Chassez le naturel et il revient au galop... [PV: Théo]

Previously in Lellia’s life…

Non contente d’avoir enfin tourné le dos au côté obscur de la force, voilà que la jeune Gryffondor venait de prendre des décisions qui pourraient bien changer à tout jamais sa vie. En effet, à la suite d’une rencontre fortuite avec un Serpentard, elle avait compris qu’il y avait quelque chose de pourri au royaume de Poudlard et qu’elle pouvait bien être l’une des personnes qui ouvrirait les fenêtres pour aérer tout cela. Ou tout du moins, qu’elle avait le pouvoir de s’opposer au pouvoir en place. Les raisons de ce revirement étaient à la fois complexes et diverses : non seulement elle ne pouvait décemment pas suivre les ordres de sa famille mais en plus, cela ne lui apporterait très certainement rien. De plus, et c’était sans doute là la principale raison de sa remise en question, elle s’était aperçue que l’isolement totale dans lequel elle avait fini par s’enfermer ne lui avait rien apporté de bon en dehors d’une paix relative et de quelques éclats de rire sur son passage. Exit donc le tempérament solitaire et égoïste de la jeune femme, il était temps qu’elle fasse tout ce qui était en son pouvoir pour s’opposer aux Carottes et redorer le blason de la famille Windfall.

Pour se faire, elle avait imaginé avec l’aide d’Aldrix (plus communément appelé Alix par l’ensemble de la population qui ne déformait pas systématiquement les noms des autres) la création d’un journal alternatif et qui dénoncerait la véritable nature des dirigeants de l’école et des événements qui pouvaient être relatés dans ces feuilles de choux qu’étaient les journaux officiels. Autant dire que c’était là une lourde tâche qu’avait entrepris la Gryffondor et qu’elle avait dû user de tout ses talents de sorcière afin d’acheter des manuels de journalisme sans que l’on puisse remonter jusqu’à elle. Quelques sorts, un cheminement par hiboux tortueux et difficile et plusieurs faux noms et le tour avait finalement été joué…bon il lui avait fallu 3 semaines pour se procurer des livres qu’elle aurait pu emprunter dans la bibliothèque mais au moins elle n’aurait pas à craindre une intelligence surprenante de la part des Carottes (plus communément appelés Carrow d’ailleurs).

Seul signe extérieur pouvant prouver qu’elle n’était pas totalement blanche comme neige, sa démarche d’habitude nonchalante et volontaire était plus discrète, plus en retrait, comme si elle avait vraiment voulu se mélanger à la foule des élèves. Bien que la foule en question ne se limite qu’à quelques groupes d’amis qui rigolaient avec plus ou moins de convictions dans un couloir assombris par la nuit. Marchant doucement avec son sac de cours à la main, elle avait encore un peu de boue collée à ses chaussures, preuve de sa sortie nocturne toute récente mais pas trop inhabituelle (après tout, elle était connue pour passer son temps sur un balai à l’extérieur…). En revanche, elle semblait légèrement plus aux aguets qu’en temps normal et serrait son sac avec un peu trop de force pour quelqu’un qui n’avait rien à se reprocher mais là encore il n’y avait pas de quoi la soupçonner de quoi que ce soit.

Enfin ça aurait été le cas si elle n’avait pas heurté un pied sciemment placé au détour d’un couloir qui la précipita sur le sol dans un brouhaha caractéristique.

« ‘Tain mais c’est pas possible ça, tu peux pas faire attention à ce que tu fais, non ??? »

Les habitudes, le galop, tout ça tout ça quoi…

Et en l’occurrence c’était VRAIMENT une mauvaise habitude ! Puisqu’au lieu de ranger ses affaires et se relever pour ensuite se plaindre, elle avait préféré se mettre à hurler en se relevant pour chasser l’abruti qui avait trouvé drôle de la faire tomber de la sorte. Inutile de dire que sa mauvaise humeur ne fit qu’exciter un peu plus l’hilarité du groupe de Serpentards coupables de cette infamie. Et comme si ce n’était pas suffisant, voilà qu’elle remarqua enfin que son livre au titre le plus explicite « Le journalisme pour les nuls » se trouvait au beau milieu du petit groupe, la galère ne faisait donc que commencer…

« Dégagez de là bande de vautours avant que je vous latte la tronche ! »

Et oui, tant qu’à être dans de la bouse de dragon autant s’y enfoncer jusqu’au cou, non ?

Par cette froide nuit d’hiver, le jeune Theodore s’était une nouvelle fois aventuré dans les entrailles de l’obscurité. En effet, il avait déambulé aux alentours du parc de Poudlard, désert et cruellement silencieux. Ses promenades nocturnes ont toujours été parfaitement dissimulées. Il se faufilait félinement dans l’ombre, revêtant son manteau de nuit. Le Serpentard était friand de ce genre d’escapades. Là où son seul compagnon était le silence, où il pouvait vaquer à ses occupations, serein. Enfin, pas tout à fait. Il fallait rester à l’affut du moindre mouvement. Près de la forêt interdite, le danger était palpable. Mais ce sentiment faisait naitre dans le cœur de Theo une sensation nouvelle, plutôt agréable d’ailleurs. La liberté, ce sentiment si recherché, mais tellement inaccessible, du moins il le paraissait. Il fallait saisir sa chance, mettre ses peurs de côté et affronter le désir et la crainte. Ces derniers étant liés par l’envie d’être libre. La liberté avait un prix, d’une valeur inestimable. Il était nécessaire de mettre les atouts de son côté, pour ainsi jouir d’une certaine autonomie.

Le Vert et Argent revenait donc de l’extérieur, il s’avançait vers l’escalier menant directement aux cachots. Donc, à sa salle commune. Mais sa destination fut retardée par l’apparition d’un groupe d’élèves de sa maison. Il les connaissait de vue bien entendu, mais aucun d’entre eux ne faisait partie de ses proches. Ils étaient un peu plus jeunes.
De plus, ils étaient en train de rire aux éclats, persécutant une jeune fille de chez Gryffondor. Même si l’héritier Nott ne portait pas tous les rouge et or dans son cœur, il n’avait jamais participé à ces lynchages stupides et puériles.

Le Brun aux yeux clairs, en bon gentleman, se décida d’intervenir. Un des jeunes serpents, le plus fort semblerait-il, avait levé sa baguette vers la jeune fille, suite à ses propos provocateurs. Il s’interposa, baissant la baguette du garçon. Theodore avait atteint une certaine popularité. Même s’il n’était pas apprécié ni craint de tous, une certaine forme de respect pouvait naitre dans les yeux des plus jeunes. Après tout, sa mère était morte à son enfance. Et Nott senior, son paternel était mort suite à un combat pour la gloire du seigneur des Ténèbres... Il était donc unique héritier de la noble et importante famille Nott. De plus, le jeune homme était en Septième année, son savoir magique n’était plus à démontrer.

Théodore se pencha ensuite pour ramasser un livre, au milieu de ses camarades de maison. La Gryffondor n’avait pas eu le temps de le ramasser.

- « Le journalisme pour les nuls, voyez-vous ça. Les gryffondor ont toujours des occupations bien surprenantes. »

Il restait tout de même un Serpentard, même s’il venait de sauver la mise de la rouge et or. Il s’avança vers cette dernière.

- « Peut-être pourrions nous aller en parler un peu plus loin ? »

Il l’invita donc à le suivre, dans la profondeur des cachots, désireux d’en savoir un peu plus sur la jeune fille. Surtout pour le moment, ce qu’elle faisait en ces lieux seule, avec un tel ouvrage...
Quand ils furent assez éloignés du précédent groupe, le brun s’arrêta à la lueur d’une lanterne magique des cachots. Puis regarda la jeune fille dans les yeux. Son visage lui disait bien quelque chose, mais il ne remettait pas son nom ...

- « Au fait, je suis Theodore Nott. Et toi ?
Tu es de Gryffondor, c’est bien cela ? »

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’était pas une habitude chez Lellia. Elle n’avait pas l’habitude qu’on l’attaque directement et elle avait encore moins l’habitude que quelqu’un vienne à son secours. Non, en temps normal elle s’en sortait toute seule, criait un peu, envoyait un ou deux sorts au visage de ses assaillants et le tour était joué. Mais là, sortant de nulle part (ou plutôt du fond du couloir) voilà qu’un Serpentard plus qu’étrange venait de lui sauver la mise sans qu’elle ait besoin de lever le petit doigt. Non seulement c’était fort étonnant mais pire que tout, elle trouvait cela suspect. Certes, elle s’était depuis peu liée d’amitié avec un autre Serpentard mais cela personne ne le savait et cela ne signifiait pas pour autant qu’elle avait envie de prendre le thé avec tous les Verts et Argent. Bien au contraire même, son amitié avec Aldrix lui avait prouvé que les Serpents n’étaient d’un affligeant égocentrisme que parce qu’ils le voulaient bien, à la base ce n’était ni une loi ni même une condition sine qua non pour que le Choixpeau les expédie dans cette maison. Non, si c’étaient d’intolérables punaises c’est parce qu’ils le voulaient bien, un point c’est tout. Par conséquent, lorsque le Theodore Nott s’approcha d’elle pour lui venir en aide, Lellia se retrouva dans une position plus qu’inconfortable.

D’un côté elle avait bien envi de l’envoyer voir Trelawney pour voir si elle y était mais de l’autre elle avait dit qu’elle avait changé….elle n’était plus cette mégère capricieuse qui ne faisait pas la différence entre du machiavélisme et de la gentillesse alors dans le doute….

Elle sourit.

Oh pas un sourire reconnaissant ou amical, ni même un sourire ironique, non c’était un sourire automatique et forcé, de ceux que l’on fait à un professeur quand il nous interroge alors qu’on a rien retenu de son cours.

« Ouaip Gryffondor, et moi c’est Lellia Windfall, the mégère ! Mais je t’en prie, tu peux m’appeler Lellia Windfall…”

Et oui, le moins qu’on puisse dire c’est que la Gryffondor n’était absolument pas à l’aise et qu’elle ne faisait rien pour mettre son interlocuteur plus à l’aise qu’elle….bien qu’apparemment il n’ait aucun besoin d’être rassuré. Après tout, c’était lui qui avait la preuve irréfutable que Lellia tramait quelque chose de pas très net et c’était lui encore qui venait de lui sauver la mise.

« Ha et heuuu….bein merci pour l’aide maisjmenseraistrèsbiensortietouteseule, c’est pas quelques serpentards qui vont me faire peur tu sais ! »

Un chouia moins souriante, sa voix commençait à monter peu à peu dans les aigus alors même qu’elle lui parlait de manière plus agressive. Finalement, elle détestait qu’un inconnu lui vienne en aide comme ça, c’était une manière de lui faire remarquer ses propres défauts et pire que tout, elle risquait de se sentir redevable et ça, c’était totalement inconcevable pour quelqu’un d’aussi fière que Lellia Windfall. Cependant il fallait encore qu’elle garde son calme tant qu’elle n’avait pas remis la main sur son précieux bouquin…un précieux bouquin qui stipulait avec précision comment mettre au point un journal alternatif et anonyme quand on n’avait pas un sou en poche. En clair, c’était très exactement LE livre dont elle avait besoin et qui pourrait lui permettre de mettre à exécution le plan qu’elle avait échafaudé avec Aldrix et leurs deux autres complices pour lutter contre les Carottes, il ne fallait donc pas qu’elle se fasse choper maintenant d’une manière aussi stupide qui plus est. Regagnant un peu son calme, elle tendit la main vers le garçon en direction de son livre et prit un air soudainement pressé.

« Bon si ça ne te dérange pas j’aimerais bien récupérer mon livre maintenant, je suis pressée mais t’inquiète je dirais à tout le monde que tu es un héro qui sauve d’une mort tragique les belles damoiselles en détresse. »

Mouais bon niveau amabilité elle avait encore beaucoup à apprendre mais elle termina sa phrase en battant des cils comme si elle pouvait réellement passer pour une damoiselle en détresse, la blague !

La jeune fille lui sourit. Etrange sourire d’ailleurs... En même temps, il connaissait la Gryffondor de réputation, elle n’était pas vraiment du genre à lui sauter dans les bras pour le remercier. De plus, les rouge et or sympathisaient que très peu avec les vert et argent, vice et versa. D’ailleurs, l’héritier Nott n’était pas forcément pour les amitiés diverses entre les maisons, puisque tous les élèves étaient tout de même en compétition. Puis, il fallait bien avouer que pour beaucoup, leurs visions de voir les choses étaient bien différentes. Mais ceci n’était pas une raison suffisante pour se livrer sans cesse à une guerre sans merci.
Théodore n’avait pas un caractère belliqueux, au contraire il appréciait le dialogue. Et ce, même si les avis divergeaient, surtout s’ils divergeaient ! L’échange, la communication, c’était des valeurs diplomates et primordiales pour avancer dans n’importe quelle société. Le tout était de croire en ses convictions et ne pas se laisser marcher sur les pieds.
En dehors de cela, ce n’était pas la couleur que l’on porte sur son uniforme qui pouvait en dire beaucoup sur l’intérêt d’une personne. En effet, à Serpentard, il y avait de sombres idiots, qui ne méritaient vraiment pas un échange de paroles sensées.
Mais, le jeune homme avait connu quelques personnes dignes d’intérêt, avec qui les conversations étaient enrichissantes. Et ce, peu importe la maison.

Bien entendu, bon nombre d’élèves ne pensaient pas comme cela. Mais qu’importait, le jeune Nott pensait par lui-même et ne se laissait pas apprivoiser facilement. Il ne suivait pas le code du parfait petit Serpentard. Il agissait selon ses envies du moment, voilà tout.
D’ailleurs, il ne savait pas vraiment où cette situation avec la gryffondor allait le mener...

« Ouaip Gryffondor, et moi c’est Lellia Windfall, the mégère ! Mais je t’en prie, tu peux m’appeler Lellia Windfall… »

- « The mégère ? J’ai déjà entendu parler de toi dans ma salle commune, pas forcément en bien d’ailleurs. Je ne me souviens plus du sujet précis, des histoires sans importance sans doute. Mais je ne savais pas que tu te nommais toi-même ainsi.
Lellia conviendrait mieux je pense, surtout que c’est un joli prénom. A moins que tu préfères mademoiselle Windfall ? »

Puis le Brun aux yeux clairs sourit à son tour. Cependant, son sourire était sincère, bien que les traits fussent un brin moqueur.

« Ha et heuuu….bein merci pour l’aide maisjmenseraistrèsbiensortietouteseule, c’est pas quelques serpentards qui vont me faire peur tu sais ! »

- « Oh, mais je ne doute en aucun cas de ton savoir-faire. Toujours est-il que je passais dans le coin, et ce n’est pas dans mes habitudes de laisser une jeune fille dans l’embarras. »

Théodore était infiniment calme, sa vois était sereine et posée. Ce qui n’était point du tout le cas de son interlocutrice. En effet, la voix cette dernière s’était peu à peu métamorphosée. Peut-être se sentait-elle gênée qu’il soit intervenu. Donc, un peu agressive, une manière de se protéger voilà tout.
Puis, Lellia renchérit tout de suite, sans que Théo puisse ajouter quoique ce soit sur ce malaise.

« Bon si ça ne te dérange pas j’aimerais bien récupérer mon livre maintenant, je suis pressée mais t’inquiète je dirais à tout le monde que tu es un héro qui sauve d’une mort tragique les belles damoiselles en détresse. »

Les paroles de la rouge et or transpiraient d’ironie, mais qu’importait. C’était aussi souvent dans les habitudes du jeune homme de se montrer ironique.
Elle souhaitait donc récupérer son livre le plus rapidement possible et filer en douce. Cependant, le Septième année n’avait guère envie de la laisser filer ainsi, sans plus d’explications. Encore moins sans s’être libéré de cette gêne entre eux. Il voulait qu’elle comprenne qu’il n’agissait pas ainsi seulement par intérêt ou on ne savait quoi d’autres. Il était sincère, ses principes et les causes qu’il défendait étaient justes. Il n’y avait donc pas de raison de faire dans le désagréable. Cela pouvait arriver, bien entendu. Mais il pensait la gryffondor beaucoup plus intelligente que cela. Ce n’était pas qu’une mégère, comme elle le laissait bien croire. En dessous du masque, Lellia était sûrement une jeune personne très intéressante, qui possédait de nombreuses aptitudes. Il essaya donc de lui faire comprendre :

- « Je te le rendrais, ne t’inquiètes pas pour cela. Mais à présent, nous sommes suffisamment en retard. Le couvre feu est dépassé. Donc, rien ne nous empêche de discuter un instant.
Enfin, mis à part le fait que tu risques de me mordre... Et si tu arrêtais d’être sur la défensive un moment. On oublie la compétition, on laisse tomber les masques et on voit où cela peut nous mener... Qu’en dis-tu ? »

Bon, Théodore avait attaqué sans attendre. Il s’était lancé. Après, la rouge et or pouvait lui rire au nez et rester dans le flou. Ou être curieuse et jouer le jeu... Le Serpentard jouait cartes sur table, c’était à elle de voir...

Si les yeux de Lellia avaient pu lancer des sorts alors Theo n’aurait plus été qu’un tas de purin de dragon encore fumant sur le sol froid du couloir. Bien loin de se calmer ou de se montrer amicale, elle croisa les bras sur sa poitrine et le toisa un instant en silence comme si elle réfléchissait à la manière la plus simple et la plus rapide de se tirer de ce mauvais pas en lui infligeant le plus de mal possible. Pourtant, elle avait cru s’être présentée de manière assez directe pour qu’il n’ose pas lui chercher des noises mais voilà, il avait apparemment décidé de ne pas la lâcher pour ce soir. Peut être était ce là un nouveau sport ? « Caresser à rebrousse poil la Lellia et essayez de battre votre record face à une furie ». Mouais relativement peu probable étant donné qu’il se montrait amical et plutôt relax mais cela n’allait pas suffire à calmer la demoiselle. Oh que non !

Après quelques secondes d’un silence glacial et volontairement menaçant, elle soupira avant de finalement s’adosser au mur. Il voulait discuter ? La connaître ? Très bien mais il serait sans aucun doute lassé bien avant elle, d’autant plus qu’elle allait y mettre les formes la petite. Se faire détester et craindre, elle savait faire, alors il ne lui restait plus qu’à mettre toutes ses techniques à l’œuvre et elle serait de retour dans son dortoir avant même qu’il n’ait eu le temps de dire « Rogue devrait savoir se laver les cheveux à son âge ».

« Tu peux m’appeler Lellia si ça t’amuse mais ça ne fait pas de toi mon ami, je te préviens. Et mon surnom je l’aime bien, ça évite les imbéciles de m’approcher de trop près. »

Après un nouveau silence et un sourire qui signifiaient clairement : Mais y a quand même quelques imbéciles qui s’y essaient, n’est ce pas NOTT ? Elle reprit la parole, sa voix se montrant cette fois ci nettement plus détendue bien qu’ironique et moqueuse à souhait. Elle n’avait aucune envie de sympathiser, elle discutait avec lui contre son gré et tout ce qu’elle voulait c’était aller se coucher bon sang de troll des bois !

« Très bien, je discute avec toi mais autant te prévenir tout de suite, c’est pas un masque que je porte, je suis VRAIMENT de mauvaise humeur et je risque effectivement de te mordre si tu continues à vouloir me retenir ici sous prétexte que tu as mon bouquin ! Je ne suis pas quelqu’un d’agréable et c’est pas ta petite bouille de séducteur en herbe qui va me faire changer d’avis, c’est assez clair pour vous monsieur Je-retiens-les-jeunes-filles-dans-les-couloirs-alors-que-c’est-l’heure-de-se-coucher ? »

Mouais bon, se coucher à 21h n’était décidemment pas dans les habitudes de Lellia mais sur le moment elle n’avait rien trouvé d’autre à dire. D’autant plus qu’elle sentait l’énervement monter de plus en plus alors qu’elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour se calmer. Alors comme ça il pensait que son agressivité n’était qu’un leurre ? Pff quel sombre crétin ! Il allait le regretter si il continuait à jouer à ce petit jeu ! D’autant plus que son visage ne lui revenait vraiment pas, s’approchant de lui sans crier gare, elle tendit un doigt vers lui tout en le repoussant avec force.

« Alors vas y Monsieur le bavard, qu’est ce que tu veux savoir ? Je te laisse le choix des armes mais autant te le dire dès maintenant, je n’ai strictement aucune patience. »

Et ça, même le dernier des imbéciles le savait à Poudlard, Lellia était à prendre avec des pincettes et cette soirée ne faisait pas exception. Plantée devant le Serpentard elle le dévisageait de toute sa hauteur et semblait le défier de…et bien de ne pas se mettre en colère ou de ne pas essayer de lui envoyer un sort en pleine figure. Une vraie chercheuse de m…d’ennuis cette chère Lellia.

Décidément, cette miss Windfall était vraiment spéciale. Theodore ne paraissait pas découragé pour autant, mais il semblait pensif, presque en train d’effectuer l’analyse complète de sa nouvelle interlocutrice. En effet, il ne comprenait pas pourquoi la jeune fille agissait ainsi.
Le Brun aux yeux clairs la laissa donc vociférer toute seule, se contentant pendant un moment de l’observer. Puis, à la fin du monologue de la rouge et or, le Serpentard fit un mince sourire narquois. Cette dernière avait tenté de le bousculer. Tout l’être de la jeune fille transpirait de provocation et d’auto-défense. Alors que l’héritier Nott venait de la débarrasser d’ennemis potentiels et s’était montré plutôt aimable avec elle. Il fallait donc changer de méthode. Si la gentillesse n’était pas acceptée par la demoiselle, il fallait s’y prendre de manière plus subtile.

- « Tu as un tempérament de feu miss Windfall, je l’avais bien compris. Avec toi la sympathie n’est pas de mise. Tu préfères faire les choses sous la contrainte c’est cela ? »

Theodore sortit un petit badge de la poche intérieur de sa veste noire, puis le brandit en direction de Lellia, en ajoutant :

- « Ce n’est pas dans mes habitudes Lellia d’exposer une quelconque autorité de la sorte. Mais ce petit badge -à l’esthétique peu soignée je te l’accorde- m’autorise une certaine quantité d’actes. En l’occurrence, si je trouve cet objet suspect –et c’est bien évidemment le cas- je peux te le confisquer. Bien entendu, je peux aussi exiger de faire une enquête approfondie sur toi et tes activités. Et tout un tas d’autres faits que je te laisserai le plaisir de découvrir à nos prochains rendez-vous. Parce que oui, Lellia, nous serons amenés à nous voir très souvent, pour les interrogatoires, les surveillances, les retenues, les punitions, etc
Ce n’est pas que je doute de ta volonté à être en ma compagnie. Mais, nous pourrions oublier tout cela, si et seulement si, tu daignes faire des efforts en ma présence. Explique-moi donc en quoi es-tu intéressée par le journalisme par exemple ? Je te demanderai de tenir des propos clairs et d’acquérir une voix légèrement moins agressive, merci. »

Le jeune homme avait dit cela en restant proche de Lellia, comme celle-ci était venue le provoquer de sa personne. Puis, il détacha le regard de son interlocutrice, le temps de s’appuyer contre le mur froid du couloir désert. Sa réaction ne se ferait pas attendre longtemps, c’était évident. Mais savoir comment elle allait la jouer, ceci était une autre histoire.

[HJ: Milles excuses pour mon retard, j'ai été un peu occupée ces derniers temps >.<]

Pendant de longues, très longues secondes Lellia était restée bouche bée, les yeux écarquillés sous le poids de la surprise mais aussi de la menace. Quelle piètre rebelle faisait-elle pour se faire intercepter de la sorte alors même qu’elle ne s’était réellement engagée dans la résistance que depuis quelques jours. Et si on la mettait sous surveillance alors qu’adviendrait-il des DDD ? Comment ferait-elle pour agir ? Non sérieusement, elle jouait de malchance aujourd’hui pour se faire attraper en si peu de temps par un membre de la milice pourpre et puis c’était quoi cette manière de la menacer, hein ? Reniflant de suffisance, elle croisa les bras sur sa poitrine tout en toisant le Serpentard, il devait se sentir bien intelligent d’avoir réussi à l’attraper d’une telle manière, c’était totalement déloyal mais de toute évidence il s’en fichait bien. Il voulait des réponses ? Parfait, Lellia en avait de superbes à lui proposer et de quoi lui moucher le nez suffisamment fort pour qu’il n’ait plus rien à lui reprocher en plus. Savourant déjà sa victoire, la jeune fille prit tout son temps pour se calmer, relâchant les bras ainsi que la tension qui vrillait son cerveau depuis quelques minutes, un sourire fin et ironique se dessinant sur ses lèvres au fur et à mesure qu’elle se détendait.

« J’espère que tu t’amuses bien à brandir ton petit truc sous le nez des filles, mon petit Theo…. »

……Le badge voyons, Lellia parlait uniquement du badge de la MP que lui avait montré ce cher Theo…et qui maintenant la faisait plutôt rire. Ce pauvre petit n’avait rien trouvé d’autre à lui montrer pour essayer de la calmer, c’était magnifique et même un peu flatteur pour la Gryffondor, elle devait être effrayante quand elle le voulait…ou pas.

« Bon allez je t’explique tout, vu que tu y tiens absolument. Sache que je travaille depuis peu pour la gazette de l’école, Pénombre Craft elle-même m’a embauché à ce poste avec une autre nana que je connais pas, tu pourras vérifier auprès d’elle. Nous sommes ses rédactrices en chef adjointes il me semble et comme je ne voulais pas qu’elle se rende compte que je n’y connais pas grand-chose, j’ai commandé ce bouquin. Et il va de soit que je n’avais pas envie que quelqu’un l’apprenne. J’avais pas envie de passer pour une incapable. »

Vu son caractère et sa fierté mal placée toute cette explication pouvait paraitre plausible, tout du moins dans l’esprit de Lellia elle l’était. D’autant plus que la Gryffondor travaillait effectivement à la Gazette depuis très peu de temps, il n’y avait donc rien d’étonnant à ce qu’elle se ballade avec un tel ouvrage sur elle. En revanche, tout le chapitre sur le journalisme alternatif pouvait paraitre étrange. Fort heureusement, ce n’était là qu’un chapitre parmi tant d’autres et il aurait fallu le chercher pour le trouver. Un sourire un peu trop triomphale aux lèvres, la jeune fille semblait calmée et prête à affronter un deuxième round, si messire Nott pensait avoir trouvé sa première victime de MP, il se trompait lourdement, la 6ème année avait plus d’un tour dans sa poche !

« Tu sais, si tu veux me voir souvent, tu n’as pas besoin de te servir d’une quelconque autorité pour ça, tu n’as qu’à demander… »

*Que je puisse t’envoyer sur les roses et t’humilier*

Mouais bon, Lellia aurait peut être dû avoir la victoire modeste mais ce n’était pas vraiment dans son tempérament. Et puis Theo méritait bien qu’elle le cherche un peu, un membre de la MP n’avait rien à faire à Poudlard, pour elle, ce n’était que du chiendent qui ne méritait que son plus profond mépris.