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 La poupée brisée et le camé [Abandonné]
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: La poupée brisée et le camé [Abandonné]   La poupée brisée et le camé [Abandonné] EmptyMar 6 Sep - 23:20:35

La cire molle, encore brûlante, s'écrasa sous l'index d'Aïlin. Les déboires sans fins de Brennan l'indifféraient tant qu'il préférait jouer avec la bougie prête à mourir dans une dernière flammèche que de s'impliquer réellement dans la conversation. Ces derniers jours, tout l'ennuyait. Perdu dans le vase-clos de ses pensées, il ruminait la folie soudaine qui lui avait prit de quitter Poudlard au beau milieu de ses examens. Qu'il ait ou non ses ASPIC ne changeait rien. Les employeurs qu'il fréquentait se fichaient bien de ces qualifications trop scolaires et donc désespérément limitées. Ce n'était pas ça qui le perturbait. C'était cette façon dont il s'était laissé emporter dans la spirale alléchante de l'héroïne. À nouveau. Son esprit si logique et raisonnable aurait dû l'avertir qu'il n'était pas si loin de l'addiction. Mais cet esprit n'était plus tant logique et raisonnable que cela. Des passions brûlantes l'assaillaient de toutes parts, le pressaient, lui faisaient sentir sa solitude avec une dureté déconcertante. Ses passions étaient comme des écorchures dont le seul antiseptique était son paradis artificiel. L'alchimie accaparait son intelligence et sa raison se perdait dans des jardins interdits. Sa vie n'était constituée en tout et pour tout que de cela. Poudlard avait un temps ralenti cette chute lente mais sans fin visible, néanmoins Poudlard n'était aujourd'hui plus qu'une page tournée de sa vie.

Enfin, Brennan en vint aux faits. Aïlin releva un regard flou au-dessus de son verre de vin rouge. Ce que le sorcier lui disait n'était pas clair dans l'esprit encore embrumé du jeune alchimiste. Il lui parlait de trafic, d'un type qui désirait se lancer dans la conception d'un nouveau produit dont il avait entendu parler par un contact qui connaissait un autre contact plus haut placé et qui connaissait lui même...
Il s'était chargé, en « ami » disait-il, de parler de lui, afin que son nom parvienne aux oreilles de l'auguste intéressé, car il avait l'air d'un type qui avait les moyens de bien payer. Ses yeux avides suggéraient déjà à Aïlin, avant même que Brennan ne plisse le nez comme il le faisait toujours dans ces moments et qu'il ouvre enfin la bouche, qu'il espérait une récompense pour ce beau geste de fraternité. Aïlin renifla, méprisant.


« C'est bien aimable, Brennan. Mais je ne t'ai rien demandé. Je peux financer pour quelques années mes recherches sans mécène. Mais tu as raison sur un point, nous ne sommes jamais trop prudent avec les finances. Ton geste me touche, rappelles-moi de t'inviter à diner un soir. »

Un mélange de vexation et de gêne passa sur le visage de Brennan, tirant un sourire amusé à Aïlin.

« C'était seulement pour cela que tu m'invitais boire un verre ici ?
- À dire vrai, non. J'ai aussi ce que tu m'avais demandé le mois dernier. Tu m'avais dit de te le donner lorsque tu sortirais de Poudlard, tu t'en souviens ? »

Oui, Aïlin s'en souvenait parfaitement. Ses yeux brillèrent d'intérêt pour la première fois de la soirée. Son intelligence s'était éveillée, interpellée par le mot magique, obnubilée par le seul sujet qui rendait passionants les chemins complexes qu'empruntait son cerveau.

« Tiens, voici. »

Chuchota Brennan en se penchant en avant et en tendant à l'ancien Serdaigle un ouvrage à l'apparence modeste mais qui, malgré sa couverture, renfermait un véritable trésor de savoir alchimique. Un sourire ravi fendit ses lèvres.

« Cette tournée est pour moi. Je t'enverrais le reste de ce que je te dois demain à la première heure. »

Visiblement, son compère s'attendait à ce que Bower ait la somme sur lui, mais il n'était pas le genre de type à faire preuve de tant d'imprudence. Du moins, plus maintenant qu'il avait réalisé le danger que cela représentait. On ne savait jamais qui se cachait derrière les sourires avenants et les poignées de mains mielleuses de ceux qui nous rendaient, ou à qui l'on rendait, service. On ne savait jamais non plus quel genre de gros bras pouvait traîner dans l'ombre. Brennan était assez faux pour lui faire un mauvais coup, il le ressentait jusqu'au plus profond de ses tripes. Il pensait d'ailleurs de plus en plus à couper tout lien avec ce garçon, mais ce dernier avait de bons tuyaux pour se faire la main dans les travaux alchimiques et le jeu en valait tout de même la chandelle.
Aïlin déposa quelques mornilles sur la table et l'autre le remercia avec un peu de froideur, avant de prétexter un rendez-vous qu'il ne voulait pas louper. Cette excuse pour fuir la présence d'Aïlin était une preuve flagrante de sa lâcheté et de sa fausseté, mais il ne s'en offusqua pas, habitué aux bouderies de son collègue lorsqu'il s'agissait de paiement. Ce dernier semblait toujours craindre l'entourloupe, même de la part de ses contacts les plus honnêtes. Un véritable paranoïaque.
Resté seul, il vida son verre et parcourut la salle du regard.

C'était un troquet qui se voulait d'une ambiance sombre, bien qu'une certaine recherche se devinait dans la disposition des meubles en un genre de marbre noir. Du parquet d'ébène vernis faisait office de sol et du lambris de la même teinte ornait les murs. Le noir profond se mêlait au rouge sanguin du papier peint, le tout auréolé d'une lumière blanche, diffusée par les appliques et les bougies qui ornaient chaque table. Les chaises avaient l'aspect robuste et confortable de petits fauteuils. Le bar était large et propre, le serveur en livrée noire essuyait méticuleusement les verres.
Quant aux clients, ils se montraient discrets pour la plupart, chuchotant en petits groupes ou jouant une partie de cartes magiques avec une désinvolture feinte. On ne s'approchait d'ailleurs pas de ces tables là. Du moins pas sans y être convié. Beaucoup d'argent s'y jouait, et ce n'était pas un secret pour les habitués qui gardaient une distance respectueuses de ces sorciers en noir ayant pour habitude de se réunir ici. À l'autre bout de la vaste pièce, il n'y avait presque personne.
Une jeune femme au visage de glace se tenait dans un angle, buvant un verre d'une boisson quelconque. Elle amenait l'alcool à sa bouche d'une main fébrile et ses yeux parcouraient les alentours avec une nervosité bien visible. Un visage de glace brisée, c'était cela que la jeune femme lui inspirait. Mais ce n'était pas cela qui l'interpela. Elle lui était familière. Pas dans sa posture un peu courbée, comme un animal pris en chasse, ni dans la façon qu'elle avait de serrer quelque fois les lèvres. Mais les courbes qu'il devinait de son corps, sa gorge gracile, les traits de son visage et... ses yeux d'une profondeur déconcertante.
Il avait peine à y croire. Était-ce bien elle ? La Serpentard n'était plus que l'ombre d'elle-même. Si fière et si orgueilleuse autrefois, elle semblait aujourd'hui blessée et effrayée comme une biche. Elle qui semblait, dans ses souvenirs, faite de roc paraissait maintenant plus fragile qu'une poupée.

Il se leva avec douceur, incertain. L'avait-elle vu ? L'avait-elle reconnu ? Il n'en avait aucune idée, mais son regard douloureux l'attirait comme une lumière attire un papillon de nuit. Il s'approcha d'elle lentement, craignant un sursaut furieux de l'ancienne Narcissa qui n'aurait peut-être pas hésité, prise par surprise, à lever sa baguette.
Elle était installée sur un banc rembourré, dos contre le mur. Il s'y installa également, assez proche pour pouvoir lui adresser la parole et l'observer plus à loisir, mais à une distance qui respectait son espace vital. Malgré l'anxiété apparente de la jeune femme et la drogue qui coulait encore dans ses propres veines, il avait la décence de se méfier.

« Bonsoir, Narcissa. »

Il resta là un moment sans parler, cherchant en lui ce qu'il y avait de plus approprié à dire à cette amie qu'il avait perdu de vue. Il ignorait tout bonnement ce qu'elle avait fait ces derniers mois, comment avait tourné son existence, ni comment se profilait son avenir. Il ne s'en était pas soucié, trop accaparé par ses propres troubles.

« J'avoue que je ne pensais pas te revoir un jour, surtout pas comme cela, par un pur hasard. La surprise n'en est que plus agréable. Enfin... Je dois dire que le plaisir est altéré par cette expression que je ne te connais pas, ma belle. J'espère que, sans ma présence à tes côtés, tu ne t'es pas fourrée dans quelques ennuis ? »

Il lui adressa un regard cordial, doublé d'un sourire où toute moquerie avait été évincée par le spectre de leur ancienne complicité, clin d'oeil à leur relation passée.

« Je peux t'offrir un verre ? »


Dernière édition par Aïlin Bower le Dim 28 Oct - 10:23:44, édité 1 fois
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  • Narcissa Bower
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MessageSujet: Re: La poupée brisée et le camé [Abandonné]   La poupée brisée et le camé [Abandonné] EmptyMer 7 Sep - 19:29:25

    La fascination de l’abîme, Narcissa la connaissait que trop bien. Coincée entre deux gouffres, l’ancienne terreur de Serpentard était complètement méconnaissable. Perdue dans les eaux troubles, elle ne semblait pouvoir remonter à la surface. Emprisonnée par une spirale d’angoisse, par ses Néréides devenues démoniaques qui l’attrapent et la retiennent prisonnière du Néant. La jeune fille aux cheveux d’ébène ne cherchait pas à s’en sortir, au contraire, elle se complaisait dans une sorte de paresse forcée, mêlée à une mélancolie malsaine. Tel un damné ayant oublié ses prières, tel un ange déchu tombant dans le précipice sans fin.

    Des semaines, des mois, des années, l’héritière Bodom ne savait guère depuis combien de temps elle errait sans but. La jeune fille au regard océan maudissait la vie à un degré si élevé qu’il n’en était point permis. Elle avait des rêves cadavériques, faits de sang et de chair agonisante, elle espérait une apocalypse soudaine, où les quatre cavaliers l’emporteraient avec eux dans un dédale sans fin. Elle était partie, elle ne comptait jamais revenir, elle avait tourné le dos à tous ses principes, aux souvenirs obscurs peuplant l’univers de Poudlard et ses alentours. Rien que le fait de revenir à Londres insupportait, franchir les marches de l’escalier de marbre du hall de l’école de Magie était impossible.
    De toutes les manières, elle ne comptait pas y retourner.

    Assise dans ce troquet spacieux et sinistre, elle se sentait déjà tellement oppressée. Personne autour d’elle à plusieurs mètres à la ronde, cependant, la Vipère regorgeait de stress et d’angoisse. Elle était totalement perdue, apeurée, livrée à elle-même comme une innocente créature sans défense. Pourtant, miss Bodom n’avait rien d’une innocente créature ! Bien au contraire, pendant la guerre mêlant les mages noirs à l’Ordre, bouleversant ainsi tout le monde magique, Narcissa était du côté du Lord, du côté du mal.
    Il ne pouvait en être autrement pour la jeune sorcière. En effet, ses parents étaient tous deux des Mangemorts. Puis, sa rencontre avec le Seigneur des Ténèbres en personne, au cimetière de Pré au Lard, alors qu’elle était âgée d’à peine douze ans avait d’ores et déjà scellé son destin.
    Quelque temps après, le Lord Noir et l’héritière Bodom échangeaient des messages par hiboux, à la Volière. Elle lui apportait des indications sur Poudlard, sur Dumbledore, sur Potter, elle était sa fidèle servante au sein du château. Elle ne s’est jamais fait attraper. Sa haine grandissait de jour en jour, son sang bouillonnait de rage, elle en voulait au monde entier. A cette époque et juste après, la jeune vert et argent aurait été capable de tuer de ses mains, une folie sanguinaire l’habitait.
    Trop jeune donc mise à l’écart, elle est morte en même temps que le Lord, à sa chute l’année passée. Elle s’en voulait terriblement, son monde s’écroulait, tout ce en quoi elle croyait n’existait plus, envolé en fumée, enterré dans l’oubli.
    C’était la fin du règne du mal, une réalité mourante.

    Assise depuis une heure, voire deux ou plus, la belle au visage de marbre sirotait des verres d’Absinthe pure. Elle qui était déjà bien atteinte par la folie semblait s’achever grâce à ce breuvage diabolique.
    Elle fabulait assise au fond du troquet, son visage toujours de glace, mais avec des notes étranges qu’on ne lui connaissait guère, de la peur, de l’appréhension. Mais pas de méfiance.
    D’ailleurs, un individu vint s’asseoir auprès d’elle, elle sursauta mais ne bougea pas. Elle qui avant aurait sorti sa baguette quelques mètres avant que l’inconnu n’approche. La belle au teint pâle se tourna lentement vers son interlocuteur forcé, l’écouta mais ne répliqua rien jusqu’à ce qu’il parle de lui offrir un verre. La jeune fille hocha donc la tête d’un air affirmatif, puis rétorqua faiblement :

    - « Remets-moi ça en double. »

    ‘Cissa dirigea ensuite la tête vers son verre vide, puis approcha sa main de ce dernier. Sa folie inoculée transpirait de tout son être, elle renversa son verre, avant de reprendre :

    - « Des ennuis ? »

    La Ténébreuse aux lèvres de sang remonta la manche de sa robe de sorcier, puis inconsciemment lui montra sa marque des Ténèbres.

    - « Je ne vois pas de quoi tu parles, pourquoi aurai-je donc des ennuis !
    J’ai juste une seule envie, boire ce foutu verre ! Et… et… mourir, partir loin, très loin, ne plus jamais revenir, partir ! »


    Elle divaguait.

    - « La mort n’est qu’un état d’âme tu sais. A chacun son jugement dernier. Tout le monde s’en va un jour, seuls les regrets sont éternels. »

    Narcissa semblait revenir peu à peu à elle, elle regarda à présent le jeune homme dans les yeux. Son visage ne lui disait rien au premier abord, ses pensées étaient tellement confuses, mais son regard, ses prunelles meurtries lui rappelaient Poudlard. Ils semblaient avoir été complices auparavant, le jeune homme l’avait aidé, épaulé et sorti sans aucun doute de bien des ennuis.
    Cela lui revenait à présent.

    - « Bower, je ne suis plus que l’ombre de la fille que tu as connue à Poudlard. Je suis morte, tout comme… Tout comme… »

    La jeune fille au regard océan n’a plus prononcé le nom du Seigneur des Ténèbres, y repenser était tellement douloureux pour elle. Sa mort a été intensément plus tragique que celle de ses propres parents.
    Les larmes n’avaient pourtant point coulés, uniquement le sang. Toute sa peau était comme écorchée à vif, hormis son visage.

    - « Je ne sais plus qui est Narcissa, je n’ai plus de nom ni plus aucune raison d’exister. Ta seule présence me plante une lame directement en plein cœur, si tant est qu’il m’en reste un, j’y ai déjà laissé mon âme. Ma solitude me ronge mais ne me tue pas, j’espère trouver la mort dans l’ivresse. Alors, il vient ce verre ? »

    Elle avait toujours son doux visage porcelaine, mais le temps et ses souffrances l’avaient abîmé. Son éclat semblait malade et funèbre.
    La belle n’attendait plus que le grand déclin…


Dernière édition par Narcissa Bodom le Lun 12 Sep - 19:14:07, édité 1 fois
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: La poupée brisée et le camé [Abandonné]   La poupée brisée et le camé [Abandonné] EmptyMer 7 Sep - 22:48:05

La voix suave de Narcissa coula sur lui comme la complainte d'une créature à l'agonie. Elle vibrait à ses tympans, s'insinuait en lui, dans son sang et sa chair en délaissant sur son passage des pointes de verres acérées, empreintes du terrible poison qu'était la souffrance. Un instant, il crut cesser de respirer. Les résidus d'héroïne dans son sang montèrent à son cerveau et il fut embarqué une poignée de secondes dans la folie de l'ancienne Serpentard. Il baissa le menton et passa une main sur son visage. Puis cette main tomba dans la poche de sa veste et s'y figea, serrée sur le sachet de poudre qu'elle renfermait. La marque des ténèbres qu'elle avait offert impudiquement à ses yeux avait renforcé cette sensation soudaine et désespérante de morosité.
Jamais il n'aurait imaginé que la belle et sanguinaire Narcissa tomberait dans une telle dépression, palperait avec autant de lucidité la vanité de l'existence. Il n'aurait pas imaginé, non plus, que ces propos lui soient si familiers. Jamais il ne les avait clairement prononcé dans ses phases de désespoir les plus profondes. Il n'avait jamais eu aucun mot à apposer sur sa souffrance mais s'il y en avait eu, peut-être auraient-ce été ceux là. Il refusait néanmoins de tomber dans une spirale si morbide. Il avait toujours combattu les affres les plus obscurs de son âme. Il préférait évincer son désarroi dans des substances qui le plongeait dans la béatitude. Malheureusement, l'héroïne plongeait aussi bien dans un état de tranquillité et de bien-être qu'elle vous rendait amorphe, au point de se laisser choir à même le sol, sans force, lorsque ses effets retombaient. Le moindre geste était un supplice pour le corps, et les propos les plus sombres pouvaient contaminer le jeune homme avec une force qui tenait du maléfice. La nausée le gagna. Il sortit le sachet de sa poche et s'installa plus près de Narcissa, à sa table.
Il leva la main et héla le serveur.


« Vous nous remettrez ce qu'a pris Mademoiselle, en double. Rapidement, s'il-vous-plaît. »

Commanda-t-il d'une voix aigre, avant de laisser tomber sur la table un peu de cocaïne du sachet. Il ne prononça pas un mot, le regard résolument baissé sur la poudre qu'il disposait en deux rails à l'aide d'une petite tige de fer qu'il réservait à cet effet. Il sortit de sa poche une petite paille de carton et sniffa, un index appuyé contre sa narine droite.
Il redressa la tête et ferma les yeux. Puis, sans un mot, il posa la paille devant Narcissa. Elle en avait au moins autant besoin que lui à cet instant, mais elle était libre ou non de refuser son offre silencieuse.


« Je n'imaginais pas un jour te faire un tel effet. »

Finit-il par murmurer, sans humour. La nausée passait déjà légèrement, mais il ne se sentait pas encore vraiment mieux. Narcissa avait un don déjà autrefois pour ruiner son optimisme, mais elle battait à présent des records dans le sinistre.

« C'est une belle mort que tu te propose, Narcissa. Souviens-toi qu'elle te permet toujours une résurrection, le lendemain. Le jour se lève toujours, irrémédiablement. Tu serais morte si je n'avais pas effacé les traces, agissant dans l'ombre de tes pas. Tu devrais t'estimer heureuse, je crois. »

Il renifla, releva le menton et braqua ses yeux perçants dans ceux glaçants de la jeune femme.

« C'est la vie. Il y a une grande part de vanité, dans tout cela. Lorsque ce à quoi nous nous accrochons s'effondre, c'est toute l'existence qui semble s'effondrer. Mais c'est un leurre. Tu es là, vivante, malgré tout. Ton cœur peut être fait de barbelés, il bat encore. »

Le serveur interrompit l'élan bravache du jeune homme. Il lui adressa un regard pour tout remerciement et poussa le verre de Narcissa plus près d'elle, avant de lever le sien et planter son regard à nouveau dans celui de la jeune femme. La douleur qui suintait de ses yeux lui fendait l'âme, en réalité, mais il se refusait à sombrer avec elle. La drogue faisait doucement son effet. Il se sentait à nouveau plus vif, plus lucide. Il n'y avait pas de raison pour se laisser tomber dans le gouffre sinistre qu'elle ouvrait sous ses pieds. S'il l'avait attiré un instant plus tôt, il le repoussait à présent avec tout autant de conviction. Il n'y avait rien là-bas, sinon le noir. Aïlin se débattait contre l'obscurité, effrayé par l'attrait qu'elle exerçait sur lui. Il n'aimait pas ces propos là, ils étaient des appels à la plus terrible des morts. La mort de tout espoir.

Voir la belle Bodom s'y complaire n'était peut-être pas si étonnant, mais cela le décevait. Il l'avait estimé plus forte, plus intelligente. Assez pour se relever et considérer le Lord qu'elle avait servit comme autre chose qu'un prophète ou, pire encore, un dieu descendu sur Terre. Il savait son endoctrinement puissant, mais il pensait que son intellect l'était assez aussi pour se disssocier de la chute de ces mœurs et de ces idées d'un autre temps.


« Mais buvons, si c'est là le seul but de ta soirée. Cela me va très bien à moi aussi. »

L'effet de l'absinthe semblait flotter comme une vaguelette opaline dans ses yeux. Son visage si harmonieux alors qu'il l'avait rencontré était cassé, comme si quelqu'un avait frappé cette poupée de porcelaine, front contre le rebord d'une table de pierre. Il eut envie de glisser une main sur sa joue et, désinhibé par l'effet des substances qui coulaient dans son corps, il osa. Le dos de sa main glissa sur ses tempes, ses pommettes, sa joue tendre, gonflée d'une chair encore palpitante de vie malgré l'état mental de sa propriétaire.

« Oublies. On te l'a donné de force, ça ne t'appartenait pas. Je te l'ai déjà dit et tu aurais mieux fait de m'écouter. »

Il savait qu'il allait au devant de son mépris par de tels propos, ils ne se comprenaient pas sur ce point et c'était là tout ce qui faisait l'étrangeté de leur amitié, si l'on pouvait appeler leur relation ainsi. Mais il savait à présent être un interlocuteur crédible et charismatique, il ne craignait plus le jugement et le dédain comme dans ses jeunes années. On l'écoutait, parce qu'il ne laissait pas d'autres perspectives à l'autre.
Du moins, c'était ainsi qu'il agissait avec ceux qui en valaient la peine. Il n'adressait pas la parole à ceux qui n'avaient pas les facultés intellectuelles pour analyser la teneur de ses propos, ou qui était trop absurdement braqués dans leurs positions. Narcissa était bornée et obstinée, elle était faite d'extrêmes. Elle aurait pu faire parti de ceux-là et il n'espérait pas, en réalité, lui faire revoir ses positions. Seulement les tempérer, tout au plus.
La différence entre les radicalistes tels qu'il se les imaginait et Narcissa, c'était qu'elle avait assez de tenue pour ne pas se mettre à cracher à la moindre nuance. Elle avait, selon lui, les facultés pour l'entendre. Peut-être pas pour le comprendre, mais c'était là, après tout, tout l'intérêt de la relation qu'ils avaient entretenus, aussi absurde cela pouvait-il paraître. C'était un genre de défi, où l'on flirtait avec les limites de l'autre plus ou moins consciemment, toujours proche du point de non retour où le dialogue romprait comme une terre asséchée.


« En réalité, tu as le choix aujourd'hui d'être aussi rusée et opportuniste que Salazar. »
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  • Narcissa Bower
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MessageSujet: Re: La poupée brisée et le camé [Abandonné]   La poupée brisée et le camé [Abandonné] EmptyLun 12 Sep - 19:52:02

    La Belle attendait la mort comme une libération. Pourtant, la mort lui avait toujours fait peur. Cette grande inconnue qui l’apeurait mais la fascinait tout en même temps. La tentation du morbide, du sinistre. Elle se montait son propre paradis artificiel, même si celui-ci avait de drôles arrières goûts d’enfer. Il était toujours difficile d’appréhender la mort, la mort est changeante, incertaine, libre et toute puissante. Toutes les croyances les plus folles, tous les symboles accrocheurs n’y pouvaient rien, ils étaient tous vains, déjà creusés, bientôt mourants.

    Aïlin sortit un petit sachet de poudre blanche de sa poche, le posa sur la table. Cissa n’était pas dupe, elle savait parfaitement de quoi il s’agissait. Mais jamais elle n’aurait pensé qu’un tel produit puisse atterrir dans les mains d’un ancien élève de Poudlard. Le jeune homme en prisa une certaine quantité, puis poussa négligemment le produit vers la Belle. Cela l’oppressait. Sans en avoir jamais touché, elle pouvait ressentir son effet, déjà bien enivrée, la sensation était encore plus intense. Son rythme cardiaque s’accélérait, elle suffoquait à présent, elle semblait manquer d’air. La Vert et Argent se leva d’un bond, puis se rassit tout en glissant sur le côté. A présent complètement avachie sur le canapé, elle fixait toujours le sachet, il l’oppressait étrangement. Elle le regardait tantôt avec envie, tantôt avec dédain, mais toujours avec cette lueur d’angoisse dans le fond de ses yeux.
    Aïlin avait repris la parole, elle ne l’avait qu’à peine entendu murmurer. Puis elle prit la paille et sniffa une grosse quantité de poudre blanche. Elle avait agit instinctivement, maladroitement, dans un élan de désespoir. Peut être que c’était cela qui lui fallait pour réussir à remonter la pente, elle avait essayé de s’en convaincre tant bien que mal, sous l’effet de l’alcool, tout était toujours plus simple à faire passer.

    - « Le problème est qu’il y a toujours un lendemain, comme tu le dis si bien mon cher Bower. Faisons demeurer cette nuit éternelle, si tu le veux bien. »

    La Vipère pris son verre et en bu la moitié d’un trait, sa gorge commençait à être bien anesthésiée, quant au liquide conséquent qu’elle avait déjà absorbé.

    - « J’ai toujours pu compter sur toi Aïlin c’est vrai, j’ai toujours été excessive dans tout ce que j’ai entrepris. Et toi, tu ne m’as toujours soutenue, mais tu étais toujours présent dans l’ombre pour balayer mes négligences. Je te dois sans doute une vie. Ou bien devrai-je te couper la tienne pour ne pas m’avoir laissé mourir. Je ne peux délibérément pas t’en vouloir. Toi seul m’est resté fidèle. »

    La Ténébreuse semblait reprendre un peu de couleur, ses paroles étaient plus nettes, malgré son état second qui allait de mal en pis. A ses pupilles dilatées, on se rendait bien compte que la cocaïne faisait son bonhomme de chemin. Elle s’en rendait compte, meilleure activité cérébrale, plus d’éloquence. La drogue la garderait éveillée et creuserait un peu plus le dessous de ses yeux, renforçant sa mine renfrognée et cadavérique.

    Le dernier des Bower, qui regardait à présent Narcissa dans les yeux, vint passer une main sur sa joue, elle frissonna. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas eu de contact humain, tout au moins aussi familier, tendre. Une étrange sensation parcourue l’ensemble de son dos, elle tremblait presque. Cette main masculine lui rappelait un évènement passé, dans la forêt interdite. Drago, le seul pour qui elle avait un jour eu des semblants de sentiments. Ressentir à nouveau cette protection, ce geste de tendresse lui faisait du bien. Elle s’était sentie ailleurs pendant une fraction de seconde, une plénitude éphémère.

    La dernière parole de l’ancien bleu et bronze retint tout particulièrement l’attention de la brune aux yeux clairs. Choix, opportuniste, voilà des mots qu’elle avait involontairement rejetés de son vocabulaire, focalisé sur le fond et non sur la forme, l’esprit accaparé par le fruit de ses désirs mornes. Elle voulait en savoir plus, Aïlin avait su développer la curiosité de l’héritière Bodom.

    Il n’était guère faux à révéler que ‘Cissa ne s’était pas le moins du monde intéressé à ce qui se passait dans le monde magique après la chute du Lord Noir… Elle avait tout simplement, lamentablement et lâchement déserté.
    Des questions lui trottaient à présent dans la tête, elle paraissait de nouveau plus attentive et portait de l’intérêt à cette conversation.

    - « Tu es resté à Poudlard après le drame ? Vu ton état, je ne pense pas que tu as passé tes Aspics, au diable ces fichues études, ces impostures et ces tromperies ! »

    Une once de colère réapparut même dans le fond de ses prunelles. Elle porta de nouveau une gorgée d’Absinthe à ses lèvres, puis repris :

    - « Personne n’a repris le flambeau ? Je veux dire, avec tous les dégâts causés, les pertes matérielles et humaines, les moldus doivent quand même se douter de quelque chose ? Ces bandes de larves ne sont doués en rien, mais je présume que leur idiotie n’a pas pu empêcher les fuites… Alors nous allons donc fréquenter des moldus à présent, jouer à leurs imbécilités sans fin, se complaire dans la médiocrité ?
    IL n’aurait jamais voulu cela, oh non ! »


    Sa colère se dissipa néanmoins, son regard se redirigea vaguement vers la table, l’expression lassée, découragée. Ses changements soudains et brutaux s’apparentaient peu à peu à des troubles graves de l’humeur. La brune aux yeux clairs avait toujours eu une mélancolie troublante, mais sa dépression et sa détresse devenaient maniaques.
    Mais après tout, pourquoi devait-elle continuer la lutte si personne ne la suivait ? Son propre déclin était-il accompagné de celui de l’ensemble du monde magique ? Tant de questions la perturbaient, tant de craintes et toujours cette douleur au goût âcre d’éternité.
    Les pensées de la belle ténébreuse s’aventurèrent de nouveau dans les méandres de son esprit, focalisées sur la mortelle Inconnue. Elle avait des images d’une danse macabre, son âme immortelle plongeant vers d’immenses espaces. L’au-delà l’appelait, le soupir de la faucheuse lui glaçait déjà le sang.

    L’ancienne vert et argent termina son verre puis replongea son regard un peu trouble dans celui du jeune Bower. Elle avait mal, tellement mal et sentait monter en elle une terreur malsaine.

    - « Je n’ai plus rien à perdre, encore moins à gagner. »
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MessageSujet: Re: La poupée brisée et le camé [Abandonné]   La poupée brisée et le camé [Abandonné] EmptySam 17 Sep - 14:55:50

« Cissa ? »

Le cœur d'Aïlin s'emballa. Narcissa s'était levée, puis s'était affalée près de lui comme une poupée de chiffon. Il vit son souffle se bloquer dans sa gorge, sa bouche s'ouvrir, cherchant à capter un air qui ne venait plus jusqu'à ses poumons. Elle semblait en proie à une véritable crise d'angoisse. L'alchimiste se pencha vers elle, ses mains s'approchèrent sans pour autant la toucher, indécises. L'angoisse de la jeune femme était contagieuse. Que devait-il faire ? Il s'apprêtait à attraper sa baguette magique, prêt à débloquer le souffle coupé de Narcissa d'un sortilège, quand cette dernière se pencha finalement sur la poudre blanche pour la sniffer d'un trait. Elle avait fait cela d'un mouvement brusque, comme si à travers ce geste, c'était ses veines qu'elle écorchait, et non son esprit.
Et sa raison vacillante lui revint. Bower sentait encore son pouls battre furieusement tandis que l'orpheline reprenait la parole, comme si rien ne venait de se produire.


« Comme tu voudras. »

Murmura-t-il, le souffle encore court. Il l'observa vider de moitié son verre d'absinthe, baissa les yeux sur sa glotte qui montait et descendait au fur et à mesure que la boisson glissait dans sa gorge. L'alcool ne lui ferait à présent plus aucun effet, mais il savait à quel point elle regretterait ses excès le lendemain. La nuit, il le savait, ne pouvait être éternelle. Et lorsque le jour reparaitrait, dans quel état serait Bodom ? Orpheline, esseulée dans une demeure trop vaste pour elle seule, elle retournait à la médiocrité qui accompagnait sa déchéance. Aïlin craignait le pire. Il ne pouvait décemment pas la laisser se complaire dans cet état morbide et improductif. Ç'aurait été la laisser mourir. Elle le lui disait d'ailleurs à demi-mot, confessant que lui seul était resté auprès d'elle. Cissa était totalement livrée à elle-même, abandonné, sur les ruines de ses valeurs ancestrales, qui elles-mêmes avaient été foulées au pied par la nouvelle politique. Non, elle ne pouvait pas se relever seule. Si elle devait toucher le plus bas pour reprendre son envol, elle ne pouvait pas renaître de ses cendres, tel le phénix, si rien ne l'y poussait, ne l'animait vers ce but.

Aïlin avala de longues gorgées d'absinthe, pour ne pas répondre à la question que lui posait à présent la ténébreuse et qui le renvoyait inéluctablement au vice auquel il venait encore de céder. Ses Aspics n'avaient aucune importance, mais sa fierté en avait prit un sérieux coup lorsqu'il s'était réveillé et qu'il avait réalisé l'inconséquence de son geste. Il avait reçu un hibou, quelques jours plus tard d'un ami qui s'interrogeait sur les raisons pour lesquelles il avait subitement quitté l'école, au beau milieu des sessions d'examen. L'ancien Serdaigle n'avait pas répondu. La honte l’asphyxiait lorsqu'il y pensait. Les surdoués avaient des lubies étranges, paraissait-il. Ils étaient capables de tout abandonner du jour au lendemain pour des raisons qui n'étaient compréhensibles que d'eux-mêmes. Peut-être n'avait-il pas supporté certains évènements du mois de Juin. Il n'en savait rien lui-même et ne désirait pas prendre un quelconque recul sur sa réaction impulsive. Non. Mieux valait se laisser porter par le laïus de Narcissa, bien qu'il ne partageait pas ses convictions. Il fallait envoyer le passé - aussi proche était-il - au diable.


« Il y a eu un arrangement entre les deux premiers ministres, je suppose. Il paraît que c'est ainsi que les choses se passent. Ils ne se doutent pas de notre existence. Pas encore. Nous ne sommes que des contes et des légendes, dans leur culture. Nous n'existons pas. Pourtant, notre monde est plus que jamais centré sur eux. Ne te fais pas d'illusion, Cissa. Peu te suivront, peut-être pas par manque de conviction, mais par peur. »

Son regard se posa de nouveau sur elle, tandis qu'elle avouait n'avoir plus rien à gagner ni à perdre. Un soupir discret s'échappa d'entre les lèvres de l'alchimiste puis, las, il but une nouvelle gorgée. Son verre se posa dans un bruit mat sur la table. Ses dents grincèrent légèrement, sans qu'il ne s'en rende compte. Il glissa une langue fugace sur ses lèvres, tandis qu'il constatait la douleur absolue de la jeune femme. Elle atteignait le paroxysme du désespoir et il le sentait avec tant de lucidité qu'il en eut mal lui aussi.

« Tu n'as plus rien à gagner en effet. Ce monde n'est plus fait pour les familles de sang-pur revendiquant leur supériorité sur la plèbe. Mon sang souillé m'a protégé, malgré les accusations qui planent sur la mémoire de mon père. » Il avait craché ce mot avec un dédain qu'il n'avait pu contenir. « Néanmoins, tu as encore quelque chose à perdre. Les apparences sont sauves. Tu n'es en rien affiliée aux pratiques de la milice pourpre. Nous sommes voués tous les deux à rétablir notre nom et à maintenir les masques dont nous sommes parés. Le mien est double, d'ailleurs... »

Aïlin se radossa sèchement contre le dossier de la banquette et posa une main sur son verre à peine entamé, qu'il fit tourner machinalement, l'esprit tout à ses réflexions. Elle désirait savoir ce qu'il se passait, mais il craignait de lui causer un choc trop violent en lui apprenant la réalité brute. Il n'avait pas le choix, cependant. Elle devait replonger dans le monde réel, et lui enfouir sans ménagement la tête dans le bain la réveillerait peut-être de cet état d'indolence dans lequel elle se laissait voguer.

« Le fait est qu'il discutent pour décider d'abolir ou non le code international du secret magique. Je ne partage pas tes idéaux, néanmoins j'ai la certitude que nous courrions à la catastrophe. Imposer l'existence de notre monde sans l'aval, d'abord, des autorités de leur monde serait une provocation, un déni de leur libre arbitre. Leur orgueil ne s'en remettrait pas. Ils ne sont pas si faibles que tu veux bien le penser. Au contraire, il y a des raisons de craindre les revendications qu'ils pourraient avoir, et même les accords que nous pourrions passer avec eux. Car eux n'agiront pas pour le bien des deux mondes, parce qu'ils se soucient bien peu, déjà, de leur propre bien.

« Ils se font la guerre entre eux. Ils ont des méthodes de destruction contre nature, qui pourraient peut-être même perturber l'essence de notre magie. Je n'ose imaginer à quel point ils auraient envie de nous détruire, s'ils venaient à nous craindre du fait de notre pouvoir. Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle guerre. Les sorciers se penchent vers un autre extrême pour éviter de faire les mêmes erreurs, sans se rendre compte qu'en agissant de la sorte, ils courent peut-être droit à une catastrophe d'un autre genre, qui traumatiserait notre société d'une façon bien plus profonde et sur un bien plus long terme que le trauma que nous venons tous de subir. »


Aïlin s'arrêta, le souffle un peu court. Il glissa une main dans ses cheveux d'ébène et braqua ses yeux clairs dans ceux de Narcissa. Un maigre sourire passa sur son visage.

« Vous me fatiguez tous à ne voir les choses que d'une seule couleur. Vous ne faites que ressasser les mêmes conneries millénaires. »
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MessageSujet: Re: La poupée brisée et le camé [Abandonné]   La poupée brisée et le camé [Abandonné] EmptyLun 26 Sep - 17:24:01

    Aïlin sembla être bouleversé par le comportement si inhabituel de la Brune. Elle qui demeurait toujours impassible, son mur de glace s’était écroulé. Ses émotions éclataient au grand jour, elle était invulnérable. Tout ceci était déplorable, si éloigné de sa personne. Sans doute Narcissa se découvrait de son armure sous le coup de l’importance du choc émotionnel.
    Aïlin ressentait la douleur de Cissa, puisque la Vipère ressentait également son désarroi face à la situation. Il lui fit un bref monologue sur l’état actuel du monde et la position du peuple. Ce qui ne manqua pas de faire réagir la jeune femme.

    - « C’est bien cela le problème mon cher Aïlin ! Les gens sont bercés depuis leur si tendre enfance par la peur. La peur anime ce monde et fait des individus des pantins qu’elle peut manipuler à sa guise. Si les gens avaient moins peur, ils seraient déjà bien moins aveugles ! La réalité les frapperait de manière si intense qu’ils n’en réchapperaient sans doute pas, me diras-tu. »

    Narcissa se tut quelques instants pour réfléchir, ce qui encouragea son interlocuteur à reprendre la parole. Elle l’écouta sans le regarder. Ses paroles l’agaçaient. La Ténébreuse ne pouvait pas se résoudre, d’ailleurs elle n’en supportait même pas l’idée. Son sang ne fit qu’un tour. Le ton montait légèrement, le son de la voix de la jeune femme aux cheveux d’ébène glissait vers les aigus.

    - « Ce monde n’est pas fait pour les famille de sang pur ?! Comment oses-tu dire cela ?! Ce monde se flétrit par la pourriture la plus asservie qu’il n’eut jamais été permis d’exister.
    Des conneries millénaires… ça me fend le cœur d’entendre cela. Je sais pertinemment que nous partageons guère les mêmes idées, mais ton nouveau statut de rebelle je m’en foutiste m’insupporte. »


    Cissa avait envie de s’acharner contre le jeune homme, lui faire payer son déshonneur, lui mettre tout les maux du monde sur les épaules, qu’il paye pour tous les lâches, les soumis, les aveugles.
    Le monde s’écroulait et personne ne voulait regarder la vérité en face, la peur les guiderait donc toujours, ces fous alliés ?

    L’envie de faire un carnage dans ce bar vulgaire lui effleura l’esprit, mais l’ancienne vert et argent savait à présent remettre ses idées en place, se calmer les nerfs afin de ne pas surpasser les toiles de sa pensée.

    - « Soit. Je ne pourrai point de faire entendre raison, ce n’est pas faute d’avoir essayé depuis Poudlard… »

    La Brune aux yeux clairs lui rendit, tardivement, son sourire. Puis ajouta :

    - « Les querelles entre deux amis ne serviront à rien. Même si nos objectifs et espérances sont distincts, notre combat reste identique. Je te rejoins tout à fait sur le point que tu viens d’évoquer. Les moldus ont des techniques de guerre beaucoup plus dangereuses que les notres. Pas qu’ils ne soient plus forts, bien au contraire. Leur plus grande faiblesse est la peur, comme celle des sorciers qui les pousse à se terrer sans rien dire ! Leur terreur à notre égard les pousserait à agir de façon encore plus stupide et irréfléchie. Ils pourraient nous nuire irrémédiablement, j’en suis consciente. J’apprécie qu’il en soit de même pour toi. »

    La Vipère posa une main sur l’épaule de son ancien camarade. Elle le regardait fixement, son visage commençait à être plus détendu, ses traits s’estompaient légèrement.

    - « Nous reprendrons cette discussion en d’autres lieux, si cela te convient. Je ne souhaite pas m’attarder sur la question ici. Personne n’est de confiance, même les murs pourraient nous trahir. »

    La parano de la sang pur était toujours de mise. Sa méfiance reprenait son garde à vous. Ainsi que son inquiétude… Elle errait depuis de si longs mois, l’esprit torturé mais absent de toute réalité. Maintenant qu’elle avait repris un tant soit peu de ses facultés de réflexion, la brune se sentait à nouveau esseulée, désemparée. Il devait d’ailleurs en être de même pour le jeune Bower, qu’étaient donc devenus les autres membres de sa famille, peut être tous morts également. Vu les destins déjà tout tracés des deux aînés Bower, cela ne serait pas improbable.

    - « Es-tu devenu par la même occasion l’héritier des Bower ? »

    La jeune Bodom n’avait pas de tact pour parler de ces choses là. Le décès de ses propres parents lui avait d’autre part été annoncé par Torin Bower, le frère d’Aïlin.
    La vert et argent aurait sans doute apprécié revoir le Mangemort, car leur échange, quelques années auparavant, avait été intense en émotions. Cissa avait tellement voulu joué la femme redoutable, alors que véritablement elle n’était encore qu’une gamine. Malgré les apparences, ses liens avec le Seigneur des Ténèbres, son attraction pour le mal, elle demeurait étrangement inquiétante avec ses allures parfois enfantines.
    Soit, tout cela s’était rapidement déroulé, mais leur discussion dans l’ancien manoir de Narcissa, Poudlard, etc. appartenaient au passé. Il fallait aller de l’avant, tenter de se reconstruire un semblant de vie, mais tout ne semblait pas encore au point, il y avait beaucoup de failles et d’incertitudes. La patience, vertu requise que la Brune ne possède cependant pas, allait devoir être de mise.
    Pour le moment, la Ténébreuse n’en avait pas finit avec sa conscience. Elle voulait la faire taire ce soir, sombre encore davantage et se laisser un peu aller… L’alcool faisait encore son bonhomme de chemin, mais elle recommanda instantanément un autre verre, ainsi que pour son camarade.

    - « Un peu de changement, j’espère que tu apprécies l’hydromel vieillit en fut de chêne. Je le déguste seulement liquoreux, âmes sensibles s’abstenir. »

    Elle le provoquait légèrement, se doutant bien qu’il n’était plus le garçon sensible qu’elle connut autrefois. La Brune aux lèvres de sang bu une gorgée puis passa sa langue sur la commissure de ses dernières.

    - « Exquis. »

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MessageSujet: Re: La poupée brisée et le camé [Abandonné]   La poupée brisée et le camé [Abandonné] EmptyDim 23 Oct - 16:36:50

La réaction de Narcissa face aux propos de l'alchimiste était attendue. Néanmoins, Aïlin eut rapidement conscience qu'il avait été trop loin dans le relâchement. L'ami qu'il avait été autrefois n'aurait jamais osé parler de la sorte. Jamais il ne l'aurait provoqué au point de piquer son orgueil, de titiller la douleur qui suintait encore de tout son corps, de toute son âme. Il accueillit avec un rire amer et étouffé la remarque blessante que l'héritière Bodom proféra à son sujet. Soit, il l'avait mérité. Néanmoins, il pensait obstinément avoir raison, quoi qu'en dise la jeune femme. Il se targuait là-dessus de plus de lucidité que la jeune femme. Ses propos, bien que sensés pour la plupart, étaient encore englués de cette idée grandiloquente de pureté du sang et de codes d'honneur d'un autre temps. Certainement était-il trop tard pour la faire changer, et c'était, d'ailleurs, certainement ce qu'elle se disait à son sujet, de son côté. Leur entente était véritablement paradoxale et il eut la sensation très nette qu'elle était compromise aujourd'hui. La nouvelle assurance du jeune Bower ne plairait peut-être pas à Narcissa. Cependant, il l'avait toujours acceptée telle qu'elle était, bien qu'ayant quelques arrières pensées auxquelles il ne s'attachait guère. C'était à elle de faire l'effort de lui rendre la pareille.
L'éclat sanguin qui était passé dans le regard de la belle n'échappa à l'ancien Serdaigle et il accueillit son sang-froid recouvré avec un certain soulagement. Il n'avait aucune envie d'affronter Bodom, par les mots comme par les armes. Non pas qu'il la craignait, mais parce qu'elle demeurait, avant tout, une personne qui lui était chère. Un sourire se suspendit à ses lèvres, s'affichant en contrepoint à la tournure mélodramatique que prenait leur conversation.


« Tu sais à quel point je peux me montrer borné. »

Murmura-t-il d'une voix suave. Il lui retourna un regard enjôleur, qui, pensa-t-il, n'était pas sans appuyer l'aspect rebelle je m'en foutiste dont elle venait de l'accuser. Mais, bien vite, Aïlin reprit son sérieux. Il accepta sans broncher la main de la belle sur son épaule et l'écouta avec ravissement se ranger sur son point de vue.

« Mes propos sont allés au delà de ma pensée, Cissa. Sache que je ne cherchais en rien à t'attaquer. Ce ne serait que pure folie de m'en prendre à une femme telle que toi et je n'en tirerais aucun bénéfice, ni aucun plaisir. Ce que je dis est en revanche la pure réalité. Dans un camp comme dans l'autre, je trouve qu'il y a un manque flagrant de subtilité, c'est là mon jugement. On ne peut éradiquer purement et simplement ce qui nous déplait. Je suppose que tu as conscience, aujourd'hui, que ce ne serait qu'une utopie. J'ai moi-même mis du temps à m'en rendre compte. »

Et la drogue alliée à l'alcool lui faisaient penser qu'également, on n'éradiquait pas sa propre nature, ses propres racines. Cet Aïlin qui avait combattu avec tant d'ardeur les idéaux de son père s'était malgré lui - ou peut-être pas tant que cela - plongé corps et âme dans un jeu où son rôle était double. Ses ambiguïtés lui apparaissaient désormais avec une certaine clarté, bien qu'il avait encore du mal à y faire face. S'il était aussi pur et si dépourvu d'à priori que cela, s'il n'avait en aucune façon été marqué par l'empreinte de son père, il ne serait certainement pas en train de déguster des verres d'alcool en compagnie d'une ancienne partisane du Seigneur des Ténèbres. Il ne serait pas, non plus, à la tête d'une considérable fortune. Et il ne serait peut-être pas, finalement, un jeune homme fascinée par les mythes qui se trouvaient enfermées dans les chemins secrets de l'alchimie, ces mêmes mythes qui promettaient l'éternité à qui saurait déjouer les pièges et saisir la philosophie de cette branche de la magie, ou mieux encore, qui promettaient d'apprendre à créer la vie même. Cette conscience de soit apaisait une part de lui-même, celle qui était purement honnête, en même temps qu'elle créait en lui quelques problèmes de conscience.
Il oublia ces considérations en un instant, tandis que Narcissa s'enquérait de son nouveau statut. Oui, Aïlin était désormais le seul possesseur du manoir grâce au testament de son père, qui avait légué les trois quarts de sa fortune ainsi que la propriété pluri-centenaire des Bower au dernier de ses fils. Lynn, de son côté, avait écopé de quoi subsister, en comparaison à l'héritage d'Aïlin. Il s'étonnait encore que son cher père n'ait finalement pas fait déshériter ses deux derniers enfants par quelques griffes sur un morceau de parchemin.


« En effet, j'ai hérité du titre de Lord Bower... Mais ce ne sont que des convenances, je n'aime pas user de ce privilège. Il me semble indu. J'ai cette aspiration peut-être naïve de me démarquer de la foule non par mon nom, mais par mes actes. Heureusement, je me débrouille plutôt bien en la matière. »

Finit-il par lui répondre, sans fausse modestie. C'était la stricte vérité et il en éprouvait une véritable fierté. Il avait finit par croire en lui-même et en ses capacités. Cela s'avérait payant, mais n'était pas sans lui faire éprouver un sentiment pervers de supériorité. Il se refusait cependant à se l'avouer, pour ne pas penser au fait que c'était peut-être cela, en partie, qui avait conduit son père et ses frères à commettre les pires atrocités.
Le serveur s'approcha de leur table avant que Bower ne se rende compte que Narcissa l'avait appelé, coupant court à son allocution. Cette dernière commanda une énième boisson pour les deux jeunes gens, toujours un alcool fort, décidée qu'elle était à achever son intellect dans l'ivresse et, par la même occasion, celui de son compagnon. Un silence s'instaura jusqu'à ce que le serveur revienne pour disposer les verres face aux jeunes gens. L'esprit un peu embrumé d'Aïlin nota qu'il faudrait laisser un pourboire pour le zèle avec lequel le serveur remplissait ses fonctions. Narcissa, elle, levait déjà son verre et ses lèvres carminées effleuraient le bord du cristal. Sa provocation, alliée à l'extrême lascivité avec laquelle elle avala une gorgée de liqueur, éveilla en Aïlin un feu qu'il reconnut entre mille. Son ventre se crispa tandis que ses yeux suivaient le mouvement sensuel de sa langue contre ses lèvres.
Sans réfléchir, il attrapa avec élégance son verre et se pencha vers Narcissa, jusqu'à ce que leur verre se rencontre, jusqu'à ce que leur visage ne soient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Il trinqua, d'abord sans un mot.


« Tu es encore plus sublime qu'autrefois. Qui pourrait résister aux exigences que dictent tes yeux de glace ? On s'y briserait à essayer. Je vais donc tacher de m'y soumettre. Après tout, c'est bien ce que je promettais à demi mot, tout à l'heure. »

Aïlin attrapa d'une main délicate celle de Narcissa et déposa un léger baiser sur cette dernière, qui ne fit que l'effleurer. Il se recula légèrement et but à son tour une gorgée d'hydromel, son regard pétillant d'amusement toujours braqué dans celui de l'héritière Bodom. Si elle cherchait à le défier, pensa-t-il, il aurait été bien dommage de la décevoir. D'autant plus qu'il était curieux de savoir où se situaient les limites de la jeune femme en la matière. Jusqu'alors, il n'avait jamais osé l'honnêteté à ce point avec elle.
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