Le tourment du reptile [PV]

De longs doigts de porcelaine serpentaient contre les rugosités d'un parchemin corné où résidaient en encre noire les vagues annotations d'un cours d'Histoire suivit d'une seule oreille. Sa propriétaire, le regard lointain, était à cent mille lieues des faits relatés sur la peau vergetée déposée sur le bureau. L'heure des révisions était d'ailleurs révolue depuis longtemps. Et son esprit trop occupé à se remémorer les paroles d'un homme qui était à la fois son bourreau et son précepteur. Rodolphus Lestrange, obnubilait ses pensées, son esprit. Sa présence empoisonnante brûlait son corps, à la manière d'un acide assimilé par son sang et parcourant tout son être, encore et encore. Depuis qu'elle l'avait rencontré par erreur, sa vie avait basculé. Désormais, elle n'était plus jamais seule. Car elle savait qu'il avait le pouvoir de lire à travers ses mensonges, qu'il avait la puissance pour briser son corps trop fragile à la façon d'une brindille entre ses doigts, si elle osait contrecarrer les projets d'avenir qu'il lui avait offert comme on offre une dernière chance avant le purgatoire. La vie de ses parents devenait une amère consolation face aux démons auxquels elle était à présent confrontée. Si elle avait sut ce qui l'attendait, aurait-elle eut le courage de préférer mourir ? Néanmoins, le temps des décisions était révolu, et la jeune Vanloock n'avait d'autre choix que de courber l'échine...
"Je suis livrée à moi-même... Livrée à mes démons, absorbée par le mal obscur qui gangrène ce monde."
Écrivit-elle d'un geste sauvage dans la marge de son parchemin, l'esprit soudain enragé par la fatalité de son destin. Puis elle le raya d'un geste violent, répandant une mare d'encre sombre qui fut absorbée par le vélin, annihilant cette phrase qui ne voulait rien signifier d'autre qu'un désespoir soudain, accablant.
Lentement, la Serpentard se laissa tomber contre le dossier de sa chaise et glissa cette main qui parcourait un instant auparavant le papier dans l'or scintillant de sa chevelure bouclée. Ses traits surlignés par un teint de porcelaine transpiraient l'épuisement moral, ses yeux soulignés de noir brillaient de la lueur cruelle du doute.
La veille, elle s'était à nouveau retrouvée confronté à l'imposant charisme de son précepteur. Il avait exigé d'elle qu'elle rentre dans la Milice Pourpre, afin de lui prouver définitivement de quoi elle était capable. Pour la Cause... Cette cause n'était pas la sienne. Après tout, elle n'était pas une sang-pur, mais Rodolphus avait dit. Elle ferait. Elle ne pourrait pas désobéir face aux étincelles inquiétantes qui striaient le regard du Mangemort. Elle craignait trop la mort pour cela. Et elle s'était habituée à obéir, pour la première fois de sa vie. Dépendait-elle de lui, aujourd'hui ? Cette perspective nouèrent ses entrailles.

Quelque part dans le lointain, les cloches du château retentirent, annonçant que l'heure du sommeil était plus que dépassée. Mais la nervosité la torturait trop pour lui permettre de se laisser aller dans les limbes du rêve. De quoi serait-elle capable, une fois acceptée dans la Milice Pourpre ? C'était la question qui taraudait son esprit depuis que l'ordre était tombé. L'épée de Damoclès était plus présente que jamais au dessus de son joli crâne. Elle ne pourrait faire semblant, comme lorsque que dans un temps si ancien qu'il semblait venir d'une vie antérieure, elle avait intégré la Brigade Inquisitoriale par pur intérêt. Elle ne tirerait aucun gain à combattre la révolte qui grondait au sein du château, encore moins à faire du mal à une tierce personne. Mais elle le devait. Et elle le ferait.
La colère s'éleva comme une explosion à l'intérieur de son ventre. C'était injuste. Mais le pire était cette cruauté avec laquelle son esprit avait proféré cette décision soudaine : "Je le ferais.". Lestrange la mettait à l'épreuve, elle avait marché jusqu'alors sur une corde, mais le temps de la lâcheté était passé. Elle devait assumer jusqu'au bout. Elle lui prouverait sa force, que la vie des Vanloock valait que l'héritière se batte. C'était une véritable question de survie, elle ne devrait plus penser qu'à ce fait avéré.

Elle se releva de sa chaise le coeur battant, secouée par cette décision aussi infâme que nécessaire, le coeur et l'âme ébranlées. Et sa conscience se rappela à elle insidieusement, faisant naître les prémices d'une migraine à l'intérieur de son crâne.
- Encore... Ai-je besoin de cela ?
Un soupir s'envola de ses lèvres pâles et la jeune femme se baissa pour fouiller dans son sac, à la recherche des substances qui briseraient la force sournoise qui assénait ses coups de boutoir à sa cervelle. Mais lorsqu'elle trouva la boite de fer et l'ouvrit, il n'y avait rien d'autre que le vide.
- Merde, merde et merde !
Cracha-t-elle entre ses dents, la fureur dépassant les affres naissant de la douleur. Dans un geste de rage, elle balança la boite à travers la salle commune et se prit les tempes dans les mains. Puis la lassitude l'envahit et elle laissa s'échapper un nouveau soupir qui vida ses poumons de toute leur oxygène.
Était-cela que l'on appelait "La loi des séries" ?

La soirée avait été longue et pas des plus plaisantes en retenue et c'est particulièrement éreinté, aussi bien physiquement que mentalement, que Kilian pénétra dans la salle commune. A peine eut-il franchit le passage qu'une boite de métal s'écrasa brutalement sur le mur à quelques centimètres de son visage. Le jeune homme cilla et eut un mouvement de recul avant de réaliser qui était à l'origine de cette agression.

S'il ne l'avait pas aussi bien connue et surtout si elle n'avait pas eu l'air aussi peu consciente de sa présence il aurait sûrement pensé que l'acte de la vipère était volontaire. Mais il était évident que ce n'était pas le cas.

Profitant des quelques secondes qui lui restait avant qu'elle ne remarque sa présence, il l'observa.

Leur histoire était bien loin. Cela faisait des siècles qu'ils n'avaient pas été seuls, une éternité qu'ils n'avaient pas échangé autre chose que les banalités d'usage. Elle avait l'air mal en point. Toujours aussi jolie mais plus dure, plus froide encore qu'il ne l'avait jamais vue. Elle avait l'air lasse et perdue... presque au bord de la crise de nerf. Doucement il se baissa pour ramasser la boîte et se redressa sans quitter la jolie blonde des yeux.

Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais aucun mot ne sortit. Que pouvait-il dire ?

Alors il attendit. Il attendit qu'elle le voit. Et quand leur regard se croisèrent il lui offrit un sourire sincèrement peiné:

"Bonsoir... Je suppose qu'il serait malvenu de te demander comment tu vas..." Fit-il en lui montrant la boite d'un air contrit.

Les mains délicates que l’on n’aurait pas soupçonné être les actrices de cette sorte d’acte de rage et de désespoir glissèrent des tempes de la jeune fille au blason vert tandis que son souffle mourrait dans un silence seulement entrecoupé par les rebonds de la boite. Son ouïe avait-il seulement capté l’ouverture caractéristique annonçant qu’une présence intruse s’infiltrait dans ce qui avait été, l’espace d’un moment, son intimité ? Non, certainement pas. Ce ne fut que lorsque le son de la boîte s’arrêta net qu’elle redressa la tête, ses yeux d’azur allant jauger sèchement l’individu qui avait arrêté dans sa course l’objet métallique. Elle avait un air de faucon prêt à bondir sur sa proie, si l’on excluait l’humidité et les cernes qui adoucissaient légèrement son regard. Et elle reconnu le Serpentard hésitant qui se tenait à quelques mètres d’elle, et de la froideur, la vipère passa à la lassitude. Doyle. Dans d’autres temps, elle aurait pensé quelque chose qui aurait étrangement ressemblé à un « Il ne manquait plus que lui. », mais l’aventure et, surtout, la rupture chaotique qu’ils avaient vécus semblaient si lointaine à Liliana qu’elle paraissait provenir d’une vie antérieure. Même son sourire transpirant de compassion ne fut pas assez pour soutirer à la belle une vague d’irritation. La simple idée de se remémorer des faits trop loin derrière elle pour que cela lui tienne encore au coeur la fatiguait, tout simplement. L’apparition du jeune homme, aussi changé et agréable à regarder était-il l’épuisait. L’espoir qu’il ne remette pas sur le tapis des inimitiés disparues était trop vague chez la Serpentard pour qu’elle y croit vraiment car, d’après ce qu’elle en avait entendu, Killian était devenu un adolescent impulsif et incisif, dont la langue déliée et le jargon douteux n’était plus à prouver. De ce fait, elle doutait d’une possible maturité. Peut-être... Peut-être après tout, cela n'étaient que des préjugés... Mais au diable Doyle.
Lentement, la Serpentard releva les yeux, vaguement en direction de la voûte sinistre au dessus de leur tête. Puis enfin, sa bouche se décrispa et elle entrouvrit les lèvres pour lui répondre.

« Bonsoir, Doyle. Mais ta question était à propos, je te l’assure ! Tout va bien mais comme tu le vois, je m’entraîne à viser les yeux fermés. »

Lâcha-t-elle sur un ton d’humour un peu pince sans rire. Lorsqu’elle reposa son regard sur le Vert et Argent, elle n’avait en revanche aucune trace d’animosité. L’humour brillait d’un éclat fade au fond de ses prunelles, un masque s'était érigé comme pour la préserver d’une prise sur le fait. Paraître faible lui avait toujours été une possibilité insupportable, ne serait-ce qu’à imaginer.

« Je suppose que te retourner la question serait déplacé par contre... »

Murmura-t-elle ensuite, tout en longeant un mur en direction du canapé qui s’offrait à elle. En effet, la jeune fille était au courant de la retenu de Killian, qui n’était pas au fait dans leur année ? Chaque sanction tombait comme un coup de massue sur les élèves, on ne les comptait plus, mais on retenait les noms. Par décence, on s’abstenait même de vérifier qui détenait le palmarès, tout le monde savait que les retenues n’étaient vraiment pas ce que l’on pouvait appeler une partie de plaisir.

À quelques pas du canapé, la jeune fille glissa sa main sur l’accoudoir, sans oser s’installer. Le silence était gênant, autant que la présence du garçon, qui avait manqué de la surprendre dans une crise dont elle ne voulait aucun témoin. La douleur, quant à elle, persistait sournoisement. Ça n’était pas prêt de s’arranger, jusqu’au lendemain matin, du moins. Et ce silence... Elle ne trouva rien à dire pour le briser, et cela lui pesait. En avait-elle envie ? Elle n’en était pas vraiment sûre, Killian était le genre de personne avec qui elle devait éviter, aujourd’hui, tout rapport. Lestrange avait été assez clair quant aux choix de ses relations sociales. Et Doyle n’avait pour seule qualité que de faire partie de la maison de Salazar.

« Hm, hm... »

Se raclât-elle la gorge, les yeux rivés en direction du sol, cette fois.

La vipère finit par lever les yeux. L'appelant par son nom, comme elle en avait pris l'habitude depuis leur séparation, si longtemps auparavant, elle protesta en déclarant qu'elle s'entrainait simplement à viser les yeux fermés.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du brun. Elle avait toujours ce don pour l'ironie. Et comme elle l'avait toujours fait, encore plus aujourd'hui qu'autrefois quand elle s'était ouverte à lui, elle faisait la fière. Elle ne voulait pas qu'il voit ses faiblesses alors qu'il les devinait pourtant aisément. Mais n'avait-il pas fait la même chose ? Ne l'avait-il pas repoussée parce qu'il était incapable de lui montrer vraiment qui il était ?

Tout ça lui paraissait si futile à présent. Loin. C'était presque une autre vie. Il était arrivé tant de chose depuis.

Il l'observa quelques instants et la trouva belle. Fatiguée, lasse, au bord de la crise de nerf, mais belle. Mais il remarqua qu'il n'avait plus de pincement au coeur, qu'il n'était plus envahit de regrets, qu'il n'avait plus envie de la jeter sur un lit et de la faire sienne. Il avait juste envie de se soucier d'elle, peut-être comme un frère l'aurait fait. Ou simplement un ami. Oui, peut-être voulait-il simplement être l'ami qu'il n'avait pas sû être... mais il se doutait que cela n'était plus possible aujourd'hui. Ils s'étaient trop éloignés et jamais elle n'accepterait son aide.

Ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'il ne lui offrirait pas.

Elle ne lui retourna pas la question, du moins pas directement, et il haussa les épaules sans se départir de son sourire:

"Ho, je n'ai pas à me plaindre... c'est une façon comme une autre de passer ses soirées."

Aussi pénibles soient ces retenues, au moins n'avait-il pas besoin de supporter tous ces sang-purs en train de se pavaner. Il était suffisemment résistant aujourd'hui pour endurer souffrances physiques et tortures mentales.

Lilianna semblait hésitante. Elle s'approcha du canapé sans pour autant s'y installer et Kilian resta debout près de l'entrée, retournant dans ses mains la boîte vide, pensif. Elle contenait encore un peu d'une sorte de poussière, comme une plante sechée réduite en miette et il se demanda ce qu'elle avait bien pu contenir.

La vert et argent se racla légèrement la gorge le faisant sursauter. Il releva la tête et s'approcha pour lui tendre la boîte:
"Alors, qu'est-ce qu'elle t'a fait pour mériter un tel sort ? C'est parce qu'elle est.. vide...?"

Il ne comprenait pas exactement de quoi il retournait mais il avait l'impression d'avoir mis le doigt sur quelque chose.

"Tu n'es pas obligé de me le dire." Ajouta-t-il finalement.

Mais avait-elle quelqu'un à qui se confier ? Ces derniers temps il avait toujours l'impression de la croiser seule. Il ignorait quel était le problème. Après tout, la jeune femme ne devait pas avoir de problèmes avec le nouveau régime... et pourtant elle avait l'air à bout...

"Tu as l'air... fatiguée..." Se permit-il de dire d'une voix douce.

Il ne voulait pas qu'elle voit là un reproche. Il était sincèrement inquiet mais tentait de ne pas trop le montrer. Il ne savait pas quelle attitude adopter avec elle et il était probablement autant sur ses gardes qu'elle ne l'était. Du moins, le pensait-il.

Aux paroles stériles succédait la gêne. Une gêne certes due à son passé, mais à quelque chose que Killian ignorait aussi, profondément ancré dans sa vie à présent, et dont elle n'avait soufflé mot à personne. Doyle serait certainement la dernière personne à qui elle se confesserait, si tenté que cela ne se produise un jour. Elle n'avait d'ailleurs, en toute logique, pas le droit de lui parler. Cependant, Rodolphus n'avait encore jamais précisé qu'elle n'avait pas le droit de parler aux impurs, mais seulement aux gens indignes car de Maison différente que celle du noble Salazar Serpentard. Elle savait cependant qu'en jouant sur les mots, elle risquait sa vie. Mais la fatigue et la douleur balayait tout courage. Elle n'avait pas la force de feindre la colère pour le repousser, ni de le mépriser. Peut-être aussi par crainte de paraître infantile.
Mais après tout, qu'en avait-elle à faire de l'avis de Doyle à son sujet ? Bien peu de chose, mais ressembler à une poupée puérile lui était trop insupportable. C'était plus fort qu'elle, elle devait montrer sa force, sa fierté, mais aussi sa maturité. Question d'orgueil. Son regard chargé de méfiance se leva sur le jeune homme tandis qu'il s'avançait, avec la prudence d'un félin prêt à esquiver un coup, lui sembla-t-il. Elle baissa le menton en direction de sa boîte en fer qu'il lui tendait, qu'elle reprit avec lenteur, tout en prenant soin d'éviter un contact malheureux avec la peau du serpent. Plus le temps passait, plus Liliana abhorrait le contact avec ses pairs. Elle n'en faisait aucun cas cependant, estimant ce détail comme sans importance.

Comme elle devait s'y attendre, le garçon la questionna. Sans brutalité, cependant, avisé comme il l'était sur son caractère orageux, mais cela n'empêcha pas la vipère de froncer les sourcils l'espace d'une seconde, tout en détournant la tête pour n'offrir à Killian que son profil.

« En effet, je ne suis pas obligée de te répondre. »

Elle se recula d'un pas tout en remontant, comme en signe de protection, son col au niveau de son cou. Parler lui coûtait de plus en plus au fil des minutes qui s'écoulaient. Son sang commençait à résonner dans tout son crâne. Elle soupira.

« Je suis fatiguée, en effet. Les examens qui se préparent... Bien sûr, je m'y prend tôt mais... »

Même elle ne se trouvait pas crédible. Elle se décida enfin à s'assoir et glissa une main frêle à son front, qu'elle laissa ensuite retomber contre sa cuisse. Non, ce qui la contrariait était loin d'être un quelconque examen scolaire, mais un bien plus sournois et dangereux. Celui de Pénombre Craft sur elle, qui, elle le savait, chercherait à percer ses aspirations lorsqu'elle se présenterait à la Milice. Son sang-mêlé ainsi que son passé au château faisait qu'on ne pouvait que se questionner sur le bien fondé de la démarche de la Serpentard. Aurait-elle une confrontation avec la Préfète-en-chef ? Elle sentait que oui et son intuition la trompait rarement.

« Oui, je suis épuisée. »

Elle avisa la boîte qu'elle tenait encore dans la main, puis posa son regard douloureux sur son ancien petit ami, sans le regarder dans les yeux pour autant.

« Cette boite contenait de la Griffonia. Des graines de Griffonia. Il s'agit d'un remède contre le surmenage que m'a conseillé l'infirmière. Malheureusement, je crois que j'en suis devenue dépendante. Enfin, ça n'a aucune importance, ça n'est pas comme si c'était quelque chose de plus grave que cela. Tu me connais, je m'enflamme toujours pour très peu. »

Récita Liliana d'un ton qui se voulait désinvolte, mais où l'amertume perçait sournoisement la légèreté de ses propos sans qu'elle ne s'en rende compte. La jeune Vanloock força un sourire à s'étirer sur ses lèvres roses et pleines, qui ne fut que crispé. Afin de pallier à son jeu d'actrice médiocre, la jeune fille releva le menton et braqua enfin ses yeux dans ceux de Killian, avant de lui offrir un clin d'oeil.

« Poudlard aura ma peau. »

À présent, elle ferait mieux de conclure cette conversation et d'aller se coucher. Ses pensées se tournèrent vers son mentor et un frémissement la parcourut de l'intérieur. Elle était terrifié à l'idée qu'il apprenne qu'elle avait laissé un étudiant dont le statut sanguin n'était pas clair converser avec elle. C'était d'ailleurs cette terreur qui l'empêchait d'avoir la meilleure réaction et de trouver la force de se lever pour fuir cette présence, cette peur qui la pétrifiait sur le canapé, incapable d'agir.

Kilian n'était pas idiot. Il était même plutôt perspicace. Mais il n'aimait pas avoir à rendre des comptes et c'était sûrement la raison pour laquelle il gardait son intelligence pour lui et se contentait du minimum pour sa scolarité. Pourtant, à voir la jolie vipère aussi accablée et à écouté ses révélations à mi-voix, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que les choses étaient plus compliquées qu'elle ne voulait bien le laisser entendre.

Seulement voilà, il n'avait plus sa place dans la vie de la vert et argent. Leurs chemin s'étaient croisés puis séparés. Avaient-il encore le droit de vouloir l'aider ? Il l'ignorait. Mais il en avait envie, il s'en sentait le devoir. Leur relation ne s'était pas exactement terminée bien, mais c'était le cas de la plupart des couples qui se séparaient. Pourtant elle avait été importante pour lui. Il ne pouvait pas la laisser tomber, détourner les yeux et faire comme si de rien n'était. Il ne pouvait peut-être pas résoudre son problème ou la soulager, mais il pouvais essayer.

Elle évoquait les examens, mais c'était clairement une excuse peur recherchée. Il l'avait pris au dépourvu en étant témoin d'un accès de faiblesse qu'elle aurait préféré ignorer et elle avait sortit le premier prétexte qui lui était venu à l'esprit. Il ne méritait pas qu'elle se complique davantage la vie, de toute façon.

Elle finit par s'asseoir et avoua effectivement qu'elle était épuisée, consentant à lui expliquer ce que contenait la boîte.

Dépendante. Le mot lui semblait brutal. La petite lily dépendante d'une plante médicinale ? Oui elle s'enflammait souvent, mais jamais sans raisons... et pour en arriver là, la raison devait être... particulièrement difficile à gérer.

"Lily..." Commença-t-il.

Mais elle se força à lui sourire et lui fit un petit clin d'œil avant d'ajouter, sur un ton de plaisanterie qui lui parut bien sinistre, que poudlard finirait par la tuer.

"Tu as des problèmes." Constata-t-il finalement d'un ton qui ne tolérait aucune réplique.

Oui c'était particulièrement perspicace, mais il avait ressentit le besoin de le dire à haute voix.

"De gros problèmes ?" Demanda-t-il, se doutant qu'elle ne répondrait pas.

En tout cas suffisamment pour qu'elle ai besoin de se calmer les nerfs.

"Est-ce que tu veux.. en parler ? Je suis pas vraiment la bonne personne je sais mais.. tu peux avoir confiance en moi."

Il passa une main dans ses cheveux bruns et proposa:

"Si tu veux, j'ai quelques trucs contre la douleur dans ma malle.. j'allais justement en chercher. "

Il ne précisa pas pourquoi. Après tout, il revenait de retenue...

"Ça ne sera probablement pas aussi efficace mais, ca te soulagera un peu."