~Partie pratique~
L'examinateur, un vieux monsieur replet, consulta sa liste, et appela :
-Craig, William !
L'adolescent se leva, un peu nerveux, et suivit l'examinateur jusqu'à l'espace réservé à la partie pratique de l'épreuve. L'homme lui adressa un sourire encourageant, et l'entraîna jusqu'à un enclos de bois dans lequel une créature noire piaffait furieusement.
-Eh bien, mon garçon, je suppose que vous reconnaissez cette créature ?
-Euh... oui, monsieur... fit William d'une voix blanche. C'est un hippogriffe...
-Exactement. Et je vais vous demander de bien vouloir nourrir cet hippogriffe. Vous trouverez ici (il désigna une table sur laquelle s'alignaient des récipients contenant des nourritures diverses) un assortiment d'aliments, choisissez donc ce qui vous semble le plus approprié... Je vous laisse faire, prenez votre temps. N'ayez crainte, nous sommes prêts à intervenir en cas de problème.
William déposa son sac au pied de la table, et se mit à examiner les aliments proposés. Il y avait des fruits, de l'herbe, de la salade, quelque chose qui ressemblait à des haricots blancs, des morceaux de foie, des oiseaux morts, une sorte de pâté de poisson à moitié pourri, et enfin du fromage. Ayant fait le tour de la table, le rouquin retourna vers le saladier contenant les oiseaux morts (des corbeaux, vu la taille) et en prit deux. Il garda l'un en main, passa l'autre, par la patte, à la ceinture de sa robe, et pénétra dans l'enclos.
L'hippogriffe, en liberté dans le petit espace, cessa de gratter le sol pour poser un regard impérieux sur l'adolescent. Ses gros yeux jaunes semblaient lancer des éclairs de fureur, et William se demanda s'il ne vaudrait pas mieux déclarer forfait. Par acquit de conscience, cependant, il s'inclina, de loin, sans quitter l'animal du regard, et attendit.
De longues secondes passèrent sans le moindre mouvement, puis l'hippogriffe, probablement alléché par la nourriture, inclina à son tour sa tête. William s'approcha alors, lentement, pas rassuré pour deux sous, et tendit le premier oiseau à l'hippogriffe.
-Tiens, voilà pour toi, murmura-t-il en caressant du bout des doigts les plumes de son cou.
Le corbeau fut englouti en un instant, et l'hippogriffe se mit à frotter sa tête contre la robe du garçon, dans l'espoir de décrocher le deuxième corbeau. Soucieux de ne pas recevoir un coup de bec dans ce câlin rugueux, William s'empressa de donner la suite de son repas à l'animal, flatta une dernière fois son encolure, et recula prudemment pour rejoindre l'examinateur. Celui-ci écrivait sur un carnet de parchemins. Lorsque l'élève le rejoignit, il continua de prendre des notes durant quelques instants, puis fit :
-Bien. Bien bien bien... que vais-je vous demander à présent ?
Il promena son regard sur les divers ateliers pratiques, et se précipita vers un coin, à l'ombre d'un bouquet d'arbres. Sous l'arbre, dans des cages, s'agitaient des animaux que le roux reconnut comme des chartiers. Tous regardaient vers le même endroit, entre les troncs des arbres ; certains essayaient de passer leurs pattes entre les barreaux des cages. L'examinateur expliqua :
-Cet endroit est infesté de gnomes. Je vous prierai donc de choisir l'un de ces chartiers, et de lui faire débusquer trois gnomes.
-Très bien, monsieur, répondit William en se demandant comment il allait s'y prendre.
Les chartiers n'étaient pas renommés pour leur bonne volonté, et celui sur lequel il porta son choix l'accueillit avec une bordée d'insultes bien senties. Le garçon posa la cage un peu à l'écart des autres, en prenant soin que le chartier ne puisse voir son futur terrain de chasse ; ayant ainsi apaisé son compagnon, il se mit en devoir de lui expliquer sa mission :
-Tu vas aller me chercher trois gnomes, d'accord ? Mais tu les tues pas, hein... pas de blague, il faut juste les faire sortir... Tu as compris ?
Le chartier semblait avoir compris puisqu'il s'était remis à tourner furieusement dans sa cage.
-Allez, on y va...
L'adolescent sortit avec précaution l'animal de sa cage, et il l'avait à peine posé par terre que le chartier détala en direction des trous de gnomes, sous les arbres. Les autres chartiers, jaloux, se mirent à pousser des cris dans leurs cages tandis que le chasseur se précipitait dans un trou, s'y enfonçant jusqu'à mi-corps. Les galeries des gnomes devaient communiquer, car presque aussitôt un affreux petit bonhomme quitta à toutes jambes le trou voisin. Le chartier se lança à sa poursuite, indifférent aux ordres de William qui lui rappelait qu'il devait contraindre deux autres gnomes à sortir de leur trou. Il s'élança vers le trou dans lequel le gnome venait de se cacher, mais cette tanière-là était sans doute assez profonde pour que le gnome ne soit pas menacé ; dépité, le chartier sortit la tête du terrier et, reniflant au sol, repéra un autre trou à gnome un peu caché par des feuilles. Il plongea une patte à l'intérieur, et ramena un gnome minuscule qui gesticulait et hurlait furieusement. Attirés par le vacarme, deux autres gnomes pointèrent leurs têtes hors des trous, et le chartier, rendu fou par cette abondance de gibier, lâcha sa première proie pour poursuivre les deux autres. William se retourna, désemparé ; l'examinateur souriait.
-Très bien, monsieur... euh.. Craig. Vous n'avez plus qu'à rattraper le chartier et à le remettre en cage, et nous en aurons terminé.
Et laissant l'adolescent se débrouiller seul, il se remit à écrire sur son carnet, tandis que William se lançait dans une course-poursuite effrénée de presque cinq minutes, au terme de laquelle il parvint finalement à plaquer le chartier surexcité au sol. L'animal frustré se vengea par un bon nombre de coups de griffe, et lorsque le Gryffondor ramassa son sac et salua l'examinateur, il espéra qu'il n'avait pas vu l'état de ses mains tout écorchées.
Accueil 
Sujet: BUSE de SCM 