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 La toile est la plus fragile des demeures [PV]
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MessageSujet: La toile est la plus fragile des demeures [PV]   La toile est la plus fragile des demeures [PV] EmptyDim 20 Juin - 13:21:40

Durant de longues heures, au pied du même arbre, son corps se livra et demeura soumis à l’implosion sensorielle que lui procurait son retour dans la forêt interdite. Les parfums vinrent caresser, de leurs bras vaporeux, la nostalgie d’un frisson oublié. L’âpreté de l’écorce se déroulait sous ses doigts frémissants, la douceur des fougères était velours chatoyant et le bruissement des feuillages se déployait en lit sonore pour l’envolée d’une nuée d’oiseaux sauvages.

Contemplation de la forêt, vivante, vibrante, communion du battement primordial avec l’inspiration instantanée de l’être. Elévation. La vie était partout ailleurs où elle ne l’avait encore cherchée, pourtant c’était en soi qu’elle s’apprêtait à la trouver.

C’est ainsi que la nuit vint jeter son voile d’encre sur les ombres de la forêt. Hécate, aussi silencieuse que fantomatique, était la seule entité qui restât dans un immobilisme troublant. Les éthers s’épaissirent, le silence s’installa, troublé de temps à autres par les froissements indéfinis d’un antre qui jamais entièrement ne s’assoupit.

Comme il avait appris à le faire, son esprit s’éleva, quittant son enveloppe charnelle, se mêlant aux éthers, et s’engagea à travers les arbres, à travers les buissons et les herbes hautes. Cette émulative sensation de liberté l’envahit entièrement, s’amusant à poursuivre divers petits animaux réveillés par l’intuition de son passage. Son spectre traversa une clairière, au fond de laquelle il fut surpris par un petit groupe de centaures qui se dressa immédiatement dans une attitude défensive. Plus loin, cachées derrière un épais rideau d’arbres centenaires, elle rencontra trois licornes qui s’engagèrent dans un galop effréné lorsqu’elles pressentirent son approche. L’esprit d’Hécate s’amusa à les poursuivre, trouvant leur beauté et leur élégance sans pareille.

C’est alors que les licornes, dans un même geste et de manière imprévisible, stoppèrent leur course et se cabrèrent, hennissantes, complètement affolées. L’esprit d’Hécate s’arrêta à son tour. Ne comprenant ce qui se tramait, elle sentit l’angoisse la percuter et l’envahir à la volée. Subitement, les créatures se ruèrent dans une autre direction, mais s’arrêtèrent instantanément. Elle semblaient dépassées par une menace invisible et inaudible. Elles se regroupèrent en cercle, dressées de toute leur hauteur, l’œil affolé mais pourtant aiguisé, scrutant chaque recoin obscur qui les entourait.

Soudainement, le silence se condensa. Le temps sembla se figer tant la forêt retint son souffle. Aux aguets, Hécate, qui surplombait la scène, recherchait la mystérieuse menace.

Une rumeur indéfinissable finit par se laisser percevoir, les licornes s’agitèrent, le bourdonnement s’accentua et sembla provenir des quatre coins de l’obscurité. Ce fut bientôt un vrombissement, une clameur et la terre se souleva. Une marrée noire, mouvante, grouillante, envahit la clairière. En tous sens des millions, des milliards, d’araignées abondaient dans la même direction, faisant disparaître le sol et le rendant aussi noir que les abysses de l’enfer.

Bientôt, les araignées firent un cercle autour des licornes. On les sentait prêtes à s’élancer sur leurs proies, leurs chélicères emplies de venin frémissaient, pourtant quelque chose les arrêtait dans leur élan carnassier. Hécate était tétanisée par cette vision. Jamais elle n’aurait pu imaginer assister à pareille scène. Des acromentules s’attaquer à des licornes ! C’était inenvisageable…

Devant elle, le flux d’araignées s’écarta comme pour faire une haie d’honneur et les trois licornes s’immobilisèrent. Une acromentule de belle taille, dont l’abdomen à lui seul devait bien faire un mètre et demi, s’avança majestueusement. Lorsque ses pédipalpes furent à hauteur des licornes, elle émit un sifflement strident qui fut repris par les milliards de ses sœurs. Le son insoutenable devait s’élever bien au-delà de la lisière de la forêt. Les oiseaux, tirés de leur sommeil s’envolèrent en masse. L’acromentule souleva ses pattes avant, les licornes, dans un geste qui semblait désespéré l’imitèrent et sous les yeux incrédules d’Hécate, le combat inégal s’engagea. Une première licorne fut touchée, un filet de sang argenté refléta la pâleur de la lune.

Instinctivement, Hécate lança son esprit au devant de l’assaillant qui ressentit sa présence et s’abaissa, les sens en alerte. La trêve ne fut pourtant que de courte durée. Ignorant son impalpable présence, l’assaut n’en fut que plus meurtrier. Bientôt, les autres araignées, stimulées par la vue et l’odeur du sang de licorne entrèrent dans la danse macabre et, en quelques instants, les licornes disparurent, englouties sous une marée noire dont elles ne devaient jamais plus se relever.



A quelques centaines de mètres, un hurlement déchira les ténèbres. Avec la violence de l’éclair, l’esprit d’Hécate réintégra son corps. Le choc fut douloureux. Elle porta ses mains à sa tête, le sang fluant dans ses tempes. Elle tenta de se relever mais ses jambes se dérobèrent. Elle s’écroula de nouveau. Le souffle court, elle hurla encore, impuissante. Ses yeux secs, qui avaient oublié l’amertume des pleurs, se mirent à ruisseler des larmes de colère.

Après trois ans d’absence, son retour en ce lieu, sa demeure, son premier refuge, était déchiré par des jours bien sombres. L’acromentule qui avait dirigé l’assaut lui était inconnue. Où se trouvait donc Aragog son père ? Pourquoi avait-il permis une telle attaque ? Pouvait-elle continuer de vivre en ignorant ce qui se tramait ? Où fuir ? Et dans le cas contraire, qu’était-elle en mesure de faire ?
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