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 Dans la tanière du lapin (PV)
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  • James Kirkby
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    James Kirkby
MessageSujet: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMar 2 Nov - 19:21:43

En un instant, les devantures colorées du Chemin de Traverse s'étaient effacées, et un décor tout à fait différent était apparu. Isaac et James venaient d'atterrir dans une sorte de terrain vague de la sinistre banlieue londonienne, une étendue incertaine d'herbe et de macadam défoncé, où les habitants les moins fortunés du quartier garaient leurs voitures. Guettant du coin de l'oeil la réaction de son compagnon, James expliqua rapidement que c'était le seul endroit tranquille pour transplaner hors de la vue des Moldus, et qu'il habitait à quelques rues de là. Les deux garçons se trouvaient dans une banlieue ouvrière du Nord de Londres, entre des immeubles de brique rouge sinistres. L'endroit avait tout pour rebuter Isaac, habitué aux demeures cossues de Kensington ; James le surveillait discrètement, comme s'il s'attendait à le voir partir en courant devant le lugubre décor qu'il lui proposait. Après un silence gêné, il expliqua :

-J'ai dû quitter mon appartement de Regent's Park... et comme ma chère famille n'alimente plus mon compte en banque, je n'ai pas pu trouver mieux qu'ici. Et encore, c'est Ollivander qui m'a recommandé à un de ses amis...

Avant d'obtenir ce logement, il avait vécu un peu à droite à gauche, dans des endroits véritablement déprimants ; il avait fini par acquérir une tente magique, et l'avait installée, sans se gêner, dans un petit parc londonien, non sans la barder de sorts de protection. Lorsque son patron lui avait parlé d'un ami sorcier qui pourrait lui louer un appartement pour une somme correcte, il n'avait pas hésité, malgré la situation détestable du logement.


-C'est ici,
annonça le repenti après quelques centaines de mètres, en poussant le portail d'une maisonnette de briques. Le rez-de-chaussée était éclairé, ce qui leur permit de se diriger vers l'escalier extérieur qui menait au premier ; le réverbère voisin avait grillé plusieurs jours avant, et personne ne se souciait de le réparer. James passa le premier, tira sa baguette de sa poche et lança quelques sorts pour ouvrir la porte de sa demeure et allumer les lumières ; il s'effaça ensuite pour laisser passer Isaac, un peu inquiet de sa réaction.

Tout, dans ce logement d'une pièce, sentait le provisoire. Le locataire n'avait même pas pris la peine de se meubler correctement ; des vêtements en vrac débordaient d'une grande malle ouverte, aucun objet n'indiquait une présence régulière, et l'endroit ressemblait plus à la planque d'un bandit en cavale qu'au domicile d'un jeune homme sans histoire. Dans sa crainte d'être arrêté, James n'avait pas voulu s'installer trop confortablement, jugeant que ce serait une perte de temps ; son appartement était tout sauf accueillant, et Isaac ne manquerait probablement pas d'en faire la réflexion. Le repenti ôta sa veste tout en expliquant le manque de confort des lieux par un mensonge :


-Ça ne fait pas très longtemps que j'habite ici, j'ai pas eu le temps de m'installer correctement... mais assieds-toi, fais comme chez toi,
ajouta-t-il en désignant vaguement le salon où ils se trouvaient et où ne s'offraient, pour s'asseoir, que le lit et deux chaises. Tu veux boire quelque chose ?
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMar 2 Nov - 23:26:48

- Heu…, lâcha-t-il malgré lui en ouvrant un regard sur son environnement.
Ce n’était pas tout à fait ce à quoi il s’attendait. Londres semblait loin, il ne connaissait pas ce paysage, ces voitures défoncées, cabossées, ce sol hybride, morcelé de bêton, et sur lequel roulaient quelques bouteilles de bières premier prix. L’incompréhension l’écarta de James. S’était-il trompé ? Ses yeux étonnés formaient la question. Les rues pavées du Chemin de Traverse étaient pleines de charmes, et ce décor urbain misérable laissait craindre à son imagination fertile une invasion zombies. Rien en tout cas qui pût lui donner envie de prolonger une tendre étreinte. James n’était pas très à l’aise. Il lui expliqua d’une voix nerveuse les raisons de leur présence en ces lieux sinistres et Isaac se contenta d’acquiescer. Après tout, il n’était guère surprenant que le jeune homme ait dû changer d’appartement… Il le suivit en observant la population interlope des rues, une faune misérable qu’il croisait parfois dans le métro, à des stations où il ne s’arrêtait jamais. Il lui semblait que la population de cette banlieue rassemblait à peu près tout ce qui n’était pas anglais. Malgré ses yeux noirs et son teint doré, Isaac se sentait en terre étrangère. Il y avait quelque chose de plus racé en lui, dans son port, dans ses habits parfaitement taillés. Enfant des beaux quartiers, il n’avait jamais mis les pieds au cœur de la plèbe. Toute cette misère l’envahissait. Il n’essaya pas de se rapprocher de James en chemin, sûr de la violence qu’un geste trop ambiguë pourrait déclencher. L’habitation dans laquelle ils se rendaient ne payait pas de mine, mais il était heureux de s’y enfermer.

Drôle de vie que celle de ces gens, songeait-il en gravissant les escaliers extérieurs. La misère des banlieues ne l’avait jamais beaucoup préoccupée. Il vivait comme si elle n’existait pas, ce n’était pas son monde et il était hors de question qu’il le devînt un jour. Pourtant, James avait grandit dans la noblesse sorcière, ce qui se faisait de plus élevé dans cette société… La précarité n’épargnait personne, il suffisait de fauter un jour, ou de se faire abandonner de tous. Et lui, que ferait-il sans l’aisance financière de sa famille ? Il secoua doucement la tête. Jamais il ne se mêlerait à ces gens. De toute manière, ils ne l’aimaient pas. On avait plusieurs siècles de retard chez les pauvres. Ici, ils brûlaient toujours les gays, et cette simple pensée lui ôtait toute idée de compassion. Alors James affrontait tous les jours cette grisaille. Ce devait être déprimant en effet, surtout les jours de pluie, et l’intérieur de l’appartement n’avait rien de beaucoup plus réjouissant. Il n’y avait qu’une seule pièce. C’était possible de vivre là-dedans, sans un espace pour la cuisine ? Apparemment oui. Il se félicitait presque de ne pas avoir invité le jeune homme dans l’appartement duplex de ses parents, la comparaison aurait été indécente. La pièce n’avait aucun style, pas de plafond sculpté, ni de plancher lustré pour réchauffer le cadre. Elle était cependant assez vaste pour qu’il fût possible à un habitant seul de la rendre agréable, mais James ne s’en était pas soucié. Quelques meubles fonctionnels et dépareillés étaient posés là, il avait l’impression d’entrer dans un débarras. Cependant, il n’était pas mécontent de découvrir un nouvel environnement. Les murs de l’ancien appartement portaient trop de souvenirs.

Faire comme chez lui ? Il aurait ri s’il n’avait pas été certain d’achever la gêne de James. Un vague sourire passa sur ses lèvres, et il se laissa tomber assis sur le lit. La chaleur des fins d’après-midi estivales étaient suffocantes. Il avait la gorge sèche. Une conversation pénible avait toujours tendance à provoquer ce genre de réaction.


- Oui je veux bien, ce que tu as de plus frais, je meurs de soif.

Il étudia l’environnement livide pendant que James préparait les verres. Toute cette vacuité lui donnait envie d’attraper sa baguette et de changer l’aspect de tout ce qui pouvait se métamorphoser et se colorer. Comme il était inutile de reprendre une conversation sérieuse trop vite – la reprendrait-il seulement maintenant qu’ils s’étaient accordés pour rester ensemble une bonne partie de la soirée ? S’il fallait parler, il préférait encore que ce fût pour aborder un thème plus léger – il opta donc pour des remarques qui n’engageaient à rien.

- C’est vrai que le quartier est assez minable, je connais mal ces coins mais je suis sûr qu’il y a de quoi rendre cet appartement très vite agréable. Enfin… j’y vis pas, donc c’est pas vraiment mon problème, pour l’instant, ça me va très bien comme ça.


Il ponctua cette fin plus encourageante d’un sourire et retira ses chaussures pour s’installer en tailleur au bord du lit. Le matelas était plutôt confortable, c’était déjà ça. Tant qu’on ne le virait par sur une chaise de cuisine, il ne se plaindrait pas.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMer 3 Nov - 16:16:35


Isaac avait retenu la réaction de rejet radical que devaient lui inspirer le quartier et l'appartement, et James lui en était reconnaissant. Il n'aurait pas voulu que le garçon prononce à haute voix ce qu'il pensait forcément ; que l'endroit était sale, mal famé, et que le logement suintait la déprime. Le repenti s'efforçait de voir les choses du point de vue de son hôte, et, pour la première fois depuis plusieurs semaines, il prit conscience de la laideur de son domicile. Une pièce vaguement en désordre, meublée de bric et de broc, où la chaleur de l'extérieur n'avait même pas pénétré – les volets étant restés fermés toute la journée, comme souvent. Une sorte de gêne le prit, et il interrompit les préparatifs qui l'occupaient dans le coin cuisine pour pointer sa baguette vers les fenêtres. Les vieux stores se levèrent en grinçant les mille morts, laissant entrer un peu de l'éblouissante lumière du crépuscule. Peut-être faudrait-il faire l'effort de les lever tous les jours, voire d'ouvrir les fenêtres, au lieu de moisir dans cet appartement comme dans une cellule par anticipation... Peut-être que quelques meubles... des rideaux... quelques bibelots...

L'ameublement du logement l'épuisait par avance, et le repenti abandonna ces projets à peine formés. Ça suffirait bien, pour le peu de temps qu'il aurait à passer entre ces murs... Il se garda bien d'en faire la remarque à haute voix, cependant, et lorsque l'adolescent parla de rendre l'appartement agréable, il répondit sur un ton éteint :


-Heu... ouais, peut-être... faudra que je voie...

Il avait pris soin de parcourir le logement d'un regard pseudo-attentif en prononçant ce semblant de réponse, mais son désintérêt pour son cadre de vie était manifeste. À quoi bon perdre du temps à se construire une demeure accueillante, pour n'en avoir que davantage de regrets lorsqu'il faudrait la quitter pour Azkaban ? Il aligna sur un plateau deux verres, quelques bouteilles de diverses couleurs, ainsi que trois coupelles dépareillées dans lesquelles il avait disposé un assortiment de biscuits salés bon marché. Pas franchement princier comme réception, mais il n'avait plus les moyens d'offrir mieux. En fait de table basse, il approcha une des chaises, posa le plateau dessus et s'assit près d'Isaac en essayant de plaisanter :

-Ça va, le quartier ne t'a pas trop démoralisé ? Moi, j'ai eu du mal, au début. C'est très moche, et les Moldus qui vivent là sont du genre bruyant. Enfin, avec quelques sortilèges, on les supporte... Et puis... Bon, qu'est-ce que je te sers ? Bièraubeurre ? Bière tout court ? Jus de citrouille ? Ou tu préfères quelque chose de plus fort ?

À l'exemple d'Isaac, il ôta ses chaussures, et, la chaleur aidant, défit trois boutons de sa chemise. Il n'osait en retrousser les manches – Isaac ignorait d'ailleurs à quel genre de traitement l'ancien Mangemort avait été soumis par les braves gens de l'Ordre du Phénix, et la vue de son avant-bras déformé pourrait l'indisposer... ce qui aurait été dommage, à présent que la conversation prenait une tournure moins périlleuse.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyJeu 4 Nov - 0:45:11

Un bruit de métal rouillé fit gémir ses tympans et la lumière entra. Les rayons du couchant caressèrent la vitre, un voile crépusculaire de chaleur et d’or caressa le teint blafard de James. Il observait le jeune homme d’un air pensif, trop absorbé par le moindre de ses gestes pour noter l’amélioration du décor. Etait-ce vraiment important ? La réponse absente que James lui donna retrouvait cependant le ton d’abandon qui l’avait tant énervé sur le Chemin de Traverse. Il n’avait pas envie de rendre ce logement plus beau, de transformer ce qui n’était qu’un squatt vulgaire en lieu de vie. Pourtant, s’il n’avait plus personne sur qui compter, il n’était pas prêt de déménager. Voyait-il toujours Azkaban ? Il faudrait plus que les paroles qu’il lui avait sacrifiées avant le grand saut sur le terrain vague pour vaincre l’idée de ce futur obligatoire. L’espoir était difficilement permis. Il se couchait sans savoir de quoi serait fait le lendemain. Cette existence poursuivait un présent instantané. C’était un long roman dont on tournait irrésistiblement les pages. La fin tragique était connue d’avance, mais l’histoire était prenante, les personnages attachants, et on espérait, à force de prières, repousser l’instant d’un dénouement déjà écrit. Isaac espérait toujours l’issue heureuse. Il fallait y croire pour que ces retrouvailles aient un sens. Quand une fin ne plait pas il est toujours possible de la déchirer, de la réécrire jusqu’à ce qu’elle soit parfaite… La lumière était entrée, d’autres jours se préparaient, et James revenait.

Malgré les épreuves, l’ex mangemort était différent de l’homme brisé qu’il avait quitté en janvier. Il semblait en bonne santé. L’abattement moral n’avait pas de prise remarquable sur son physique. Au lieu de s’assécher, sa silhouette s’était développée. Il marchait droit, les épaules relevées, comme un jeune homme de vingt-deux ans conscient de sa beauté. Ce contraste était troublant. Isaac n’aurait su dire s’il le trouvait encourageant. Au moins, James avait encore soin de son apparence, il ne sombrait pas dans l’éthylisme, l’anorexie et la drogue. Il ne maltraitait pas son corps comme il continuait à l’inverse de le faire en le criblant de cicatrices. Au fond, lequel de ses deux êtres était-il le plus mort à l’intérieur ? La poitrine de cet homme las s’animait d’un profond désir de vie. Il avait l’impression d’entendre les battements brûlants d’un cœur qui refusait l’agonie. Cet acharnement à tenir bon au détriment de toute logique forçait l’admiration, d’une certaine façon. Isaac ne le comprenait pas très bien, mais il le trouvait rassurant. De belles fleurs s’épanouissaient parfois sur les terrains les plus hostiles, il pouvait peut-être lui faire confiance pour résister encore. Avait-il franchement l’air d’assumer ce rôle de condamné en sursis ? Non, il aurait mis les voiles vers le monde de l’intangible plus tôt s’il y avait cru…

Le plateau que James avait posé sur une chaise laissait un choix de boissons assez étonnant. Ses placards n’étaient pas vides, comme c’était souvent le cas chez les personnes qui se contentaient d’un lit où dormir. Ce n’était pas très riche, mais il avait assez pour recevoir. Sur un ton qui se voulait plus léger, il lui parla de son nouveau quartier. Moche, oui, c’était le mot. Isaac lui rendit un sourire et considéra les boissons qui s’offraient à lui. Visiblement, il y avait de quoi organiser une petite fête improvisée, mais pour l’instant, il avait juste très soif et serait capable de boire n’importe quoi d’une traite quitte à finir aux urgences s’il s’agissait de whisky ou de vodka.


- Plus fort ?
s’exclama-t-il comme s’il était fou. J’ai tellement soif que je serais incapable de contrôler ma consommation, et tu n’as aucune envie de me voir ramper toute la soirée, enfin, j’espère…

Il éclata brièvement de rire et se servit un verre de jus de citrouille glacé qu’il descendit en deux gorgées. Puis, sans attendre James, il décapsula une bouteille de bièrauberre et trempa ses lèvres au bord du goulot pour recueillir les premiers pétillements de cet alcool doux et étrangement moelleux. Il se souvenait nettement de sa première sortie à Pré-au-lard. Tous les troisièmes années avaient ouvert des yeux enchantés lorsqu’on leur avait annoncé que l’une des bières des Trois Balais pouvait être commandée par les plus jeunes. Ils étaient comme ces gamins moldus que les parents autorisent à boire un panaché, aux anges. Ils avaient l’impression de faire leur premier grand pas dans la cour des grands. Cet enthousiasme lui semblait bien ridicule à présent. Mais la bièraubeurre lui avait manquée durant son exil. Tous ces petits plaisirs typiquement sorciers le laissaient nostalgique. Il releva l’une de ses jambes pliées pour glisser la pointe de son pied sous la cuisse de James avec un abandon qui semblait presque naturel et essuya sans le regarder la buée de a bouteille.

- J’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas touché à une bièraubeurre. Ça me fait plaisir que tu en aies. Pourtant, je faisais tout pour faire entrer des alcools plus forts aux fêtes l’année dernière
, dit-il en esquissant un vague sourire espiègle.
Il avala une gorgée et répondit enfin à la question qui lui avait été posée :

- Tu m’étonnes que ça doit être difficile de s’habituer à un paysage pareil. T’es dans une zone qui craint pas mal. Mais bon, après tout, avec la magie il y a toujours moyen d’éviter le spectacle de ces demeurés, c’est pas comme si tu vivais vraiment avec eux. Le quartier m’a surpris en arrivant, parce que je n’ai jamais eu de raison d’aller me promener ici… Mais il y a quand même plus démoralisant que venir chez toi… - Il marqua une pause sertie d’un sourire et reprit en soupirant : - Surtout que je n’avais rien à faire chez moi. Je ne sais même pas pourquoi j’ai voulu rentrer en Angleterre. Mes cousins m’avaient proposé de rester une année chez eux à Tel-Aviv et j’ai refusé au dernier moment.

N’avait-il pas posé suffisamment de questions à James pour lui accorder une trêve ? Mais parler de ce qu’il avait fait tout ce temps n’était pas plus agréable pour lui. Ses airs blasés dissimulaient à peine son amertume. Changer de pays ne résolvait les problèmes qu’en apparence… L’avantage avec James, c’était qu’il ne risquait pas de le soumettre à un questionnaire détaillé. Il n’avait pas à se justifier de toute façon. Il aurait tout aussi bien pu couper court à la conversation en l'embrassant, mais ce n'était pas drôle.



Dernière édition par Isaac Deniel le Ven 5 Nov - 21:41:13, édité 1 fois
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  • James Kirkby
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    James Kirkby
MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyVen 5 Nov - 21:11:35

Il n'était plus l'heure du thé, et pas encore celle des cocktails. De toute façon, dans le quartier, les cocktails colorés et hors de prix n'étaient pas de mise. On y descendait des bouteilles de bière bon marché, ou de la vodka premier prix, des alcools sans finesse qui attaquaient le foie, le palais et, semblait-il, le cerveau. James avait peu de moyens, mais il avait gardé le goût des boissons raffinées ; depuis qu'il avait quitté le domicile familial, il avait toujours eu tendance à boire plus que de raison, mais uniquement du premier choix, de l'exquis, de l'exorbitant. Les whiskies de supermarché n'étaient pas pour lui, et sa vodka devait être ce qui se faisait de plus noble en Russie. Pour satisfaire ces goûts de luxe, l'ancien Mangemort avait recouru à une entourloupe qui lui serait probablement reprochée lorsqu'on viendrait l'arrêter ; il avait tout simplement soumis à un sortilège de Confusion le propriétaire d'une épicerie fine, qui l'avait laissé repartir avec plusieurs sacs de provisions hors de prix sans même parler d'argent ; de sorte qu'il pouvait proposer à Isaac des breuvages tout à fait dignes de Kensington. L'adolescent déclina cependant la proposition de prendre quelque chose de fort – il ne crachait pourtant pas dans la vodka, d'ordinaire – en ajoutant une précision qui fit sourire James. Le voir ramper ? Pourquoi pas... Le repenti eut une moue d'appréciation, mais il ne fit aucun commentaire et se servir un whisky bien dosé. Les glaçons tintèrent contre le verre tandis qu'il portait un toast muet ; Isaac s'était servi et il s'installait à son aise, non sans en profiter pour corser un peu la chose. James frémit en sentant le bout de son pied sous sa cuisse, et sa respiration se précipita un instant ; la seconde d'après, il avait repris sa contenance – enfin, presque – et avalait posément une gorgée d'alcool en écoutant le récit du Serpentard.

-Si je comprends bien, tu n'es venu ici que parce que tu t'ennuyais ? C'est pas très gentil... c'est même vexant, conclut-il, un sourire narquois aux lèvres.

Les lèvres pincées dans une attitude d'indignation feinte, il prit une nouvelle gorgée de whisky avant de poursuivre :

-Ou alors... tu te dis que je pourrais t'aider à vaincre cet ennui ? Je me demande bien comment, du reste...

L'air de rien, il déposa son verre sur la chaise, et passa une main sous sa cuisse pour chatouiller le pied d'Isaac. Sans aucun rapport avec ce premier geste prometteur, il reprit, l'air sombre :

-Je ne voudrais pas parler du passé. Pas aujourd'hui. Je t'en parlerai si tu veux, mais pas maintenant. Et l'avenir... (il s'interrompit, reprit son verre et en but une longue gorgée) Je sais ce que tu en penses, mais je sais surtout que ça n'a rien de réjouissant. J'ai l'impression d'être pris dans un piège, et d'attendre simplement qu'il se referme... C'est d'ailleurs assez bizarre comme sensation, , conclut-il distraitement.

Un peu trop rapidement pour ne pas dénoter une sale habitude, il assécha son verre d whisky, et s'efforça de sourire en disant :


-Il nous reste le présent...

Il se laissa tomber allongé sur le lit, les mains croisées sur la nuque, et murmura en regardant le plafond :

-C'est même tout ce qu'il me reste...
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  • Isaac Deniel
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    Isaac Deniel
MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyVen 5 Nov - 23:11:38

Il avait rêvé de cet instant depuis leur séparation, il en avait même joui dans les bras d’autres et, pourtant, les sous-entendus manquaient de conviction. Il cherchait James à tâtons, de la pointe du pied, mais se défilait au lieu de s’approcher. Les plaisirs du présent n’étaient plus tout à fait ce à quoi il aspirait. Tant d’instabilité l’épuisait. A quoi bon une nuit de plus s’ils devaient rester dans l’incertitude ? A se demander, une fois encore, s’ils se reverraient un jour. Ils n’avaient rien construit ensemble, il n’y avait pas de contrat, pas d’engagement, rien qui pût les rassembler dans un même destin. James l’avait invité dans son nouveau logement, c’était bien… et après ? Ses dernières paroles exprimaient sa défiance. Il préférait ne pas trop s’avancer, poser le doute et guetter les réactions de son compagnon. Le double sens implicite ne lui échappa pas. Il joua le jeu, releva la pique avec un sourire ironique. Une complicité presque instinctive les reliait. Isaac songeait en lui renvoyant un regard insolent qu’il ne saurait trouver un partenaire plus réceptif à ses petits tours de séduction. Il pouvait vexer le jeune homme sans être pris au sérieux. Les autres garçons fonçaient droit dans le panneau ou se plaignaient de sa méchanceté. Au lieu de répliquer, ils pleurnichaient et revenaient l’embrasser pour obtenir son silence. Ils couchaient comme des animaux, sans aucune fantaisie. C’était vite ennuyeux, ça lui laissait même le temps de penser à un tas d’autres choses, comme au fait qu’il avait trop bu et qu’il devrait gérer une gueule de bois monstrueuse le lendemain ou que ce serait bien de changer la musique parce que la playlist de fond ne lui plaisait plus du tout.

- Je ne suis pas aussi désespéré James… Si j’avais compté sur toi pour tuer l’ennui de ma journée je t’aurais déshabillé sur place dans l’arrière-boutique tu sais…
- Affirma-t-il en perdant toute trace de sérieux. - Mais maintenant que nous sommes ici… Je ne sais pas, que penses-tu des commentaires d’Averroès ?

Pas grand-chose visiblement, puisqu’il le chatouilla en traître. Il retira vivement son pied, mais les propos qui suivirent ne lui donnèrent pas l’occasion de protester. Les démons du passés les poursuivaient en dépit de toutes leurs tentatives pour les fuir. Et Isaac pressentait qu’ils n’étaient pas prêts de les chasser. Ce n’était probablement pas pour rien que James portait une chemise à manches longues par cette chaleur, entre autres petits soucis techniques à affronter… Il se pinça les lèvres. Oui… Le présent était la seule chose sur laquelle ils pouvaient miser hélas. Que demander de plus ? Ses souhaits étaient irréalisables. Le long terme n’existait plus dans cette vie là. Mais, parfois, les choses s’installaient sans que l’on sache comment ni pourquoi. Après tout, la première fois entre eux n’était pas censée dépasser le stade de l’essai, de la folie passagère et sans suite. Un an plus tard, ils se tournaient encore les pouces sur un lit à se demander s’il était bien raisonnable de se laisser tenter. Combien de ‘premières fois’ répéteraient-ils ? Un sourire plus tendre passa sur ses lèvres, il observait James abandonné sur le lit.


- Je ne pense plus à l’avenir depuis longtemps…
, dit-il pensif. Parce que je n’en perçois pas grand chose. Je ne sais même pas si j’ai envie de me projeter au-delà du lendemain. Ça semblait plus simple avant, mais maintenant, je vois bien qu’un rien peut tout faire basculer. Réfléchir à ce qui pourra arriver ne sert à rien…

Et à quelle vie aspirait-il désormais ? C’était là tout le problème. Il n’avait plus aucun projet, personne qui pût lui donner envie de reprendre le fil de cette existence qui lui avait semblé prometteuse. Aujourd’hui, toutes ses petites certitudes étaient en ruine. James disait qu’il ne lui restait que le présent. Isaac aurait voulu répondre qu’il n’avait plus que lui. Mais même s’il s’agissait de son sentiment profond, ce n’était certainement pas le moment de lui tourner ce genre de déclaration. Elle lui paraîtrait idiote. Alors il but une longue gorgée de bièraubeurre et la posa sur la chaise à côté du verre de whisky vide. Puis il traina ses mains et genoux sur le matelas et se mit au dessus de James, sans vraiment le toucher, les bras tendus des deux côtés de sa tête. La profondeur du regard qu’il lui lançait semblait pénétrée de mélancolie. Sa façon de se tenir en retrait malgré une proximité de plus en plus évidente laissait suinter la marque d’une hésitation. Oui, il le voulait, mais les souvenirs douloureux et l’avenir compromis brimaient son assurance.


- Alors que dirais-tu si ce présent là durait le plus longtemps possible ?
murmura-t-il en rapprochant son visage du sien.

Leurs lèvres se caressèrent, mais il ne les prit pas. Il préférait recevoir l’approbation de sa bouche avant, même si ses bras commençaient à se raidir et que ses articulations menaçaient de céder.



Dernière édition par Isaac Deniel le Lun 8 Nov - 21:08:11, édité 2 fois
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    James Kirkby
MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyDim 7 Nov - 10:06:21

À un moment donné, il faudrait se décider, choisir entre la gravité et le plaisir. Pour l'heure, ils n'y parvenaient pas encore ; ils entretenaient volontairement l'ambiguïté, mêlaient sous-entendus discrètement grivois et réflexions sérieuses, et James ne s'y retrouvait plus lui-même. La situation, cependant, commençait à se dessiner pour ce qu'elle était réellement ; une fois passé l'orage des premières minutes, les retrouvailles entre Isaac et lui ne pouvaient se résumer à une simple conversation autour d'un verre. Ils n'étaient pas habitués aux sages soirées, et durant les quelques mois qu'avait duré leur séparation, chacun avait achevé de rompre avec la retenue. James ignorait tout des occupations du Serpentard en Israël, mais il devinait certaines choses ; le garçon prenait trop soin de son apparence pour un chaste adolescent, et il avait dû nouer des rencontres intéressantes à Tel-Aviv. De son côté, l'ancien Mangemort, après la période d'enfermement imposée par l'Ordre, s'était lancé dans une course éperdue à la débauche ; en quelques semaines, il était incapable de dire avec précision combien d'hommes l'avaient eu dans leur lit. Il avait fini par acquérir les gestes experts et la froideur des prostituées, à la différence que lui ne se faisait pas payer. Il ne refusait qu'une chose : les baisers. Ces simagrées lui semblaient proprement intolérables entre gens qui savent pertinemment que l'amour n'a rien à faire entre eux. Et pourtant, l'été précédent, n'avait-il pas lui-même embrassé un garçon inconnu, une rencontre de hasard dans Soho ? Était-il alors différent de ces types qui, en pleine débauche, cherchaient à prendre ses lèvres, comme la cerise sur le gâteau ?

Il ferma les yeux, se remémora la rencontre. Oui, il était différent de ces types ; dans ses souvenirs, c'était Isaac qui avait tout dirigé – dans les premiers moments, du moins. Le repenti poussa un long soupir en songeant que les choses, en une année, avaient bien changé. Le grincement du matelas l'empêcha, fort heureusement, de pousser davantage cette réflexion. Isaac s'était déplacé, pour venir s'installer au-dessus de lui, les bras tendus. Il fallait être un sportif pour rester longtemps dans cette position inconfortable... James ôta ses mains de sous sa nuque et étala les bras en croix sur le lit ; il s'abandonnait, avec Isaac comme avec les messieurs un peu louches qu'il avait connus ces dernières semaines. Dans un coin de son esprit, toutefois, il remarqua que le Serpentard avait gagné en assurance depuis décembre, et qu'il n'hésitait plus à prendre les choses en main. Voilà qui venait à point nommé pour parachever les rapports qui s'étaient instaurés entre eux la nuit de la Saint-Sylvestre – nuit absurde, où la colère d'un enfant avait littéralement anéanti un sbire de Lord Voldemort.

Le murmure d'Isaac peina vaguement James. Faire durer le présent le plus longtemps possible... C'était précisément ce à quoi le repenti s'employait depuis le mois de mai, depuis qu'il était devenu un criminel en cavale. Malgré les assurances données par Xenophius McGregor, entre autres, il vivait dans la crainte perpétuelle de l'arrestation, et chaque moment valait la peine d'être prolongé. Même les épisodes plus banals, même les plus pénibles – se faire longuement engueuler par Ollivander pour avoir mal nettoyé des outils, par exemple – seraient de précieux souvenirs plus tard. Alors que dire de moments comme celui-ci, de ces secondes qu'il s'efforçait de vivre plus intensément qu'il n'avait jamais vécu ?... Ce serait quelque chose que les Détraqueurs ne pourraient pas lui prendre, tout comme Lord Voldemort n'avait pu avoir raison de lui.

Il fallait pourtant revenir à ces précieuses secondes, cesser de penser aux longues heures glacées de la forteresse d'Azkaban. Le moment viendrait bien assez tôt ; pour l'heure, il était temps de vivre, de profiter de la compagnie de ce garçon allongé au-dessus de lui. Pour le simple plaisir de laisser Isaac en équilibre sur ses bras frémissants, James retarda le moment de répondre à la question. Il laissa les lèvres de son compagnon frôler les siennes, mais sans chercher à l'embrasser réellement , Après plusieurs secondes, les yeux plongés dans ceux du garçon, il murmura enfin :


-Et comment comptes-tu t'y prendre exactement ?


L'air de rien, il ramena doucement sa main droite vers lui, et écarta une mèche de cheveux qui barrait le visage d'Isaac ; puis, très vite, il alla traîtreusement chatouiller l'abdomen tendu par l'effort du garçon, dans l'espoir avoué de lui faire perdre son équilibre.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyLun 8 Nov - 23:45:47

Ses paumes s’enfonçaient dans le matelas, elles étaient lourdes, et il lui semblait que le cumul des secondes d’incertitudes soulignait son erreur. Il cédait à l’appel d’un corps, d’un désir qui n’était peut-être pas tout à fait le sien. Il ne savait plus très bien. Mais il n’était pas question d’agir par charité. Le premier intéressé de la scène n’était certainement pas James. Il ressentait peu de pitié pour lui. Il ne venait pas le décharger de son malheur par quelques caresses et belles paroles. Impression fantasmée ou non, il lui semblait qu’il avait besoin de lui. Cependant, ce serait s’abandonner à une drogue dont il pressentait déjà l’inquiétante dépendance. Il était difficile de mesurer les dangers de ce péché. L’ex-mangemort qui s’offrait à lui n’en avait pas dit assez. Les bras étendus, il lui lançait une drôle d’invitation, et Isaac n’était pas certain d’apprécier la tournure que les choses prenaient. Cette soumission facile portait la trace d’un sale mécanisme, comme s’il n’était rien d’autre qu’un partenaire de plus, la vague promesse d’une nuit de plaisir avant les nouvelles errances du lendemain. Combien de fois s’était-il vu lui-même dans cette position ? Immobile, à laisser le garçon venir, lui dire qu’il était beau et le déshabiller alors qu’il se contentait de sourire bêtement, la peau aussi insensible que pouvait l’être celle d’une poupée de chiffon. Même s’il ne comptait finalement qu’un nombre très réduit de conquêtes, Isaac n’avait vécu que des étreintes indifférentes. Celles de Yaron étaient chaudes et douces, elles ne déclenchaient rien de plus. Pourtant, il avait rencontré James comme tous les autres, au hasard. Il ne pouvait même pas dire que des points communs les réunissaient. Alors pourquoi ? C’était peut-être la seule chose qui échappait désespérément à son esprit calculateur.

Il le fixa intensément. La vérité se terrait au fond de ces prunelles aigue-marine. Une seule chose était certaine, ce regard n’était pas absent. Rien ne l’ombrait, si ce n’était la peur du futur, cette crainte qu’il se proposait de chasser. Cependant, la phrase ne les projetait pas sur une seule soirée. Il aurait parlé en mois sans cette fatalité sinistre qui pesait sur leurs têtes. Que pouvait-il faire vraiment ? Ses objectifs se limitaient. Il ne prétendait pas défier la justice. Mais puisqu’il tenait James, il ne le laisserait plus s’échapper avant qu’une volonté trop puissante ne l’en prive… Le jeune homme écarta d’un geste tendre la mèche qui lui chatouillait le nez. Son cœur battait fort, à un rythme difficile à soutenir pour ses muscles tendus. Il s’effondra mollement, le souffle coupé, en sentant les doigts légers de James sur son abdomen. Cette sensation assez désagréable lui fit pousser un petit cri de contrariété, mais tirant très vite sa nouvelle situation à profit, il s’appuya plus franchement sur son corps et l’embrassa à pleine bouche, d’abord avec douceur, comme si les lèvres du repenti eussent été trop précieuses pour être brusquées, puis, l’émotion fragile de ce premier contact évolua sans transition en véritable fureur. Mais comment contrôler l’emballement de ce cœur, et l’étourdissement de la chaleur ? La langue était un pilon, les dents s’imprimaient sur les lèvres, le corps ondulait, les mains s’égaraient sous la chemise, les derniers boutons sautèrent et il se redressa, à cheval sur son ventre, pour ôter un t-shirt brûlant. Il n’aurait su dire combien de temps avait duré cet égarement.
Son torse, ses bras portaient plusieurs cicatrices qui semblaient encore très récentes, il avait aussi deux piercings de surface sur le ventre, au niveau des hanches, un anneau sur le téton gauche. C’était sa manière à lui de se réapproprier ce corps, en le modifiant comme il en avait envie, mais le body art était une meilleure solution que la mutilation.


- Je ne peux pas te dire comment je compte m’y prendre…
, souffla-t-il en se resserrant contre sa poitrine mise à nue. Elle était plus ferme qu'avant.Parce que tu as sans doute une partie de la réponse. Mais… J’aimerais faire en sorte que tu ne te lasses jamais de moi…

Etait-ce beaucoup demander ? Il avait en tout cas parlé avec un ton si affirmatif qu’il semblait impossible de mettre en doute cette capacité d’arriver à ses fins. Après tout, même s’il reniait quelque peu Poudlard ces derniers temps, n’était-il pas un Serpentard de la pire espèce ? Un reptile borné et obstiné qui n’admet aucune défaite ? Chacun ses ambitions. En cet instant, garder James lui semblait beaucoup plus intéressant que se venger des crimes contre les nés-moldus. Pire, il se fichait de cette guerre, des procès, de la victoire ses siens. Le semblant de paix gagné ne l’aidait en rien. Ce baiser prolongé était la seule chose qui, depuis le début de l’année, lui donnait enfin l’impression de vivre. Et sentir le sang pulser dans ses veines était terriblement bon entre les bras de ce garçon.
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyLun 15 Nov - 20:36:44

L'abdomen contracté, James reçut Isaac que les chatouilles avaient fait tomber, et qui se mit à l'embrasser. Doucement, puis de plus en plus passionément. Le repenti resta un instant déconcerté devant tant de fougue, incapable de comprendre ce qui se passait. Le comportement d'Isaac était celui d'un garçon amoureux, bien loin du souvenir douloureux de janvier, et bien loin, même, de son attitude chez Ollivander. Le Serpentard faisait partie de ces personnes qui soufflent magistralement le chaud et le froid, avec lesquelles James ne savait jamais sur quel pied danser. Une caractéristique des disciples de Salazar, probablement ; maintenant qu'il y pensait, il avait déjà remarqué ce trait chez d'autres membres de la maison des Verts – dans d'autres registres, mais le résultat était le même ; le jeune homme ne savait jamais comment réagir, et il choisissait assez souvent la mauvaise voie. Pour l'heure, il hésitait encore sur la conduite à tenir, et, de ce fait, ne répondait guère aux baisers d'Isaac. Le comportement de l'adolescent le laissait perplexe ; pouvait-il être réellement amoureux de lui, comme son ardeur le suggérait ? Ou n'était-ce qu'une illusion, due au fait que James ait été le premier ? Oui, c'était plus probable. À quinze ans, de toute façon, pouvait-on être vraiment amoureux ? James avait tendance à répondre par la négative – de toute façon, il ne croyait guère à l'amour, sans considération d'âge.

Et même, à supposer qu'Isaac l'aime vraiment... Avait-il le droit de le laisser faire, alors même qu'il était pleinement conscient de la précarité de sa situation ? Le bon sens voulait qu'il repousse ce garçon, qu'il l'empêche de se faire mal en s'attachant à lui. Car il savait ne pas pouvoir lui offrir ce à quoi il avait droit – la sécurité, la stabilité. Il vivait dans l'attente d'une condamnation, et ne pouvait laisser Isaac s'imposer la même peine. Lui n'avait rien fait... et il avait déjà largement assez souffert, songeait le repenti en observant le torse du Serpentard. Dans son ignorance des perversions adolescentes, il n'imaginait pas un instant que les cicatrices pussent être l'oeuvre d'Isaac lui-même. Son regard s'arrêta sur les étranges ornements corporels du garçon, et il toucha l'un des piercings d'un index précautionneux en murmurant :


-C'est quoi ça ?


Il n'avait jamais rien vu de tel, et cela lui semblait extraordinaire. En plus, ces choses devaient faire mal... Il se souleva à demi, fit mine de se passionner pour ces éléments de décoration, en se reprochant son indécision. En réalité, il fallait parler sérieusement, expliquer à Isaac qu'il faisait fausse route. Une phrase, quelque chose de bien senti ; le garçon lui en voudrait probablement, mais il finirait par comprendre que c'était pour son bien. James écouta distraitement la réponse d'Isaac, tout en cherchant ce qu'il pourrait bien lui dire pour l'éloigner définitivement. Tout cela lui semblait sonner si faux... Sans réfléchir, il acheva d'ôter la chemise que le garçon avait déboutonnée, dévoilant un avant-bras aussi mutilé que le torse d'Isaac. Sur le moment, il ne se rendit pas compte de l'étrange spectacle qu'il offrait ; il venait de se décider à parler, le regard dans le vide :


-Tu dis que tu veux me garder, tu dis que tu veux que je ne me lasse jamais de toi. Mais tu ne te rends pas compte... Il y a bien d'autres garçons avec qui tu serais mieux... des gens qui pourraient te proposer tellement mieux que moi... Moi, je suis en sursis... et si tu restes là, toi aussi tu seras en sursis...

Il ne pouvait rester sur cette sinistre mise en garde, cependant ; sans qu'il ose se l'avouer, il était flatté par la venue d'Isaac, et par son intention affichée de le séduire chaque jour ; ce n'était pas tous les jours qu'on était ainsi portée aux nues. Son regard revint se poser sur le visage attentif d'Isaac et il ajouta :

-Je ne te chasse pas, hein. Je veux juste que tu sois conscient de tout ça.

Ou comment mettre en pièces tout ce qu'il venait de dire.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMar 16 Nov - 23:49:31

Pour tout dire, il n’avait pas compris lui-même ce qui venait de se passer. Embrasser ces lèvres ne tenait plus d’une envie dont on pouvait se passer, d’un simple caprice des sens auquel on cédait pour s’amuser ; c’était un besoin charnel et immédiat. Il les avait goûtées comme un affamé. Cette sensation retrouvée était magique. Son cœur battait si vite qu’il était impossible de se modérer. L’odeur du jeune homme l’étourdissait, l’ivresse lui montait à la tête. C’était à peine s’il percevait autre chose que cette explosion de sensations retrouvées. Tout allait trop vite pour sa pensée, comme s’il fallait absolument agir dans l’urgence, saisir le plus de plaisir possible avant que la bouffée d’adrénaline ne le conduise à l’évanouissement. Il lui semblait qu’il avait attendu cet instant une vie entière, et que rien ne serait suffisant pour apaiser une fureur qui ne faisait qu’éclore… Que lui arrivait-il enfin ? Il ne s’était jamais comporté de cette façon. D’habitude, il laissait l’autre venir et prenait tout son temps. Sa relation avec James n’avait jamais donné lieu à ce type de bestialité, elle était plutôt douce au contraire, et le corps de cet amant n’avait jamais été aussi désirable qu’aujourd’hui. Il le voulait. Cette longue absence était un supplice. Mais depuis quand l’aimait-il autant ? Il avait souvent essayé de démentir ce constat lamentable en orientant son regard sur de nouveaux garçons. James avait fini par perdre sa place d’homme unique, d’autres mains avaient explorées sa peau, mais aucune n’avait au assez de présence pour effacer le souvenir de ses caresses. Au final, il en regrettait presque son abandon. Sa pensée désorientée s’était trompée en découvrant la véritable nature de James, elle avait pris l’amour à la place du dégoût. S’il ne pouvait se résoudre à le haïr, alors il l’aimait. C’était idiot. Les conclusions de son cœur l’anéantissaient. Il n’avait rien choisi. Une étrange destinée lui offrait un bonheur immense, la chance de vivre une passion folle et intense en imposant un tribut très lourd en retour…

La passivité de James ne le frappa pas tout de suite. La manière qu’il avait de l’embrasser rendait la réponse difficile. Cependant, il désespérait de ne pas sentir les mains du jeune homme sur lui. Il aurait voulu se faire brusquer en retour, laisser les choses se faire naturellement, ne plus penser à rien, sinon qu’à la fureur des retrouvailles. Et ce n’était pas raisonnable. Il s’était pourtant promis de se retenir. N’aurait-il pas dû négocier cet instant ? Ce comportement n’était pas digne de lui. Il laissait le piège se refermer sans préparer le moindre point de fuite. Il savait pourtant que James n’avait pas les mêmes envies que lui, qu’il n’était qu’un gamin entre les bras d’un jeune adulte et que ce qui avait tant de signification pour lui n’était qu’un jeu pour l’autre. En agissant de cette manière, il laissait l’ex-mangemort libre de le refouler après avoir profité de lui. Heureusement, James ne l’avait pas conduit chez lui dans l’intention de se jeter sur lui. Il ignora presque ce débordement d’affection et préféra l’interroger sur piercings de son ventre. Isaac ne comprit pas tout de suite l’origine de sa question. Il dût faire un effort de concentration pour répondre dans un souffle :

- C’est un piercing, il est accroché sous la peau.


Comment décrire la déception qui le frappa ensuite ? James ne le regardait même plus, il s’était redressé, l’obligeant à retrouver une position assise juste entre ses jambes. Voilà qu’il semblait prêt à changer d’avis. Isaac songeait avec dépit qu’il s’était montré bien naïf en imaginant que ses sentiments pouvaient être partagés. Le jeune homme n’en attendait probablement pas tant, et il allait le congédier après l’avoir fait cruellement espérer. Il lui dirait que les choses allaient trop vite, qu’il n’était pas certain d’éprouver un désir aussi fort de son côté et qu’il valait mieux en rester là. Mais quelle arnaque ! Il se révoltait d’avance. Ce mec se moquait franchement de lui. Comment pouvait-il ne serait-ce qu’un seul instant croire qu’il lui était revenu par simple amitié ? Qu’il avait pu lui pardonner de lui avoir caché ses engagements auprès du Lord parce qu’il l’avait vu pleurer ? La crispation remplaçait sa volupté. Il était prêt à le gifler, et des sanglots contrariés se bloquaient au fond de sa gorge. James lui mentait encore… Et, même s’il venait d’ôter sa chemise, Isaac s’écarta brusquement sur le côté, son visage s’était figé sur une sorte d’orgueil blessé et il croisa les bras sur son ventre en plantant ses ongles sur sa peau. Il sentait en cet instant la frontière critique entre la haine et l’amour. Ses sens étaient trop troublés pour trouver une juste mesure, et sa fureur érotique pouvait se muer en colère noire. Un voile rouge était passé sur son regard mais il écouta ce que le jeune homme avait à lui dire. Ses mots le calmèrent peu à peu. En réalité, il était devenu trop méfiant. James était plus sage. Il connaissait les dangers de sa situation et ne voulait pas lui infliger une nouvelle salve de douleurs. Cependant, son attitude restait ambigüe, il n’avait pas envie qu’il parte. La décision lui revenait, mais elle était prise depuis qu’il avait accepté de le suivre jusqu’à cet appartement… Il baissa les yeux sur les pieds qu’il avait ramené près de lui et murmura :


- Je sais tout ça… On en a assez parlé. Tu crois que je t’aurais suivi après tout ce que tu m’as dit sur le Chemin de Traverse si je n’étais pas près à l’affronter ?

Il leva la tête, marqua un silence et revint vers James pour poser sa tête et son épaule contre sa poitrine.

- Et puis, tu sais, j’ai essayé de commencer une nouvelle vie en Israël. Mais ça n’a pas marché... J’avais un copain là-bas, un garçon adorable. Je crois qu’il m’aimait vraiment beaucoup… Il m’a donné une seconde chance et je ne l’ai pas prise. Je n’ai pas réussi à l’aimer. J’ai cru que ça viendrait, et même au lit je m’ennuyais. Et pour les autres garçons, du genre de ceux avec qui on finit sans trop savoir pourquoi ni comment en fin de soirée, c’était pire que tout…


Il eut un soupir désabusé. L’évocation de ses débauches lui laissait un souvenir amer. Il avait aussi de la peine pour Yaron, et il se reprochait mentalement d’être un salaud. Le pauvre garçon n’en menait pas plus large que lui avec James. Avait-il le droit de se jouer d’un cœur amoureux simplement parce qu’il était en manque affectif ? Il fallait qu’il lui écrive au lieu de le laisser dans le doute et le silence comme il l’avait déjà fait avec Alix. C’était un comportement tellement lâche… Et il se sentait ridicule de faire ces semis aveux à James. Mais il lui semblait nécessaire qu’il comprenne où il en était vraiment. Ses yeux étaient tombés sur la cicatrice de son avant-bras, là où se trouvait la marque quelques mois plus tôt. Que lui était-il arrivé ? Il supposa qu’il s’était mutilé dans un accès de rage. C’était en tout cas ce qu’il aurait fait à sa place… Il était complètement fou de le préférer à ces autres garçons…

- Finalement je suis rentré
, acheva-t-il. En Angleterre c’est pareil, je tourne en rond. J’ai plus rien non plus… Mais au moins, tu es encore là. – Il attira le bras qui portait la cicatrice près de lui et fit descendre sa main dans celle de James. - Alors peu importe le temps que ça durera, je peux bien me damner si c’est pour vivre un présent moins fade que celui que je connais depuis huit mois…

Et maintenant, allait-il l’effrayer définitivement ? Il avait pesé ses mots du mieux qu’il l’avait pu, avec une pudeur modérée, encore très incertain de la pensée profonde du jeune homme. Mais il tremblait de se faire rejeter, et ses lèvres l’avaient plus la même assurance lorsqu’elles se posèrent en frémissant au bord de sa mâchoire. Cette faiblesse était gênante. Et, pour se donner une meilleure contenance, il murmura d’une voix câline :


- ça c’était pour la version gentille où tu ne me chasses pas. Tu veux l’autre maintenant ?

Un sourire malicieux effleura ses lèvres. La question ne ressemblait qu’à une fanfaronnade déplacée pour masquer son malaise et sa difficulté à rester à découvert trop longtemps. Il attendait la suite avec une profonde appréhension. Dans son état, il n’était plus certain d’arriver à la même colère qui l’avait envahi quelques minutes auparavant si James s’avisait de le chasser pour de bon.

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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptySam 27 Nov - 8:47:09

Il n'y avait pas de parloirs à Azkaban, pas de visites, rien qui pût maintenir le contact entre les prisonniers et leurs proches. Le pénitencier sorcier était conçu pour représenter le châtiment ultime, la mort sociale – pas comme ces prisons moldues au sujet desquelles James avait lu un article, récemment ; dans ces établissements-là, on pouvait recevoir des lettres, des visites, et même, parfois, passer du bon temps dans un parloir privé... Rien de tout cela à Azkaban. Tout était fait pour que les condamnés ressentent pleinement chaque minute de leur châtiment, de leur anéantissement. Bien sûr, ces gens l'avaient mérité – James le premier – mais la perspective demeurait effrayante... Le jour de son arrestation serait le jour de sa mort, à la différence près qu'il lui resterait peut-être cinquante ans à vivre. Isaac avait beau dire qu'il était prêt à affronter « tout ça », le repenti avait du mal à le croire. Tout simplement parce que lui-même, malgré les airs résignés qu'il affectait, ne se sentait pas vraiment préparé. Qui l'aurait pu, d'ailleurs ? Savoir quels étaient les risques ne signifiait pas qu'on les acceptait, encore moins qu'on les comprenait pleinement, qu'on mesurait toutes leurs conséquences.

Un long rayon de soleil couchant vint aveugler James, et il ferma les yeux pour écouter le bref récit du Serpentard. Il n'avait vraiment pas réussi à passer à autre chose... Cela n'avait rien d'étonnant, au demeurant ; non que l'ancien Mangemort fût un homme irremplaçable, mais parce qu'il avait été une bouée dans un quotidien atroce. Lorsqu'Isaac avait été brisé par la torture, c'était à lui qu'il s'était confié, chez lui qu'il était resté même en connaissant la vérité, et cela donnait au repenti une stature qu'il ne méritait pas. Ce n'était pas plus compliqué que cela. Isaac ne l'aimait pas ; en toute bonne foi, il pensait l'aimer lui, alors qu'il aimait ce qu'il avait représenté ; une aventure d'été, un premier amant, puis une âme charitable qui l'avait recueilli et soigné. Jusque-là, le rôle était beau... Restait à comprendre comment cette image flatteuse avait pu survivre à la révélation de la nature exacte des activités de James. Cela aurait dû être une rupture totale, et il était étrange que le garçon ait pu revenir après les propos sans appel qu'il lui avait tenus.

Il faisait patte de velours à présent, l'embrassait, parlait timidement – alors même que James s'était attendu à une crise. Ce garçon serait toujours aussi déconcertant. Un pâle sourire passa sur les lèvres de l'ancien Mangemort, et il répondit dans un murmure :


-Je t'ai dit, je ne veux pas te chasser. Mais j'estime que je t'ai fait assez de mal, et je ne voudrais pas...

Il s'interrompit, gêné de parler de cela, et se leva pour attraper une bouteille de Bièraubeurre sur la chaise, près du lit. Il n'avait pas réellement soif, mais il éprouvait le besoin de s'occuper les mains. La mine grave, il expliqua :

-Je veux juste que tu saches... (Il hésita, cherchant ses mots, puis reprit maladroitement ) Tu dis que tu es prêt à affronter ça, mais je pense que tu ne sais pas ce que ça veut dire. Moi non plus je ne le sais pas, on ne peut qu'imaginer... et on est sans doute au-dessous la réalité... Tu es jeune, tu as le droit à mieux que ça.

Dans un geste sec, il décapsula sa bouteille, et avala une longue gorgée. L'ambiance s'était tendue comme la corde d'un arc, tout d'un coup, par sa faute, et il lui revenait de la détendre... Il ne savait comment s'y prendre, et laissa s'écouler quelques instants de silence pesant avant de hasarder avec un vague sourire :

-Mais tu m'as l'air plus têtu qu'une vieille mule borgne... Je pourrais te dire n'importe quoi, ce serait pareil.

Il tendit la bouteille de bière à Isaac en poursuivant :

-Et je ne sais même plus ce que je dois en penser... ça m'inquiète de te voir t'embarquer là-dedans avec moi, mais en même temps c'est vraiment...

Incapable de trouver le mot précis, il jugea préférable de conclure cette phrase sur un baiser, plus propre à traduire sa pensée. Après quelques secondes, il recula très légèrement la tête et, sans que ses doigts cessent de jouer avec les cheveux d'Isaac, chuchota à son oreille :

-Espèce de sale môme... Tu m'as manqué, tu sais...

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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMer 1 Déc - 0:23:38

Il aurait pu trouver de nombreuses explications aux raisons de sa passion. Cet amour ne l’avait pas frappé de ses foudres au premier regard. Il aurait très bien pu ne jamais voir le jour. James n’était qu’un délicieux souvenir d’été, une rencontre que l’insouciance des vacances avait sacrifié à l’innocence. Son statut de premier homme lui avait semblé d’une importance très relative à l’époque. La ségrégation des nés-moldus dans les semaines qui avaient suivi ne lui avait pas permis de s’attarder sur ce qui n’avait représenté qu’un rite de passage. Etait-il temps de s’amouracher ? Son petit monde courait à sa perte, et sa vie s’effeuillait de jours en jours. Pourtant, il était revenu vers lui, d’abord en pensées, parce qu’il fallait bien se laisser bercer par la douceur d’un songe entre les murs glacés des cachots, puis il l’avait retrouvé. Le corps meurtri, l’esprit choqué, le regard éteint, il avait machinalement suivi le chemin de son appartement. Ce retour improbable vers celui qui ne devait être qu’un coup d’un soir l’avait assez peu ému. Il était ailleurs, l’âme écrasée par les débris de ses os brisés. Mais c’était dans ces instants là, au plus profond du désespoir, que la nature de leur relation avait pris un curieux tournant. Les choses étaient passées si vite… Il lui avait fallu un jour pour l’aimer, un instant pour le détester, la moitié d’une année pour hésiter, tiraillé par des extrémités à la fois indissociables et opposées. Son amour s’était cristallisé de cette manière, dans l’incertitude et la douleur. C’était tout ce qu’il pouvait en dire. La logique ne justifiait pas son sentiment. Toutes ses tentatives pour s’y soustraire étaient vouées à l’échec. Il n’avait aucune raison de chérir l’image d’un mangemort qui après lui avoir menti l’avait abandonné, absolument aucune. Il n’était pas non plus possible de fonder une illusion positive sur la scène de leur séparation. Mais, en dépit de tout, il n’y avait plus un seul homme pour le séduire. Chaque écart le ramenait à James, à cette voix obsédante qui lui soufflait que s’il était encore en vie quelque part ses bras seraient le plus tendre des refuges…

Il ne voulait plus penser aux conséquences de ce nouvel abandon. Il les connaissait. Il entrevoyait l’enfer derrière les grilles dorées du paradis. Que pouvait-on espérer d’une histoire qui se nouait de cette façon ? Personne n’aurait parié sur leur relation. Il n’y avait pas de fin heureuse pour ceux qui s’obstinaient à contraindre le destin. Un jour, le malheur reprendrait ses droits. Il paierait cet acharnement idiot et les blessures que James disait lui avoir infligées n’étaient rien en comparaison de ce qui l’attendait. Si le jeune homme finissait à Azkaban, la fracture serait immense. Il n’osait imaginer la violence de ses tourments. Cette simple idée lui soulevait le cœur. Il resserra son emprise sur la main de James. Les phrases du jeune homme multipliaient les ruptures. Les structures se tordaient sous les hésitations et Isaac essayait d’interpréter ses silences. Sa main était tombée sur sa cuisse lorsque James avait ouvert la bièraubeurre. Il maintenait le contact, il s’accrochait à ce corps comme un naufragé à un bout de bois à moitié submergé. Sa gorge s’était resserrée. Les derniers mots de James à propos de sa jeunesse lui mirent des larmes brûlantes au bord des yeux. C’était vrai, à son âge, il méritait mieux. Mais il n’avait même pas quinze ans. On lui avait tout pris. Il lui semblait qu’il n’était qu’un atome égaré dans un monde absurde, un modèle réduit de lui-même qui avait tout juste gardé la conscience de son existence. Il aurait pu en vouloir à James. Après tout, c’était sa faute si ce cauchemar continuait alors que ses camarades nés-moldus essayaient probablement de passer à autre chose. S’il n’en faisait rien, c’est parce qu’il lui semblait que le présent n’aurait pu être autrement. Son soutien en décembre était la clé de sa survie mentale, et peut-être même physique.

- J’avais aussi droit à mieux que ce qu’on m’a fait. Qu’est-ce que ça va changer maintenant ? Je ne suis pas là par reconnaissance, je n’irais pas jusqu’à éprouver ce genre de choses, ce serait idiot… Mais quand même… si tu n’avais pas été là je…

C’était à son tour de laisser sa phrase en suspens. Envisager sa propre mort à l’oral était trop pénible. Il réprima un tremblement, James essayait de lui sourire. Le fait qu’il le compare à une vieille mule borgne ne réveilla même pas sa fierté. Il prit la bouteille qu’il lui tendait et bu une gorgée en regrettant la quasi absence d’alcool. La boisson ne faisait jamais de mal lorsqu’il fallait atténuer la crispation des muscles. Ses aveux et le discours de l’ancien mangemort l’avaient plongé dans un abattement brutal. Il se trouvait pitoyable, incapable d’avoir la moindre prise sur son avenir, juste bon à s’accrocher à la chimère que représentait ce garçon, à ramper là où on l’avait laissé au lieu de se relever. Et les rôles basculèrent. Il se laissa embrasser sans saisir la subtilité de cette transition mal agencée. Pourtant, la chaleur revint aussitôt au creux de son ventre. Cette discussion pénible ne rimait à rien. Que pouvait-on faire contre une simple évidence ? En quelques mots, James signa son abandon. Il ne trouva rien à lui répondre. Dire qu’il lui avait manqué, c’était rendre réel ce qui, jusqu’alors, n’appartenait qu’aux fantasmes. Etait-ce bien vrai ? Isaac n’en doutait plus. Il apprécia un instant l’entrelacement des doigts de James dans ses cheveux, et reprit ses lèvres en se serrant avec force contre lui. Il passa une jambe de l’autre côté de sa taille pour trouver une position plus confortable. Il semblait que ce long baiser remplaçait toutes les paroles du monde et effaçait toutes leurs craintes sous-tension. Tout était dit, et il n’était pas d’échange plus exquis que celui-ci. Même si sa bouche descendait parfois jusqu’à la gorge du jeune homme, elle retournait bien vite à ces lèvres qui le narguaient depuis son entrée chez Ollivander. Plus rien d’autre n’existait.

Une sonnerie entêtante, composée de petits « bip » aigues, troubla cependant leur étreinte. Isaac poussa un soupire agacé qui n’avait plus rien à voir avec ceux qui le précédaient et s’étira sur le bord du lit pour tirer de son sac (et non dans sa poche finalement :p ) l’objet criminel. Depuis que ses parents lui avaient offert un téléphone portable, les appels étaient devenus automatiques dès qu’il dépassait les heures de sortie autorisées.

- C’est mon père, attend
, lança-t-il à James avant de décrocher. Quoi ?? demanda-t-il soudain, sur un ton beaucoup plus exaspéré. Ben non ! … J’en sais rien… …. …. Chez un copain … … Mais n’importe quoi ! … ….Oui je le connais, j’vais pas me pointer chez des inconnus à sept heures du soir … … … J’en sais rien je t’ai dit, pas ce soir… … … Alors là, c’est pas votre problème. … … Oui… … oui… … mais oui ! … .... … A demain… … Bonsoir.

Il raccrocha et sa mine boudeuse laissa place à un grand sourire. Il était débarrassé de ses parents pour la soirée. La dispute arriverait sans doute à son retour. Il aurait droit à de longs discours à propos de son mauvais comportement et des dangers que ce genre de vie pouvait représenter et recommencerait le soir même. Il s’en fichait, et puis ce téléphone venait de lui rappeler un souvenir plus agréable.


- Tu sais ce que c’est ?
dit-il en montrant l’objet à James. C’est le truc que je cherchais quand on s’est rencontré. Je n’en avais pas encore à l’époque, c’est bête hein ? ajouta-t-il avec ironie.

Il posa le téléphone sur le matelas et fit courir ses doigts sur le torse du jeune homme en attendant sa réaction. Les sorciers étaient souvent désorientés par l’apparition impromptue d’inventions moldues. Mais au final, ils ne se seraient pas trouvés s’il n’avait pas voulu appeler ses parents en pleine rue. Qui aurait pu dire qu’une rencontre aussi idiote les mènerait si loin ? Toutes les supputations qui tentaient d’expliquer leur attachement convergeaient peut-être vers ce seul instant. Entre tous les passants, il n’avait pas jeté son dévolu sur un autre.



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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyJeu 2 Déc - 21:16:08

Jusqu'où pouvaient-ils aller ? La question tournait insidieusement dans l'esprit de James, revenait de temps à autre à la surface, comme un obsédant petit refrain à la mode. Jusqu'à quand pourrait-il sentir contre son corps ce corps palpitant, sous ses doigts ces cheveux soyeux, avant de mourir au monde ? Le compte à rebours était probablement déjà enclenché, et James ne savait ce qui était le plus angoissant, de savoir que le temps lui était compté ou d'ignorer combien de temps exactement il lui restait. Serait-ce pour demain, dans un mois, dans un an ? Selon qu'on envisageait l'une ou l'autre des hypothèses, on adoptait un comportement très différent ; il s'agissait toujours de jouir de la vie, des dernières bribes de liberté, mais tout était fonction du temps qui restait. L'homme qui sait qu'il ne lui reste qu'un jour s'étourdit dans la débauche, celui qui est à la tête d'une année entière a tout le temps de faire ses adieux à la vie... Mais pour adopter la bonne démarche, encore fallait-il savoir... L'ignorance donnait une sorte de vertige à James, et il en venait parfois à envisager d'aller se livrer, simplement pour avoir l'impression de maîtriser les événements.

Isaac l'embrassait à nouveau, avec une fièvre contagieuse, et James laissa ses mains s'égarer sur la peau nue de son dos. Le garçon frissonna à ce contact, et le repenti resserra son étreinte, en proie à une émotion difficilement contrôlable. Chaque frémissement de la peau d'Isaac, chaque respiration, tout venait lui reprocher son inconséquence ; il était perdu, et il laissait cet adolescent sombrer avec lui, au lieu de l'éloigner définitivement. Il l'embarquait délibérément sur un navire en perdition, sans avoir assez de coeur pour l'éloigner de ce naufrage... Après tout, se répétait-il, Isaac voulait rester avec lui, et partager son sort. Il le voulait, il insistait... et peu importait son âge, son irresponsabilité d'adolescent. James n'était pas fautif, après tout ; il ne pouvait rien contre la volonté d'un autre. Et puis... il était tout de même flatté de l'attention que lui portait le garçon. Pas par reconnaissance, disait-il, mais il était là, et c'était bien l'essentiel.

La bouteille de Bièraubeurre à demi-vide, oubliée dans l'étreinte, chavira et renversa son contenu sur le lit, sans qu'aucun des deux garçons s'en rende compte. Isaac prenait la direction, imprimait son propre rythme au baiser, venait goûter la peau du cou de James avant de revenir à ses lèvres, et l'ancien Mangemort le laissait faire. Les rôles se remettaient en place tout doucement, sans considération d'âge, très naturellement...

Une sonnerie étrange fit sursauter le repenti, qui saisit machinalement sa baguette en cherchant du regard l'origine de ce bruit. Isaac s'était penché, avait pris un objet dans son sac en disant que c'était son père... Drôle d'explication. Ce petit objet de plastique ne pouvait pas être son père, songea stupidement le repenti avant de comprendre ; le Serpentard parlait dans l'objet, répondait visiblement à un interlocuteur éloigné, cela ressemblait fort à un téléphone. James n'avait jamais vu de téléphone qui ne fût pas relié à une prise murale, mais l'objet qu'Isaac tenait collé à son oreille correspondait à la description d'un téléphone. Passablement intrigué, sa baguette toujours serrée entre ses doigts, le jeune homme se leva pour observer Isaac, en pleine dispute familiale. D'après les bribes de conversation qu'il saisissait, il comprenait que les parents du garçon s'inquiétaient, chose assez normale vu l'heure. La discussion animée cessa, et James allait, en homme raisonnable, suggérer à Isaac de regagner le domicile familial pour éviter les problèmes ; mais le garçon, peu sensible à ces considérations terre-à-terre, embraya sur autre chose. Il montra l'objet qui venait de sonner, en rappelant, le sourire aux lèvres, leur première rencontre ; ce jour d'août, il avait essayé d'emprunter un téléphone à James, et l'ignorance crasse du jeune homme avait fait durer ce qui ne devait être qu'une rencontre de quelques secondes. Amusé à son tour, le repenti avança la main pour prendre le téléphone et l'examiner avec attention. Comment ce machin-là pouvait-il fonctionner ? se demandait-il en observant l'écran coloré, sur lequel les chiffres formant l'heure bougeaient sans cesse. 20 : 17 : 23. 24. 25. Les secondes s'égrenaient sous ses yeux, chacune le rapprochant du dénouement tant redouté. Écoeuré, il rendit l'objet à Isaac, en se demandant comment on pouvait tolérer d'avoir en permanence la fuite du temps affichée sous les yeux. Lui faisait son possible pour ne pas y penser, et cet objet venait de lui rappeler son impuissance face au défilement infernal des instants... Il s'efforça de sourire et de répondre :


-Je suis presque aussi ignorant qu'à l'époque, tu sais... Je ne comprends pas bien comment ça marche, ce genre de trucs. J'ai lu, pourtant, j'ai observé les Moldus, mais c'est tellement étrange, toutes leurs inventions... surtout pour moi. Ça me semble vraiment...

Il n'acheva pas sa phrase – pas la peine de parler pour raconter des banalités. Son ignorance du monde moldu le faisait sourire, mais il savait qu'elle était à l'origine de son engagement dans les rangs des Mangemorts. Désormais, il éprouvait plus de curiosité que de haine pour cette curieuse peuplade, et il espérait confusément qu'Isaac percevrait ce changement. Sans transition, il demanda à mi-voix :

-Tu... tu as dit à tes parents que tu ne rentrais pas ? Ils sont d'accord pour ça ?


Le laxisme des parents Deniel le stupéfiait toujours, mais il s'était efforcé de ne pas parler sur un ton trop réprobateur. Après tout, grâce à leur laisser-aller, ils avaient à présent du temps devant eux... Du temps. On y reviendrait donc toujours.

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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyVen 3 Déc - 16:50:59

Les parents avaient toujours le chic pour appeler au mauvais moment, c’était bien connu. Isaac leur en voulait un peu d’interrompre le plus intense de ses baisers. Ne se rendaient-il pas compte que ce genre de chose merveilleuse n’arrivait qu’une fois dans la vie d’un couple ? Certes, il exagérait un peu, et il valait mieux que la sonnerie retentisse avant une étreinte plus développée, mais l’irritation d’un adolescent ne se raisonnait pas lorsque l’autorité parentale venait troubler son intimité. L’amour était un sujet grave à quinze ans. Il n’y avait pas de préoccupation plus importante que celle-là. Il les aurait prévenus plus tard. Mais à quelle heure ? Minuit ? Alors que le délassement rendait cette attention secondaire et franchement ennuyeuse ? Les explications pouvaient attendre le lendemain. Isaac ne tenait personne informé de ce qu’il faisait. Il agissait. Poser des questions devenait une agression, il lui semblait qu’on lui demandait de rendre des comptes, alors il se mettait en colère et ses parents n’obtenaient plus rien de lui. La conversation téléphonique avec son père était un exemple flagrant de son entêtement. Ses réponses laconiques et sèches ne permettaient même pas de le localiser. Que pouvaient-ils faire ? Rien, si ce n’est espérer qu’il leur revienne en bon état. La liberté dont il avait bénéficié à Tel-Aviv avait quelque peu tranquillisé ses géniteurs. Ils essayaient de lui faire confiance. Après tout, ce sale gosse n’était pas aussi intrépide qu’il le laissait croire. Les mecs suspects qui osaient l’aborder en soirée se prenaient de belles gifles verbales. Il n’aimait pas les plans foireux, même si le cas de James dépassait de loin cette catégorie. Mais c’était différent. Il avait conscience des risques et le danger ne viendrait pas directement de lui… N’est-ce pas ?

Il était heureux que le jeune homme n’ait pas lancé un sortilège sur le téléphone. Son élan craintif vers sa baguette magique était amusant. Il observa l’objet avec une curiosité manifeste tout le long de la conversation, et le prit pour l’examiner de plus près dès qu’il le posa sur le matelas. Ces réactions étaient toujours aussi adorables, il ressemblait à un chaton en pleine découverte du monde. Isaac se garda cependant de lui faire part de cette réflexion idiote. Il retourna sur le matelas en évitant la zone imbibée de bière et écouta sans grande passion le discours de James à propos des inventions moldues. Leur rencontre s’était amorcée sur ce thème, mais la façon dont il abordait le sujet avait changé. Ce monde ne représentait plus un inconnu absolu à rejeter, il l’avait étudié. Le serpentard lui sourit de manière à lui faire comprendre qu’il n’était pas utile de poursuivre ce bavardage. Il lui expliquerait tout un autre jour s’il le voulait. Ses parents ne retarderaient pas plus longtemps les plaisirs auxquels il brûlait de s’abandonner. Il ramena James près de lui mais celui-ci restait déstabilisé. Qu’avait-il besoin de lui parler de ses parents ? Même s’ils n’étaient pas d’accord, ça le regardait non ? Il n’y aurait personne d’autre pour gérer la dispute probable à son retour au logis familial. Elle ne serait pas très violente de toute manière. Son homosexualité était un sujet sensible que ses parents n’évoquaient qu’à demi-mots. Ils avaient compris quelques mois plus tôt que leur fils était un cas perdu pour les filles suite à un petit accrochage où il leur avait lancé la vérité à la figure. Quelle réaction avaient-ils eu ? Aucune. Un silence glacé était tombé et la discussion s’était terminée de cette façon. Il avait détesté leur indifférence délibérée ce jour-là et continuait de mépriser leur faculté à gommer tous les traits de son caractère qui leur déplaisait. Ce sentiment se sentait dans la réponse qu’il fit à James. Elle était d’un détachement amer.


- Ils n’ont pas le choix, puisqu’ils ne savent pas où tu habites. Et puis, ils seront bien incapables de me disputer vraiment demain, ils auraient trop peur que je leur dise trop explicitement que je me tape des mecs, même s’ils le savent très bien. Donc oui… J’ai pris la liberté de m’inviter chez toi pour la nuit…
- Le ton changea, une lueur plus malicieuse brilla dans son regard et il fit glisser le revers de son index le long du ventre de James jusqu’à la fermeture de son pantalon en susurrant. - Nous n’en avons pas parlé mais j’espère que tu n’y vois pas d’inconvénient…

Les baisers, c’était très bien, mais il est un moment où ils ne suffisaient plus. Isaac n’avait plus grand-chose de l’amant un peu maladroit que James avait connu. Il n’attendait plus que les choses se fassent, et il connaissait assez bien les règles du jeu pour ne pas avoir peur de prendre les devants. Il semblait que le comportement de son compagnon suivait cette évolution. Il n’aurait su dire si cela lui plaisait ou non, mais le temps qu’il laissa passer en tournant le bout de sa langue sur le téton du garçon montrait qu’il cherchait à établir une sorte d’équilibre entre eux. C’était à l’autre de répondre favorablement à cet appel des sens. Dans l'autre cas, il élèverait simplement le niveau.


Dernière édition par Isaac Deniel le Mar 7 Déc - 21:36:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyLun 6 Déc - 21:38:54

James regretta rapidement d'avoir parlé des parents d'Isaac. Visiblement, le sujet agaçait son hôte, pour ne pas dire plus. L'adolescent expliqua en quelques phrases lapidaires la nature exacte de ses relations avec eux, et le repenti ne put s'empêcher d'arborer, quelques secondes durant, une mine sincèrement surprise. Ainsi, eux aussi voyaient d'un mauvais oeil les penchants de leur fils... C'étaient pourtant des Moldus – et des Moldus que James avait toujours crus assez ouverts – pas les membres d'une famille sorcière obscurantiste... Il est vrai qu'il ne les connaissait pas, et qu'il se basait, pour porter ce jugement, sur un ressenti personnel forcément subjectif. Dans son esprit, il suffisait qu'une famille fût moins réactionnaire que la sienne pour être classée « ouverte d'esprit », ce qui faisait beaucoup de monde...

Le sujet assommant des parents et de leurs réactions fut très vite éludé par Isaac, qui demanda si James ne voyait pas d'inconvénient à l'héberger pour la nuit. Frissonnant sous l'index qui parcourait son ventre, le jeune homme murmura :


-Tu sais, ça ne m'arrange pas du tout... J'attendais quelqu'un ce soir, un type superbe... un amant exceptionnel en plus...

Un sourire narquois sur le visage, il happa du bout des lèvres le lobe de l'oreille d'Isaac, et le mordilla un instant avant de dire très sérieusement :

-Bon, on est bien d'accord, je te ramène chez toi...

Et, comme pour mettre ses menaces à exécution, il prit Isaac par les hanches – mais l'adolescent avait pris les devants, et la plaisanterie douteuse ne l'affectait pas. Sa langue tournait autour d'un des tétons de James, qui se raidit à ce contact ; pour sûr, le garçon avait gagné en assurance depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, il n'attendait plus que les choses se passent ; et lui, au demeurant, préférait qu'un autre mène la danse... Les mains de James s'égarèrent, l'une dans les cheveux d'Isaac, l'autre sur sa chute de reins, par-dessus le tissu du pantalon, et il murmura :

-C'est chez les Moldus que tu as appris ça ? C'est du joli...

Il entendit à peine la réponse soufflée par le garçon à son oreille, et se sentit basculer sur le matelas.



Le soleil avait complètement disparu à l'horizon lorsque James, sans prendre la peine de se rhabiller, se leva pour aller chercher quelque chose à boire. Au passage, il ouvrit la fenêtre pour essayer de chasser la chaleur enfermée dans l'appartement, mais il ne parvint qu'à faire entrer la rumeur de la rue – conversations criées des jeunes, bruits de moteurs, aboiements, tout le paysage sonore déprimant de cette rue. Le jeune homme laissa néanmoins la fenêtre entrebâillée, et alla jusqu'au coin cuisine prendre quelques bouteilles qu'il rafraîchit d'un sortilège. Il regagna le lit et s'assit au bord, en demandant à Isaac :

-Qu'est-ce que tu bois ? Bièraubeurre, eau, jus de fruit ?...

Sournoisement, il passa une main sous le drap léger, et alla coller l'une des bouteilles glacées contre la peau nue d'Isaac. Puis, aussitôt, comme pour se faire pardonner, il se pencha sur le garçon, posa ses lèvres sur les siennes, et glissa :

-En tout cas, le stage en Israël t'a profité... Tu as dû faire des ravages là-bas. Et je suis d'autant plus flatté que tu sois revenu vers moi... ajouta-t-il en se recouchant près d'Isaac.

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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMar 7 Déc - 23:06:32

- Et maintenant que je suis de retour, j’aurais bien quelques trucs à t’apprendre…, avaient été les derniers mots cohérents avant les égarements brûlants. La suite s’était perdue en cris brisés et soupirs étouffés. Ils avaient fait l’amour sans préliminaires véritable, avec un instinct furieux, sauvage et absolument délicieux. Deux corps épris l’un de l’autre se fondaient dans la moiteur d’un crépuscule langoureux. Ces choses là ne devaient jamais se terminer. Le coït venait presque à regret. Tant de plaisir était trop douloureux pour une seule vie. Il semblait que cet abandon comblait jusqu’au débordement les étreintes insipides de toutes ces nuits où le sexe n’avait été qu’un vague défoulement, la conclusion de soirées d’ivresse, une pâle habitude. Isaac se donna à James avec une passion nouvelle, s’étonnant lui-même de la force de son désir, de la sensibilité grisante de sa peau, qu’un souffle seul faisait frémir. Tant de choses avaient changées. Il savait aujourd’hui que cet homme était celui auquel il appartenait. Son destin s’enchevêtrait dans le sien. Il se confiait à ses mains, se moquait du futur, des drames à venir… Les larmes qui troublaient sa vue brillaient de plaisir. Il ne songeait à rien d’autre. Il se sentait juste complet, enfin, et son amant s’était laissé gagner par ce grand désordre du cœur…

**

Il faisait chaud, l’air manquait, les draps collaient à sa peau, il avait soif. C’était un moment de creux, où les corps, satisfaits de leur effort, réclament à boire, à manger, une trêve bien méritée. Son cœur battait encore à une allure folle. Il laissa James quitter le lit, et feignit un instant le sommeil en glissant un bras sous l’oreiller. L’air poisseux de la banlieue entra dans la pièce. Il diffusait hélas plus de bruit que de fraîcheur. En bas, des jeunes criaient, certains avaient la voix éméchée, des motos pétardaient, des portes de voiture claquaient. Dans son délassement actuel, cette vie lui semblait plus étrangère que jamais. Il avait l’impression de rêver. Le retour de James lui fit rouvrir les yeux, il poussa un petit cri en sentant le contact d’une bouteille glacée sur sa hanche et la retira vivement.


- C’est froid !
gémit-il en serrant sa paume sur le verre encore givré d’une bièraubeurre.

James l’embrassa aussitôt en guise d’excuse. Alors il le couva d’un regard tendre, et écouta ses compliments en se redressant sur le coude pour décapsuler la bouteille avec ses dents. Un petit sourire passa sur ses lèvres, il bu une longue gorgée et tendit le reste au jeune homme avant de laisser retomber son bras autour de sa taille. Sa peau était encore chaude.
Il ne savait pas très bien comment prendre ses mots, mais le verbe flatter ne lui semblait pas le plus approprié. Il n’y avait pas à l’être. Isaac ne se sentait pas l’âme d’une courtisane qui accorderait du bon temps gratuit à ses clients préférés… Ses sourcils se froncèrent légèrement. Il répondit d’un ton plus évasif, au souvenir des quelques mecs qu’il avait accepté de suivre en fin de soirée.


- Il parait que je suis un bon coup…


L’ennui, c’est qu’il aurait été bien incapable de leur retourner le compliment. Oh, il n’était pas tombé sur les mauvais éléments, loin de là, mais l’envie n’y était pas. Au final, il devait beaucoup plus à Yaron, à qui il avait fait explorer toutes les nuances du plaisir. C’était un partenaire docile, et néanmoins doté d’un bon sens de l’initiative. Au défaut de tirer une jouissance totale de leurs ébats, il adorait mettre ce garçon au plus doux des supplices. Ses doigts allaient et venaient le long du dos de James. Un éclat plus malicieux étincela dans son regard et il murmura en concentrant peu à peu ses caresses sur la chute de ses reins.


- Mais c’est avec un partenaire plus régulier qu’on apprend le mieux, ça permet d’évaluer le plaisir dans toutes ses subtilités, et ce qui marche sur l’un réussi souvent sur un autre… Je crois cependant que tu es celui pour lequel j’ai le plus de talent.


Son sourire, humidifié par la boisson se colla sur les lèvres de James. Il garda son visage près du sien et murmura, plus espiègle :


- Tu penses toujours aux ravages que je pourrais faire sur les autres… as-tu à ce point le sens du partage ?


Sa main avait quitté son dos pour se refermer sur le bord extérieur de sa cuisse. Il le fixa intensément. Et s’il se donnait de la même façon à d’autres, serait-il toujours aussi flatté ? A l’avouer, il aurait aimé le savoir un peu plus possessif que ça. Mais pas jaloux. C’était complètement différent.
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyDim 19 Déc - 16:25:06

Le lit n'avait pas eu le temps de refroidir ; les draps entre lesquels James se glissa conservaient l'empreinte tiède de son corps, et il suffisait de bouger un peu une jambe ou un bras pour trouver un espace légèrement plus frais. L'atmosphère de l'appartement devenait un peu plus respirable, un air tiédasse entrait par la fenêtre entrouverte ; la rumeur de la rue s'apaisait un peu, les Moldus devaient rentrer dîner, ou s'affaler devant leurs télévisions. Bientôt, il ne resterait plus que les adolescents à mobylettes dans le quartier, mais un simple sortilège épargnerait aux deux sorciers le bruit exaspérant des petits moteurs. James attrapa sa baguette magique, tombée au pied du lit, la pointa vers la fenêtre, et murmura une formule ; grâce au sort d'insonorisation, on pouvait bénéficier de la relative fraîcheur de l'extérieur sans devoir subir le vacarme de cette banlieue minable.

James tendit la main pour prendre la bouteille de Bièraubeurre qu'Isaac lui rendait, mais sa position à demi-allongée le rendait maladroit, et il renversa un peu de liquide sur son torse. Il frissonna légèrement à ce contact, puis s'essuya d'un revers de main, un petit sourire aux lèvres. Isaac s'était tourné vers lui, et laissait courir ses doigts le long de son dos. Le contact, à peine perceptible, faisait frémir le jeune homme, comme des chatouilles ; il fallut que les caresses d'Isaac se fissent plus insistantes, plus suggestives aussi, pour que le repenti cesse de tressaillir et les accepte sans broncher. L'adolescent avait gagné en assurance, et il prenait désormais la direction des opérations... On était bien loin du garçon timide, embarrassé, de l'été précédent, celui qui craignait de mal faire et préférait ne pas bouger... Qu'avait-il pu connaître en Israël pour qu'un tel changement ait eu lieu ? Ils n'en avaient guère parlé, mais James imaginait des rencontres nombreuses, des essais en tout genre, un peu comme ce que lui-même avait pratiqué depuis mai... il devinait des lieux de plaisir, de l'alcool, des plages comme celle que représentait la carte postale reçue en avril, des garçons se cherchant du regard...

La rêverie qui défilait presque automatiquement dans son esprit s'arrêta net lorsqu'Isaac reprit la parole, et évoqua précisément ces quelques mois passés en Israël. « Il paraît que je suis un bon coup »... Les mots ouvraient les portes de l'imagination. James revoyait certains de ses propres partenaires, les moins délicats, ceux qui s'efforçaient de souiller son corps et son âme, ceux qui lui parlaient comme à une putain, et qui, presque toujours, séduits par sa docilité, lui réclamaient son numéro de téléphone pour « remettre ça », en précisant qu'il était un bon coup... Il ne donnait jamais le numéro en question, et pour cause, et refusait systématiquement de revoir ses amants ; c'était dommage, car certains savaient d'instinct comment le combler, et il retrouvait presque avec eux les extases vécues avec Grim ; mais il sentait qu'il serait dangereux de trop se livrer à ces hommes, trop dominateurs pour ne pas être un peu cinglés. Isaac avait-il connu de tels types, pour avoir droit à ce genre de compliment ? James préféra ne pas poser la question – pas tout de suite – et se contenta d'acquiescer silencieusement, un sourire aux lèvres, aux propos du garçon, sans répondre tout de suite. Isaac lui disait que c'était avec lui qu'il était le plus doué, mais il ne pouvait lui retourner le compliment ; pour lui, aucun homme n'avait encore détrôné Grim, aucun ne lui avait offert comme lui la plénitude du plaisir... Peut-être parce qu'il avait été le premier, tout simplement, ou parce qu'il avait su régner à la fois sur la chair et sur l'esprit du jeune homme... Il ne saurait probablement jamais pourquoi le blond était si spécial, mais son souvenir précis planait sur chacune de ses rencontres, comme pour mesurer chaque homme à son aune...

Un baiser, et Isaac le reprenait gentiment sur une expression mal venue. James reprit la bouteille de Bièraubeurre, et avala une gorgée de la boisson avant de répondre, presque penaud :


-Ce n'est pas une question de sens du partage... C'est juste que... comment dire... Je ne prétends pas à l'exclusivité. Tu as eu d'autres garçons que moi, et tu en auras d'autres après moi, et ce sera très bien comme ça.

Pouvait-il se douter qu'Isaac l'espérait possessif, alors qu'il ignorait pratiquement ce trait de caractère ? Il n'avait jamais été un apôtre de la fidélité, et son caractère complaisant s'accommodait volontiers des aventures extérieures... Cette attitude, qui pouvait ressembler à de l'indifférence, n'allait certainement pas être du goût du Serpentard, qui, avec l'ardeur de l'adolescence, devait s'imaginer quelque chose de bien plus absolu ; James le comprit confusément, et il demanda :

-Ça te choque que je prenne les choses comme ça ?
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMer 22 Déc - 21:44:12

Il connaissait ce silence, cet instant de vide où le regard s'éteignait au-dessus d'un sourire faux. Il avait vu Yaron s'en satisfaire, et quelques amants d'un soir plus expérimentés renoncer à l'idée de lui demander son numéro. Ces derniers comprenaient vite qu'ils étaient recalés. La nuit n'avait pas suffit à accrocher le garçon qu'ils avaient récupéré. La fatigue avait vaincu le plaisir, les derniers baisers menaient à la lassitude, le corps retrouvait son indifférence initiale, l'étreinte se confondait au milieu des ébats qui la précédaient, elle ne laisserait aucune empreinte sur le corps. L'esprit en garderait peut-être le souvenir quelques jours, avec un peu de chance, si l'alcool n'effaçait pas les dernières heures de la soirée. Isaac ne se souvenait pas très bien des hommes auxquels il avait cédé. Leurs visages étaient flous, leurs voix se ressemblaient. Ils avaient l'air jeunes, gentils, parfois plus fougueux que prévu. Avait-il parlé avec eux ? Sans doute, il y en avait au moins un qui l'avait ensuite gardé près de lui pour lui raconter sa vie et lui faire l'étalage de ses tourments amoureux, probablement une histoire de mec qu'il désirait plus que tout et qu'il n'arrivait pas à conquérir. Mais le Serpentard n'avait pas gardé grand chose de cette complicité passagère. Chaque matin, tout se flétrissait comme un paysage ensoleillé livré à une averse. Une déception indicible assombrissait vaguement son âme. Il avait l'impression de quitter une île paradisiaque sous la pluie. Le silence de James était le reflet de ses propres mensonges. S'il avait été plus croyant, il aurait pu penser que Dieu punissait son inconstance et sa débauche. Seulement, ce n'était pas juste. Qu'avait-il fait de pire que cet homme ? Rien. Mais James ne voulait pas de son amour, il n'essayait même pas de lui rendre un simple regard flatté, son sourire était fade, il ne l'aimait pas.

Isaac était devenu trop méfiant pour s'enfoncer dans un aveuglement d'adolescent. La main qu'il avait posé sur la cuisse de son amant se relâcha doucement, sous l'effet de cette mort lente qui suit les chocs moral. Il sombrait dans une léthargie qui ne lui donnait plus la force de bouger. Il ne savait plus, il ne comprenait plus très bien. Alors que leur abandon aurait dû les rendre plus proches, il semblait qu'ils venaient de faire un violent retour en arrière. Tout ça pour ça... Songeait-il consterné La discussion pénible qui leur avait permis de quitter le Chemin de Traverse pour un aller direct dans un lieu aussi intime se concluait dans l'indifférence d'un coup d'un soir. N'était-ce pas étrange ? Il pensait pourtant avoir pris assez de précautions pour s'assurer de la fiabilité de James, et il ne demandait qu'une seule chose, que ce jeune homme ne le prenne pas pour un garçon de plus. Après tout ce qui avait été dit, comment ce criminel pouvait-il se moquer aussi outrageusement de lui ? Ah oui, pour baiser, il répondait présent, à croire que n'importe quel type lui suffisait. Mais s'il ne voulait que du cul, il aurait pu le dire clairement tout de suite, les choses se seraient réglées très vite, Isaac n'aurait rien tenté. Mais non, James avait préféré les belles paroles pleine de considération pour lui. Et je ne veux pas te faire de mal, et tu mérites mieux qu'un ex-mangemort sur la sellette, les répliques parfaites d'une histoire d'amour torturée à faire pleurer dans les chaumières. Il avait essayé de faire subtilement comprendre au jeune homme qu'il était en train de le blesser, en s'efforçant d'adopter un ton léger, mais James, bien loin de retirer la lame qu'il venait d'appuyer sur son ventre, l'enfonça d'un coup et la fit remonter jusqu'à son cœur.

Mais quel connard ! Il n'arrivait plus à quitter son regard, mais le sien n'exprimait plus rien, les traits de son visage s'étaient figés, et la dernière expression disparaissait comme un dessin gommé. James était à côté de la plaque et cela le rendait doublement vexant. Après des compliments impersonnels et un silence lourd de sens, il lui expliquait avec un détachement absolu qu'il pouvait se faire prendre n'importe comment par n'importe qui, ça n'avait aucune incidence, aucune importance. Pourtant, le choix du mot partage n'était pas innocent. Il n'était pas assez fou pour espérer une relation exclusive, où le sexe ne se pratiquait jamais qu'à deux, toujours avec la même personne, et cela jusqu'à la fin de la relation ou jusqu'à la mort. Ses sentiments étaient peut-être très forts, mais il était trop jeune pour ne pas être terrifié par ce genre d'engagement, la vie qui s'étendait devant lui semblait tellement longue qu'il serait idiot d'en réduire le champ de possibilités si tôt. Il pensait cependant qu'au milieu de ces tentations confuses, il n'y avait jamais qu'une seule personne, celle qu'on retrouvait jusque dans ses désordres extérieurs, celle qu'on laissait aux autres comme un objet de valeur, pour quelques heures seulement, avec la satisfaction de posséder un être d'exception. Mais James n'avait pas saisi le message, preuve qu'il n'était pas grand chose pour lui, et même s'il essayait d'être gentil en s'interrogeant sur sa façon de recevoir sa charmante mise au point, Isaac avait saisi l'idée, il sentait bien qu'on était en train de le congédier, de lui montrer que non, il n'y avait rien du tout, qu'il aurait pu partir deux heures plus tôt sans que rien n'en soit changé. James était bien aimable de lui avoir accordé ces retrouvailles plus développées. Il retint un sanglot. Sa gorge nouée accentua considérablement l'aigreur de sa réponse :


- J'ai l'air choqué ? Je ne vois pas pourquoi je le serai. C'est vrai, un mec ou un autre, qu'est-ce que ça change hein... Comme je le dis si bien depuis le début de cette conversation, j'adore être traité comme une pute, c'est même pour ça que je suis ici n'est-ce pas ? Tu apprécies mes progrès, c'est cool, mais le tarif sera plus élevé la prochaine fois, c'est vrai qu'il y a beaucoup de mecs après toi, j'ai un rendez-vous sur un parking dans trente minutes.
- Le sourire sarcastique qu'il arborait alors s'effaça soudain pour laisser place à un regard hautement hostile. - Connard.

Sa colère se libéra d'un coup pour s'effondrer la seconde suivante. Pourquoi fallait-il que tout soit gâché si vite, alors qu'il ressentait une plénitudes plus forte que jamais ? Il était trop faible pour laisser éclater sa rage, et, au fond, il n'en avait même pas. Cette fois, il se jugeait juste idiot. Il se sentait pris au piège et humilié. Trop désemparé pour avoir une réaction, il se contenta de détourner son visage de James pour le cacher dans un oreiller et dissimuler sans grand succès les larmes qui gonflaient ses yeux. Au bout d'un long silence, il soupira d'une voix terne :


Pourquoi tu fais ça si tu t'en fous... Couche avec qui tu veux, mais si tu peux coucher avec moi comme avec les autres, alors ce n'était pas la peine d'aller si loin. Je pensais que tu...


Il s'interrompit brusquement. Atterriraient-ils sur la même planète un jour ? Il se le demandait vraiment. Si les corps se comprenaient, tout devenait incroyablement compliqué dès que la parole intervenait. Pourtant, ses deux langages ne pouvaient être aussi diamétralement opposés, non ? L'ennui, c'était qu'ils se comportaient tous les deux comme des enfants, l'un cherchait l'affection et le réconfort, l'autre aurait fait n'importe quoi pour ne pas se faire gronder. S'ils se soumettaient l'un à l'autre, cette relation était vouée à l'échec. Ça ne marcherait jamais de cette façon. Si James ne tenait pas assez à lui, il devait peut-être essayer de le conquérir pour de bon. Et si l'avis de ce jeune homme qu'il avait tant de mal à haïr n'avait pas d'importance ? S'il suffisait de décider pour lui, juste pour voir... Il se retourna vers James, les joues encore trempées de larmes mais la mine résignée.


- Je me suis trompé
, déclara-t-il lentement. Je ne peux pas être à toi, pas uniquement à toi, tu ne veux pas de cette responsabilité là, nous sommes bien d'accord...

Il se colla contre lui sans tendresse, en plaquant une main ferme derrière son dos et en écartant ses jambes d'un coup de genou pour écraser son bas-ventre jusqu'à ce qu'il éprouvât un début de douleur.

- Alors il y aura d'autres hommes, autant qu'il me plaira, mais toi...
- Sa main descendit plus explicitement sur les fesses de James, il les caressa un instant puis la referma comme la serre d'un rapace sur le côté gauche en déclarant brutalement - : Tu es à moi.

Mais à vrai dire, il ne savait pas très bien lui-même ce qu'il faisait. Si ses craintes se confirmaient dans les pensées profondes de James, il ne pouvait pas y faire grand chose. Cependant, ce n'était pas à lui de subir constamment. Il devait contourner cette fragilité sentimentale autrement. Son regard impassible et autoritaire faisait oublier la rougeur de ses paupières. Il était difficile de savoir à ce stade où était la limite entre le jeu et le sérieux. C'était précisément l'effet recherché.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyJeu 23 Déc - 20:41:08


La main d'Isaac était soudain devenue molle, puis avait quitté la cuisse de James en laissant un peu de moiteur sur sa peau. Un silence de mort était tombé sur la pièce, et il fallut quelques secondes au repenti pour comprendre quelle portée démesurée avaient eue ses paroles pourtant pesées. Isaac sembait prêt à s'effondrer en sanglots, ou à lui arracher les yeux avec les ongles ; autant que James s'en souvienne, c'était à peu près la même expression que la nuit de la Saint-Sylvestre, lorsque le garçon avait longuement oscillé entre la haine et le chagrin... Du moins, cette nuit-là, avait-il des raisons d'en vouloir à James. Mais là ? Qu'avait-il dit pour s'attirer cette réaction ? Le jeune homme repassa ses dernières paroles dans sa tête ; elles étaient peut-être un peu maladroites, certes, mais n'avaient rien, à ses yeux, de scandaleux... Il s'était borné à dire ce qu'il pensait, et ne voyait pas où était le problème. Isaac l'aurait-il préféré tyrannique, aussi possessif, par exemple, que Grim avait pu l'être avec lui ?

Le gamin répliquait vertement, l'accusait de le traiter comme une pute, pour finir par le traiter de connard. Complètement désemparé, James laissa passer l'orage sans piper mot ; les yeux ronds, il suivait chacun des mouvements d'Isaac, en tâchant de comprendre son raisonnement. À quel moment l'avait-il traité comme une pute ? Il n'avait fait qu'affirmer qu'il ne prétendait en aucun cas limiter sa liberté, où était le mal ? Sincèrement désorienté, il ne rompit pas le silence qui s'était installé après l'insulte balancée par le garçon ; il avait encore une fois mal visé en répondant, mais il avait du mal à comprendre où, exactement, le bât blessait. Son ignorance des relations humaines était parfois stupéfiante, et souvent handicapante ; rien de plus désagréable que de percevoir le malaise sans pouvoir l'analyser correctement.

Les propos amers d'Isaac interrompirent les réflexions de James, mais ces quelques phrases ne faisaient pas sens. Le jeune homme tourna un regard un peu triste vers son compagnon, comme pour s'excuser de ne pas savoir réagir à propos ; l'adolescent devait attendre quelque chose, une réponse, n'importe quoi, et il était incapable de la lui apporter... De toute façon, quoi qu'il puisse imaginer comme réponse, il était certain que ce ne serait pas ce que le garçon voudrait entendre.

Il allait se lever, aller sans nécessité jusqu'au bout de la pièce, mais Isaac le fit basculer sur le lit avec une fermeté qu'il ne lui connaissait pas, et il se coucha sur lui, volontairement brutal. James se raidit en sentant son genou écraser doucement son entrejambe, mais la position même lui interdisait les mouvements trop francs. Isaac posait sur lui un regard impérieux qu'il n'avait jamais vue chez lui, mais qui lui rappelait trop Grim pour ne pas le troubler ; les paroles, elles aussi, semblaient sortir de la bouche du Russe, et le repenti frissonna. Tu es à moi... exactement le refrain de Grim, répété jusqu'à ce que l'idée soit bien entrée dans l'esprit du jeune homme...

Mais ce n'était qu'un môme de quinze ans, pas l'intimidant et superbe Russe... On ne pouvait pas le prendre au sérieux, il n'avait rien de l'autorité de Grim, il jouait simplement un rôle, mais le costume serait rapidement trop grand pour lui... Pourtant, il venait de lui meurtrir la fesse en la serrant pour s'en affirmer possesseur, comme Grim aurait pu le faire... Toujours coincé, en position précaire, sous l'étreinte rugueuse du Serpentard, James laissa échapper un gémissement avant de répondre – si ces quelques phrases pouvaient constituer une véritable réponse :

-C'était pas du tout ce que je voulais dire... Tu voulais quoi ? Que je te dise que, si tu regardais un autre type, je te tuerais ? J'en suis incapable... je ne suis pas là pour t'asservir. Mon premier mec était comme ça... Une fois, il m'a cogné parce que j'avais dit qu'un gars dans la rue était beau. Je trouve ça terrifiant, de prétendre tout contrôler chez la personne qu'on aime... Je l'adorais pourtant, mais il me faisait peur...

Le souvenir sulfureux du Russe le troublait légèrement, et il s'agita un peu sous la ferme emprise d'Isaac. Il espérait que sa brève explication permettrait au garçon de mieux comprendre son attitude, et dissiperait le malentendu...
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyVen 24 Déc - 10:59:36

Il ne savait pas ce qu’il attendait d’une relation sérieuse. Il avait besoin de stabilité et il cherchait le désordre. Il voulait être possédé, aimé, adoré, mais le sevrage de l’amour l’effrayait. Les rapports parfaits étaient bons pour les personnes qui n’avaient pas d’imagination. Le couple standard obéissait à des règles très simples, deux personnes qui s’aiment n’ont pas le droit de se tromper. Aller voir ailleurs, c’est risquer la rupture. Cependant, Isaac trouvait ces considérations superficielles, plus castratrices qu’épanouissantes. Il n’aurait pas supporté un homme trop possessif, un tyran qui aurait surveillé le moindre de ses mouvements, qui lui aurait flanqué une gifle au premier faux pas. Ce n’était pas une manière de montrer qu’on tenait à l’autre. Les choses ne devaient pas s’imposer de cette façon, avec la force et la terreur. Il fallait pouvoir se fier aux sentiments de son amant. Le Serpentard trouvait le flirt très amusant, il lui plaisait d’être flatté, de se sentir attirant et désiré, et l’idée de corriger une partie de son attitude pour la jalousie d’un autre le révoltait. Mais l’aurait-il fait si James l’avait exigé ? Sans doute. Un caractère possessif ne s’identifiait pas tout de suite. On s’attachait et ensuite, il était trop tard pour reculer, le sacrifice devenait nécessaire et il aurait souffert pour continuer à être aimé. Du moins, il le pensait. Sa méfiance trahissait en réalité son absence de volonté. Face à cet homme, il renonçait à beaucoup de choses. Il était capable de supporter n’importe quelle épreuve pour se sentir aimé de lui. Or, ce qu’il recherchait désespérément était absent. Que voulait-il ? Rien de grandiose, des paroles réconfortantes, le genre de mots tendre que l’on peut se dire après l’effort, quand l’amour gonflait sa poitrine, que ses caresses restaient imprimées sur sa peau, qu’il lui semblait qu’il aurait pu jouir d’un simple baiser dans le cou.

Et James lui retournait un regard consterné, sa détresse le dépassait complètement. Etait-ce si difficile à comprendre ? Apparemment, le jeune homme n’avait pas voulu le blesser. Il n’essaya pas de le chasser, mais il ne le rassura pas davantage. Il le considérait d’une expression brisée, avec l’air désemparé de celui qui fait tout de travers. Mais pourquoi ? Quelques instants plus tôt Isaac s’était senti aimé, il ne pensait pas que James eût pu baiser n’importe quel partenaire de cette façon. Un problème de communication évident les murait dans une souffrance perpétuelle. Ils se réconciliaient pour mieux se disputer. A vrai dire, leurs caractères n’étaient pas des plus compatibles, et si on lui avait demandé d’exprimer les raisons de cette affection, il aurait été bien incapable d’énoncer les qualités du jeune homme, tandis qu’il aurait pu faire l’étalage de tous ses défauts. L’écho d’une vieille citation heurtait dans sa tête… « parce que c’était lui », et c’était une vérité absolue. Isaac n’espérait plus grand-chose de la part de James. Il pleurait dans son coin et anticipait déjà la morsure d’une réponse décevante. Il en demandait trop parce qu’il manquait d’assurance. L’enfant détruit par la guerre hurlait toujours à la mort dans les cavités les plus sombres de ses entrailles. Il voulait qu’on le berce de mots doux, qu’une aile chaude recouvre son épaule, que les bras du jeune homme s’enroulent autour de sa taille et jurent de ne jamais le quitter. Et cela ne viendrait jamais. James commettrait une autre maladresse, parce qu’il n’entendait pas l’appel muet du gamin qui, au creux de son ventre noué, le suppliait à genoux de rester. Isaac devait changer, il fallait provoquer autre chose, trouver la faille du mur qui les bloquait et frapper.

Pour un premier essai, il y alla peut-être un peu fort. Mais James avait changé. Il semblait perturbé soudain, troublé et inquiet, comme si un souvenir à la fois pénible et excitant lui revenait d’un coup violent. Son corps se raidissait et ne le repoussait pas, l’étreinte était douloureuse mais il ne s’en dégagea pas pour lui répondre. Le choix de ses mots le choqua. Il parlait de tuer l’amant en faute, de l’asservir. Où avait-il vu les choses se jouer de cette manière ? Les relations humaines n’étaient pas régies par un système à la Voldemort. Surpris, Isaac laissa tomber son masque de prédateur et relâcha la pression de son genou. James évoqua alors son premier homme, un sujet qu’ils n’avaient jamais beaucoup abordé. L’été dernier, il était toujours avec, il lui avait même avoué n’avoir jamais trompé ce mec avant leur sulfureuse rencontre. Quelques mois plus tard, James était célibataire. Il ignorait tout des raisons de leur rupture, il ne connaissait pas la nature de leur relation et n’avait qu’une idée très vague des sentiments que le jeune homme avait pu éprouver à l’égard de cet homme. Son manque de curiosité s’expliquait par son désespoir du moment. Il avait trouvé une poitrine contre laquelle pleurer, un cœur chaud, des bras protecteurs, et ça lui suffisait. A présent, l’inconnu surgissait sous les traits d’un tyran adoré. Isaac devina qu’il venait d’adopter son attitude sans le savoir parce que James n’avait pas quitté le rôle auquel ce type étrange l’avait contraint.
Le corps de son amant réagissait doucement. Le Serpentard n’était pas certain d’être responsable de ce trouble. James brûlait toujours pour un autre et Isaac ne pouvait hélas pas rivaliser avec le souvenir d’une relation aussi intense. Du moins, il ne le pouvait pas pour l’instant. Mais cet homme n’était qu’un mauvais esprit à chasser. Si on lui en laissait le temps et le loisir, il y arriverait peut-être, puisqu’il était là et que l’autre demeurait absent. Sa main se relâcha et il caressa la fesse écorchée de James comme pour en apaiser la piqûre.

- Et c’est pour ça que tu ne vois rien en demi-mesure… Tu crois vraiment que j’attends de la violence ? Que je pleure de ne pas avoir une corde au cou que tu pourrais resserrer à la moindre de mes fautes, quitte à m’étrangler ?
– Il passa ses doigts dans les cheveux du jeune homme. - Moi aussi je suis à toi… et c’est un fait que j’aime autant. Je ne veux pas que tu en sois flatté, je veux que tu en sois fier.

Allait-il enfin comprendre ? Il n’aimait pas ce genre de déclaration, et la fin de ses mots s’étouffa sur les lèvres de son amant. Il l’embrassa en faisant glisser une main cajoleuse sur le bas-ventre que son genou avait meurtri. Les caresses se prolongèrent tandis que les bouches se faisaient plus hésitantes. Il attendit les premiers gémissements de James pour lui souffler d’un air beaucoup plus espiègle :


- Dis-moi… Tu étais fidèle à ton premier mec non ? Qu’est-ce qui t’as pris de tromper un type aussi terrifiant avec moi ?


Et pour le coup, cette pensée était plutôt flatteuse. Il avait tout de même réussi à réduire à néant l’emprise d’un tyran, plusieurs fois qui plus est. S’il n’était pas son premier homme, il était le second, le tentateur qui avait eu le dernier mot. Ce n’était finalement pas la plus mauvaise des places.
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  • James Kirkby
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyMer 29 Déc - 22:55:02

Ah, l'insondable complexité des relations humaines... Un continent neuf pour James, qui y abordait avec toutes les maladresses d'un étranger... Jusqu'alors, il n'avait pas connu grand-chose de la vie ; depuis son enfance, il n'avait guère eu qu'à obéir, et la docilité était devenue comme une seconde nature chez lui. Il y était plutôt doué ; des années durant, personne n'avait eu à se plaindre de ce garçon si « bien élevé », comme on disait – craintif, à vrai dire, ne sachant rien faire d'autre que se soumettre... Isaac était le premier à exiger de lui autre chose que de la simple obéissance, et il ne semblait pas comprendre les difficultés de James... C'était un tout nouvel exercice pour lui ; même Grim, malgré la tendresse dont il pouvait être capable, avait été un maître plus qu'un compagnon ; le jeune homme savait bien comment se comporter avec un tyran, il savait filer droit et esquiver les coups, mais ce qu'attendait Isaac était tout différent, malgré le masque dur qu'il tâchait de prendre depuis quelques instants. Il faudrait saisir la logique de tout cela, se l'approprier, s'y adapter – et cela prendrait sans doute du temps.

Les explications de James portaient : Isaac relâcha la pression de son genou, et le jeune homme respira un peu plus librement ; le fait d'être ainsi contraint physiquement était à la fois oppressant et excitant, et, finalement, très agréable. Cette sensation mêlée de soumission et de tendresse était ce que James recherchait et appréciait le plus dans les relations avec des hommes ; rien ne lui plaisait davantage que de se sentir protégé, possédé, désiré, tout à la fois... Isaac semblait l'avoir compris ; il s'efforçait de se poser en dominateur, en reprenant exactement les gestes qui lui avaient tant plu chez Grim... la main ferme, mais caressante, les lèvres conquérantes, les affirmations tranquillement murmurées...

James retint son souffle sous les caresses d'Isaac, sans répondre à ses paroles ; l'essentiel de sa concentration était employé à ne pas émettre le moindre son, et il y parvint durant quelques instants, bien que les gestes du Serpentard se fissent de plus en plus précis. Les yeux fermés, il s'abandonna entièrement, la respiration saccadée, frissonnant à chaque contact, mais s'attachant, sans savoir pourquoi, à garder un silence absolu... par simple jeu, pour voir jusqu'où il tiendrait, jusqu'où il ferait aller le Serpentard... Finalement, il lâcha un gémissement, très faible, et adressa un sourire troublé à Isaac ; le garçon avait gagné, le regard du jeune homme s'était fait presque implorant, tandis qu'il répondait à voix basse :


-Je n'ai jamais réussi à être fidèle à quelqu'un. Pour lui, j'ai essayé, pourtant... et j'ai tenu, pendant des mois... je l'adorais, je t'ai dit. Tout ce qui m'intéressait, c'était de lui plaire... j'aurais fait n'importe quoi pour ça. Je suppose que tu comprends ?

Il s'interrompit, posa un très rapide baiser sur les lèvres d'Isaac pour se donner une seconde de réflexion, et reprit :

-Quand je t'ai rencontré à Soho, je m'en suis voulu de lui être infidèle. Et puis... après tout, il n'en a jamais rien su, ça n'a pas pu lui faire de peine ou le mettre en colère. C'est ce que je me suis dit sur le moment... qu'il suffisait de garder le secret...

Et, effectivement, Grim n'avait jamais su que son fidèle amant s'était écarté du droit chemin... s'il avait eu le moindre doute, au demeurant, il aurait certainement réagi violemment... James inspira profondément, et, tâchant d'avoir l'air sérieux, ajouta :

-Tu vois, tu as détourné un honnête homme de la fidélité... Je parie que tu es fier de toi ? Enfin, avoua-t-il après quelques secondes dans un souci d'exactitude, 'aurais certainement trouvé une autre occasion... être fidèle est terriblement pesant... mais puisque l'occasion était belle, j'aurais eu tort de ne pas la saisir, pas vrai ?

Un sourire malicieux éclaira son visage, et il happa du bout des lèvres le lobe de l'oreille d'Isaac. Dans sa position, il ne pouvait pas faire grand-chose d'autre – et il adorait ça.
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  • Isaac Deniel
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyJeu 30 Déc - 15:15:18

Your eyes are watery, a mouth made for joy
Always quoting Morrisey but did you ever do it with a boy?
I've got a mouth for joy


Etre le seul, le préféré, n’avoir qu’une vie et la donner, voilà tout ce à quoi il aspirait. Il exagérait, il aimait cette idée d’absolu. La bouche de James aspirait son âme, ses doigts déchiraient sa peau. Il n’était qu’un néant de chair et de sang, une créature imparfaite que l’abandon rendrait à la poussière. Isaac se complaisait dans cette violence. Elle était d’un érotisme intense. Mais son amant n’était pas prêt à le posséder, c’était un plaisir qu’il faudrait lui apprendre, une évidence à lui insuffler à force de dévotion, jusqu’à ce que l’idée d’une attention accordée à un autre lui devienne insupportable, jusqu’à ce qu’il puisse à son tour se jouer de ses doutes. Il aurait sa vengeance un jour.
Ses mains s’étiraient dans sa chevelure, soulevaient les racines souples, massaient doucement son crâne, et le veines cérébrales pulsaient sous l’empreinte de ses doigts. Tout en murmurant des paroles apaisantes, il imposait une relation telle qu’il la voulait, une soumission égale où chacun était le maître de l’autre. Isaac avait repris le dessus sur le jeune homme mais il ne se sentait pas dominant, bien au contraire. Il était facile de recevoir et d’exiger. C’était ce qu’il avait toujours fait. L’enfant gâté des beaux quartiers n’avait qu’à réclamer, ses parents se pliaient en quatre pour le combler, parce qu’ils n’avaient pas d’amour réel à lui donner. En Israël, il s’était laissé faire, incapable de considérer avec respect les hommes qui brûlaient pour lui. Il leur offrait son corps, il mettait sa précieuse petite personne à leur disposition, n’était-ce pas assez ? Ces types pouvaient le traiter de salope, ils étaient à ses pieds, il aurait pu leur tendre un orteil, demander à ce qu’ils le suçassent avant de les autoriser à le déshabiller… En fait, il l’avait déjà fait, sans tenir sa promesse ensuite d’ailleurs. James ne considérait pas le rapport charnel de la même manière que lui. Il cherchait une brutalité moins subtile quand la sienne était plus intellectuelle. Ils n’envisageaient pas l’humiliation de la même façon. Mais, mises bout à bout ses différences pouvaient se compléter. Leur variété les ouvraient sur un monde de possibilité s’ils arrivaient à se détacher de leurs standards, à faire l’amour comme deux être humains traversés de fantasmes. Avant de capturer son cœur, il dompterait son désir, il apprendrait la gamme de ses frissons, il lui montrerait jusqu’à quel point il l’aimait, il voulait sentir ses ongles sur sa peau, le voir s’accrocher à lui, l’entendre supplier et pleurer, et hurler.

James entendait-il le souffle de ses pensées ? La fièvre avait interrompu leur baiser, et le corps du jeune homme bouillait tant qu’il en étouffait. Pourtant, ses lèvres suspendues demeuraient silencieuse. Il s’amusa de sa retenue, embrassa ses paupières, orienta ses caresses sur des zones plus sensibles, sans rien accélérer, parce qu’il jouait aussi, et que James n’avait aucune chance de l’emporter. Alors, un cri étouffé lui échappa et ils se regardèrent un instant, troublés des deux côtés par le changement qui s’opérait.
Le jeune homme poursuivit ses explications d’une voix sourde. Il lui parla encore de cet homme qu’il adorait mais n’aimait pas. Oui, le choix du mot était important finalement. Isaac n’aurait pas pu dire à James qu’il l’adorait, ce serait absurde, il n’avait pas de fascination particulière pour lui, il ne voulait pas de ce genre de relation. Ce que l’ex-mangemort partageait avec lui était différent. Il commençait doucement à comprendre, ses inquiétudes se dissipèrent sous l’interrogation d’un baiser. Mais cette histoire d’infidélité le préoccupait un peu. Comment s’assurer de ne pas redevenir un jour un amant comme un autre ? Il était jeune, il n’avait pas l’autorité d’un homme et tous ses sentiments ne seraient pas pris au sérieux. On dit que les adolescents sont instables, qu’ils se consolent vite d’une déception. Seulement il ne se voyait pas de cette façon. Il ne serait jamais volage. Les épreuves l’avaient rendu radical.
Plus détendu, James lui tourna une plaisanterie sournoise, le complimenta enfin, à demi-mots, en pinça son oreille entre ses lèvres. Un frisson l’étourdit, il s’enflamma, s’appuya sur lui et répliqua avec malice :


- On ne peut pas dire que tu te sois fait prier… C’était même plutôt l’inverse je crois…


Lui, il s’était contenté de le chauffer, l’expérience aurait pu se sceller par un baiser d’adieu à la sortie du bar où ils s’étaient rencontrés. Cependant, ils seraient rentrés insatisfaits, comme ils le resteraient tous deux si Isaac renonçait à ses caresses. Sa main demeurait serrée et immobile. Il embrassa James mais se détacha de ses lèvres avant que son désir ne devient incontrôlable. Tant qu’il le tenait en son pouvoir, il avait encore quelque choses à lui dire, deux petites conditions à lui soumettre afin d’éviter tout malentendu. Même en amour, le garçon faisait honneur à Serpentard. Tout se monnayait, surtout les lignes à peine lisibles au bas du contrat, et, pour en discuter, il devait garder les idées claires. Il plongea ses prunelles sombres dans celle de James et repris ses caresses lentement, avec une déloyauté parfaitement assumée.


- Je sais que je vais passer une partie de l’année enfermé à Poudlard et que tu ne te priveras pas pour t’amuser sans moi. Seulement, promets-moi deux choses…
- Il le fixa intensément. - Ne me cache pas tes aventures, parce que si nous sommes libres, alors la dissimulation devient blessante. Je ne pense pas que la fidélité du corps soit le meilleur garant d’un attachement, et par exemple… même si je n’ai pas de plaisir à le reconnaître, je sais que je n’aurais jamais été qu’une passade si ton ex était resté dans l’équation… Cependant… - Il s’interrompit un instant, la mine plus grave. Ce qu’il s’apprêtait à dire était pénible, mais nécessaire. - … jure-moi de me quitter si le jour où un autre homme aura ta préférence… - Il inspira profondément et poursuivit : - je ne veux pas être second, je ne veux pas être celui dont-on se lasse lentement et qu’on continue de fréquenter par habitude. Jure-moi de le faire…

Ses deniers mots s’étreignirent au fond de sa gorge. A présent, c’était son regard qui devenait suppliant, qui retrouvait cette expression à la fois farouche et sauvage d’un loup tremblant devant le bâton d’un chasseur. Difficile de connaître la réaction d’un animal blessé, il pouvait se recroqueviller ou mordre, et Isaac gardait cette ambivalence étrange. Il implorait et ordonnait tout à la fois mais rien dans son attitude ne semblait laisser un choix de réponse. Les caresses de ses mains et de sa bouche d’accentuèrent, il lui donna des coups de hanche légers mais beaucoup plus équivoques qu’ils ne l’avaient été deux heures plus tôt. Il se désirait une manière nouvelle, beaucoup plus entière.


- Mais je veillerai à ce que ce jour n’arrive pas tu sais…
, dit-il en posant une main ferme sur sa cuisse. Puis il se pencha sur son oreille et souffla d’une voix pénétrante et chaude : Je n’ai encore jamais fait ça…

Pour autant, il ne semblait pas intimidé par un acte qu’il avait assez subi pour en connaître toutes les nuances. Mais il n’avait jamais eu envie de changer un rôle qui convenait très bien à l’estime qu’il accordait à ses partenaires. Tant qu’il restait passif, il ne s’engageait à rien, les autres s’épuisaient pour lui. Néanmoins, il attendait une réaction de la part de James pour continuer.


You're not afraid of pain, I know what you did
But now the question is do you really dare to live?
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyJeu 6 Jan - 10:10:17

Longtemps... Les yeux mi-clos, James cherchait à se rappeler. Depuis quand ne s'était-il pas trouvé dans cette situation – avec, couché sur lui, un garçon capable de le regarder sans bestialité ? Les hommes qu'il avait connus récemment n'avaient pas le temps pour ce genre de futiles politesses. Il y avait en eux une hâte d'affamés, bien loin des allures de libertins raffinés que la plupart affectaient. Ils savaient pourquoi ils étaient là, et entendaient en profiter au maximum, sans s'égarer en caresses superflues. Pour la plupart, ils étaient d'honnêtes amants, mais l'amour n'avait pas sa place dans ces ébats anonymes. Aucun n'avait pris la peine de poser sur James un regard qui ne soit pas prédateur, aucun n'avait montré de gentillesse désintéressée – on n'était pas là pour ça, et le jeune homme ne leur en voulait pas.

Une intense vague de chaleur empourpra les joues du repenti, et la montée de la température n'était pas seulement due aux caresses plus suggestives ; sans le regard, le simple regard attentif d'Isaac posé sur lui, la réaction de James eût sans doute été moins forte, plus charnelle. Mais les prunelles sombres le détaillaient avec tant de soin qu'il sentait le rouge lui monter aux joues. Grim aussi avait de ces façons de le regarder, et, à bien y réfléchir, il avait été le seul, avant Isaac ; les femmes étaient moins avares, moins avides de jouissance, plus enclines à poser un oeil énamouré sur leur partenaire. Isaac se doutait-il que dans les méandres de son esprit, James le comparait à une femme ? La tendresse n'était pas une affaire d'hommes. Ils s'étaient d'ailleurs rencontrés en des lieux qui n'incitaient guère aux élans d'affection. L'espace d'un instant, le souvenir de Soho troubla James : comment ça, il ne s'était pas fait prier ? Il se rappelait avoir lutté, pourtant, moitié par respect pour Grim, moitié par peur des conséquences s'il apprenait la vérité... mais il avait fini par céder, non sans remords...

La température monta d'un degré encore, et ce fut précisément l'instant que choisit Isaac pour interrompre ses caresses. James émit un grognement de mécontentement, juste comme les lèvres du garçon se posaient sur les siennes ; ce n'était pas le moment de faire ce genre de coup, il n'était plus temps de jouer. L'adolescent le comprit d'ailleurs, qui ne laissa pas l'intermède se prolonger trop ; sa main effleurant à nouveau le corps frémissant de James, il posa ses conditions, sur un ton soudain grave. Que répondre, alors que ses caresses se faisaient dangereusement précises ? Ses exigences n'avaient rien de démesuré ou de tyrannique... Vu comme ça, le contrat de fidélité devait pouvoir être honoré. Le repenti promit dans un murmure, et ferma à moitié les yeux pour apprécier le contact. Il aimait plus que tout se trouver dans cette situation, pouvoir rester indolent à se laisser dorloter, comme un gros matou choyé ; il ne ronronnait certes pas, mais, avec la sensation de bien-être qui l'envahissait, il aurait pu le faire. Alangui, il ne répondit qu'un mot, d'une voix paresseuse, aux dernières paroles d'Isaac :


-Voyons...


* *


Ça, pour voir, on avait vu. Les prolos du quartier partaient déjà au boulot que les deux jeunes gens ne dormaient pas encore. Le sommeil eut pourtant raison d'eux, tandis qu'un jour étonnamment clair se levait sur Londres et promettait une nouvelle journée de chaleur.
Vers huit heures et demie, James se réveilla et jura à mi-voix ; il allait être en retard au travail, pour la première fois depuis son entrée chez Ollivander. Isaac protesta d'une voix endormie contre l'agitation de son compagnon qui rejetait le drap, sautait hors du lit, et entreprenait de trouver en vitesse des vêtements propres ; en entrant dans la salle de bains, il s'arrêta brutalement, en se rappelant la date. On était lundi, son jour de repos. Pas la peine de s'affoler.
On était lundi, et on avait tout le temps, songea-t-il voluptueusement en reprenant sa place dans le lit encore chaud.
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MessageSujet: Re: Dans la tanière du lapin (PV)   Dans la tanière du lapin (PV) EmptyDim 9 Jan - 0:43:37

[Bon, j'ai écrit quand même hein... S'cuz si l'inspiration est pas au top du top]

Les rougeurs de James étaient adorables. Son abandon changeait de ton, ils arrivaient doucement à quelque chose de nouveau, où les gestes devenaient le support d’un désordre mental bien plus grand, composé de mots, de regards et de silences soupesés. Cette émotion le rendait plus fou de désir qu’il ne l’avait jamais été. Le jeune homme le voyait enfin ; au-delà de l’enveloppe charnelle, l’expression d’une simple passion se déployait langoureusement. Il gardait le contrôle, la maîtrise parfaite des feux qui tiraillaient ses entrailles, pour faire durer le plus longtemps possible la douce tension qui les unissait. Il voulait profiter de lui de toutes les manières possibles, et obtenir la promesse d’être toujours respecté. James n’essaya pas de discuter les termes du contrat cette fois. Il ne lui laissait pas le choix. Ses caresses avaient mené le jeune homme à un état où il lui était tout bonnement impossible de refuser quoique ce soit. Cependant, les velléités du plaisir avaient leurs limites. Isaac songeait, plus assuré, que son amant n’aurait pas laissé un homme sans intérêt lui dicter sa conduite. La libido se contrôlait, l‘attitude conquérante qu’il venait d’adopter pour le garder en son pouvoir le prouvait.

Il était difficile de dire si cette aventure connaîtrait de véritables lendemains. La liberté de James n’était pas assurée, et ses belles paroles, ces engagements soupirés, s’envoleraient peut-être aux quatre vents, piétinés par les aurors, ravagés par un tribunal austère, jetés au fond d’une cellule de poussière. Mais ses inquiétudes étaient très loin de ces considérations triviales. La réalité les rattraperait un jour, d’une manière ou d’une autre, il refusait de s’en inquiéter. L’avenir se réduisait à ses yeux bleus à moitié fermés, à ses lèvres humides et frémissantes. Personne ne pouvait briser cet instant. Le jeune homme apaisé et indolent était prêt à se donner à lui. L’inversion des rôles lui faisait une drôle d’impression, il ne l’avait pas vraiment anticipée, mais sentir les pulsions d’un corps offert n’était finalement pas si désagréable. Peut-être même que cette situation finirait par lui plaire.

**

Et c’était bien, très différent de ce qu’il connaissait. Céder au rôle d’actif lui semblait jusqu’alors une sorte de faiblesse. Il aimait jouer à se rendre irrésistible, même avec James. Ses partenaires n’obtenaient rien de lui. Il s’amusait à les provoquer jusqu’à les faire craquer. Les voir sombrer dans la sauvagerie à cause de lui, pour lui, était sa récompense, une satisfaction de l’orgueil. Mais le jeune homme n’essayait pas de l’humilier, bien au contraire, il s’était donné sans histoires et sans chantages érotiques, avec une intensité assez surprenante au début. A l’évidence, la place préférée de James n’était pas celle à laquelle il l’avait contraint. Ça, il n’avait aucun mal à le comprendre. En pratique, ce rôle était nettement plus épuisant. Cependant, la sensibilité du partenaire aidait à faire oublier les premiers signes de la fatigue. Isaac n’était pas certain de trouver le même plaisir avec d’autres hommes. Qui d’autre que lui voudrait-il affoler, écraser et posséder ? Il était à lui, mais son extase était sienne, elle était la plus belle des réjouissances.

Cette seconde réconciliation les avait mené jusqu’à l’aube. Vaincus par la fatigue, ils avaient fini par s’endormir, sans un mot ni un ironique bonne nuit, d’un coup brutal. Mais, lorsque James s’agita deux heures plus tard à ses côtés, et que le lit se vida soudain de sa présence, il lui sembla qu’il venait à peine de fermer les yeux. Un « kestufais ? » incompréhensible lui échappa entre deux secondes de lucidité. Le sommeil revint presque aussitôt. Il se serra contre James dès que son corps retrouva sa place avec l’assurance de ne pas se réveiller avant le début de l’après-midi et de ne pas quitter ce lit avant un autre coucher de soleil.


[Fin.]
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