Une soirée d'hiver... [ PV Prue, celles du dortoir]

Les vacances venaient tout juste de commencer, et Angélina Fowl devait repartir dès le lendemain pour son manoir familial.

Elle avait passé sa soirée à faire ses malles, et elle sentait bizarrement fatiguée. Épuisée, elle s'était alors littéralement affalée sur son lit à baldaquin, pour sombrer dans un sommeil agité de cauchemars plus terribles les uns que les autres, comme autant de tentacules empoisonnées. Ne voulait-on pas l'enfermer, la tuer ? Elle courait pour s'échapper de cette ombre terrible, mais ses jambes semblaient emprisonnées dans du coton, et l'ombre s'avançait, s'avançait, pour l'étouffer lentement, la réduisant au silence, la privant de toute vie ! Poussant un véritable hurlement qui résonna lourdement dans le dortoir silencieux, elle s'éveilla, en sueur, apeurée, les larmes aux yeux. Elle avait besoin de réfléchir un peu près du feu, dans la Salle Commune. Elle avait besoin de se sentir seule pour une fois. De pouvoir être elle-même, sans le regard des autres, sans être assignée à ce rôle qui lui était dévolue depuis sa naissance : celui d'une marionnette sociale, qui faisait bonne figure sans jamais faillir.

Noël était en réalité une période difficile pour la jeune fille, qui avait été très choquée, quelques années plus tôt, par la mort de sa mère à la même époque. Il lui arrivait alors de faire des cauchemars terribles, de pleurer toute seule, dans le noir. Mais cette fois-là, à l'angoisse habituelle des fêtes, s'ajoutait une seconde, et pas des moindres. Elle avait devoir prendre un engagement qui allait peser sur toute sa vie. Elle allait signer pour ce à quoi elle était destinée, depuis toute petite.

Elle, d'habitude si soignée, si parfaite, avait à peine pris la peine de jeter une robe de chambre brodée sur ses épaules fluettes d'adolescente, et elle posa une main dans ses cheveux emmêlés.

Doucement, renfoncée dans uns des fauteuils moelleux, protégée par la pénombre d'une Salle Commune, elle se mit doucement à pleurer. Pourvu que personne ne l'entende... Pourvu que personne ne la surprenne... Cette nuit, non, elle ne pourrait pas le supporter. Elle, d'habitude de si bonne humeur, trouvait très reposant de pouvoir se lâcher un peu. Quand bien même le château était vaste, elle n'arrivait jamais à se trouver seule ; il fallait avouer qu'être seule avait du bon. C'était le moment de se libérer - elle ne pouvait plus tenir la façade si bien entretenue des jours interminables d'école.

[C'est très court, je suis désolée, mais je tenais pas à trop développer avant d'avoir seulement commencé le sujet avec toi ]

[HJ : aucun souci, c'est parfait I love you

]

Prue était juste ravie. Demain, elle retrouverait sa famille. Oh, c'était certain, la maison d'Helga était comme sa seconde famille. Mais "seconde" justement. Jamais elle ne pourrait remplacer la chaleur que lui apportaient ses grands-parents. Evidemment, elle se sentait bien dans sa Maison, parmi ses co-disciples... Mais ici, elle avait des responsabilités, des devoirs. Alors que chez elle, tout était si simple, si reposant. Oui, elle était contente de rentrer et de retrouver un peu plus de simplicité.

Elle avait préparé ses bagages avec entrain, en même temps que les autres filles du dortoir. La plupart de ses affaires étaient déjà empaquetées, en prévision de son retour tardif du bal, aussi n'avait-elle eu qu'à s'occuper des derniers préparatifs en rentrant à son dortoir. Elle s'était couchée comme une bienheureuse, n'attendant que le réveil du lendemain pour naviguer vers d'autres horizons. Les plus jeunes étaient déjà au lit, et Angie ne devrait pas tarder... Après tout, elle avait bien le droit de profiter de son cavalier - sans arrière pensée aucune !

La préfète s'endormit du sommeil des justes, sans rêve, de ces sommeils qui vous requinquaient et vous mettaient d'aplomb pour une grosse journée au réveil.

Mais au milieu de la nuit, un cri la tira de sa nuit. Mal réveillée, la jeune fille eut du mal à émerger, à comprendre ce qui se passait.
Ce ne fut que lorsqu'elle entendit un froissement de draps qu'elle comprit que l'une des filles de son dortoir venait de se lever. Lutant contre Morphée qui insistait pour la ramener entre ses bras, la Bronze et Or cligna des yeux pour essayer de mieux les ouvrir et tendit la main vers sa table de nuit pour y trouver sa fidèle paire de lunettes qu'elle chaussa, pour se sentir plus à l'aise. Ceci étant fait, elle saisit sa baguette et murmura un lumos dont elle maitrisa l'intensité pour ne pas perturber le sommeil de toutes ses camarades de chambrée. La seule qui manquait était Angie. Et Prue, malgré la fatigue, ne pouvait pas laisser son amie seule.

La jeune fille jeta par dessus ses épaules un châle lui permettant de ne pas attraper froid et glissa ses pieds dans ses pantoufles. Si Angie n'était pas dans son lit, elle était soit dans la salle commune, soit partie en vadrouille dans le château. Dans un cas comme dans l'autre, la Bronze et Or comptait bien la retrouver.

Fort heureusement, la jeune poupée n'était pas allée bien loin, épargnant à la préfète moult déambulations dans le château en pleine nuit.
Sauf qu'Angélina n'était pas à la fête. Bien au contraire. Elle sanglotait, seule, et paraissait si perdue dans son grand fauteuil. Le coeur de Prudence se serra. Elle n'aimait pas voir son amie dans cet état.
Avec douceur, elle s'approcha de la jeune fille. De face, pour ne pas l'effrayer. Arrivant à sa hauteur, elle s'agenouilla, et posa une main sur la cuisse de la jeune Fowl.

- Angie... Qu'est-ce qui ne va pas ? Je suis là... Je suis là pour toi.

Ses pleurs s'arrêtèrent avec brusquerie lorsqu'une main se posa sur sa cuisse, sursautant vivement au contact de ces mains incongrues qui se posèrent sur elle. Par un instinct profondément enfoui, elle avait brièvement abattue toutes ses défenses, et s'était si bien isolée en elle-même qu'elle avait du mal à émerger des causes de son chagrin, pour faire face à une nouvelle réalité, qui lui paraissait floue, comme à travers le voile d'un rêve. Mais son éducation était la plus forte, la poussant à cesser immédiatement de pleurer pour faire face à la personne qui n'avait pas le tact de la laisser à sa peine personnelle.

Sa première réaction fut d'afficher le sourire faux, automatique, qu'elle avait l'habitude d'arborer lorsque qu'elle était trop gênée pour parler. Le type de sourire que l'on apposait lorsqu'on ne pouvait pas faire autrement, que l'on était sur le point de point de fondre en larmes mais que la nécessité d'afficher un air présentable était absolue. Comme à cet instant précis, où à travers le brouillard de ses propres sentiments elle ne pouvait qu'à peine distinguer la personne en face d'elle, et qu'elle désirait par dessus tout qu'elle parte.
Ne pouvait-on jamais la laisser en solitaire, même à Pouflard ? Ou fallait-il qu'elle s'enferme dans les caves pour exploser, pour ne pas avoir à se conduire comme elle le devait, comme Père désirait qu'elle soit ? Pimpante, joyeuse, insouciante. Comme ces mots résonnaient faux à ses oreilles, en cet instant délicat !

Le premier instant de surprise passé, la jeune poupée se ressaisit un peu mieux. A la faible lumière de la baguette de son interlocutrice, elle reconnut le visage plus mûr que le sien de Prudence Hamilton, préfète de la maison d'Helga Poufsouffle, et très bonne amie malgré ses origines modestes. Allons bon... La jeune fille passa ses mains sur son visage, avant de pousser un gros soupir.
La préfète devant elle n'avait aucune mauvaise intention, et n'ayant jamais vu sa cadette dans cet état, s'inquiétait, de manière probablement légitime. Que lui dire qui ne soit pas faux ? Qui ne soit pas convenu, pour une fois ? Peut-être la vérité – mais cela ne serait pas délicat. Encore une fois, la vie en société la rattrapait, l'enserrait, lui dictait sa conduite, la murait plus sûrement dans un carcan que si elle eut porté une de ces merveilleuses robes à corset que portaient les femmes de la maison Dmitriev depuis des centaines d'année et dont elle en avait eu plusieurs modèles. Ce serait une de celles-là qui serait sa robe de fiançailles, lui avait annoncé son père avec entrain dans sa dernière lettre. Rajustée, rafraichie, mais antique, dans une ampleur traditionnelle et bienséante.

Angélina darda un regard qui avait perdu son sourire, même crispé. Elle-même paraissait fatiguée, à la limite de l'épuisement moral. Si la soirée s'était très bien passée, son cavalier poli et galant, elle avait deviné l'ennui qui filtrait dans l'ombre de ses yeux. Il n'aimait pas les soirées « mondaines », même si celle-ci n'en était qu'une pâle copie. Il n'aimait pas la foule, ni les délicatesses de société. Il aimait la violence, l'ardeur du sport, les acclamations de la foule, l'odeur de sueur forte qui émanait de tous ces corps solides où la vie était simple. Les alliés, les adversaires. Un monde que ne connaissait presque pas la petite fiancée délicate qui exécrait en réalité toutes ces choses masculines !
Un besoin impérieux remonta sur son nez, vers ses yeux qui se remplissaient à nouveau de larmes impossibles à refouler. Il fallait que Prudence parte, maintenant, tout de suite ! Elle allait exploser à nouveau, se transformer en ces fontaines minables sous l'effet de cette peur absurde qui l'emplissait toute entière, sans force devant l'inéluctabilité du lendemain. Les vacances. Deux mots qui sonnaient d'habitude si bien, qu'elle attendait avec tant d'impatience ! Tout ceci n'avait aucun sens. Il ne fallait pas qu'elle se remette à sangloter comme une lavette..!

Une voix étranglée, brisée par les émotions sortie de sa gorge. Méconnaissable de celle, si douce, si enjouée de la façade qu'elle arborait chaque jour de sa si jolie, enviable vie. En apparence seulement.

- "Prudence... il est tard... tu devrais te reposer... je vais bien... j'ai juste mal aux yeux."

A nouveau, les fragiles barrières lâchèrent. Elle se remit à pleurer, comme si rien ne pouvait l'arrêter, dans un torrent de larmes angoissées. Elle ne pouvait rien faire pour l'empêcher ! Mais par Merlin, il fallait s'arrêter ! Il fallait … il fallait se ressaisir...

- "Tu … tu … je vais bien... pars te coucher."

Ses mains aux ongles parfaits s'accrochèrent avec désespoir à la chemise de nuit de son amie, démentant immédiatement ses propos pseudo-rassurants.
Elle voulait que son amie reste, à tout prix ! Le monde serait trop terrible, sinon.

La réaction de la jeune fille fut si brusque au contact physique que Prue sursauta légèrement, brisant le lien un instant avant de le rétablir avec douceur. Prudence était un peu désemparée de voir son amie dans cet état. C'était la première fois qu'Angélina lui paraissait si... vulnérable. La jeune fille passait ses journées à rechercher la perfection. Le moindre de ses gestes était calculé, millimétré. La voir ainsi, naturelle mais si fragile... cela était si étrange. Presque choquant. Et Prue essayait de comprendre ce qui pouvait avoir ainsi annihilé les forces de celle qui, quelques heures plus tôt, brillait de mille feux au centre de la Grande Salle. Il fallait que ce fut un évènement grave pour qu'Angélina perde ainsi la prestance qui lui était coutumière. Et cela inquiétait la préfète au plus haut point. Elle n'aimait pas voir son amie souffrir de la sorte.

La petite princesse tenta une excuse en rien crédible. Mal aux yeux. Bien sûr. Et Slughorn était le plus séduisant enseignant de Poudlard aussi, tant qu'on y était.
Pour autant, Prue n'avait pas vraiment le cœur à rire. Elle cherchait les mots. Pour réconforter Angélina. Mais ils n'étaient pas simples à trouver, car la préfète ne savait pas ce qui tourmentait son amie. Les sanglots qui se faisaient plus lourds encore lui brisaient le cœur.

- Non, répondit-elle d'une voix douce. Je reste là.

Les longs doigts de la poupée de porcelaine s'enroulèrent dans sa chemise de nuit, et Prudence se releva légèrement, pour se porter à la hauteur de son amie et, avec précautions pour ne pas lui imposer un contact dont elle ne voudrait pas, l'attira doucement vers elle pour la prendre dans ses bras.

- Pleure Angie, pleure. Il n'y a rien de mieux que des bras amis pour y noyer son chagrin. Je resterai tant que tu auras besoin de pleurer. Tu te sentiras mieux après.

Prue savait que cela ne résoudrait pas les soucis de la jeune fille. Mais verser de bonnes larmes permettait souvent d'évacuer au moins une partie des tensions. Et elle espérait que son geste protecteur mettrait Angie en confiance. Suffisamment pour qu'elle se laisse un peu aller.

- Et si tu as besoin de parler... Je suis là.

Elle n'osait pas lui demander directement de lui dire ce qui n'allait pas. Angélina n'évoluait pas dans les mêmes sphères que la sixième année, et Prudence ne voulait pas brûler les étapes. Mieux valait ne pas brusquer la jeune fille, qui était déjà dans un triste état.

La jeune fille mit ses mains blanches devant ses yeux, pour les essuyer avec douceur, afin de ne pas avoir de marques rouges. Elle se sentait stupide de montrer ainsi ses faiblesses. Mais étonnamment, Prudence n'avait pas l'air d'être en colère, ou elle ne se précipitait pas lui arracher les aveux de la bouche.
Elle réussit à former un sourire douloureux à son amie. Comment décrire le mal qui la rongeait ? Comment dire de ce qu'elle avait sur le cœur, en faisant comprendre que ce qui avait l'air d'une tradition antique et barbare n'était que normale dans son propre milieu ?

Angélina soupira. Oui, elle avait envie de parler, de se confier un peu.
D'abord, il valait mieux l'inviter à s'asseoir, dans les règles. Pour être polie. Quelle horreur de se dire que son amie pouvait la prendre pour une fille vulgaire !

- "Tu veux venir t'asseoir un peu ? Je te suis très reconnaissante de ta délicatesse, tu sais."

Encore un soupir. Elle baissa les yeux, gênée. Ses mains tordirent sa jolie robe de chambre. Il fallait qu'elle se lance, ou elle allait se remettre à pleurer. Mais par quoi fallait-il commencer ? Jamais encore elle n'avait parler de sa mère. Non, non, ce sujet-là, elle était incapable de l'aborder.
Le sujet de ses récentes fiançailles étaient moins sensible. Il fallait qu'elle parle - au moins une seule fois dans sa vie - de ce fameux Secret Inviolable. La jeune poupée avait soigneusement évité d'en reparler avec son futur, ni même de se renseigner trop avant sur le sujet.

-"Pendant les vacances, d'ordinaire, Père m'organise beaucoup de choses. Tu sais, je voulais devenir danseuse de ballet. Alors depuis des années, Père garde un précepteur au manoir pour qu'il m'enseigne ce qu'une femme doit savoir. La philosophie, des mathématiques, des cours de danse bien sur, des cours de maintien et de la broderie. Enfin, je suppose que tu sais tout ça. Mais... c'est un peu différent maintenant. Parce que ... parce que j'ai... un peu peur, aujourd'hui."

Elle retint ses larmes à nouveau.

-"Après-demain, je vais prêter un Serment Inviolable. S'engager autant, jusqu'à la mort... c'est effrayant. Tu sais, ce Aleksei ? Avec qui j'étais au Bal... Eh bien...Il y a un mois et demi, j'ai reçu une lettre de Père. Et avec ce russe... il se trouve que nous sommes lointains cousins. Alors, je lui ai dit que je consentais au mariage s'il.. s'il me disait tout, dans le futur. Et j'ai dit d'accord. Et la cérémonie de fiançailles est prévue pour après-demain. Et il y aura des journalistes, et tout le Ministère, et ... Père veut devenir Sénateur. Il pense que cet évènement va aider sa carrière. Après-demain, ils sont fous ! Je suis folle... J'ai l'impression de vivre un .. cauchemar."

Angélina Fowl se leva. Jamais elle n'aurait pas parler de tout cela ! Se fustiger, fustiger son nom, quelle attitude constructive ...!

- "Pardon de t'avoir dérangée, Prue. On devrait aller dormir... Tu es très gentille. Je te demande pardon. Je suis stupide. Ce n'est pas digne d'une Fowl de pleurer comme une idiote pour des broutilles."

Un instant, Prue craignit que les barrières d'Angélina fussent à nouveau relevées : la jeune fille ne faisait que l'inviter à s'asseoir, mais elle le faisait à nouveau avec toute l'emphase demandée par son rang. Il ne fallait pas qu'elle se retranche derrière ses bonnes manières ! Si sa sincérité et sa fragilité battaient en retraite, la préfète ne lui serait plus d'aucun secours !
Mais elle ne savait pas trop comment s'y prendre pour ne pas perdre ce contact et, soucieuse de ne pas brusquer son amie, elle accéda à sa requête et s'assit à ses côtés. Elle ouvrit la bouche pour essayer de relancer la petite poupée avant que tout soit perdu, mais elle n'en eu pas besoin. Ce qui rongeait la belle devait être bien lourd pour que la bonne éducation de la jeune Fowl ne parvienne pas à le chasser de son esprit. Angélina se lança. Et au fur et à mesure de son récit, les yeux de Prudence s'écarquillaient de plus. Un serment inviolable ? Un mariage arrangé ? Merlin les gardent, Prudence pensait pourtant ces temps révolus, même si les familles de sang pur conservaient d'archaïques traditions ! Il était légitime pour Angélina d'avoir peur, face à cette étape critique qui allait sceller son avenir - brider ses jeunes années.
Prudence en était sans voix. Son amie, sa jeunesse, son amour, sacrifiés sur l'autel de l'ambition politique de son père. Quelle horreur. Oh bien sûr, Angie semblait rayonnante, ce soir, au bras de son promis mais... Ils étaient si jeunes ! Comment pouvaient-ils prendre ce lourd engagement à seulement quinze ans ! C'était si... injuste. Egoïste. Une vague de colère passa dans le regard de la ronde jeune fille, mais elle la chassa. L'impératif était de réconforter son amie.

- Tu n'as pas à t'excuser Angie. Tes angoisses sont plus que légitimes. Des broutilles ? Qu'est-ce que tu racontes ! C'est... incroyable tout cela. Moi je crois qu'au contraire il a fallu beaucoup de courage et d'abnégation pour accepter ce... marché.

La sincérité du père des Fowl était-elle si difficile à garantir pour que sa propre fille fut obligée de se soumettre à un serment inviolable ? Prudence n'arrivait pas à concevoir un tel manque de confiance mais comprenait le besoin de son amie.

- Mais... il n'y a pas d'autre solution ? Je veux dire... Cette union est vraiment inéluctable ? Tu ne peux pas attendre quelques années encore ? Vous êtes si jeunes ! Ton père ne veut pas entendre cela ?

Non, Prudence n'avait pas envie d'aller se coucher et d'abandonner Angélina à ses cauchemars. Pas du tout envie. La jeune fille si calme et si douce d'ordinaire était révoltée par ce que son amie lui avait annoncé, et, même si elle ne comprendrait sans doute jamais le fin mot de l'histoire, elle voulait au moins la soutenir autant qu'elle le pouvait.

La jeune fille sourit nerveusement à son interlocutrice, avant de se mettre à déambuler en faisant les cent pas dans la large pièce.

Les questions innocentes de son amie la touchait plus qu'elle n'osait se l'avouer. Il fallait dire qu'elle n'avait pas souvent réfléchi aux tenants et aux aboutissants de toutes ces traditions désuètes pour la plupart du commun des mortels, et du haut de ses quinze ans et deux mois, n'avait jamais pris la peine de remettre en question la parole et les désirs sacro-saints de son cher géniteur. Si elle savait d'instinct lorsqu'elle pouvait regimber sans faire de mal à quiconque, quelque chose de profond, qu'elle était bien entendu incapable de nommer, l'empêchait de se rebeller contre ce qu'elle appelait par défaut son « devoir ». Sans doute étais-ce son éducation, dressage jusqu'au tréfonds de l'âme qui la mettait elle-même dans la cage dorée dans laquelle elle évoluait depuis qu'elle était née ?
Pour la première fois de sa courte existence, Angélina se mit à se poser des questions. A chercher des réponses là où auparavant, la demoiselle se contentait de suivre une voie déjà tracée par d'autres. Début encourageant, mais qui n'était évidemment sans arranger ses affaires... ni son état d'esprit du moment. La panique la submergea à nouveau, et ses épaules se remirent à trembler. Sa mère n'aurait pas du mourir ! Elle aurait du tout lui expliquer, pouvoir la prendre dans ses bras, lui expliquer avec patience toutes ces choses que Père semblait vouloir tenir secrets le plus longtemps possible. Pouvoir s'occuper d'elle et non la laisser comme aujourd'hui, inquiète de son futur, incapable de se rassurer par les paroles toutes faites d'un père gentil mais un peu maladroit.
Non, décidément, la vie était moins simple qu'elle n'y paraissait ! Pourquoi se marier si jeune, alors que son père lui-même ne s'était pas marié tout de suite …? Ce n'était pas juste, vraiment pas juste. Elle serra ses poings blancs, tandis que la lumière se faisait jour en elle. Logique. Il y avait une raison logique à cela, et lentement, le puzzle se reconstituait dans sa tête. L'époque... était difficile pour les grandes familles. Les Malefoy se retrouvaient écrasés, décimés, ou déshonorés. Quelques autres familles de sa classe avaient connus le même sort ; et il fallait au plus vite que les nouvelles générations s'unissent, pour que les Sang-Pur se réunissent un peu et puissent faire front à... à la modernité qui envahissait tout. Ce n'était pas la seule raison, mais il lui semblait avoir déjà un bout de l'écheveau.

Doucement, la cinquième année se retourna vers Prudence, avant de lui dédier un sourire un peu énigmatique, très tendre.

- "Tu sais, Prue, il me semble que c'est à cause de ce fou de Harry Potter. Je veux dire... il paraît qu'il a sauvé beaucoup de monde et je veux bien le croire. Je n'étais pas à Poudlard, mais ma demi-soeur et mon frère ont fait leur scolarité ici, alors je pense qu'il est difficile de juger, néanmoins... en tuant Vous-Savez-Qui, c'est comme s'il avait ébranlé des fondations qui … étaient là depuis toujours. Et mon père, et tous les adultes ne veulent pas de changement. Ils n'arrêtent pas de répéter que la tradition est importante, qu'on doit s'y plier parce que c'est la règle, mais ça les arrange un peu. Enfin, je crois. Ils ont besoin de la jeunesse pour se ressouder, pour créer... un espèce de rempart contre toutes ces choses nouvelles, les décisions du ministère, et tout. Je ne sais pas... si je suis claire. En plus, il m'a dit que cela lui ferait de la peine si je refusais. Je ne voudrais pas qu'il soit triste."

Avec lenteur, la Poufsouffle en chemise de nuit revint s'installer dans le large fauteuil moelleux. Elle trouvait la chose un peu cynique, mais il fallait avouer que son raisonnement tenait la route. Malheureusement, peut-être ? Elle ne savait pas bien. Elle n'était pas mécontente de son sort, pas du tout. C'était juste que dans ce cas-là, les adultes n'auraient peut-être pas du la tenir à l'écart de leurs décisions.

- "Mais tu sais, après le Serment Inviolable, ils me laisseront entendre ce que je veux. Comme une adulte. Cela sera chouette, tu ne trouve pas ? Ils vont me prendre au sérieux. C'est Aleksei qui a fait la proposition. Tu sais, il est russe. Je crois que comme son père est ambassadeur, il connait pleins de secrets d'État. C'est très important. Tu es fière de moi, dis ? Tu voudras venir aux fiançailles ? Les invitations ont été envoyées il y a longtemps, mais je peux dire de faire préparer un service de plus. Et tu sais, Père m'a envoyé une grande robe traditionnelle. Elle est drôlement serrée à la taille... c'est à cause du corset."

Elle s'agita un peu sur son siège, comme si un brusque babillage allait faire partir sa peur et sa nervosité trop longtemps contenues.
Puis, brusquement... une question lui vint aux lèvres.

- "Tu crois qu'il y a un moyen de retarder l'échéance maintenant ?!"

Immédiatement, le rouge lui vint aux joues. Elle avait honte de ses propos...

Déjà, Angélina s'était remise sur ses pieds et traversait nerveusement la pièce de part en part. Prudence était désolée de voir son amie dans un tel état. Mais elle peinait à trouver les mots. Jamais elle n'aurait deviné que ce qui préoccupait la jeune princesse était si... Enorme.
Tandis qu'Angélina semblait réfléchir, perdue dans ses pensées, la préfète, quant à elle, essayait de se représenter ce que cet engagement pouvait représenter. Dans une famille comme les Fowl, l'acte devait être chargé de significations. De traditions. D'alliances. Pas simplement la joie d'unir deux êtres qui s'aimaient. Oh bien sûr, Angie semblait apprécier celui qui avait été son cavalier le temps du bal mais, si jeunes, ils ne savaient même pas ce qu'aimer voulait réellement dire. Alors non, ce ne serait pas un mariage d'amour. C'était désolant. Les traditions dénaturaient beaucoup de choses. La Bronze et Or avait du mal à imaginer la pression que pouvaient subir les enfants de telles familles au quotidien. Chez elle, tout n'était qu'amour, écoute et partage...

Et puis Angélina revint à la charge, annonçant une hypothèse qui laissa d'abord la sixième année perplexe. La faute à Harry ? Mais, comment... En réalité, l'idée de son amie tenait la route. La fin de son raisonnement était même pertinente. Mais pourtant, si la jeune fille venait de faire montre d'une grande maturité, elle redevenait bien vite l'adolescente qu'elle était réellement, son discours oscillant entre sérieux et préoccupations d'enfant. Ne pas rendre triste son père. C'était bien joli, mais le paternel se souciait-il, lui du drame psychologique que sa fille vivait ? Un adulte aurait pu envoyer valser ces résolutions arbitraires. Angélina, elle, se cherchait des excuses, et en cherchait à sa famille, pour faire passer la pilule, tant aux yeux de Prudence qu'aux siens. Ca, c'était triste.

Prudence posa longuement son regard sur son amie, hésitant sur la conduite à tenir. Elle voulait vraiment réconforter la poupée de porcelaine, mais elle ne cautionnait pas tout son discours, toutes ses justifications. Et si elle était tout à fait honnête, elle risquait de la blesser. Par Merlin, elle ne le voulait pas. Pas plus qu'elle n'avait envie de lui mentir.

- Oui Angie je... je suis fière du sacrifice que tu sembles prête à faire. Il est certain que tu mettras un pied dans le monde des adultes mais... Je ne sais pas si c'est... bien. Tu n'auras plus droit à ton enfance. Tu ne t'appartiendras plus entièrement. Les obligations auront main mise sur une partie de ta vie... Je sais que tu n'as pas vraiment le choix. Mais j'ai du mal à l'accepter. De cette évidence, non, je ne peux pas être fière pour toi.

La jeune fille se mordit la lèvre. Elle espérait ne pas y être allée trop fort. Elle poussa un soupir.

- Je serais ravie de venir te voir aux fiançailles. Tu seras évidemment splendide. Mais... je viendrai pour toi. Pas pour votre union. Et euh... je n'y serai sans doute pas très à l'aise, car euh... ce n'est pas vraiment mon milieu. Mais si ma présence peut t'être plaisante, je serai là pour toi. Je tiens à toi.

Pourquoi d'ailleurs, elle n'en savait rien. Prudence ne fricottait pas avec les filles du genre de Craft, McLane ou Dawster. Et la cadette des Fowl leur ressemblait étrangement. Pourtant, il y avait chez Angélina une touche de fragilité et de sincérité qui avait séduite la préfète. Elle voyait le coeur d'Angie. voilà ce qu'elle appréciait, pas ses manières. Coeur qui parla à ce moment précis, prenant le pas sur la raison.

- Je... ne sais pas. Ce n'est pas mon monde, je ne connais pas toutes ces coutumes, ces traditions. Mais... j'ai bien peur que ce soit très difficile.

Et c'était un euphémisme. De ce qu'elle devinait de la puissance des deux familles, elle se doutait que c'était une véritable machine de guerre qui était lancée. Rien n'était jamais inéluctable mais pour l'arrêter, les sacrifices seraient plus grands encore. Demander simplement un report serait sans nul doute inconcevable dans de bons termes. Se rebeller, se fâcher avec sa famille ? Couper les ponts ? Ce serait s'infliger soi-même une plaie ouverte. Au fond, la question fondamentale était...

- Angélina. Qu'est-ce qui t'importe le plus ? Ta famille et ses traditions ou ta liberté de penser et d'agir ? Là réside la réponse. Si ta famille compte plus que tout, alors ce mariage n'est qu'une étape, et tu finiras par t'habituer à l'idée. Je le comprendrai. Mais si tu veux être maîtresse de ta vie à venir, alors il faudrait être capable de choix et d'actes difficiles. Car refuser l'union sera sans doute un affront difficile voire impossible à pardonner dans des familles comme les vôtres...

C'était un véritable choix que la jeune fille énonçait à son amie. Pas seulement entre la résignation et le quotidien douillet et la bravoure et une vie de combats. Non, les deux voies avaient leurs vertus. Mais le choix n'appartenait qu'à Angélina. Pas à son père.

L'adolescente se figea sur place en écoutant son amie parler. Si elle avait sourit avec tendresse en comprenant à quel point cette fille-là était son amie – aussi étrange que cela ait pu lui paraître au tout début – Angélina n'en demeurait pas moins estomaquée devant l'audace du choix que lui proposait Prudence.
Impossible de répondre sans réfléchir, pour une fois. Impossible aussi de se voiler la face comme elle savait si bien le faire. Se marier, par amour pour Alekseï ? Bien qu'il soit son cousin, elle ne le connaissait que depuis un mois, tout juste. C'était un peu tôt pour qu'il soit réellement question de l'amour flamboyant et enivrant décrit dans les romans à l'eau de rose qu'elle dévorait le soir dans son lit, bien qu'elle le désirât très fort. L'adolescente n'avait pas très envie de voir s'étendre devant elle un avenir aride, vide de toute promesse de passion et de tendresse. Abdiquait-elle toute liberté d'action et de pensée en se liant à son futur promis ? Certes, elle se pliait à un enjeu majeur de la famille, à savoir nouer des relations officielles pour étendre l'influence des Fowl jusqu'en Russie, mais … cet homme aurait-il des droits sur elle ? Aurait-il le pouvoir de la forcer à obéir à ses souhaits ? Père ne pouvait pas laisser faire cela. Oh, non. Mais... il avait déjà annulé ses projets de mariage concernant les Craft – il pouvait fort bien avoir des plans différents de ceux auxquels la jeune fille avait entendu parler.

La Poufsouffle s'agita sur son siège, après quelques minutes d'immobilisme total. Pouvait-on réellement dire « non » à son père ? Provoquer une honte publique, devant les journalistes, devant tout ce qui comptait dans le monde sorcier ? Maitresse de sa vie... C'était étrange à penser. Angélina savait bien que les filles n'étaient que des pions à avancer, mais elle avait toujours pensé qu'elle ferait à sa guise. L'échéance était si près ! Il fallait prendre une décision. Maintenant.
Une grimace se dessina sur son visage d'ange. Elle se frotta les yeux : elle était très fatiguée, mais il lui serait certainement impossible de dormir.

- "J'ai l'impression que tu penses que Père ne se soucie pas de mes désirs, parce que je suis … une fille. Mais, depuis que je suis née, j'avais un autre fiancé. Nos deux pères s'étaient entendu, jusqu'au début de cette année. J'en avais parlé à Malicia quand on s'est croisé par hasard sur le Chemin de Traverse. C'est ma demi-sœur, tu sais ? Elle n'a jamais vu Père. Enfin, bref, la question c'est qu'il m'a écouté quand je lui ai dit que c'étaient des gens qu'on soupçonne beaucoup d'avoir fait parti des Mangemorts, tout ça, et que du coup... eh bien, il a rompu toute relation avec les Craft. Tu sais, il ne voudrait pas que je sois affiliée à ce genre de personne ! Il m'a trouvé un autre homme, pour me plaire... enfin, je crois. Des cousins à nous. Des gens irréprochables ! Alors, je ne peux pas me plaindre."

Seulement quand l'angoisse prenait le pas sur l'excitation.

- "Je sais bien que l'opposition.. est impossible. Demain, il y aura des journalistes. Des personnes du Ministère, et aussi du côté russe, je crois. Si je dis non... je n'ai plus qu'à changer de pays. Où est-ce que je pourrais aller ? Personne ne voudra d'une jeune fille qui a déshonoré son nom, sali son père, devant toute l'Angleterre. Ulrich ne me pardonnera jamais de modifier aussi sa vie. Je ne peux pas vivre sans eux. Je les aime, tu sais, Prudence ? J'ai besoin d'eux. Peut-être que ce n'est pas pour rien que le Choixpeau m'a envoyé à Poufsouffle. Je viens tout juste de me rendre compte que c'est envers eux que je suis la plus loyale. Peut-être que tu me trouve peu courageuse, et tu as sans doute raison. Je ne peux pas désobéir... ce serait comme si je profanais … la tombe de ma mère."

Une grande inspiration, pour essayer de se calmer. Deux grosses larmes refirent surface dans les yeux bleus de la jeune fille.

- "Même si tu n'es pas fière de moi, on restera amie, n'est-ce pas ? On est différentes, je le sais bien. Mais je n'ai pas envie de renoncer à ton amitié. Ils me prennent tous pour une pimbêche, et c'est sans doute vrai. Mais l'un n'empêche pas l'autre, je pense. Je suis fière d'être une Fowl. Et contrairement à ce qu'ils pensent tous dans ma famille je suis aussi fière d'être une Poufsouffle. Père pense qu'il n'a qu'un ramassis de futurs sous-fifres ici – je l'ai entendu en parler à Ulrich. Mais je suis contente de faire partie des vôtres. Tu vois ? C'est ma petite rébellion secrète. Je... te remercie, de tout ce que tu fais. Ce n'est pas le genre de choses que je peux dire à Ange. Elle est trop jeune. Elle ne comprendrait pas mon... cas de conscience."

Brusquement, Angélina n'y tint plus. Elle se lova contre son amie, pour l'étreindre avec vivacité.
Un murmure à l'oreille de Prudence.

- "Tu n'es pas obligé de venir si cela ne te plait pas. Je t'aime fort, toi aussi. Mais pense à moi, demain... Et file dormir, maintenant. Tu ne pourras pas te réveiller sinon. Et... merci."

L'étreinte se dessera, et Angélina dessina sur son visage un magnifique sourire colgate, comme elle savait si bien les faire.
Visiblement, miss Perfection avait repris sa façade habituelle...

Angélina s'était figée. Visiblement, le discours de Prudence avait fait mouche. La préfète sentit son coeur se serrer dans l'instant. Elle ne voulait pas blesser son amie, la mettre plus mal qu'elle ne l'était déjà. Mais elle considérait l'honnêteté et la franchise comme des vertus, et voulait être juste avec la cadette des Fowl. Lui mentir ne serait pas lui faire honneur.

La petite poupée mit un moment à formuler ce qu'elle avait sur le coeur. Mais lorsqu'elle fut prête, ce fut un flot de paroles qui sortit de ses délicates lèvres. Des mots justes. Honnêtes. Qui venaient du coeur d'Angélina. Pas de la façade qu'elle laissait voir en public.
Prudence comprenait. Elle ne jugeait pas. Elle ne partageait pas la vision de son amie, mais elle la comprenait, oui. Et plus Angie parlait, plus la préfète avait envie de la prendre à nouveau dans ses bras. Il ne devait vraiment, vraiment pas être facile de s'appeler Angélina et d'être à Poufsouffle dans une famille comme celle des Fowl. Sans compter le décès de sa mère... A cet instant, Prudence fut vraiment fière de son amie, et un sourire réconfortant naquit sur son visage. Elle fut soulagée lorsque la petite princesse se lova spontanément contre elle. Elle en avait besoin. Et même si la préfète avait bien d'autres préoccupations que sa cadette, elles partageaient certaines blessures.
Prue lui rendit son étreinte, chaleureuse et puissante.

- Je viendrai, Angie. Je viendrai te voir pour ce jour qui sera si particulier pour toi. Et je penserai à toi demain.

La jeune Fowl relâcha son étreinte et s'écarta doucement de son amie, souriant comme à l'accoutumée. C'était fini. Angélina avait à nouveau érigé le masque qui la protégeait. Cela peina un instant la jeune fille, mais c'était ainsi.
Plongeant ses yeux dans ceux de son amie, la préfète murmura :

- Je serai toujours là pour toi, Angie. Sois-en sûre.

Passant sa main sur la joue blanche de la demoiselle, elle passa une mèche de ses cheveux ondulés derrière son oreille avant de se lever et de déposer un doux baiser sur le front de son amie.

- Bonne nuit Angélina. Je penserai à toi demain. Il est temps pour toi aussi d'aller te reposer. Une grosse journée t'attend.

Avec un sourire, la jeune fille s'éclipsa, retournant dans son dortoir pour laisser à la cinquième année un peu de solitude qui lui serait sans doute nécessaire pour apaiser ses pensées et trouver le sommeil.