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| | Sujet: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Dim 21 Mar - 14:29:38 | |
| Il est dit que dans les temps immémoriaux, bien avant que l’homme ne fasse son apparition sur cette terre, d’étranges êtres parcouraient la surface de ce monde, terribles et magnifiques dans leur puissance. Maîtresses de la terre, des cieux et des eaux, ces entités primaires régnaient incontestées sur toute la création, guerroyant entre elles sans relâche. Au fil des âges, nombre de ces créatures s’éteignirent, sois du fait de l’homme soit de manière naturelle. Toutefois certaines survécurent, et se dissimulèrent dans les recoins sombres de la terre, attendant que des temps propices ressurgissent où elles pourraient reprendre ce qui était leur. C’était une telle créature que Sayannel recherchait aujourd’hui. Les pans inférieurs de sa robe ondulant dans la brise nocturne, le bibliothécaire du château s’était figé au centre d’une clairière, les traits suspicieux. Il était déjà bien loin de la lisière de la Forêt Interdite, et la voûte sombre des arbres ne laissait même plus filtrer la pâle clarté de la pleine lune, hormis au creux de cette niche de lumière dans laquelle se trouvait le Mangemort. La lune blafarde éclairait son visage et auréolait ses cheveux dorés d’un halo étrange de pâle luminescence. Ses yeux d’un bleu glacé irradiaient une détermination puissante, une volonté inébranlable que seul pouvait détenir un véritable highlander tel que lui.
La clairière ne faisait que quelques pas de large – peut-être dix pieds tout au plus – et pourtant nulle branche ne venait déchirer la trouée lumineuse au cœur du bois, et ce malgré les arbres massifs et difformes qui l’entouraient. Une légère brise faisait ondoyer un nuage fin de poussière argentée qui tourbillonnait et serpentait tout autour de l’espace clos tel un serpentin brillant et enjôleur.
Le colosse blond inspecta du regard les alentours, ses yeux scrutant les ténèbres entre les troncs massifs afin de discerner ce qui l’avait fait piler. Un instant de flottement. Rien. Sans se hâter, nonchalamment, Sayannel tira de la manche de sa robe une longue tige en bois et la pointa vers le ciel. Il marmonna une incantation et un rayon de lune vint frapper le bout de la tige. Celle-ci s’illumina d’une lueur argentée puis irradia tout autour de la clairière une douce luminescence qui dissipa les ombres alentours, révélant la source du léger bruit qui avait fait s’arrêter l’homme. Celui-ci se figea en découvrant les créatures qui le suivaient depuis déjà un moment.
Cinq araignées. Cinq énormes araignées, chacune faisant la taille d’un gros chien et dotée de huit pattes velues terminées par des aiguillons venimeux. Cinq araignées aux octuples yeux pleins de haine, de faim et de malice. Cinq monstrueuses créatures perchées sur des branches des arbres du bord de la clairière, à moitié dissimulées par le feuillage dense.
*Enfin* se dit le Mangemort, *Je suis entré dans leur domaine*. Nul ne bougeait. Effrayées par la lumière argentée, les arachnides ne bougeaient pas, guettant l’instant où la clarté disparaîtrait afin de sauter sur leur proie. Face à elles, le géant blond se tenait imperturbable, la baguette pointée vers la créature du milieu. Profitant du répit que lui donnait son sortilège, il évalua la situation. Certes, le sort le protégeait, mais à l’instant où il en lancerait un autre, celui-ci disparaîtrait. Alors la semi-obscurité reviendrait et les araignées attaqueraient. Que faire, que faire ? Il réfléchit un instant tout en gardant les créatures à l’œil, puis soudain l’idée lui vint. Il sourit.
« Avada Kadavra ! » La lumière argentée fut remplacée par un rayon vert qui vint frapper la bête du milieu en plein dans l’un de ses yeux rouges. Elles tomba en arrière, morte. Enragées, ses congénères se jetèrent en avant sur l’impudente petite créature qui avait osé tuer l’une des leurs. Elles atterrirent au centre la clairière, pile à l’endroit où le Mangemort aurait dû se trouver. Mais où il n’était plus.
Un second jet de lumière verte vint frapper l’une des araignées, qui mourut instantanément. Les trois créatures restantes pivotèrent, et se retrouvèrent face à un immense panda furieux. Avant qu’elles ne puissent réagir, l’animal décocha un puissant coup de patte à celle qui se trouvait devant, lui arrachant la moitié de la gueule. Elle s’écroula, agonisante tandis que le panda disparaissait de nouveau pour être remplacé par l’homme en noir. Celui-ci tira une fiole de sa poche et la lança sur la plus proche de créatures. Le flacon se brisa et répandit sur sa cible un liquide noirâtre et odorant qui se mit à fumer en attaquant la peau de la bête. Celle-ci se mit à hurler de douleur et à courir dans tous les sens, ignorant se proie de départ dans sa folie douloureuse.
La dernière araignée était toutefois parvenue au niveau de l’homme et tentait de le mordre de ses chélicères afin de lui injecter le poison qui aurait fait de lui son prochain repas. L’historien esquivait tant bien que mal les attaques mais semblait trop occupé pour avoir le temps de lancer un sort. Soudain il lança son pied qui atteignit la créature en plein dans les yeux. Celle-ci rua de douleur et Sayannel en profita pour pointer sa baguette sur elle et lancer son sortilège. Elle chut, morte.
Essuyant la sueur qui ruisselait de son front, le Mangemort rabattit sa capuche sur son visage et reprit son chemin. S’insérant dans les ombres entre les arbres autour de lui, il disparut à la vue de la lune.
Durant un long moment, il avança en silence, se glissant entre les ombres tel un spectre égaré. Ses pas ne semblait faire aucun bruit sur le sol moussu de la forêt, ce qui donnait l’impression qu’il flottait légèrement au-dessus du sol, tant son allure et ses mouvements étaient souples et félins. Il s’enfonça toujours plus en avant, ignorant les murmures des arbres et des résidents étranges de la forêt tout autour de lui.
Lorsque Carrow – le supérieur désigné par le Lord de tous les Mangemorts infiltrés au château – l’avait enjoint de patrouiller les terres ce soir-là afin de vérifier si Potter et les deux autres ne tentaient pas de revenir pour soulever une révolte, il s’était réjouit de cette occasion qui lui était donné. En effet, il n’y avait pas dix mille endroits où se cacher sur les terres de Poudlard : la seule cachette à peu près censée était la Forêt Interdite.
Or il se trouvait que l’historien avait découvert quelques semaines auparavant un très vieux grimoire qui y faisait allusion. Ce grimoire était en fait une retranscription de gravures trouvées en l’an 562 par deux druides celtes au fond d’une grotte du Nord de l’écosse. Cette grotte, disaient-ils, était si profonde « qu’en une semaine de voyage dans cet abysse insondable nous n’en eûmes exploré qu’une infime partie. » C’était dans cette grotte – ou plutôt cet immense domaine souterrain – qu’ils avaient trouvé une salle très particulière. Celle-ci était de forme ovoïde, toutes les parois, ainsi que le sol et le plafond, contribuant à former un espace ovale et parfaitement lisse. En contrebas, au fond de la courbe de l’œuf de pierre, se dressait une pyramide parfaite en marbre rouge, d’une hauteur de cinq pieds et d’une largeur de quatre. Sa surface était couverte d’étranges inscriptions en une langue inconnue des deux druides. C’était pour cette raison que – contrairement à la tradition qui enjoignait de ne transmettre le savoir que par voie orale – les deux hommes avaient décidé de copier les écritures afin de pouvoir les étudier en compagnie de leurs maîtres. Toutefois, selon le grimoire, aucun d’eux n’était parvenu à comprendre cette langue étrangère, aussi avaient-ils abandonné.
Cinq siècles plus tard, un moine irlandais en visite dans le secteur avait retrouvé la tablette de pierre sur laquelle avait été inscrite toute l’histoire. Il la prit et la recopia en haut gaélique dans un grimoire, l’ornant d’enluminures mystiques, puis cacha l’ouvrage dans la crypte d’une abbaye en ruines et détruisit la tablette, craignant qu’un jour le monde découvre son contenu. Car il avait réussi, au bout de dix années d’études acharnées, à traduire les étranges gravures en haut gaélique, et leur histoire était si terrible qu’il ne pouvait permettre que le monde la découvrît un jour. Toutefois son honneur de copiste l’enjoignait à en faire tout au moins une copie manuscrite, c’est pourquoi il traça ce grimoire avant de le cacher.
Près d’un millénaire plus tard, Sayannel Echeberry, historien, archéologue, Mangemort et bien d’autres choses encore de son état avait retrouvé le manuscrit lors de fouilles dans une crypte antique au Nord de l’écosse. Il l’avait ramené dans son manoir et l’y avait laissé, pensant s’y intéresser plus tard. Deux années avaient passé avant qu’il ne s’en souvienne, et il était alors en poste à Poudlard. Mettant à profit les vacances de Noël, il était rentré chez lui et avait récupéré le dit grimoire afin de l’étudier. De retour à Poudlard, il s’était plongé dans l’étude du document. Par chance, le gaélique était l’une des nombreuses langues qu’il maîtrisait à la perfection, et même si le haut gaélique présentait quelques différences, ces connaissances lui permirent de tout traduire et de découvrir la stupéfiante vérité.
Selon le moine, en effet, ces gravures avaient été tracées aux alentours de l’an – 9000 par un peuple alors au fait de sa puissance ; peuple qui vénérait des entités obscures et décadentes, leur élevant des cités profanes et malsaines, pleines de flèches blasphématoires et d’obélisques et de pyramides maléfiques. Ce peuple vénérait des entités qu’il appelait « les Vénérables Anciens » à qui il offrait des sacrifices sanglants. Ces entités, disaient-ils, avaient été les premiers maîtres de la Terre, et leur puissance était telle qu’elle dépassait l’imagination. Cependant, au temps où ces symboles avaient été gravés, les entités étaient en déclin, nombre d’entre elles ayant été tuées par leurs congénères ou par des peuplades primitives dotées d’armes mortelles par le soin de leurs ennemis. Aussi avaient-elle décidé de se retirer dans les entrailles de la Terre, afin de laisser au monde le temps de les oublier jusqu’au jour où elles ressurgiraient pour dominer la planète. Avant de disparaître, toutefois, elles avaient jeté un puissant sortilège sur la cité de leurs adorateurs, et celle-ci s’était abîmée dans les abysses insondables de l’océan, emportant avec elle tout souvenir de cette époque de chaos. Les gravures auraient été un des derniers témoignages de ce peuple décadent avant de disparaître, un hommage à leurs terribles maîtres.
Mais ce n’était pas là ce qui intéressait le Mangemort. Nombre d’historiens sorciers avaient auparavant émis la supposition d’une race pré-humaine de créatures magiques puissantes, basant leurs assertions sur des vestiges ou des phénomènes inexplicables même par la magie. Certains allaient même jusqu’à affirmer que les pouvoirs des sorciers venaient de cette même race, que les sorciers étaient les descendants des quelques serviteurs de cette race qui auraient survécu au cataclysme et que les « Vénérables Anciens » auraient doté de pouvoirs afin de préparer leur retour. Cette théorie était bien évidemment très controversée, mais elle n’en restait pas moins probable. Or, voilà que ce texte antique venait confirmer cette théorie ! Il y avait bien eu une race magique avant l’homme – ou plutôt que le sorcier humain – et cette race avait été extrêmement puissante et – si l’on en croyait le texte – maléfique. Toutefois là non plus n’était pas l’intérêt du Mangemort. Certes, sa nature d’historien lui disait qu’il tenait là un texte fondamentalement bouleversant, et que si jamais il avait l’occasion de revenir « à l’air libre », sans être poursuivi par la loi, il aurait là de quoi faire sensation dans les milieux de l’histoire.
Non, ce qui intéressait le viking était quelque chose de bien plus substantiel. Il s’agissait d’un passage tout à la fin de la retranscription des gravures. La majeure partie de celle-ci racontait l’histoire des entités antiques et de leurs serviteurs humains, et ce jusqu’à leur déclin et leur disparition. Toutefois le texte ne se finissait pas avec le retrait des « Vénérables Anciens ». Il y avait encore un paragraphe dans lequel étaient nommés certains des hauts sanctuaires ayant été préservés de la destruction afin que le savoir du peuple maudit reste vivace et puisse être retrouvé par d’autres. Ces sanctuaires, disait le grimoire, recelaient des merveilles magiques infinies, et étaient dissimulés dans les recoins les plus obscurs et les plus dangereux de la Terre. C’était là qu’intervenait le Mangemort. Car l’un de ces sanctuaires était apparemment caché au cœur de la forêt Ggwylldoch, dans une alcôve sous les racines d’un arbre millénaire au fond d’une vallée gardée par un monstre terrible. Or, en faisant quelques recherches, l’Ecossais avait découvert la location de cette forêt. La forêt Ggwylldoch était en fait la Forêt Interdite, l’une des plus antiques forêts d’Ecosse !
D’abord stupéfait par cette chance incroyable qui lui offrait ce savoir à portée de main, le Mangemort s’était ensuite mis en devoir de se préparer à son excursion. Il avait réfléchi, et avait fini par conclure que le seul endroit correspondant à la description du texte dans toute la forêt était le repaire des araignées géantes, araignées dont il avait entendu parler par Carrow. Dieu seul savait comment celui-ci avait pu avoir eu vent de l’existence dans la Forêt Interdite d’acromantulas, toutefois il était bien au courant, et sa description du lieu où nichaient ces créatures correspondait à celle de celui que l’historien cherchait. Aussi était-ce vers l’antre des arachnides géants qu’il se dirigeait maintenant. Glissant sans bruit entre les feuillages, il finit par arriver au bord de la vallée au fond de laquelle se nichait le sanctuaire. Elle n’était pas très large – quelques trente pieds d’un bord à l’autre – mais si profonde que l’on n’en apercevait pas le fond ; les parois descendant presque en à-pic jusqu’au cœur de cette crevasse ténébreuse.
Tandis qu’il avançait, toujours en silence, vers la crevasse, un détail étrange attira son attention. Alors que tout aurait du devenir plus sombre au fur et à mesure qu’il avançait, au contraire la forêt semblait palpiter d’un halo laiteux de plus en plus fort. Il s’arrêta et, promenant son regard glacé sur les alentours, comprit.
Pendant des branches des arbres proches, des fils de toile blanchâtre s’enroulaient en arcs et courbes infinies d’un tronc à l’autre, tissant à travers les espaces d’ombre des motifs dont la pâleur blême émettait une faible luminescence blafarde. Il n’y avait nulle araignée sur ces toiles monstrueuses, toutefois le Mangemort ne doutait pas qu’elles soient proches, surveillant leur territoire et guettant l’intrus avec une vigilance maléfique. Il approchait du but : cette vallée était bien celle qu’il recherchait. Il tira sa baguette et, après avoir vérifié de nouveau qu’il était bien seul, la pointa sur lui-même.
A l’instant où il allait prononcer l’incantation, il se produisit la chose la plus étrange qu’il lui ait été donné d’entendre de toute la soirée. Il leva les yeux vers les cieux, certain de s’être trompé, mais non ! C’était bien un oiseau, pépiant à tue-tête dans cet endroit où pourtant nulle bête n’osait d’ordinaire s’aventurer. Etrange… Quel type d’oiseau pouvait-ce bien être là, qui semblait ignorer que les acromantulas se nourrissaient aussi bien de créatures terrestres que volantes, et qu’il suffisait d’un instant d’inattention pour que la pauvre bête se retrouvât prise au piège dans l’une des ces toiles fantomatiques.
Semblant inconscient de tous ces dangers, l’oiseau approchait, gazouillant toujours joyeusement. Le Mangemort se tint coi, curieux de voir ce volatile qui – par imprudence ou témérité – défiait les maîtres tout-puissants de cette vallée noire au bord de laquelle il se trouvait. |
| | | - Clarisse McBrien
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| Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Lun 29 Mar - 15:26:21 | |
| Ce soir-là, elle n'avait pas envie de dormir. La journée avait été particulièrement pénible et les Carrow ne les avaient pas épargnés en remarques désobligeantes. Pour le moment la Serdaigle avait réussi à ne pas se faire remarquer plus que nécessaire. Elle courbait l'échine et ne pipait mot, même si à l'intérieur elle bouillait de leur dire le fond de sa pensée. Seulement n'étant pas courageuse et encore moins téméraire, la jeune fille pliait comme le fameux roseau, supportant pour cette fois encore l'ignominie de ces mangemorts. Parce que contrairement aux déclarations de notre chère Pénombre Craft, Clarisse McBrien tenait plus que tout à sa vie et à celle de ses proches. C'est donc las et en colère qu'elle regagna sa salle commune ce soir-là. La rousse se dirigea directement vers son dortoir, le visage fermé et personne ne se trouva assez stupide pour lui signaler qu'il était à peine dix-huit heures et que par conséquent il n'était pas temps de dormir.
Elle balança sa sacoche sans un regard, s'allongea sur son lit et tira les rideaux autour d'elle. Le noir lui faisait du bien, lui procurait une certaine sécurité et un repos plus que bienvenue. Il lui permettait aussi de réfléchir et de se calmer, ce dont elle avait bien besoin. D'autant qu'elle n'avait plus de contacts avec son frère et Edwin, ce qui l'inquiétait pas mal. Elle ne sut pas combien de temps elle resta allongée là sur le dos, immobile et les yeux clos, mais elle revint à la réalité en entendant les douces voix de ses compagnes de dortoir qui piaillaient sans raison. Agacée, la bleue et bronze se leva et les fusilla du regard avant de sortir non sans claquer la porte derrière elle, histoire de bien montrer son mécontentement. Pour qui se prenaient-elles ces dindes sans cervelle ? Ne pouvaient-elles pas aller jouer à la basse-cour ailleurs ? Bon d'accord, elles n'étaient peut-être pas si cruches que ça, mais il n'empêche qu'elles n'étaient pas obligées de parler si fort.
En arrivant dans la salle commune, la jeune fille constata que tout le monde ou presque avait regagné le nid. Visiblement, elle avait raté le repas du soir. Tan pis. De toute façon, la cinquième année n'avait pas faim et comme elle mangeait peu ... ça ne changeait fondamentalement pas grand-chose. Sans même s'en rendre compte, Clarisse passa la porte et s'aventura dans les couloirs. Elle ne savait pas exactement où elle allait, mais elle avait besoin de marcher un peu. Seule. Avec l'abaissement de l'heure du couvre-feu pour des soit disant raisons de sécurité, son errance promettait de tourner court si elle rencontrait par malheur un membre de la MP ou bien de l'illustre corps professoral. Seulement elle n'avait pas l'intention de se laisser avoir et deuxièmement, il lui restait encore quelques minutes à pouvoir profiter légalement des couloirs du château.
C'est sans surprise que notre aiglonne reprit conscience des choses à la tour d'astronomie. Un sourire heureux étira le coin de ses lèvres et elle s'avança pour profiter de la nuit et du vent. La fatigue l'avait abandonnée pendant son périple à travers le château et elle n'eut pas besoin d'entendre le carillon de la grande horloge retentir au loin pour savoir qu'elle était désormais en infraction et que regagner maintenant la tour des aigles reviendrait à signer sciemment pour plusieurs heures de colle. Perspective qui ne l'enchantait guère. C'est donc tout naturellement que Clarisse ferma les yeux et se concentra quelques minutes avant de disparaître pour laisser place à un oiseau d'une dizaine de centimètres de haut. Le passereau resta un instant immobile, comme statufié avant de s'ébrouer joyeusement. La transformation était toujours douloureuse, même si ça devenait de plus en plus supportable. L'oreille aux aguets, le rouge-gorge scruta un moment le paysage environnant fait de pierres mornes et usées. Satisfait de ne rien remarquer de suspect, il déploya ses ailes.
L'oiseau voleta d'abord précautionneusement jusqu'à la rambarde. Heureusement il n'y avait pas trop de vent ce soir-là, ce qui lui permettrait de se promener à sa guise sans risquer de se faire emporter par une dangereuse bourrasque. Ne manquait plus qu'elle meure assommée par une chute vertigineuse. Contente que les éléments lui soient favorables, la rousse battit des ailes dans le vide pour atterrir en contre-bas sur une fenêtre. Elle savait que les rouge-gorges n'étaient pas faits pour fondre au sol comme les aigles et elle ne maîtrisait de toute façon pas assez son nouveau corps pour ne serait-ce qu'envisager d'essayer de le faire. Ce qui entre nous serait parfaitement suicidaire, mais passons. Elle procédait donc par étapes pour redescendre de la tour d'astronomie, ce qui lui prenait toujours un peu de temps. Une fois, elle avait manqué de peu une mort prématurée et atroce, mais avait réussi à aller s'assommer contre une fenêtre toute proche par on ne sait quel miracle. Si elle s'était fait mal à cette occasion, elle avait été soulagée d'être encore en vie. Clarisse avait eu de la chance cette fois-là et depuis, elle faisait toujours très attention.
Lorsqu'enfin elle eut terminé sa descente, elle s'éloigna vivement du château et flâna un peu dans le parc. Bien sûr à cette heure de la nuit, la majorité de ses semblables dormaient à points fermés, serrés les uns contre les autres dans un joli petit nid. Grand bien leur fasse, elle n'avait ainsi pas à endurer leurs piaillements dont elle ne comprenait de toute façon pas le sens. Elle pouvait peut-être prendre la forme d'un oiseau, mais ce n'était pas pour autant qu'elle parlait le moineau. Au bout d'un moment, la jeune fille se mit en quête d'un ver, un bon gros ver blanc qui lui faisait de l'oeil. C'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait s'empêcher de saliver quand elle en voyait un et sous cette forme, la tentation était trop forte. Alors, elle partait en chasse et s'était même découvert des dons surprenant dans le débuscage de ces créatures savoureuses. Et puis il ne fallait pas oublier qu'elle n'avait pas mangé ce soir et son petit estomac criait famine. De fil en aiguille, elle se retrouva aux abords de la forêt interdite, sur un reste de tronc pourri qu'elle trouva enfin de quoi faire son festin. Les yeux pétillants d'envie, elle se saisit du ver en question avec une impatience presque douloureuse avant de l'avaler, sinon repue, du moins satisfaite.
La rousse ne s'était que rarement aventurée dans la forêt interdite et lorsque c'était que cas, elle s'était toujours gardée de s'enfoncer trop loin. Cette masse sombre ne lui inspirait rien qui vaille. Elle abritait des créatures dont il valait mieux ignorer l'existence et d'autres, moins dangereuses pour les humains, mais qui se feraient une joie de la prendre pour casse-croûte sous cette forme vulnérable. Mais cette nuit, poussée par sa légendaire curiosité, le rouge-gorge s'y faufila le plus silencieusement possible. Après tout, elle pouvait toujours se retransformer en cas de nécessitée. C'est donc rassurée par cette sotte pensée qu'elle s'engagea en territoire hostile. Elle n'avait pas tellement avancé lorsqu'elle entendit des bruits de pas assurés qui semblaient comme elle s'enfoncer vers le centre de la forêt. Curieuse, la Serdaigle abandonna son idée première pour suivre l'individu en question. Il marchait vite, aussi ne parvenait-elle pas à le rattraper. Au contraire, le sorcier où la "chose" qui la devançait prenait à chaque pas un peu plus d'avance. C'était trop bête, mais elle ne pouvait pas abandonner maintenant, il fallait qu'elle sache de qui il s'agissait et ce qu'il fabriquait ici. Et puis cette information pourrait toujours lui servir plus tard.
Alors qu'elle continuait sa progression, les bruits de pas cessèrent, mais pour rapidement laisser place à des bruits de lutte. Hésitante quant à la conduite à adopter, la jeune McBrien continua son chemin, mais avec beaucoup moins d'ardeur. Curieuse oui mais pas téméraire et elle n'avait pas spécialement envie de se retrouver au milieu d'un champ de bataille. Lorsqu'enfin elle parvint sur les lieux du crime -ou devrais-je dire des crimes- elle eut un hoquet dégoûté en découvrant les cadavres de trois immenses araignées. Elle en eut la nausée, mais son estomac décida de se tenir correctement et garda en son sein son précédent repas. Terrorisée que de si grosses et répugnantes choses ne puissent ne serait-ce qu'exister, elle faillit manquer le départ du sorcier. Silhouette sombre qui s'évanouit de nouveau entre les arbres. Mue par son instinct, elle voleta à sa suite pour ne pas le perdre de vue. Malheureusement, l'homme, parce qu'il était à présent clair selon sa démarche et sa carrure qu'il ne pouvait s'agir que d'un homme, se dirigeait droit vers un endroit à vous donner la chaire de poule. Clarisse distinguait de plus en plus de toiles d'araignées de toutes formes, trop pour être naturel et l'ouïe plus fine de l'oiseau lui indiquait que ce silence pesant camouflait en réalité la présence d'un très grand nombre de choses/créatures ignobles/monstres sanguinaires qui vivaient prêt de là. Trop prêt. Vraiment, trop trop prêt.
Elle remarqua soudain que l'homme s'était arrêté et elle put dès lors apprécier ses traits. Prise de panique, elle n'avait pas réalisé qu'elle connaissait très bien cette silhouette sombre comme étant celle de Sayannel. Elle ne s'en rendit pas compte, mais elle s'était approchée et voletait à présent à hauteur de visage, quoi qu'à une distance respectable du viking. Au moment où il commençait à sortir sa baguette, l'adolescente déjà apeurée finit de paniquer et se mit à crier.
"Non, non, non! Vous ne pouvez pas aller là-bas, c'est une très mauvaise idée!"
L'homme se retrourna alors complètement dans sa direction et sembla la considérer d'un oeil curieux, mais ça, la bleue et bronze ne le vit pas. Aussi, elle continua son discours décousu et incompréhensible.
"C'est dangereux, je sais pas ce que c'est mais même si vous êtes très fort et avez battu les trois là-bas, elles sont bien trop nombreuses ici. Non non, n'y allez pas, je vous en prie. Et puis vous ne pouvez pas me laisser toute seule ici, pas vrai? Je vais faire comment pour rentrer moi? Et si jamais je me fais manger, vous imaginez un peu la tête d'Océane quand vous lui raconterez? Et inversement, si c'est vous qui vous faîtes manger, elle ne s'en remettra pas... non vous ne pouvez pas y aller."
C'est seulement après avoir achevé sa tirade et constaté que le mangemort la regardait toujours d'une étrange façon, que Clarisse réalisa. Elle était toujours sous sa forme animagus et bien sûr les seuls sons qui s'étaient échappés de sa gorge n'étaient que des trilles. Rageant contre sa bêtise, elle se laissa tomber doucement au sol tandis que son petit coeur battait à en défoncer sa cage-thoracique. Il était impératif que le blond lui prête encore assez d'attention pour assister à sa métamorphose...où elle était perdue. Priant pour que la curiosité fasse partie de ses attributs, elle ferma les paupières et se concentra. Ce n'était pas le moment de se rater et d'oublier un bras dans l'opération. Quelques secondes plus tard, ce n'était plus un faible petit oiseau qui faisait face au bibliothécaire, mais une jeune fille de quinze ans aux muscles un peu endoloris et à qui il restait quelques plumes dans les cheveux. Son regard glacé, mais déterminé, accrocha celui du mangemort.
"Vous ne devriez pas aller par-là." Dit-elle dans un chuchotement, tout en désignant de la main la masse blanche de plus en plus conpacte que formait l'amas de toiles d'araignées. |
| | | | Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Sam 3 Avr - 17:16:58 | |
| Tandis que le Mangemort contemplait toujours le ciel nocturne piqueté d’étoiles, l’imprudent volatile apparut enfin dans une trouée de la canopée. C’était un rouge-gorge, un de ces petits oiseux que l’on pouvait apercevoir communément dans les campagnes lors de promenades diurnes. Là était le hic. Ce type d’oiseau n’était pas censé apparaître de nuit. Jamais. Il y avait quelque chose qui clochait.
Pépiant toujours de son trille aigu et rapide, le volatile s’approcha de plus en plus près du Mangemort. Au fur et à mesure qu’il s’approchait, de nombreux détails dénonçaient une origine non naturelle. Son vol n’était pas droit, ni même ne suivait un enchaînement cyclique comme le font ceux des oiseaux normaux. Il oscillait à chaque battement d’aile entre la gauche et la droite, se servant assez maladroitement de ses membres emplumés. Même son chant n’était pas naturel. Il y avait comme un sentiment d’urgence, d’inquiétude qui s’en dégageait et qui paraissait bien trop… humain pour que l’animal ne fût qu’un simple oiseau. Plus étrange encore, son regard était fixé sur le viking, et plein d’une intensité si peu animale que le doute n’était plus permis : Sayannel était soit en présence d’un Animagus, soit d’un volatile enchanté par un sorcier. Quelle que soit sa véritable nature, la créature semblait vouloir le prévenir de quelque chose, et de façon urgente à en juger par le ton de son trille.
L’historien abaissa imperceptiblement la baguette qu’il avait inconsciemment détourné de lui-même pour la pointer vers le volatile arrivant. Il observa, à la fois amusé et incompréhensif, la trajectoire hésitante de l’oiseau qui s’approchait de lui avec toute la vitesse que pouvaient lui conférer ses petites ailes. En quelques secondes, il eut parcourut toute la distance qui les séparait et vint se poser doucement sur le sol devant. Clairement, ce n’était pas là un comportement normal de la part d’un animal, qui plus est un animal aussi dépourvu d’intelligence comme le sont généralement les oiseaux. Cependant, à l’instant où la créature toucha le sol, quelque chose de tout à fait inattendu se produisit.
La silhouette de l’oiseau devint brumeuse, indistincte, et ses contours se brouillèrent. Avant même que le Mangemort ait eu le temps de comprendre qu’il s’agissait d’une métamorphose typique d’Animagus, le rouge-gore avait cédé sa place à une jeune fille qui l’observait, ses yeux pleins d’une forte inquiétude.
Le géant blond contempla sa nièce, stupéfait. Il ne l’avait pas vue depuis environ deux ans – hormis bien sûr quelques brefs aperçus de loin à la bibliothèque de Poudlard où il officiait comme bibliothécaire depuis le début de l’année – et il mesurait à présent le changement qui avait eu lieu durant ces deux longues années. Le plus grand d’entre eux était bien évidemment sa réussite manifeste dans sa volonté de devenir Animagus. Il y avait deux ans de cela, elle avait eu l’air d’une petite fille lorsqu’elle lui avait demandé son aide pour la potion. Désormais, elle avait l’air très sûre d’elle, comme si cela lui était naturel. Hormis quelques plumes éparses semées dans sa chevelure et des doigts un peu plus bruns que la normale, elle semblait maîtriser parfaitement la transformation. Elle s’était d’ailleurs transformée si vite que le Mangemort doutait d’être capable de changer de forme avec la même célérité. Bien sûr, son Animae était bien plus gros, c’est pourquoi la transformation était plus ardue, toutefois la jeune fille maîtrisait le passage d’une forme à l’autre de manière exemplaire.
Mais là n’était pas le seul changement qui était advenu durant ces deux années. Non, il y avait bien d’autres différences, plus subtiles et à la fois plus marquantes. La jeune fille qui se tenait devant lui n’avait plus grand chose en commun avec la fillette qu’il avait rencontrée au détour d’une ruelle de Pré-au-lard et qui l’avait attendri. Non, cette Clarisse-là était plus mature, plus sûre d’elle. Cela se voyait dans sa posture, dans son maintien mais aussi dans son regard. Un regard qui était plein d’inquiétude pour lui tandis qu’elle-même ne semblait avoir aucune crainte alors qu’elle se tenait dans un endroit qui était sans doute l’un des plus dangereux qu’elle ait jamais visité. Des mèches flamboyantes entouraient son visage, parsemées de quelques plumes qui, soutenues par la brise nocturne, tentaient en frémissant de s’échapper du piège soyeux de sa chevelure. Sa silhouette s’était considérablement féminisé, et s’il l’on n’aurait pu dire d’elle qu’elle était belle, du moins était-elle assurément jolie. Elle promettait de devenir une jeune femme magnifique. L’archéologue se sentit fier d’avoir une nièce pareille tout en ressentant une pointe de nostalgie. Elle ressemblait tant à sa mère…
Un instant, il se prit à rêver l’impossible. Ces derniers temps, ses semblables, dirigés par le Seigneur des Ténèbres, avaient pris le contrôle de tous les postes administratifs importants. C’était d’ailleurs grâce à cela – et à son amitié avec le nouveau Directeur du Bureau des Aurors – que Sayannel avait pu être « blanchi » de ses crimes et intégrer ce poste à l’école. Plus le temps passait, et plus le Lord s’emparait du monde magique. Jusqu’à présent, il ne s’en était tenu qu’à l’Angleterre, mais bientôt celle-ci serait suffisamment sous sa coupe pour qu’il tourne son regard ailleurs, vers d’autres mystères et d’autres conquêtes. La mort du garçon Potter n’était qu’une question de temps, et alors plus rien ne pourrait résister au règne du Seigneur Sombre. Alors, oui alors, ses serviteurs seraient récompensés de leur loyauté. Il exaucerait leurs vœux les plus chers…
Le sorcier secoua la tête, chassant ces pensées de son esprit. Rien n’était encore sûr. Potter échappait encore aux recherches – ce qui ne l’étonnait guère si l’on considérait qui était chargé de le retrouver : une bande d’incapables qui n’auraient pas été fichus de tenir plus de deux minutes en duel contre lui – et une certaine résistance s’élevait encore contre la domination de son maître. Patience, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il puisse enfin revivre à visage ouvert et, qui sait, retrouver celle qu’il n’avait jamais su oublier…
Se rendant compte qu’il repartait dans ses divagations sur un futur encore hypothétique, l’Ecossais recentra son regard sur sa nièce qui l’observait toujours, attendant une réponse à sa remarque. Plus facile à dire qu’à faire. « Vous ne devriez pas aller par là ». Bien sûr qu’il ne devrait pas. En temps normal il s’en serait d’ailleurs bien gardé, sachant les dangers qui rôdaient dans la Forêt Interdite. Mais la découverte qu’il avait faite était bien plus importante que de telles considérations. Le Mangemort se savait assez fort pour vaincre, si ce n’était tout le clan des arachnides, tout au moins une bonne dizaine des créatures à la fois. Et il pouvait toujours les repousser jusqu’à ce qu’il soit en sécurité dans le sanctuaire sous-terrain dissimulé au fond de la vallée.
Toutefois désormais le problème était tout autre. L’arrivée impromptue de sa nièce compliquait significativement les choses. Il n’avait désormais plus que deux solutions : la raccompagner hors de la Forêt jusqu’au château ou lui expliquer son intention et lui proposer de le suivre – sachant qu’il lui serait beaucoup plus ardu de protéger à la fois la jeune fille et lui-même. Il n’hésita qu’un instant. Après tout, elle avait beau être jeune, elle était sa nièce et la fille de sa mère, et elle avait le droit qu’il lui laisse le choix. Dans le pire des cas, il connaissait des moyens de la mettre en sécurité, même si ceux-ci impliquaient qu’il mette sa propre peau en jeu. De plus, il devait admettre qu’il brûlait de lui faire découvrir sa passion, ce pour quoi il était véritablement fait, sa nature profonde. Rechercher des informations, les vérifier, les analyser, les utiliser pour partir à la recherche de secrets oubliés, braver les dangers et les risques pour atteindre enfin l’ultime découverte… Il n’y avait pour lui qu’un seul plaisir comparable, et celui-là relevait du domaine de ses fantaisies. Il prit sa décision.
Auparavant – deux ans plus tôt en fait – il se serait accroupi pour parler à Clarisse, toutefois celle-ci avait bien grandi et il pouvait désormais la regarder sans trop avoir à baisser les yeux.
- Je sais » lui dit-il d’une voix douce. « Le domaine des araignées s’étend juste sous nos pieds, dans cette vallée. Mais je dois tout de même y aller. C’est ma mission. »
Sentant qu’elle allait lui demander de se justifier, il la devança et se lança dans une explication sommaire.
- [color=darkred]Vois-tu, mes recherches m’ont prouvé qu’il existait un sanctuaire au fond de cette vallée. Un sanctuaire si ancien qu’il est possible – même probable – qu’il date de l’époque où les sorciers sont apparus. Vois-tu, pour certains de mes collègues historiens, nous descendons tous d’une même lignée : un petit peuple d’élus à qui des entités magiques supérieures auraient conféré des pouvoirs en échange de services rendus. » [color=darkred] Il s’abstint de préciser que les entités en question étaient maléfiques, ne voulant pas trop inquiéter la jeune fille. « Ces élus faisaient parti d’un peuple qui servait les entités et leur érigeaient des temples et des tours. Ils construisirent même une cité gigantesque qui atteignait le ciel et où – disait-on – demeurait le roi des entités magiques. Cependant il y eut une guerre entre ces entités et le reste de l’humanité qui s’était allié à d’autres puissances magiques. La guerre fut terrible et longue, mais au final, les humains gagnèrent, et les tours et les sanctuaires furent détruits, les entités bannies, la cité engloutie sous les eaux et le peuple de serviteurs massacré. »
Le Mangemort pausa un instant. Ils ne devaient pas s’éterniser ainsi, car plus le temps passait et plus les arachnides auraient de temps pour tisser des pièges avant leur arrivée. Il devait se hâter de terminer son histoire pour lui demander si elle désirait le suivre ou si elle préférait qu’ils rentrent au château.
- Certains survécurent toutefois, et avant de disparaître leurs maîtres leur donnèrent des pouvoirs comparables aux leurs afin qu’ils puissent dominer les humains qui les avaient bannis. C’est de là que vient l’une des traditions des sangs-purs qui affirme que les sorciers sont nés pour gouverner les Moldus. Toujours est-il que ces rescapés se réfugièrent dans certains des rares sanctuaires qui existaient encore et y gravèrent leur histoire dans la pierre avant d’y sceller les quelques artefacts et secrets qu’ils avaient pu sauver de la chute de leur civilisation. Le sanctuaire qui se trouve au fond de cette vallée est l’un des derniers sanctuaires existants à ce jour. Beaucoup ont été détruits et je n’en connais qu’un seul autre, à moitié immergé sous la mer. »
Le géant blond se tut de nouveau, cette fois pour laisser à Clarisse le temps de digérer ce qu’il venait de lui raconter. Serait-elle aussi passionnée qu’il l’était par ce mystère ? Sentirait-elle elle aussi ce feu ardent lui embraser le cœur et l’âme, cette passion pour l’inconnu qui le poussait à braver tous les dangers, à commettre les pires atrocités au nom du savoir et de la découverte ? Il n’osait l’espérer.
- Tu vois, je dois descendre, même si c’est dangereux et que j’y risque ma vie. Je dois savoir. C’est très important pour moi. C’est pour cela que je suis devenu archéologue et historien – pour chercher et retrouver des secrets anciens comme celui-ci, pour résoudre des mystères ancestraux. C’est ce que je suis. Voilà pourquoi je dois y aller. Si tu le veux, tu peux m’accompagner. Si tu préfères, rentrer au château, ce que je comprendrais tout à fait, je te raccompagnerai et je reviendrais ici une autre fois. Mais si tu le désires, je serais ravi que tu m’accompagnes. Ce serait un honneur de t’avoir avec moi pour partager ce secret. »
Voilà. Tout était dit. Il lui avait expliqué ses motifs et lui avait donné le choix. Il ne lui restait plus qu’à attendre la réponse de la jeune Serdaigle ; à attendre et à espérer qu’elle fasse le choix que son cœur désirait.
Incapable d’attendre sans bouger la réponse de Clarisse – et ce malgré sa patience pourtant légendaire – le Mangemort profita du silence pour s’approcher jusqu’au bord de la pente douce qui descendait dans la vallée et contempler le spectacle. La crevasse n’était pas bien large, mais ses flancs étaient des pentes raides et traîtres, prêtes à faire tomber l’imprudent qui s’y aventurerait pour le mener droit au fond, vers l’antre des créatures qui l’habitaient. Des toiles laiteuses pendaient entre les arbres tout autour, formant un écran opaque qui laissait filtrer une lumière malsaine. Il se retourna. Le chemin par lequel il était venu était lui aussi cerné par des toiles blanchâtres qui formaient une allée clairement définie. Ces toiles n’avaient pas été là lorsqu’il s’était aventuré jusqu’ici. Cela ne pouvait avoir qu’une seule signification : les araignées étaient en ce moment même autour d’eux et leur indiquaient la seule issue possible, à savoir de descendre dans la crevasse, vers leur repaire.
Une ombre bougea au-dessus du viking. Il leva la tête et s’écarta juste à temps pour éviter qu’une masse immonde de poile et d’yeux luisants de haine lui tombe dessus. Sa baguette était déjà dans sa main, et il n’eut qu’à la pointer pour que le rayon vert fuse vers la bête et la frappe en plein « visage ». L’arachnide mourut sans bruit, ses pattes monstrueuses se repliant sous son corps boursouflé.
L’homme contempla le monstre. La créature ne devait pas être seule, mais elle n’avait pas pu résister à la tentation d’attaquer sans attendre. Elle l’avait payé de sa vie. Se rendant soudain compte que sa nièce était toujours derrière lui, il la rejoignit en deux courtes enjambées et fixa son regard droit dans le sien. Elle devait prendre une décision. Si elle décidait de rebrousser chemin, il l’emmènerait avant que les araignées ne bouchent complètement le chemin. Si toutefois elle décidait de rester, il avait une idée pour occuper les bêtes pendant qu’ils descendraient dans leur antre. Les arachnides avaient le feu en horreur… Mais il fallait se décider rapidement. |
| | | - Clarisse McBrien
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| Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Dim 4 Avr - 17:11:33 | |
| Malgré les apparences et si la métamorphose s’était plutôt bien passée, il fallut à la Serdaigle quelques minutes pour s’en remettre. Bien sûr la douleur était non négligeable et vous brûlait jusqu’au fond des entrailles, mettant tout votre être à vif, mais au-delà de la souffrance causée par le changement de conformation interne, il fallait ajouter celle causée par le changement de fonctionnement des organes. Par exemple sa vision perdait en netteté sous sa forme humaine et elle voyait flou le temps de quelques battement de cœur. La jeune fille se serait bien tenue à un élément du décor s’il n’avait pas été recouvert de cette horrible substance blanchâtre que sécrètent les araignées. Par réflexe, elle tendit la main vers une branche suspecte avant de se rétracter au dernier moment. C’est à ce moment-là que Clarisse remarqua la longueur un peu exagérée de ses doigts. Elle devina sans peine que la consistance de ses ongles était restée celle de ses griffes et que la couleur n’était certainement pas la bonne. Elle grimaça légèrement. Si ce n’était pas très pratique, tout le reste était plus ou moins en place et marchait correctement, c’était là l’essentiel. De toute façon il n’y avait rien d’autre à faire qu’attendre que ça passe. Ce qui prenait généralement quelques heures, deux jours au maximum. Heureusement, cette fois-là, c’était pendant les vacances de Noël et même si la jeune fille avait eu du mal à camoufler ces petites imperfections, c’était toujours plus facile qu’à Poudlard où il y a bien trop de monde à éviter.
Tandis qu’elle avait prévenu son oncle, la voix chargée d’inquiétude, ce dernier entreprit une réponse complexe. Visiblement, il lui faisait autant confiance que lors de leur première encontre à Pré-au-Lard, pour lui révéler ce qu’elle devinait être un véritable secret. Une information pour laquelle beaucoup seraient prêts à tuer. C’était dingue quand même cette histoire de créatures anciennes et très puissantes qui semblait-il, avaient asservi une partie de l’humanité, Merlin seul sait dans quelles conditions, et leur avait donné avant de disparaître une infime partie de leur pouvoir. La bleue et bronze n’avait jamais entendu parler d’une telle histoire, ce qui au fond n’était pas si surprenant. Elle en était plutôt restée aux dieux grecs, égyptiens etc, qui selon elle avaient été des sorciers qui avaient su profiter de leurs pouvoirs afin de s’assurer une place privilégiée parmi les hommes et revenant de temps à autre au cours des générations entretenir le mythe. Dans son imaginaire, elle voyait même l’Olympe non plus comme la montagne sacrée et infranchissable mais comme le refuge de la communauté magique, protégé par de nombreux sorts, ou du moins ce qui s’en approche le plus, comme une sorte de magie un peu plus primitive que celle actuellement connue.
Alors que le mangemort déroulait son explication, la jeune sorcière ne pouvait s’empêcher d’établir le parallèle entre ce qu’elle s’était plu à imaginer depuis l’enfance (et en quoi personne ne semblait croire) et ce qu’elle entendait. Ce n’était pas vraiment la même chose et pourtant il y avait à ses yeux certaines similitudes. Ça correspondait même avec ce que le professeur Sinistra leur avait dit un an plus tôt à propos de la formation de la Terre et de la naissance des sorciers. Mais la théorie de Sayannel avait l’air meilleure : un tel afflux de magie aussi concentrée n’avait pas pu former des êtres si peu puissants que les sorciers…. Ou alors des sorciers primitifs avec bien plus de pouvoirs qu’eux, ce qui montrait une dégénérescence de la race à travers le temps. Bref, tout ça pour dire que ça cogitait sec là-haut. Mais lorsque le blond parla d’une « citée engloutie », c’est un autre mythe qui vint occuper l’esprit de notre aiglonne : celui de l’Atlantide. Les deux histoires serait-elles mêlées ? Parce s’il est bien évident qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que toutes les histoires racontées par les moldus avaient une origine réelle mais sorcière, elle n’avait jamais entendu dire que l’Atlantide était vraiment reliée à un fait s’étant déroulé des années auparavant. Enfin elle était loin de tout savoir et ne connaissait même pas l’histoire que l’on racontait sur la citée engloutie.
« Mais si tu le désires, je serais ravi que tu m’accompagnes. Ce serait un honneur de t’avoir avec moi pour partager ce secret. »
Les yeux de la Serdaigle brillaient d’un feu nouveau, attisé par la curiosité et l’enjeu d’une telle recherche qui pouvait aboutir à des découvertes fantastiques qui changeraient à jamais le monde sorcier. Et l’Ecossais lui offrait la possibilité à elle, pauvre fille insignifiante, de participer à quelque chose d’une telle ampleur. C’était bien plus qu’elle n’aurait pu imaginer en rêve. Cependant, la voix de la raison et de la sagesse lui soufflaient avec insistance qu’elle risquait d’y laisser bien plus que des plumes et que le jeu pour tentant soit-il n’en valait pas la chandelle. Etait-elle prête à payer de sa vie ? Non. Sa vie, elle y tenait et il était hors de question qu’elle meure là maintenant, dans une forêt sombre et putride, dévorée par des abominations de la nature, des monstres sanguinaires et sans pitié. Rien que de revoir la « tête » d’une de ces bestioles (si on pouvait seulement les qualifier comme telles) lui donnait la chaire de poule et des frissons désagréables dans tout le corps. Affreux. Ce n’était absolument pas la fin dont elle avait rêvé, d’autant plus que de se faire planter par les immenses dents de ces monstres ne devait pas être sans douleur. Autant dire que vous aviez le temps de vous voir mourir et d’entendre défiler votre vie. Même si la sienne s’achèverait précocement.
Or la présence du viking pesait lourd dans la balance. Elle n’avait pas envie de le décevoir et encore moins de se passer de sa compagnie. Ils n’avaient pas si souvent que ça l’occasion de se voir. Et puis… s’il s’aventurait seul en terrain inconnu et hostile à souhait, c’est qu’il devait avoir un plan. Il devait savoir comment se sortir des pattes de ces choses immondes. C’était un sorcier puissant et s’il avait survécu jusque là, Clarisse ne doutait pas que méthode, rigueur et prévoyance y soient pour beaucoup. Elle lui faisait déjà confiance et s’il lui proposait à elle, c’est qu’il était certain de sa réussite, non ?!
C’est le ventre noué par l’appréhension qu’elle se tourna vers lui, cherchant à capter son regard pour obtenir une confirmation de ses hypothèses silencieuses. La rousse ne s’était pas rendu compte pendant sa réflexion qu’il s’était éloigné, trop préoccupée par le choix qui s’imposait à elle. Son expression était grave, bien trop au goût de la cinquième année. C’est seulement lorsqu’elle remarqua la baguette du sorcier encore luisante du maléfice qu’il avait jeté qu’elle comprit. Une nouvelle araignée avait tenté sa chance, mais en vain, heureusement. La peur lui tordant un peu plus les entrailles, elle pivota lentement sur ses pieds pour scruter le chemin qu’ils avaient parcouru jusque là. Des toiles d’araignées. Partout. Aucune issue n’était possible de ce coté-là. Les créatures les avaient piégées le temps de leurs retrouvailles. Si ce n’était pas perfide ça ! De nouveau elle se tourna vers son oncle, une grimace de dégoût et de peur lui déformant le visage.
« Euh… je crois que … que je n’ai pas vraiment le choix… » murmura-t-elle dans un souffle, sa voix montant un peu trop dans les aigus.
La jeune McBrien plongea précipitamment la main dans sa cape noire et en sortit difficilement un long morceau de bois aux reflets cuivrés : son amie la plus fidèle depuis ses onze ans, sa seule défense, son arme, sa baguette magique, le prolongement de sa main. « Vingt-huit virgule trois centimètre, bois d’acajou nervuré, contient une plume d’occami. Mélange subtil et rare, idéale pour la métamorphose et les sortilèges, votre plus fidèle et puissante alliée en toutes circonstances. » C’est ce que lui avait dit Ollivander à son achat et Clarisse souhaita à ce moment précis de son existence, qu’effectivement ce soit le cas. Le moment aurait été très mal choisi pour lui faire défaut. Comme si elle ressentait la peur de sa propriétaire, la baguette se mit à chauffer doucement, transférant une chaleur rassurante à la sorcière, partant du bout de ses doigts encore trop longs et maladroits pour monter le long de ses bras maigres et se répandre dans son corps entier.
Clarisse se sentit instantanément mieux et inspira profondément pour se donner du courage.
« Je suppose qu’un beau sourire ne leur suffira pas comme justificatif de passage… » Dit-elle en se rapprochant du sorcier.
Même si la peur restait ancrée en elle, apprenant à son estomac mille cabrioles, que ses sens étaient plus en alerte que jamais, les yeux plissés dans l’espoir de distinguer le moindre mouvement dans ce paysage apocalyptique et son ouïe aux aguets, la bleue et bronze était parvenue à maîtriser sa voix et n’affichait plus qu’une mine vaguement dégoûtée. Mais au plus profond de ses iris dansait la flamme de la détermination. Détermination d’en découdre avec les bêtes et de s’en sortir intacte.
« Je propose que vous m’indiquiez quels sorts fonctionnent sur… ces choses… juste au cas ou les échecs ne soient pas leur truc… »
Petite tentative d’humour, chose rare chez notre Serdaigle mais qui lui donnait un peu de courage, parce qu’elle n’avait aucun doute là-dessus, les choses en questions n’allaient pas tarder à attaquer, et même si elle ne les entendait ni ne les voyait, son instinct animal lui soufflait qu’elles approchaient dangereusement. Bien trop prêt pour pouvoir échapper à la confrontation. Pire que ça, il y en avait partout. Alors qu’ils avaient avancé de quelques minuscules petits pas seulement en direction de ce que la jeune fille supposait être l’entrée de la caverne secrète, mais que du reste elle ne voyait pas, elle entendit un bruit suspect sur sa gauche, presque imperceptible. Aussitôt, l’aiglonne se crispa sur la baguette et se tourna lentement dans la direction que lui indiquaient ses oreilles, priant Merlin, Morgane et toutes les divinités de sa connaissance pour que ce ne soit pas ce qu’elle croyait que c’était. Malheureusement, il fallait bien voir les choses en face et une arachnide de taille moyenne la jaugeait avidement… |
| | | | Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Dim 4 Avr - 21:59:28 | |
| Une étincelle rougeâtre s’envola du bout de la baguette du Mangemort et fila dans l’air nocturne avant d’aller s’éteindre, vie diaphane soufflée par le vent malsain de la forêt. Toutefois, avant de disparaître, la minuscule flammèche avait illuminé brièvement un œil mauvais qui se dissimulait dans les feuillages entremêlés de toiles gluantes. Les araignées étaient bien là, attendant l’instant idéal pour passer à l’offensive.
Sayannel se rapprocha de sa nièce, encore fou de joie qu’elle ait accepté de le suivre. Elle lui démontrait ainsi sa confiance en lui, et il se sentait si fier de cette confiance qu’il dut tempérer sa joie pour éviter de commettre une erreur. Se ressaisissant, il affermit sa position sur sa baguette et posa une main sur l’épaule de la jeune fille. Le contact était doux et rassurant – sentiment étonnant pour un homme qui avait rarement effrayé de toute sa vie – et il dut se concentrer pour exprimer clairement sa pensée. Leur survie allait dépendre des paroles qu’il s’apprêtait à lui dire.
- Ecoute…
Il s’interrompit en voyant la jeune fille pâlir et pivoter lentement vers sa gauche. Il suivit son regard et comprit ce qui l’horrifiait. Une autre de ces démoniaques créatures avait bravé le cercle de clarté pour tenter de s’emparer de ses proies avant ses sœurs. Le Mangemort avait toutefois un avantage sur elle puisque l’araignée s’était arrêtée au lieu de se jeter immédiatement sur le duo. Il pointa lentement sa baguette sur la chose, sans gestes brusques.
- Avada…
Il était sur le point de prononcer le sortilège impardonnable lorsqu’il se rappela la présence de sa nièce. Utiliser un sort pour tuer devant elle n’était pas la meilleure façon de lui prouver qu’il était digne de confiance, même sur une telle créature. Si elle voyait avec quelle facilité il tuait, elle le prendrait en horreur et le fuirait, pour ne sans doute plus jamais le revoir. Il cessa donc son sort à mi-chemin et réfléchit à toute vitesse pour en trouver un autre qui fonctionnerait.
Il y eut un instant de flottement tandis que l’homme et la bête se regardaient, deux yeux de glace fixant huit yeux brûlants de haine et de faim. Puis le sorcier fit une tentative.
- Stupefix !
Le jet rouge percuta la créature en plein front et ricocha pour se perdre dans les ombres. Apparemment, il allait falloir un sortilège bien plus puissant pour détruire cette créature. Le géant blond fit un geste de la main gauche tandis que la droite traçait une arabesque dans les airs. L’araignée, furieuse de l’assaut, bondit en avant à la vitesse de l’éclair mais fut stoppée net dans sa course par deux jets de lumière combinés : un rouge provenant de la paume gauche du sorcier et un autre violet issu de sa baguette. La puissance combinée des deux sortilèges envoya la créature voler contre un arbre, sonnée mais vivante. Elle se remit sur ses pattes en un clin d’œil et fonça sur le duo. Tandis que le Mangemort cherchait un moyen de l’éliminer autre qu’un Sortilège Impardonnable, une idée lui vint.
Pointant sa baguette vers la… tête de son adversaire, il marmonna la formule du feu noir et visa la gueule du monstre. Le résultat dépassa ses espérances. Les flammes s’engouffrèrent dans le corps boursouflé de la bête et se mirent à la consumer de l’intérieur. En quelques instants, les flammes noires perçaient ça et là du cuir velu. La bête mourut en quelques instants.
Profitant de ce que la lumière de la consumation de leur camarade tenait en retrait les autres arachnides, le Mangemort se retourna vers sa nièce.
- Ecoute. Comme tu as pu voir, ces créatures ne craignent pas les sortilèges normaux. » Il parlait d’un ton rapide, espérant que les araignées resteraient en retrait suffisamment longtemps. « Je connais des sortilèges qui pourraient faire l’affaire, mais non seulement je n’ai pas le temps de te les apprendre, mais en plus ils sont… peu recommandables. » C’était un euphémisme. Le moins efficace des sortilèges auxquels il pouvait penser était tout de même déjà classifié comme magie noire de troisième niveau. Il devait trouver autre chose. « Voilà ce que nous allons faire. Je vais mettre le feu à ces toiles et nous envelopper dans un cercle de flammes. Cela devrait les empêcher de s’approcher pendant un moment et nous permettre de progresser. Par contre je ne tiendrais pas très longtemps, et il me faudra un moment pour reprendre mes forces. C’est un sortilège très puissant et donc très éprouvant. »
Il pivota, certain d’avoir entendis un cliquètement dans son dos, mais rien ne bougeait. Tout était immobile. Trop immobile. L’araignée achevait de se consumer au sol. Il se retourna vers Clarisse.
- Il faudra profiter du bouclier de flammes pour descendre le plus vite possible jusqu’au fond de la vallée. Tu passeras devant moi. Compris ? » Il avait l’impression d’être comme un père parlant à une petite fille, mais il savait qu’il était obligé d’être strict ou elle courrait un grand risque. « Une fois au fond de la vallée je te montrerais où aller mais il faudra que tu trouves-toi même le chemin pour descendre, je serai trop concentré sur mon sort. Si jamais tu te fais attaquer par une des créatures, lance-lui un sortilège pour invoquer du feu ou de l’eau directement dans son corps. Un aguamenti bien ajusté peut faire l’affaire. Cela ne les tuera peut-être pas mais les retardera suffisamment. »
Une ombre frémit de nouveau dans le coin du champ de vision du Mangemort. Il était plus que temps de partir. Il jeta un regard à la jeune fille. Elle tremblait, chose compréhensible, mais sa prise sur sa baguette était ferme et ses yeux brûlaient de détermination. Elle le fixa dans les yeux et il comprit qu’elle était prête.
- Allons-y… » Murmura-t-il.
Il leva sa baguette, et le chaos se déchaîna.
Les araignées devaient avoir une forme ou une autre d’intelligence, car elles avaient fini par comprendre que l’homme les tuait en utilisant la mince tige de bois et avaient paniqué en le voyant la lever de nouveau. Aussi avaient-elles attaqué sans se préoccuper du danger. Ce qui était la chose la plus dangereuse qu’il ait pu arriver pour les deux sorciers.
Sayannel fut forcé de modifier sa stratégie en un clin d’œil. Interrompant le sortilège qu’il venait à peine de commencer, il cria d’une voix qui tonna dans l’air nocturne
- Eole Furax !
Un vent furieux se leva, faisant tourbillonner les robes du Mangemort et de sa fille et créant autour d’eux un tourbillon venteux qui repoussait et emportait les créatures qui s’en approchaient trop près. Plusieurs des créatures s’en aperçurent à leurs dépens lorsqu’elles voulurent sauter sur la jeune fille et se retrouvèrent à voler dans les airs sur plusieurs dizaines de pieds.
Le viking laissa échapper un soupir. Ce sort leur procurait un abri temporaire, mais ils ne pouvaient pas se déplacer, et le sort romprait si trop de créatures s’y attaquaient en même temps. Et s’il voulait lancer le sortilège qu’il prévoyait, il devait d’abord rompre celui-ci… Or le sort en question demandait plusieurs secondes de préparation, secondes dont il ne disposait pas. Son cerveau tournait à plein régime, cherchant une issue à la situation.
Alors que les monstres se rapprochaient de plus en plus et que la tornade faiblissait, l’inspiration lui vint. Il leva la main gauche, la plongea dans le vent tourbillonnant et rompit le contact avec le sortilège de sa baguette tout en le rétablissant avec sa main gauche. Cela ne marcha qu’à moitié.
Son don d’Animagus avait beau être puissant, le sortilège de l’Eole Furax était tout de même de niveau conséquent, et son efficacité était réduite par l’usage de sa seule main magique. Il doutait d’ailleurs d’être capable d’invoquer le sortilège uniquement avec cette main. S’il n’avait pas déjà été lancé, son astuce n’aurait sans doute pas marché. Toutefois il devait se mettre au travail rapidement s’il voulait réussir son sortilège.
Le vent avait faibli et n’était plus capable que de repousser légèrement les arachnides, tout au plus de les empêcher de pénétrer la zone où se tenaient le Mangemort et sa nièce. S’efforçant de maintenir ce minimum d’efficacité de sa main gauche, l’Ecossais se lança dans son incantation. Il pouvait sentir la jeune fille près de lui, sûrement effrayée mais ne le montrant pas. Une bouffée de fierté l’envahit, qu’il chassa afin de mieux se concentrer sur son sort.
Il y eut un moment de flottement, où tout semblait irréel. Le vent soufflant en mistral pour repousser les effrayants arachnides aux yeux brûlants. Les toiles laiteuses reflétant leur regard rouge et malsain. La jeune fille encerclée par les créatures avides. Le colosse dressé telle une statue de l’ancien temps, une main commandant au vent et l’autre tenant une baguette au bout de laquelle un flamboiement enflait petit à petit. Puis Sayannel compléta l’incantation et, retirant sa main de la tornade, brisa la protection.
Les monstrueux octopodes se ruèrent en avant, leurs chélicères immondes ruisselant déjà d’impatience. Elles couvrirent la distance les séparant de leurs proies en une fraction de seconde et se jetèrent sur elles, prêtes à les dévorer.
Un rugissement de flammes trancha net leur élan, consumant sur place un grand nombre de bêtes et repoussant les autres dans l’ombre, leurs hurlements stridents déchirant les tympans de l’oncle et de la nièce. Tout autour des deux silhouettes, un mælstrom de flammes ardentes déchira les ténèbres en s’élevant toujours plus haut jusqu’à former une spirale enflammée sans cesse renouvelée qui irradiait de luminescence les alentours. Transpirant déjà sous l’effort de maintenir le sortilège, Sayannel cria à sa nièce de se diriger vers la vallée.
Les deux sorciers avancèrent lentement jusqu’au bord de la crevasse. Le Mangemort pouvait sentir les arachnides furieux qui les suivaient, juste en dehors de portée des flammes et de leur lumière vive. Il lança un bref coup d’œil à Clarisse, et vit qu’elle était sur le point de descendre. Visiblement, elle avait déjà trouvé un chemin menant au fond du gouffre. Alors qu’elle commençait à descendre, il fit un suprême effort de volonté et plusieurs langues de flammes s’échappèrent du tourbillon incandescent pour aller embraser les toiles alentours. Aussitôt, des cris stridents retentirent à nouveau, pleins de fureur et de peur. Satisfait, mais le front ruisselant de sueur, le géant blond s’engagea sur les traces de sa nièce.
Ils dégringolèrent tant bien que mal la pente raide qui menait droit dans les ténèbres. Le sol sous leurs pieds était granuleux et s’effritait à chaque pas, si bien qu’ils risquaient la chute au moindre faux geste. La barrière de feu maintenait toujours à distance les créatures, mais elles suivaient le couple, le cliquetis furieux de leurs pattes griffues retentissant dans la forêt vide.
Encore et encore ils descendirent, toujours plus en avant dans l’obscurité. Au fur et à mesure qu’ils descendaient, la lumière des flammes leur révélait des arbres aux racines tordues et des formes grotesque, à la limite du vivant. Il était clair qu’ils approchaient de l’antre d’une créature maléfique – ou plus précisément d’un clan entier de créatures maléfiques.
Au bout de quelques minutes, alors que Sayannel commençait à fatiguer et sa concentration à faiblir, il aperçurent enfin le fond du vallon. La terre y était noire et poussiéreuse, et bien qu’il y ait des traces prouvant qu’un ruisseau y avait autrefois coulé, celui-ci était clairement depuis longtemps épuisé. Soudain, alors que le fond n’était plus qu’à quelques mètres, Clarisse trébucha et tomba, glissant juste en-dehors de portée de la protection des flammes. Instantanément, une araignée surgit du ciel, pendue à un fil laiteux, pour l’assaillir. Le Mangemort cria, mais la jeune fille avait de bons réflexes : elle roula sur le côté, pointa sa baguette sur la gueule ouverte du monstre et cria quelque chose d’incompréhensible. Un jet d’eau fumante jaillit de la mince tige de bois et pénétra dans les mâchoires ouvertes. Le monstre émit un cri abominable et recula. La jeune bleu et or mit à profit cet instant pour réintégrer la sûreté du cercle de flammes.
L’historien lui jeta un regard inquiet, craignant qu’elle ait quelque blessure. Toutefois, avant qu’il ait eu le temps de s’enquérir de son état, un flot monstrueux d’araignées parut juste en dehors de leur champ de vision. Il en venait de partout, du haut de chacun des versants mais aussi du fond du vallon et des branches qui le surplombaient. Le Mangemort chercha désespérément du regard un endroit où se mettre à l’abri, d’autant plus qu’il ne tiendrait plus longtemps sont sortilège.
Tandis que ses yeux fouillaient les ombres, son regard accrocha enfin ce qu’il cherchait. Là, à quelques pas seulement des flammes, un enchevêtrement de racines anciennes et biscornues entourait un énorme bloc de pierre dans lequel était taillé une arche qui s’ouvrait sur les ténèbres. Il en était sûr, c’était là l’endroit qu’il cherchait ! Toutefois un léger problème risquait de contrarier fortement leur entrée dans cette crypte, un léger problème qui prenait la forme de dizaines d’araignées velues et haineuses qui se ruaient vers eux avec toute la vitesse de leurs huit pattes griffues. Oui, il y avait un léger problème.
Sans parler, afin d’éviter de briser sa concentration faiblissante, le Mangemort indiqua du doit l’ouverture à sa nièce. Celle-ci pâlit quand elle comprit que c’était leur destination. Sayannel hésita. Il avait bien une idée, mais elle serait dangereuse…
Voyant que les effrayantes créatures s’approchaient de plus en plus, il prit sa décision. Montrant du doigt l’ouverture de la caverne, il fit signe à la jeune fille d’y courir dès son signal. Elle hocha de la tête.
Il estima la distance. Environ trente pieds. C’était faisable, mais il faudrait agir vite. Il prit une inspiration puis mit son plan en action. D’un geste fulgurant du poignet, il rassembla toutes les flammes de leur bouclier et les envoya vers l’avant, comme un immense jet de flamme craché par un dragon. A l’instant même où les flammes partaient, il cria « Vas-y ! ». Les araignées fuirent le feu dévorant prestement, créant une trouée nette qui menait directement à l’arche. Le Mangemort et sa nièce s’engagèrent en courant à toute vitesse dans ce couloir d’une sûreté éphémère. 20 pieds. Les flammes léchaient encore les bords de la trouée, et les arachnides se tenaient à l’écart. 10 pieds. Les dernières flammèches s’éteignirent, et les monstres se ruèrent vers eux. 5 pieds. Clarisse était juste à côté de lui, mais il était clair qu’elle n’y arriverait pas à temps. Priant pour qu’elle lui pardonne, il lui donna alors une grande poussée dans le dos et elle bascula en avant dans l’ouverture, disparaissant de sa vue. Il se retourna. Les araignées étaient sur lui. D’un geste rageur, il leur lança une boule de flammes qui s’écrasèrent entre elles et lui, lui donnait un court répit. Il le mit à profit pour se jeter à la suite de sa nièce dans le boyau.
Là, il s’arrêta. Il ne pouvait plus courir, et il sentait la présence de Clarisse au sol derrière lui. Il ne pouvait pas reculer. Il se dressa de toute sa hauteur et pointa sa baguette sur la masse qui arrivait. Il allait devoir utiliser le sortilège impardonnable. C’était le seul moyen de la sauver. Tant pis pour les conséquences. Alors que la première des araignées arrivait face à lui, il prononça la terrible incantation.
- Avada Kedavra !
La créature de tête se figea, morte. Il recommença, et encore, et encore. Inlassablement, il tua, jusqu’à ce que les cadavres forment une barrière pour leurs congénères. Et chaque mort le déchirait plus encore car il savait qu’elle le transformait un peu plus en monstre aux yeux de sa nièce. Mais qu’importait. Sa vie à elle comptait plus que son bonheur à lui.
Alors que le Mangemort croyait que le flot ne tarirait jamais, les monstres cessèrent d’arriver. Usant de ses dernières forces, il dressa une dernière fois sa baguette à hauteur de visage et, la pointant vers les parois, érigea un mur de pierre solide en travers de la voie. Désormais, plus aucune des araignées ne pourrait passer ici.
Epuisé, le viking se laissa tomber au sol près de sa nièce. Il alluma le bout de sa baguette pour les éclairer avant de se laisser aller à souffler, pantelant. Il y eut un instant de silence pendant lequel ni l’un ni l’autre ne parlèrent, puis la jeune fille leva les yeux vers lui, et il sur en fixant ce regard qu’il aurait des comptes à rendre de la mort qu’il venait de distribuer à tour de bras pour la sauver. Elle allait le fuir, le repousser. Qu’importe, elle était sauve.
Las et vidé, le colosse plongea ses yeux au bleu troublé dans le regard farouche de la Serdaigle. |
| | | - Clarisse McBrien
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| Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Lun 5 Avr - 13:37:17 | |
| Clarisse déglutit difficilement face à l’hideuse bestiole dont les huit yeux brillaient d’une lueur mauvaise. C’était la première fois que la jeune fille se retrouvait confrontée à pareille horreur, la première fois que sa vie ne tenait plus qu’à un fil. Et au lieu de bouger, de chercher à se défendre, elle restait simplement là, immobile, ses yeux écarquillés fixés sur le monstre. L’araignée semblait d’ailleurs avoir pleinement conscience de la situation et comprendre que sa proie était paralysée de peur car elle salivait par avance, sûre de sa victoire. Un filet de bave épais, nauséabond et certainement très gluant coulait d’un orifice qui devait servir de bouche. C’était absolument répugnant. Surtout si l’on pensait que notre moineau servirait de repas à l’arachnide dans un futur proche. Son estomac se tortillait dans tous les sens, enchaînant polka et french cancan à un rythme bien trop soutenu pour qu’elle puisse apprécier la prouesse technique. Trop effrayée, la Serdaigle n’entendait rien de ce qui se passait autour d’elle. Elle semblait hypnotisée par les quatre paires d’yeux globuleux fixés sur elle et c’est à peine si elle vit le jet rouge du stupéfix rebondir sur le corps disgracieux de leur présente ennemie.
Lorsque cette dernière se jeta presque sur les deux humains, la bleue et bronze se rapprocha instinctivement du mangemort, comme si le simple fait de le toucher pouvait empêcher la bête de l’atteindre. Alors qu’elle se croyait perdue, qu’elle voyait l’araignée se rapprocher au ralentit, comme dans les films au moment ou le méchant repenti tombe de la falaise ou se prend une balle dans le corps. Vous savez, ce moment qui dure des heures alors qu’en réalité il ne fait que quelques secondes. Et bien là c’était pareil. Tandis qu’il ne restait plus guère de distance entre le chasseur et son dîner, deux jets de lumières de couleurs distinctes fusèrent dans sa direction et la firent valser à quelques mètres. Notre rouquine sursauta vaguement sur le coup de la surprise. Son cerveau jusque là anesthésié reprit brutalement du service et commença à tourner à toute allure pour comprendre comment diable il était possible que Deux sorts aient été lancés en parallèle alors qu’elle-même n’avait toujours pas bougé et que Sayannel devait se débrouiller seul dans ce combat.
Elle n’eut cependant pas le loisir de s’interroger trop longtemps car la tenace bestiole revenait à la charge, plus furieuse que jamais. Cette fois fut pourtant la bonne pour nos deux aventuriers puisque le sort envoyé par le blond consuma la maléfique créature. L’odeur qui s’en dégagea donna la nausée à la cinquième année. Heureusement, son estomac était tellement noué qu’il ne se passa rien, mais elle tira tout de même le col de sa cape contre sa figure pour se protéger de l’odeur pestilentielle. Si la situation n’avait pas été aussi grave, elle aurait probablement établi la comparaison avec l’odeur désagréable que Trelaweney trimbalait avec elle en se demandant qui de l’araignée cramée ou de la prof déjantée gagnerait en cas de concours.
La voix de son oncle la tira de sa léthargie passagère. Elle écouta ses recommandations avec application, tout en surveillant les toiles du coin de l’œil, au cas ou l’idée de venir se suicider viendrait à l’esprit d’une autre bestiole. Bon son rôle n’était pas trop compliqué : éviter de se faire attraper par une araignée et courir le moment venu jusqu’en bas d’un trou. Rien de plus simple, elle faisait ça tous les jours ! Néanmoins, le discours du viking l’avait réveillé, et cette fois, elle comptait bien ne plus se laisser surprendre et tétaniser par ses ennemies, maintenant qu’elle savait à quoi elle avait à faire. C’est donc déterminée, quoi que ne contrôlant pas les tremblements de son corps, que la jeune fille acquieça. Et à peine eut-elle le temps de prendre sa respiration qu’une nuée de choses poilues avec plusieurs paires d’yeux leur fonça dessus. Elle ne sut pas trop ce qui se passa à partir de ce moment-là. La seule chose dont elle se rendit compte c’est que le sorcier blond était très puissant et que sans lui elle serait morte depuis longtemps. Après un temps qui lui parut durer une éternité et pendant lequel ils avançaient à la vitesse de l’escargot, ils atteignirent enfin le bord de la crevasse. Clarisse avait du user d’une forte concentration pour ne pas s’engluer dans une toile proche ou se prendre les pieds dans la végétation tortueuse.
Quand elle vit la pente raide, sa peau déjà blême perdit encore une ou deux teintes. Elle s’arrêta quelques secondes, les yeux plissés et balaya la pente, le temps de se décider pour le chemin le moins dangereux. Elle s’y engagea baguette en avant, les doigts fermement serrés autour du bois précieux. Là encore, elle dut développer des trésors de concentration pour ne pas tomber. Le sol était granuleux et s’effritait sous ses pas, quelques cailloux se délogeaient à son passage, manquant de faire glisser sa chaussure. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle ne voyait même pas le fond et que la peur ne la quittait pas. Si elle avait pu, elle se serait recroquevillée dans un coin, se serait mise à pleurer et à hurler jusqu’à ce qu’on vienne la chercher pour la sortir de là. Seulement le seul moyen d’en réchapper était de descendre cette foutue pente. Alors la Serdaigle s’efforçait de calmer ses angoisses et de ne surtout pas regarder autour d’elle mais de conserver le regard fixé sur le chemin qu’elle empruntait.
Alors qu’elle atteignait presque le fond, elle osa regarder timidement en contre-bas. Ce fut son seul moment d’inattention et il suffit à la faire trébucher sur une racine qui dépassait perfidement du sol. Clarisse se sentit chuter et rouler sur elle-même, se cognant le corps contre des obstacles invisibles. Heureusement, à force de pratique, elle avait eu le réflexe inestimable de protéger sa baguette. Heureusement parce qu’elle vit une immense chose tomber droit sur elle. Heureusement parce qu’elle roula un peu plus loin pour l’éviter et lui lança un « Aguamenti » puissant et bien senti, dans lequel transparaissait toute sa colère et sa peur, avant de reculer vers Sayannel. Le tout s’était passé très vite, et la jeune fille se s’était rendu compte de rien jusqu’au moment ou ses poumons crièrent grâce. Elle s’aperçut qu’elle avait retenu son souffle tout du long et que oui, c’était bien elle qui venait de faire tout ça. Elle reporta alors son regard sur l’adulte pour la première fois depuis qu’ils avaient commencé à avancer. Il lui indiqua du geste un entrela de racines et de branches plus tordues les unes que les autres, comme destination finale.
Pour la seconde fois, elle attendit son signal pour s’y élancer. Lorsqu’il le lui donna, elle voulut courir dans la direction indiquée. C’était sans compter une douleur au niveau de la cheville droite. Grimaçant et maugréant intérieurement contre sa maladresse légendaire, elle fit de son mieux pour clopiner le plus vite possible vers leur salut, poussée par la peur et la vision de toutes ces araignées qui s’efforçaient de leur bondir dessus. Elle ne fut pourtant pas assez rapide et elle sentit qu’on la poussait sans ménagement dans le dos. La rousse fit un beau vol plané, franchissant l’ouverture en battant désespérément des bras. Elle atterrit douloureusement quelques mètres plus loin et il lui fallut quelques secondes pour prendre conscience de la situation. Sayannel était à ses côtés, envoyant Avada sur Avada vers l’ouverture alors que les monstres se pressaient sans fin dans leur direction. Reprenant ses esprits, elle agita elle aussi sa baguette, poussée par l’urgence.
« Conjonctiva ! »
Elle visa une bête sur le côté, espérant ne pas gêner son sauveur. La bête, dès qu’elle fut touchée se mit à tourner en rond et à produire une sorte de cri perçant et très désagréable avant de se ruer toutes pattes dehors sur une de ses consœurs. Mais déjà Clarisse ne s’en préoccupait plus. Elle enchaîna, visant d’autres yeux globuleux, tantôt avec un janbencoton, un tarentallegra, un sortilège d’entrave ou encore un oppugno. Malheureusement, ses sorts n’étaient pas très efficaces et s’ils distrayaient un moment les grosses bêtes, ils ne les mettaient pas hors de combat. Le cerveau de Clarisse qui tournait à plein régime depuis le début de cet improbable combat lui donna une solution de géni : la métamorphose ! L’adolescente se mit donc à transformer les araignées en boutons (c’était le premier objet qui lui était venu en tête). Dès le premier sortilège, elle sentit sa baguette frémir de contentement entre ses doigts fins. Elle ne sut pas combien elle en lança mais fut néanmoins contente et rassurée lorsque le géant dressa un immense mur de pierre devant la rangée de cadavres (et de boutons), les plongeant dans l’obscurité la plus totale.
L’Ecossaise, encore affalée par terre après sa chute, resta quelques instants immobile, encore ahurie, puis se traîna sur quelques centimètres pour s’adosser à la paroi du tunnel. Elle grimaça. Sa cheville droite la lançait douloureusement. Dans un soupir, elle agita sa baguette et une lueur bleue en fit briller l’extrémité. C’est sans surprise qu’elle vit l’angle improbable que formait son pied avec sa jambe. Lentement, elle approcha sa main gauche et effleura du bout des doigts la zone suspecte. Aussitôt, un picotement désagréable se fit ressentir. Fermant les yeux, elle éteignit sa baguette et appuya sa tête contre la pierre. Elle inspira profondément avant d’ouvrir les yeux et de croiser le regard inquiet de son oncle.
« Je suis désolée » murmura-t-elle.
Il avait l’air si las. Tout ça était de sa faute et uniquement de sa faute à elle. Elle n’avait été qu’un poids. Un boulet qu’il avait été forcé de traîner derrière lui. Sans elle, il serait déjà en bas en train de chercher des traces de ces entités disparues. Elle détourna le regard, fixant son attention sur un caillou rond, à un mètre de là.
« Je n’aurais jamais du me trouver hors de mon dortoir, je n’aurais jamais du vous suivre et encore moins pénétrer dans la forêt interdite. Ni même m’en approcher. Mais j’ai vu une silhouette… et alors il fallait que je sache, et je vous ai suivi. C’était facile. Elle eut un rictus, ironique. Dans la clairière, j’ai hésité à faire demi-tour, ça devenait dangereux et je me savais incapable de me défendre. Seulement j’étais perdue… Elle se tut quelques secondes. Je vous ai retardé, je leur ai donné le temps de préparer leur attaque. Sans moi vous n’auriez pas dépensé autant d’énergie dans votre défense. Sans moi, vous seriez déjà en train d’explorer…je suis désolée.. »
Oh oui elle s’en voulait. Elle aurait bien du y penser toute seule, elle qui se croyait intelligente. Elle n’avait pas réfléchi deux minutes. Et voilà qu’à présent elle ne pouvait plus bouger. Elle était bien avancée tiens ! Et même sans sa cheville défectueuse, elle se sentait tout simplement vidée. La métamorphose en animagus lui avait coûté de l’énergie, comme toujours, mais ce n’était pas que ça. Les sortilèges qu’elle avait lancés dans l’urgence et le besoin de sauver sa vie, de défendre la seule chose qui lui appartenait… tout ça ne l’avait pas arrangée. Il était tard et elle avait sauté le dîné. Elle n’en pouvait plus, tout simplement. Epuisée. Voilà, elle allait mourir là, de faim, de soif et de fatigue… c’était plutôt une belle fin. En tout cas moins douloureuse que de finir broyée, disloquée sous les assauts répétés des arachnides se disputant son corps.
Elle frissonna de dégoût. Non, décidément non, l’envie de passer de vie à trépas ne lui était pas encore venue. Instinctivement, elle plongea sa main gauche dans ses poches pour en vider le contenu. Ses doigts heurtèrent une plume usée, quelques morceaux de parchemin sans importance, une pince pour les cheveux, une montre arrêtée, une pomme et quelques gâteaux en mauvais état ainsi qu’un vieux paquet de bonbons pas encore entamé mais qui séjournait là probablement depuis Noël… Elle extirpa de son mieux les objets comestibles et les étala devant elle. Après le spectacle sanguinolent auquel elle avait assisté, elle n’avait pas vraiment envie de manger, seulement si elle n’ingérait un pas un peu de glucose dans les plus brefs délais, elle sentait qu’elle n’irait pas très loin.
« Je ne vous ai même pas aidé… et je suis tellement maladroite que je ne pourrai pas vous accompagner plus loin. »
Elle attrapa un gâteau non identifiable après le mauvais traitement reçu dans ses poches.
« Mais je peux vous proposer à manger, faute de mieux… »
Sans attendre de réponse, elle mordit mollement dedans et se força à mâcher avant d’avaler, sa baguette toujours fermement tenue dans sa main droite, comme si elle y avait été fixée par de la glu perpétuelle. |
| | | | Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Dim 6 Juin - 19:47:22 | |
| Las, Sayannel accepta le gâteau que lui proposait sa nièce et le regarda avec intérêt. C’était un biscuit tout ce qu’il y avait de plus simple, en assez mauvais état mais qui semblait tout de même mangeable. Il l’engloutit d’un coup puis ferma les yeux un instant. Il ne s’était pas attendu à ce que les araignées soient si nombreuses. Oh, bien sûr, il se doutait qu’il devait y en avoir un grand nombre, mais à ce point ! Cela devait faire plusieurs décennies qu’elles se reproduisaient ici, sans jamais quitter la Forêt Interdite. Etrange…
D’après ce que savait le Mangemort à propos des habitudes de vie des arachnides, ceux-ci ne vivaient pour ainsi dire jamais en communauté. Il était déjà rare de les voir vivre en couple – le plus souvent la femelle dévorait le mal pour se donner des forces après le rapport – alors il était d’autant plus étrange de voir toutes ces créatures vivant en… clan, sans querelles territoriales ou autre. Le plus surprenant était de voir qu’elles étaient capables de traquer ensemble une même proie. Cela allait à l’encontre de tout ce dont il avait entendu parler jusqu’ici. Il prit note mentalement de faire des recherches sur cette curieuse variété d’arachnide une fois l’expédition terminée.
Parlant de celle-ci d’ailleurs, il était grand temps de continuer. Il savait pertinemment qu’il aurait eu besoin de repos – idéalement une ou deux heures de sommeil – et que sa nièce devait être épuisée elle aussi, mais ils devaient l’un comme l’autre être de retour au château au petit matin, et il était déjà passé minuit. Dans le pire des cas, il pourrait toujours dire aux Carrow qu’il était parti agir sur l’ordre du Lord, mais il aurait beaucoup de mal à expliquer l’absence de sa nièce de manière aussi convaincante. Ils devaient donc continuer leur périple sans plus tarder, quoi qu’il leur en coûte.
Le viking contempla sa nièce qui mâchonnait un autre gâteau. Il était évident qu’elle se forçait à l’avaler, et la scène était à la fois comique et attendrissante. De voir cette jouvencelle appuyée contre la paroi de pierre, l’air mal en point et fatiguée, les cheveux et les vêtements dans tous les sens, qui observait son biscuit d’un air interrogateur, comme s’il avait pu lui donner des réponses.
- Ne t’excuse pas, ce serait plutôt à moi de le faire. » Dit-il péniblement, soulevant sa grande carcasse de sa position affalée et tentant de reprendre contenance. « Je n’aurais pas dû t’emmener, c’est bien trop dangereux. »
Il hésita un instant, puis décida de dédramatiser l’incident.
- D’ailleurs, tu n’es pas si inutile que cela. Sans toi, je n’aurais sans doute pas réussi à contenir ces monstres assez longtemps pour rassembler l’énergie pour bloquer l’entrée. Tu m’as été d’un secours précieux. » Il lui sourit. « Allons, ne nous attardons pas plus. La nuit est trop courte, et il nous reste bien du chemin à faire. »
Le viking tendit la main à sa nièce pour l’aider à se relever. Elle la prit et il eut un bref instant d’émotion en sentant cette frêle poignée que noyait sa main. Il la hissa sur ses pieds et s’apprêtait à la lâcher lorsqu’il vit un rictus de douleur traverser son visage. Elle devait s’être fait mal pendant la descente ou lorsqu’il l’avait poussée dans le tunnel. Il l’examina brièvement. La cheville était tordue. Pas cassée – heureusement – mais bel et bien foulée. Cela posait un problème.
En effet, le Mangemort – pour puissant et compétent qu’il faut dans de nombreuses formes de magies, dont certaines maléfiques ou encore censément oubliées – n’avait strictement aucune compétence quand il s’agissait de guérir des blessures physiques. Il connaissait bien sûr tous les contre-sortilèges permettant d’annuler l’effet d’un sort, mais était totalement impuissant lorsque l’on en arrivait à soigner des blessures naturelles. Il n’avait tout simplement jamais réussi à comprendre comment marchait ce type de sortilège. Il n’avait aucun mal à utiliser voire à créer des sorts destructeurs, induisant la souffrance, déformant ou manipulant le corps humain, mais il ne parvenait pas à influencer ou à forcer une guérison. Il sourit.
- Je crois que ta cheville est foulée. » Il vit une lueur interrogative passer dans le regard de sa nièce et répondit à la question muette. « Non, je ne peux pas la soigner. Je suis désolé, mais c’est le seul type de magie que je n’ai jamais réussi à apprendre. Je serais incapable de soigner une simple ampoule par moi-même. » Il laissa filer un instant de flottement avant de lâcher un court éclat de rire. « Pathétique non ? Le type de magie qui aurait été le plus utile dans cette situation se trouve être le seul que je ne peux produire. Moi qui ai ressuscité d’anciennes magies simplement à partir de restes archéologiques ou de runes à moitié effacées, je suis incapable de faire une chose aussi simple que soigner une foulure de cheville. »
L’amertume pointait dans sa voix, et il s’en rendit compte aussi cessa-t-il de s’apitoyer pour réfléchir à un plan d’action. Soudain une idée lui vint.
Il demanda à Clarisse d’étendre la jambe atteinte puis, pointant sa baguette sur une racine qui dépassait du plafond, la sectionna et la transfigura en une attelle qu’il fixa sur la cheville de la jeune fille. Il la serra de manière convenable, s’assurant qu’elle ne bougeait pas, puis se redressa et aida sa nièce à faire de même.
- Te sens-tu prête à repartir ?
Clarisse hocha légèrement la tête, et il sourit de sa bravoure. Elle devait à n’en pas douter souffrir en marchant mais elle n’en pipait pas mot. Elle avait vécu une chasse horrible que nul n’aurait du avoir à subir – encore moins une adolescente comme elle – et pourtant n’hésitait pas à poursuivre. Il ne pouvait lui dire combien il était fier d’elle.
Il la regarda un instant, hésitant à lui témoigner cette fierté, mais finit par décider de l’inverse. Il avait toujours eut beaucoup de mal à témoigner de l’affection ou des sentiments à qui que ce soit. Même à Océane, que pourtant il avait aimé et aimait toujours comme un fou, il n’avait jamais rien dit de ses sentiments, jamais fait un geste de tendresse. La seule exception à cette existence de non-épanchement sentimental était la fois où il avait enlacé sa nièce pour la réconforté, juste en dehors de Pré-au-Lard, dans sa retraite sylvestre. Encore aujourd’hui, il ne comprenait pas ce qui l’avait pris d’agir comme cela, mais ne le regrettait pour rien au monde. Simplement, il doutait de pouvoir reproduire un tel geste. Aussi décida-t-il de ne rien dire et de reprendre leur quête.
Arrachant deux autres racines aux parois qui mêlaient rocaille et terre, il les changea en deux torches rudimentaires mais fonctionnelles et les embrasa toutes deux. Il en donna une à Clarisse en lui conseillant de la faire léviter devant elle plutôt que de la porter – ce serait moins fatigant et moins dangereux si elle venait à tomber – et prit l’autre en main. Il préférait la tenir plutôt que de la faire flotter car cela lui permettait de détailler de plus près les parois et ainsi de mieux voir les éventuels embranchements ou signes quelconques.
Le tunnel descendait dans les profondeurs avec régularité, sans jamais tourner, si bien que Sayannel fut bientôt convaincu de se trouver sous le fond du lac de Poudlard. Cela ne l’étonnait guère car il savait que le lac n’était en fait que reliquat d’une antique mer au bord de laquelle – soupçonnait-il – les Anciens avaient établi une de leurs cités. Cette descente en ligne droite semblait confirmer sa thèse.
Il avancèrent en silence durant ce qui sembla être environ une heure – il était difficile de dire car ils n’avaient aucun moyen de mesurer le temps, le Mangemort ayant oublié de prendre son sablier de poche. Etonnamment, Sayannel ne vit aucun couloir secondaire, qui auraient pourtant dus être secondaires pour dérouter les intrus. Ceci l’incita à redoubler de prudence, aussi scrutait-il les parois avec une attention soutenue, cherchant le moindre sigle, le moindre symbole qui puisse donner une indication quelconque sur les bâtisseurs de ce souterrain et sur leurs desseins. Toutefois il n’en vit aucun.
Cette absence de quelque symbole que ce soit commençait à faire douter l’historien – peut-être s’était-il trompé après tout – lorsque soudain la flamme dansante de sa torche improvisée éclaira ce qui lui parut être un immense espace vide. Il s’avança avec circonspection et vit que le tunnel se terminait en débouchant dans une grotte aux dimensions cyclopéennes.
Devant eux, à quelques pas du bout du tunnel, le sol s’ouvrait sur un précipice dont le Mangemort ne pouvait apercevoir le fond. Il s’avança jusqu’au bord et contempla les abysses insondables qui s’étendaient à ses pieds. Un néant primitif emplissait cette salle souterraine, lui donnant une sensation étrange, comme venue d’un autre monde. La voûte lointaine n’était qu’entrapercevable à la lueur tremblotante des torches, de même que les parois qui allaient en s’élargissant. Sayannel estima que l’on aurait facilement pu rentrer Poudlard dans cette salle – et encore cette estimation ne valait que pour ce qu’il voyait. La caverne était sans doute dix fois plus grande que son estimation.
Tandis qu’il se perdait dans ces contemplations, deux détails attirèrent son attention. Le premier était une faible lueur verdâtre qui pulsait dans les lointains tréfonds. Le second était un escalier de pierre taillé dans la paroi gauche qui descendait dans ces même tréfonds et se perdait rapidement dans l’obscurité.
Le géant blond s’approcha de ce palier vers les enfers et vérifia la solidité de la marche. Elle n’avait de toute évidence pas servi depuis plusieurs millénaires tout au moins, mais demeurait d’une solidité à toute épreuve.
Les marches étaient taillées directement dans ce qui semblait être du marbre noir – marbre dont était apparemment composée le reste de la caverne – et dégageaient une sensation étrange. Une aura malsaine, oppressante. Toutefois il en fallait plus que cela pour arrêter le Mangemort.
Il se retourna vers sa nièce, qu’il avait – il en ressentait quelque honte – complètement oubliée depuis qu’il était entré dans la salle. Elle se tenait à distance respectueuse du bord, et il comprit au premier coup d’œil qu’elle était épuisée. Il ne savait par quel miracle elle avait tenu jusqu’ici, mais elle ne tiendrait certainement pas jusqu’en bas, et encore moins durant le voyage du retour.
Cruel dilemme.
Sa nature fondamentalement curieuse et passionnée de mystères lui soufflait de descendre, quitte à laisser Clarisse là à l’attendre. Elle ne risquait rien, lui disaient les voix, et elle pourrait se reposer, peut-être dormir un peu. Mais une autre voix, plus insistante, lui criait de faire demi-tour, de la ramener au château. Les araignées risquent de percer ta muraille, disaient-elles, et quand bien même elles ne le feraient pas, tu auras assez de mal à sortir sans la fatigue de la descente. Et puis qui sait quels dangers attendent en bas ?
L’Ecossais hésitait. Que faire ? Il ne pouvait pas la laisser seule ici, il ne pouvait pas lui demander de descendre ces escaliers, et il ne pouvait pas non plus abandonner si près du but !
Tout à son dilemme, il jeta brièvement un sort de son invention sur l’escalier. Celui-ci se mit à émettre une faible lueur argentée, qui descendit avec régularité, marche par marche. Le but de ce sortilège était de détecter tout piège ou maléfice. Si la marche était sûre, la lueur argentée passait à la suivante. Si elle était piégée, la lumière virait au rouge et une tête de mort rouge apparaissait sur la marche jusqu’à désactivation du piège tandis que le sortilège continuait son chemin.
Sayannel vit la lueur argentée disparaître en contrebas. Tout était sauf. Il revint donc à son dilemme. Que faire ?
Soudain, il eut une idée. Oui, cela pourrait marcher. Il se tourna vers sa nièce.
- Nous allons descendre. Je vois que tu es épuisée – ne me contredis pas, cela se voit. Je vais me transformer et tu t’accrocheras à ma fourrure pendant la descente. Ca te va ? Si tu en as assez, tape-moi sur le bout du museau et nous ferons une pause.
Il lui sourit. Son plan, bien qu’inhabituel, lui semblait le meilleur en la circonstance. |
| | | - Clarisse McBrien
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| Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Jeu 17 Juin - 14:38:38 | |
| L'adolescente tendit la main et se saisit d'un autre biscuit. Elle devait manger, reprendre quelques forces, aussi maigres soient-elles. Elle n'avait été qu'un boulet jusque-là et elle s'en voulait. Si elle devait continuer à avancer dans ce tunnel sombre avec son oncle, elle espérait le gêner le moins possible puisqu'on ne pouvait pas dire qu'elle était d'une grande aide. Elle devait avaler un peu de glucose. L'effet serait probablement de courte durée mais ce serait mieux que rien. Clarisse dût faire un effort de volonté pour mâcher. L'odeur nauséabonde des araignées -si l'on pouvait qualifier ainsi pareils monstres- flottait toujours dans l'air et donnait plus envie de vomir qu'autre chose. Mais enfin elle n'avait guère le choix si elle voulait poursuivre l'aventure, sortir de là ou tout simplement rester en vie. Nul doute que Sayannel malgré son extraordinaire puissance et vu son état de fatigue aurait été incapable de les faire transplaner vers de meilleurs horizons, à condition qu'il soit possible d'effectuer pareille manœuvre à cet endroit de la forêt interdite. Autant dire que rien n'était gagner. Elle ne pourrait compter que sur ses maigres forces pour regagner son dortoir. Enfin si d'ici là aucune autre créature des enfers n'avait l'idée de la choisir pour casse-croûte.
Ils étaient dans de sales draps et cette situation ne lui disait rien qui vaille.
Pendant que l'Écossaise se lapidait mentalement pour son incroyable stupidité, le viking s'était servi dans ses provisions. Il faut avouer qu'il avait gaspillé énormément d'énergie pour les défendre tous les deux et il devait ressentir au moins un peu de fatigue. Il essaya tant bien que mal de dédramatiser et d'expliquer à la bleue et bronze qu'elle lui avait été utile. Seulement Clarisse n'était pas dupe et aucun argument ne parvint à la dérider. Elle était nulle, voilà tout. Il n'y avait rien à ajouter.
Décidant de reprendre l'expédition en mains, le blond se leva et intima à sa jeune nièce d'en faire autant, lui tendant la main pour l'aider à se mettre debout. Clarisse hésita une fraction de seconde avant de finalement accepter et poser précautionneusement sa menotte dans la grande paluche de l'homme en noir. Là comme ça, devant lui, elle se sentit petite, faible et fragile comme ces jolies choses en cristal qu'on admire dans les vitrines des magasins, mais que l'on n'ose toucher de peur de les casser. Elle prit conscience qu'il suffirait d'un geste de sa part pour la briser. Il semblait si fort et pourtant, il l'aida avec douceur. Malgré tout, la jeune fille ne put retenir une grimace de douleur. Sa cheville se rappela à elle bien trop rapidement à son goût. Un moment, elle avait presque oublié ce détail handicapant. Pas pour longtemps malheureusement. L'homme le remarqua et elle s'en voulut aussitôt d'avoir laissé cette émotion lui échapper. Il allait la trouver bien faible et inutile. Clarisse avait honte, terriblement honte de se montrer parfois aussi empotée et toujours dans les moments les plus inopportuns. (ça aurait été moins drôle sinon, vous pensez bien!) Cette fois, il allait la laisser là. C'était obligé, elle ne pourrait jamais marcher et le suivre sur plus de quelques pas, sa cheville la faisait bien trop souffrir pour ça. Elle se maudit encore plus, elle et sa bêtise.
Le mangemort lui expliqua que même s'il avait engrangé au cours des années bien des connaissances en magie, il ignorait le fonctionnement des sortilèges de soin. Il ne pouvait donc rien pour elle de ce côté-là. La jeune fille baissa la tête pour cacher ses yeux mouillants. Ses craintes se confirmaient: il allait la laisser derrière lui et continuer seul. Elle l'avait déçu, elle en était persuadée et elle ne se le reprocherait jamais assez. Contre toute attente, il lui demanda quand même d'étendre sa jambe devant elle. Clarisse s'exécuta sans broncher, se demandant bien ce qui avait pu lui passer par la tête. Elle ne tarda pas à le savoir lorsque Sayannel métamorphosa un bout de racine en une atèle convenable qu'il fixa autour du membre blessé. L'opération ne fut pas sans douleur, mais la cinquième année serra les dents. Ce n'était pas le moment de jouer les chochottes. De nouveau il l'aida à se mettre debout et lui demanda si ça pourrait aller. L'aiglonne se contenta de hocher la tête alors qu'elle aurait voulu se jeter dans ses bras. Il était tellement... tellement... elle n'avait pas de mot pour décrire ce qu'elle ressentait, mais cela dépassait le stade de la gratitude. Elle aurait aimé dire quelque chose au moins, mais elle ne trouvait pas les bons mots. Alors elle resta silencieuse, attendant de voir la suite.
Chacun une torche en mains, ils se remirent en route, Sayannel ouvrant la marche tandis que la rousse suivait comme elle pouvait, essayant de poser son pied endoloris le moins possible par terre sans pour autant se laisser distancer, ce qui n'était pas une mince affaire. Autant dire impossible. Seulement elle ne pouvait concevoir l'idée même de se plaindre ou de demander à l'homme de ralentir la cadence. Ce serait avouer sa faiblesse et demander plus qu'elle ne méritait. Il lui permettait déjà de le suivre, c'était beaucoup et Clarisse s'était suffisamment fait remarquer pour aujourd'hui. Le regard rivé sur les pieds de son guide, la Serdaigle ne prêtait pas attention au décor. Elle aurait été bien incapable de dire si les murs étaient peints ou même de préciser si le tunnel descendait en ligne droite ou au contraire s'il était des plus sinueux. Elle tentait simplement de suivre le mouvement de son mieux et ça demandait un gros effort de volonté alors qu'elle ne rêvait que d'une chose: son lit. Oui dormir. Se reposer et ne plus endurer cet élancement au niveau de la cheville qui devenait insupportable au fur et à mesure de leur progression.
Soudain, Sayannel s'arrêta. La jeune fille ne se fit pas prier et en fit autant, remerciant intérieurement Merlin et les tous les saints chrétiens de lui accorder une petite pause. Elle aurait du prêter attention à ce qui l'entourait, se demander pourquoi le blond faisait une halte, mais elle était bien trop fatiguée pour ça. A la place, elle se contenta de s'en réjouir, ferma les yeux et calma sa respiration. Celui-qu'on-voudrait-voir-mort en personne aurait pu se tenir devant elle qu'elle n'aurait pas bougé d'un pouce. En vérité, il était heureux qu'aucun monstre ne soit tapis dans l'ombre, attendant qu'une proie aventureuse ne descende jusqu'ici ou bien elle se serait laissée dévorer sans broncher. Elle rouvrit les yeux quelques instants plus tard, après une brève lutte de son esprit pour ne pas sombrer et se laisser aller au sommeil. Sayannel revenait près d'elle alors qu'elle ne se souvenait pas l'avoir vu s'éloigner. Il s'arrêta non loin et agita sa baguette, laissant échapper une lueur argentée. A cet instant seulement la jeune fille se rendit compte de l'endroit dans lequel elle était: l'entrée d'une immense caverne, tellement grande qu'elle n'aurait su en évaluer les dimensions, mais surtout à quelques mètres à peine d'une crevasse. Ce n'était pas passé loin et son manque d'attention aurait pu lui être fatal.
-Nous allons descendre. Je vois que tu es épuisée -ne me contredis pas, cela se voit. Je vais me transformer et tu t'accrocheras à ma fourrure pendant la descente. Ça te va? Si tu en as assez, tape-moi sur le bout du museau et nous ferons une pause.
Ce fut la voix de Sayannel qui la ramena à la réalité. Descendre? Mais ou? Se transformer..? Notre pauvre moineau était trop fatigué pour que les paroles du mangemort soient correctement analysées par son cerveau.
-... mais.. euh...
Elle tenta vaguement de protester, mais l'homme n'avait pas attendu une quelconque réponse. Sa silhouette se brouilla et il disparut au profit d'un animal tout aussi imposant. Un grand panda faisait désormais face à Clarisse. Si l'adolescente ne l'avait pas déjà rencontré, elle aurait frissonné. La forme animagus de son oncle était on ne peut plus impressionnante et cet animal derrière un physique de grosse peluche pouvait se révéler très dangereux. Par exemple, un coup de griffe aurait amplement suffit à la faire passer de vie à trépas. Heureusement, les intentions de la boule de poils étaient tout à fait louables. Il se baissa pour faciliter les choses et la Serdaigle n'hésita même pas avant de se hisser sur son dos en prenant garde tout de même à sa cheville. Il attendit qu'elle soit installée au mieux avant de se mettre en marche d'un pas lent et égal. C'était assez confortable, il fallait bien l'avouer et la rousse se laissa bercer par le mouvement de balancier tandis que Sayannel descendait marche après marche le grand escalier de pierres. A cet instant, elle oublia où elle se trouvait. Elle avait l'impression d'avoir à nouveau cinq ans, un soir près du feu sur les genoux de Will qui se balançait sur le vieux rocking-chair. Une chaleur bienfaisante émanait du panda et se répandait dans son corps, réchauffant en premier lieu ses doigts engourdis. Elle ne s'en était pas rendue compte avant, mais la température avait progressivement chuté à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les entrailles de la Forêt Interdite.
La Serdaigle plongea rapidement dans une espèce de torpeur anesthésiante à mi-chemin entre la veille et le sommeil. Elle était bien. Comme ces soirées devant la cheminée. Elle se sentait rassurée. Elle avait l'impression que rien ne pourrait lui arriver. Clarisse n'avait plus vraiment conscience du monde qui l'entourait, juste assez pour ne pas tomber, mais trop peu pour savoir dire ou elle se trouvait. Elle ne sut combien de temps dura la descente mais après un moment qui lui parut trop court, le panda s'arrêta. En réalité, il avait descendu un gigantesque escalier sans rencontrer âme qui vive puis avait suivi une sorte de grand couloir au bout duquel brillait une espèce de lumière verte inquiétante et s'était arrêté au bout de ce couloir. Mais ça bien sûr, Clarisse l'ignorait puisqu'elle avait les yeux clos.
Ne sentant plus bouger l'animagus, la jeune fille ouvrit les yeux pour les refermer tout de suite après, éblouie par cette lumière verte d'une rare intensité. Elle refit un essai quelques secondes plus tard et du ciller plusieurs fois avant de parvenir à les garder ouverts pour de bon. Bouche bée devant le spectacle qui s'offrait à elle, il ne lui vint pas à l'esprit de descendre pour soulager le mangemort de son poids. En fait de spectacle s'étendait devant eux une sorte de truc immense, comme une ville sauf que les bâtiments étaient en pierres et surtout étaient de tailles hallucinantes. Il y avait des espèces de pyramides et de gros cubes. On aurait dit ce jeu pour les enfants qui consiste à remettre le cube, le cône ou la boule dans la bonne forme. Sauf qu'ici tout était gigantesque. Gigantesque et baigné de cette étrange lumière verte qui semblait émaner de la pierre elle-même. De loin, Clarisse ne pouvait en dire plus. De loin, elle avait l'impression d'être un grain de poussière égaré dans une ville fantôme où régnait un silence de plomb. Il lui fallut deux bonnes minutes pour réaliser complètement. Deux bonnes minutes au terme desquelles elle fut complètement réveillée et alerte. Alors seulement elle se laissa lisser à terre, se tenant debout à côté du mangemort qui reprenait forme humaine.
-...Wooow.... Fut la seule chose qu'elle parvint à articuler. |
| | | | Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] Lun 28 Juin - 18:48:08 | |
| L’escalier était étrangement formé, comme taillé à la va-vite. Les tailles des marches semblaient avoir été déterminées de manière complètement aléatoire, si bien que certaines étaient deux fois plus hautes ou deux fois plus longues que les autres, ce qui donnait une curieuse impression malsaine. Pourtant, il n’y avait rien de malsain dans la taille de la roche, ni dans sa coloration ; non, c’était comme un sentiment, une impression fugitive qui vous saisissait lorsque vous mettiez le pied sur la marche et ne vous lâchait que pour mieux s’emparer de vous de nouveau à la marche suivante.
La descente fut longue, effectuée dans un silence absolu que seuls venaient troubler la respiration de la jeune fille et du panda. Même les bruits de pas de l’animal étaient étouffés et semblaient comme provenant d’une autre dimension, très lointaine.
Tandis qu’ils s’enfonçaient de plus en plus dans les ténèbres et les profondeurs de la caverne, Sayannel vit faiblir puis disparaître complètement la lueur de la torche qu’il avait laissée sur la corniche tout en haut. Il savait que les distances pouvaient être trompeuses dans un espace où l’air était sans doute rempli de vapeurs méphitiques plus troubles les unes que les autres, mais s’il avait du donner un estimatif de la profondeur du gouffre, il aurait sans hésiter tablé à plus de quatre cent pieds de la corniche jusqu’au fond – et Dieu seul savait combien du fond jusqu’à la voûte.
Cela faisait bien dix bonnes minutes que toute lumière provenant d’en haut avait disparu lorsque le Mangemort et sa nièce atteignirent enfin le fond de la salle souterraine. Sayannel fut étonné de voir que, contrairement à ce à quoi il s’attendait, l’escalier ne débouchait pas directement sur une grande étendue mais bien sur une paroi dans laquelle s’ouvrait une arche étrange. Au premier abord, elle ne semblait arborer aucune distinction particulière, toutefois en l’examinant de plus près, l’Ecossais aperçut de curieux entrelacs brisés qui serpentaient tout autour du contour, enlaçant des formes imprécises et érodées par le temps. Il hésita à s’approcher pour les examiner de plus près en entendant la respiration tranquille de Clarisse il comprit que celle-ci somnolait et qu’il risquait de la déranger. Qu’à cela ne tienne, il l’examinerait au retour. D’ailleurs, il était bien plus intrigué par ce qui se cachait au bout du tunnel.
Le géant blond reprit donc sa route, avançant prudemment. Maintenant qu’il savait avoir atteint le cœur du sanctuaire, il devait se tenir sur ses gardes. Certes, les êtres qui avaient vécu en ce lieu l’avaient depuis longtemps déserté, mais les légendes étaient plus qu’imprécises sur leurs pouvoirs et les propriétés de leurs constructions. Vigilance et prudence étaient donc les mots d’ordre.
Passé l’arche, l’on s’engageait dans un tunnel semblable à celui qu’ils avaient emprunté pour échapper aux monstrueux arachnides. Aucune gravure visible à l’œil nu n’ornait ces parois, toutefois elles ne semblaient pas êtres faites – comme celles du haut – de simple terre tassée. Le matériau qui les composait paraissait s’apparenter au marbre, toutefois jamais Sayannel n’avait vu de marbre si bien poli, que ce soit par une main magique ou non-magique. Même la tombe de Dumbledore, qu’il avait pu entrapercevoir en se promenant sur les terres de Poudlard, n’était qu’une œuvre grossière comparée à celle-ci. Le… marbre était entièrement dépourvu des habituelles veinules, de toute strie colorée ou de la moindre écorchure. Il était si lisse que même la poussière avait été incapable de s’y fixer, et elle semblait aussi propre qu’au premier jour. La surface en était si pure que le Mangemort se voyait reflété comme dans un miroir – boule de poils à la mine paisible et au regard curieux, avec sur son dos une forme mince noyée dans l’océan de poils chauds.
Fasciné, le viking ne put s’empêcher parcourir de la main cette façade étrange, et fut émerveillé de voir que sa main ne pouvait s’y fixer d’aucune façon, même en appuyant. On aurait dit de la glace parfaite, de cette glace dont la formation est si pure que toute chose posée dessus est condamnée à glisser pour l’éternité. Ainsi en allait-il de cette curieuse substance : la main glissait inéluctablement sans pouvoir s’arrêter jusqu’à ce qu’elle perde le contact avec le matériau. Curieux phénomène. D’autant plus curieux que, d’après ce qu’il connaissait des avancées magiques modernes, seuls les plus grands sorciers – le Seigneur Noir, Grindelwald, Dumbledore et peut-être un ou deux autres seulement – étaient capables de créer de la glace parfaite, dépourvue de toute imperfection ou accroc. Autant dire que de produire un matériau tel que celui qui formait ces parois relevait du miracle pur et simple.
Pris d’une impulsion, le Mangemort-Panda donna un puissant coup de patte griffue dans la substance, espérant pouvoir en détacher un bout afin de pouvoir l’étudier plus tard. Cependant, ses griffes ne firent que glisser sur le matériau, le laissant sans écorchure et sans entaille, aussi lisse et parfait qu’avant.
De plus en plus intrigué, Sayannel se rappela soudain le temps qui filait : d’ici quelques heures, l’aube se lèverait et Clarisse devait être rentrée au château à ce moment-là – lui aussi, d’ailleurs. Il ne leur restait donc que peu de temps pour découvrir enfin la vérité à propos des Anciens, et savoir pour de bon quelle était l’origine des sorciers. Il se remit donc en route et, quelques minutes plus tard, déboucha finalement sur le bout du tunnel. Ce qu’il vit le laissa stupéfait.
Une lumière verdâtre emplissait les lieux, irisant l’espace d’une teinte surnaturelle et baignant le Mangemort et sa nièce dans un halo lumineux qui palpitait lentement, comme au rythme sourd d’un cœur bestial. Sayannel ne put réprimer un frisson devant cette lueur étrange, un sentiment de mal-être le prenant au plus profond de lui. Il sentait – non, il savait que cet éclairage n’avait rien de naturel, qu’il était maléfique et qu’il ne faisait pas bon y rester exposé trop longtemps. Toutefois, plus que le halo, c’étaient les structures qui mettaient l’archéologue mal à l’aise.
Le tunnel s’ouvrait sur une gigantesque esplanade, dont les dimensions n’avaient plus rien d’humain. Autour de cette esplanade, en un arc de cercle parfaitement agencé, d’immenses constructions dominaient l’oncle et la nièce de leur masse imposante. Des pyramides de roche noire dressaient une pointe insolente vers la voûte lointaine, tandis que de monstrueux blocs cubiques semblaient garder le périmètre de l’esplanade. Chacun de ces monuments était de pierre noire, aussi lisse que celle dont été formé le tunnel et enveloppée du même halo verdâtre qui baignait tout le lieu. Tout était d’une taille surnaturelle, comme des jouets de géants. Et pourtant, même des géants auraient pu pénétrer dans ces édifices sans s’y sentir à l’étroit – si tant était que les dits édifices aient eu une ouverture, ce qui ne semblait pas être le cas.
Stupéfait, le Mangemort ne sentit pas sa nièce descendre de son dos, pas plus qu’il ne se rendit compte qu’il s’était retransformé pour retrouver son apparence humaine. Il était immobile, comme hypnotisé par ce spectacle d’autre monde, incapable de détacher son regard de ces effrayants monolithes. Il retenait son souffle, sans même s’en rendre compte, paralysé. Ceci dépassait tous ses espoirs les plus fous, toutes les découvertes précédentes qu’il avait pu faire. Jamais il n’avait ressenti à la fois un tel sentiment de fascination et une telle horreur, un tel dégoût. C’était comme de se trouver devant un cadavre aux orbites vides et au teint blanc, et de ne pouvoir détacher son regard de la scène. Une fascination macabre, malsaine. Presque nécrophile. Même lorsqu’il avait dû descendre dans les catacombes des temples aztèques, remplies de cadavres momifiés et de restes décomposés de sacrifices humains ; même alors, il n’avait pas ressenti une répulsion aussi forte, un sentiment aussi puissant de Mal. Comme si le Diable en personne habitait ici. Pourtant le Mangemort n’était pas homme à se laisser effrayer pour si peu, lui qui avait servi et servait encore sous les ordres du plus puissant mage noir de tous les temps. Pourtant ce qu’il ressentait ici dépassait infiniment la plus atroce des exactions de son maître. Un Mal ancien et primitif, plus vieux que l’homme…
Ce fut le son de sa nièce s’émerveillant devant le spectacle qui le tira de sa rêverie. Il devait à tout prix la mettre en garde. Le sentiment de danger ne cessait de croître en lui. Il se tourna vers la jeune fille.
- Clarisse », dit-il, et son ton était d’un sérieux mortel « je sais que ça a l’air magnifique et subjuguant, mais ne te laisse pas tromper. Je sens une très grande puissance maléfique à l’œuvre ici. Cet endroit était, et est peut-être encore, le foyer de rites extrêmement noirs et puissants. La fascination que nous ressentons est sans doute un sortilège. Un peu comme la proie qui ne parvient pas à échapper au serpent, hypnotisée par son regard. Il nous faut être extrêmement prudents, tu comprends ? » Il fixa sa nièce, qui lui répondit d’un hochement de tête timide. Il reprit. « La magie à l’œuvre ici est sûrement antique, plus vieille que nous autres sorciers et peut-être même que l’Homme. C’est une découverte absolument incroyable, qui – si elle s’avère être ce que je pense – pourrait expliquer l’origine de la magie et des sorciers dans le monde. Mais si c’est le cas, alors cela veut aussi dire qu’il a existé – et existe peut-être encore - des êtres avec des pouvoirs infiniment plus étendus que ceux de tous les sorciers du monde réunis. Des êtres qui sont sans doute maléfiques… »
Le sorcier tira sa baguette et enjoignit à Clarisse de faire de même. D’un geste de la main, il lui fit signe de ne pas bouger puis, lentement, il s’avança sur l’esplanade.
Rien ne se passa. Il fit quelques pas de plus et aperçut à l’extrémité opposée de la place un immense espace vide entre deux pyramides noires, comme pour une rue. Les ténèbres étaient trop profondes pour y percevoir plus que cela, et la lueur verte, curieusement, ne permettait de distinguer aucune forme. Comme s’il s’agissait d’une sorte de peinture luminescente mais qui n’éclairait pas.
Le Mangemort revint vers sa nièce.
- Il y a une ouverture de l’autre côté, comme une rue dirais-t-on. Explorons-la. Si les légendes sont vraies, elle doit mener au temple. Je ne sais pas laquelle des entités légendaires était adorée ici, mais nous trouverons sans doute plus d’indications au temple. Est-ce que tu te sens assez en forme pour y aller ?
Sayannel observa avec inquiétude la jeune fille, pâle et tremblante, qui tentait de ne rien montrer de son épuisement.
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| | | | Sujet: Re: Le Sanctuaire... [PV Clarisse] | |
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