Cours premier [1

Il était tôt en ce mercredi matin.... très tôt, en fait il était beaucoup trop tôt pour qu'un être normalement constitué soit réveillé. Le soleil n'avait même pas daigné montrer le bout de son nez encore, la fraîcheur de la nuit envahissait toujours les couloirs de l'école et la rosée matinal se laissait doucement voir aux reflets de la lune. Pourtant, il y avait bien un homme de réveillé et Liam ne pouvait faire autrement. Bien pire qu'un enfant de douze ans qui entre pour la première fois à Poudlard, Liam trépignait d'impatience depuis une semaine à l'idée de donner son premier cours. En fait, trépigner d'impatience était un bel euphémisme, car il était devenu... le professeur le plus turbulent de Poudlard!

La nuit, le Professeur Oldfield daignait rarement fermer l'oeil, non par parce qu'il n'était pas fatigué, mais surtout car il voulait encore et encore explorer le château. Il était arrivé une semaine avant le début des cours pour pouvoir s'adapter à l'immense école qu'était Poudlard et jugeait qu'il n'y avait pas une minute à perdre! Il DEVAIT connaître l'école sur le bout des doigts avant l'arriver des élèves. Certes, il était conscient que c'était une tâche impossible, mais son esprit analytique, calculateur, sage... enfin, toutes les qualités de lui qui font qu'il soit un jeune homme et non pas un gamin, semblaient avoir disparue à la vue du château.

Il était donc quelque chose comme cinq heures du matin et notre cher Liam jouait à l'espion avec les quelques tableaux réveillés du château. Il se plaquait contre les murs, se jetait par terre pour ensuite ramper jusqu'à la prochaine jonction de couloir en s'amusant follement pour se rentre vers son bureau. Sincèrement toute fierté semblait avoir quitté son corps pour allez... merlin ne le savait même pas!

Se souvenant que la dernière fois qu'il avait rampé par terre ainsi, il était tombé nez à nez avec les chaussures de notre chère Professeur McGonnagall, Liam se releva à contrecoeur pour allez préparer ce dont il avait besoin pour son cours.

Une fois arrivée à son bureau, il y découvrit tout le matériel qu'il avait demandé aux elfes de lui fournir pour le cours. Plus que satisfait, il se félicita que son bureau ne soit pas trop loin de sa salle de classe, car il se voyait très mal traîner tout cela de lui-même... sans aide. Il devait l'avouer, quelques fois il maudissait le fait de n'être qu'un cracmol...

Balayant rapidement cette idée de son esprit, Liam empoigna l'énorme boite, rempli de fils, d'écran, de cassette, le lecteur vidéo... enfin, une boîte franchement lourde et sortit de son bureau, la vision cacher par l'énorme carton, espérant que ses pieds connaissent déjà assez le territoire (pour s'y être traîner, il espérait le connaître!) pour ne pas se prendre pieds dans une marche capricieuse! Avec soulagement, il traversa bon nombre de couloir, sans s'étendre de tout son long sur le sol, pour finalement arriver dans sa salle de classe, vide... sombre et froide.

Il déposa sa boîte sur son bureau, ouvrant grandement les rideaux qui cachaient le lever du soleil, puis les fenêtres pour laisser entrer un courant d'air frais et par la même occasion laisser s'infiltrer l'odeur de la fraîche nature du parc. Ensuite Liam s'appuya sur son bureau, croisa les bras sur sa poitrine, tout en regardant le soleil se lever et attendit... attendit que les élèves ses lèvent et qu'ils entrent finalement dans son cours pour la première fois.

Merlin qu'il avait hâte!

[HJ : Je veux pas que vous croyiez que je vous ignore, mais étant le 2ème cours de l'année seulement selon l'emploi du temps, je ne connais quasiment aucun de vous! ]

Ara n'était pas de nature à être la première arrivée à un cours qui ne la passionnait pas. Mais Le fait était qu'elle était si stressée de revenir à Poudlard, terriblement anxieuse, voire angoissée qu'elle avait à peine dormit. Elle n'était même pas arrivée à prendre plus qu'un verre de jus de citrouille. Son ventre voulait lui jouer des tours et elle s'était directement rendue en DCFM avant tout le monde.
Quand le premier cours de l'année prit fin, elle se rua presque tout de suite vers le deuxième. C'était pas non plus comme si elle avait quelqu'un à qui parler! Elle adorait tout de cette école, tout, mais c'était indéniable : elle était devenue une étrangère en terres connues. Tout avait changé et c'était clair. Pas seulement Poudlard, ou l'harmonie des maisons, mais aussi Ara, qui était aussi pleine des marques de son passage à Sainte-mangouste, de sa folie et de toute la maturité qui lui avait presque été forcée dans son esprit que l'école par la grande bataille. L'ado s'était embellit depuis sa première année, avec sa frimousse de peste, son caractère de m**** et son corps d'enfant. Ses traits commençait à s'adoucir à devenir un peu plus féminins et harmonieux, toujours un sale caractère, mais moins exubérant et son corps d'il y a 2 ans se muait lentement en un corps d'adolescente. Ça n'était pas totalement à son déplaisir, mais lorsqu'elle s'observait dans la glace, elle avait l'impression quon lui avait fait passer un marché : un esprit plus vivace, plus de connaissances, un peu moins torturée contre une année et demi de sa vie. La sensation de ne pas avoir vu son enfance s'en aller la tuait carrément.
L'étudiante, perdue dans des méandres épaisses, arriva enfin à la salle d'études des moldus et s'arrêta enfin, sa cheville un brin endolori de s'être presque cassé la gueule dans les escaliers. Arabella ouvrit la porte sur la salle de classe et ainsi donc, sur le professeur. Encore personne, bien. Elle le regarda, derrière son bureau, l'air aussi excité qu'un chiot à la première neige. Limite, la 3ème le prenait pour un élève ou un jeune remplaçant, tellement il n'avait pas une aura de prof ordinaire. En passant devant le bureau, elle resta interdite devant tout ces trucs dans une boite en carton.

- Bonjour professeur... Hey! Mais.. c'est ce machin qu'oncle Melchior a chez lui, pour écouter des films! Un... un magnétoscopte, ouais. Ça utilise des VVS... VSP? Non, des VSH? C'est ça?

Melchior était sang-pur du côté de la mère d'Ara, qui s'était marié à une née-moldu. Il avait eu de la chance qu'elle soit si attachante, sinon le patriarche et la matriarche des Waldon n'auraient pas été des plus heureux de cette union... la gryffondor balaya ses pensées de sa folle famille et sourit au professeur avant de traverser les rangs de tables.

"C'est idiot de connaitre toute la série de Star Wars par coeur mais ne même pas savoir les objets qui m'ont permis de les voir, c'est même carrément débile!" pensa-t-elle en fronçant légèrement des sourcils une fois assise.

Elle s'était installée au fin fond de la classe. Non, malheureusement ils n'offraient pas de sièges dans l'ombre "pour-les-angoissés-peureux". Pas qu'elle fut une peureuse, l'orgueil ne le permettrait pas, juste que c'était plus... humble? Non, elle n'était pas vantarde certes, mais pas humble non plus! Disons que c'était apprivoiser les autres élèves. Ouais, ça pouvait faire l'affaire... quoique de tous, elle ressemblait le plus à celle qui devait être domptée, avec sa tignasse brune rousse ondulée relâchés librement dans son dos et qui n'avait pas été très bien peignés. D'ailleurs, près de sa table, une fenêtre était ouverte et ses cheveux étaient bercés d'une douce brise qui ne sentait pas encore l'automne. Allez savoir qui daignerait s'asseoir à son côté!

Akiko était très curieuse vis à vis de ce cours qu'elle avait bien aimé l'année dernière. Déjà un peu plus sereine que les premières semaines du mois de Septembre, elle se dirigea d'un pas paisible et maîtrisé vers la salle qui servait pour les cours d'étude des moldus, un cours fort reposant pour elle, elle n'avait guère de choses à y apprendre et s'y amusait drôlement d'entendre les réponses de ses camarades et mêmes des enseignants sorciers ! Il y avait une étrange rumeur sur le nouvel enseignant qui avait intriguée la petite demoiselle des bleus et bronze, l'une des plus studieuses de sa maison, et donc ce n'est que plus motivée encore qu'elle s'y rendit, d'humeur relativement bonne et sereine. Elle commençait s'y faire, à la nouvelle vie qu'elle avait avec Rupert désormais, toujours son petit copain, et pour longtemps, mais elle commençait à s'habituer au changement survenu brutalement dans leur vie avec l'agression. C'était comme tout, le temps était un excellent remède pour apaiser légèrement tout type de blessure.

Akiko eut bien du mal à fendre la foule des "Grands" avec sa petite taille se faisait bousculée de toute part, limite en pleurait de dépit de ne pas réussir à faire deux pas en une minute sans revenir à la case départ monde cruel qui méprise les petites gens comme elle, du haut de ses douze ans et de son statut de deuxième année des aiglons.

Son ravissement fut réel quand elle découvrit ce qui trônait sur la salle encore vide du cours, entendant la remarque émerveillée de Arabella qu'elle avait déjà croisée en cours, et cela lui arracha un léger sourire un peu timide alors qu'elle s'avança dans la salle, saluant le professeur inconnu avec politesse :

- "Bonjour monsieur !"

On pouvait voir nettement qu'elle était bien plus enjouée que de coutume -ayant revu et passé du temps avec son petit ami juste avant et après avoir parlé à sa "grande soeur" Lavande de tous ses soucis- et c'est donc de bonne humeur qu'elle viola son habitude de se mettre au premier rang, son aînée l'avait intriguée, et elle se déplaça à la table juste à côté de celle de la sang et or, dans la rangée du milieu, laissant une place qu'elle garderait pour son meilleur ami vert et argent -posant son sac dessus pour bien marquer que la place était réservée XD- avant de se tourner vers son ainée avec un fin sourire et des yeux d'argent limpides et lumineux, hésitant avant de prendre la parole :

- "Tu es... Arabella c'est bien cela ? Moi c'est Akiko... je suis en deuxième année. C'est impressionnant les magnétoscopes, et encore, ils sont plus récents que celui que j'avais chez ma mère. Quand j'étais petite ma mère adorait me faire passer des cassettes VHS de Disney... tu sais, les grands classiques de films de jeunesse !"

Franchement pourquoi son père avait-il eu cette idée brillante d’exiger de lui qu’il suive les cours d’Etude des Moldus ? Lui n’en avait jamais eu à Durmstrang ! Et l’année précédente il n’avait pas demandé de ses fils pareil investissement alors pourquoi ce changement soudain ? « La technologie c’est l’avenir Nikolaï, et dans les affaires il faut toujours se tenir aux courants des nouvelles tendances ou bien on se fait dépasser et on perd de l’argent, mon fils. Regarde un peu les industries Leoni. » Bla … bla … bla … comme si les problèmes économiques de l’empire paternel l’intéressaient ! Un jour, son père se rendrait peut-être compte qu’il n’avait aucune envie de bosser pour la mafia familiale … euh, ouais … pour sa santé, mieux valait qu’il ne s’en rende pas compte trop vite, sinon ça risquait de barder sérieusement pour son matricule. Enfin, son seul réconfort c’était qu’Alekseï était aussi forcé de suivre le cours et que le septième année n’en était pas plus ravi que lui. Et puis, après la punition qu’il s’était tapé pour avoir foiré ses ASPICs, il avait intérêt à ne pas se faire remarquer et à suivre les cours avec attention. Surtout que c’était lui l’aîné donc c’était lui qui hériterait de l’empire Dmitriev lorsque Mikhaïl prendrait sa retraite. Enfin, connaissant Alekseï, si leur père disait que le cours d’EdM était utile pour les affaires, le septième année était foutu de s’y intéresser réellement dans l’optique de gagner le plus de fric possible. Saleté de lèche-cul obsédé par le fric !

Bref, avec tout ça, Nikolaï, lui, n’avait plus qu’une heure pour manger le lundi midi, ce n’était pas sain. Un garçon en pleine croissance comme lui avait besoin de temps pour se restaurer, et puis les diététiciens le disaient tous, manger vite risquait d’amener une mauvaise digestion. La preuve qu’il manquait de temps pour manger tranquillement ? On était le premier lundi de l’année et il était déjà obligé d’avaler sa part de framboisier en se dirigeant vers la salle de cours. Il la termina tout juste lorsqu’il arrivait au premier étage. Il prit donc cinq secondes pour se nettoyer les mains avec un mouchoir puis il se dirigea vers la salle de cours.

Lorsqu’il entra, la première chose sur laquelle tomba son regard ce fut sur l’enchevêtrement d’objets plus bizarres les uns que les autres qu’il y avait sur le bureau professoral. Oh bonté merlinienne mais c’était quoi ce bord** ? Il avait beau avoir des notions assez précises sur le monde moldu, en particulier la politique et l’économie, il était totalement largué dès qu’on parlait « mode de vie ». Ayant vécu toute sa vie dans un monde de sorciers dont la grande majorité était de sang-pur, il avait beau avoir entendu des mots comme téléphone ou télévision, dans les faits il n’avait pas la moindre idée de comment ils fonctionnaient. D’ailleurs étant petit, ça l’intriguait beaucoup, surtout la fameuse télévision. Pourquoi les moldus étaient-ils si étonnés par les tableaux et les photos mouvantes alors qu’eux avaient une boîte où les gens bougeaient aussi ? Grand mystère de la vie … Bref, il jeta un regard plus qu’intrigué au fatras moldu, puis salua le professeur qui semblait étonnement enthousiaste. Sûrement son premier cours, il avait l’air drôlement jeune.

-Bonjour professeur.

Il remarqua ensuite qu’Akiko était déjà là, assise à côté d’une fille qu’il avait remarqué le matin en cours de DFCM sans vraiment s’intéresser à sa présence. Les deux filles étaient en pleine conversation, il s’assit donc en silence à côté d’Akiko –il pourrait ainsi profiter de sa culture moldue et paraître un peu moins inculte ~~amitié intéressée ? Naaaaaaan~~ . Il arriva alors qu’Akiko était en train de parler une langue qui lui était totalement inconnue. Véhachèsse ? Gné ? Disney ? C’était quoi ce truc ? Un lieu de fabrique vu qu’elle disait les véhachèsse de Disney ?

-tu sais, les grands classiques de films de jeunesse !

Ah bah apparemment ça avait un rapport avec la grande télé où les moldus se rendaient en groupe : le cinémo ou un truc du genre. Ouais parce que quand même, il avait déjà entendu parler des fameux films moldus : c’était une sorte de représentation de théâtre mais projetée sur un grand tissu blanc depuis une drôle de boîte avec un nom imprononçable. Bref, un truc bien compliqué en somme. Et vu la façon dont les deux filles avaient l’air de savoir de quoi elles parlaient, il préféra garder le silence pour éviter d’exposer son manque cruel de connaissances en la matière.

Le lundi était un jour que ne portait pas particulièrement le Sang et Or , tout d'abord il annonçait la fin de Week-End , et doc annonçait le début d'une nouvelle semaine de travail.
En ce début d'année, il ne fallait pas se reposer sur ses acquis, ou sinon on s'exposait à être bien rapidement largué, le Gryffon passait donc une grande partie de son temps libre à bouquiner le livre d'enchantement ainsi que celui de DCFM ce qui lui donnait de l'avance au niveau de la maîtrise des sortilèges bien qu'il était certain que d'autres sorciers avaient eu la même idée.
La matinée fut agréable, ou presque agréable, il n'avait toujours pas de nouvelle du Professeur Soma... La malédiction avait-elle une nouvelle fois frappée ? Il n'avait pas vu de panneau affichant une quelconques absences, mais aucuns panneaux annonçait la reprise des cours de DCFM,
il prit donc le risque de s'offrir une petite grâce matinée...
Il se réveilla donc et prit en guise de petit déjeuner le repas du midi, le cours de ETM était à 13h ce qui lui laissait une bonne heure.
Il engloutit tout ce qui lui passait sous la dents, la digestion s'annonçait très difficile.

Enfin 12h45,
Il quitta la Grande Salle afin de rejoindre la salle située au premier étage.
Lorsqu'il fut devant celle-ci, il espéra ne pas être en retard, car il avait du faire un détour toilette afin de le brosser les dents.
Il rentra en classe, avec pour seules affaires des rouleaux de parchemin ainsi que sa plume d'aigle, le cours d'Astronomie était beaucoup plus tard, il n'était pas nécessaire de se charrier d'un sac inutile.
Au fond de la salle il put observer le Professeur et plus près de lui un groupe d'élèves assis vers les derniers rangs.

-Bonjours Professeur, avait-il dit d'une voix calme et posée...

Il se dirigea ensuite vers le groupe de sorciers présent,et lorsqu'il fut arrivé parmi eux, il entendit un bout de leur conversation, il parler des dessins animés que Sandro regardait quand il était plus jeune, une vague de souvenir lui traversèrent l'esprit, il s'approcha un peu plus du groupe d'un pas calme et soutenu.

-Tien Salut vous trois , Akiko, Nikolaï comment allez-vous ?

Il regarda alors un peu plus intensément la jolie blonde,elle était de la même maison que lui, et il lui semblait l'avoir déjà vu quelques part,

-Et toi tu es Arabella c'est ça ? ça va bien ?

Enfin il releva les yeux et s'adressa à tous ce qui étaient présents.

-Cela vous ennuie si je me joins à vous ?

Le jeune Gryffondor était en train de dévorer sa troisième cuisse de dinde lorsqu’il sortit son emploi du temps. Quel était la suite du programme ? Il faillit s’étouffer en voyant la réponse.

Etude des moldus ? Qu’est-ce que c’est que ces salades ?

Il eut beau réfléchir, il ne comprenait pas pourquoi les moldus étaient étudiés au même titre que les créatures magiques ou la botanique. Ronan avait grandi chez des parents certes sorciers mais qui vivaient en évitant au maximum le contact avec la magie. Ainsi, le jeune sorcier se considérait lui-même comme un semi-moldu. Il connaissait leurs habitudes, leur mode de vie, leur technologie et leurs idées. Et surtout il ne comprenait pas le caractère exotique qu’avaient les moldus pour la majorité des sorciers. Ces derniers vivaient-ils tellement en autarcie ou étaient-ils si peu ouverts d’esprit pour ne pas connaître leurs frères non-magiques ? Décidément, Ronan avait du mal à concevoir l’état d’esprit des sorciers. Et il trouvait vexant qu’il faille un cours à Poudlard pour qu’on daigne bien accorder un peu de temps et de connaissances aux moldus. Il se dit que les sorciers faisaient un complexe de supériorité plutôt malvenu, surtout quand on pensait aux derniers événements et aux déclarations de ceux qui se disaient « sang pur ».

C’est donc d’une humeur passablement mauvaise que Ronan grimpa les quelques marches qui menaient au premier étage. Heureusement, il avait au moins la satisfaction de s’être bien rempli la panse. Il entra dans la salle de classe. Encore une fois, il était loin d’être le premier. Il fut rassuré en voyant le visage du professeur. Visiblement, ce ne serait pas un vieux professeur qui se contenterait de déblatérer sa science sur un sujet qu’il ne maîtrisait pas tant que ça et qui ne l’intéressait finalement que très peu. L’homme assis au bureau, plutôt jeune, semblait enthousiaste et avait rapporté de nombreux appareils électriques que Ronan reconnut aussitôt. Finalement ce cours allait peut-être se révéler très sympa ! Et si les sorciers étaient fascinés par la technologie moldue ? Le jeune griffon sourit à cette idée. Le monde à l'envers... Il se demanda aussi pourquoi un professeur acceptait d’enseigner cette matière. Ce n’était certainement pas le poste le plus demandé. Peut-être Mr Oldfield, c’était le nom inscrit sur la porte, était-il lui-même un moldu…

Sans même y faire attention, Ronan alla s’asseoir au premier rang, pour la première fois de l’année. Il salua tout de même les autres élèves qu’il avait déjà croisés le matin notamment. Il commençait à mettre des noms sur les visages et prenait ses marques au sein de l’école. Petit à petit, il trouvait sa place.

Elle n’avait pas assez manger. C’était un fait indéniable. Et cela allait sans aucun doute jouer sur son humeur du jour. Surtout qu’elle ne comprenait rien à rien à l’Etude des Moldus. C’était pourtant un monde qui la passionnait, l’attirait ! Mais ça avait beau être trop cool, c’était surtout beaucoup trop compliqué. Okay, ils n’avaient pas de baguette magique, mais avaient-ils vraiment besoin de créer des choses bizarres tel que des consoles de jeux vidéos ? Non, non et non ! Trop technique, donc trop difficile à comprendre. Et puis, il y avait de tellement plus merveilleuses façons de s’amuser… Le Quidditch par exemple ! Bon, c’est sûr que sans balai volant, cognard et vif d’or, c’était quand même beaucoup plus compliqué de se faire un petit match bien sympathique… Et puis, sans doute les Moldus étaient-ils trop occupés à s’abrutir devant des boites à images pour inventer un Quidditch à leur façon… Quoi, ils l’ont déjà fait ? Ah. Bon d’accord.

Bref. Le ventre à moitié vide (oui, quand il s’agit de manque de nourriture, la petite Ambrine a tendance à être pessimiste), l’enfant se dirigea en grommelant vers la salle de cours, ne pensant qu’aux friandises qu’elle engloutira une fois les deux heures passées. Dans son état, elle était déjà blasée avant d’avoir entamé la première minute. Mais elle devait faire, encore une fois, bonne figure devant les professeurs. Surtout que celui-ci était un nouveau. Encore un. A croire qu’il y avait un recrutement massif cette année. Temps mieux après tout, ça faisait du bien de voir de nouveaux visages. Et puis, avec un peu de chance, celui-ci aurait eu la merveilleuse idée de ramener à manger ! Bon, Ambrine ne connaissait pas du tout la nourriture des Moldus, mais au moins, elle pourrait finir son repas.

Avec cet espoir en tête, la petite pressa le pas à travers les couloirs, son insigne bien accroché sur sa robe, ce qui était sans doute à l’origine de la diminution du nombre de bousculement qu’elle subissait chaque fois qu’elle se baladait dans les couloirs. Les rumeurs allaient vite dans l’enceinte du prestigieux château, aussi, à peu près tout le monde était au courant qu’elle était préfète, mise à part peut-être les premières années. Cela avait ses avantages. Elle ne passait plus inaperçue, et ça, c’était à la fois un grand inconvénient, mais aussi un petit plus assez sympathique : celui de ne pas se faire écraser par la foule.

Quand elle arriva devant la salle, bien vite en passant, puisqu‘en plus de ne pas avoir fait deux pas en arrière chaque fois qu‘elle en faisait trois en avant, l‘Etude des Moldus se passait au premier etage, Ambrine jeta un rapide coup d’œil à l’interieur. Raté, pas de nourriture. Mais étant donné qu’il y avait déjà des élèves à l’intérieur, Ambrine ne grogna pas trop longtemps à l’exterieur. Aussi, lentement, elle passa le pas de la porte.

- Bonjour Monsieur - lança-t-elle presque tristement, malgré le sourire poli qui régnait sur ses lèvres.

Ses yeux se posèrent ensuite sur les étranges et légèrement terrifiantes machines qui trônait sur le bureau du professeur. Ses yeux s’équarquillèrent devant tant d’engins de torture, et elle eut tôt fait de détourner le regard, histoire de ne pas être plus découragée qu’elle ne l’était déjà. Elle s’avança ensuite, sans réfléchir, vers Akiko, Nikolai, Sandro et une plus grande, qu’elle avait vu en cours de Défense contre les forces du Mal. Isabelle ou quelque chose qui finit par belle. Ou Bella. Bref, l’enfant n’avait pas la mémoire des noms. Mais quand il s’agissait de se rappeler des choses sur le long terme, là elle excellait. Alors elle n’allait pas se plaindre. C’était ce qu’il y avait de plus utile pour les examens. Retrouvant une once de joie, elle s’approcha d’eux avec un grand sourire, interrompant momentanément leur conversation.

- Coucou vous tous ! Vous allez bien ?

Elle posa ensuite son sac sur la table situé juste devant celle d’Arabella, s’assit et se tordit sur sa chaise pour pouvoir parler tout en regardant vers le groupe, et dans un murmure pas très discret, reprit la parole.

- Dites, vous avez eu le temps de manger vous ? Parce que moi, après le cours de défense de ce matin, j’avais super faim ! Mais ils nous laissent à peine le temps de manger l’entrée ! Je crois que j’aime pas trop les lundis…

Le tout premier jour de sa vie de collégienne sorcière. Enfin c’était pas vraiment son premier jour à Poudlard puisqu’elle avait eu le week-end pour s’habituer à ses camarades de maison et un peu au château, mais là, elle avait eu son tout premier cours, son tout premier repas de midi entre deux heures de cours, et elle allait pour la première fois assister à un cours d’étude des moldus. C’était plutôt génial, un peu comme pour l’étudiante étrangère venue de France qui avait toujours d’excellentes notes en Français. Même si maintenant, Siam était une sorcière, elle avait toujours été une moldue. Ses parents, ses voisins, et même leur chat étaient moldus. Alors elle connaissait forcément tout, Poufsouffle allait gagner plein de points et ils allaient avoir la grande banderole dont on lui avait parlé à la fin de l’année, parce qu’ils arriveraient en toute première place du classement des quatre maisons. Oui, tout ça.

Elle avait donc mangé avec énormément d’appétit, malgré ce qu’elle avait englouti le matin, à toute vitesse, si bien qu’elle en était à son deuxième dessert quand les autres dépassaient à peine l’entrée. Enfin pas à ce point là, mais pas très loin. Et son repas fini, avant que tout disparaisse et qu’elle ne doive quitter la Grande Salle pour se rendre en cours avec les autres, elle fit tomber quelques choux (la pâtisserie pas le légume), une part de cake au jambon emballée dans une serviette en papier et une pomme dans son sac. Elle remplit un peu sa gourde de jus de citrouille, et bien plus lourde qu’à son arrivée, fila aux toilettes avant d’arriver en classe. Pas question de se faire remarquer en train de se trémousser sur sa chaise pour une envie pressante aussi tôt dans l’année.

Fière, la tête haute, elle passa la porte de la salle et jeta un coup d’œil intrigué dans la grosse boite posée sur le bureau du professeur, qu’elle salua en marmonnant, avant de chercher une place, plus curieuse que jamais. Il y avait un magnétoscope, une télévision… C’était cool tout ça, mais quand elle avait essayé de brancher des trucs de chez elle ici, ça n’avait pas marché, et ce pour la très simple et bonne raison que d’une, la lumière devait être magique, et que deux, elle n’avait pas trouvé la moindre prise pour brancher quoi que ce soit. Du coup, son portable, acheté par son père à l’occasion, en plus de ne pas avoir de réseau ne pouvait même pas être chargé et avait fini dans le tiroir de sa table de nuit.

Hésitante, elle décida d’aller s’asseoir à côté de sa préfète, qu’elle avait définie comme son meilleur point de repère ici à Poudlard pour au moins les trois prochaines semaines, et posa son sac bien trop lourd pour sa petite épaule sur sa table juste au moment ou Ambrine se plaignait de ne pas avoir assez mangé. Elle allait être aimée et en aurait presque gloussé de plaisir si elle n’avait pas eu peur d’être ridicule. S’asseyant, elle lui fit passer discrètement le morceau de cake avec un sourire et se tourna à son tour vers le groupe de gens qu’elle ne connaissait pas le moins du monde. Mais pas question de jouer la timide ici, la môme décida de faire comme si de rien n’était, et souffla.

« Ma baby-sitter qu’est sorcière aussi m’a dit que je ferais mieux d’avoir toujours a manger, et en plus on a un trou après ce cours, alors comme le savoir ça donne faim… On faisait toujours ça à mon ancienne école, et la nourriture était vachement moins bonne. »

Elle faisait peut être un peu trop mademoiselle je sais tout là. Hésitante, elle se contenta d’un sourire. Tant qu’elle gardait la face, tout allait bien.