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 Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV]
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  • Fabula Aegis
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    Fabula Aegis
MessageSujet: Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV]   Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV] EmptyMar 21 Déc - 0:12:29

Depuis le Nouvel An, les décorations de Noël disparaissaient peu à peu des jardins et des maisons. Chaque jour qui passait les faisait s’évanouir et s’enfoncer un peu plus dans l’oubli où ils allaient reposer pendant les onze mois à venir. Avec l’avantage chez les sorciers de ne pas prendre la poussière. Mais bon, c’était quand même sympa comme période. On s’offrait des cadeaux, on mangeait bien et buvait beaucoup, on trouvait surtout là une occasion de se réjouir quand rien d’autre ne l’aurait permis. Les fêtes de fin d’année avaient été grandioses, celles de Poudlard ne faisant pas exception. Fabula était restée profiter des festivités. Difficile de penser que moins d’un an auparavant, l’ambiance générale dans le monde des sorciers était nettement plus maussade. Certains s’en souvenaient mieux que d’autres. C’étaient ceux-là que Fabula avait fuis en se réfugiant à Poudlard, cachée derrière des robes de soirées, des petits fours, de la musique, et des rires qui s’offraient peut-être simplement la possibilité d’oublier le temps d’une soirée ou deux, et plus si affinités, ce qu’ils avaient traversé.
Mais non, ce n’était pas seulement pour elle que Fabula n’était pas rentrée pendant les vacances. Elle n’avait pas voulu forcer Jonathan à endosser encore un masque déjà si lourd au quotidien, à leur interpréter un rôle qui n’était plus le sien, ou à sourire lorsqu’il n’en avait pas envie, tout bêtement. C’était ce qu’elle se répétait et acceptait aisément de croire pour se donner bonne conscience. Ils se rattraperaient au Noël prochain. Encore quelques mois, et Fabula s’accorderait elle aussi, comme tous les autres cette année, le droit d’oublier ce qui s’était passé, ce qu’elle avait fait – ou n’avait pas fait, et de se réjouir en toute impunité.

Dehors la lumière du jour virait au bleu sombre. Une sortie à Pré-au-Lard avait été organisée ce premier week-end d’après la rentrée, mais peu d’élèves avaient finalement osé braver la tempête de neige commencée plus tôt dans la journée. Fabula était de ceux qui étaient tout-de-même descendus au village ; non pas parce qu’elle aimait particulièrement se balader cheveux au vent et flocons dans le visage, mais plutôt parce qu’elle avait une course à faire. Abandonnant quelques mornilles sur la table des Trois-Balais où elle s’était réfugiée en début d’après-midi, Fabula se résolut enfin à quitter sa place et la tiédeur du lieu. Il ne neigeait presque plus et le vent s’était calmé, mais la morsure du froid sur sa peau ne lui en sembla pas moins vive. Après avoir longé un temps l’allée principale, la Serdaigle bifurqua vers une ruelle moins fréquentée, où elle s’enfonça jusqu’à tomber sur la petite librairie à l’aspect miteux qu’elle cherchait. Elle n’y avait jamais mis les pieds, et ne l’aurait sans doute pas fait si le professeur Slughorn ne lui avait pas conseillé. C’était dans cette boutique oubliée du temps qu’elle devait trouver ce dont il lui avait parlé. Au moment de franchir la porte qui semblait ne tenir debout que par magie, elle croisa un Serpentard – roux de surcroit, décidément cet endroit était douteux – qui s’effaça courtoisement pour la laisser entrer la première. Le remerciant d’un bref signe de tête, Fabula se dirigea vers le comptoir derrière lequel somnolait un vieil homme enrobé.


- Je vais fermer, maugréa-t-il.
- Je viens juste chercher un livre. Le dernier rédigé de son vivant par le botaniste Andrea Bentham.
Le vieux sorcier la toisa de sous ses longs sourcils gris cendrés.
- Il est épuisé depuis longtemps jeune fille.
- Je sais, mais on m’a dit que vous en possédiez encore quelques exemplaires.
- J’en avais effectivement, mais ce n’est plus le cas. Je ne vous ai pas attendu pour me débarrasser de ces vieilles piles de papier, dit-il avec un rire gras qui s’étouffa dans une quinte de toux. D’ailleurs, c’est assez amusant que vous arriviez juste maintenant, je viens de vendre le dernier à celui que vous avez croisé, là, en arrivant.

Hilarant même. Quoi de plus drôle que le Hasard, le Destin, la Fatalité ou Merlin vous faisant passer juste à côté de ce dont vous aviez besoin en mettant un roux en travers de votre chemin ? Fabula n’était encore qu’en 4e année, mais les professeurs avaient commencé à leur parler des BUSE et le niveau des cours s’en était fait ressentir. C’était Slughorn qui lui avait recommandé le vieil ouvrage lorsqu’elle lui avait fait part de ses difficultés en Botanique, savoir-faire dont certaines préparations pouvaient demander une maitrise avancée. Elle voulait ce fichu bouquin, et elle l’aurait. Restait à trouver comment. Et rapidement. Expliquer clairement la situation au Serpentard ? Ce n’était pas envisageable. Elle-même savait bien comment elle réagirait à sa place. Lui proposer de le racheter ? Pari risqué. Après ça elle n’aurait plus aucune carte à abattre, et dévoiler ses propres intérêts n’était jamais très stratégique. Avant d’en arriver là, elle voulait tenter quelque chose… Après tout elle n’avait rien à y perdre.

- Dites, supposons que cet acheteur souhaite que vous lui repreniez ce livre, et qu’ensuite moi je vous en donne le double de ce qu’il vaut. Ça vous intéresserait ?
Elladora serait sans doute ravie de voir où passait une partie de la prime de Noël qu’elle lui avait offerte.
- Pour ce bouquin ? Eh bien… marché conclu je suppose, grésilla-t-il d’une voix rauque en levant ses épais sourcils.

Ou pas, tout dépendait de l’Autre maintenant. Fabula devait le rattraper sans plus tarder. A cette heure-ci, il retournait certainement à Poudlard. A moins qu’il ne se soit encore arrêté quelque part. Le tableau était assez pitoyable : elle, courir après un roux, sous la neige et dans le froid. Bientôt Fabula l’aperçut, remontant en direction du château comme prévu. Au fur et à mesure qu’elle s’en approchait, elle commença à douter. Son idée était ridicule, tordue, jamais ça ne marcherait, et il était plus âgé, en tout cas plus grand, elle n’arriverait pas à lui tenir tête jusqu’au bout, à le manipuler, elle se compliquait la vie pour rien, oui mais elle n’aimait pas perdre… Et pourquoi cette impression de déjà-vu ? Quand enfin Fabula arriva à son niveau, elle n’était plus très sûre de ce qu’elle voulait faire. Si seulement Tobias était là, il lui parlerait très franchement et se verrait carrément offrir le livre, on ne pouvait rien lui refuser à lui… Ou même Elza, elle le lui arracherait sûrement des mains et filerait sans demander son reste, pourquoi faire compliqué quand on pouvait faire simple…
C’est à ce moment-là que le Serpentard se retourna. Pour une raison sans doute parfaitement idiote, voire même sans aucune raison. Et Fabula se retrouva plantée face à lui, à le dévisager sans le vouloir pendant quelques secondes avant de se souvenir comment elle en était arrivée là. Oui elle le connaissait, n’avaient-ils pas fait partie du même groupe lors d’une sortie dans la Forêt Interdite ? Visage fin, rassurant. Trop rassurant. Fabula ne l’avait cependant pas répertorié comme un nuisible à éviter, bon point. Il s’intéressait à la Botanique, mauvais point. Elle devait dire quelque chose très vite, avant qu’il ne remarque à quel point elle était mal à l’aise, point final.


- Euh… Je suis entrée dans la vieille librairie, juste après toi, commença-t-elle laborieusement en accrochant un sourire à ses lèvres dans un réflexe défensif, et il fallait que je te dise… je crois que tu t’es bien fait avoir, tu sais ? Ce livre que tu as acheté, il ne vaut pas la moitié du prix auquel tu l’as payé.
Elle sentait la gêne lui brûler les joues. Le froid pouvait lui servir d’excuse, pour le reste, c’était à elle de se ressaisir. Ce n’était pas la première fois qu’elle s’amusait à raconter des histoires pourtant.
- Je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais tu ne devrais pas te laisser faire comme ça, sinon on va toujours profiter de toi.
Provocation basique, enfantine, vieille comme le monde. Ce retour aux fondamentaux permit cependant à Fabula de reprendre contenance. Après la honte, ce fut une colère sourde qui déferla en elle. Elle détestait profondément ce Serpentard, avec une intensité qu’elle ne s’expliquait pas très bien. Il ne lui avait rien fait, du moins pas encore, et elle haïssait déjà chaque parcelle de son corps, chaque regard qu’il lui délivrait, chaque parole qu’il allait prononcer.
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV]   Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV] EmptyLun 27 Déc - 16:39:58

Taffy avait sauté au plafond, rebondi sur les murs, exécuté une série de pirouettes et dansé joyeusement sur la table en découvrant la lettre de Poudlard et le badge frappé d’un P et d’un C entrelacés qu’elle contenait. Tandis que l’heureux élu observait l’insigne d’un regard incrédule, l’elfe attirait tout le château dans la salle à manger en scandant la bonne nouvelle « Lord Merwin est Préfet ! Lord Merwin est préfet ! ». Les chiens, qui ne comprenaient évidemment rien, s’étaient joints à la bête et aboyaient en chœur. Epona, la jeune épouse de son père, était soudain arrivée pour se jeter dans ses bras avec un enthousiasme qu’il estima exagéré et peut-être un peu trop ambigu, puis Aelheaern Caerwyn s’était avancé vers lui pour lui donner une accolade pleine de fierté. En moins d’une minute, Mervin s’était retrouvé surmené. Sa famille recomposée semblait attendre une réaction, un discours, quelque chose d’exceptionnel. Mais il n’avait rien à dire. Ses sentiments demeuraient très confus. Ce nouveau titre ne lui était pas habituel. Il ne s’était jamais vu en dirigeant. Personne ne s’était vraiment intéressé à lui et il était peu probable que les élèves de Poudlard arrivent à poser un visage sur le nom de leur nouveau préfet-en-chef. Les curiosités de l’école toute entière pesaient déjà sur lui. Soudain, il attirerait les envieux, les convoitises, il deviendrait une figure importante, il serait à l’image de ceux derrière lesquels il s’était toujours réfugié. Etait-ce le signe d’un changement ? La récompense de six années sacrifiées à son père et à sa défunte mère ? Six années où il n’avait été que le moteur d’une vengeance et d’une résurrection. Il reprenait doucement conscience de son existence et sentait éclore au fil des mois des désirs enfouis depuis l’assassinat de sa mère. Le remariage de son père l’avait libéré. Il reprenait possession de son identité, s’autorisait des pensées qu’il n’avait encore jamais osé former. La lumière de son badge l’effrayait autant qu’elle le réjouissait. Pour la première fois, il songeait qu’il méritait la place glorieuse qu’on lui attribuait. Cependant, le Serpentard restait modeste en apparence. Il avait remercié ses proches par quelques succinctes paroles et épinglé l’insigne sur la poitrine de l’elfe qui avait fondu en larmes. Taffy s'était vu confier une mission de taille, celle de veiller sur le titre du maître jusqu’à la fin des vacances de Noël. Il s’y plia avec un bel orgueil, bombant le torse à chaque fois qu’on le croisait dans un couloir.

La première semaine de la rentrée avait filé à une vitesse incroyable. Débordé par ses devoirs de préfet, son travail d’étudiant, les sollicitations de ses camarades, et les invitations des professeurs qui y allaient tous de leur petit conseil, le rouquin n’avait pas vu le temps passer. Il se sentait épuisé et n’avait plus qu’une seule envie, s’isoler en forêt ou se détendre dans une salle vide avec un bon livre. Hélas, McGonagall lui avait fait comprendre que sa présence à Pré-au-Lard était très fortement souhaitée. Il était difficile de surveiller tous les élèves, des rixes éclataient parfois dans les ruelles, et il fallait un garçon doté d’un véritable sens des responsabilités pour désamorcer les querelles… Mervin n’avait pas cherché à contredire l’autorité suprême. Cependant, sa docilité n’était qu’une façade de sorcier bien élevé. En réalité, il avait passé la majeure partie de son après-midi à somnoler contre le tronc d'un sapin en buvant des bières galloises à l’entrée du village. Le froid ne le dérangeait pas vraiment. Le temps était doux sous la neige, sa cape était doublée de fourrure et il arrivait à capter la chaleur végétale, celle de l’arbre.

Au déclin du jour, les élèves se dispersèrent peu à peu et la température chuta. Il s’était relevé pour se balader dans les ruelles peu fréquentées de Pré-au-Lard. Les échoppes miteuses de ces allées étaient toujours pleines de surprises, elles abritaient des antiquaires, des apothicaires, quelques trafiquants véreux et, surtout, les bouquinistes. Mervin adorait se perdre dans les étagères chargées d’effluves parcheminées, ouvrir des grimoires poussiéreux que personne n’avait touché depuis des années. Lire des pages qu’aucun regard vivant n’avait effleuré était un plaisir qui frôlait l’indécence. Il se demandait parfois ce qui avait poussé le premier acheteur à en faire l’acquisition. Le thème de certains livres était souvent très intriguant. Le bouquiniste de Pré-au-Lard aimait les ouvrages recherchés ou très rares, des grimoires aux sujets insolites ou susceptibles d’intéresser une clientèle très ciblée. Les rayons de botaniques et de potions contenaient d’ailleurs un certain nombre de petits bijoux qui, même s’il était difficile de trouver le temps de tous les lire, donnaient fière allure à une bibliothèque érudite.

Sa trouvaille du jour était sans doute arrivée pendant les vacances. Les livres d’Andrea Bentham étaient très connus mais quand un élève qui touchait un peu à la Botanique tombait dessus, il partait sous son bras dans les minutes qui suivaient. Cet homme avait écrit l’un des ouvrage de botanique les plus intéressants du XXe siècle mais le manque d’intérêt du grand public n’avait malheureusement pas permis de le rééditer. Il restait une référence de qualité, souvent cité par les enseignants. Voilà des années que Mervin le cherchait. Même s’il était davantage conseillé pour les BUSE que pour les ASPIC l’approche de l’auteur l’intriguait beaucoup et il sentait qu’il allait aimer sa manière de considérer les plantes. Le prix n’était pas trop élevé. Evidemment, lorsqu’on considérait l’état de délabrement des pages, le titre à demi effacé, la couverture rongée et à moitié arrachée, on pouvait reprocher la négligence du vendeur qui ne s’était même pas donné la peine de restaurer l’ouvrage à l’aide de la magie, mais Mervin connaissait assez bien le propriétaire pour ne pas avoir envie de critiquer sa manière de traiter la clientèle. Ce serait une perte de temps. Il déboursa sans un commentaire et se dirigea vers la sortie en ouvrant la porte à une jeune fille. Il la laissa passer par pure politesse et se décida à retourner au château avec la satisfaction de ne pas avoir tout à fait perdu sa journée.

Il suivit les derniers flâneurs sur le chemin du retour, en solitaire, enveloppé dans sa cape afin de ne pas se faire identifier par un faux-ami de Serpentard. Ce n’est que par pur réflexe qu’il se retourna, pour voir s’il restait beaucoup d’élèves derrière lui. Mais, alors que son regard scrutait machinalement l’allée, la jeune fille de la librairie pila net devant lui, avec l’air embarrassé de quelqu’un qui a quelque chose d’inhabituel à demander. Il s’arrêta sans comprendre. Ce visage lui était vaguement familier. Il s’agissait d’une élève de Serdaigle à laquelle il n’avait plus prêté attention depuis une sortie de botanique deux ans plus tôt dans la forêt interdite. A ce moment, ce n’était qu’une gamine de douze ans du nom de Fabula si ses souvenirs étaient exacts. L’enfant était devenu jeune fille, une demoiselle mystérieuse au teint de porcelaine et aux yeux sombres. Ses yeux s’attardèrent sur ses joues rosies par le froid tandis qu’elle hésitait à lui parler. Un sourire peu naturel sur ses lèvres et elle essaya de le retenir par une accroche sournoise. Elle disait que son livre valait peu de choses, qu’il s’était fait rouler et cela semblait la préoccuper assez pour courir après lui alors qu’elle ne le connaissait pas. Pris au dépourvu, Mervin lui lança un regard surpris. Que lui voulait-elle au juste ? Certes, il était conscient d’avoir acheté un livre au prix quelque peu surévalué, mais il était difficile de négocier le coût d’un ouvrage recherché. Les intentions de cette Serdaigle ne lui paraissaient pas très claires, surtout qu’elle se permettait de lui faire la morale comme si l’état de sa réputation l’inquiétait vraiment. Avait-elle pu constater que ses camarades de Serpentard profitaient allègrement de lui depuis sa première année et lui étaient désormais plus attachés que jamais ? Non, ce serait étonnant. Et, même si la jeune fille l’avait noté pour une raison quelconque, ce n’était absolument pas son problème. Il n’avait pas la tête à analyser le raisonnement biscornu de la Serdaigle pour trouver une réponse à ses questions. Sur un ton mesuré et quelque peu consterné :

- C’est très aimable à toi de t’inquiéter pour moi mais je connais la valeur du livre que j’ai acheté. Ce genre d’ouvrage ne reste pas longtemps en rayon, le vendeur aurait bien ri si j’avais essayé d’en négocier le prix…
- Il s’efforça de sourire, mais cette jeune fille ne le mettait vraiment pas l’aise. Après un silence, il demanda : - Qu’est ce qui te faire dire que ce livre est surévalué ?

Mervin posa un regard intrigué sur Fabula. On ne le sentait pas vraiment dupe. Il se demandait vraiment où la jeune fille voulait en venir et attendait qu’elle lui délie un peu le fond de son étrange pensée.



Dernière édition par Mervin Caerwyn le Mar 26 Avr - 12:02:48, édité 1 fois
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  • Fabula Aegis
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    Fabula Aegis
MessageSujet: Re: Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV]   Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV] EmptyJeu 31 Mar - 21:58:16

Ils ne jouaient pas dans la même catégorie. Ses petites histoires, ses mensonges qu’elle inventait et qui ne passaient souvent que parce qu’elle arrivait à les dire avec le plus grand sérieux, ces mensonges-là ne tenaient plus la route face à ce garçon. Et même si elle s’était habituée à rencontrer une certaine résistance depuis toutes ces années, celle-ci ne prenait généralement que la forme d’un scepticisme gêné, amusé ou méfiant, mais jamais condescendant, comme Fabula avait cru le déceler chez son interlocuteur. Non, elle n’était pas aimable. Elle était menteuse, opportuniste, intéressée, mais là, dans l’immédiat, on ne pouvait pas dire qu’elle était aimable. Fabula avait pris cette simple remarque comme une insulte faite à son invention, préparée rien que pour lui, et qu’il refusait sans autre forme de procès qu’une question dont il ne croyait sans doute déjà pas la réponse. Quand quelqu’un offrait un gadget sans valeur ni utilité pour un anniversaire, on se devait quand même de l’accepter avec un sourire, forcé au besoin, et non pas de le balancer en retour à la figure de celui qui n’avait pas voulu se ruiner. Ce Serpentard n’avait aucune manière.

- Le vendeur a sans doute bien ri de te vendre ce livre à ce prix, reprit-elle d’un air faussement navré. Je l’ai entendu discuter avec quelqu’un à propos d’ouvrages qu’il allait recevoir, quand je suis passée il y a quelques semaines…

Il voulait des preuves ? Fabula allait lui en donner. Elle allait emballer son mensonge dans un papier coloré et l’agrémenter d’un joli flot pour que le Serpentard l’accepte plus facilement. Elle allait s’embourber dans une histoire improvisée que le destin lui avait presque imposée, au risque de paraître plus ridicule encore. Bien sûr, le mieux aurait été de s’arrêter là, de se montrer raisonnable et d’avouer son intention première. Après ça, à lui de décider du sort du livre. Mais être raisonnable maintenant serait comme d’abandonner une partie qu’elle avait elle-même engagée. Et elle ne s’y résoudrait qu’après avoir épuisé toutes ses options – qui se résumait en l’occurrence à une option, la seule que son esprit contrarié et perturbé par le Serpentard entrevoyait dans l’immédiat.

- J’avais juste cru comprendre que certains d’entre eux présentaient quelques… défaillances, causées par des sortilèges, et que c’était d’ailleurs pour ça qu’il avait réussi à se les procurer. Attends, qu’est-ce qu’il avait dit déjà à leur sujet ? Qu’il valait mieux mettre des gants en peau de dragon pour les feuilleter, ou éviter de s’endormir à proximité… Ah oui, et ça aussi…

Pendant qu’elle parlait, Fabula hésitait, fronçait vaguement les sourcils ou regardait de côté pour mieux se remémorer des souvenirs vieux d’une seconde ou deux, tout en prenant soin de ne pas trop en rajouter, avant d’enfin plonger le bras dans son sac, à la recherche de l’objet qu’elle venait innocemment d’inviter dans la conversation. En fait, le mensonge n’était rien d’autre qu’une potion de plus à mitonner avec amour et attention. Et le secret pour réussir, c’était d’y croire. Les gens pensaient que vous leur disiez la vérité dès lors que vous-même étiez convaincu de le faire. Les rumeurs et ragots par exemple étaient basés sur ce simple état de fait, et n’étaient-ils pas frères et sœurs du mensonge ?
Après quelques secondes de tâtonnement, Fabula finit par trouver ce qu’elle cherchait : une plume fatiguée, dont les barbes avaient commencé à se détacher par endroit, et qui semblait ne plus avoir servi depuis des lustres. Elle l’avait conservée pendant toutes ces années, prête à l’emploi, mais finalement l’occasion ne s’était jamais présentée. C’était devenu un talisman plus qu’autre chose à présent. Ce qui était regrettable d’ailleurs, au vu de tous les efforts que Fabula avait déployés pour perfectionner cette arme du crime offerte par Nathan.
* C’était à lui qu’elle l’avait destinée, mais après tout, il ne lui en voudrait sûrement pas de lui avoir préféré un autre Serpentard.

- Il paraît aussi qu’ils vous insultent si on écrit sur leurs pages. Mais je ne l’ai pas entendu citer le livre de Bentham, peut-être que tu ne t’en tires pas si mal... Que dirais-tu de vérifier sans prendre trop de risques, ajouta-t-elle en lui tendant la plume. Ce n’est pas mon problème, mais je dois t’avouer que je serais curieuse de voir ça.

Il semblait avoir trouvé son amabilité suspecte, comme si le simple fait de vouloir aider son prochain ne pouvait pas faire partie des préoccupations majeures de Fabula. Comme il voulait. Elle justifiait donc à la place son intérêt par une curiosité toute propre à la maison de Serdaigle. Les préjugés étaient une source inépuisable d’excuses et d’arguments pour histoire mensongère, mais ils ne feraient pas tout. Fabula ne connaissait rien de celui à qui elle s’adressait, et tout ce qu’elle pouvait espérer à présent c’était qu’il ne tînt pas assez à ce livre pour vouloir prendre le risque de découvrir les désagréments qui soi-disant l’accompagnaient. Et pour cela, à moins de jeter un sortilège de l’Imperium, elle ne pouvait rien.
Le principe de la plume piégée était le même que celui élaboré par Nathan dans l’un de ses grands mais trop rares moments d’inspiration. Les principales différences avec le modèle d’origine résidaient dans le fait que c’était son utilisateur qui se voyait affublé de noms d’oiseaux divers et variés, puisqu’elle était par ailleurs dotée d’un vocabulaire plus élargi et fleuri, et que l’enchantement ne disparaissait pas dès la première utilisation. Améliorations minimes, mais Fabula avait voulu s’assurer à l’époque que quelque soit la manière dont Nathan entrerait en possession de cette plume customisée, il puisse en deviner aisément l’expéditeur. Ce qui n’arriverait finalement jamais.

* souvenirs souvenirs
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV]   Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV] EmptyMar 26 Avr - 16:54:29

Quelque chose n’allait pas. Il le sentait instinctivement. Sa méfiance naturelle s’était dressée derrière un sourire faux, et Fabula l’avait imité, il le savait, il la sentait crispée. L’impassibilité dissimule mal le mensonge, les expressions trop calculées dénoncent toujours une volonté de tromper. Les meilleurs tours se faisaient sans réfléchir, ils coulaient comme de l’eau claire d’une bouche qui avait oublié la vérité. La Serdaigle avait tort de le défier. Elle ne jouait pas assez bien pour lui, malgré un talent intéressant. Ces enfantillages l’amusaient mais n’entraient pas dans son registre. Il nouait depuis plusieurs mois des intrigues qui dépassaient l’entendement de cette jeune fille. Parfois, il en oubliait qu’il était encore à Poudlard, au milieu des roueries collégiennes qui ne le regardaient pas. Peu d’élèves s’en prenaient à lui désormais. Son âge impressionnait les plus jeunes et les plus vieux l’ignoraient ou savaient très bien à quoi s’en tenir. Sa fausse naïveté se retournait systématiquement contre ceux qui essayaient de le duper. Il aimait entrer dans les pièges qu’on lui tendait pour les désamorcer de l’intérieur. L’exercice n’avait rien de compliqué, il suffisait de se faire passer pour plus idiot qu’on ne l’était. Le Serpentard se souvenait, un peu honteux, de quelques mesquineries dédiées à des camarades exaspérants. Ceux qui avaient un jour cru lui voler un devoir particulièrement travaillé s’étaient retrouvés avec un T et une semaine de retenue. Mais ce n’était pas sa faute après tout. N’était-il pas libre de recopier au propre le brouillon imparfait d’un travail rendu en avance à l’enseignant ?

Il acquiesça doucement aux propos de Fabula. La jeune fille cherchait à l’intriguer et y arrivaient plutôt bien. L’ordre de son discours était très bien pensé. Avec une aussi belle maîtrise, elle pouvait endormir la vigilance de n’importe qui et il se sentit, un instant, sur le point de vaciller dans le doute. Le vendeur lui aurait-il vendu un livre maudit ? C’était le risque des grimoires d’occasion, mais, en général, les bouquinistes étaient soumis à des règles très strictes, ils n’avaient pas le droit de mettre des ouvrages sur le marché sans les avoir soumis à une analyse très rigoureuse. En cas de problèmes, l’acheteur pouvait porter plainte, ce qui se finissait généralement en faillite. Ce n’était pas crédible. Pourtant, la Serdaigle avait jugé l’affaire assez importante pour l’aborder… Pourquoi le dégouter d’un livre rare qu’il venait d’acheter ? Le plus logique aurait été de l’avertir du danger en premier lieu, mais, elle avait préféré insister tout d’abord sur le coût surélevé de l’ouvrage. Elle voulait le récupérer, évidemment. Mis bout à bout, ses arguments n’avaient pas la moindre cohérence, mais c’était bien essayé. Elle n’en resta d’ailleurs pas là et, sans lui donner l’occasion de répliquer, elle tira une plume usée de son sac et l’invita à vérifier ses dires en essayant l’objet sur les pages de son grimoire. Sans perdre son air étonné, Mervin songea que la plume, sortie au hasard, n’avait pas l’air très utilisée et que cette histoire lui rappelait surtout un sortilège de farce et attrape. La demoiselle ne manquait pas d’audace. Tant de mauvaise foi aurait pu tromper un benêt. Hélas, elle l’avait mal jugé et rien n’avait réussi à refermer la faille dans laquelle elle s’était engouffrée. La manœuvre était beaucoup trop bancale.


- Je veux bien vérifier… Même si je ne vois pas pourquoi j’écrirais sur un livre, celui qui a lancé un tel maléfice ne se serait-t-il pas trompé d’objet ?
murmura-t-il dans un sourire en prenant la plume.
Il ouvrit le livre sur la page d’avant-garde et le tendit à Fabula.

- Tiens le moi s’il te plait… Fabula, si mes souvenirs sont exacts. Il me semble que nous avons fait une sortie de botanique ensemble, tu étais avec une petite rousse qui avait des difficultés à avancer dans les marécages je crois…
, dit-il d’une voix tranquille tout en réécrivant le sous-titre de l’ouvrage.

Les mots se muèrent bientôt en « Allez traîner vos nippes ailleurs bélître roux, vous n’êtes qu’un fils de boursouflet attardé ! ». Il l’attaque en réprimant un rire qui se mua en sourire amusé.


- En voilà une prose imaginative ! Mais si c’est là le seul défaut de l’ouvrage, je ne vois pas en quoi cela me pose problème, d’ailleurs, les pages n’ont pas l’air de beaucoup te brûler les doigts… Cependant, si même le marchant n’a pas réussi à chasser tous les maléfices, il vaudrait peut-être mieux s’en débarrasser avant qu’il ne révèle vraiment ses vices, qu’en penses-tu ?


Il tira sa baguette de sa poche et le pointa vers le livre en retrouvant tout son sérieux. Mervin n’avait pas l’habitude de jouer de cette manière. La plupart des temps, les élèves qui cherchaient à l’entourlouper l’ennuyaient. Mais cette jeune fille était différente, trop énigmatique pour ne pas être intéressante. Il n’avait pas envie de la laisser partout, pas tout de suite. Les distractions étaient rares à Poudlard, autant que les gens surprenants. Il lança à la Serdaigle un regard espiègle, dénué de moquerie. Il ressemblait presque à un enfant qui attend avec une absence peu consumée l’exécution d’un tour de passe-passe. Qu’allait-elle faire à présent ? Comment réagirait-elle face à cette mise à l’épreuve ? Il avait presque envie qu’elle essaye de lui mentir à nouveau, pour le simple plaisir de mesurer les dernières ressources de son imagination.

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  • Fabula Aegis
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    Fabula Aegis
MessageSujet: Re: Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV]   Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV] EmptyDim 5 Juin - 21:47:14

[HJ]Je ne fais pas trop avancer les choses ce coup-ci. Neutral [/HJ]

Ce petit jeu ne l’amusait plus du tout. La nuit tombait et le froid ne s’en faisait que plus intense, tandis que leur conversation s’éternisait. Fabula savait d’expérience que lorsque ce genre d’affaire improvisée n’était pas réglé rapidement, il y avait peu de chance qu’elle aboutisse. Chaque minute supplémentaire passée à argumenter et à improviser, c’était une incohérence de plus décelée par celui que l’on cherchait à duper. Et le Serpentard, inlassablement, de répondre à chacune de ses remarques avec impassibilité, voire même une certaine amabilité. Fallait-il qu’il tienne à ce livre pour s’y agripper ainsi, alors que tout aurait pu se terminer en deux coups de louche à chaudron. Peut-être Fabula l’avait-elle mal jugé aussi – il n’était pas aussi roux qu’il en avait l’air. Lorsque celui-ci s’empara de la plume qu’elle lui tendait, il ne pût s’empêcher encore une fois de remarquer :

- Je veux bien vérifier… Même si je ne vois pas pourquoi j’écrirais sur un livre, celui qui a lancé un tel maléfice ne se serait-t-il pas trompé d’objet ?
L’observation du Serpentard étonna sincèrement Fabula. Ses propres livres étaient recouverts de griffonnages en toutes sortes. Elle ne se privait pas de souligner, annoter, commenter, reporter tout ce qui pouvait lui sembler pertinent et digne d’intérêt. A nouveau, son manque d’information au sujet de son interlocuteur la desservait.
- Tiens-le moi s’il te plait… Fabula, si mes souvenirs sont exacts. Il me semble que nous avons fait une sortie de botanique ensemble, tu étais avec une petite rousse qui avait des difficultés à avancer dans les marécages je crois.

En revanche, lui semblait disposer de quelques données sur elle. Extérieurement, Fabula accusa le coup sans sourciller et s’empara docilement de l’ouvrage. Ne pas réagir, ça elle savait faire. Intérieurement, les pulsations de son cœur s’étaient brusquement accélérées. Pendant un instant, elle hésita à lui rétorquer qu’il confondait, que Fabula était la petite rousse et qu’elle-même se nommait Calypso. Après tout, les absents avaient toujours tord. Dans n’importe quelle autre situation elle n’aurait pas hésité, avec un naturel provoquant qui aurait forcé l’acceptation. Mais elle apprenait trop vite pour répéter ses erreurs. Jamais le garçon ne croirait à cette esquive si grossière, sans compter qu’elle ne souhaitait pas mettre davantage à l’épreuve ce qu’il savait d’elle.
Cet échange n’était définitivement pas équitable. Elle avait abordé le Serpentard uniquement parce qu’elle pensait n’avoir jamais eu affaire à lui auparavant. Ainsi quel que fût la façon dont les choses pouvaient tourner, son anonymat lui promettait un non-lieu. Promesse qui venait de s’envoler. Ce qui du reste ne portait pas à conséquence pour l’instant – après tout elle n’avait rien fait de répréhensible jusqu’à là. Même la plume de Nathan et son insulte de bonne guerre ne pouvait lui causer de réels ennuis, comme le constata également le Serpentard :


- En voilà une prose imaginative ! Mais si c’est là le seul défaut de l’ouvrage, je ne vois pas en quoi cela me pose problème, d’ailleurs, les pages n’ont pas l’air de beaucoup te brûler les doigts…
Certes non, mais ses lèvres brûlaient de lui dire autre chose, ce dont elle s’abstint prudemment. En outre des gants ne protégeaient pas seulement du feu, mais de différents procédés plus subtils et patients que cet élément. Toujours était-il que la partie semblait définitivement perdue pour Fabula. Mauvaise joueuse, celle-ci referma le livre d’un geste sec et s’apprêta à le lui tendre, pressée de pouvoir rentrer pester contre les Serpentard, les roux, Nathan et sa plume, pendant que Tobias panserait les plaies de son orgueil blessé en lui assurant que non, ce n’était pas si grave. Mais le garçon n’avait pas l’air de vouloir en rester là.
- Cependant, si même le marchand n’a pas réussi à chasser tous les maléfices, il vaudrait peut-être mieux s’en débarrasser avant qu’il ne révèle vraiment ses vices, qu’en penses-tu ?

Il pointa sa baguette vers le livre que Fabula tenait encore. L’air parfaitement déterminé, il la fixait comme s’il attendait son propre consentement. Alors Fabula comprit. Son regard sombre soutenait celui émeraude que le Serpentard lui lançait. Depuis le début il infirmait l’un après l’autre ses arguments, avec un soin méthodique et plus d’adresse que Fabula voulait bien lui reconnaître. Ses soupçons avaient ainsi habilement mis en exergue le caractère fallacieux du discours de la Serdaigle. Et maintenant, sous prétexte de ne vouloir prendre aucun risque, il lui proposait de détruire le précieux ouvrage, revenant alors sur toute sa démonstration, et attendant de surcroît tranquillement son accord ? Fabula ne parvenait à le croire si pusillanime. Quant à lui, il paraissait évident maintenant qu’il ne la croyait pas du tout. Depuis quand jouait-il ainsi avec elle ? Les dernières remarques de la Serdaigle avaient-elles été celles de trop, ou bien avait-il compris sa manœuvre à peine lui avait-elle adressé la parole ?

Quelques années plus tôt, Fabula aurait mis immédiatement un terme à cette humiliation. Mais pendant ces quelques années, elle avait eu le temps de grandir, un peu. Elle ne cédait plus aussi facilement à la colère ou à la honte, comme cette petite fille qui faisait valser les objets ou les sortilèges à la moindre contrariété. Elle avait compris et accepté le fait que tout ne se déroulait pas toujours comme on le désirait. Ces longues heures passées, souvent en silence, à observer Jonathan qui n’observait plus rien du tout, vieilli physiquement et moralement d’une quinzaine d’années, l’avaient forcée à sortir d’un monde dont elle et Tobias étaient le centre. Non, cette fois elle ne partirait pas, pas comme elle avait pu le faire à chaque fois qu’elle se retrouvait un tant soit peu en difficulté.

Sans compter que Fabula ne percevait aucune hostilité de la part du Serpentard. Son air mutin cherchait à la provoquer, mais malgré sa colère elle ne parvenait à y associer la moindre raillerie. D’ailleurs, elle ne savait pas si elle éprouvait réellement de la colère. Elle était contrariée, c’était certain, mais elle était également intriguée. Son intérêt avait progressivement glissé du livre à ce garçon qui l’avait démasquée sans peine et qui, plutôt que de le lui signaler simplement ou de profiter de la situation, semblait s’être pris lui-même au jeu – tant et si bien que Fabula ne se souciait plus vraiment du sort du premier, après tous les efforts qu’elle avait déployés pour se l’octroyer. Certaines habitudes puériles subsistaient. A son tour alors de participer à cette mascarade, de le surprendre et d’attendre, avec la même curiosité qui avait dû habiter son interlocuteur, la réaction du Serpentard à sa provocation.


- Tu as sans doute raison, prudence est mère de sureté n’est-ce pas ? Après toi, dit-elle en déposant le précieux ouvrage sur un muret à proximité avant de s’en éloigner.

S’il se montrait aussi butté qu’elle, il détruirait le précieux ouvrage sans état d’âme – ce qui devrait certainement lui en coûter davantage qu’à Fabula. Si au contraire il était trop raisonnable pour faire subir un tel sort à un livre d’une pareille valeur, il serait forcé de reconnaître qu’il avait voulu se jouer d’elle. Ou bien, et Fabula ne pouvait presque s’empêcher de l’espérer – par curiosité – il trouverait une autre solution.
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV]   Ce que sorcière veut, Merlin le veut. [PV] EmptySam 18 Juin - 22:03:02

Elle ne laissait rien paraître mais il sentait en elle, tandis qu’il lui donnait l’ouvrage, les battements serrés de sa frustration. Son regard s’était légèrement durci, son visage, impassible, était de plus en plus fermé. Les changements étaient subtiles bien sûr. Mais Mervin percevait très nettement la vague de tension qui émanait de la jeune fille. Elle était forte. Il lui semblait qu’elle aurait pu subir la pire des avanies sans broncher et qu’elle aurait pu le réduire en cendres si elle en avait eu la possibilité. Pourtant, le Serpentard n’était pas intimidé. Fabula le fascinait au-delà de la crainte, à ce point étrange, et encore inconnu, où la curiosité abaisse toutes les barrières du chemin qui mène à l’autre. Il ne s’était jamais montré aussi léger, surtout vis-à-vis de quelqu’un qui ne laissait rien dévoiler. En général, les individus trop réservés lui inspiraient la plus grande méfiance. Il ne jouait qu’avec les gens simples ou connus. Les autres étaient à traiter avec respect tant que leur nature n’était pas identifiée. Pourtant, la Serdaigle faisait chavirer ces lois. Le rôle de préfet-en-chef lui avait-il donné une si grande confiance en lui ? Non. Il n’avait pas l’impression de devenir ce genre de garçon arrogant qu’un titre glorieux rendrait aussi prétentieux qu’un bourgeois invité à la cour d’Angleterre. Cette rencontre le changeait. En réalité, il se sentait soudain libéré de toutes les contraintes qu’il s’imposait. Même s’il jouait un jeu de dupe avec la jeune fille, il suivait, au final, une envie très naturelle de s’amuser pour nouer connaissance avec une personne qui n’avait rien d’autre que sa personnalité étrange à lui révéler. Et c’était déjà beaucoup, finalement. Car ce caractère là avait bien des nuances que les autres n’avaient pas. Il y avait quelque chose de très intriguant chez cette demoiselle chez qui s’opposait les contraires, deux monde qui s’opposaient dominés par une étonnante indépendance de pensée. L’instinct lui soufflait qu’il pouvait la tourmenter sans prendre le risque de se la mettre à dos, et il ne s’en priva pas.

L’idée de se débarrasser du livre était une mise à l’épreuve facile, il le concédait, mais néanmoins à-même de révéler beaucoup de choses sur la jeune fille. En effet, Fabula ne broncha pas. Elle avait tout fait pour lui usurper le livre et, pourtant, la perspective de sa destruction ne troubla pas un seul instant l’impavidité de ses traits. Avait-elle compris que son attitude ne tenait pas debout ? Oui, sans doute, mais il ne cherchait pas à être logique, au contraire. Si après lui avoir démontré qu’elle mentait il considérait soudain le facteur de risque, c’était pour achever de ridiculiser son vilain tour. Or, lorsque la moquerie atteint ce stade, le jeu, l’envie de gagner, l’emporte souvent sur la valeur de l’objet que l’on cherche à défendre. Elle aurait pu tenter une nouvelle pirouette désespérée en revenant maladroitement sur ses mots, mais elle n’en fit rien, au contraire, elle l’invita à désintégrer l’ouvrage. Ainsi, la jeune fille détestait perdre. Un esprit terriblement buté résidait dans cette adorable tête brune. Sa réaction lui arracha un sourire. Elle n’aurait pas pu mieux faire pour le coincer. Aurait-elle détruit l’ouvrage à sa place ? Possible. La mauvaise foi avait parfois des conséquences redoutables. Mais Mervin ne poursuivait jamais un combat pour satisfaire son égo. Ce n’était qu’un jeu, et il n’avait pas de sens. Il pointa néanmoins sa baguette vers le grimoire et murmura d’une voix tranquille :

- Je vais essayer… Mais, sais-tu ce qu’on dit des livres maudits ?

Il lança un sortilège qui fit disparaître le livre. Les tours de passe-passe étaient ceux qu’il maîtrisait le mieux. Quelques secondes plus tard, le grimoire réapparaissait au-dessus de Fabula et lui retombait lourdement dans les bras.

- On dit… qu’on ne peut pas s’en débarrasser, ils reviennent toujours vers leur propriétaire… Tu es bien malchanceuse !
acheva-t-il en riant doucement.

Qu’était-ce qu’un grimoire après tout ? Il ne venait pas d’acquérir un parchemin gallois du cinquième siècle. La valeur de ce livre était moindre, il pourrait toujours se le procurer autrement. Bien que rare, cette édition n’était pas unique ou limitée à 10 exemplaires à travers le monde. L’attitude effrontée de Fabula lui avait plu, elle s’était bien défendue, avait accepté la prise de risques pour ne pas lui révéler ses mensonges et tant de self-control alors qu’il l’avait poussée au bord du gouffre méritait une récompense. Il aurait pu la contrer de nouveau mais, à ce stade, il lui semblait que la partie se serait enlisée dans la lourdeur. Alors pourquoi s’enfoncer s’ils pouvaient conclure en beauté ?


- Je ne sais pas ce que tu cherches exactement dans ce grimoire, mais, si tu en connais la valeur, je ne vois pas d’inconvénient à ce que tu le gardes tu sais
, ajouta-t-il plus sérieusement. Peu nombreux sont les élèves qui en auraient fait cas et je ne vois pas pourquoi je priverais quelqu’un d’une connaissance que j’ai probablement déjà… enfin… à condition qu’on me laisse un jour profiter de ces pages.

Une lueur malicieuse éclaira son regard et il tendit une main vers Fabula comme pour sceller un marché implicite avec elle. Il lui laissait prendre l’ouvrage à condition d’avoir un droit d’emprunt dessus. Voilà qui était simple finalement. Elle aurait pu lui demander directement tout de suite et obtenir le même résultat mais, alors, elle n’aurait pas retenu son attention et, même s’il n’aurait pas eu le cœur à lui refuser le livre, il s’en serait séparé avec beaucoup d’amertume. Là, il avait un réel plaisir à lui accorder cette petite victoire, d’autant plus qu’elle lui donnait un prétexte pour la revoir.

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