa même à terroriser un jeune homme qui le regardait un peu trop fixement en plongeant son regard d’acier dans celui de l’adolescent. Ce dernier retint un cri de stupeur et baissa immédiatement les yeux à la grande satisfaction du Russe. C’était ce genre de petits plaisirs faciles qui lui remontait le moral après une journée fatigante. Abuser de son influence ici ou là sans conséquences. Et bien sûr pouvoir se reposer dans un endroit digne de ce nom comme le Grand Hôtel.

Ils entrèrent ainsi dans le palace et on les mena jusqu’à leur suite. Tandis que son jeune associé se ruait dans la salle de bain, Mikhaïl en profita pour se servir un verre de l’alcool local. Il sentit dès lors toute la tension de la journée s’évaporer tandis que la boisson lui réchauffait l’œsophage, le dîner de rois qu’on leur servit peu après terminant de lui remonter le moral. Rien ne pouvait être complètement déprimant après un homard correctement cuisiné. Les deux acolytes allèrent ensuite se coucher, profitant d’un repos amplement mérité.

Cependant, cela n’empêcha pas Mikhaïl d’être debout à l’aube le lendemain, réveillant son partenaire sans faire dans la dentelle. Il l’avait prévenu la veille, ils devaient profiter du couvert des premières lueurs du jour pour attaquer, Martinez serait moins préparé. Ils s’habillèrent donc en silence, avalèrent un petit déjeuner rapide dans une salle quasi vide et quittèrent l’hôtel sans attirer l’attention sur eux. Ayant vérifié comment se rendre chez leur cible, ils appelèrent un taxi et se firent déposer au pied de la colline où vivait Martinez. De là, ils continuèrent à pied, Mikhaïl se rendant compte que malgré le fait qu’il s’entretenait encore assez régulièrement, son corps n’était plus celui de sa prime jeunesse. Il ne le montra cependant pas, refusant d’apparaître faible devant un de ses subordonnés, d’autant plus lorsque celui-ci pourrait tout rapporter à son véritable supérieur dès la mission terminée.

Puis, une fois arrivés à une centaine de mètres de la résidence de Martinez, ils contournèrent celle-ci pour atteindre l’entrée de service qu’ils comptaient emprunter. Ils purent alors constater que la sécurité était bien du niveau dont on les avait prévenus. Malgré des airs pas forcément patibulaires, les gardes en patrouille dégageaient une aura déconseillant à quiconque de trop s’approcher. De parfaits professionnels en somme. Non pas que cela inquiétât outre mesure Dmitriev. Ce dernier fit donc de nouveau signe à Kirkby de le suivre et taillant une ouverture d’un sort à travers la haie qui entourait la propriété sur ses quatre côtés, ils s’engouffrèrent dans le domaine de Diego Martinez. Ils refermèrent la haie derrière eux pour ne pas attirer bêtement l’attention et virent la remise par laquelle ils prévoyaient d’entrer dans le bâtiment principal. Ils attendirent que les gardes aient quitté l’endroit et coururent jusqu’à la vieille porte rouillée courbés en deux. Seulement, lorsque Mikhaïl voulut ouvrir cette dernière, elle refusa catégoriquement de céder malgré tous ses Alohomora murmurés. Ne pouvant se permettre de lancer des sorts plus bruyants, il s’évertua à essayer de donner plus de puissance à son sort mais rien n’y fit. La serrure restait grippée. Et ce qui devait arriver arriva
.

-¡Intrusos! ¡Intrusos! ¡Suenen la alerta! ¡Tú y tú conmigo, a por ellos!*

Mikhaïl avait beau ne plus profiter des effets de la potion de Babel, il n’eut pas besoin de la traduction de James pour comprendre ce qui se disait. Ils avaient été repérés et dans les règles de l’art qui plus est. Et bien au diable la discrétion. D’un « Reducto » puissant, il détruisit les gongs de la porte et l’enfonça d’un bon coup d’épaule. Il se mit alors à courir et cria à son compagnon.

-Je crois qu’il est temps de me montrer vos talents de Duelliste mon garçon.

Décidemment, les rushs d’adrénaline comme celui-ci lui avaient manqué !

*Des intrus ! Des intrus ! Sonnez l'alerte ! Toi et toi, avec moi, on va s'occuper d'eux !
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMer 2 Mai - 13:05:00

Il faisait encore nuit lorsque Dmitriev secoua sans ménagements son jeune acolyte, profondément endormi. La nuit dans ce palace avait été excellente, mais insuffisante pour récupérer des fatigues de la veille. À demi-réveillé, James marmonna quelques mots qui laissaient transparaître sa mauvaise humeur, avant de se rendre compte de l'endroit où il se trouvait, et de la personne à qui il s'adressait. Cela eut le mérite de le réveiller pour de bon, et il se dressa dans son lit en s'excusant. Par chance, Dmitriev semblait avoir, pour l'heure, d'autres soucis en tête, et il se contenta d'ordonner au jeune homme de se dépêcher. L'Anglais sauta dans les vêtements qu'il avait préparés la veille, puis fit un passage express à la salle de bains, où il jugea inutile de perdre du temps à se raser et estima, bien que ce fût hors sujet, que la barbe de trois jours ne lui allait pas si mal. Dix minutes à peine après que son patron l'eut réveillé, il était prêt à descendre. Mikhaïl n'avait pas traîné, lui non plus, et ils quittèrent rapidement la chambre pour un petit déjeuner vite expédié et, dans le cas de James, plutôt léger : la perspective d'aller faire le coup de poing dans les beaux quartiers lui coupait quelque peu l'appétit, et il ne put guère manger. À force de se cantonner à des tâches purement administratives, il avait perdu l'habitude de ces montées d'adrénaline, si bien que le stress lui nouait l'estomac. Il se borna donc à regarder son patron faire honneur au petit déjeuner, nécessairement meilleur que les bouillies de maïs à la graisse de poulet qu'on leur servait à toute heure dans leur auberge montagnarde, en regrettant de ne pas pouvoir toucher à ces appétissants petits pains ; il se rattraperait le lendemain, sauf catastrophe très possible lors de l'expédition punitive chez Martinez.

Les deux hommes ne parlèrent guère dans le taxi qui les menait jusqu'au quartier où logeait leur maître chanteur, et ce ne fut qu'en arrivant à quelques rues de leur but que James se rappela qu'il avait quelque chose à remettre à Mikhaïl. Ralentissant soudain le pas, il tira une baguette magique de sa poche :

-J'oubliais, monsieur Dmitriev... J'ai gardé la baguette de Santana... Cela peut vous servir, si vous avez besoin de jeter quelques sorts un peu musclés.

Lui-même ne pouvait pas, de toute façon, utiliser de sorts réellement compromettants, et il estimait n'avoir pas besoin d'une baguette étrangère. Le Russe lui avait simplement demandé de stupéfixer les gêneurs, ou de les mettre hors combat sans chercher à leur faire inutilement du mal ; des sorts de routine, qui ne prêteraient guère à conséquence si on venait à analyser sa baguette. Pour Dmitriev, en revanche, c'était autre chose : il suffisait de voir l'éclair meurtrier dans son regard lorsqu'il parlait de Martinez pour comprendre qu'il n'avait pas l'intention de faire dans la dentelle. Peut-être pas le tuer, mais qui sait, après tout ? Tant qu'à se déplacer, autant rentabiliser le voyage...

Les abords de la maison étaient surveillés, mais l'arrière du terrain souffrait d'un net déficit dans ce domaine. L'essentiel du dispositif était concentré devant le haut portail de l'entrée principale, et les deux hommes purent entrer dans la propriété sans difficulté. Baguette en main, ils s'avancèrent à pas de loup vers la remise, et James se plaça de manière à couvrir Mikhaïl qui s'efforçait, très discrètement, d'ouvrir la porte. Mais Martinez n'était pas assez idiot pour laisser une issue, quelle qu'elle fût, sans protection, et les sorts murmurés par le Russe ne servaient à rien. De plus en plus nerveux, James avait envie de lui dire de se grouiller, mais un restant de respect – ou d'instinct de survie – l'en empêcha. Il fallait cependant se dépêcher s'ils ne voulaient pas...

Des cris s'élevèrent, ameutant tout le domaine. La patrouille venait de tomber sur les deux intrus, et appelaient les renforts. Trois types en uniforme surgirent devant James, tandis que Mikhaïl se décidait à enfoncer cette porte de malheur... Trois bonshommes à mettre hors combat, James avait intérêt à ne pas se tromper de sort s'il ne voulait pas finir dans un sac poubelle dans une décharge péruvienne. D'autant que Dmitriev, l'enflure, était parti en courant vers l'intérieur en laissant à son acolyte le soin de ralentir les gardes. Le jeune homme commença par dresser une haute barrière de flammes entre lui et les vigiles, en stupéfixa un à travers le feu, puis se rua à l'intérieur, à la suite de Mikhaïl. Il se retourna après quelques mètres, le temps de placer une autre barrière de flammes, puis à nouveau pour barricader de son mieux la porte qui séparait la remise du couloir intérieur. Cela devrait au moins ralentir la progression des gardes, à défaut de la rendre impossible. Comme il se remettait à courir, une innocente femme de chambre sortit de la buanderie, les bras chargés de serviettes fraîchement repassées ; il stupéfixa la malheureuse et sauta par-dessus son corps inerte, pour essayer de rejoindre Mikhaïl. S'il se souvenait bien du plan, la chambre à coucher se trouvait au premier étage, et il y avait toutes les chances pour que Martinez, à cette heure, soit encore dans les bras de Morphée. Plus pour longtemps, d'ailleurs. Dmitriev devait déjà être à pied d'oeuvre, tandis que son compagnon s'évertuait à semer des obstacles sur son chemin pour ralentir les gardes qu'il entendait se rapprocher.
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptySam 5 Mai - 11:11:45

Une fois qu’il eut laissé à James la tâche de ralentir leurs poursuivants, il se dirigea droit devant lui, traversant le couloir avec autant de discrétion que sa taille, son poids et le bordel qu’il entendait derrière lui le lui rendait possible. Il ne croisa personne et s’en félicita : être venu si tôt dans la matinée avait été une brillante idée. Si l’extérieur de la villa était aussi bien surveillé qu’en journée, l’intérieur était moins rempli, ce qui était un avantage non négligeable pour avancer sans trop d’encombres.

Il atteint les escaliers principaux sans difficulté mais c’est là que les choses se corsèrent. Comme il s’y attendait deux gorilles montaient la garde, un en bas et un en haut de l’escalier menant aux appartements privés de Martinez, le contraire aurait démontré une stupidité congénitale qui n’avait pas l’air d’être le propre du Péruvien d’après les informations recueillies par Mikhaïl. Le Russe opéra donc un changement de baguette, louant silencieusement le bon sens de son jeune acolyte. C’était exactement de genre d’initiatives auxquelles il ne pensait personnellement jamais qu’il recherchait chez ses associés. Il était un homme d’action et il avait besoin de personnes de la trempe de Lev ou il commençait à le croire de celle de James pour penser aux détails vitaux à sa place. En effet, grâce à l’idée brillante du jeune Anglais, si quelqu’un venait à soupçonner sa présence en ces lieux et à l’accuser, il pourrait sans problème fournir sa baguette pour qu’un Prior Incanto démontre qu’il ne s’en était nullement servi avec des intentions belliqueuses.

Soupesant sa nouvelle baguette, légèrement plus légère et rugueuse que l’habituelle, il effectua quelques mouvements de poignet caché derrière un pan de mur et se permit même de lancer une gerbe d’étincelles violettes pour s’assurer que la baguette ne ferait pas des siennes quand il s’en servirait. Quand il fut suffisamment rassuré par ce qu’il venait de voir et lorsque les bruits derrière lui se firent plus pressants, réveillant les deux gardes de leur torpeur, il passa à l’action.

D’un même coup de baguette, il Stupéfixa le premier et lança un charme du bouclier pour se protéger de l’attaque du second. Avalant les marches deux à deux, il se débarrassa du Protego pour attaquer le second garde qui se retrouva brusquement sous la forme d’un fauteuil Louis XV qui n’avait rien à envier au reste du mobilier de la villa. Si l’homme avait de la chance, quelqu’un se rendrait compte que ce fauteuil était en trop et il retrouverait sa forme humaine rapidement, sinon il devrait attendre que le sortilège prenne fin, dans les deux cas, Mikhaïl serait déjà loin lorsque cela arriverait.

Ses attaques avaient néanmoins ameuté plus de gardes qui commencèrent à sortir des différentes chambres du premier étage sauf de celle dévolue à Martinez bien entendu. Inquiet que le Péruvien ne cherche à fuir la bataille, Mikhaïl perdit patience. Ses sorts se firent plus violents et plus puissants. Une première vague repoussa les premiers gardes contre les murs, en assommant plus d’un, esquintant les autres. Il n’attendit pas qu’ils se relèvent et sauta par-dessus eux. L’un d’eux réussit néanmoins à l’atteindre en traître par derrière et il se réceptionna un peu durement, lâchant un juron dans sa langue natale. Mais avant qu’il n’ait pu contre-attaquer, ledit garde se prenait un sort de la part de James. Le vieux Russe n’avait jamais été aussi content de voir Kirkby, parce qu’honnêtement il commençait à fatiguer, toutes ces cabrioles ce n’était plus de son âge.

Ils se frayèrent un passage en duo, à coups de sortilèges à droite et à gauche jusqu’à ce que Mikhaïl fasse voler la porte de la chambre de Martinez en éclat d’un Reducto particulièrement vicieux. Cependant ce qui les attendait à l’intérieur n’était pas exactement ce à quoi le mafieux s’était attendu. La pièce était vide, le lit défait encore chaud preuve évidente que Martinez avait été là quelques secondes auparavant. Furieux, Mikhaïl lança un maléfice cuisant au premier garde qui fit mine de s’approcher faisant apparaître des cloques purulentes sur la peau tannée de l’homme qui se mit instantanément à crier. Mais Mikhaïl n’était pas d’humeur à entendre qui que ce soit geindre. Faisant exploser tout le mobilier à portée de baguette pour calmer ses nerfs, il ressortit de la pièce et sans même jeter un regard aux gardes qui gisaient parterre dans différentes positions dans le couloir, lança un Sonorus pour amplifier sa voix. Puis il s’exclama en anglais :


-MARTINEZ ! OU QUE TU SOIS TU AS INTERET A BIEN TE CACHER COMME LE RAT QUE TU ES ET SURTOUT, SURTOUT, NE T’AVISES PLUS JAMAIS D’ESSAYER DE T’EN PRENDRE A PLUS GROS REQUIN QUE TOI !

Il savait pertinemment qu’il n’y avait qu’une chance sur mille pour que le Péruvien soit encore dans les parages et capable de l’entendre au lieu d’avoir transplané dans un lieu sûr, mais il savait tout autant que les gardes présents se chargeraient de transmettre son message. Et, au cas où, celui-ci n’était pas encore assez clair, il pointa sa baguette sur un garde à ses pieds et lui cracha :

-Tu diras à ton maître qu’on ne double pas un Dmitriev et s’il a le malheur de répéter mon nom ou de venir me chercher des noises, il peut considérer que ma visite d’aujourd’hui n’était que le prélude à l’enfer.

Sur ce, il fit signe à James de l’aider à ligoter tous les gardes présents ainsi que le reste du personnel de la maison. Et quand ils se furent assurés que tout était dans l’ordre et que personne ne serait en mesure de les suivre, ils sortirent par la porte d’entrée et s’apprêtaient à transplaner de retour chez eux lorsqu’ils virent trois silhouettes qui les attendaient dehors : Martinez et ses deux plus fidèles lieutenants. Un sourire carnassier apparut sur le visage de Mikhaïl : alors comme ça il ne repartirait pas frustré, voilà qui s’annonçait brillant.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyDim 6 Mai - 16:35:25

Force était de constater que deux barrières de flammes, une porte verrouillée et une bonniche stupéfixée n'étaient pas suffisantes pour arrêter les gorilles de Martinez. Tout au plus ces aimables diversions avaient-elles donné à James quelques instants pour éviter de se faire carboniser sur place ; mais, tandis qu'il cavalait comme un dératé dans la maison, il entendait ses poursuivants se rapprocher inexorablement. Bientôt, il pourrait sentir leur souffle dans sa nuque... Il fallait faire quelque chose, mais quoi ? Pour le moment, le seul réflexe du jeune homme était de courir, d'essayer de mettre un maximum de distance entre lui et ces furieux qui vociféraient. Il devait pourtant bien y avoir un moyen de les calmer... L'idée lui vint alors qu'il revoyait, sans savoir pourquoi, la servante qu'il avait lâchement laissée en position de se faire piétiner. Elle sortait d'une pièce... Voilà ce qu'il lui fallait ! Il n'eut que quelques mètres à parcourir pour trouver une porte sur sa gauche, et se ruer dans la pièce. Les gardes n'avaient certainement pas pu le voir changer de direction ; cela lui conférait un mince avantage, qu'il devait mettre à profit tout de suite...

Hors d'haleine, il pointa sa baguette vers le couloir, et murmura une formule complexe qui devrait créer une sorte de mur invisible. À peine eut-il terminé que les vigiles, baguettes magiques en main, déboulèrent dans le couloir ; le premier heurta le mur de plein fouet et tomba, assommé, tandis que les autres, emportés par leur élan, parvenaient tout de même à amortir le choc. James, en quittant la pièce où il s'était réfugié, les salua d'un geste dont sa maman aurait réprouvé la grossièreté, et reprit sa course vers la chambre.

Arrivé dans le hall, dont le mobilier en désordre témoignait du passage récent et destructeur de Mikhaïl, le jeune homme se trouva au beau milieu d'une véritable bataille ; Dmitriev, dans l'escalier, faisait face à une sympathique équipe de gardes, et lorsque James arriva, un sort venait de l'atteindre – rien de dangereux, fort heureusement, puisque le Russe en fut quitte pour une chute sans gravité. Le garde, en revanche, se trouva dans l'instant proprement stupéfixé par James qui était arrivé par derrière, et dont la venue soudaine sembla décontenancer les gorilles. S'engouffrant dans l'escalier, il lança, en espagnol, comme s'il s'adressait à Mikhaïl :

-Les autres arrivent, monsieur !

Cela ne coûtait rien d'essayer de se faire passer pour plus nombreux qu'ils n'étaient en réalité... Les deux mafieux se frayèrent un chemin en se protégeant l'un l'autre ; Mikhaïl était passé à des sortilèges assez radicaux – avec sa nouvelle baguette – et il étendait joyeusement les gardes ; James, de son côté, se contentait de stupéfixer les assaillants et de dresser, lorsqu'il le pouvait, des sorts de protection autour du Russe et de lui-même. Les sortilèges défensifs étaient devenus sa grande spécialité depuis son serment, et il avait appris à tirer parti de cet avantage. L'attaque brutale et impensable avait quelque peu désorganisé la défense de la maison, et les deux hommes, dont les façons de combattre se complétaient à merveille, parvinrent à avoir raison de leurs assaillants. Ils arrivèrent enfin dans la chambre de Martinez, mais, comme il fallait s'y attendre, personne ne s'y trouvait ; le Péruvien n'allait pas rester à attendre de voir qui venait lui donner cette étrange aubade. Mikhaïl entra alors dans une colère impressionnante même pour son compagnon, pulvérisant le mobilier de quelques sorts avant de se lancer dans une diatribe adressée à un Martinez probablement à des kilomètres de là. En sortant de la chambre, il se dirigea vers l'un des gardes qui gisait au sol, le nez en sang, et le chargea d'un message que James se permit de traduire en espagnol, pour plus de sûreté ; ensuite, ils prirent le soin de ligoter tout ce petit monde, avant de sortir de la maison pour regagner l'hôtel. Le Russe semblait d'une humeur excécrable ; les dents serrées, il balaya la maison d'un regard furieux, sans prononcer la moindre parole, faisant simplement signe à James de le suivre. Le jeune homme s'exécuta, en silence ; il se sentait un peu déçu par cette expédition chez Martinez. Beaucoup de bruit pour rien, même pas de quoi impressionner le maître-chanteur. Il comprenait la fureur de Dmitriev, et quittait les lieux avec un goût amer d'inachevé.

À peine eurent-ils fait quelques pas dans le jardin que Mikhaïl lui fit signe de s'arrêter, et leva sa baguette. À quelques mètres d'eux se tenait Martinez, en pyjama, flanqué de deux gorilles en uniforme. D'une voix haineuse, le Péruvien s'adressa à Dmitriev ; son discours, un tissu d'insultes, d'allusions à la vertu de Maman Dmitriev et à des pratiques sexuelles diverses qu'il recommandait au Russe d'essayer, en disait long sur sa volonté d'en découdre. Préférant ne pas traduire mot à mot, James murmura, sans regarder Mikhaïl :

-Il dit que ce n'est pas un sale enfoiré de Russe qui va venir dicter sa loi à Lima, et que vous pouvez aller vous faire foutre à Moscou.

Il avait préféré édulcorer, bien certain que sa traduction suffirait à faire bouillir Mikhaïl dont la patience était très limitée. Comme il achevait de parler, l'un des gardes de Martinez attaqua soudain, donnant le signal des hostilités ; James n'évita le sort qu'en se jetant au sol, et riposta en stupéfixant le malpoli. Comme il se relevait, l'autre garde se dirigea alors vers lui, tandis que les deux chefs se retrouvaient face à face ; pris de court, le jeune homme ne put éviter le sort qui l'étendit sur la pelouse, à moitié assommé, ni les coups de pied dans les côtes que le garde lui expédia aussitôt en l'injuriant. Il n'avait pas lâché sa baguette magique, mais dans sa position, il lui serait bien difficile de s'en servir. À moins que Mikhaïl ne lui vienne rapidement en aide, bien entendu.
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptySam 12 Mai - 11:00:42

-Il dit que ce n'est pas un sale enfoiré de Russe qui va venir dicter sa loi à Lima, et que vous pouvez aller vous faire foutre à Moscou.

Mikhaïl doutait que le petit discours de Martinez qui avait facilement duré cinq minutes, et durant lequel son visage avait viré si rouge qu’une tomate se baladant dans le coin en aurait été verte de jalousie, se soit limité aux paroles traduites par James, mais il n’en avait que faire. Le principal c’était que Martinez avait eu un aperçu de ce que l’énerver signifiait et qu’il s’en mordait actuellement les doigts. Une telle démonstration de colère ne pouvait que signifier qu’il désespérait de montrer que, non, il n’était pas qu’un idiot qui fuit en pyjama mais qu’il avait lui aussi de la puissance en réserve.

Le sourire de Mikhaïl s’élargit encore en observant l’état pathétique dans lequel il avait mis son rival. Lui ne se serait jamais présenté en pareils atours à une confrontation, c’était bien là la preuve que Martinez se croyait au-dessus de toute attaque et n’avait pas prévu d’être surpris dans son lit. Eh bien il allait se faire un plaisir de lui démontrer que justement un « sale enfoiré de Russe » pouvait parfaitement venir dicter sa loi à Lima si on cherchait à le doubler. Il planta donc son regard arctique dans celui de feu du Péruvien et ils entamèrent un duel silencieux de volontés tandis que leurs hommes de main se battaient. Après tout, un parrain ne mettait la main à la pâte que lorsque ses subordonnés avaient été défaits, c’était le principe basique de toute hiérarchie.

Ce furent les larbins de Martinez qui entamèrent les hostilités et, à deux contre un, ils avaient l’avantage même si Kirkby se débarrassa du premier avec classe. Sauf que le deuxième en profita bien vite et Mikhaïl qui ne désirait pas avoir à expliquer à Xenophius pourquoi son filleul était en piteux état au retour d’une mission où il devait se contenter de lui servir de traducteur s’en mêla. Se protégeant d’un charme du Bouclier au cas où Martinez décidait de l’attaquer par derrière tel le lâche qu’il était, il se retourna et visa l’homme qui était sur le point d’abattre sa botte sur le visage de son acolyte. Il ne fit pas dans la dentelle, un homme qui s’attaque à un adversaire à terre ne méritait aucune pitié. Il lui lança donc un Lashlabak de toute beauté et l’homme poussa un cri lorsque l’eau bouillante touche sa peau. Il se recula en titubant et le Russe renchérit en l’aveuglant d’un sort visant directement ses yeux. Les cris redoublèrent et fatigué par tout ce bruit, Mikhaïl lança un Silencio au malheureux. Qu’il souffre en silence et surtout qu’il s’estime heureux, quand on s’attaquait à un de ses subordonnés, il était rare d’en sortir en vie.

Une fois ce problème réglé, ne s’occupant pas de savoir si James allait bien, il était suffisamment grand pour s’occuper de lui et il avait personnellement des problèmes plus urgents à régler, il se concentra de nouveau sur Martinez qui faisait moins le fier maintenant qu’il avait vu ce dont Mikhaïl était capable et surtout maintenant qu’il était seul, sans personne pour le protéger. Il tenait sa baguette à s’en faire blanchir les jointures et finit par crier un sort en espagnol. Mikhaïl le détourna facilement avec un sort de son cru. Ce n’était même pas drôle, Martinez ne faisait en réalité pas le poids, il avait perdu tous ses moyens maintenant que son argent et ses « informations compromettantes » ne lui permettaient plus d’être au-dessus des autres. Ses subordonnés en avaient peut-être dans le pantalon mais clairement pas lui. Mikhaïl en ressentit un dégoût profond et s’apprêtait à mettre fin à la pathétique existence du Péruvien lorsque deux choses eurent lieu simultanément. James lui cria de s’arrêter et l’homme qu’il avait réduit au silence, bien qu’aveugle, se jeta le Russe ne sut pas trop comment devant son patron.

La surprise de ces deux actions combinées stoppa net son geste. Il n’arrivait pas à croire que Kirkby ait osé se mêler de ce qui ne le regardait pas mais surtout il fut surpris par la loyauté du second de Martinez. Même sans son sens principal, il continuait de protéger son patron. Cela lui rappela Lev et sa fidélité sans faille et radoucit par conséquent son humeur. Il comprit même ce que James avait voulu lui dire. Il ne pouvait pas se permettre de tuer Martinez. Faire beaucoup de grabuge oui, mais tuer un homme, même avec une baguette autre que la sienne, c’était aller au-devant d’un million d’ennuis. Car personne n’aurait du mal à le décrire -sa carrure avait parfois des inconvénients, on l’oubliait rarement- or s’il repartait maintenant personne n’oserait appeler les autorités péruviennes mais s’il tuait Martinez, la situation serait bien différente. Or, même s’il leur fallait du temps, les Aurors péruviens finiraient bien par retrouver sa trace et il refusait catégoriquement de faire de la taule pour le meurtre d’une taffiole du genre de Martinez. Il avait évité les barreaux pour bien pire, ce n’était pas aujourd’hui qu’il se ferait avoir. Il redescendit donc sa baguette dans une position de défense et déclara.


-Kirkby, dites à cette couille molle de Martinez qu’il ne doit la vie qu’à la loyauté que je ne m’explique pas de cet homme. Et dites à ce dernier que je suis heureux d’avoir rencontré un combattant de sa trempe et que sa cécité ne devrait durer qu’une ou deux semaines avant qu’il ne retrouve la vue.

Il rangea sa baguette dans son étui, se dirigea vers son jeune compagnon qui avait l’air encore bien secoué par les évènements récents, posa sa main sur son épaule et murmura.

-Merci pour votre intervention, vous m’avez empêché de faire une énorme bêtise, je ne l’oublierais pas, parole de Dmitriev. Et maintenant, rentrons chez nous, vous avez besoin de vous faire soigner et vous avez gagné une bonne semaine de repos, je la négocierais avec Xenophius, je vous le promets.

Et sur ce, passant son bras autour de la taille de son cadet pour l’empêcher de tomber, il transplana de retour dans son manoir de Londres.

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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: L'internationale de la magouille (Terminé)   L'internationale de la magouille (Terminé) EmptyMer 16 Mai - 8:58:07

Le garde du corps de Martinez semblait devenu dément, soudain. Au point d'oublier sa baguette magique et de se servir uniquement de ses pieds pour mettre l'ennemi hors combat... C'était curieux, et James, tout en tâchant de se soustraire aux rudes coups de pied de l'homme, s'en étonnait dans un coin de sa tête. Pourquoi cet acharnement ? L'homme n'avait eu aucun mal à expédier son adversaire sur la pelouse, quelques instants auparavant... Pourquoi n'avait-il pas profité de son avantage pour régler l'affaire d'un sort ? Par plaisir ? Par folie pure ? Il finit par lâcher une explication, entre deux injures :

-Vous ne toucherez pas à un cheveu de Don Alejandro, parole d'homme !

Don Alejandro devait être le petit nom du machin en pyjama rayé qui faisait face à Mikhaïl. Le désir de protéger son patron expliquait la fureur du garde, mais James ne comprenait toujours pas son dévouement. Il devait être sacrément attaché à Martinez pour prendre sa défense autant à cœur... Il expédia quelques solides coups de pied dans les côtes de son adversaire, visiblement enchanté de l'entendre crier de douleur ; puis, comme il se disposait à lui abattre son 45 fillette en pleine tête – jamais encore James n'avait vu de si près la semelle d'une botte renforcée- il fut enfin interrompu par l'intervention de Dmitriev. Béni soit-il ! Il venait certainement d'éviter à son jeune acolyte un coup particulièrement douloureux... Vu l'enthousiasme du vigile, et la puissance de ses coups, le résultat d'un coup de tatane dans la figure aurait été désastreux. Le jeune homme, prostré au sol, ne vit pas ce qui se passait ; il entendit seulement le garde pousser un cri de douleur, puis appeler la Vierge, tous les saints et encore quelques autres à la rescousse, puis plus rien. Le souffle encore court, il chercha à tâtons sa baguette magique qu'il avait lâchée pendant que le garde le rouait de coups, et se redressa péniblement sur son séant.

Le garde tenait ses mains sur son visage et continuait manifestement sa litanie adressée pêle-mêle à Dieu, Merlin, sa mère, la Vierge, saint Alonso et la Pacha Mama, mais sans qu'aucune parole fût audible ; le malheureux devait avoir perdu la vue, à en juger par la manière désespérée dont il se frottait les yeux. Non loin de là avait lieu le combat des chefs ; James affermit sa prise sur sa baguette pour être prêt à intervenir au cas où, mais Mikhaïl n'avait besoin d'aucune aide. Sans ses gardes du corps, Martinez n'était pas de taille à affronter un adversaire déterminé à lui faire payer son insolence. Il y eut un instant de terrible silence après la dernière passe du duel, puis Dmitriev esquissa le geste que son compagnon craignait depuis le début. Le visage fermé, il pointa sa baguette magique vers le Péruvien, avec l'intention manifeste d'en finir. Emporté par son élan, il ne se rendait pas compte du tombereau d'ennuis que leur vaudrait ce cadavre... Avant d'avoir pu s'en empêcher, James lui cria :

-Ne faites pas ça, monsieur Dmitriev !

Le silence de mort avait même été perçu par le garde encore aveugle, qui s'était jeté devant Martinez pour lui faire un rempart de son corps. Ce geste fou, bien plus que les paroles lancées au hasard par James, radoucit le Russe et le décida à renoncer à tuer Martinez. Même sans cela, de toute façon, l'issue du duel ne faisait aucun doute ; le Péruvien s'était comme tassé sur lui-même, sa baguette pointée vers le sol, dans l'attitude d'un vaincu. Il ne devait pas se sentir très glorieux, en pyjama sur sa pelouse, avec sa maison ravagée par l'irruption de deux furieux. James acheva de lui faire honte en traduisant les propos de Mikhaïl, insulte comprise, et en y ajoutant la menace de venir terminer le travail s'il s'avisait de parler d'eux à qui que ce fût. À contrecœur, il transmit ensuite au garde les compliments de son patron, rapportant fidèlement ses paroles malgré toute l'aversion que lui inspirait ce type. Oui, c'était un combattant hors pair, un brave parmi les braves, mais cela ne l'avait pas empêché de méchamment savater un homme à terre... On devait reconnaître beaucoup plus facilement ses mérites lorsqu'on n'avait pas personnellement tâté de ses rangers coquées. James se releva difficilement, avec l'aide de Mikhaïl, et la douleur manqua de le faire retomber sur l'herbe. Tant qu'il s'était tenu assis, il n'avait pas eu trop mal, mais à présent, il lui semblait que le garde avait brisé tous ses os. Il essaya de poser sa main sur l'épaule du Russe : peine perdue, le bougre était trop grand, et tendre le bras ne faisait qu'accentuer la douleur ; il se contenta donc de saisir ses vêtements pour se laisser emporter, les yeux fermés. Il avait trop mal pour pouvoir transplaner lui-même, et ignorait d'ailleurs où le Russe voulait aller.

L'air frais et une voix vaguement familière lui firent rouvrir les yeux. Le second de Dmitriev, Lev, s'avançait vers eux, et il prit le relais pour soutenir le blessé qu'il conduisit à l'étage. C'était étrange, songeait James, un peu assommé par les événements récents : le simple fait d'avoir retrouvé le sol anglais semblait avoir miraculeusement fait disparaître la douleur qui irradiait dans ses côtes. À moins que ce ne fût la potion que Lev lui avait fait boire dès qu'il eut posé le pied au sol, et qui ne tarda pas à le faire dormir à poings fermés.



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