La jeune gryffone avait cessé de grogner à l’encontre de la petite pimbêche des serpents, préférant se concentrer sur le reflet qui se présentait devant elle et sur l’image qu’il renvoyait à elle-même et à la petite Mairin. Et dans le fond, elle remercia intérieurement sa petite camarade de lui ôter la chipie de la tête.

Ethel se tourna et se retourna devant un miroir pour voir quel effet la robe avait sur elle. Elle n’était pas habituée à porter ce genre de vêtements, se réservant plutôt pour des jeans et autres tenues décontractées quand elle ne portait pas l’uniforme de sa maison. Mais de se voir avec cette robe, de voir combien ses courbes étaient féminines sous le tissu, cela la rendait à la fois fière et timide.

Les compliments de sa cadette la touchaient. Il lui arrivait d’en recevoir à la maison, de la part de ses ainés. Elle avait toujours entendu à quel point elle pouvait être jolie étant enfant. Mais, entendre de telles paroles par quelqu’un d’extérieur et de plus jeune, cela donnait à l’adolescente un certain blason en tant que modèle potentiel. Et, cela la flattait.

« Merci Mairin, tu es gentille ! »

Elle se recula de devant le miroir et s’appuya contre son lit, prenant garde de ne pas froisser le tissu. Il manquerait plus que ça. Alors que la galloise s’interrogeait sur l’impression qu’elle donnerait en tenue de soirée à Billy, Mairin elle, s’était relancée dans la recherche du nom de son petit-ami. Elle avala un gloussement en entendant le nom du préfet de leur maison. Non, Mairin était bien à côté de la plaque. Enfin, elle touchait un mini bout. Mais lui donner un indice serait trop facile.

Elle fit « non » d’un signe de tête, un sourire malicieux pendu à ses lèvres.

« Non ce n’est pas un préfet ! »

N’empêche, si la gamine avait cette faculté de trouver facilement les réponses, le jeu serait vite écourté et la délectation qu’avait Ethel de la voir chercher s’évanouirait rapidement.

Le contact du tissu sec de la robe de soirée contrastait avec la peau fraiche de la cadette Perks, lui provoquant des frissons. Nul doute qu’elle serait bonne pour un passage à l’infirmerie le lendemain et, elle écoperait d’une semaine de traitement avec fumée s’échappant de ses oreilles. Elle haussa les épaules. Elle se vengerait tôt ou tard de Bluenn Northington.

Mais la vengeance était un plat qui se mangeait froid. Pour l’heure, elle était avec Mairin qui tentait, en vain, de deviner le nom du garçon qui l’accompagnerait au bal. Et ça, c’était divertissant. C’était une gamine tout ce qu’il y avait d’intéressant. Elle était vive, curieuse et coriace par-dessus le marché. Une vraie disciple de Godric.

« Il faut savoir s’amuser un peu, ça ne fait pas de mal ! »

Jusqu’à présent, Ethel s’était toujours débrouillé pour ramener des résultats corrects. Ni trop bons ni mauvais. Elle n’était pas un génie, mais elle n’était pas non plus un cancre. Mais, en parallèle de ça, elle savait se faire des amis par sa générosité, sa joie de vivre et son courage.

« Et, on peut rafler de bonnes notes sans pour autant être un génie. Il suffit de travailler et de comprendre ce que l’on étudie ! »

Et la conversation dévia à nouveau vers les amours de la galloise. Ce qui était intéressant avec la jeune Mairin, c’était qu’on ne s’ennuyait pas sur un seul sujet embarrassant et monotone. Apparemment, la fillette était déterminée à connaitre le nom de l’amoureux secret de son ainée et, elle ne lâcherait pas quoiqu’il arrive. La détermination, autre trait qui caractérisait les gryffondor et dont la petite fille semblait déborder.

« Et ben dis donc, tu passes facilement du coq à l’âne », avait répondu Ethel en riant, « Non, ce n’est pas une fille et disons qu’il est plus jeune que moi ! »

Ethel abdiquait trop facilement, c’était pathétique.

Mairin allait vite en déduction. C’était fort ennuyeux, ça laissait peu d’issues à Ethel pour qu’elle s’en sorte sans en dire trop. Mais, malheureusement, elle lâchait bien trop vite les indices pour trouver un moyen d’échapper à la vivacité d’esprit de sa cadette. Cette dernière ne lui laissait pas le choix de toute manière. La galloise avait l’impression de jouer à un de ces jeux moldus où il fallait deviner l’identité d’un personnage en déclarant s’il était chevelu ou non, s’il avait des lunettes, s’il était blond ou brun et plus encore. Cela avait au moins l’avantage d’être divertissant.

La gamine mit vite la main sur la carte maitresse, sans pour autant la deviner. Et, comme si elle voulait soit préserver le suspens soit laisser un instant de répit à Ethel, elle proposa à son ainée de redescendre dans la salle commune pour aller surveiller ses sucreries. Bonus pour Miss Perks qui gagnait quelques secondes pour élaborer un plan de secours. Enfin, c’était quasi sans issue.

Mairin désigna la robe de bal, en affirmant qu’elle ferait mieux de se changer pour éviter de l’abîmer. Ce qu’Ethel affirma en posant la main sur les vêtements de change qu’elle avait préparé auparavant.

« Tu m’attends, le temps que je me change ? Je ne serai pas longue ! »

Elle lui sourit et se leva sur son lit, chancelant presque sous la danse des ressors.

« Je ferme le rideau, j’en ai pour cinq minutes ».

Elle lui tira la langue.

« Et après ça, peut-être que tu auras ta réponse ! »

Elle passa une main derrière son dos et croisa deux doigts.

Quoi ? Elle n’était pas totalement sainte, hein ?!

Ethel ferma les rideaux de son lit, se plongeant dans une semi-obscurité. Elle attrapa ses vêtements et se changea. Sa peau était encore fraiche. Elle mériterait un morceau de chocolat de ceux que donnaient Madame Pomfresh quand le froid menaçait. Elle irait demander son reste avant la tombée de la nuit.

Une fois qu'elle fût changée, elle rouvrit les rideaux et glissa vers Mairin.

« Bon alors, est-ce que tu mérites que je te livre son nom ? »

Elle posa un doigt sur ses lèvres en prenant un air innocent.

« Et si en échange de ce nom si secret, tu me faisais une promesse ? »

Ben quoi ? Mairin voulait devenir une héroïne, non ?!

Ethel fût ravie d’entendre la petite Mairin répondre à sa demande de promesse. Il est toujours bon d’avoir un allié, quelque soit son âge. Et, futée comme elle l’était, la petite lionne faisait une alliée non négligeable. Et puis, il fallait bien que la galloise protège ses arrières maintenant qu’elle s’était vendue presque sans confession à sa cadette.

« Promet-moi deux choses : La première, c’est de ne jamais révéler un seul secret à quiconque. Et la seconde, certainement pas à un Serpentard ».

Ces derniers seraient bien trop heureux de posséder une information, quelle qu’elle soit, provenant de leurs ennemis de toujours.

Entre temps, Mairin avait passé ses bras autour du coup de la cadette Perks, donnant à cette dernière, une pleine vue sur le visage enfantin de la gamine.

Elle lui sourit, d’une manière calme et paisible. Cela lui faisait bizarre de jouer les ainées, elle qui avait toujours été couvée par sa fratrie.

« Je pense qu’on peut dire qu’on est amies ! »

Elle partit dans un rire doux et léger.

Son corps était presque réchauffé entièrement, maintenant qu'elle avait changé de vêtements. Mais, elle n'échapperait sans doute pas à une visite de routine à l'infirmerie. En cette saison, les rhumes étaient corriaces. Et, il était hors de question qu'elle tombe malade avant le bal de l'école.

Ethel se demanda comment la petite gryffone avait bien pu deviner. Enfin, en même temps, cela paraissait plutôt simple. La petite fille avait piégé la galloise avec maintes questions qui, même si elle avait tenté maintes déviations avaient finalement obtenu des réponses plus ou moins claires. Et, à en juger par la vivacité d’esprit de la première année, son esprit d’analyse avait fait le reste. Enfin ça, c’est ce qu’elle disait. Car la galloise avait lâché le nom par elle-même. Là était la déduction !

Mais, c’était tout de même amusant de voir la moue de fierté sur ce visage enfantin qui embrassait son petit chat dans une immense gaieté.

Et dire que tout ça était parti pour une banale histoire de plume et de suçacide ! Mon dieu que les gamins pouvaient avoir de la ressource. A bien y réfléchir, Ethel était comme Mairin. Peut-être pas au même degré, mais elle avait le même fonctionnement quand il s’agissait d’obtenir quelque chose de ses ainés. Et ce, depuis le berceau.

La galloise étendit le bras pour atteindre un paquet de Patacitrouilles qu’elle ouvrit avant de l’étaler sur ses genoux et d’en attraper un qu’elle goba immédiatement. Elle méritait bien une petite récompense pour avoir lâchement abdiqué devant la fourberie de sa cadette.

Maintenant, Mairin voulaient qu’elles passent une sorte de pacte : Aucune des deux ne devrait dévoiler le secret de l’autre. Cela convenait très bien à la galloise. En espérant que Mairin saurait tenir sa langue. Ravie, elle topa dans la main de la première année.

« Ca marche pour moi ! »

Elle se redressa un peu et passa une main dans ses cheveux.

« Je compte sur toi pour ne rien dire, au moins jusqu’au bal ! »

Elle sourit. De toute façon, toute l’école la verrait au bras de Billy le soir de Noël.