Tous les moyens sont bons [PV Eliad]

Eliad avait tenu sa promesse, il voulait en effet des nouvelles d'Alix... Lequel était présentement très angoissé car sa convocation avait lieu en même temps qu'une action des DDD. Et cette fois ce n'était pas Alice qui s'était engagée à protéger la mission mais bel et bien lui-même. Son double jeu s'emmêlait un peu, il se mélangeait à Alice pour ne former plus qu'un. Normalement son double féminin était l'espionne douée, la résistante qui n'avait connu que la clandestinité tandis qu'Alix restait le fragile mannequin efféminé. Son don de métamorphagie avait crée une personne presque à part entière, et là il était mêlé jusqu'au cou avec Alix. Le voilà avec deux personnalités résistantes... Le garçon n'était pas tout à fait découvert mais Eliad menaçait de tout faire exploser au grand jour avec ses plans et son intelligence. Ce dernier savait qu'Alix valait plus que ce qu'il voulait bien montrer.

-Tu n'as qu'à t'arranger pour le retenir... Ce ne sera pas long! Ta convocation tombe bien en fait.

-Je n'en sais rien, il est bizarre comme type.

-On aura sans doute fini quand il vient, mais c'est juste par sécurité, puis tu pourrais essayer d'en apprendre plus, d'avoir des infos à ton tour.

-On verra... Je ne sais pas comment le retenir, j'essayerai

Alix ne précisa pas l'étrange jeu auquel il avait fini par jouer aussi dans sa chambre. Ce qui faisait qu'il savait comment le retenir dans le fond... D'un côté cela lui faisait extrêmement peur car il ne voulait pas encore vivre l'humiliation d'il y avait de cela une semaine... De l'autre son corps réclamait encore cette douceur, même des mains d'un ennemi, il avait besoin d'être caressé, touché sans violence... C'était assez horrible comme constat. Pourtant l'adolescent se résolut à aller voir Eliad.

Ce dernier lui avait dit qu'il avait intérêt à avoir des noms de résistants ou d'actions qui se préparaient... Et c'était le cas. Un faux bien sûr mais dont les preuves seraient normalement valables. Ils avaient piégé un garçon pas vraiment terrifiant, une petite frappe de sang-mêlé qui adorait tourmenter les nés moldus ou les rejets de cette nouvelle société comme lui sans oser les frapper ou autre... Trop lâche pour ça. Il criait toujours plus fort que les autres, applaudissait plus longtemps aux discours des Carrow et insultait aussi tous les "délinquants", les dénonçant dès que possible, une petite fouine dont Alix se fichait éperdument... Peut-être que ce dernier serait torturé, et bien tant pis! L'adolescent n'avait pas le temps de se prendre de sentiments pour les autres, surtout pas celui qui avait déjà failli envoyer plusieurs résistants aux cachots. Le piège se refermait sur lui en cet instant, on avait laissé entendre que des vilains rebelles allaient préparer une action ce soir... La fouine irait sûrement mettre son nez dedans, fier de pouvoir appeler les Carrow pour les attraper sur le fait et se faire chouchouter... Seulement il n'y aurait que lui, lui et le fait accompli. Simple comme bonjour mais après tout, la milice ne cherchait jamais plus loin que l'évidence, donc ces indices devraient suffire.

-Je suis là

Signifia Alix qui sortit de sa chambre, cette fois bien habillé bien que ses cheveux soient encore un brin mouillés-il était encore seul, car c'était pendant quelques jours de vacances, Alix avait dû resté là. Peu de personnes restaient au château et tous ses colocataires étaient rentrés chez eux comme par hasard.-, signifiant qu'il s'était douché. Il s'y était prit en avance, s'attendant à ce qu'Eliad débarque en avance pour lui faire la "surprise". Pour la première fois depuis longtemps, le jeune mannequin avait remis de beaux vêtements, c'était décent certes, pas de décolté ou chose qui lui vaudrait de gros problèmes mais tout de même, une chemise légèrement échancrée mixte- plus féminine que masculine cependant.- et un foulard autour de son cou. Ses cheveux étaient soigneusement peignés, retenus par une courte queue de cheval; une ceinture souple qui ressemblait à une écharpe enlaçait sa taille fine, soulignant son métissage de part sa couleur d'émeraude, pareil pour ses vêtements qui indiquaient aussi sa maison. Qui sait, peut-être qu'Eliad apprécierait?

-J'ai des nouvelles. Kévin Ferries... Il se dit sympathisant des nouveaux idéaux de Poudlard, c'est lui qui applaudit le plus fort, insulte le plus mais c'est pour cacher ses actes de résistances. Ta garde le trouvera sûrement dans les couloirs à déambuler près de tableaux massacrés des ancêtres de grandes familles pro-san-pur. Maintenant que je t'ai dis ce que tu voulais, est-ce que je peux éviter de te voir plus longtemps ici?

Il était sensé prolonger sa rencontre avec Eliad mais autant ne pas le montrer; ce serait vraiment bizarre! En plus, au fond de lui, il n'en avait vraiment pas envie... C'était vraiment dur de supporter sa présence. Le mannequin n'était pas certain d'avoir le courage de faire en sorte d'allonger l'entretien avec Eliad. Tant pis pour la mission, gageons que le château était grand et que le Serpentard ne verrait rien... De toutes manières ils avaient peut-être déjà fini, car ils s'y étaient pris en avance aux dernières nouvelles. Plus besoin donc de vraiment garder son aîné auprès de lui, comment se débarrasser de lui du coup?! Arf, pauvre Alix, il espérait vraiment que ces infos paraissant plus sincères que jamais suffiraient au chien de la milice.

Il s’y était bien pris à l’avance comme toujours… Prenant soin de se vêtir de manière très sombre, au cas où une affaire le ferait sortir à toute vitesse du dortoir des garçons pour aller surprendre quelqu’un qui faisait acte de résistance… Il ne portait ni sa cravate, ni un quelconque blason, bien trop voyant. Mais pour l’instant, le seul qu’il devait surprendre c’était Alix. Il s’était assis sur un lit et attendait patiemment. Ainsi il pourrait voir Alix faire les premiers pas, avant que ce dernier le voie. Il lui semblait important à cet instant de faire preuve de dissimulation. Même s’il n’espérait pas attraper sur le vif des résistants dans ce dortoir, étant parfaitement au courant que les tableaux faisaient parfois le guet pour ceux qu’ils tenaient comme maître de la bravoure.

Quelle ironie sur ce simple mot. La bravoure était-ce aider un camp au détriment de l’autre ? Réduire à néant les efforts constants pour maintenir la paix par des actes répréhensibles ?

Il observait Alix sortir lentement de sa chambre. Il n’était plus en peignoir comme la dernière fois, il serait moins facile de le maintenir sous sa botte… Et s’il avait pris soin de contacter Eliad par lui-même, cela ne voulait pas dire qu’il serait plus conciliant. Il se méfiait des fausses informations en tout genre. On ne passait pas de simples résistants à informateurs en à peine quelques jours. Il fallait forcer mentalement la personne à agir contre elle-même. Et ça, ça n’était pas l’apanage des brutes, mais celle des manipulateurs… Ou comment enrouler un serpent autour du cerveau de sa victime…

« Puisque tu es là, je t’écoute. Qu’as-tu à me dire ? J’espère que tes infos valent le coup, je ne resterais pas ici très longtemps, si ce n’était pas le cas. Depuis peu, on a vu les actes de résistances se multiplier, mais ils étaient moins importants… Ils essayent sans doute de brouiller les pistes en faisant croire que des simples amateurs se joignent maintenant à leur petit groupe… Je parie qu’ils essayent de faire quelque chose de plus important. J’espère que tu sauras m’en apprendre plus… »

Il écoutait attentivement les détails fournis par Alix. Mais la première chose qui lui sauta aux yeux, fut son ignorance du nom qu’il lui avait donné. Il était assez replié que ce soit dans son propre monde, ou même dans sa propre maison. Et à part quelques rumeurs concernant ce jeune garçon, notamment le fait qu’il était dur avec les autres, il ne savait rien de plus. Les dires d’Alix étaient donc invérifiables.

« J’ose espérer que tu ne me mens pas Alix… Tu sais comme le moindre mensonge pourrait te coûter cher. »

Il se leva enfin de sa cachette et s’approcha du jeune garçon, assez près de lui. Il savait comme dans cette position, il l’intimidait grandement et il ne voulait pas perdre cet avantage.

« Et… C’est tout ? Un simple nom ? Je ne sais même pas ce qu’il va faire, ce qu’il a déjà fait… Penses-tu sincèrement que je vais faire se déplacer les Carrow, sur la mention d’un simple nom ? Surtout qu’il est des notre, un Serpentard. Et toi, tu n’es pas encore digne de confiance. »

« Ainsi, si tu veux que je parte vraiment, il va falloir m’en dire plus… Mais sache que je pourrais même te demander de m’y accompagner… »

Il ne voulait pas dévoiler le double jeu d’Alix, mais juste lui faire peur. Une fois encore.

« Épaules affaissées sous nos larmes d'étain,
Prostrés dans un espace vide, sans paysage.
Les feux ardents de la lune se sont éteints.
Et les lueurs d'étoiles fuient nos visages.

Avivant nos peines, nous arpentons le vide...
Puisons l'énergie du refus pour tuer la vérité,
Nos esprits éparpillés resserrent les fidèles étaux,
Pour briser ces lumières chargées de fardeaux.»

Calli Kayan/ Extrait du recueil "Dans les cieux de l'enfant"

Haine, un nom qu'il ne connaissait que trop bien; un sentiment qui lui ferait presque envier sa solitude précédente. Tant de rage dans un corps si frêle, tant de larmes dans des yeux si délicats. Alix n'était pas né pour faire la guerre; il était là pour dessiner la paix, pour colorer les regards d'émois, non, pas pour devenir un enfant soldat. Il détestait Eliad, ses mains se refermèrent brutalement, ses ongles légèrement longs s'enfonçant dans ses paumes déjà abîmées au point de faire naître un léger filet de sang dans l'une d'elle. Le liquide carmin s'écoula en gouttelettes sur le lit. Pourquoi cette guerre? Nés-moldus ou sang-pur, leur source de vie avait la même couleur; la même valeur, celle d'un être qui respire, pense, rit ou souffre. Alix l'écouta parler, évidemment, ce n'était pas assez... Jamais assez pour ces chiens qui rêvaient de renifler le plus gros des gibiers pour y emmener leur maître et recevoir un os à la moelle. Eliad comme ceux de la milice damnait son innocence d'enfant pour ronger un os! Celui de la gloire, tout du moins, les restes que les ignobles Carrow voudraient bien lui laisser. Comment pouvait-on cautionner cette guerre à 16 ans? C'était l'âge physique du Serpentard, mentalement il en avait au moins 40 désormais... Tout comme Alix qui avait perdu son adolescence, ses 14 ans n'étaient plus que fictifs, car même son corps n'abordait plus cette jeunesse, fatigué, brisé, torturé...

-Je ne sais rien de plus! Combien de fois faudra-t-il que je te dise que je n'ai AUCUN contact ici! Tu ne m'as donc pas remarqué les années précédentes? Seul dans mon coin... Je suis trop différent pour être mis dans la confidence Midnell.

Le groupe de résistants qui devait agir cette nuit n'avait probablement pas encore tout à fait fini, et Alix ne faisait rien pour retenir son aîné... C'est que c'était tellement dur de se sacrifier, de supporter la présence de l'ennemi un peu plus. Pourtant, en repensant à tous ses actes de bravoure, le Serpentard se dit qu'il ne pouvait pas abandonner; et à défaut d'informations à donner en plus-car il ne voulait pas faire de mal à une autre personne; ayant choisi ce Kévin Ferries car ce serait probablement un chien de la milice déjà s'il n'avait pas été aussi lâche- peut-être que la provocation marcherait? Eliad était désormais à ses côtés... Mais quelle était cette manie à le coller comme ça? Alix n'était pas une prostituée bon sang! Qu'il aille clamer ses ardeurs masculines auprès de quelqu'un d'autre! D'une fille tiens puisque c'était ça qui était correct ces temps-ci...

De toutes manières, vu les légers problèmes d'hormones d'Alix, une sympathisante des résistants sans l'être pour autant avait été d'accord pour se lier avec lui. Officiellement ils sortaient ensemble tous les deux maintenant. Et c'est fou comme les choses avaient pu s'arranger d'un coup... Les rumeurs -enfin pas toutes bien sûr- à son égard avaient changé. Le mannequin se sentait coupable de cacher son homosexualité, autant il montrait fièrement ses penchants rebelles fut un temps, et bien il n'arrivait pas à afficher ses tendances gays... Bah on ne pouvait pas tout réussir à assumer à 14 ans non plus hein! Isaac l'avait très tôt mis dans la "voie", alors que déjà ses manières très efféminés avaient éclairé le chemin de ses proches avant même que lui ne sache ce qu'était cette petite "déviance" d'hormones. Du coup, avec tout ce qui lui arrivait, le Métamorphomage était inconsciemment prêt à croire que cette tendance était sale, une espèce de maladie dont il devait se soigner pour ne plus avoir d'ennuis. Ainsi d'une manière ou d'une autre, les discours des Carrow étaient quand même passées et le jeune sorcier n'y était pas totalement hermétique; à son âge totalement échapper à la "corruption" était impossible.

-Hijo del diablo, je n'ai rien de plus à te dire. No Nada, nada que ver con tus investigaciones. Eres un perro Midnell, oui tu es un chien!

Ses paroles en espagnol indiquaient qu'il était vraiment en colère. Toutes ses phrases se passaient cependant de traduction, tout était transparent, sauf peut-être "eres un perro" mais il avait ensuite dit ce que cela voulait dire en anglais... Car oui Alix voulait absolument que Midnell sache ce qu'il avait grondé entre ses lèvres dans la langue que son père lui avait apprit tout jeune, son héritage à lui le métisse aujourd'hui totalement brisé. Esclave comme le furent ses ancêtres du continent d'Amérique Latine et dont il devait être fier selon son géniteur.

-Ne me touche pas. J'ai quelqu'un maintenant. Elle s'appelle Lise

Fit-il en invoquant le nom de sa pseudo petite-amie avec qui il s'était arrangé pour qu'on les voit s'embrasser dans le couloir ou avant les cours. Lise était adorable d'accepter ce jeu car elle n'en tirerait rien sinon des risques d'être vu à traîner avec quelqu'un dont la couverture faiblissait et que son aspect physique fragile ne protégeait plus. Alix avait changé de stratégie, il ne sentait plus capable de "séduire" Eliad pour le retenir, c'était impossible!

-Elle m'a remis dans le bon chemin, celui que tu voulais... mais ce n'est pas pour ça que je considère comme un amigo. No soy una prostituta! Ve-te ahora hijo del diablo... Je n'ai plus rien à te dire! Oui va-t-en maintenant. Tu as eu ton nom, c'est suffisant!

Son petit numéro-sincère par ailleurs- avait donné dix minutes de plus aux rebelles, espérons que ce soit suffisant! Maintenant qu'Alix avait joué son rôle, il retomba épuisé, assis sur son lit! Pourvu que le journal et les affiches aient plus être publiés.

-Je ne veux pas t'accompagner où que ce soit... Je veux juste laisser tomber, me concentrer sur mes examens et c'est tout! Cette guerre n'est pas mienne.

Il ne put réprimer un rire moqueur. Et puis pourquoi s’en serait-il privé après tout ? Alix jouait toujours les innocents, alors qu’il puait la culpabilité à plein nez. Toutes ces soit disant faiblesses ! Que des mensonges… Il aurait pu le frapper à cet instant, et le laisser sur place, gisant dans une mare de salive, et souffrant… La milice pourpre tenait-elle pour lui autant du ridicule qu’il tenait tant à la défier ? S’il ne représentait pas l’autorité principale, il ne devait pas pour autant se laisser faire… Il jeta violemment un coussin au visage d’Alix.

« Et si tu me mens encore une fois, Alix, ça ne sera pas qu’un simple avertissement… Tu es trop différent… Le penses-tu vraiment ? Tu as subi les foudres des Carrow comme bon nombre de résistants, et il est donc normal que tu veuilles te venger… Et ta faiblesse te pousserait même à en faire davantage que la plupart des résistants. Je suis ton ombre Alix. Je sais ce que tu es, tes intimidations et tes mensonges ne marchent pas avec moi. Et ça ne marchera jamais. »

Il parlait trop aujourd’hui, il voulait gagner du temps. Où était sa peur, ou était ses inquiétudes ? Sa bouche ne parlait que de mépris. Et cette soudaine confiance pour le traiter de chien…

« Ne me traite pas de chien, Alix… Jamais ! »

Il ne pouvait s’empêcher d’être en colère, il avait perdu son calme.

« Je te conseille de te calmer, si tu ne veux pas que j’utilise un endoloris contre toi. Même si les Carrow n’autorisent pas les châtiments lorsqu’ils ne sont pas surveillés, cette fois-çi, je ne m’en priverais pas. Et tu sais, toi comme moi, que personne ne viendra t’aider… Pas même cette Lise dont tu te vantes sans cesse. Si une fille a craqué sur toi, grand bien te fasse. Si ça doit te permettre de respirer tranquillement loin des quolibets des autres, ce n’est plus mon problème… »

D’autres injures encore… Toujours dans sa langue natale. Eliad sortit sa baguette et la pointa sous le visage d’Alix. Il était furieux, il se permettait trop de choses. Il avait une espèce de courage qui puait le coup fourré. Ou était passé sa lâcheté, et la séduction qu’il utilisait la dernière fois ?

« Je ne sais pas ce qui me retiens de ne pas t’envoyer un sortilège pour te mettre à terre… »

Eliad savait ce qu’il risquait en faisant ça… En faisant son travail de la milice, il savait que les résistants se méfieraient de lui, mais qu’ils se cacheraient juste pendant sa surveillance nocturne… Mais s’il s’attaquait à l’un des leurs, ça ne serait plus pareil… Il y aurait une volonté de vengeance et Alix n’avait pas forcément assez d’alliés dans la milice pour s’opposer à tous les résistants. Et pourtant ça n’était pas l’envie de s’attaquer à Alix qui lui manquait.

« Si tu ne me suis pas, c’est que tu n’es pas clair dans toute cette affaire… Ca sent le traquenard. Est-ce que ton tuyau était bien correct ? J’ai peine à le croire… »

« Je vais partir maintenant et alerter les milices de la surveillance nocturne qu’un mauvais coup est en train de se préparer. Tu ne m’auras pas Alix. Pas cette fois, ni aucune autre. Tu dis que cette guerre ne te concerne pas… Mais tu n’es pas neutre. Tu protéges quelqu’un et je découvrirais qui… »

Eliad fit mine de partir en tournant le dos à Alix. Il ne savait pas quelle réaction il allait avoir. Mais l’envie de le blesser était toujours là…

-C'est vrai... Tu as raison, avec cette comparaison, j'ai insulté les chiens. Ils ne méritent pas que je les abaisse en te donnant cette appellation.

Gronda l'adolescent alors hors de lui. Pourquoi fallait-il qu'Alix soit tombé sur le seul garçon qui ne le sous-estime pas? Longtemps le mannequin avait rêvé qu'on reconnaisse sa force de caractère mais maintenant, à quoi cela lui servait-il? A engendrer la méfiance dans l'esprit de son ennemi? Franchement ça ne lui était d'aucune utilité, au contraire cela pouvait causer sa perte! Le jeune sorcier leva légèrement le menton en guise d'unique réponse, bravache puisqu'il était inutile de jouer les faibles devant Eliad qui lisait en son coeur, les qualités bien cachées que personne n'avait su voir jusqu'à présent. La séduction? Alix y avait pensé un moment, surtout en début de soirée mais il ne s'en sentait pas capable. Bien que son être tout en souffrance rêve d'un peu de douceur, le Serpentard ne saurait en attendre son aîné, qui certes avait joué avec lui la dernière fois mais risquait de lui causer encore plus d'ennuis si jamais celui-ci reprenait. Alix préférait laisser croire qu'il s'était tourné vers les filles, honteux de cette situation qui ne lui avait jamais trop posé de problèmes avant. A force de répétitions, les Carrow avaient au moins réussi ça: lui faire croire qu'il était dégénéré et que ses hormones étaient une erreur de la nature. Certes on peut se montrer courageux, combattif, résistant, il n'empêche que lorsqu'on n'a que 14 ans, on finit bien par croire les discours de ses bourreaux un jour ou l'autre.

Eliad parla de lui faire du mal, de se venger de lui et Alix sourit, il n'y avait aucune raison "raisonnable" à paraître amusé en cet instant; mais le jeune garçon était à moitié détraqué par moments... Avec tout ce qu'on lui avait fait subir, à son âge, quoi de plus normal? Le métisse était brisé de l'intérieur et n'attendait plus rien de cette vie; s'attendant à ce que cette dictature bien installée dure pour l'éternité. Dès lors, pourquoi vivre encore? Seule la peur de mourir l'empêchait de s'éteindre, la haine, le désir de vengeance étaient ses seuls motifs de continuer à se battre, ou ne serait-ce que tenir debout; alors Eliad pouvait bien lui tourner le dos, menacer d'aller voir les Carrow, il s'en fichait. La peur était bien présente en son âme, instinctive, puissante dès lorsqu'Alix n'était pas un super héros des bandes dessinées, mais au-dessus de cette crainte de souffrir, il y avait cette cassure qui le rendait à la fois très faible et très fort, presque invulnérable car n'ayant pas les pieds sur cette planète, comment pouvait-on réellement le toucher? Lui faire du mal?

-Alors vas-y, ne te retiens pas... J'ai tout vu Eliad! Des adolescents de 16 ans torturer des gosses de 11 à 12 ans... Tout entendu comme insultes, j'ai perdu la moitié de l'usage de ma main, ma fierté, et ma liberté... Je n'ai plus rien à craindre de tes Doloris. Par ce geste, tu te briseras toi-même. Quel mérite retireras-tu? Quelle gloire ou plaisir ressentiras-tu à achever un garçon de 14 ans qui ne tient plus debout, qui ne tient plus à rien? Aucune... Alors vas-y, je t'en prie

Bien que Eliad eut tourné le dos et fasse mine de partir; Alix s'était relevé, ses bras entrouverts pour laisser sa poitrine libre, prête à recevoir un sortilège. Il frissonnait de peur, ne voulant intérieurement pas accepter la douleur, mais son esprit lui s'y sentait prêt; peu importe sa frayeur, son envie de vivre si ténue mais bien présente... Alix avait tout perdu et il essayait de se moquer de la mort qui l'attendait si jamais il continuait comme ça, combattant sa nature si fragile, ce corps délicats nés pour être aimé, chéri et non martyrisé par la guerre. Depuis toujours il en avait été ainsi, le mannequin avait combattu la faiblesse, sa santé défaillante en ordonnant à son esprit de porter le poids de ce corps déjà abîmé de naissance. Quoi de mieux, quoi de plus beau que partir enfin, délaissant cette carcasse si lourde et légère à la fois derrière lui? La mort lui faisait peur, mais moins qu'une vie de souffrance et de brimades continues. Si Eliad l'achevait en y allant trop fort, qui le pleurerait? Pas les victimes de cette dictature, ayant trop à faire en pansant leurs plaies pour pleurer la mort d'un élève et certainement pas Carrow heureuse de se débarrasser d'un suspect. Sa mère, sa soeur adoptive et peut-être son beau père qui l'aimaient malgré tout seraient tristes mais ils s'en remettraient. Sa vie ne servait plus à rien.

-Je préfère rester attaché à mes valeurs, c'est la seule chose qui me reste. Tu n'obtiendras rien de moi tant que tu te comportes comme mon ennemi. Alors vas-y, fais-toi plaisir.

Quelque part au fond de lui, peut-être espérait-il qu'Eliad change, qu'il le prenne dans ses bras, lui laissant croire que la vie pouvait être douce encore... Bien que ce soit son ennemi, Alix serait incapable de repousser un geste doux, chose qu'il espérait depuis déjà presque un an, ou depuis toujours peut-être... Ses yeux d'or si particuliers se fermèrent à demi, laissant s'échapper une larme, une seule... Pas qu'il n'ait pas envie de pleurer, mais le ruisseau était asséché depuis longtemps, usé à force de couler, exprimant un chagrin brûlant qui vivait depuis de longs mois au fond de son être.

Et les insultes continuaient. Et Alix ne voulait pas cesser de parler. Il ne s’interrompait pas pour déblatérer des choses malheureuses… Aussi malheureuse que lui. Même s’il avait souffert, il n’avait pas le droit de lui dire autant de choses. Et quand bien même… A part se taire et obéir, il n’avait que ça à faire pour être tranquille. Il aurait pu jouer les indics plus efficaces et se contenter de vivre en paix car les Carrow l’aurait permis… Mais non, il avait trouvé le moyen de ressortir ce courage qui n’avait pas lieu d’être. Il était temps qu’il s’en morde les doigts et qu’il comprenne clairement que le moment n’était plus à l’attaque mais à la loyauté… Car en acceptant un contrat, il fallait toujours être sur de pouvoir l’honorer.

« Tu n’avais qu’à être soumis à notre cause, c’était tout ce qu’on te demandait. A voir ta colère, je peux en déduire que le serpentard que tu as désigné comme rebelle, n’est qu’une information bidon ! Alors que je suis là à traîner, combien de rebelles sont en train de saccager les couloirs du château ? Combien essayent de se croire importants, en ne faisant que brûler des livres qui auraient été utiles à d’autres ! Les graffitis et jouer les pyromanes ne vous aideront pas à vous faire valoir. Mais ça, vous ne le comprendrez jamais… »

Il avait essayé de partir, mais d’une manière ou d’une autre, c’était comme si Alix avait réussi à le faire rester. Et ses gestes… Plein de rancoeurs, de courage puant, alors qu’il écartait les bras en demandant à Eliad de lui jeter un sort. Mais ce dernier savait très bien qu’il ne pouvait pas faire ça, ça n’était pas encore autorisé par les Carrow. Et puis il ne voulait pas le faire, même si Alix le poussait autant à la faute, qu’il faisait venir la haine dans son esprit.

« Te jeter un sort ? Tu me demandes ça, alors que tu pues la lâcheté Alix. Tu ne cesses de te plaindre de ton corps, mais c’est avant tout, ton esprit malade que l’on voit chez toi. Ne te fais pas plus d’illusions quand à soutenir tes soit disant amis ou alliés. Ils ne sont là que pour servir leurs propres instincts destructeurs et tu leur sers juste de bouclier contre la milice. Tu n’es qu’un pion sacrifié Alix, et tu devrais me rendre grâce de t’en avoir averti et de ne pas t’avoir encore attaqué. Cesse d’écarter les bras, tu désires tellement que je te blesse, que je n’en aie même plus l’envie. »

C’était dit. Il lui disait clairement qu’il ne le pousserait pas à la faute, et ce, malgré toutes ses tentatives répétées.

« Si tu me vois comme un ennemi, alors il n’y a plus rien à dire… J’ai essayé de t’éviter bien des ennuis Alix, mais rien n’y fait. Tu as choisi ton camp. Tu penses que c’est le mieux pour toi, mais tu t’apercevras bientôt de ton erreur, mais à ce moment là, je ne serais plus là… Je regrette beaucoup de chose que j’ai faite, surtout si c’est ça la façon dont tu me considères. Et aucune de tes larmes ne me fera changer d’avis, c’est fini… »

Il descendit les escaliers assez lentement, tournant le dos à Alix. Une cassure nette s’était faite. Mais cela ne concernait pas que la milice cette fois… Non, il y avait autre chose qui accompagnait cela… Une sorte de sentiment, mais il ne savait pas lequel. La déception et autre chose encore. Et tellement de regrets aussi…

Alors c'était tout? Pas de cris? Pas de coups ou de sort? Juste des mots... Des menaces aussi mais pas vraiment crédibles selon Alix. Celui-ci regarda éberlué Eliad partir lentement, alors que sa poitrine était encore offerte aux coups. Non le Serpentard n'était pas d'accord avec ce que son aîné avait supposé sur sa personne mais... Pas de coups... Non pas de souffrance ajoutée encore, il s'en sortait comme ça, sans un bleu! Sans une insulte vraiment blessante, autant dire que c'était à bon compte! Mieux Eliad paraissait brisé... Oui cassé comme l'avait prédit le jeune sorcier qui lui avait dit que s'en prendre à d'autres gosses, les torturer lui ferait plus de mal à lui qu'à un adolescent déjà brisé de partout... Bien fait pour lui non? Oui... Mais c'était aussi la première fois depuis longtemps qu'on ne profitait pas de l'instant présent pour lui faire du mal, qu'on ne levait pas son poing ou sa baguette contre sa frêle silhouette... Et qu'on ne cherchait pas non plus à l'humilier.

Certes, Alix n'oubliait pas la dernière fois où il avait fini dénudé pour sa plus grande honte, mais... Cette fois c'était différent, et à bien y penser, Eliad n'avait jamais été brutal avec lui, jouant avec son foulard alors qu'il avait retiré son peignoir et le menaçant mais sans mettre ces dernières à exécution. Cette douceur, malgré le jeu cruel l'appelait... Il en avait tellement besoin! Alix ne savait plus trop ce qu'il faisait mais il était vraiment reconnaissant envers Eliad de ne pas l'avoir blessé, d'être juste parti. Pourtant c'était un bourreau comme un autre non? Peut-être mais pour une fois, Alix n'était pas ressorti couvert de bleus, pour la deuxième fois en fait, et c'était encore avec son aîné. Il se rappelait leur jeu étrange la dernière fois, entre colère, incompréhension et recherche d'affection, attirance, dégoût aussi... Tout avait été ambigu entre eux. Il le haïssait mais était aussi fasciné, cherchant ce qui motivait Eliad qui n'avait pourtant rien d'un monstre. Ou si, mais ça ne lui était pas naturel...

-Attend!

Alix dévala les escaliers, se postant devant son comparse

-Je... Je ne cautionne pas ce qui s'est passé dans la bibliothèque. Je ne pense pas que l'on ait le droit de détruire au nom des idéaux. Que ce soit les tiens ou les leurs... car je ne suis pas dans leur catégorie. Je n'aime pas briser pour briser.

Certes il y avait eut la bataille dans la grande salle mais Alix avait été tellement en colère sur le coup; cela arrivait à tout le monde non? De toutes manières le modèle n'avait pas fait beaucoup de dégâts, se défendant juste contre Seymour et essayant de faire entendre raison aux autres avec un discours effrayant de véracité, faisant le rapprochement entre Voldemort et Hitler. Il avait un peu -beaucoup- perdu les pédales mais ne pouvait-on pas le comprendre? A son âge! Et même un adulte d'ailleurs dans cette situation, c'était logique de craquer.

-Je voulais... Enfin. Merci de ne pas avoir... Ça parait stupide comme ça, mais tu es le seul à ne pas m'avoir blessé. Je suis contre tes idéaux... Mais au fond, pas contre toi.

Il se rappelait de l'étrange soirée auprès du lac... Entre méchanceté et douceur, encore une fois! Eliad s'était amusé à lui faire peur, terriblement peur, le ramenant dans des souvenirs douloureux puis l'avait consolé avec une grande tendresse avant de le faire boire pour le faire parler. Rien n'était clair, mais au moins Eliad ne l'avait jamais battu... Jamais insulté gravement au contraire du métisse qui avait jeté toute sa haine contre son aîné.

Le mannequin s'approcha doucement, craignant de faire un geste trop brusque, il embrassa furtivement Eliad à la commissure des lèvres, pas totalement dessus puis dans le cou, juste en dessous de la joue. Se retirant finalement après ces furtives et légères offrandes, il reparti dans son coin d'escaliers, croisant une dernière fois le regard d'Eliad et s'apprêtant à remonter... Attendant une réaction, n'importe laquelle... Que le Serpentard s'en aille, le gifle, le batte finalement, lui jette un sort ou l'insulte... Voir fasse encore preuve de cette étrange douceur mais ça, il n'y croyait pas trop, ne sachant même pas s'il le souhaitait.

Il avait voulu presser le pas, comme pour fuir une situation gênante, à laquelle il n’avait plus envie de participer. Mais c’était sans compter sur Alix, qui après l’avoir calomnié, venait à lui demander d’attendre… Attendre avant de quitter la pièce. Oui mais attendre quoi ? Qu’il reprenne ses réparties désastreuses et qu’Eliad se laisse aller à une violence qui allait le dépasser ? N’avait-il donc pas compris que le simple fait qu’il n’ait pas dénoncé un seul résistant allait forcément lui tomber dessus ? Le rôle des miliciens n’était pas aussi libre que ça… Il ne fallait pas juste profiter de leur autorité et de leurs pouvoirs, il fallait agir pour le maintien de l’ordre, mais Alix ignorait tout cela. Eliad stoppa sa marche et resta figé, mais ne se retournant pas pour autant. Ne voulant pas le regarder, ne voulant pas écouter la haine qui l’envahissait, car elle était toujours bien présente. Il avait raté ce qu’il avait voulu faire, il n’avait pas réussi à le manipuler. Et il ne voulait pas laisser libre cours à la violence pour que ça marche… Alix avait déjà bien trop pris de coups pour lui rajouter davantage de marques sur la peau.

Mais Alix se plaça de nouveau devant lui. Il continuait de l’observer alors que lui ne le désirait plus. Mais ce n’était pas pour autant que le serpentard aurait détourné le regard. Tout au plus, il cachait sa rancœur au fond de lui, se contentant juste d’un regard un peu froid, pour signifier à Alix que c’était une mauvaise idée de le retenir ici… Vraiment.

« Tu n’aimes pas briser ? Tu n’aimes pas détruire ? Mais tu aimes résister au mépris de tout ordre. Tu aimes trahir quelqu’un ici qui aurait fait beaucoup de choses pour te protéger, même devant les Carrow. Et pourtant je les crains encore, malgré le pouvoir qu’ils m’ont donné et l’autorité qu’ils m’ont confiés pour surveiller les autres. Alors je ne t’ai pas blessé et tu me remercies hein… Et c’est tout ? C’est ta seule réponse ? »

Pour le reste… Il ne s’y était pas attendu. Après l’avoir insulté, Alix venait de l’embrasser près des lèvres. Après avoir tout tenté pour le convaincre qu’il n’était pas plus attiré par les garçons que par les filles, le voilà qui venait de mettre à terre tout ce qu’il avait essayé de défendre. Il se mit à l’embrasser aussi dans le cou, une fois… Mais Eliad resta impassible se retenant de le repousser violemment car il n’avait pas fait mine de réitérer son geste. Il continua d’avancer pour le dépasser et se rapprocher de la sortie. Il en avait marre de rester devant lui et devoir supporter ses gestes d’affections qui tombaient toujours aux mauvais moments.

« Je ne sais pas pourquoi je ne t’ai pas blessé. Je me poserais sans aucun doute la question encore durant toute une partie de la nuit. Il n’y a rien d’amical entre nous car tu viens de refuser l’offre que je t’avais faite. Je n’ai même pas envie de t’accorder une seconde chance, sauf si vraiment tu venais à avoir l’envie de tout recommencer. D’ici là, tu seras considéré comme un membre actif de la résistance et en tant que tel… Je te traquerais partout où tu iras et je t’emmènerais voir les Carrow aussi souvent qu’il me sera possible de le faire. Et ne recommence plus ce que tu viens de faire. Que ce soit dans l’intimité, ou quand nous serons entourés par les autres élèves. Tu as choisi ton camp. Et si tu ne me détestes pas moi, sache que je n’aurais pas de pitié à ton égard. Alors souhaite que l’on ne se croise plus avant très longtemps… Et essaye de te tenir tranquille la nuit, respecte au moins le couvre feu. »

Il allait devoir signifier sous peu qu’Alix était libre d’être capturé par tout membres de la milice pourpre, qui le verrait se livrer à des actes de résistance… Et qu’il n’était donc plus sous sa protection indirecte.

Et sur ces derniers mots, il quitta la pièce, sans adresser un seul autre regard à Alix.

-FIN-