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 Mémoires et mémos [Ed']
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MessageSujet: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyLun 19 Oct - 11:46:23

Le jour, paresseux, ne s'était pas encore levé lorsque Deryn quitta la chambre qu'elle partageait avec sa sœur pour se glisser silencieusement dans les couloirs désertés de l'UMA. Si la population estudiantine était assez dissipée pour envahir les locaux même aux heures les plus avancée de la nuit, l'aube était toujours un moment de paix et à 6h du matin, elle était souvent la seule âme éveillée du campus.

D'un pas rapide, l'étudiante traversa donc le château puis la pelouse, entrant sans mot dire dans les premiers trains de banlieue moldus. C'était dangereux compte tenu du climat politique, elle le savait mais transplaner avait quelque chose de terriblement rapide et le balancement régulier du vers de métal lui permettait en général de se réveiller tranquillement avant d'affronter le monde du travail.

Huit heures sonnaient lorsqu'elle entra dans la cabine téléphonique qui était l'entrée des invités. Comme tous les matins, elle indiqua son nom et la raison de sa présence (stage dans le cadre de la Nouvelle Réforme de l'UMA, parce que les majuscules sur le badge, c'était amusant) et se dirigea à l'aveugle vers le bureau d'Edouard.

En effet, si la plupart des étages restaient un grand mystère pour la timide jeune fille, le troisième, celui des Oubliators avaient fini par lui paraître aussi familiers que l'université. En un mois et demi, elle avait réussi à plus ou moins apprivoiser sa peur et transformer l'antre de l'ennemi en un environnement d'une sécurité acceptable. Comme quoi, on sous-estimait beaucoup les capacités d'adaptation de l'être humain ainsi que sa solidité face à un danger pas encore mortel mais presque. Après tout, c'était également ici qu'ils pouvaient décider du sort de son père, l'inscrivant sur des listes qui en feraient l'une des premières victimes du calendrier des meurtres de la semaine. Elle grimaça. Elle s'habituait bien trop vite à la sécurité, oubliait les blessés de cet été. Cadfael borgne, Lacey inconscient sur son lit d'hôpital, distant à présent comme si elle l'avait blessé, Livious plein de sang au cottage, sa sœur en danger à Poudlard. Le monde devenait fou et elle n'avait pas encore les compétences pour le soigner. Mais elle y arriverait. Quelque soit le climat extérieur, les difficultés, les ruses et les crises de panique, elle y arriverait. Elle ne laisserait rien ni personne se mettre en travers de son chemin. Jamais.

Profitant du calme de début de journée, la jeune fille passa à la cafétéria se prendre un rapide petit déjeuner un peu moins mauvais que celui de l'université et une tasse de café bien noir pour se réveiller, attendant avec un bouquin qu'arrivent le gros des travailleurs et le moment pour elle de s'éclipser loin de la foule. A neuf heures moins dix, juste quand les cheminettes commençaient à ronfler, la galloise prit son sac, ses cours et se faufila dans les escaliers menant aux bureaux.

Un coup sur la porte pour s'annoncer au cas à Monsieur Mole (comme elle s'était entraînée à le nommer, cherchant au maximum à oublier l'aventure qu'ils avaient partagés ensemble) et elle entra dans le bureau. Vide. Mais ouvert. Ce qui voulait dire qu'il était déjà arrivé mais retenu/appelé/convoqué ailleurs. Bon. Et elle, elle faisait quoi ? Elle n'osait pas vraiment regarder les dossiers, inquiète de lire des informations confidentielles et donc de mettre son ami dans l'embarras, elle ne pouvait évidemment pas aller ranger les notes ou jouer à la secrétaire et taper la discute avec les collègues était évidemment hors de question. Quand à ne rien faire… ce n'était simplement pas dans son caractère.

Elle tourna ainsi en rond pendant quelques minutes, prenant une plume, la reposant, s'approchant de la bibliothèque pour en reculer juste après, n'osant pas même libérer une chaise pour s'asseoir. Puis, finalement, elle sortit son manuel de droit magique, s'assit à même le sol, contre un mur, faisant toutefois attention à ce que sa chaude jupe de laine ne dévoile pas trop ses jambes et commença à étudier, concentrée et sérieuse, perdue dans les articles.
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyMar 27 Oct - 0:16:26

Depuis sept heures, Edward était sur le pont. Ah ça, pour sûr, il avait des horaires flexibles. On ne lui demandait pas réellement de comptes, et cela l'arrangeait bien pour s'organiser avec son emploi du temps impossible. L'essentiel était que le travail soit fait, et qu'il réponde présent lors des urgences. Ce qu'il faisait, avec abnégation. Et cela lui permettait de caser, entre deux chapitres de rédaction de thèse, un entretien avec son tuteur, une visite à ses parents et une mission pour l'Ordre, un peu de temps pour lui. Il menait une vie de fou, il en était conscient. Mais il ne savait pas comment faire autrement. Il avait besoin de cette surcharge de travail pour tenir le coup, ne pas affronter un quotidien trop terne et surtout trop déprimant. Encore heureux qu'il n'ait pas de bonne amie. Déjà, il n'aurait pas su où la caser dans son emploi du temps de Ministre et surtout, il aurait bien trop craint pour sa vie s'il en avait été vraiment amoureux, ajoutant un souci de plus à la liste longue comme le bras de ses tracas quotidiens. Et pourtant, l'anglais n'était pas du genre à se faire du mouron pour rien. Mais il fallait avouer que ces derniers temps, son flegme était mis à rude épreuve.

Au milieu du chaos de ses semaines, un évènement pourtant jouait le rôle d'une ancre l'empêchant de partir à la dérive. Depuis maintenant un mois et demi, Aloysius Edward Mole avait une stagiaire. Officielle. Oh, je vous arrête tout de suite. Rien de bien tendancieux dans tout cela. Deryn était officiellement une étudiante à la recherche d'un stage, et officieusement, les deux résistants étaient amis. Et savoir la jeune femme à ses côtés lors de ses longues journées de labeur l'apaisait, il ne savait trop pourquoi. Peut-être parce que sa présence en elle-même était reposante - Deryn était d'une nature particulièrement calme, ou tout simplement parce que la régularité de la présence de la jeune fille lui donnait un repère fixe et immuable dans le tourbillon de son quotidien. Toujours était-il que Mole avait été ravi lorsque Deryn lui avait fait sa demande de stage, et qu'il l'avait été plus encore lorsqu'il avait lu sa lettre de motivation. Au delà des affinités qui les réunissaient dans leur combat contre les ombres, Edward avait été très intéressé par la justification du choix de stage de l'étudiante. Sa demande était réfléchie, justifiée et sensée. Non, il n'était pas stupide pour une future médicomage de faire un stage au sein du département des Oubliators. Et cette approche somme toute très fine avait particulièrement plu au brun : le choix démontrait la maturité de la galloise, et, au delà d'une jeune fille qu'il appréciait, Ed' savait qu'il allait devoir offrir une part de son savoir à une étudiante motivée, investie et sans nul doute brillante.

Comme tous les matins donc, avec une régularité de métronome, Deryn était arrivée, à neuf heures tapantes. Mais pour une fois, Edward n'était pas à son bureau. L'homme adorait pourtant la ponctualité, et il était étonnant qu'il dérogeât à sa propre règle. En réalité, Mole avait été reprographier plusieurs dossiers au niveau 0, et les plumes copieuses s'étaient emballées, lui faisant prendre un peu de retard. C'était donc d'un pas vif qu'il rejoignait son bureau, où il savait d'avance qu'il trouverait Deryn.

Il ouvrit la porte d'un geste rapide et chercha immédiatement la galloise du regard. Il mit une fraction de seconde à la repérer, ne s'attendant pas à la trouver assise au sol. Encore un peu essoufflé, l'Oubliator referma la porte derrière lui et adressa un sourire d'excuse à sa stagiaire.


- Bonjour. Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour mon léger retard, Mademoiselle Cadell... Un stupide bourrage papier m'a retenu plus que de raison.

Le vouvoiement. Certainement inutile, mais, au sein même du Ministère, mieux valait être prudent. Personne ne savait qu'ils se connaissaient, et des oreilles malavisées pouvaient traîner n'importe où et n'importe quand. Si tant était qu'ils ne soient pas déjà surveillés ou mis sur écoute. Et puis cela permettait de conserver de bonnes habitudes pour éviter toute gaffe hors du bureau.


- Mais ne restez pas ainsi au sol, je vous en prie, installez-vous... Vous connaissez la maison tout de même, depuis le temps.

Edward posa sur son bureau la pile de documents reprographiés. Il retira sa veste, qu'il envoya d'un coup de baguette machinal vers le porte manteau, sans même regarder où partait le vêtement, tant il était habitué à ce rituel lors de ses arrivées. Rajustant ses lunettes, il releva ses manches et dégagea les piles de parchemin qu'il avait entassées la veille au soir sur la petite table qui faisait office de bureau pour l'étudiante, juste à côté de son bureau personnel. L'espace vital de Deryn ainsi libéré, l'homme laissa la jeune fille s'installer tandis qu'il consultait les derniers mémos du Ministère. Il poussa un soupir devait la stupidité de certaines dépêches puis releva le nez vers la rousse.

- Bon, eh bien, sur quoi partons nous aujourd'hui...


Joignant le geste à la parole, l'Oubliator ressortit plusieurs dossier de la bannette estampillée "à traiter", les posa devant lui sur le sous main de cuir qui protégeait le bois de son bureau, et les parcourut rapidement.


- Bien. J'ai à vous proposer un peu de paperasse, un dossier à clore, avec demandes et partenariats au Département de Contrôle des Créatures Magiques, quelques recherches complémentaires à faire pour une affaire un peu solide qui nécessite de la préparation avant intervention ou une sortie sur le terrain. Rien d'urgent, mais nous devrons y passer dans la journée.

Dans tous les cas, tous les dossiers seraient traités dans la journée ou presque, mais tant qu'à faire, autant laisser à sa stagiaire la possibilité de choisir par quoi ils ouvriraient le bal...
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyMer 4 Nov - 10:50:45

Un courant d’air annonça enfin l’arrivée d’Edward dans le bureau. Il semblait essoufflé et ses bras étaient chargés d’une pile de feuilles diverses. Se levant avec un sourire sincère, la jeune fille ferma son livre, le rangea et résista à l’envie folle de lui prendre la pile des mains et lui ranger son bureau manu militari. Il était encore là quand elle était partie la veille (bien que la nuit fusse déjà tombée depuis plusieurs heures) et elle pariait son devoir de potion qu’il y avait ici et là, cachées sous les livres et les rapports, quelques tasses de café/thé froids. Ou vides. Enfin qui n’avaient rien à faire là et ne servaient qu’à se faire renverser sur LE papier important de l’endroit.

« Bonjour Monsieur Mole. Attendez, je vais vous aider. »

Et, rassurée par la présence de l’homme, elle ramassa soigneusement les quelques feuilles que la nuit et les mouvements divers avaient pu faire tomber. Une fois le sol et son propre espace dégagé, elle s’installa et écouta attentivement le programme de la journée.

Ce qu’il y avait bien avec Edward, outre le fait qu’elle l’appréciait, qu’il était rassurant et absolument passionnant quand il se laissait emporter par son sujet, c’était qu’il ne la traitait pas comme une stagiaire lambda. Avec lui, elle apprenait pour de vrai. Et, pour la jeune fille qui se rappelait du nombre faramineux de cafés qu’elle avait du préparer à l’hôpital d’Athènes, c’était un plus non appréciable. Etre prise au sérieux. Avoir des responsabilités. Etre utile finalement.

Elle réfléchit. Le plus intéressant était bien évidemment la partie sur le terrain. Il valait donc mieux le faire plus tard dans la journée, quand l’enthousiasme du matin se serait essoufflé mais que la fatigue ne se ferait pas encore sentir. La paperasse d’un autre côté, c’était chiant mais facile. Le genre de truc qu’elle réserverait plus tôt pour la toute fin de journée. Lorsque même faire un tour dehors aurait perdu tout son attrait. Non, c’était logique.


« Clore le dossier ? Il fait intervenir quel genre de créatures magiques ? »

Une foule de questions se cachaient derrière celle-ci. Si l’on pouvait effacer leur mémoire à eux aussi, si le sort était le même ou bien différent, si l’on pouvait faire de la légilimencie sur eux (pour les soigner évidement), si leur esprit était le même, si les souvenirs pouvaient percer la barrière des langues, bref, un millier et un millier d’interrogations qui allaient peut-être trouver leur réponse ici. Le seul souci de cette proposition était le fait de devoir parler à des inconnus. Pas qu’elle ne les aimait pas mais…elle ne les aimait pas. Enfin, Edward allait sûrement parler et elle serait derrière. Sûrement. Elle fronça les sourcils.

"Il s'agit du fameux dossier Root ou d'un autre, plus ancien encore ?"

Les couloirs du département des oubliators résonnaient de ce nom depuis plus d'une semaine, excitant la curiosité de la jeune femme. Elle avait réussi jusqu'ici à ne pas poser de questions sur cet étrange monsieur (a moins qu'il s'agisse d'autre chose ?) mais là c'était sortit tout seul. En tout cas, beaucoup se taisaient quand elle passait à côté d'eux aussi se sentait-elle qu'il y avait anguille (créature magique au moins ?) sous roche. Enfin, si ce n'était pas ça, Edward saurait le lui dire. Il était idiot de se monter la tête pour rien. Elle rougit, s'empêcha de s'excuser de sa prétention (elle arrivait maintenant à ne pas se sentir forcément complètement stupide en sa présence) et, pour se donner contenance, nota tranquillement la liste des travaux prévus pour la journée, s'amusant à les déplacer sur le parchemin pour en changer l'ordre.


Dernière édition par Deryn Cadell le Mar 17 Nov - 10:55:12, édité 1 fois (Raison : oubli de mot dans une phrase)
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyVen 13 Nov - 0:06:52

Pas de doute, il avait piqué la curiosité de la rousse. Ce n'était pas vraiment un exploit, mais Edward était toujours satisfait de réussir à susciter un peu d'intérêt chez Deryn. Non pas que la jeune fille fut totalement apathique, bien au contraire, elle se montrait, depuis le début de son stage, particulièrement intéressée par le moindre détail de ce qu'il lui proposait, quand bien même il s'agissait des banalités du quotidien. Mais Deryn était d'une timidité presqu'égale à celle du brun - enfin c'était ainsi qu'il voyait les choses - et même avec lui, elle restait toujours un peu réservée, ne montrant pas ses sentiments avec effusion comme d'autres étaient capables de le faire. Ainsi, chaque pétillement dans les yeux de la jeune femme, chaque lueur d'intérêt qu'il y décelait étaient pour Mole source de satisfaction. Il n'avait pas la prétention d'être un tuteur de stage exemplaire, n'ayant pas l'expérience requise, mais il pouvait au moins se targuer de proposer à l'étudiante de quoi assouvir sa curiosité. Au moins n'était-elle pas bêtement reléguée à des tâches ingrates, comme cela semblait parfois être la coutume dans d'autres départements. Combien de stagiaires du Bureau des Brevets Saugrenus avait-il déjà entendu se plaindre à la cafétéria...

Pourtant, Mole ne s'attribuait pas le mérite de la variété de choix qu'il proposait à la galloise. Il avait la chance de pratiquer une profession sans cesse renouvelée : jamais les journées ne se ressemblaient. Chaque affaire était unique, et jamais il n'aurait l'imagination suffisamment fertile pour entrevoir ne serait-ce que le millième des situations que les sorciers étaient capables d'engendrer. Puis leur rôle avait également cela d'intéressant qu'il leur permettait bien souvent de travailler en étroite relation avec les autres services du Ministère. Deryn elle-même avait pu en juger depuis qu'elle accompagnait le trentenaire au quotidien. N'avaient-ils pas déjà visité presque tous les départements ? Il y avait eu cette affaire de Tarantallegra raté qui avait lancé un camp entier de scouts dans une sarabande infernale une nuit durant, qui leur avait permis de contacter le Bureau de Désinformation ; l'affaire Earp, qui avait nécessité l'intervention de la Brigade de Police Magique puisque la victime était recherchée ; le cas Thomson, avec cet accident de cheminée, pour lequel Edward avait eu une belle frayeur et surtout beaucoup de paperasse auprès du Département des Transports... et tant d'autres !

Cette fois donc, ils avaient la possibilité de côtoyer le Département de contrôle et de régulation des créatures magiques, et Deryn semblait tentée par l'idée. Le binoclard ne put retenir un sourire en voyant que sa proposition avait retenu l'attention de la jeune fille. Celle-ci semblait réfléchir, et Ed' en profita pour retirer la dernière couche de parchemin qui abritait sa tasse de la veille, et envoya le récipient de porcelaine d'un coup de baguette vers la "recharge" de l'étage. Il fallait avouer que ces tasses enchantées étaient un vrai bonheur pour les travailleurs assidus, allant sans aucune aide se remplir à la fontaine de l'étage pour revenir en flottant vers l'employé en manque de théine - ou caféine, tout dépendait de l'individu. Mole en aurait bien besoin aujourd'hui. En espérant que la grève des elfes de maisons du département était terminée, car s'ils n'avaient pas ravitaillé la fontaine depuis hier, sa tasse reviendrait désespérément vide. Distraitement, Edward entrouvrit la porte de son bureau d'un coup de baguette, pour laisser un passage à sa fidèle petite tasse. La galloise venait d'ailleurs de reprendre la parole, s'attirant cette fois toute l'attention du brun.


- Euh, eh bien, je dois avouer être étonné par votre perspicacité. Il ne me semblait pas vous avoir encore entretenue de ce dossier un peu délicat...

Il en était même certain, et sa phrase tenait plus de la rhétorique que de la question voilée. Sa mémoire ne lui aurait pas fait faux bond sur un tel dossier. Mais il était vrai que l'affaire avait créé de nombreuses rumeurs dans le service. Personne n'avait voulu la prendre en charge, et c'était sur l'intègre Mole que la tuile avait fini par tomber. Il fallait avouer que le dossier était brûlant, et qu'Edward avait dû marcher sur des oeufs durant un bon moment avant de réussir à comprendre les dessous de l'affaire. Il avait eu du mal à surmonter tous les blocages administratifs et venait tout juste d'obtenir les autorisations nécessaires pour envisager de clore le dossier. Alors oui, il était quelque part étonné que Deryn visât juste du premier coup, mais d'un autre côté, le nom de "Root" était très certainement arrivé à ses oreilles au détour d'un couloir.

- Il s'agit effectivement du dossier Root, qui m'a donné beaucoup de sueurs froides, m'a demandé une patience infinie. Je pense que nous sommes en mesure de le clore aujourd'hui, car j'ai obtenu les dernières autorisations qui étaient nécessaires pour débloquer le dossier. Si cela vous convient, nous allons donc commencer par cela.

Joignant le geste à la parole, Edward ouvrit le tiroir de son bureau et y fouilla un instant, l'intérieur se révélant beaucoup plus grand que ce que la taille du bureau pouvait laisser supposer. Les dossiers se suivaient, classés par ordre alphabétique sur un grand fil conducteur, et leur long alignement semblait se perdre dans les tréfonds du bureau. D'un geste habile au dessus de la file, Edward fit défiler à grande vitesse tous les premiers dossiers, qui semblèrent disparaître dans la façade intérieure du tiroir à mesure qu'ils avançaient. Avec un claquement de langue satisfait, le brun releva la main, ce qui eut pour effet de stopper le défilement des dossiers. Il sortit alors du tiroir un épais dossier cacheté, qu'il posa sur le bureau de Deryn. Repoussant du pied le tiroir pour le fermer, l'Oubliator fit rouler sa chaise pour se retrouver à côté de sa stagiaire et passa le majeur sur le sceau qui fermait le dossier, en murmurant quelques mots incompréhensibles. Les liens qui tenaient le dossier fermé disparurent dans un léger halo lumineux.


- Pour vous faire un rapide résumé, commença-t-il en ouvrant la pochette et en présentant les pièces à la galloise, mais alors, très rapide, et en aucun cas représentatif de la complexité du dossier... L'affaire concerne une certaine Mathilda Root. Et par extension son oncle Humphrey Root. Domicilié en Crète. Membre éminent de l'ambassade magique d'Angleterre en ce beau pays. Et l'objet de l'affaire, c'est un sordide trafic de satyres. Le problème étant que cela a dégénéré il y a de cela quatre mois. Et que la situation a nécessité notre intervention. J'ai travaillé sur cette affaire en partenariat avec Vincent Virdian. Lequel m'a envoyé un mémo hier me prévenant que les dernières validations venaient de nous être accordées pour clore le dossier. Vous imaginez bien que l'importance du personnage a un tant soit peu compliqué l'affaire...

Avec satisfaction, l'anglais avisa sa tasse en porcelaine qui revenait en flottant dans les airs. Avec doigté, le brun l'attrapa et s'accorda une lampée du liquide ambré avant de poursuivre, tellement pris par son affaire qu'il ne se rendit même pas compte de son impolitesse : il n'avait pas même proposé à l'étudiante la moindre boisson !


- Le tout n'étant déjà pas simple par la nature même de la créature concernée...

C'était le moins que l'on puisse dire... Les Satyres n'étaient pas les créatures les plus simples à aborder, pour un Oubliator. Surtout pour un Oubliator de la trempe d'Aloysius Edward Mole.


- Voilà donc où nous en sommes, jeune fille. A votre avis, quelle va donc être notre première démarche ?


[HJ : j'ai ficelé l'affaire grosso modo, si tu as besoin d'infos, MP que je te file ça, tu peux lire des choses dans le dossier... Et puis si tu ne veux pas dire de bêtises pour la réponse à la question, MP aussi, mais propose, je rebondirai dessus Wink
En espérant que ça te convienne, j'ai un peu craqué sur la longueur, je me suis laissée emporter ^^' ]
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyMar 17 Nov - 14:17:34

Une des choses que Deryn avait apprise dans l'Ordre, c'était qu'on apprenait beaucoup en étant là et en se taisant. Une fois qu'on avait pris l'habitude de l'avoir dans le décor, la discrète jeune fille passait souvent inaperçue et les bavards oubliaient souvent de se taire lorsqu'elle arrivait. De ce fait, elle apprenait plein de choses, le plus souvent du genre qu'elle aurait préféré ignorer d'ailleurs, et savait au besoin aller piocher dans les rumeurs pour anticiper les missions.

Bien sur, sa mémoire était loin de valoir celle de l'Oubliator dont l'exactitude l'avait souvent époustouflée, mais elle était correcte et surtout, autant auditive que visuelle. En général, il lui suffisait d'entendre un truc pour le retenir à peu près et de le relire pour le savoir pas trop mal. Root avait été un nom chuchoté dans les couloirs pendant plusieurs jours, avec cette intensité qu'ont les adultes quand ils savent qu'ils ne devraient pas parler de quelque chose mais ne peuvent s'empêcher de le faire quand même. Le nom était donc tout naturellement rentré dans l'esprit de la jeune femme et c'était l'espoir plus que la déduction qui lui avait fait prononcer ce nom.

Après l'accident de Thomson, ils avaient en effet été plus ou moins restreints à des dossiers jugés sans risques, lesquels étaient passionnants mais se révélaient, après l'histoire de la Tangratella ou ce magicien qui, un soir de beuverie, s'était décidé à révéler l'existence du monde sorcier à un politicien en quête d'arguments pour sa campagne, finalement assez décevants. Elle sourit.


"Les couloirs murmurent beaucoup ces derniers temps."

La tasse sortit alors de la pièce, laissant entrer les odeurs desdits couloirs. Même lorsqu'ils étaient silencieux comme ici, on sentait la moquette chargée de secrets et de pleurs. Si si, de pleurs. Elle en était sure. Cachés derrière chaque fonctionnaire obligé d'obéir à des ordres idiots donnés par une minorité fanatique. Au moins. Et Edward continuait, l'arrachant à sa profonde morosité. Elle sourit de nouveau. Le travail, il n'y avait rien de mieux pour échapper à la déprime.

Tranquillement, comme toujours, la jeune fille nota donc le nom du dossier et la date sur son parchemin, hochant la tête aux paroles de son professeur. Ses yeux s'attardèrent alors sur le tiroir range dossier de l'ancien Serdaigle. Elevée par un cracmol, dans un milieu plutôt simple qu'intellectuel, elle n'avait découvert ce genre de classement que depuis peu, à Ste Mangouste. Elle connaissait pourtant les principes magiques, les sorts "sans fond", le "défilement digital" et autres gains d'espace, de poids et de temps mais n'aurait jamais pensé à voir des trucs pareils. C'était une source intarissable d'émerveillement. L'un des rares moments où son visage trahissait fugacement ses origines.

Détachant avec difficulté son regard de la merveille boisée, la jeune femme se saisit du dossier et le parcouru du regard tandis qu'Edward lui résumait la situation. Un nouveau sourire, plus franc que les autres, moins gai aussi, lui échappa tandis qu'elle repensait à ses discussion sur la mythologie grecque. Odysseus avait été un passionné d'histoire ancienne et pas seulement en ce qui concernait l'épopée portant son nom. Elle se souvenait d'ailleurs d'une phrase qu'il avait dite à propos des satyres grecs :


" Le Catalogue des femmes n'établit pas de lien entre les satyres et Dionysos : il précise seulement que les satyres ne sont bons à rien."

Consciente d'avoir murmuré, elle leva les yeux vers son mentor, s'excusant d'une petite grimace de l'avoir interrompue, plus amusée que contrite et se concentra sur la suite. Evidemment, dès que des officiels (probablement de sang pur pour ne rien arranger) étaient en question, les choses devenaient plus compliquées.

Pensive, elle suivit le retour de la tasse prodigue des yeux en se demandant comment ils pouvaient intervenir. Le trafic illégal relevait plutôt de la Police Magique et celui des créatures et bien… des créatures. A quel point cela avait-il "mal tourné" -pour reprendre l'expression de l'Oubliator - s'il fallait effacer des mémoires ? Et quels souvenirs devaient disparaître ? Sur qui ? Beaucoup d'interrogations qui n'étaient pas vraiment dans le dossier.

Prenant le temps qu'il lui fallait pour bien comprendre toutes les subtilités du travail (enfin toutes celles qu'elle voyait évidemment), la jeune femme réfléchit. Il fallait empêcher le satyre en question de parler et surtout de nommer ses adversaires mais d'un autre côté, le pauvre n'avait-il pas été assez molesté comme ça ? Et puis si cela se trouvait, elle faisait totalement fausse route.


"Je vois. Le dossier ne précise pas bien comment cela à "mal tourné" précisément"

Elle parcouru une nouvelle fois le résumé pour s'assurer de n'avoir rien oublié, (sans remarquer cependant une feuille quasi collée derrière une autre), mais ne trouva rien qui puisse l'éclairer davantage.

"J'avoue que j'ai du mal a visualiser les opérations alors que je dossier est quasi terminé. Je suppose que ce qu'il reste à faire concerne le satyre s'il faut joindre le département des créatures magiques ? Ils ont peut-être des droits spéciaux qui rendraient encore la situation plus délicate encore ? Et je suppose qu'ils ne sont pas ravis d'avoir été traités de la sorte."

Sauf qu'on lui demandait d'agir, pas de supposer. Il fallait donc qu'elle prenne une décision. Tant pis si elle se trompait, Edward la corrigerait de toute façon.

"Je ne sais vraiment pas en fait. Je pense que la première chose à faire est de voir les droits de Silène. Je suppose qu'il serait mauvais de se le mettre définitivement à dos surtout si on doit opérer sur sa mémoire. Et puis bien noter tout ce qui c'est passé pour avoir un précédent au cas où ? Je ne suis pas très calée en droit mais ça n'accélèrerait pas les choses pour une possible récidive ou un cas similaire ? Et enfin, ranger les permissions et les papiers administratifs dans le dossier."

Elle ne mentionna pas l'intervention évidemment, persuadée que si elle n'avait pas déjà eu lieu, Edward préfèrerait s'associer avec le type qu'il avait nommé là. Vincent Vi..Vil…Virulant ou quelque chose dans ce goût là. Bref. Elle avait déjà remarqué que le plus long dans ce travail était d'ouvrir et de clore les dossiers, pas de réparer les problèmes.

"Je me demande si Silène est son vrai nom. Ce serait tout de même curieux qu'il s'appelle exactement comme le satyre de la mythologie..."

Elle posa finalement le dossier sur la table, plus ou moins entre les deux bureaux, envia une seconde l'oubliator pour son thé (elle avait soudainement un peu froid), attira à elle un volumineux ouvrage de droit et se mit au travail, attendant qu'il l'approuve ou la corrige.

[j'ouvre pas beaucoup je sais, je me contente surtout de te suivre pour le coup. Si tu as besoin que je pose plus de questions ou que Deryn agisse plus, n'hésite pas ^^]


Dernière édition par Deryn Cadell le Dim 6 Déc - 18:05:18, édité 1 fois (Raison : ortho)
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyVen 20 Nov - 22:43:02

Ce ne fut qu'une fois avoir mis la jeune étudiante au pied du mur que l'Oubliator se rendit compte qu'il y avait peut-être été un peu fort. Lui connaissait le dossier dans ses moindres détails, et sa remarquable mémoire lui permettait de maîtriser le dossier de A à Z sans souci. A tel point que la question qu'il avait posée à sa stagiaire lui avait parue d'une simplicité déconcertante. Ah, ces universitaires, tellement habitués à leur niveau de maîtrise qu'ils en oubliaient parfois que ceux qui les rejoignaient en cours de route ne pouvaient en aucun cas suivre aussi simplement le fil de leurs pensées et de leurs déductions. A tel point que leur attitude pouvait parfois passer pour de la suffisance sans qu'ils s'en rendissent compte. Et parfois, cela arrivait à Edward. Fort heureusement, la plupart du temps, il finissait par se rendre compte de sa maladresse. Ce furent les précautions que prit Deryn pour avancer son hypothèse qui mirent le brun devant le fait accompli. Edward s'en voulut un peu de son manque de jugeotte : il demandait à la galloise de rebondir sur un dossier très complexe, qu'elle ne connaissait pas, et pour lequel elle n'avait sans doute jamais étudié les procédures adaptées, à partir du simple résumé à deux mornilles qu'il lui avait fait l'instant d'avant. Quelle belle pédagogie Aloysius, se fustigea-t-il mentalement.

Pourtant, il laissa la rousse finir, surtout que son discours était loin d'être inintéressant, sans compter qu'il se rendait bien compte que la jeune fille était plus dans son service pour étudier les arcanes de l'esprit et de la mémoire que les procédures administratives. Il se retint de pousser un petit soupir contre lui-même, de peur que Deryn ne le prenne pour elle, mais se mit une petite claque mentale, pour essayer d'être un peu plus pertinent à l'avenir.


- Veuillez m'excuser, je vous ai en réalité donné assez peu d'éléments pour répondre comme il se devait à cette question. Un peu d'inattention de ma part... Je connais ce dossier sur le bout des doigts mais il n'est pas évident de l'appréhender si vite... Toutefois, vous soulevez plusieurs points importants.

Enfin conscient de sa maladresse, le binoclard découvrit en sus son impolitesse et, d'un coup de baguette, il envoya une tasse propre vers le couloir.

- Je manque à tous mes devoirs aujourd'hui... La fatigue sans doute. Bien, reprenons.

L'employé du Ministère remonta ses manches et tira vers lui l'épais dossier, repoussant avec douceur l'ouvrage de droit que l'étudiante avait ouvert. Faisant défiler les nombreuses pages de parchemin, il expliqua, au fur et à mesure, appuyant ses dires en montrant à Deryn des dépositions, attestations et autres certificats ou demandes de documents dûment tamponnés.

- Et si nous commencions par le commencement ? Cela sera sans doute plus simple pour comprendre tous les blocages du dossier, ses subtilités, et surtout, appréhender à quel niveau nous autres, Oubliators, intervenons. En sachant qu'un dossier au moins aussi épais a été constitué à la Brigade de Police Magique, et qu'un feuillet existe également au Département de régulation et contrôle des Créatures Magiques. Bien. Il y a de cela quatre mois, la police magique reçoit plusieurs appels, des plaintes pour tapage nocturne provenant d'une riche maison de sorciers. Il s'agit de la demeure de Mathilda Root, en banlieue londonienne. Vincent Virdian, dont je parlais un peu plus tôt, arrive sur place avec une équipe et découvre que, le temps qu'ils arrivent, la source du tapage s'est échappée de la maison et folâtre allègrement à l'extérieur, au milieu d'une fête moldue estudiantine. Le problème étant que l'origine du tapage s'avérait être un petit troupeau de satyres - Merlin nous protège, ils n'étaient que quatre - que Mathilda Root et ses amies essayaient de ramener en vain vers leur riche demeure d'où ils s'étaient échappés, et que ces Satyres s'y donnaient à coeur joie avec les étudiantes. Et étudiants, aussi, d'ailleurs.

Edward fit une courte pause et leva les yeux au ciel, exprimant clairement ce qu'il pensait d'une telle attitude.

- Bref. La Police Magique intervient, des Oubliators sont mandés sur place pour la gestion des étudiants en état d'ébriété, heureusement, et le département des créatures magiques envoie une équipe pour récupérer le troupeau de satyres. Jusque là, hormis la nature des créatures, rien de bien compliqué. Le souci étant que lorsque les différents intervenants ont voulu traiter ce dossier, il y a eu quelques pressions politiques, et quelques blocages administratifs. L'enquête a révélé un trafic de grande ampleur, à l'initiative de Root père, sur demande de sa fille chérie, pour pimenter leurs soirées coquines et revendre les satyres à d'autres VIP par la suite. Comme vous le savez certainement, le satyre est une espèce protégée par la convention d'Halifax de 1862. Nous étions donc en présence d'un trafic illégal, qui requérait une coopération avec le ministère de la magie crétois. Premier blocage.

Tout en parlant, l'Oubliator dépliait ses doigts un à un pour compter les différents points noirs du dossier.

- Ensuite, les satyres bénéficient effectivement de droits particuliers, de part leur condition : ils sont conscients et capables de communiquer, et la seule raison pour laquelle ils ne sont pas classés, selon les critères du monde magique, dans la catégorie "êtres" est leur impulsivité et leur incapacité à contrôler leurs... pulsions. De ce côté là, ils agissent plus comme des créatures, et n'ont donc pas obtenu la reconnaissance d'être classés du même côté que les gobelins. Néanmoins, leur statut reste particulier, puisque leur esprit est très proche de celui de l'être humain. Plusieurs décrets les protègent donc, notamment sur l'altération de mémoire. Deuxième point donc. Et troisième également, car modifier l'esprit d'un satyre, ce n'est pas une promenade de santé.

La tasse que Mole avait envoyée en mission revint enfin, et Edward la guida jusqu'à Deryn, lui offrant avec un sourire d'excuse, mais poursuivant tout de même.

- Dernier point, et non des moindres : l'identité de la personne impliquée. Personne ne voulait se frotter à Root, à cause de sa position influente, mais aussi en raison de l'image dégradante que ce dossier collait à sa fille. C'est là que j'ai hérité du bébé. Personne ne voulait s'en charger, pour tous les points évoqués jusqu'ici, et il a moisi sur le bureau d'un de mes confrères pendant un bon mois. Natacha Angel, notre Directrice de Département, a pris les choses en main... ou plutôt m'a refourgué le dossier sans me demander mon avis. J'ai donc tout repris de zéro, et ait fait toutes les demandes nécessaires pour faire aboutir le dossier. D'autant plus que depuis le début de l'enquête, les satyres sont toujours retenus ici. Mais il n'a pas été simple d'obtenir la coopération du ministère crétois, qui a beaucoup rechigné à me donner les informations dont Virdian et moi avions besoin sur Root... J'ai dû établir un compromis pour parvenir à un semblant d'issue : Humphrey Root accepte de comparaitre pour le trafic si nous nous occupons de la mémoire des satyres pour que le nom de sa fille n'apparaisse pas dans le dossier. Enfin, en tant que partie prenante de l'affaire, si vous voyez ce que je veux dire...Je vous rassure, une négociation a été menée auprès des satyres, et ceux-ci ont d'ores et déjà signé une décharge pour cette altération mémorielle, qui a reçu l'aval du ministère crétois également, afin qu'ils puissent rentrer au plus vite chez eux.

La bouche un peu sèche par son long exposé, l'anglais vida sa tasse d'une traite, avant que son thé n'eut fini de refroidir complètement.

- L'idée, donc, c'est qu'aujourd'hui, Vincent m'a prévenu que l'accord venait d'être donné pour boucler le dossier selon les modalités que je viens de vous exposer. Nous allons donc devoir nous rendre au Département de Régulation et de Contrôle des Créatures Magiques pour opérer les changements sur le troupeau, avant d'adjoindre toutes les pièces réparties dans les différents services à notre dossier, afin de le clore définitivement, et d'en envoyer une copie au ministère crétois. Mais pour revenir à votre proposition, c'est exact, nous allons consigner un résumé de l'affaire dans les minutes archivées de notre département, qui serviront de sorte de jurisprudence, plus ou moins.

Le brun fit une nouvelle pause, pensif, repassant dans son esprit la démarche que lui avait soumise son étudiante.

- Mais vous avez pris le problème par le bon côté, même si, pour le coup, ce sont plus les lois protégeant les satyres qui nous ont bloquées que l'avis des satyres eux-mêmes. Evidemment, ils ne sont pas ravis de leur mésaventure. Mais leur classement en tant que créature fait passer la législation avant leur avis. Enfin, pour les noms de ces charmants compagnons, aucun ne répond au nom de Silène, pas même le chef de troupeau, termina-t-il dans un sourire. J'espère que la situation vous apparait plus clairement à présent... Si vous avez des questions d'ordre théorique, je vous en prie, avant que nous ne passions à la pratique...

[HJ : ouf, voilà le fin mot de l'histoire... Ed' n'est pas très pédagogue parfois ^^ je te laisse réagir à tout ça, n'hésite pas à poser plein de questions, pour la suite, je pense ouvrir un nouveau topic dans le département concerné à la suite de ta réponse, quitte à ce qu'on revienne ici après ^^]
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyDim 6 Déc - 21:43:10

Il y eut un silence. Quelques secondes à peine, ou moins. Cela avait pu aussi être l’expression de l’Oubliator ou celle de sa propre angoisse qui lui faisait écho. Toujours est-il que la jeune femme eut l’impression d’avoir dit une énormité avant même d’avoir refermé la bouche. Luttant pour ne pas rougir comme une collégienne prise en faute – les études étaient faites pour apprendre et donc pour se tromper, il était plus qu’inutile de travailler ce que l’on savait déjà – elle baissa les yeux, attendant le verdict.

On pouvait reprocher beaucoup de chose à Mr Mole. Sa mémoire sans défaut, sa maladresse tant physique que relationnelle, son côté distrait (plutôt craquant finalement) mais tout cela était racheté par une réelle gentillesse, sans arrière pensée. Il était profondément gentil, généreux et altruiste. Il avait donné sa maison à l’Ordre, son temps à une quasi-inconnue et la traitait toujours comme un être humain à part entière ce qui était assez rare dans les administrations. Aussi, lorsqu’il se rendit compte de sa bêtise à elle, au lieu de la réprimander, il s’excusa. Pour le coup, Deryn ne pouvait plus être gênée. Il avait réussi à soulever la chape de plomb qui pesait sur ses épaules d’un simple mot. La galloise sourit.


« Ce n’est rien. Merci beaucoup. »

Elle laissa filer le livre et se pencha avec lui sur l’ouvrage, écoutant de toutes ses oreilles les merveilles qu’elle allait découvrir. Si toutefois elle réussissait à comprendre le dossier. Elle repéra d’ailleurs sa première erreur. En effet, elle avait bêtement assumé qu’il ne s’agissait que d’un satyre (dont le trafic était déjà scandaleux. Qui étaient ces gens qui se pensaient supérieurs et s’amusaient à la traite des être conscients ? On ne leur avait jamais parlé de l’abolitio… non, visiblement pas, ils devaient avoir des elfes mais même, les elfes, c’était pas pareil), alors que tout un troupeau avait été enlevé. Elle apprenait en passant que ces êtres avaient une structure sociale complexe au lieu du groupe anarchique que les moldus grecs décrivaient.

Le reste l’étonna peu, quoique le fait que l’appel vienne de la maison de Matilda soit de la demeure d’un des coupables soit surprenant. Quoique, c’était son oncle qui faisait trafic non ? Merlin, ce truc était plus compliqué qu’un cours de Vega. Concentrée, Deryn fronça les sourcils, le visage fermé, essayant de bien comprendre ce qu’on lui expliquait. Lorsqu’une dernière phrase la fit pouffer brièvement.


« Ça n’a pas du les changer beaucoup. »

Moldus ou pas, des étudiants restaient des étudiants. Ne vivant que pour les fêtes, l’alcool et le sexe. Même l’UMA était touchée par ce fléau et il devenait très difficile d’y travailler. A croire que dès que la discipline se relâchait, ces enfants ne pensaient qu’à faire des bêtises. Bref. Rire lui avait fait du bien, allégeant son esprit d’une pression qu’elle s’imposait toute seule. Certes, c’était affreux mais il n’était pas dit que les étudiantes avaient apprécié oublier ces moments.

« Mais si Mathilda avait demandé les Satyre, comment ce fait-il que l’appel pour tapage vienne du manoir lui-même ? A moins que je n’ai mal compris et qu’il s’agisse du voisinage, désignant le manoir »

Bref, comme il disait, ce n’était pas le plus important. Comme elle l’avait supposé, le problème humain était tout de même réglé. Mais s’ils n’avaient pas le coté juridique à gérer, comment diable clôturait-on un dossier ? Et, déjà, Edward répondait à ses questions informulées. Ils allaient voir les souvenirs de non-humains. C’était…géant, génial, gigantesque. Supra méga top bien.

Avec un
« merci » discret, elle accepta la tasse, son sourire s’agrandissant au fur et à mesure qu’elle comprenait ce qu’on allait lui faire voir. Peut-être même que son mentor lui permettrait de l’accompagner dans l’esprit de l’être. Voir d’y faire le voyage seul. Hum. Probablement pas. Il ne fallait pas se monter la tête non plus.

Elle prit une gorgée du liquide brûlant et suivit mentalement la sensation de chaleur descendre le log de sa gorge pour se répercuter dans tout le corps comme par diffusion instantanée. Elle allait voir l’esprit des satyres ! Cela valait même la peur de rencontrer de nouvelles personnes. Pour ça, elle aurait été (presque) prête à traverser la boite de l’UMA un samedi soir.


« Oh, oui, je comprends beaucoup mieux, merci. Et d’ailleurs, puisque vous me le permettez, en quoi est-ce que l’esprit des satyres est-il différent de celui des humains ? Et en quoi cela affecte-t-il le travail à effectuer dessus ? L’esprit et la mémoire ne sont-ils pas deux processus très différent ? Leur statut d’être magique interfère-t-il avec le sort proprement dit ? J’avoue ne pas connaître très bien les spécificités des vrais satyres. Mes connaissances sont plus tirées de l’Iliade que du Manuel des Monstres. Il y a beaucoup de différences ? »

Et…c’était tout pour le moment, elle verrait après si les réponses appelaient d’autres questions ou si de nouveaux détails excitaient sa curiosité. En attendant, son sac était prêt et elle n’attendait plus qu’un signe de son supérieur pour partir à la découverte de ces drôles de bêtes.
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptySam 26 Déc - 21:06:46

[HJ : pardoooon pour le retard Sad
Bon, tes questions m'ont entraînée sur le terrain mouvant de l'improvisation sur de la théorie magique pointue, j'espère que ça te conviendra, j'ai essayé d'imaginer quelque chose de cohérent, mais ce n'est pas simple Fou]


A présent que le dossier avait été éclairci, le binoclard était tranquillisé. Il avait fait son travail correctement, et espérait avoir mis l'étudiante dans une situation plus confortable que l'ignorance quasi totale de ce dont il retournait. Edward Mole détestait l'ignorance et l'obscurantisme. Ces fléaux lui faisaient extrêmement peur, et il ne se sentait pleinement en confiance que lorsqu'il savait ce qu'il voyait, qu'il comprenait ce qui l'entourait, et qu'il maîtrisait l'objet de son étude. En cela, la recherche le passionnait, car elle lui permettait de repousser toujours plus loin les limites de sa compréhension, et par là-même d'accroitre sa confiance en lui - ce qui, il fallait bien l'avouer, n'était pas du luxe.

Au cours de son long exposé, l'homme ne releva pas la petite saillie de la galloise, mais attendit qu'elle ait terminé d'assimiler les informations et lui pose les questions que son discours avait soulevé pour lui répondre point par point. Heureusement qu'il avait une excellente mémoire, d'ailleurs, car la rousse était loin d'être apathique et s'intéressait visiblement très sérieusement au sujet, car une avalanche de questions avaient été suscitées. Le brun ne put s'empêcher de sourire en lisant l'enthousiasme sur le visage de l'apprentie Médicomage.


- Eh bien, le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet ne vous laisse pas indifférente ! Voyons, je vais essayer de vous répondre en ordre, même si les points que vous soulevez devraient, en théorie, faire l'objet d'un cours approfondi pour en saisir toute la complexité. Néanmoins, je vais tenter de vous apporter un éclairage très partiel sur les divers sujets abordés.

D'un coup de baguette, l'anglais renvoya sa petite tasse en mission breuvage, et reprit la parole en attendant son retour, tout en feuilletant distraitement le dossier. Son doigt s'arrêta sur un registre d'appels.

- En réalité, les plaintes provenaient du voisinage, j'ai dû vous présenter les choses de manière maladroite. Voyez la liste, nous avons relevé des appels de trois demeures différentes, dont une à plus de deux cent mètres ! Le raffut devait vraiment être insupportable, ajouta l'Oubliator sur un ton tout à fait neutre.

- Pour en venir à vos questions plus... complexes...

Le brun laissa sa phrase en suspens, semblant réfléchir à la meilleure manière d'aborder les choses. Après quelques secondes, il referma le dossier "Root", comme pour signifier qu'ils quittaient le domaine particulier de leur affaire pour plonger dans un domaine plus général. D'une voix douce et posée, l'homme reprit :

- Je me dois de vous prévenir que les quelques bribes que je vais vous apporter doivent vraiment être pris avec des pincettes : je n'aime pas la simplification, car elle ouvre la porte à de nombreuses dérives et incompréhension. Mais puisque le sujet semble vous intéresser au plus au point, je vais tenter de résumer un peu les choses, au risque de faire quelques raccourcis malheureux. Je vous invite évidemment à compléter mes humbles explications par des recherches approfondies en bibliothèque... Je pourrai vous fournir une bibliographie, d'ailleurs, si vous le souhaitez.

Le récipient de porcelaine arriva à point pour ponctuer la mise en garde du brun, qui attrapa sa tasse et but une gorgée avec gravité.

- L'esprit et la mémoire sont effectivement deux processus différents, mais aussi incroyablement liés. Un esprit sans mémoire serait incapable de se constituer, d'évoluer, d'apprendre. A contrario, la mémoire est conditionnée par l'esprit : elle se constitue en fonction des priorités que lui dicte l'esprit, consciemment ou inconsciemment - mais c'est là un autre débat. Le champ d'action est encore complexifié par l'intellect, les sentiments, le sens moral... Tant de domaines qui sont à la fois différents et étroitement liés, chacun influant sur l'un ou sur l'autre. Pour parler rapidement, on englobe tous ces concepts de manière fort grossière sous le terme "esprit", mais c'est à mon sens un raccourci très malheureux. Le débat devient plus compliqué encore lorsqu'on évoque l'âme. Mais une fois de plus, je ne suis pas là pour vous entraîner dans les débats qui secouent les scientifiques, tant moldus que sorciers.

Reprenant son souffle, le brun soupesa un instant les risques encourus à évoquer ouvertement la science moldue et préféra s'abstenir de poursuivre sur ce terrain glissant. Bien sûr, il connaissant les convictions de son interlocutrice, et ce n'était pas elle qui l'en blâmerait, mais, au sein même du Ministère, mieux valait rester prudent.

- Une chose toutefois est certaine, "l'esprit" de chaque créature de notre monde est différent. Pour faire simple, disons que les variations proviennent essentiellement des proportions que chaque espèce donne aux divers domaines que nous avons évoqués tout à l'heure. Et que, par voie de conséquence, tous ces domaines étant liés et s'influençant, l'esprit est modelé par ces domaines qui le composent : les "esprits" de deux êtres humains diffèrent selon les proportions qu'ils accordent à l'instinct, ou à la morale, mais on reste sur des standards communs à tous, les variations étant mesurables. C'est aussi ce jeu de proportion qui a souvent été appelé à la rescousse pour classer les êtres et créatures. Vous imaginez bien que c'est très délicat à faire, mais néanmoins, cela permet d'écarter les extrêmes. C'est une des raisons pour laquelle les satyres ont été relégués au rang de créatures : la proportion laissée à leur instinct et leur libido était trop importante.

Mole marqua une petite pause, sa transition lui permettant de revenir au sujet qui les préoccupait.


- Ainsi donc, intervenir sur des esprits humains, quand bien même ils sont différents, reste toujours à peu près dans les mêmes protocoles. Alors que chaque type de créature possède une architecture psychique et des relations entre les différents domaines propre à son espèce. C'est là que survient la difficulté, car parfois, les différences sont très fortes, et notre propre compréhension peine à les assimiler. Naviguer à vue dans un esprit dont on ne connait pas la structure relève de l'inconscience : le risque de désorientation et de folie est bien trop grand. Il faut donc avoir les bases et être extrêmement prudent pour ne pas se perdre dans les méandres d'une psychée inconnue. Voilà pourquoi intervenir sur la mémoire d'un satyre ne découle pas vraiment du même processus que lors d'une intervention sur l'être humain.


Le thé fut terminé en une lampée et l'employé du ministère acheva son petit cours improvisé.

- En réalité, notre travail est un peu plus complexe qu'un simple sort, et c'est finalement une infinité de déclinaisons du même sortilège qui sont utilisés pour la première partie de l'intervention, la suite relevant plutôt de euh... procédures magiques dirons-nous que de réels sortilèges. Enfin, pour répondre à votre dernière question, oui, il y a des différences, puisque, fatalement, les récits des grecs ne faisaient voir qu'une partie biaisée de la biologie des satyres, mais l'essentiel est là. Disons que l'aspect social est peut abordé, de même que, justement, leurs facultés intellectuelles. Mais disons que physiquement, vous ne serez pas surprise.

Mole agita légèrement sa baguette, et un petit ouvrage quitta l'une des étagères lourdement chargées, que le binoclard fit léviter jusque devant l'étudiante.

- "Biologie et écologie des satyres". Si cela vous intéresse, je peux vous le prêter. Ai-je réussi, avec mes piètres explications, à dissiper un tant soit peu les questions qui vous assaillaient ? N'hésitez pas, mieux vaut que nous éclusions tout cela avant d'y aller, car lorsque nous serons à pied d'oeuvre, je veux que vous soyez confiante... Je ne peux me permettre de vous... "emmener" si vous doutez, vous comprenez bien.


[HJ : bon, encore un post un peu théorique, mais bon, Ed' est ton tuteur de stage, c'est fait pour, ce topic ^^ Si tu manques de matière pour ta réponse, n'hésite pas à nous faire décoller pour le département de contrôle et régulation des créatures magiques Wink]
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MessageSujet: Re: Mémoires et mémos [Ed']   Mémoires et mémos [Ed'] EmptyDim 28 Mar - 2:20:12

[HJ : *essaye même plus de s'excuser...* Je ne sais pas ce que ça vaut mais je n'en pouvais plus de le recommencer ^^' On peut le clore là si tu veux, ou continuer, comme tu préfère. Quoiqu'il en soit, je ferais de mon mieux pour ne plus en arriver là - les "paroles" en violet sont des notes sur sa feuille. Tu peux les lire si tu veux.]

Répartir Deryn n’avait pas été de tout repos pour le Choixpeau. Elle possédait un certain courage, peu visible mais bien présent, une supériorité inconsciente qui l’amenait souvent à dédaigner ceux qu’elle n’appréciait pas, un côté serviable et aimable qui lui venait de la moitié commerçante de la famille, bref, aux dires de certains, la jeune fille aurait pu se sentir chez elle quelque soit sa maison. Le couvre-chef avait donc hésité un long moment (d’autant plus long que la gamine n’avait pas de préférence) jusqu’au moment où il s’était retrouvé enseveli sous une avalanche de questions qui avaient conduit la galloise à Serdaigle. Curiosité et sagesse n’étaient certes pas synonymes mais la première conduisait bien souvent à la seconde…quand elle n’envoyait pas à Ste Mangouste.

C’était cette curiosité qu’Edward venait de découvrir, bien à ses dépends. Le métier d’Oubliator, ou tout du moins l’idée qu’elle s’en faisait passionnaient Deryn qui était cependant bien plus intéressée par la théorie que la pratique. Pour elle, pouvoir poser des questions étaient cent fois plus passionnant que de se retrouver à un Satyre de mauvaise humeur dont on ne pouvait prévoir les accès de colère. Et puis on ne propose pas à un élève de Rowena de poser des questions. Le binoclard aurait du le savoir.

Les yeux fixés sur son professeur, la jeune fille buvait littéralement ses propos, indifférente à sa main qui courait sur ses notes, habituée depuis longtemps à écrire sans regarder sa feuille. Bon, ses phrases n’avaient pas toujours de sens et ses lignes se mélangeaient parfois mais elle arrivait en général assez bien à se souvenir de ce qu’elle avait voulu noter et le travail de mise au propre, s’il prenait du temps, lui permettait d’apprendre plus efficacement. Une fois les cours recopiés, elle n’avait plus besoin que de les relire une ou deux fois pour les savoir correctement. Ce n’était pas certes la fabuleuse mémoire de son mentor, mais c’était déjà ça.

Bref, le sujet ne la laissait pas indifférente. Enfin cela dépendait dudit sujet. Les éclaircissements sur les origines de la plainte, par exemple, rendait l’histoire plus logique mais lui étaient plus ou moins égaux. Note dans la marge, bibliographie. Evidemment qu’elle le souhaitait. Mais ce n’était pas le moment de l’interrompre. Elle aurait tout le temps après. Profiter du silence pour recharger sa plume était nettement plus productif. Ainsi elle serait prête quand il reprendrait. Inspiration. Expiration. Il n’allait pas s’envoler. Il fallait vraiment qu’elle se calme parfois. Ce genre de frénésie ne pouvait pas être bon pour ses études.

« La mémoire est conditionnée par l’esprit. » Jolie phrase, presque un sujet de dissertation. Il allait falloir qu’elle creuse dans ce sens. Elle souligna l’expression deux fois pour se souvenir d’y revenir et reprit le fil du discours, regrettant que son professeur ne digresse pas un peu plus sur les débats métaphysique qu’il évoquait. Il y avait certes beaucoup de littérature dessus mais avoir l’avis d’une personne que l’on respecte sur le sujet est toujours plus productif. Elle continua à noter.

« Les satyres sont plus dirigés par le ça que le surmoi, si l’on reprend la théorie Freudienne sur le fait que l’esprit est divisé en trois groupes. Le ça étant l’impulsion primaire, les envies, les désirs et les pulsions, le surmoi étant les barrières de la société, les règles, les tabous et la conscience, et le moi faisant office de médiateur entre les deux. »

Evidemment, pas plus qu’Ed’ elle ne se serait laissée aller à parler de psychanalyse moldue même basique au sein même du ministère mais le noter ne portait pas vraiment à conséquences. Il n’y avait probablement pas plus d’une dizaine de sorciers en Angleterre qui devaient savoir qui était Freud et moins encore qui comprenait ses topiques. Et utiliser un vocabulaire précis l’aidait à enregistrer les informations. Elle sourit, s’octroya une gorgée de thé tiède et reprit son travail. Il faudrait qu’elle pense a demander a Logan s’il en était de même avec la Légilimencie. Pouvait-elle pénétrer l’esprit d’une autre créature et en sortir indemne ? Pas qu’elle ait la moindre envie de blesser un pauvre être par ses expériences mais savoir si c’était ou non possible restait amusant. Le genre de conneries que l’on sort au cours d’un dîner pour choquer ou se faire bien voir. « Saviez-vous qu’un légilimens expérimenté peut lire même les esprits des satyres ? Plus besoin de magasines, puisez les images à la source. » Hum. Le genre de truc qu’elle ne disait jamais mais auxquelles elle pensait parfois. Souvent en ce moment. L’humour médical était décidément très contagieux.

Finalement, ils revinrent sur la pratique et les satyres en eux même. Se détendant enfin un peu, Deryn posa sa plume et fit jouer ses épaules. Noter comme ça était épuisant. Elle se saisit dun livre avec un sourire de remerciement, le feuilleta et le posa précieusement à coté d’elle. S’il ne lui était pas utile pour ses études, cela lui ferait un bon livre de chevet. Elle sourit quand il l’invita à poser d’autres questions, finit son thé et se lança, amusée et tranquille.


« Vos explications sont parfaites. J’ai en effet d’autres questions, plusieurs dizaines pour être franche mais rien qui ne puisse attendre ou qui concerne notre travail présent. Pourrais-je vous demander de bien vouloir me rencontrer en dehors du ministère un jour quelconque afin que je puisse assouvir ma curiosité sans pour autant vous retarder ? J’ai conscience que cela sonne un peu comme un rendez-vous mais ce que vous faites est réellement passionnant et je… »

Elle s’interrompit, confuse. C’était difficile d’être sincèrement admiratif et de demander une faveur sans avoir l’air d’une fayotte. Enfin. Elle n’était plus au collège et ils n’étaient qu’eux deux.

« J’aimerais réellement pouvoir aller plus au fond des choses si vous le voulez bien. Je serais également intéressée par cette bibliographie dont vous m’avez parlé. J’essaierais de la lire avant afin de préparer l’entrevue…dans l’hypothèse où vous accepteriez évidemment. »

Deryn se sentait aussi à l’aise qu’un poisson dans un arbre et à peu près aussi intelligente. Ecarlate, elle ouvrit plusieurs fois la bouche pour s’excuser puis la referma, fermant son esprit pour y emprisonner la gêne. Quelques secondes plus tard, elle était redevenue normale. Extérieurement tout du moins.

« Je suis prête. »

Et sans rien ajouter, elle laissa Edward la guider jusqu’au Satyre. Pathétique. Il n’y avait pas d’autre mots.
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