Mouaaah rien de tel que... (pv Alan/Hayden) TERMINE

Mouaaah rien de tel qu'un petit tour à la cafétéria après un cours aussi éprouvant intellectuellement que le cours d'étude des Moldus ! Non attendez... plutôt manuellement parlant pour le jeune homme né-moldu maladroit comme un pied quand il manipulait quelque chose, ses parents avaient coûtume de dire dans sa jeunesse qu'il était né avec deux mains gauches. Mais en ce qui concernait le maniement de la baguette magique ou du dessin, il savait se débrouiller comme un grand, assez habilement d'ailleurs, et toc pour les vieux bien pesants !

Le jeune homme aux yeux noirs comme des abysses et aux cheveux bruns toujours en bataille s'installa auprès d'une table proche de la fenêtre, non loin du comptoir, lâchant avec énergie son sac sur la table, avant de prendre son porte-monnaie et de s'approcher du comptoir, un des elfes de service lui demandant aussitôt, comme ii n'y avait pas encore trop de monde :

- "Vous désirez quelque chose ?"

Alan laissa le silence peser un moment tandis que ses yeux parcouraient la carte des délices et des boissons disponibles avant de répondre avec un sourire plein d'entrain et un air faussement sérieux :

- "Une tasse de thé à la vanille s'il vous plait, et avec ceci deux paquets de chocogrenouilles. Merci !"

Dès qu'il fut servi, le grand dadais se posa à table et ressortit les très brèves notes prises en cours d'EDM, avant de constater qu'une tâche rouge sang parcourait l'endroit qu'il venait de toucher, et curieusement cela lui fit mal. Etonné, il retint un juron fort indélicat en s'exclamant à demi-voix :

- "Pu...Punaise ! Qu'est-ce qu'il y a avec moi ? Ah... d'accord... vu comme cela... quel abruti j'ai été de ne pas m'en rendre compte de suite !"

En effet une jolie coupure aux ciseaux se détachant de son index, comme une longue et fine estafilade engendré par l'arme blanche se dangereuse et répandue dans l'instruction. Maugréant, il sortit avec son autre main un flacon d'une potion toute rose bonbon inspirée du cours de potion reçu il y avait peu de temps auparavant : une potion des blessures bégnines.

- "Comme quoi c'est bien d'en avoir toujours sur soi... j'ai besoin de mes doigts tous les jours moi ! Pas que pour les cours, okay, mais le dessin ca compte aussi..."

Il s'appliqua un pansement le temps que la potion fasse son effet et sortit de son trieur le dessin sur lequel il était depuis plusieurs semaines : la cours d'entrée printanière de l'université, avec sa porte magistrale, ses fleurs et arbres en train de verdire... souriant il reprit son crayon de papier et repoussa le dessin sous ses cours pour prendre une page vierge et commencer à dessiner un des elfes, l'observant en silence et avec attention....

Virée nocturne en boîte de nuit moldue. Pur acte de sadomasochisme social. Elle savait que cela lui serait terriblement nocif, qu’il n’y avait rien de pire pour elle que le mélange alcool et peuple. Quand certains se droguaient à l’ecstasy, la coke ou d’autres misérables substances de la même engeance, la jeune aristocrate anglaise se dopait aux relations humaines dévastatrices. Beaucoup moins cher. Lamentablement, et pourtant toujours avec cette étrange prestance inqualifiable qui lui était propre, elle traina sa carcasse maigre en chair fraîche et en formes généreuses jusqu’aux toilettes les plus proches. Sans prendre la peine de vérifier que c’est bien face à des « dames » qu’elle se retrouverait. A vrai dire, elle s’en foutait. Certaines fois, depuis la fin de la guerre, elle avait l’alcool mauvais, l’alcool lucide, et pourtant l’alcool vaniteux.

Elle avait l’arrogance -et elle se plaisait à croire qu’il ne s’agissait pas de prétention- de croire qu’elle pouvait tous se les faire (et dans sa bouche, l’expression ne sonnait jamais très suggestive, car même ceux qui ne la connaissaient ni d’Eve ni d’Adam sentaient bien que cela n’avait rien d’une proposition d’ordre sexuelle). A défaut d’avoir la fièvre du samedi soir, elle avait la fureur de vivre et ça lui était amplement suffisant. Elle claqua la porte en sortant, pour l’esbroufe, parce qu’elle, elle était encore en état de le faire, parce qu’elle se sentait permise de tout, parce qu’elle était en vie. L’alcool altérait sa lucidité. Elle ne claquait jamais les portes. Elle les refermait doucement, docilement, derrière elle, sans faire le moindre bruit. Et puis elle s’y adossait, un sourire équivoque aux lèvres. Elle aimait sourire quand rien ne la poussait à le faire.

Elle retourna au bar pour se payer une coupe de champagne avant de finalement se décider à prendre la bouteille. Dans le registre, sois riche et consomme, elle remportait amplement la palme. Les autres filles, à l’intérieur de la petite salle trop étroite, la regardaient fixement de leurs yeux globuleux, dont les traits disgracieux étaient accentués par une peut-être trop généreuse couche de mascara qui attestait d’un manque profond de goût pour l’exercice rigoureux qu’était celui du maquillage. Il faisait chaud, très chaud. L’atmosphère suffocante l’accablait, l’écrasait, elle avait envie d’air frais. Elle sortit de la salle en pleine effervescence et s’alluma une clope avant de s’appuyer nonchalamment sur le capot d’une voiture. Epuisée, elle finit par s’asseoir par terre.
Ses pensées nébuleuses cherchèrent, en vain, à s’articuler autour d’un véritable trou noir cérébral. Elle s’interdisait de penser. Elle ne voulait que ressentir. Sa main gauche fermement resserrée sur le goulot de sa compagne de soirée, elle tâtonna le sol de la droite et s’extasia devant la parfaite rugosité du trottoir. Le noir s’installa.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle croisa le regard amusé de Noah, penché au dessus d’elle. Elle sursauta, se leva prestement et fut prise de vertige. La soirée de la veille n’avait donc pas été qu’un simple rêve. Noah lui tandis un verre d’eau qu’elle but d’une seule traite. Il lui rappela alors qu’en sortant de la boite, vers trois heures du matin, il l’avait retrouvée en train de somnoler par terre et l’avait ramenée ici. Elle se frotta douloureusement le front pour tenter de dissiper son mal de crâne et regarda sa montre : il était bientôt 16h. Elle pâlit subitement, elle venait de rater toute une journée de cours. Elle s’habilla le plus rapidement possible, enfilant une robe noire à la va vite, et transplana jusque devant les grilles de l’UMA qu’elle poussa avec faiblesse. Décidemment, elle n’allait vraiment pas fort. C’était la dernière fois qu’elle sortait pendant la semaine ! Elle décida de se rendre à la cafétéria, commanda un thé pour se détendre et s’affala à la première table venue, ne remarquant même pas qu’elle était déjà occupée.

Le grand dadais aux cheveux bruns en bataille était tellement concentré sur son dessin qu'il n'entendit pas la nouvelle arrivée débouler dans la cafétériat, à peine s'il avait entendu le son de sa commande, le considérant comme une nuisance dans son acte de création artistique improvisée. Les traits de la feuille, de l'esquisse, étaient fins et précis, d'une main de maitre, mais très vite le dessin fut perturbé quand quelqu'un vint s'asseoir sans prévenir à sa table, faisant trembler sa tasse de thé qui vacilla sur sa petite coupelle, aux yeux horrifiés du première année étudiant :

- "Oh non, pas cela, atten... !!!"

Trop tard, une large tâche de thé noir nuancé de vanille vint saccager sa belle et soignée esquisse d'elfe, et dans sa précipitation ratée de relever à temps la tasse, il se brûla aussi légèrement les mains, parvenant toutefois à ce que les deux-tiers de la chaude liqueur ne soient pas renversés, en exécutant rapidement d'un geste vif de la baguette magique :

- "Wingardium Leviosa !"

La tasse en question se figea alors avant de planer doucement et sagement à quelques centimètres de la table, pour se reposer tranquillement sur la coupelle. Un instant vexé, le jeune étudiant darda ses yeux noirs sur le ou plutôt la responsable involontaire du massacre artistique, avant de se calmer en voyant son état... disons assez chargé en langage étudiant. Il ravala de suite les pensées peu sympathiques qu'il avait à l'esprit avant d'asborber avec un marmonnement le liquide répandu sur sa feuille avec un sortilège, puis rangea sa baguette et lanca sans prévenir, connaisseur sans avoir l'air de l'être :

- "Salut ! Ca n'a pas l'air d'être la grande forme... une nuit difficile ou plutôt un contre-coup ?"

Son esprit était indéniablement ailleurs ; elle aurait pu s’endormir debout si la certitude que cela lui aurait été fatal ne la hantait pas autant. L’air hagard, comme c’était le cas bien trop souvent à son goût, elle fourragea machinalement sa chevelure et s’apprêta à changer subtilement de sujet de tergiversation afin de biaiser sa conscience tout en s’asseyant à une table lorsqu’une voix masculine et paniquée vint crever le silence. Cela eut pour effet de la réveiller, tout du moins cérébralement, car son corps ne suivit absolument pas ses pensées. Aucun réflexe. Même pas celui de chercher à rattraper la tasse pour empêcher le massacre imminent, ni même celui de la relever alors que tout le thé se renversait sur le dessin du garçon qu’elle avait dérangée. Elle se mordit la lèvre inférieure en l’entendant pester. Décidément, elle n’en ratait pas une ! Elle lui lança un regard contrit. Désœuvrée, les bras ballants, elle chercha un moyen de lui venir en aide, en vain. Elle avait détruit son œuvre, qui, au vu de sa réaction, avait du lui demander beaucoup de temps. Par Merlin, elle aurait mieux fait de ne pas se lever et de rester tranquillement chez elle, comme le lui avait conseillé Noah. Pour une fois, cet imbécile n’avait pas une tord.

« Hum... Je suis vraiment navrée, je suis d’une maladresse parfois... »

marmonna t-elle, bien embêtée d’être la responsable de cet odieux gâchis.

Elle, qui n’avait jamais fait preuve d’un talent artistique quelconque, avait toujours voué une grande admiration aux artistes, même les plus ordinaires. Elle acquiesça délicatement lorsqu’il lui demanda si elle avait passé une nuit difficile, il ne semblait déjà plus lui en vouloir. Elle l’admira pour ça, si elle s’était trouvé à sa place, elle aurait surement égorgée sur place la ou le responsable de ce carnage, sans aucune autre forme de procès. Enfin, elle aurait plutôt réglé ça à coup de baguette plutôt qu’à coup de poing, elle n’était pas n’importe qui et ne pouvait se permettre d’en venir aux mains dans une salle aussi pleine. Beaucoup trop de témoins ! Elle attrapa quelques serviettes sur la table d’à côté et épongea avec beaucoup de soin le dessin de son camarade de section, c’était la moindre des choses. Un peu inutile certes, mais cela venait du cœur, car la jeune aristocrate s’en voulait vraiment. La feuille était un peu gondolée et jauni par le thé, ce qui lui donnait des airs de papyrus très ancien. Tentant de détendre l’atmosphère, elle lâcha d’un ton plutôt léger :

« Je crois que je le préfère ainsi… »

qu’elle ponctua d’un sourire tout à fait sincère.

Puis elle réalisa qu’en plus de lui avoir ruiné son dessin, elle venait également de le priver de sa boisson.

« Peut-être désires-tu quelque chose d’autre à boire ? »

Bien sur, elle sous-entendait par là qu’elle s’engageait à payer pour lui, une manière comme une autre d’essayer de se faire pardonner.

Attaquer ses chef-d'oeuvre était d'ordinaire un crime impardonnable aux yeux d'Alan Desoya, mais là... vu comme elle avait l'air encore chargée, maladroite et fatiguée, il ne lui en voulut pas trop. Sa colère fondit comme neige au soleil après son excuse en apparence sincère :

« Hum... Je suis vraiment navrée, je suis d’une maladresse parfois... »

Il radoucit ses traits faciaux, avant de finir par esquisser un sourire empreint d'acception des excuses. Il savait ce qu'était la maladresse, grand maladroit qu'il pouvait se montrer des fois... sa voix chaude et chaleureuse chercha à apaiser sa camarade de cours rapidement appercue lors du cours de soins magiques :

- "Ce n'est pas si grave... j'ai juste été surpris ! Je pourrais en refaire un aisément... ce n'est pas comme si cela avait attaqué un certain portait sur lequel je suis depuis le début de l'année... tu voudras que je te le montre ?"

Il apprécia à leur juste valeur les efforts employés par la demoiselle venant sans doute de la haute société, puis il n'était pas vraiment d'un naturel très racunier quand l'oeuvre était encore à l'état d'ébauche comme celle-là. Il l'aida aussi de son mieux pour éponger le coin de table souillé de thé, alors qu'elle reprennait :

« Je crois que je le préfère ainsi… »

Surpris, mais l'esprit ouvert par nature, le jeune étudiant pencha sa grande carcasse vers le papier pour l'observer avec attention, avant d'éclater d'un franc éclat de rire et de répondre avec le même entrain :

- "On dirait presque un papyrus de l'ancienne Egype ! Puis attend... ces traits brouillés... cette nuance de flou... c'est de l'art antico-moderne ! Ma foi, tu as peut-être un don artistique caché !"

Il avait un ton naturellement taquin et plaisantin, bien que la plaisanterie ne soit nullement moqueuse, juste une petite pique emplie d'humour. Il reprit doucement son sérieux (relatif) et sa bonne humeur quand elle lui proposa :

« Peut-être désires-tu quelque chose d’autre à boire ? »

Alan considéra la proposition entre l'envie de poliment la décliner et la tentation d'avoir un brin de conversation agréable avec sa camarade de classe avec qui il pourrait faire meilleure connaissance, avant de répondre en se rasseyant et mettant son dessin vers la lumière du soleil pour le sécher :

- "Pourquoi pas, je voudrais bien un thé noir à la vanille... à la condition que tu acceptes de partager un de mes chocogrenouilles, si le chocolat ne te rebute pas !"

Tout cela pour montrer qu'il ne lui en voulait pas, et aussi pour l'inviter à rester un petit peu discuter lors d'une pause méritée après tout...

Un sourire blanc comme neige vint orner le visage de la jeune étudiante, un sourire à la fois amusé et soulagé. Amusé par la réaction de son camarade, qui semblait plutôt réceptif à la plaisanterie qu’elle venait de faire, et qui se permettait même dans rajouter une couche. Mais surtout soulagée qu’il ne l’a pas mal prit ou mal interprété. En effet, la plupart du temps, lorsque la jeune femme s’essayait à quelques traits d’humour, cela tournait rapidement à la catastrophe car elle n’avait pas vraiment la notion du politiquement correct. Détruire un dessin et en rire quelques secondes plus tard était un exemple tout à fait approprié, heureusement que le brun était ouvert et peu rancunier. Certaines personnes pouvaient réagir de manière disproportionnée et en faire une affaire d’état, Hayden était donc soulagée d’avoir échappé au scandale. Il partit dans un grand rire franc, ce qui eut pour effet de détendre complètement la jolie blonde, puis il enchaina en lui faisant remarquer qu’elle avait surement un don caché pour l’art.

« Si seulement… »

murmura t-elle en souriant.

Difficile d’obtenir plus de sa part ; elle avait toujours été avare de mots -de jour en tout cas, et il lui était bien souvent impossible de composer avec. Les grandes envolées lyriques, les phrases d’ouverture qui faisaient mouche du premier coup, très peu pour elle ; la seule chose dont elle était capable, c’était les réparties plus ou moins cinglantes et les remarques sarcastiques, et, en l’occurrence, ni l’un ni l’autre ne la tentaient véritablement. Ça l’agaçait un peu, et elle se sentait comme handicapée, arriérée, ou du moins pas à son avantage. Ça avait toujours été l’un des rares éléments clairs dans son esprit : à l’université, et c’était encore plus vrai en pleine journée, elle n’était pas sur son terrain. Ce n’était pas elle qui menait la danse, pas elle qui instaurait les règles, pas elle non plus qui se distinguait par des relevés de notes s’élevant à des nombres aisément qualifiables de faramineux. Ce qui n’est, en un sens, pas plus mal : l’occasion lui était donné de se reposer, et de s’établir en tant qu’observatrice passive, et il aurait été stupide de ne pas en profiter.

Elle se gifla mentalement, encore une fois, elle s’était laissée aller à ses divagations mentales interminables. A tel point qu’elle en avait oublié son interlocuteur. Elle se concentra et fit le vide dans son esprit torturé, elle avait l’habitude, il suffisait d’articuler ses pensées autour d’un trou noir cérébral, comme elle en avait l’habitude. Cela lui évitait de trop penser. Elle tenta de reprendre part à la conversation en espérant que son absence n’avait pas été remarquée, et proposa à son camarade de lui payer quelque chose à boire pour tenter de se faire pardonner. Après un temps de réflexion, il finit par accepter. Elle esquissa un sourire et se leva pour aller jusqu’au comptoir où elle héla un elfe qui accourut avec précipitation. Elle grimaça, elle avait toujours trouvé les elfes de maison trop révérencieux, et cela frôlait le ridicule. Elle commanda donc un thé à la vanille qui lui fut servit avant qu’elle n’est une le temps de dire Quidditch. Elle soupira face à ses petits serviteurs un peu trop zélés à son goût et repartit en direction de sa table.

« Et pour cette histoire de chocogrenouille, j’accepte volontiers ! »

dit-elle en souriant, ponctuant sa phrase d’un clin d’œil amical.

Elle poussa la tasse de thé vers lui et but quelques gorgées de sa propre tasse. A ce moment, elle se rendit compte qu’elle avait négligé la plupart des règles primaires de bienséance et se présenta sur le champ :

« Pardonne moi mon impolitesse, mon nom est Hayden, et toi ? »

« Si seulement… »

Alan était totalement détendu, au fond il lui en était même reconnaissant, il y avait quelques traits qui ne lui plaisaient pas quand il observait les modèles vivants de ses dessins, comme cela il pourrait recommencer sans trop se turlupiner l'esprit. Le grand et mince jeune étudiant aux cheveux bruns dans tous les sens porta ses yeux noirs joyeux et vifs sur son interlocutrice, avant de la rassurer et d'essayer de continuer à essayer de la faire rire ou du moins de la détendre de son embarras :

- "Bah tu sais il n'y a rien de plus libre que l'art de nos jours, et rien de plus évolutif ! Si tu veux mon avis, on a tous les possibilités de devenir un artiste en soi, pour tant soit peu que l'on ait un minimum de sensiblité et d''esprit large. Puis si tu n'aurais pas le don d'art, au moins tu as le don du bon mot, et ca c'est un grand don !"

Il laissa alors à sa vue un précieux dessin colorié avec soin du professeur Murray, de manière humouristique en train de disserter sur un téléphone portable miséreux des temps anciens (genre les premiers alcatel), la folie naturelle du personnage ressortant dans ses yeux exaltés, un dessin qu'Alan avait fait en douce lors du cours avant les Travaux Pratiques. Il souria et la remercia pour le thé tout en lui tendant un chocogrenouille alors qu'elle lui disait avec un clin d'oeil :

« Et pour cette histoire de chocogrenouille, j’accepte volontiers !"

Alan fut enchanté par cette réponse, et écouta sa prochaine question avant de se pencher un peu plus vers l'avant pour mieux observer son interlocutrice et de s'exclamer :

- "Alan... mais attends, je t'ai vue à un des derniers cours, non ? Ce n'était pas en cours de soins ? Il est génial d'ailleurs ce prof, tu ne trouves pas ? Aussi bon que celui de potions je trouve ! En même temps en potions ce n'est pas bien difficile de faire un meilleure prof que l'ingrat Professeur Rogue de Poudlard... bon débarras que cette chauve-souris ne soit plus là d'ailleurs, il a traumatisé des générations d'élèves !"

Les yeux dans le vide, les yeux dans le vague, Hayden songeait. La faculté qu’elle avait à se perdre dans ses pensées avait toujours impressionné ses proches, et les circonstances actuelles étaient encore plus propices à l’isolement spirituel. Assise au plein milieu de la cafétéria, avec les conversations des autres étudiants en fond sonore, la jeune fille se laissait complètement aller ; elle était ailleurs. Comme souvent, elle était en proie à cette hésitation qui la taraudait, et qui revenait comme un gimmick lors des moments plus ou moins importants de sa vie ; elle s’interrogeait au sujet de son enracinement faiblissant à la réalité. Quand elle avait laissé tomber son train-train quotidien pour un cursus plus scolaire avec des études supérieures centrées sur la médecine magique, elle avait senti qu’elle prenait un tournant qui déterminerait bien des choses quant à son avenir. Dans les deux cas, elle savait qu’elle prendrait encore plus de distance vis à vis de la réalité, que le regard qu’elle porterait sur ses congénères différerait de plus en plus, mais il lui arrivait de douter de temps à autre, de se demander si elle avait fais le bon choix.

Sa vie sociale, qui n’avait jamais rien eu d’éblouissant, s’était encore plus ternie, ses quelques rapports humains n’ayant plus rien du naturel qui les habitait autrefois. Certes, elle revoyait fréquemment ses vieux amis, ceux avec lesquels elle avait fais les quatre cent coups, et martyrisé plus d’une tête de turc, mais à présent elle ne les voyait plus avec cet émerveillement fidèle, et, il faut le dire quelque peu hautain. Elle n’allait plus jouer au base-ball -sport dont elle était une fervente amatrice- avec Billy, ne regardait plus des vieux films étranger avec Jenna, ne se baladait plus dans la rue en compagnie de Jason en notant les passants selon différentes critères tous aussi ignobles les uns que les autres. Ça, elle le faisait seule à présent, la plupart du temps. Ou avec des inconnus. Des relations éphémères, qui ne connaissent rien de sa réelle identité. Sans pour autant reprendre pied avec la réalité, Hayden mordit distraitement dans la friandise que lui avait poliment offert son camarade. Elle sentit avec délice le chocolat fondre dans sa bouche.

Elle aurait surement pu passer le reste de la journée ici, dans cette même position, à laisser son esprit divaguer sur les sujets qui lui semblaient bons ; et elle savait pertinemment qu’elle pouvait faire confiance à ce dernier sur ce point, car il avait toujours su se réinventer quand il le fallait. Et quand bien même cela n’aurait pas été le cas, ce n’aurait pas été dérangeant ; les répétitions ne l’effrayaient pas, et elle conservait un certain plaisir indicible à se faire de nouveau les mêmes films, encore et encore. En matière de tergiversations, elle était insatiable. Dans bien d’autres domaines encore, mais nous ne sommes pas suffisamment intimes pour que je m’étende plus longuement sur le sujet. Seulement voilà, elle n’était pas toute seule, comme l’attestait cette sonorité particulière, qui lui était étrangement familière, et qui interrompit brusquement cet état de transe qu’elle affectionnait et redoutait tant. Il ne lui fallut qu’un quart de seconde pour émerger de ses songeries, et un laps de temps comparable pour attribuer cette voix à son possesseur.

Encore une fois, elle atterrissait juste à temps pour capter la majeure partie des paroles de son interlocuteur qui lui faisait remarquer qu’il partageait la même filière. Cela lui arracha un sourire malgré elle. Elle ne pouvait s’empêcher d’affectionner tout particulièrement les étudiants qui suivaient la même formation qu’elle, une simple question de passion.

« C’est vrai, monsieur Vawdrey semble être très compétent… »

souffla t-elle sans même prendre la peine de masquer son sous-entendu .

« Quant au professeur Rogue, il est vrai qu’il n’était pas commode, mais je pense que l’on ne doit pas se réjouir de la mort d’un autre être humain, quoi qu’il ai pu faire par le passé. »

Elle se pencha avec attention sur le dessin du professeur Murray et un rire cristallin s’échappa d’entre ses lèvres. Il était vraiment réussi, particulièrement au niveau du visage qui était très expressif.

« Tu as du talent Alan, dessines-tu depuis longtemps ? »

« C’est vrai, monsieur Vawdrey semble être très compétent… »

Fasciné, Alan l'observait avec une grande attention, le lunatisme même de sa collègue attirait son attention, et il ricana gentiment aux mots de Hayden avant de se concentrer et de modifier quelque peu sa voix pour s'approcher de celle du cher et estimé professeur de soins magiques tout en disant avec amusement :

- "Il a une grande science, et un certain charme sur la gente féminine si je ne me trompe ? Un magnétisme naturel peut-être ?"

Puis il se rassit en riant doucement avant de se mordre les lèvres pour éviter toute crise de rire impossible à arrêter avant de se concentrer de nouveau sur la suite de la réplique de son interlocutrice, les bras croisés derrière sa tête et contre le dossier de la banquette :

« Quant au professeur Rogue, il est vrai qu’il n’était pas commode, mais je pense que l’on ne doit pas se réjouir de la mort d’un autre être humain, quoi qu’il ai pu faire par le passé. »

Une question illumina alors son esprit tandis que ses yeux noirs revinrent se centrer dans ceux d'Hayden alors qu'il rectifiait avec honnêteté :

- "Après ce qu'il s'est passé... je ne peux souhaiter ce genre de mort même au pire des ingrats... ca me hante toujours tu sais, même si je ne le montre pas... je pense que ca nous restera à vie, nous, les générations maudites !" - puis après un léger soupir il ajouta - "Moi j'avais rien contre le bougre, il n'arrivait pas à me reprocher quelque chose en potions, bien que je n'étais pas un enfant sage des pouffys à l'époque... par contre avec les autres... les gryffons... t'étais dans quelle maison toi ?"

Il y eut un léger silence avant qu'Hayden ne change le sujet sur le thème du dessin, un thème plus agréable pour lui, et il laissa un sourire ravi fleurir sur ses lèvres sous le compliment adressé :

« Tu as du talent Alan, dessines-tu depuis longtemps ? »

Rieur et bon enfant, il se redresse avant de croiser ses bras et de répondre avec une fierté modeste et toujours ce ton léger et chaleureux dans sa voix :

- "Des années, c'est mon passe-temps ! Même dans les écoles moldues je ne faisais que cela, ce qui faisait bien rire certains imbéciles d'ailleurs ! Mais au fait... tu le veux ce dessin ? Tiens, attend, je te le donne... attends... voilà, prend le !"

Il avait sorti son encrier et sa plume, et avait signé d'une écriture soignée à l'encre noire l'oeuvre, l'avait datée, avant de la dédicacée dans un coin à Hayden, sincèrement ravi de la lui offrir, à elle qui était si gentille et agréable avec lui. Il eut un sourire encourageant avant de lui tendre d'une main le dessin enroulé en rouleau, l'encre magique séchant instantanément sans tâches.

Alan semblait avoir remarqué son lunatisme, et ça n'était pas étonnant, car cela sautait vraiment aux yeux. Elle était une sorte de mélange explosif entre un concentré de douceur et une bonne dose d’impétuosité; à tout moment, elle pouvait imploser. Car le hasard ou l’entité divine qui l’avait créée –c’était au choix, lui avait conféré le sens du sacrifice, et elle se contentait d’imploser là où elle aurait pu exploser. La nuance est importante, et je vous prie de ne pas la négliger. Elle aurait voulu pouvoir vous expliquer ce qu’elle était, vraiment, mais les mots lui échappaient ; il y avait trop de contradictions, trop de non-sens, trop de paradoxes et d’absurdités. Elle ne savait pas réfléchir, on ne le lui avait jamais appris, alors elle tournait sans cesse en rond. Elle se sentait comme un aspirant peintre auquel il manquerait les deux mains ; elle aurait voulu, vraiment, mais elle était bien incapable de vous dresser le tableau de ses ressentiments.

Hayden Rosenheart n’avait jamais été très douée avec les relations humaines. Elle n’avait jamais été une meilleure amie par exemple : Tour à tour, les gens l’amusaient puis l’usaient. Elle devenait indifférente à leur problème, et leur bonheur la laissait perplexe. Il y avait tant de choses dont ils n'avaient pas conscience. Ce même entrain qui la faisait tout à tour sourire et s’enthousiasmer finissait inévitablement par l’ennuyer et l’agacer. Elle se lassait si vite, elle en était parfois elle-même effrayée. Elle n’avait jamais non plus été une bonne petite amie. Mais ça, c’était à cause de ses chromosomes, elle n’y pouvait rien.

L’ennui avec les filles, c’est qu’elles voulaient toujours des tas de choses compliquées, et, au lieu de communiquer l’idée à leurs prétendant(e)s, elles attendaient que ça leur vienne d’eux mêmes. Elles voudraient que tout soit parfait, comme dans un rêve ; elles n’ont pas saisi que la perfection est un concept qui s’applique plus en théorie qu’en pratique. Vous me direz, il y avait d’autres genres filles. Des moins compliquées, qui faisaient avec ce qu’elles avaient et n’en demandaient pas trop ; des qui avaient juste besoin d’affection, et d’un peu d’attention. Ouais mais ces filles là, Hayden ne les aimait pas non plus. Il y avait bien longtemps qu’elle avait abandonné ses jolis rêves d’aventure et de prince charmant, et la crédulité était un défaut qu’elle abhorrait par-dessus tout chez les autres. Elle était d’un naturel assez cynique : Quand elle parlait, elle brisait des rêves, des illusions, des grandes et belles idées. Parce qu’elle disait toujours ce qu’elle pensait. Elle avait toujours eu un raisonnement trop scientifique sur ce qui l’entourait ; pour elle, les sentiments n’existaient pas, il y avait les comportements hormonaux, l’instinct, ce qui était gravé dans chaque cervelle dès la naissance et les prétextes qu’on utilisait pour les justifier.

Elle fit mine de ne pas avoir entendu la précédente phrase de son interlocuteur, à savoir, celle où il évoquait la guerre qui venait de déchirer le monde sorcier. Comme tous les autres, la jolie blonde l’avait mal vécu, et en gardait encore aujourd’hui de très mauvais souvenirs et surement quelques chocs post-traumatiques inavoués. Outre les pertes matérielles, et comme beaucoup, les pertes humaines s’étaient aussi beaucoup fait ressentir, et même si elle n’avait pas perdu d’amis proches, elle ne s’en était pas moins sentit déstabilisée. Elle avait sentit toutes ses belles certitudes s’effondrer d’un seul coup, la privant de tout ces repères qu’elle avait mis tant de temps à se forger. Elle se contenta d’acquiescer lorsqu’il prononça le terme de ‘génération maudite’, il n’était pas si loin du compte finalement. Surprenant visiblement son malaise, le jeune homme en revint à leur défunt professeur des Potions, et elle lui en fut reconnaissante. Il enchaina en lui demandant de quelle maison elle venait.

« J’étais à Serdaigle, surement pour mon côté studieux ! »

répondit-elle en souriant.

Réceptif au compliment qu’elle venait de faire à propos de son dessin du professeur Murray, le garçon proposa presque aussitôt de le lui offrir avant de le signer et de le dater avec soin. Surprise et terriblement gênée, Hayden ne sut plus du tout où se mettre. Elle détestait les cadeaux, elle trouvait cela surfait, et dénué de tout sentiment véritable. Lorsqu’on faisait un cadeau à quelqu’un, on se cachait derrière ‘le plaisir d’offrir’. Mais la jeune femme ne voyait pas ça ainsi mais bel et bien comme un haut degré de perversion, offrir un cadeau à quelqu’un, c’était se délecter de son plaisir, de sa gêne, de sa surprise, de son envie d’offrir en retour. Ses yeux se posèrent sur le parchemin roulé qu’il lui tendait, puis sur le garçon lui-même. Elle fut tenter de refuser tout net, mais l’air candide de son camarade la rassura aussitôt, et elle rangea le dessin soigneusement dans son sac.

« Hum... Je te remercie, c’est très aimable de ta part… »

souffla t-elle, un peu gênée.

« J’étais à Serdaigle, surement pour mon côté studieux !

Il eut un léger sourire à cette annonce, curieusement, vu le caractère apparement introverti de la demoiselle, elle sentait l'aiglonne à des kilomètres à la ronde, sans la moindre critique bien entendu ! Il avait juste eu un peu de mal avec quelques cas extrèmes des serpentards et des serdaigles, mais ne partait avec aucun à priori. Il reprit alors d'un ton léger de conversation, toujours calme et joyeux comme à son ordinaire :

- "La maison de Rowena Serdaigle ? La classe des sérieux ? Fichtre, voilà bien une maison où le choixpeau n'aurait même pas pensé à m'envoyer, pas plus qu'à Serpentard ! Puis je ne suis pas assez casse-cou pour risquer d'aller chez les griffondors, donc ils m'ont envoyé à défaut chez les Pouffsouffle... excellente maison d'ailleurs, le professeur Chourave était d'une extrème gentillesse. J'y ai eu d'excellentes années là-bas... mais je suis sûr que toutes les maisons se valent maintenant !"

Oui, Alan avait le verbe aussi facile que la joie de vivre quand il était en pleine forme comme lors de ce jour ici présent. Quand elle le remercia pour le dessin, le jeune homme aux cheveux bruns en bataille lui répondit d'un simple sourire avant d'approuver légèrement de la tête pour lui montrer que ce n'était rien, lui était tout simplement heureux de partager sa passion avec quelqu'un qui était aussi gentil et sensible à ses touches plaisantines. Puis, tout en sirotant avec un air légèrement parodique du raffinement, il lui demanda alors avec une immense curiosité :

- "Sinon, tu viens d'ici ou de l'étranger ? Juste comme cela ! Moi je viens d'un bled près de Chattam, un bled moldu... je suis le seul sorcier de la famille, si l'on omet une petite soeur qui entrera Poudlard l'année prochaine... une peste d'ailleurs ! Je suis bien content d'être loin d'elle, c'est une cadette terrifiante à la maison..."

Puisqu’elle y était tacitement autorisée pour une fois, Hayden leva ses yeux vers le jeune homme qui lui faisait face. Observer ses semblables était une occupation prenante que la jeune fille prisait fortement. S’arrêter sur des détails insignifiants, imaginer, palper, reconstruire, seulement en regardant. La voix d’Alan la fit sursauter. De sa paisible retraite au pays imaginaire qu'était celui de son inconscient, elle fut ramenée de force sur Terre à une allure qui frôlait l’indécence. Cependant elle se garda bien d’émettre le moindre commentaire désobligeant, elle enviait trop ces personnes capables d’engager la conversation, comme ça, au feeling, pour envoyer paître le jeune homme qui lui faisait face.

« J’ai vécu en France jusqu’à la mort de ma mère, ce n’est qu’après que je me suis installée en Angleterre… »

Deux étudiants entrèrent bruyamment dans la cafeteria, s’attirant brusquement tous les regards. Il s’agissait d’un jeune homme et d’une jeune femme, l’air, respectivement, très énervé et complètement effondrée. Et une dispute conjugale en public, une ! Une fois assurée que le couple ne la regardait pas, Hayden s’autorisa à caresser sa lèvre supérieure du bout de la langue, se délectant de la situation. Mieux qu’un sitcom grandeur nature, les deux jeunes gens ébruitaient leur affaire en public sans aucune gêne, au grand dam de deux ou trois étudiants qui auraient préférer manger dans le calme. La colère était, selon la jolie blonde, l’état de décadence humaine le plus avancé. C’était si lamentable. Mais si prenant. La voix de l’homme vibrait dans les airs, et l’on pouvait en ressentir les vibrations rien que par le toucher. Plus agaçant, le son qui s’échappait de la bouche de la fille vrillait les tympans, et ne faisait qu’exacerber sa tête-à-claquitude.

Finalement, Hayden ne regrettait pour rien au monde d’avoir choisie cette voie, l’Université, qui était si diversifiée et divertissante, au dépend parfois de ses étudiants. La condition humaine était l’un des sujets de réflexion favori de la demoiselle, et avec de tels exemples en bocal, elle était servie. Elle voyait bien comme la fille souffrait, comme ses mots semblaient avoir été étranglés dans sa gorge avant d’en sortir, étouffés et pourtant si perçants, comme les traits de son visage se crispaient. Elle voyait comme la fille se moquait à présent de l’apparence qu’elle pouvait avoir, comme elle se disait, inconsciemment, que le mascara qui coulait le long de sa joue lui donnait un air tragique qu’elle avait toujours souhaité posséder, comme, en son for intérieur, elle jouissait de ressentir des émotions d’une telle intensité. Elle voyait comme elle se sentait intéressante de faire ainsi parler d’elle, oui Hayden voyait tout ça à la fois chez la jeune femme qui se donnait en spectacle. Car le malheur a ce poids particulier, qui conférait à son possesseur l’illusion d’appartenir à cette catégorie supérieure, qui a vécu suffisamment d’évènements monstrueux pour se permettre l’aigreur.

La fraîcheur du mur contre lequel elle s’adossa lui refroidit aussi bien l’échine que les idées, et un bref soupir s’échappa d’entre ses lèvres :

« Certaines personnes manquent cruellement d’éducation... »

(très joli kit HJ ^^)

« J’ai vécu en France jusqu’à la mort de ma mère, ce n’est qu’après que je me suis installée en Angleterre… »

Sincèrement navré de sa gaucherie involontaire, le grand dadais aux cheveux bruns toujours en bataille porta des yeux noirs emplits de sincères excuses vers son interlocutrice tout en murmurant avec sincérité à la demoiselle ;

- "Je suis vraiment désolé d'avoir remit cela sur le tapis sans le vouloir;.. mais c'est vraiment un beau pays que la France, et les gens que j'y connais sont vraiment joyeux et heureux, très acceuillants, puis ils ont une manière de parler anglais qui leur est vraiment propre en tout cas, surtout en campagne ou en capitale et..."

Alan soupira en entendant le couple entrer sur les chapeaux de roues dans la salle paisible qu'était la cafétéria. Il n'aimait pas vraiment le bruit, et n'était pas d'humeur à observer sans moquerie les disputes de couples. Cela lui rappellait trop douloureusement le divorce assez récent de ses parents, qu'il avait vécu en live avant de filer se réfugier en Irlande avec des bons potes de Poudlard et d'ailleurs. Ses sourcils se froncèrent, froissé d'être interrompu, tandis qu'Hayden commentait, fascinée :

« Certaines personnes manquent cruellement d’éducation... »

Alan venait de se boucher les oreilles alors que les cris du couple en détresse conjugale rammenaient de mauvais souvenirs estivaux dans son esprit, et il répliqua tout en s'emparant de sa baguette magique au bois de mimosa et à la plume de phénix particulièrement efficace en enchantements et aussi rapide que légère :

- "Oui, et c'est rare de ma part de dire cela, mais ils m'insupportent vraiment là ! Ils ne peuvent pas baisser d'un ton oui ? On croirait une basse-cour ! Je vais les calmer un peu moi !"

Profondément agacé par le couple, son côté de mauvais garçon blagueur et admirateur des jumeaux Weasley lors des années sombres ressortit de lui même de son état de veille, et il pointa le couple de la baguette avant de marmonner à deux reprises le sortilège du mutisme d'un air profondément énervé et agacé :

- "Silentio. Silentio"

Les cris commençant à virer vers l'aigue le plus désagréable se turent alors sous le coup d'une immense surprise alors que les jouvenceaux se détaillaient avec panique et cherchaient du regard le responsable dans la cafétériat. Alan ne les connaissait pas, mais il ne se cachait pas non plus, assumant son fait avant de commenter à sa voisine à voix basse comme un murmure, bien que plsu sombre, sans colère contre elle mais contre ces amoureux en désespoir :

- "Ouf... on peut enfin s'entendre sans problème ! T'en fais pas, je leur rendrais la parole s'ils acceptent de se disputer sans vacarme... et loin d'ici de préférence... ce n'est pas une pièce à scandale ! Comme si le campus n'était pas assez grand pour cela, ils sont impudiques et irrespectueux des autres !"

La réaction d’Alan fut disproportionnée, et empêcha l’ancienne Serdaigle de poursuivre son analyse indiscrète, qui se sentit alors frustrée et non moins froissée. Bien sûr, et comme à son habitude, elle ne pipa mot et laissa le jeune homme agir comme bon lui semblait. Après tout, lui aussi faisait un beau sujet d’étude. Hayden avait tendance à porter beaucoup trop d’attention à tout ce qui l’entourait. Tout l’émerveillait, et ce n’était pas uniquement grâce à cet état particulier dans lequel la plaçait la descente suite à une surconsommation d’alcool, non, c’était en grande partie due à sa philosophie de vie, et à cette insatiable soif de vivre qui la caractérisait. Tout l’émerveillait, les couleurs, les motifs, les silhouettes, les textures, ces trois dimensions qui se mêlent pour n'en former plus qu'une, plus grande, plus spacieuse, plus accueillante, plus chaleureuse. Elle sentait la chaleur. Les gens marchaient, passaient près d’elle, et cela la séduisait aussi : ils ne la voyaient pas.

La scène de ménage qui venait de s’offrir à elle était l’exemple même du genre de situation qu’elle n’avait jamais encore eu l’occasion de vivre, car elle n’avait sans doute jamais laissé aucune relation arriver jusque là. Elle se sentait anormale, et ce depuis son plus jeune âge. Bien sûr, elle était tout à fait capable de jouer la comédie de la vie, pour se fondre dans la masse, passer inaperçue, mais c’était se mentir à elle-même que d’espérer un jour devenir un être humain à part entière. Longtemps, elle avait voulu ressembler aux autres gens de son âge. Vivre les mêmes expériences, posséder les mêmes jouets, les mêmes gadgets, jouir des mêmes sensations, s'exprimer avec les mêmes termes, les mêmes expressions. Longtemps elle avait aspiré à cet idéal, longtemps elle avait été déçue de ne pas pouvoir y accéder, malgré ses laborieuses tentatives maintes et maintes fois répétées.

Elle aurait voulu être comme elles, ces filles qui gloussent, qui ne savent pas mettre de mascara mais ne ressentent visiblement aucune honte à l’idée d’en avoir jusqu’aux sourcils bien que leurs cils en soient épargnés. Elle aurait voulu avoir de jolies sandales dorées, pouvoir se donner en spectacle au beau milieu de la cafétéria, elle aurait voulu faire partie d’un tout, d’un ensemble auquel elle aurait pu se rattacher, s’identifier. Elle aurait voulu appartenir à quelque chose ou à quelqu’un. Elle avait essayé, en vain. Les échecs continuels avaient fini par avoir raison de sa volonté, et elle était devenue ce qu’elle était à présent : Un animal curieux, un être indépendant. Trop indépendant ? Et maintenant, alors que ses yeux sont irrémédiablement attirés par ce couple rugissant et tapageur, et maintenant, elle avait honte, terriblement honte, de ces tentatives infructueuses qui avaient rempli sa jeunesse, qui avaient comblé les moindres petits vides de cette période qui n’aurait jamais du être ainsi, là où aurait du s’étendre librement et à perte de vue espoir, joie de vivre et lucidité. Elle aurait voulu appartenir à quelqu’un. Elle aurait voulu ne jamais vouloir appartenir à quelqu’un.

Elle se surprit seule à avoir ce genre de pensée beaucoup trop lucide à son goût, effrayantes. Effrayantes car elles étaient criantes de vérité, et pour une énième, la jolie se sentit tout d’un coup très mal à l’aise. Il lui fallait de l’air. Qu’importe, malgré la sympathie que provoquait en elle le jeune étudiant, elle comptait bien s’en aller d’ici le plus rapidement possible.

« Tu n’aurais peut être pas du faire cela »

marmonna t-elle en voyant le regard furibond de la jeune femme –l’hypogriffe ?, qui se dirigeait à présent vers eux.

« Parfois, un bon aguamenti est suffisant pour calmer les plus agités… »

Et, sans plus attendre, sortant sa baguette, elle joignit le geste à la parole, aspergeant la jeune femme des pieds à la tête. Cette dernière poussa un hurlement strident mais sembla redescendre sur terre. Elle posa la main sur sa baguette mais le regard assassin que lui asséna Hayden l’en dissuada presque aussitôt.

Alan marmonna un bref mot d'excuses, avant de se renfermer légèrement sur lui-même tout en soutenant d'un air sûr de lui le regard du jouvenceau à qui sa compagne venait de rendre la parole, gardant ses mauvaises réflexions pour lui-même. Le jeune adulte aux cheveux bruns en bataille souffla tout en fixant l'étendue liquide et parfumée de son thé :

- "Y a des choses qui m'insupportent et ca en fait partie... mais j'ai peut-être été trop fort, t'as raison... mais je doute que tu puisses comprendre mes raisons."

On se demandait d'où venait ce caractère bagarreur et belliqueux par moment du jeune homme, et pourtant la réponse est assez aisée en soi : le manque d'amour maternel, une vie déchirée en deux bouts entre des parents divorcés, les cris, les cris incessants... ils hantaient encore sa tête. Pour se détendre les idées, il reprit en silence une feuille et laissa errer son crayon de papier sans vraiment réfléchir, avant de remarquer que le thé de sa comparse devait être froid et d'un petit geste appliqué de baguette il lui lanca un sort pour le réchauffer à la bonne température... toutefois il parvint à sourire dans sa morosité et même à lancer un trait d'auto-dérision :

- "L'aguamenti... j'aurais dû y penser des années auparavant ! Ah franchement y a des baffes qui se perdent... ca m'aurait évité bien des beuglantes ca !"

Sans qu'il ne s'en rendit vraiment compte, il avait prit pour modèle artistique Hayden, dessinant discrètement tout en essayant de relancer la discussion sur un terrain moins glissant :

- "Sinon, à part l'Uma, t'as des hobbies ? Ou des sports ? Moi j'ai la natation entre autres..."

La soirée qu’elle passerait de toute évidence seule s’annonçait mauvaise, comme toutes celles qui s’étaient succédé depuis qu’elle avait fêté ses onze ans. On parlait de la difficulté de la puberté, de l’adolescence, mais rien ne vous préparait véritablement au calvaire que l’on endurait alors. Avant, elle était de ces petites filles qui ne cessaient de rire, de ces petites filles à qui l’ont avait pas besoin de demander si elles étaient heureuses pour connaître la réponse. Elle n’avait encore peur de rien, de l’avenir, de vieillir et encore moins d’elle-même. Elle ne savait plus exactement quand et comment son monde avait volé en éclats. Elle se souvenait juste s’être levée un matin avec la désagréable sensation de ne plus se comprendre et de ne plus savoir où elle allait. Le jour même où elle avait compris que son père était l’unique responsable de la mort de sa mère, qu’il les avait toutes les deux abandonnées sans se retourner. Cette révélation avait brisé quelque chose en elle, et remis en cause toutes ses belles théories sur la vie, sur l’amour. Et depuis, elle errait aux confins d’elle-même, priant pour qu’autour d’elle tout change à nouveau, et qu’elle puisse reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée.

L'après-midi touchait à sa fin, mais le soleil était encore haut dans le ciel. C'était l'une des choses qu'Alaska préférait en été. Les après-midi qui n'en terminaient pas ; les soirées qui se prolongeaient jusque très tard, et tout cela simplement grâce au soleil qui refusait de se coucher tôt. Les deux énergumènes se décidèrent enfin à quitter la cafétéria, réalisant surement qu’ils étaient indésirables et nuisibles. Un mince sourire étira les lèvres d’Hayden. Observer les gens, ça lui plaisait énormément. Étudier leurs actions, leurs réactions, leurs sentiments, et tout ce qui faisait d’eux des êtres passionnés. Observer dans l’ombre, c’était sans aucun doute son passe-temps favoris, et elle avait presque l’impression d’être heureuse. Presque, parce qu’elle doutait pouvoir l’être réellement un jour : à quoi bon continuer à vivre lorsqu’on a trouvé le bonheur ? Quel autre but plus important et plus beau pourrait bien encore nous attendre ?

Visiblement pris d’un élan créateur, Alan ressortit une nouvelle feuille et commença à dessiner d’un air distrait, inspiré. Et pendant qu’il s’affairait sur son dessin, il en profita pour relancer la conversation pour la énième fois. Il fallait dire que la compagnie de la jeune blonde était loin d’être très attractive. Elle se contentait de répondre subtilement aux questions posées sans jamais prendre la peine de s’épancher, ni de questionner en retour. Certains prenaient ça pour du désintérêt total, d’autres trouvaient simplement cela agaçant. Elle n’y pouvait rien, elle n’avait jamais été très loquace.

« Si mes souvenirs sont exacts, je danse depuis que je sais marcher ! »

avoua t-elle avec un sourire amusé qu’on ne lui connaissait que très peu.

« Ma mère était passionnée par la danse classique et m’a inscrite à de nombreux cours, et puis au fil des années, j’ai essayé de toucher à tous les styles de danse possibles… »

Sans vouloir se vanter ou quoique ce soit –elle ne se le serait jamais permis, s’il y avait bien un domaine où elle excellait, c’était bien celui de la danse. Elle avait baigné dedans depuis sa plus tendre enfance et ne s’était jamais lassée. Elle les maitrisait presque toutes. De la danse classique au modern-jazz, des danses de salon à la danse lascive (mais bien sûr elle ne l’avouerait surement jamais à son interlocuteur , seuls ceux qui avait eu l’insigne honneur de la voir ivre morte en soirée pouvaient s’en rappeler). Réalisant qu’Alan avait réchauffé son thé, elle le gratifia d’un sourire et en but quelques gorgées.

Il semblait perdu dans son petit nuage d'artiste-dessinateur, mais Alan écoutait avec attention les paroles de sa comparse de médico-magie de première année, et posa ses intenses yeux noirs sur ceux d'Hayden, étudiant avec précision et discrétion leur éclat, les nuages bleutées de leur couleur d'azur, la blondeur dorée de ses cheveux... maniaque lui ? Il aimait la perfection en dessin, voilà tout. Puis les yeux étaient bien connus pour être des miroirs assez fidèles de l'âme se trouvant tout au fond du coeur des personnes observées...

« Si mes souvenirs sont exacts, je danse depuis que je sais marcher ! Ma mère était passionnée par la danse classique et m’a inscrite à de nombreux cours, et puis au fil des années, j’ai essayé de toucher à tous les styles de danse possibles… »

La danse ? Un vrai sport de filles cela... mais en l'observant, il dût admettre qu'elle avait le physique de quelqu'un qui avait pratiqué cette gymnastique esthétique et artistique. Tout comme lui portait ses longues années de natation et d'ancien joueur de Quidditch de Poudlard d'un temps. Son crayon griffonait à traits fins le portrait de la demoiselle, avec le petit sourire amusé qu'elle venait de lui esquisser, et l'air de rien il reprit avec grand intérêt non masqué de pure curiosité bienveillante :

- "La Danse ? Ma soeur fait de la danse classique, et je dois admettre que cela a un certain charme lorsque l'on observe les spectacles ! Tu as une danse préférée parmis toutes ? Moderne ou Classique ?"

Il jeta un bref coup d'oeil discret à sa production en cours, une des plus soignées et fines qu'il n'ait réalisé jusque là, curieusement fasciné par le personnage lui tenant compagnie, avant de reprendre tout en buvant lui aussi une gorgée d'un thé vanillé encore chaud dont le parfum le transportait :

- "Sinon j'aime beaucoup m'essayer à de nouvelles potions... curatives ou de plaisanteries ! Il y en a une qui me fascine tout particulièrement avec celles que nous avons appris à faire récemment : le polynectar... t'imagines les possibilités de farces que cela offrirait ? Perso je m'offrirais bien un aller incognito à Poudlard le temps d'une journée... ou par le déguisement aussi... j'adore le théatre !"

Elle avait toujours cherché à casser avec son image de petite poupée fragile, car elle détestait réellement qu’on la considère ainsi. Il ne fallait surtout pas se fier à son petit gabarit. Elle plongea ses lèvres dans sa tasse de thé encore bien chaude et la vida d’une traite.

« Et bien, j’aime beaucoup la danse classique c’est vrai, mais j’apprécie également beaucoup les danses plus sensuelles… »

avoua t-elle en se concentrant sur sa tasse.

Elle détestait se confier. Nerveusement, elle farfouilla dans les poches de son sac en cuir et, dès que sa main se referma sur son paquet de clopes, elle cessa de s’agiter et, d’un geste professionnel, retira une cigarette du paquet sans avoir besoin de sortir celui-ci de sa poche. Avec la même maestria, elle sortit son briquet et alluma sa cigarette, qu’elle porta immédiatement à ses lèvres, de manière presque compulsive. Comme pour oublier ce monde dans lequel elle se sentait oppressée, asphyxiée, elle laissa ses paupières se clore. D’une main, elle tenait sa cigarette, de l’autre, elle jouait nonchalamment avec son Zippo. Un bruit provenant de l’entrée de la cafétéria attira son attention.

Elle leva les yeux vers la charmante apparition qui venait de faire son entrée. Une jeune femme, à la chevelure rousse flamboyante. Elle la détailla plus ou moins discrètement, à travers le voile de fumée qui lui piquait presque les yeux. Hayden tirait de ces examens minutieux un plaisir qu’elle dissimulait aux yeux de tous mais qui n’en était pas moins presque tangible pour qui s’y intéressait. Elle avait ce curieux rapport avec la beauté et la laideur. Lorsqu’elle s’y retrouvait confrontée, elle était irrémédiablement attirée par la personne concernée, tel un papillon par la lumière. Pas de manière sexuelle, non, il s’agissait de tout autre chose. Quand la jeune femme trouvait quelqu’un de beau, elle avait envie de l’observer, de le suivre, de le mettre en scène dans telle ou telle situation fictive ou d’imaginer sa personnalité. Sans jamais se frotter à quoi que ce soit de réel. Non, la réalité, ça n’était pas un truc qui branchait la demoiselle.

Le jeune homme qui lui faisait face était pour le moins éloquent. Peut être un peu trop bavard à son goût, mais il avait au moins le mérite de faire vivre à lui seul la conversation. Il lui raconta qu’il adorait les potions, et qu’il rêverait de pouvoir retourner incognito quelques temps à Poudlard. La jeune femme ne partageait pas du tout cet avis. Poudlard, c’était le passé, et il ne fallait pas vivre dans le passé. Mais devant une telle spontanéité, teintée de cette candeur qui lui manquait immanquablement à elle même, elle se retrouva incapable de sortir la répartie sarcastique qui lui brûlait les lèvres. A la place, elle ne trouva rien de mieux qu’un

« C’est sûr. »

laconique, suivi –évidemment- d’une nouvelle taffe. Elle songea un instant que quelque chose de plus corsé aurait été vivement apprécié. Songeant qu’il était largement tant d’y aller, elle rangea son zippo dans son sac et se leva.

« Et bien... Je te remercie pour cette après midi, et... Je te prie, encore une fois, de m’excuser pour ton dessin ! Bonne soirée. »

s’exclama t-elle en ponctuant sa phrase d’un sourire.

Elle lui adressa un petit signe de main et quitta la cafétéria, le claquement de ses talons résonnant sur les dalles. Elle se sentait merveilleusement bien, merveilleusement elle-même, et il lui semblait à l’instant qu’il ne pouvait exister de plus beau sentiment au monde qu’être en communion avec soi-même ; elle réfutait totalement l’idée qu’il puisse exister quelque chose d’aussi exaltant. Et c’est cette sensation qui, tout en lui assurant le bonheur à perpétuité, l’isolait chaque jour un peu plus du commun des mortels, en dépit de ses tentatives aussi vaines qu’illusoires d’établir un contact avec un de ses semblables.

(pas de soucis, je comprends ^^ Si jamais tu voudras que l'on en refasses un, contacte moi ^^ HJ)

Alan sentait qu'elle ne partageait pas sa vision des choses, mais loin de le déranger, cette pluralité des points de vue ne le déplaisait pas, au contraire, il était toujours fasciné par les personnes aux caractères et personalités dépassant la norme de la plupart des étudiants. Lui-même n'était pas normal, entre l'enfant facétieux et le jeune adulte réfléchi, il était décidément emplit de profonds paradoxes sans cesse en mouvement dans son esprit.

"« Et bien, j’aime beaucoup la danse classique c’est vrai, mais j’apprécie également beaucoup les danses plus sensuelles… »

Il leva les yeux vers elle, le crayonné de son portrait discrétement achevé d'un trait fin pour souligner la délicatesse des traits de sa comparse aux cheveux blonds et au caractère étrange, insaisissable et fascinant. Il ria légèrement tout en glissant le dessin dans son trieur d'un geste discret, désirant le finir au calme dans sa chambre, avec son matériel d'encrage et d'aquarelle :

- "C'est bien ca d'avoir un esprit ouvert ! Moi je dis que toutes les danses ont leur charme, et que comme toute chose, leur évolution n'est pas un mal ! Ce serait moche de rester tout le temps dans les codifications, tu ne crois pas ?"

Elle fuma un petit moment, lui devant détourner la tête car n'étant pas un fumeur (sa mère l'avait suffisament empesté comme cela avec ses stupides clopes... -_-) puis elle se redressa et lui lanca avec un sourire :

« Et bien... Je te remercie pour cette après midi, et... Je te prie, encore une fois, de m’excuser pour ton dessin ! Bonne soirée. »

Un peu surpris, il souria toutefois avant de lui lancer un clin d'oeil amical et de lui répliquer :

- "Je t'en prie, ce n'est pas grave... cela m'a fait plaisir de te rencontrer, Hayden... je vais aller me pieuter moi... repose toi bien surtout après une cuite, c'est ce qu'il y a de mieux !"