Le looping qui déchirait grave de la mort qui tue... (PV)

-Bah tiens, alors comme ça j’ai pas le « physique » pour faire un petit looping en balais ?!

Lilou venait juste de faire un pari idiot avec un Serpentard de 3ème année. Celui-ci lui avait assuré que les loopings « qui déchirent grave de la mort qui tue » étaient très dangereux et difficiles à réaliser. Profondément bléssée, la gamine lui avait assuré que si, c’était largement à sa portée à elle, qui n’avait peur de rien.
Résultat, la gamine, lui et son pote étaient en direction du terrain d’entraînement, tous silencieux. La Gryffondor appréhendait un peu, mais elle tenait à montrer que était une petite dure. Lui et son ami, ils commençaient sûrement à regretter, de peur que Lilou se tue en effectuant la figure. Elle était en chemise à fleur, en jean et en Converses, enfin pas tellement la tenue approppriée pour monter sur un balais.
La brunette frissonna. Il caillait. Le vent était puissant et le froid s’engouffrait dans les vêtements. Son Nimbus 2001 à l’épaule, elle s’avançait fièrement, les deux mecs derrière elle.

-Mais arrêtes, tu sais très bien que t’y arrivera pas ! Tu vas te tuer…

Mais la gamine ne leur prêta pas la moindre attention. Elle avait déjà été très irritée qu’on puisse la sous-estimer ainsi, surtout dans une épreuve casse-gueule qui lui convenait si bien. Lilou enfourcha bravement son Nimbus 2001 et décolla.
Le sol s’éloignait, et le vent faisait dévier sa trajectoire. *Mais quelle conne ! J’aurai au moins pu mettre un gilet !* Ses cheveux noirs volèrent autour d’elle, lui donnant cet air de méduse qu’elle détestait tant. Les gamins ne faisait plus leurs malins à présent : ils était serrés l’un contre l’autre et visiblement effrayés. *Ha ha !*
Le plus grand hurla :

-Descends tout de suite, c’est du suicide !

Interloquée, elle se rapprocha d’eux.

-Vous allez quand même pas me dire qu’aucun de vous ne l’a jamais fait ?!

Silence. Genre le gros blanc qui pèse sur la conscience, qui dure. Lilou lisait l’hésitation sur leur visage : « Soit on se tape la honte et on sauve un être humain, soit on reste dignes et elle se tue… » Mais on bout de quelques secondes, ils avouèrent que ni l’un, ni l’autre n’avait jamais même tenté le looping « qui déchire grave de la mort qui tue ».
*Je rêve, la bande de tapette !*
Lilou se jeta en avant et exécuta une boucle parfaite et rapide, sans même avoir le temps de sentir le vertige.

-Waaaouh, j’ai réussis !! C'était facile. Cool

-Ouaaais, trop génial ! Maintenant, descends tout de suite !

Ils n’avaient pas l’air convaincus. Un peu déçue, la jeune fille leur lança un regard accusateur.

-Mais non, tu l’as faite en avant, pas en arrière ! Lança le plus jeune d’un air goguenard.

L’aîné lui donna un grand coup de coude dans les côtes : - Mais t’es con ou quoi ?! Alors, Lilou rougit violement. Mais elle allait se tuer ! Seulement la simple idée d’abandonner lui était insupportable * foutue fierté !*

-Bon, ok.

Les deux garçons hurlèrent d’un air terrifié des mots incompréhensibles, car Lilou prenait déjà son élan.
Elle se jeta un arrière, décrivit une boucle à peu près ronde, mais il y eut un violent coup de vent…
Et elle tomba.
Elle tomba à douze mètres de hauteur, la tête la première et le bruit du vent résonnait dans ses oreilles. Lilou n’entendait plus rien, elle ne voyait rien. Et paf ! Elle se scratcha sur le sol dur et froid et atterrit à quatre pattes.

-Aïe… Fit elle en s’effondrant. Son genou était foutu, elle en était sûre. Elle avait mal partout, aux fesses, au dos, aux bras, à la tête, au pied, mais son genou, lui était en miettes.
Elle entendit les deux garçons s’engueuler, trop occupés à se taper dessus pour l’emmener d’office à l’infirmerie.

Suite au dernier match de quidditch, il fallait se rendre à l'évidence: Gauvain était rouillé sur un balai. Cela s'expliquait certes par un manque de pratique liée à une période troublée de Poudlard, mais ce n'était pas une raison pour laisser cela en l'état. Le court remplacement impromptu à la
fin du match était une preuve certaine de l'engourdissement quidditchstique du Serdaigle.
Ce qui était décidé était ferme et définitif, il fallait donc reprendre l'entraînement, même si ce n'était pas forcément la priorité numéro une actuellement. Un proverbe disait: une âme saine dans un corps sain: il était temps de reprendre en main la partie physique de l'enseignement, pour
éviter de ne devenir qu'un cerveau sur pattes atrophiées et anémiques.

Gogo avait donc enfilé son survêtement de sport et agrippé son balai au sortir des vestiaires, bien décidé à voler pendant au moins une heure.

- mais qu'est-ce qu'ils fichent là eux.

Deux Serpentards de son année occupaient les lieux. Alors qu'il était de notoriété publique que le cas de leur équipe était désespéré; ça ne servait donc à rien qu'ils gaspillent le temps des autres à occuper le terrain alors que d'autres nettement plus talentueux pouvaient en faire
quelque chose de nettement plus constructif.
Et en plus, ces deux andouilles faisaient du gringue à une gamine de Gryffondor. Ils jouaient probablement à celui qui avait le plus long balai...

D'un coup, la fillette grimpa sur son balai et décolla en trombe. Ils avaient du la chambrer un peu trop pour provoquer cette réaction pétardesque. Et pour la frime, elle effectua un looping fort bien exécuté.
Mais visiblement, cela ne suffisait pas aux vipères, qui la poussèrent à faire une stupidité encore plus stupide que la première, et ce qui devait arriver arriva: avant que le Serdaigle ait pu esquisser le moindre geste ou crier quelque chose, n'importe quoi qui aurait peut-être pu faire atterrir la
lionne (du genre « McGo en shorts »), elle dévissa de son balai d'une hauteur impressionnante, et s'écrasa au sol comme une bouse.

- Ca, c'est le bouquet... mon entraînement est foutu!

Evidemment, les deux Serpentards restaient bouche bée devant le spectacle peu agréable et ne pensaient même pas à réagir. C'étaient toujours les mêmes qui devaient agir et réfléchir à la place des verts sans cervelle.
Atteignant le site du crash du GVNI(Gryffondor Volant Nettement Identifié) en petites foulées, Gauvain en profita pour bousculer les spectateurs en grognant un vague « poussez-vous » avant de se pencher sur la jeune adolescente. Bon, il n'était pas médicomage, mais il était sûr de
deux choses: premièrement, elle était vivante (ou alors on zombifiait vachement rapidement de nos jours) et consciente, deuxièmement, elle avait bobo. Il n'y avait qu'une seule chose à faire.

Enlevant sa cape, il l'étendit sur le sol à côté de Lilou (qu'il avait enfin reconnue, même s'il ne la connaissait pas plus que ça) et invectiva un des deux autres élèves, toujours aussi amorphes.

- Eh toi, donne moi un coup de main, et plus vite que ça!

Pendant qu'il s'approchait, il 'adressa à la Gryffondor, de la voix la plus rassurante possible,

- T'inquiète, ça va aller. On va devoir te bouger un peu, mais c'est qu'un sale moment à passer.

Et, à deux, ils la soulevèrent pour l'installer sur la cape, ce qui provoqua un rictus de souffrance sur les lèvres de la malheureuse victime.

- Maintenant, à l'infirmerie, et en douceur!

Prenant chacun un côté de la civière improvisée (ça tisse solide sur le Chemin de Traverse!), ils prirent la direction de l'infirmerie, le plus délicatement mais rapidement possible.

*Aha bande de cons !*
Ils étaient contents là, les abrutits de Serpentards?! Si Lilou n'était pas dans cet état là, ils se seraients récoltés une bonne paire de mandales chacun. Mais ce n'était pas le cas, et la gamine agonisait toujours par terre. Jusqu'a ce que...oh, un sauveur ! En effet, un troisième année responsable (lui !) vola à son secours Malheur, un Serdaigle! Enfin, elle esperait que le gars ne se croyait pas suffisament intelligent pour l'opérer sur place...
Dès qu'il la bougea, Lilou se retint de hurler et de se débattre pour qu'on la laisse mourir en paix. Mais le Serdy, qui s'averait être Gauvain Gammach, un des premiers de la classe, semblait savoir ce qu'il faisait et elle se laissa transporter (même si elle n'avait pas trop le choix étant donné l'étandue des dégats).
Et puis voyant vaguement le paysage défiler, elle vira à l'écarlate et comprit que sa prochaine destination était l'Infirmerie. Lilou se sentait lourde dans le tissus à deux doigts de craquer, les membres meurtris, le genou fouttu et les cheveux dans les yeux. Elle ne voullait pas rester là dedant et voullait marcher. La gamine tenta de se redresser, mais dès qu'elle leva la tête, une horrible envie de gerber la saisie et elle se laissa retomber lourdement. Elle n'était peu être plus rouge, mais verte, ou blanche...
Et puis elle avait honte aussi. Nan mais vous vous rendez compte vous, se ramasser devant tout le monde et se faire transporter dans un brancard tout pourri?! Et puis ce gros enfoiré qui l'avait poussé à faire sans doute une des plus grosses conneries de son existance, elle lui aurait bien exploser son Nimbus 2001 en pleine gueule, histoire de faire pousser quelques bosses sur son joli minois. Elle le fixa un moment et prononça les mots sur ses lèvres:

- t'es mort...

Le Serpentard pali et son visage se décomposa. Il détourna vite le regard et se consentra sur sa tache: la transporter à l'infirmerie et fuir au plus vite. Car quand Lilou voullait se venger de quelqu'un, celui qui lui avait cherché des noises étaient blindé pour la fin de sa scolarité.
La brunette n'osait même pas imaginer le sourire démoniaque de Toaster si jamais elle l'appercevait ainsi...Alors autant passer incognito hein, elle voullait conserver sa fiereté encore un peu.
Et puis elle en avait marre là, elle voullait marcher, respirer un peu. Réprimant son envie de gerber, Lilou se plia en quatre, attrapant fermement l'épaule du Serdaigle au passage et fit un effort considérable pour se mettre debout. Gauvain dû lui aussi faire un effort consiérable, vu le poids qu'elle lui colla sur le dos ... Elle prit la cape à la main en se redressant.
La gamine ne dit mot et lui fait comprendre par un regard qu'elle voullait le faire toute seule. Avec un dernier noir vers le Serpentard qui se sauva, elle continua sa route en boitillant complètement avachie sur le Serdaigle. Lilou avait trop mal pour dire le moindre mot, car il lui semblait que même sa machoire était endomagée.
Enfin, Gauvain ouvrit la porte de l'infirmerie et Mme Pommfresh leur lança un regard exaspéré.

Gogo réfrénait difficilement une envie de crier « Pin-Pon », histoire de détendre l'atmosphère; certes, intérieurement cela lui paraissait hilarant, mais la partie raisonnable de son cortex lui murmurait que la gamine ne trouverait probablement pas cela aussi amusant que lui. Il se contenta donc de se hâter lentement vers l'infirmerie, en espérant qu'elle ne salisse pas trop sa cape; le sang, c'est difficile à ravoir...

Heureusement, la pitié dut emplir la victime de la plus belle gamelle des deux derniers mois, car elle s'agrippa (mais quand est-ce qu'elle se coupe les ongles elle ??) à l'épaule du Serdaigle, qui s'arrêta le temps qu'elle titube pour descendre de la civière improvisée et tente inconsciemment, vu la circonférence anormalement élevée de son genou, d'aller se faire soigner par ses propres moyens... qui ne suffisaient clairement pas, vu que la Gryffondor continua à peser de tout son poids (plume) sur la solide articulation de Gauvain, qui passa un bras autour de la taille de la fille (sans trop appuyer, Merlin seul savait ce qui
pouvait être cassé, endommagé ou déplacé.

Enfin arrivés dans l'antre du dragon Pomfresh, qui leur lanca un regard de bienvenue aussi amical qu'à son habitude, il se dit qu'au moins il en révélait sur les circonstances exactes de l'accident, au mieux il en irait probablement pour les fesses de Lilou. Avec un grand sourire, il annonça le plus suavement possible,

- Bonjour Madame Pomfresh! Désolé de vous déranger, mais la jeune fille que voici a eu un léger accident de balai, et a fait connaissance avec le sol d'un peu trop haut et un peu trop rapidement...

Et de toute évidence, même cela était déjà de trop pour l'infirmière (ou était-elle médicomage? Bonne question...) car la réponse fut fraîche ; un froid glaçial de cinq à six béries (au moins) emplit la salle.

- Je vois bien qu'elle est tombée, jeune homme. Mais comment est-ce qu'elle a pu tomber d'aussi haut? Vous ne prenez donc aucune mesure de sécurité dans vos jeux violents?

Comme elle prit en même temps en charge l'éclopée, Gauvain estima qu'aucune réponse n'était attendue à cette question rhétorique, et se contenta de hausser les épaules. Bon, maintenant, un grand dilemme se posait: rester ou ne pas rester, telle était la question? Le plus simple était encore de demander l'avis de la principale intéressée.

- Lilou, tu veux que je reste, histoire de voir si je dois prévenir quelqu'un si tu restes un peu ici?

Lilou n'était jamais allée à l'infirmerie auparavant, mais elle avait souvent entendu parler de "l'immense chaleur et l'accueil incomparable" de Mme Pommefresh. La gamine était maintenant témoin que, quand on l'entendait, on avait envie de lui balancer tous les polochons de l'infirmerie dans la tronche. La gamine marmonna quelques paroles incompréhensibles entre ses cheveux noirs et enfonça un peu plus ses ongles dans l'épaule de Gauvain pour lui faire comprendre de prendre le relai, elle n'était pas d' "humeur" à continuer. Il parut comprendre très vite et parla d'une voix innocente, presque joyeuse, et cela la renfrogna un peu plus.

Pommefresh s'avança vers eux et tendit un bras vers la jeune fille. Celle-ci, terrorisée, recula tant bien que mal et lança un regard meurtrier à l'infirmière. Elle n'avait pas envie de se faire tripoter, et était certaine de pouvoir le faire toute seule. C'était quand même à sa portée! Tout en tenant fermement le Serdaigle par le bras, Lilou s'avança d'un pas vacillant, mais décidé. Pommefresh, au comble de l'exaspération, la saisit brutalement par la taille et la tira de toutes ses forces vers un lit blanc *comme pour les malades mentaux*. La brunette dû lacher son sauveur à grand regret et se laisser trainer jusqu'à son pieux, ouvert rien que pour elle. Elle n'eut pas mal quand l'infirmière la souleva, et cela l'étonna. D'ailleur, c'était cool, elle ne sentait plus RIEN. Son genou ne lui faisait plus mal, ni son bras, ni sa tête, ni ses côtes. Lilou avait envie de dormir, et tourna alternativement les yeux vers Gauvain, puis Pommefresh, puis Gauvain, puis Pommefresh...qui tenait une seringue vide. La gamine ouvrit de grands yeux, et gémit de dégout.

Avant qu'elle n'ait pu insulter Pommefresh à s'en arracher les côtes, Gauvain se pencha vers elle et lui demanda si elle voullait qu'il reste ou pour prévenir quelqu'un.

-Oui. Préviens ma soeur et Ethel. Ma soeur elle s'appelle Yovana. Et Ethel Perks elle est à Gryffondor.

Lilou sentit qu'elle ne s'endormirait pas entièrement, mais seulement le bas de son corps. Pommefresh avait déjà commencé à retrousser son jean et enlever sa Converse avec agacement. La gamine se sentait bien seule.

-Tu peux rester? Demanda-t-elle à Gauvain en levant ses yeux verts pétards vers lui.
A coup sûr, son regard trop craquant allait fonctionner.

Différentes options s’offraient à Gauvain : aller prévenir qui de droit et laisser la jeune fille seule entre les mains médicalement expertes mais rudes de Madame Pomfresh, quitte à revenir après, ou bien rester dans l’immédiat afin de soutenir Lilou lors des réparations d’urgence qui allaient avoir lieu, et alerter ses proches par la suite. Ayant pensé le pour et le contre pendant au moins trois secondes et demies, le Serdaigle décida qu’il n’y avait pas péril en la demeure et que l’échange d’informations pouvait attendre : sa présence était plus utile à l’infirmerie.

Enfin, plus utile, c’était vite dit. Parce qu’il n’était pas médicomage lui ; il savait certes désinfecter une coupure et mettre un pansement par-dessus, voire arrêter un saignement de nez en pinçant la narine, mais ses connaissances médicales s’arrêtaient là. En plus, connaissant la gorgone maîtresse des lieux, il n’avait pas intérêt à se mettre à un mauvais endroit, sous peine d’être éjecté manu militari ; Gogo opta donc pour le côté du lit où ne se trouvait pas l’infirmière, choix qui lui semblait hautement stratégique.

« T’inquiète pas va, ça va aller. »

Mais bien sur. Ca, c’était de l’encouragement efficace. C’était évident que Lilou, en entendant cette phrase banale, allait se sentir soulagée de tous ses maux. Mais comment faire mieux dans ce genre de situations ? Il ne pouvait pas souffrir à la place de la gamine, de toute façon. Il ne pouvait que lui offrir sa présence et croiser les doigts pour qu’elle lui procure un soutien moral. Mais l’adolescent se sentait inutile, et cette sensation était désagréable au plus haut point ; il préférait maîtriser les situations que les subir. Au lieu de débiter une nouvelle niaiserie, il glissa doucement la main (relativement valide) de Lilou dans la sienne, sans trop la presser cependant, pour ne pas générer plus de douleur et se prendre un coup de boule s’il y avait des lésions non visibles. Au moins, elle pourrait lui écraser les phalanges si les soins prodigués devenaient par trop insoutenables.

« Je reste là… »

Ou comment souligner l’évidence. Mais avant que Gauvain ait pu se morigéner intérieurement une nouvelle fois, il fut apostrophé par Madame Pomfresh.

« Au lieu de rester planté là, aide-moi à incliner son buste en avant et à la soutenir, que j’examine son dos ! »

Heu, ouais, mais comment ? Il n’avait pas de brevet de secouriste junior lui ! Il fallait donc improviser. Il s’assit d’une fesse sur le lit afin de prendre un appui, et tendit un bras perpendiculairement au lit pour rattraper Lilou au niveau des épaules, car l’infirmière la basculait déjà en avant…

Chouette. De la compagnie. *De la bonne compagnie*, pensa la jeune fille en gardant sa main dans celle du Serdaigle. Lilou ne dit rien et posa sa tête sur le côté, face à lui. Elle ferma les yeux. Bien sûr, ça aurait été trop simple, trop beau qu'elle ne s'endorme tranquillement, sans douleur, auprès du jeune garçon. Mais non, la gamine (elle dut quitter à regret la main de l'Aiglon ) sentit que Pommefresh la saisissait fermement par les épaules et la basculait en avant, aidé de Gauvain, qui se sentait visiblement obligé. Agacée de ne pas pouvoir se reposer en paix, Lilou mit tout son poids dans son dos pour que le Bleu et Argent, qui la tenait, finisse par céder. Résultat, il ne sembla même pas s'en rendre compte. La Gryffonne commençait serieusement à s'ennerver quand le geste de l'infirmière la fit exploser: celle ci passa sa main dans son dos, sous sa chemise, et lui appuya sur la colone (d'horribles craquements retentirent) en remontant jusqu'à sa nuque. Même sans sentir la douleur, Lilou fut prise d'une horrible nausée et s'agrippa violement aux draps.

-Ca suffit ! Foutez moi la paix, j'veux dormir ! J'ai rien du tout !

Mme Pommefresh, outrée, lacha Lilou qui retomba sur le dos, amortie par les oreillers. Jamais la gamine n'avait vu quelqu'un qui paraissait autant en colère, et s'enfonça un peu plus dans son oreiller. Curieusement, l'infirmière ne dit mot et resta plantée sur place, les bras balants. Par reflexe, la jeune fille ressaisit la main de Gauvain et ne la lacha plus. Il pouvait tirer hein, et ben il n'arriverai pas à se dégager. Na.
Pourtant Lilou n'avait pas pour autant freiné Pommefresh qui dû reprendre ses occupations, mais au genoux cette fois. La gamine se laissa faire, parce qu'elle pouvait de toute façon rester couchée et que ça faisait moins mal. Sauf que l'infirmière dû déchirer son jean pour atteindre son genoux, tellement celui-ci avait enflé. Prise de curiosité, elle tenta de se redresser pour mieux voir, mais en vain. Il lui semblait que tous ses muscles étaient à plat. Gauvain, lui semblait paralysé en observant les gestes de Pommefresh. Sans doute que c'était moche à voir. Elle lui tira doucement le bras:

-C'est...c'est comment? Il...est gros? Heu... Y a pas de sang, hein y a pas de sang?

Lilou se mordit la lèvre. Elle ne doutait pas du tout des capacités de Pommefresh, mais sans doute le traitement serait long et douloureux. Au pire, Gauvain dormirait dans le lit d'à côté.